Chers frères et sœurs !

Psychologiquement, quand on arrive à l’Assomption, je sens déjà la fin des vacances !  Je vois déjà arriver à grand pas la rentrée pastorale. Je sais que beaucoup commencent à vivre le début de la fin des vacances d’été. Je ne parle même pas de rentrée professionnelle parce que je sais que beaucoup parmi nous ont déjà fini les vacances.  Il est donc temps de faire relire nos vacances et de notre été, éclairés par les évangiles qui nous ont accompagnés pendant ces quelques semaines. La Parole met une lumière toute nouvelle sur notre vie pour que nous rendions grâce à Dieu pour les belles choses vécues, ou alors nous appeler à la conversion.  Jésus nous disait dimanche dernier, « là où est ton trésor, là aussi sera ton cœur », une manière de nous rappeler, avant la rentrée que nous devons fixer les priorités,veiller et réfléchir à ce qui est essentiel dans nos vies, avant la rentrée, où nous risquons rapidement d’avoir le nez le guidon.

Avec Abraham, dimanche dernier, nous avons appris que croire, c’est faire confiance, accueillir la Parole même quand elle nous brûle et nous bouscule. Croire, c’est dépasser les contradictions présentes dans notre cœur, affronter les difficultés en gardant allumée la lumière de l’espérance. La foi est une lutte, un combat spirituel, jamais une certitude acquise ni assurance-vie.  Aujourd’hui, Dieu nous rappelle que l’annonce de l’Evangile, le témoignage de foi est un signe de contradiction. Le monde accepte difficilement l’ingérence divine et préfère souvent les ténèbres à la lumière, comme le rappelle saint Jean dans son prologue. Les disciples de Jésus sont aussi plongés dans ce monde, et sont faits de chair et d’os comme tous les humains. Nous aussi, tout en étant chrétiens, nous ne sommes pas vaccinés contre les contradictions et les peurs. Ce qui nous différencie des autres, c’est la lumière de la foi de notre baptême, lumière qui élargit notre cœur et nous met dans une condition nouvelle nous rendant capables d’aimer. Pour aimer le monde, nous devons aller à sa rencontre. Dans ce monde où nous vivons, nous témoignons de notre foi mais nous nous trouvons parfois blessés et humiliés ! Cela est normal ! Nous sommes disciples d’un Dieu crucifié qui, bien avant et plus gravement que nous, a souffert humiliation, crachats et dérision.

Jérémie, prophète inquiet et persécuté, nous est présenté comme modèle à imiter. Né près de Jérusalem, passionné de Dieu et de son Peuple, le prophète Jérémie passe sa vie à convaincre le roi de Juda et tout Jérusalem à ne pas s’opposer à la naissante puissance babylonienne. Confiants en leur diplomatie et du soutien de l’empire assyrien et de l’Egypte, le roi et son entourage n’ont pas voulu écouter les messages de Jérémie. Ils commencèrent donc à le persécuter. L’épisode de ce dimanche nous décrit la condamnation à mort dont Jérémie est sauvé in extremis : « Alors ils se saisirent de Jérémie et le jetèrent dans la citerne de Melkias, fils du roi, dans la cour de garde. On le descendit avec des cordes. Dans cette citerne il n’y avait pas d’eau, mais de la boue, et Jérémie enfonça dans la boue. »

Un prophète qui annonce la paix se voit persécuté. Il appelle au bien et c’est le mal, la tragédie qui s’abattent sur lui. Les prévisions annoncées par Jérémie se sont avérées. Jérusalem est tombé sous la domination de Nabuchodonosor et plus de 8 milles chefs de familles et notables seront déportés à Babylone. Être disciple, c’est aimer tendrement les personnes auxquelles nous annonçons l’évangile. Être disciple et prophète, c’est chercher chaque jour la vérité et l’ayant trouvée, l’offrir aux autres, même quand ils ne veulent pas l’entendre. Être disciples, c’est accepter d’être parfois incompris par les personnes que nous aimons.

C’est cela le message de l’évangile. Après la chute de Jérusalem aux mains des Romains et la destruction du Temple de Jérusalem, les disciples de Jésus seront excommuniés du judaïsme. Cette persécution causera beaucoup de souffrance au sein la naissante communauté chrétienne à Jérusalem. Aujourd’hui encore, beaucoup font l’expérience de cette contradiction quand ils rencontrent Jésus ou embrassent la foi chrétienne. Alors qu’ils entrent dans la nouvelle famille des enfants des Dieu, la communauté des baptisés, pas toujours accueillante, ces nouveaux convertis souffrent souvent d’exclusion de la part de leur propre famille naturelle et culturelle.

Je vous recommande pour cela un film : « le Prophète » qui nous décrit l’histoire d’un jeune musulman quise convertit au christianisme : comment il a été exclu, rejeté et persécuté par sa propre famille. Pas besoin de chercher chrétien converti de l’Islam pour vivre et voir le déchainement de la persécution. Il nous suffit de regarder dans nos propres familles. Des parents sont déchainés férocement sur le fils ou fille quand ils ont fait le choix radical de consacrer sa vie au Seigneur, au lieu de devenir ingénieur ou avocat. Sans aller jusqu’à ces excès, je crois que chacun de nous a un jour constaté le changement d’attitude des frères et sœurs, des collègues au travail qui se sont parfois moqués de vous parce que vous êtes chrétiens, surtout dans certains milieux professionnels. Tel est notre sort : être chrétien, c’est subir parfois le même sort que Jésus. Il a été persécuté jusqu’à mourir… et chaque jour, il nous appartient de témoigner un petit ou un grand martyre, nos pas dans les siens ! Les chrétiens sont persécutés parce que Jésus a été persécuté.

Jésus dit qu’il est le feu ! Il apporte un feu qui brûle ce qui en nous dépérit. Il a apporté un feu qui illumine, qui réchauffe, qui consume le mal en nous. Mais, on dirait que ce feu a cessé de bruler dans nos cœurs et dans nos communautés chrétiennes. Si le fait d’être chrétien se mesure à l’intensité du feu qui brûle en nous, je pense que les pompiers de la foi doivent être au chômage !  La foi des cathos de nos jours, de nos communautés n’est plus une fois brulante. Nous sommes devenus tellement tièdes et timorés et le monde ne voit plus le feu du Christ bruler en nous. Nous brulons d’envie et d’amour pour tant de choses, pour tel gadget, pour telle personne, pour telle équipe de foot, de rugby ou telle star… mais, y a-t-il encore un peu de feu qui brûle en nos cœur pour le Christ, à tel point que nous pensons très souvent à lui dans nos journées trop remplies ?

Vous est-il arrivé de ne penser qu’à lui, de désirer témoigner de ce feu de votre amour pour le Christ à votre collègue de travail, et le faire sans fanatisme ni simplification ? Vous arrive-t-il de défendre le Christ dans un débat, quand il est injurié, moqué, comme cela arrive souvent dans les médias. J’ai rencontré récemment un fidèle un peu trop critique qui disait qu’en France, même les prêtres et les évêques n’osaient plus défendre le Christ quand il est injurié, pour ne pas faire de vague ! On voit les musulmans et les juifs monter au créneau quand leur religion est méprisée ou discriminée… mais rares sont les chrétiens qui montent au créneau quand on se moque de notre Seigneur. D’ailleurs, dès qu’un chrétien essaye de défendre publiquement sa religion, ce sont même d’autres chrétiens qui le qualifient de fanatique et d’extrémiste. Mes amis, si vous n’avez jamais été moqués pour vos convictions chrétiennes, c’est un très mauvais signe ! Soit, vous vivez dans un monastère (ce qui n’est pas le cas !), ou alors rien dans votre vie ne montre que vous êtes chrétiens. Soeren Kierkegaard nous dit qu’on ne peut pas concevoir la foi chrétienne sans la croix et la persécution.

Quand saint Ignace de Loyola, le fondateur de la compagnie de Jésus envoya ses douze compagnons annoncer l’Evangile jusqu’aux extrémités du monde connu jusqu’alors, il leur dit le jour de leur départ : « Allez, et incendiez le monde ! » Oui, être chrétien, c’est chercher à brûler d’amour pour Jésus et pour le prochain. Nous devons rallumer le feu de notre foi et arrêter d’être des chrétiens timorés et tièdes qui ne donnent pas envie, qui ont honte de témoigner et d’afficher leur foi en société.  Que le saint Esprit allume en nous son feu d’amour pour en brûler dans l’Eglise, dans nos familles et dans le monde. Amen