Mes chers frères et sœurs

Bientôt, avec la fête de la Pentecôte, nous allons conclure le temps pascal pendant lequel nous avons été accompagnés, presque au quotidien, par l’évangile selon de saint Jean, le disciple bien-aimé. Au cours du temps pascal, Jésus nous rappelé quelques fondamentaux de notre foi. Dans sa prière sacerdotale, il a prié pour l’unité entre nous : « qu’ils soient un comme nous sommes UN » et a invité à demeurer dans la communion trinitaire.  Il s’est révélé comme le Bon Pasteur, le Vrai Berger qui donne sa vie pour ses brebis, qui connait chacune de ses brebis et qui les appelle chacune par son nom. Dimanche dernier, Jésus nous a rappelé cette communion intime et vitale avec lui et entre nous, à travers l’image de la Vigne et ses sarments. « Mon Père est le Vigneron, je suis la Vigne et vous êtes les sarments » : notre vie ne peut porter du fruit et être féconde que si nous demeurons en lui, solidement attachés, branchés, connectés à lui sans qui nous ne pouvons rien faire.

Ce dimanche, Jésus nous ouvre son cœur passionné et plein d’amour pour nous. « Comme le Père m’a aimé, moi aussi je vous ai aimés, demeurez dans mon amour ». L’amour qui vient du cœur et qui est une réponse de la liberté. Personne ne peut t’obliger à aimer quelqu’un. L’amour n’est jamais une obligation ni un devoir : « Demeurez dans mon amour », nous dit le Seigneur. Quand on a trouvé le vrai amour, on fait tout pour y demeurer et en profiter pleinement chaque jour. Mais Jésus sait très bien que notre cœur est faible et que nous pouvons nous tromper en nous éloignant de lui, alors, comme on parle l’être aimé, Jésus nous supplie : « s’il te plaît, demeure dans mon cœur, s’il te plaît, laisse-moi t’aimer, reste auprès de moi, ne m’abandonne pas, ne me quitte pas, ne repousse pas l’amour que je désire te donner ». Il est important de le rappeler à quelques jours de la Pentecôte car seul le saint Esprit nous apprend à aimer véritablement.

Nous avons rencontré dans la vie des gens qui résistent, se défendent et se protègent leur cœur contre l’amour. Nous avons vécu des blessures dans l’enfance, des déceptions amoureuses par le passé au point que notre cœur s’est comme renfermé, barricadé et toujours sur la défensive contre l’amour. Chat échaudé ! Nous mettons alors une carapace pour ne pas être atteint par l’amour de l’autre. Le pire, c’est que nous produisons le même mécanisme envers Dieu ! Combien de gens ont peur de se laisser aimer par le Seigneur. Ils entretiennent avec lui une relation simple et politiquement correcte, une relation superficielle et de façade, « en posant des limites et des conditions et en aimant dans une certaine mesure ». Nous essayons de calculer avec lui, ne pas trop lui donner comme si nous avions peur de le regretter plus tard et en sortir blessés comme dans les relations amoureuses humaines. Jésus nous dit pourtant que son Amour nous donne une Joie parfaite…. Ce qu’aucun amour humain ne peut nous donner.

L’Amour vrai existe encore !!!! Même si on n’arrête pas de nous répéter le contraire ! Cet Amour, c’est Dieu lui-même. « Dieu est Amour », nous dit saint Jean ! Nous ne méritons pas son Amour, mais il nous le donne gratuitement ! Dieu nous aime de manière unilatérale, asymétrique parce que son amour ne tient pas compte de nos mérites ou de notre sainteté. Jésus nous demande simplement de nous laisser par lui pour ensuite voir son amour en nous déborder sur ceux qui nous entourent comme un vase bien plein ! Par son amour débordant, Jésus nous rend témoins de son amour : « Mon commandement, le voici : Aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés ». Aimer comme Jésus, tel est le commandement nouveau, testament spirituel qu’il laisse à ses disciples à la veille de sa mort. Il leur montre en quoi consiste l’amour chrétien : aimer, c’est donner sa vie, c’est se mettre au service, c’est laver les pieds des autres, même ceux des Judas Iscariote qui nous entourent. Aimer comme Jésus, c’est aimer même quand nous sommes blessés et trahis. Si nous n’aimons que quand les choses vont bien, nous n’irons pas loin avec nos familles, nos amis, communautés et voisins. Si nous n’aimons que ceux qui nous aiment, Jésus nous dit que nous ne sommes pas différents des païens qui font la même chose. Il nous invite à aimer d’un amour semblable à celui de son Père qui fait lever son soleil sur les justes et les injustes.

Être chrétien n’est pas une chose simple ! Il ne suffit pas d’avoir son nom inscrit dans un registre de baptême quelque part. Aimer comme Jésus, c’est entrer dans une dynamique d’un don total : « Il n’y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ses amis ! » Es-tu capable de donner ta vie pour ton épouse, ton époux, tes enfants, tes frères et sœurs, ta famille… ? Peux-tu donner ta vie pour le Christ ? Pensons aux martyrs qui meurent pour le Christ, aujourd’hui encore, dans certains pays du monde, en témoignant jusqu’au don suprême. Quant à nous, nous cherchons une foi chrétienne à la carte, comme au supermarché, celle qui nous convient et quand ça nous convient, sans engagement, à notre sauce !

Pour mettre en pratique ce nouveau commandement de l’Amour, voici quelques recommandations, conseils et grâces à demander au Saint Esprit pour la Pentecôte :

S’attacher au Père comme Jésus : si le Seigneur n’est pas la source, au cœur de notre vie personnelle, familiale, ecclésiale…nous risquons de nous épuiser et devenir des sarments desséchés pour être brûlés… « Celui qui demeure en moi porte beaucoup de fruit. Celui qui ne demeure pas en moi est un sarment qui se dessèche et qui ne porte pas de fruit. Sans moi vous ne pouvez rien faire ».

– Cultiver l’amitié entre nous, considérer nos frères et sœurs comme des amis, des gens que nous désirons aimer un peu plus malgré nos et leurs défauts ! Cela nécessite que nous soyons guéris de toute forme de jalousie, de rivalité, de querelle, de rancœur, d’orgueil…. Pouvons-nous  fonder nos relations dans l’Amour du cœur de Jésus ?

Donner la vie pour les autres : « Il n’y a pas de plus grand amour que de donner la vie pour les gens qu’on aime ». Donner sa vie pour les autres ne signifie pas forcément mourir, mais faire mourir notre égoïsme, notre amour propre, pour nous mettre, humblement mais généreusement au service des autres ! Notre vie nous a été donnée, et elle ne se réalise pleinement que quand elle est donnée.

Pour finir, écoutons de nouveau Jésus nous dire : « Je vous ai dit cela pour que ma joie soit en vous et que votre joie soit parfaite ». Aimer le Seigneur, se laisser aimer par Lui, aimer nos frères et sœurs, cela donne la joie. C’est cette joie parfaite que je souhaite à chacun, et plus particulièrement aux enfants, jeunes qui recevront prochainement le sacrement de baptême, l’eucharistie, la confirmation, le mariage, qui vont faire la profession de foi…Que Jésus nous donne d’être toujours dans la joie et d’en témoigner autour de nous. Amen.