Mes chers frères et sœurs !
Dans la vie, et surtout lorsque nous nous sentons ou sommes écrasés à terre, il nous faut lever les yeux. Plusieurs fois les évangiles nous présentent Jésus qui lève les yeux comme aujourd’hui. Lever les yeux pour regarder au-delà de l’horizon qui se présente sous notre nez. En cette période tellement trouble, angoissante et incertaine, c’est cela qu’il faut faire ! Lever les yeux au ciel, vers le Seigneur, le supplier, lui redire que c’est lui notre seule Espérance. Levons les yeux pour ne pas laisser la peur manger et rétrécir notre le cœur. Peur de la guerre, des massacres et des viols, des crises géopolitiques où alliés d’hier deviennent ennemis aujourd’hui, où la loi du plus fort devient la règle, le monde devenant une jungle où chacun fait ce qu’il veut, commettre des crimes, occuper ou annexer le pays voisin, piller, massacrer, aux de tous, tétanisés, impuissants ou indifférents.…. Peur du présent incertain, peur du futur, peur de ne pas y arriver. Levons les yeux pour voir, au-delà de la mer et de l’océan qui semble nous engloutir, le regard de Dieu qui nous rassure et ses bras tendus pour nous sauver, ouvrir les oreilles pour entendre la Parole de ce Dieu qui nous appelle au bonheur en nous indiquant un chemin, une route, un parcours…
Prenons place au milieu de cette foule rassemblée autour de Jésus. Ces gens sont venus de très loin et attendent une Parole vraie, une parole qui indique les attitudes qui rendent heureux. De paroles pas comme celles des marchands de fumée qui éteignent en nous tout rêve et toute perspective d’avenir. Jésus lève les yeux et voit toute cette foule composée des gens simples et confiants. Il n’y a pas beaucoup d’intellos parmi eux et le peu d’intellos qui sont parmi eux ont compris qu’avec la raison, il faut aussi élargir et nourrir le cœur et l’âme. Et lorsque qu’elle arrive enfin, nous nous rendons compte que cette parole de Jésus n’est pas celle que nous aurions aimé écouter : « Heureux-vous les pauvres ! Heureux vous qui avez faim, dans les larmes, persécutés ! » Mais quand même ! S’il te plait ! Jésus, n’exagère pas !
Je ne comprends pas. Non, je ne veux pas être pauvre, moins encore affamé, pleurer ou persécutés ! J’en ai assez de tout cela ! J’en ai trop vu, trop souffert. Cette page de l’évangile, lu littéralement peut confirmer le préjugé de certains les chrétiens doloristes, ceux qui aiment la souffrance, qui passent les journées et les nuits à tourner et retourner la croix dans tous les sens, en larmes, mais qui évitent surtout de regarder Celui qui est sur la croix par amour. Notre Dieu n’exalte pas le malheur ni la souffrance ! Beaucoup l’ont malheureusement pensé en lisant cette page d’évangile. Beaucoup, et combien cela m’attriste, ont exalté la douleur et la souffrance, en pensant ainsi faire plaisir à Jésus. Combien de chrétiens pensent sérieusement que Dieu éprouve ses enfants en leur envoyant des malheurs, des maladies et des deuils. Mais quel est ce père qui ferait une chose pareille ? Cette conception est complétement à côté de la plaque.
Nous ne sommes pas bienheureux parce que pauvres, affamés, en pleurs ou persécutés. Nous sommes bienheureux parce que nous sommes convaincus que Dieu s’occupe de nous, si nous sommes pauvres, affamés, en larmes ou persécutés. Parce que Dieu met le pauvre au centre de son cœur, rassasie l’affamé et console et réconfort de celui qui pleure. Comme les parents qui dédient plus de temps et d’attention à leur enfant malade ou fragile, de même, Dieu pose sur nous un regard selon nos besoins. C’est le sens des béatitudes.
Je suis actuellement attristé par cette hémorragie que nous vivons actuellement, jour après jour, très en colère à cause de tous ces malheurs que j’ai énumérés au début, à cause du cynisme, l’hypocrisie de la géopolitique, de la communauté internationale, cette globalisation de l’indifférence devant le malheur des autres que dénonce le pape François ! Non, je n’ai pas de solution ! Ce conflit est compliqué ! Ca fait longtemps que ca dure !! C’est tellement simple de le dire pour se dédouaner.
C’est sûr que je n’ai pas de solutions faciles, mais je ne veux pas fermer les yeux devant les malheurs des autres. Il me faut lire la réalité en imitant le regard de Dieu. Jésus insiste ! Contrairement aux béatitudes dans l’évangile selon saint Matthieu, saint Luc rapporte quatre malheurs. Jésus ne fait aucune menace : il reproche et nous met en garde. Si la richesse devient notre seul horizon et remplit notre cœur, alors il n’y aura plus de la place pour Dieu. Si ce qui compte dans ta vie est l’avidité, la convoitise, posséder, apparaître, compter…, tu finiras par découvrir à tes dépens que la gloire ne nourrit pas ton âme. Si ta vie est superficielle et approximative, tu ne découvriras jamais quel trésor précieux Dieu a caché dans ton cœur. Si ce qui compte pour toi est seulement ce que disent les gens, tu finiras par t’enfermer dans le narcissisme et la culture de l’image que tu renvoies aux autres.
Parce que le Dieu de Jésus est doux, humble, pacifique et miséricordieux, il paie de sa personne et sait pleurer ! Ceux qui lui ressemblent en font l’expérience. Ne cherchons pas la pauvreté, les larmes ou la misère, mais mettons notre confiance en Dieu. Alors nous ferons l’expérience du bonheur véritable qui dépasse les émotions et les plaisirs passagers. Moi qui suis pauvre et voudrais devenir riche, qui ai faim et voudrais tellement ne plus me préoccuper du lendemain, qui souffre, pleure, et voudrais avoir une vie légère, qui suis accusé et catalogué d’être un simple d’esprit et je suis tenté de suivre la mode générale…. Alors, l’évangile de ce dimanche scrute et transperce mon cœur et me rappelle le sens du vrai bonheur. Seul Dieu est source du vrai bonheur. Jésus nous dit que si nous demeurons en lui nous serons dans la joie et notre joie sera parfaite et personne ne pourra nous la ravir.
Comme dit le prophète Jérémie, incompris et persécuté à Jérusalem, l’unique possibilité du salut, du vrai bonheur est de lever les yeux vers le Seigneur et de ne pas mettre toute notre confiance dans un être humain. Heureux êtes-vous qui ne baissez pas les bras, qui ne vous découragez pas parce que cela est le style de Dieu. Ne perdons pas la foi, gardons la lumière de l’espérance allumée, levons les yeux vers le Seigneur malgré tout, parce que nous nous savons infiniment aimés de lui malgré les vicissitudes de la vie.