Mes chers frères et sœurs !
L’évangile selon saint Matthieu se conclut par l’épisode de l’Ascension. Tous ces
disciples qui avaient été fortement réconfortés par les différentes apparitions pendant 40 jours
depuis le matin de Pâques le voit disparaitre devant eux. En méditant les textes de la fête de
l’Ascension, je me rends compte que c’est fête paradoxale que nous célébrons, et que la
montée au ciel de notre Seigneur est loin d’être une source de joie, même s’Il leur avait déjà
dit que c’est bien pour eux qu’Il s’en aille pour leur envoyer le Défenseur, l’Esprit de
Vérité !
Dans l’évangile d’hier, Jésus disait aux disciples « Pourtant, je vous dis la vérité :il
vaut mieux pour vous que je m’en aille, car, si je ne m’en vais pas, le Défenseur ne viendra
pas à vous ; mais si je pars, je vous l’enverrai. » Dans le Credo nous affirmons que Jésus est
monté aux cieux où il siège à la droite du Père… et il nous dit « je pars vous préparer une
place, afin que là où je suis, vous soyez aussi ! » L’Ascension est source de jour pour les
chrétiens parce qu’elle est le prélude notre vocation céleste, rappelant Jésus nous précède là
où nous serons éternellement avec lui… Mais cette joie n’était pas aussi évidente pour les
disciples le jour de l’Ascension : cette nouvelle séparation provoquait en eux beaucoup de
tristesse.
L’être humain a besoin du sensible, du corporel, du charnel, du matériel. Nous
aimons toucher, sentier les odeurs, goûter aux choses, toucher pour sentir et transmettre de
l’amour ! La séparation du corps et du sensible nous attriste. Du point de vue purement
humain, l’Ascension est triste et angoissante. C’est presque la fin d’une histoire commencée
la nuit de Noël, quand l’humanité est entrée physiquement en contact avec la divinité en
Jésus né de la Vierge Marie ! Jésus a plus tard a été crucifié, mais il est ressuscité le troisième
jour, comme il l’avait promis ! Les disciples l’ont vu pendant 40 jours, ils ont bénéficié de sa
présence à travers quelques apparitions ! Ils espéraient que l’histoire allait continuer ainsi et
ne s’attendaient pas à une autre séparation…
Avec l’Ascension, nous avons l’impression d’assister à la fin d’une histoire alors qu’en
réalité, elle est le commencement d’une autre histoire plus belle encore marquée par la
présence de Jésus dans la vie des disciples. Jésus dit aux disciples « Je suis avec
vous ! » « Oui, nous le savons, mais quand même Jésus ! Reste encore un peu de temps
avec nous ! » Notre humanité a peur de voir disparaître ce à quoi nous sommes habitués dans
nos familles, dans l’Eglise, dans le monde. Parfois, nous aimerions garder ces choses, des
systèmes, des méthodes anciennes qui ne marchent plus, au lieu de tenter une nouveauté que

peut inspirer le saint Esprit. Dans l’Eglise, nous avons peur des changements « parce que nous
avons toujours fait comme ça ! ».
Nous n’osons plus rêver d’un monde nouveau d’une Eglise différente de celle que
nous avons connue par le passé. Sur le plan spirituel, nous s’osons plus croire en un Dieu
différent, invisible, un Dieu qui disparaît de nos yeux sans disparaitre de nos vies. Telle est
la finesse de l’Ascension que saint Mathieu vous fait vivre dans son évangile. Alors que dans
les Actes, Saint Luc mon montre comment les disciples, ont du mal à fêter la montée au ciel
de Jésus, saint Mathieu lui, veut garder allumée a encore en lui le feu de la résurrection !
Jésus Ressuscité est toujours présent ! Il l’a promis ! « Et moi, je suis avec vous tous les
jours jusqu’à la fin du monde. »
Telle est l’aventure de l’Eglise depuis plus de deux mille ans. La naissance de l’Eglise
commence par la fin d’une histoire. Les apôtres contemplent Jésus élevé au ciel, ont le nez et
le regard dans les étoiles, là-haut. Ils contemplent ces deux hommes vêtus de blanc qui leur
disent : « Galiléens, pourquoi restez-vous là à regarder vers le ciel ? Ce Jésus qui a été enlevé
au ciel d’auprès de vous, viendra de la même manière que vous l’avez vu s’en aller vers le
ciel ». C’est comme s’il leur disait ! Remettez vos pieds par terre, regardez le monde qui vous
entoure et dans lequel je vous envoie, tel qu’il est : c’est la terre de votre mission !
La fête de l’’Ascension commence une histoire nouvelle portée par des femmes et
hommes nouveaux qui n’ont plus peur parce qu’ils savent que Jésus les accompagne de sa
présence comme il l’a promis avant de monter auprès du Père. Les chrétiens sont appelés à
construire un monde nouveau, plein de confiance dans l’avenir parce qu’ils sont convaincus
d’être accompagné par le Seigneur. Nous devons construire un monde nouveau parce que
nous sommes habités par l’Esprit saint qui fait toute chose nouvelle. Alors, oserons-nous
descendre sur les places annoncer que le Christ est ressuscité ? Oserons-nous nous Le faire en
luttant contre tout ce qui écrase l’être humain dans sa dignité d’image et ressemblance de
Dieu.
A l’Ascension, Jésus disparait de notre terre pour nous apprendre à regarder le ciel.
« Je pars vous préparer une place, et là où je suis, vous y serez aussi. » Nous n’avons pas
une résidence éternelle ici-bas. Jésus nous apprend à redresser la tête et lever nos yeux vers
le ciel alors que nous sommes souvent accrochés à la terre ! L’Ascension de Jésus nous
rappelle que nous sommes citoyens du Ciel où le Christ nous a précédés dans la gloire.
L’Ascension rappelle aussi que Jésus, tout en étant absent physiquement, vit
maintenant dans le cœur de chacun de ses disciples. Jésus est présent et agissant en nous par
le Saint Esprit qui agit dans tous les sacrements. Nous pouvons l’écouter, lui parler, dans le

fond de notre cœur, sans que personne ne s’en rende compte autour de nous. La foi chrétienne
est une certitude inébranlable que Jésus est présent dans ma vie par le saint Esprit qui m’a été
donné dans le baptême et les autres sacrements que nous célébrons dans l’Eglise.
Sur cette montagne de Galilée où il disparait devant les yeux des disciples, Jésus lance
une invitation personnelle pour chacun de nous : « va, avance, ne regarde plus derrière ni
ton passé, regarde devant toi ». Le chrétien est appelé à se lancer et à avancer avec courage
dans une aventure dans laquelle il est toujours assisté par le saint Esprit promis par le
Seigneur. Même quand le Seigneur semble caché à nos yeux par les nuages et brouillards de
toutes nos inquiétudes et de nos épreuves, des anges vêtus de blanc nous invitent à regarder la
terre, pour y apporter joie et espérance grâce au saint Esprit qui fait des disciples et témoins
du Ressuscité.
A partir de cette fête de l’Ascension, pendant ces 9 jours qui nous séparent de la
Pentecôte, je vous invite, à vivre une neuvaine à l’Esprit Saint pour implorer le Don que Jésus
a promis de nous envoyer d’auprès du Père pour marquer définitivement notre vie par sa
présence.