Mes chers frères et sœurs
Dimanche dernier, l’évangile nous rappelait la mission quasi impossible et les difficultés que rencontre un prophètequi veut témoigner dans un milieu connu et familier. Il nous disait lors de son passage à Nazareth « un prophète n’est méprisé que dans sa maison, sa parenté, sa propre famille ». Mais difficulté ne veut pas dire impossibilité ! Cesobstacles ne doivent pas nous empêcher d’oser annoncer la Bonne Nouvelle et témoigner dans nos familles, villages, villes, et cercles trop familiers.
Les plus jeunes, les adolescents aujourd’hui son moins timorée que nous les adultes pour parler de leur foi entre eux. Même si ce n’est pas évident, il nous faut annoncer la Parole qui, accueillie ou rejetée, elle garde toute sa puissance même si nous ne constatons pas des résultats immédiats. Les fruits arrivent parfois longtemps après, même si ce sont d’autres personnes qui les récolteront : certains sèment, d’autre arrosent, et plus tard, ce sont d’autres qui récoltent les fruits, mais dans tout cela, c’est Dieu qui est à l’œuvre car c’est lui qui donne la croissance !
Pour illustrer le fait qu’il ne faut jamais baisser les bras ni se décourager après un échec, quelque chose qui n’a pas marché, Jésus nous dit qu’il faut changer de stratégie et de méthode, et surtout, se faire aider par les autres. Voilà pourquoi il envoie ses disciples en mission deux par deux. La vie chrétienne est un appel à cheminer, à voyager ! Au cours de ce voyage, nous sommes parfois bousculés, nous pouvons échouer, il nous faut nous réinventer, se renouveler fixer denouveaux objectifs, franchir des étapes, faire de pauses….
Le pape François nous appelle sans arrêt à être disciples-missionnaires qui vivent une conversion à la fois personnelle et pastorale, dans une mission toujours nouvelle dont le message est le même hier, aujourd’hui et demain : le Christ Ressuscité. Penser la vie humaine, chrétienne et ecclésiale de manière statique, immuable, nostalgique, figée dans le passénous conduit à la mort. La mission nous oblige forcément à faire des déplacements, des conversions, et à tenir compte du contexte spatio-temporel en mutation dans lequel le Christ se donne.
Jésus envoie ses disciples deux à deux, et non pas seulparce qu’il sait que nous avons besoin du soutien des autres dans la vie et dans la mission ! La première mission est sans parole. C’est d’abord le témoignage d’être, de marcher et de travailler ensemble, l’un à côté de l’autre en unissant lesforces. Chez les religieux, une communauté est constituée au minimum de trois personnes. C’est pour cette raison que les congrégations n’envoient jamais un seul membre quelque part, dans une paroisse. Je vais vous faire un scoop et vous demander de prier pour un projet : Il se peut qu’à la rentrée, notre ensemble paroissial accueille une nouvelles congrégation religieuse : trois franciscains de l’Immaculéequi viendront s’implanter dans le diocèse et que l’archevêque nous confie. Il y a 10 jours j’ai rencontré deux d’entre eux venus en repérage. Ils sont motivés mais la décision définitive doit être prise par leur supérieur général qui est à Rome. Il nous faut donc prier pour que cette communauté vienne chez nous Dieu le veut.
La première chose qui donne envie de rejoindre à une équipe, un groupe associatif ou pastoral, c’est la qualité des relations entre les membres. « Voyez comme ils s’aiment », disait-on des premiers chrétiens à Jérusalem. Jésus disait à ses disciples en les envoyant : « c’est à l’amour que vous aurez les uns pour les autres que tous reconnaîtront que vous êtes mes disciples ». Une mission ecclésiale ne peut se vivre dans la solitude, seul dans son coin. Les disciples sont envoyésdeux par deux parce que différents, ils doivent mettre leurs différences au service du même projet, se soutenir pour faire face aux fragilités mutuelles et profiter des charismes les uns des autres. Saint Paul nous rappelle que nous sommes tous membres du même corps et que chaque membre est appelé à travailler pour le bien du corps entier, et c’est l’harmonie entre les différents membres qui permet au corps d’être en bonne santé. Vouloir travailler seul, c’est courir le risque de s’épuiser, de faire mourir la mission et empêcher la croissance de Parole de Dieu et de l’Eglise.
Un autre point important dans cette pédagogie missionnaire est la confiance en la providence de Dieu : « il leur prescrivit de ne rien prendre pour la route, mais seulement un bâton » ; pas de pain, pas de sac, pas de pièces de monnaie dans leur ceinture. « Mettez des sandales, ne prenez pas de tunique de rechange. » Non seulement il y a l’ami qui nous soutient, mais Jésus nous conseille aussi de nous appuyer sur le bâton du pèlerin et du missionnaire, un bâton pour s’y appuyer quand nous sommes fatigués. Les disciples partent dépouillés !
Quand je devais quitter mon ancienne paroisse pour venir ici, je me suis rendu compte combien il est difficile de déménager, et surtout faire les cartons ! J’ai réalisé qu’en 9 ans où j’étais curé, j’avais tellement accumulé des choses dont je ne m’étais jamais servi. D’où le besoin de faire le tri, donner aux autres et jeter aussi pour se dépouiller un peu. S’encombrer des choses, accumuler, acheter pour acheter sans discernement… tout cela peut reflète notre manque de confiance. Pensons à toutes les assurances et garanties que nous souscrivons : assurance vie, assurance voyage, annulation, panne, garantie pour tel appareil… Le Seigneur nous appelle à lui faire confiance et faire confiance en la générosité des gens qui nous entourent : « Le Seigneur est mon berger, je ne manque de rien », dit le psaume 22.
Très souvent, par orgueil sûrement, nous pensons que la mission dépend principalement de nos grands moyens au point d’oublier que c’est le Seigneur qui est le premier protagoniste de la mission qu’il nous confie. La pauvreté, même en pastorale, est une belle la grâce ! Quand on sait qu’on est pauvre, on est modeste et humble, on cherche de l’aide, on appelle les gens au secours, on leur dit qu’on besoin d’eux, on sait s’appuyer sur les autres. Combien des gens sont allés s’investir dans une autre paroisse parce que, quand ils ont proposé leurs services dans leur paroisses territoriales, on leur a dit qu’on n’avait pas besoin d’eux…. Plus on est riche, plus on croit n’avoir besoin de rien et ni de personne, dans la vie etcome en pastorale, on étouffe les charismes et on appauvrit l’Eglise.
Puisse le Seigneur nous donner cette grâce de la confiance, du dépouillement et de cette pauvreté qui nous rendent tellement riches de Dieu et des autres. Amen.