Mes cher frères et sœurs !

Au cœur de cet été caniculaire, où nous avons peur d’incendie, d’inflation, où la guerre bat son plein, plus violente plus près d’ici ou dans mon Kivu natal Jésus vient nous rassurer et rallumer en nous confiance et espérance pour ne pas nous laisser abattre.  Il nous dit : « Sois sans crainte, petit troupeau ! votre Père a trouvé bon de vous donner le Royaume ! » Oh là, nous disons-nous ! Au moment où nous parlons d’inflation et d’insécurité, Jésus nous invite à tout vendre et tout donner en aumône ! Eh non, demain est tellement incertain, alors, on épargne et on assure ses arrières !

N’ayons pas peur, mes chers frères et sœurs ! J’ai reçu de l’expérience personnelle de ma petite vie une chose, et cela est un moteur de ma vie et dans la mission : c’est la grâce de la confiance en Dieu quelles que soient les adversités et épreuves que je peux traverser personnellement et pastoralement. Dieu est toujours de notre côté, quoiqu’il arrive ! Soyons confiants même si devant certaines épreuves il est parfois très difficiles de ne pas désespérer.  Nous pouvons demander cette grâce de la foi, de la confiance, comme notre père dans la foi Abraham et Sara qui ont été bénis parce qu’ils ont fait confiance et ont obéi à la parole de Dieu malgré l’épreuve qu’ils traversaient de ne pas avoir une descendance.Obéir à Dieu et lui faire confiance et tout est toujours source de bénédiction « Grâce à la foi, Abraham obéit à l’appel de Dieu : il partit vers un pays, qu’il devait recevoir en héritage…. Grâce à la foi, Sara, elle aussi, malgré son âge, fut rendue capable d’être à l’origine d’une descendance parce qu’elle pensait que Dieu est fidèle à ses promesse »

La confiance n’est pas quelque chose de spontanée ! Elle se construit progressivement à travers une expérience relationnelle. Nous avons tous fait l’expérience cet amour de Dieu qui, en Jésus, nous a aimé jusqu’au bout au point de donner sa vie pour nous. En Jésus, Dieu nous aime d’un amour libre et libérateur, un amour vital et vivifiant, concret et quotidien. Nous sommes confiants parce que Dieu a fait de nous les héritiers du Royaume !  L’expérience mondaine nousdit que la vie appartient aux plus forts, aux plus riches, ceux qui peuvent écraser les autres ! Mais, dans les béatitudes, Jésus confie le Royaume aux artisans de paix et aux doux : « Heureux les doux, car ils recevront la terre en héritage.Heureux les artisans de paix, car ils seront appelés fils de Dieu. »

Nous avons confiance parce que le Père a voulu faire de nous des héritiers du Royaume, cohéritiers avec le Christ de ce royaume dont nous hériterons pleinement après notrepèlerinage ici-bas. Attention cependant ! Le chrétien ne rêve pas d’un Règne à venir, dans un futur incertain ! Le Règne dont nous héritons est déjà présent ici et maintenant si nous laissons Dieu prendre totalement le contrôle de notre vie, le laisser aux manettes de nos affaires quotidiennes. C’est cela la confiance !

Faisons un petit examen de conscience, sérieusementmais sereinement. Qu’est-ce qui compte, ce qui vaut vraiment la peine de vivre pour nous ? Où investissons-nous le plus d’énergie, le plus de temps, des ressources de qualité dans notre vie au quotidien ? Quelle place accordons-nous à Dieu, à sa Parole ? Dieu est-il seulement un petit détail de notre agenda rempli au quotidien ou bien sa présence est-elle le moteur qui fait bouger notre vie, notre manière de regarder le monde, nos rapports aux autres ? La réponse que nous donnons à ces questions montrera celui ou ce qui contrôle et est aux manettes dans notre vie. Le temps que nous vivons ici-bas est une parenthèse, sérieuse soit-elle, mais un temps intermédiaire, une attente que Dieu revienne dans la gloire, comme nous le disons dans la profession de foi « Il reviendra dans la gloire pour juger les vivants et les morts et son règne n’aura pas de fin ! ».

En attendant qu’il revienne, ici et maintenant, Dieu a fait de nous les gestionnaires et les administrateurs de son Royaume. Dans cette perspective, nos familles, nos groupes, mouvements et communautés ecclésiales deviennent des petites succursales, des petites entités ou portions du Royaume de Dieu, des pages publicitaires d’une humanité nouvelle parce que joyeuse, réconciliée et fraternelle, prophétie d’un monde nouveau qui donne envie. Mais est-ce vraiment le cas ? Même si nous n’en sommes ni capables ni dignes, en dépit de nos manques et fragilités, Dieu lui nous montre sa confiance quand il fait de nous les gestionnaires de son Royaume.

A nos mains fragiles, nos esprits parfois tordues et nos cœurs orgueilleux, Dieu confie la gestion de son plus beau trésor. Oui, le Royaume de Dieu est là où deux ou trois personnes sont réunies au nom de Dieu. Il est présent là où l’on s’engage afin que toute personne puisse mener une vie digne. Il est présent là où l’on accompagne avec amour toutes les victimes de la haine et de la violence. Il est présent là où l’on accueille un frère, une sœur en humanité qui est désespéré. Il est présent là où l’on s’engage aux côtés des pauvres, des petits, des malades, làl’on s’efforce à vivre selon les valeurs de l’Evangile.

« Restez en tenue de service, votre ceinture autour des reins, et vos lampes allumées ! » Soyez prêts, nous avertit Jésus. Prêts à veiller, prêts à mettre en cause certaines certitudes du monde présents parce que nous sommes faits pour l’infini du Royaume à venir mais qui déjà a été inauguré avec l’incarnation de Dieu en Jésus. Le disciple du Christ estconscient du « déjà » et du « pas encore » du Royaume de Dieu. Nous avons tous, j’espère, déjà fait la belle et splendideexpérience de tomber vraiment amoureux, d’aimer et se sentir aimé. Mais nous savons aussi qu’aucune de ces expériences affectives humaines déjà vécues ne pourra jamais combler notre cœur de manière définitive qui a soif d’un amour infini et définitif que seul Dieu peut donner. Nous avons déjà vécu une expérience spirituelle bouleversante et profonde de conversion qui a radicalement changé notre vie, et pourtant aujourd’hui encore, nous sommes victimes des doutes lors de nos traversées du désert à cause des épreuves....Telle est ladialectique saine, sainte et belle « du déjà et du pas encore »du Règne de Dieu.

Comme Israël, nous sommes appelés à sortir de l’esclavage, de toute forme d’esclavage, pour apprendre, dans le désert, à faire confiance à Dieu. Esclaves de l’idée que nous avons de nous-mêmes, esclave et préoccupés de notre imagesociales, esclaves des besoins finis et éphémères suscités par la publicité, nous pouvons encore redécouvrir, à la lumière de la Parole de Dieu, que la vie, que toute vie est une progressive libération intérieure comme le chemin parcouru par notre père Abraham. Ce dernier n’est pas un petit jeune converti pris de délire mystique. Abraham est un vieillard éprouvé par la vie et qui essaye d’écouter son cœur. Nous n’écoutons la voix de Dieu que quand nous écoutons vraiment notre cœur, comme le fait Abraham. J’espère que ce temps estival et ces vacances nous aiderons chacun à retrouver un peu d’intériorité pour écoute notre cœur.

« Restez en tenue de service, votre ceinture autour des reins, et vos lampes allumées », c’est-à-dire, avec la foi et la charité, ces deux vertus théologales qui soutiennentl’espérance au cours de notre pèlerinage terrestre en direction du Royaume définitif. Puisse ce temps estival nous faire grandir dans ces vertus qui nous permettent, ici et maintenant, de construire et d’être déjà ici-bas les témoins et héritiers du Royaume éternel autour de nous. Amen.