Mes chers frères et sœurs, !

La mission principale de Jésus est celle de nous faire connaitre le Père, comme il le dit lui-même dans sa longue prière sacerdotale dont l’évangile de ce dimanche est un extrait : « J’ai manifesté ton nom aux hommes que tu as pris dans le monde pour me les donner. Ils étaient à toi, tu me les as donnés, et ils ont gardé ta parole. Maintenant, ils ont reconnu que tout ce que tu m’as donné vient de toi, car je leur ai donné les paroles que tu m’avais données : ils les ont reçues, ils ont vraiment reconnu que je suis sorti de toi, et ils ont cru que tu m’as envoyé ». Intimement uni au Père et l’Esprit, Jésus a voulu nous insérer dans cette même communion trinitaire, pour ensuite vivre cette communion entre nous.

Pour cela, Dieu s’est incarné en Jésus, qui a pris notre humanité, est mort, est ressuscité, et comme nous l’avons vu jeudi à la fête de l’Ascension, il nous a précédé au ciel où il siège à la droite du Père. Cependant, avant de s’en aller, Jésus a voulu faire de nous à la fois les bénéficiaires et acteurs de la communion trinitaire. Bénéficiaires parce que la communion, l’unité entre nous est d’abord une grâce de Dieu. Acteurs parce que nous sommes appelés à devenir témoins et artisans de communion et d’unité autour de nous et entre nous.

Ainsi, Jésus a commencé par choisir des apôtres, des personnalités bien différentes. « En ces jours-là, Jésus s’en alla dans la montagne pour prier, et il passa toute la nuit à prier Dieu. Le jour venu, il appela ses disciples et en choisit douze auxquels il donna le nom d’Apôtres : Simon, auquel il donna le nom de Pierre, André son frère, Jacques, Jean, Philippe, Barthélemy, Matthieu, Thomas, Jacques fils d’Alphée, Simon appelé le Zélote, Jude fils de Jacques, et Judas Iscariote, qui devint un traître. » (Lc 6, 12-16

Même si c’est lui qui nous a tous choisis, Jésus sait que nous, ses disciples, nous sommes pour lui et les uns pour les autres un don du Père qui vient du Père. C’est Dieu le Père qui nous a confiés à Jésus et nous confie les uns aux autres comme dons précieux dont il faut prendre soin. Dieu nous a faits pour être avec les autres comme frères et sœurs en Jésus. C’est cela aussi la communion dans la foi.  Il serait tellement beau de voir tous les paroissiens se considérant comme frères et sœurs. Pendant le synode sur la synodalité, j’ai entendu certaines personnes dire que pour lutter contre le cléricalisme, il faut arrêter d’appeler les prêtres avec le titre de « père » ! Quel grand remède ! On veut l’appeler frère ! Parfait ! Alors, un ami a dit à ses paroissiens que le jour ils commenceront à s’appeler entre eux « frère », « sœur », en non plus monsieur un tel, madame untel….ce jour-là on pourra aussi appeler les prêtres frères etc ! Et pourtant, le désir profond de Jésus est de faire de nous des frères et sœurs grâce au baptême.

Connaissant ses disciples, Jésus savait dès le départ que l’unité et la communion n’étaient pas acquises d’avance à cause leur personnalité.  Il s’en inquiète un peu. Il avait déjà été témoin de certaines tensions, relations compliquées et rivalités entre ses disciples qui se battaient en sa présence pour savoir qui allait être le premier parmi eux. Nous pouvons voir aussi les mêmes tensions parmi les premiers chrétiens au sein de la communauté primitive à Jérusalem comme on peut le voir dans le livre des Actes des Apôtres.

Parce qu’il sait que nous sommes faibles et fragiles, avant de quitter ce monde, Jésus prie pour nous ses disciples afin que nous vivions toujours en communion avec lui et les uns avec les autres. Jésus sait que le Malin, le Diviseur est toujours à l’œuvre. Ne soyons pas naïfs : le Malin est toujours à l’œuvre et il cherche toujours à nous diviser, à semer la zizanie entre les disciples, à créer des conflits entre eux, en partant des questions parfois banales. Nous devons vraiment faire attention dans nos familles, dans l’Eglise et dans nos communautés paroissiales parce que le Malin peut nous diviser, casser nos relations et notre communion à cause des questions très superficielles. C’est parce que Jésus est conscient à la fois de nos fragilités et des pièges du Malin-Diviseur que Jésus prie pour l’unité et la communion avant de mourir « Père saint, garde mes disciples unis dans ton nom, le nom que tu m’as donné, pour qu’ils soient un comme nous-mêmes ».

Cette unité est fondée et enracinée dans l’unité et la communion trinitaire dans laquelle nous sommes plongés grâce aux sacrements. Pour réaliser la communion et l’unité, nous avons reçu le Saint Esprit qui nous apprend accueillir et à demeurer dans l’amour du Père et du Fils, à aimer l’Eglise malgré ses défauts, à aimer notre monde qui ne va pas très bien et à nous aimer les uns les autres malgré les milles raisons que nous pouvons trouver de nous diviser. Le saint Esprit est celui qui nous aide vivre en communion avec le Père et le Fils, et à devenir artisan de paix, d’unité et de communion autour de nous.

Depuis le jeudi de l’Ascension, nous sommes tournés vers la Pentecôte. Comme les disciples, nous sommes en attente du Saint Esprit envoyé aux disciples pour affermir leur foi, construire leur unité, chasser leur peur…Nous avons besoin de recevoir et de nous laisser façonner par l’Esprit saint qui est notre le Défenseur, le Paraclet, l’Avocat et le Consolateur. Une vie chrétienne sans le Saint Esprit est une vie condamnée à mourir !

Pendant cette semaine qui nous conduit à la Pentecôte, invoquons le saint Esprit dans notre prière personnelle. Invoquons-le sur tous ceux qui vivent les sacrements actuellement : les baptêmes, les premières communions, la confirmation des jeunes et des adultes, les mariages, l’ordination ! Invoquons l’Esprit de Paix sur notre monde traversé par de nombreux conflits. Prions le saint Esprit Consolateur sur les victimes des catastrophes naturelles comme ces milliers des victimes des pluies torrentielles dans le Kivu. Que le saint Esprit nous enracine dans la communion avec le Père et le Fils et entre-nous et autour de nous. Amen.