Mes chers frères et sœurs !
Jésus est un missionnaire infatigable, se donnant sans compter, parcourant villages et villes pour enseigner, guérir, annoncer la Bonne nouvelle. Pour reprendre l’expression chère au pape François, Jésus est un missionnaire qui allait dans les périphéries d’Israël sans se fatiguer, passant de ville en ville, de village en village. Cependant, même les grands travailleurs et missionnaires ont besoin de repos, de retrouver la famille, revenir aux sources, Jésus aussi revient de temps en temps à la maison. Le père Vital est parti aussi en vacances, et Willy y sera en août. Pour aider, Théodore et Rodrigue sont arrivés depuis mardi. Je pense aussi à vous tous qui, en cette période des vacances, allez pouvoir vous reposer en famille ou retrouver des amis.
Dans l’évangile, il est beau de voir Jésus revenir à la maison ! Cela nous montre qu’il est profondément humain et que rien de ce que nous pouvons vivre ne lui est étranger ! Ce retour à Nazareth est une leçon pour ceux qui ne pensent ou ne peuvent prendre des vacances, faute de temps ou parce qu’ils pensent qu’il y a trop de boulot. En ce temps de vacances, pensons et prions toutes ces personnes qui vont partir ou revenir dans les lieux familiers, lieu de leur naissance, de leur enfance, lieu de souvenirs familiaux, des cousinades…. cesrassemblements familiaux que l’été nous donne l’occasion de vivre, mais qui sont aussi parfois source de tension dans nos familles.
Mais, même là aussi, annonçons la Bonne Nouvelle comme Jésus le fait à Nazareth ! Pour Jésus, tout lieu, même la famille, son village, sont des occasions et lieuxd’évangélisation. Nous savons toutefois qu’évangéliser et témoigner de sa foi en famille et dans les lieux familiers peut être rude. Jésus qui suscitait enthousiasme, admiration et foi adu mal à passer dans son propre village natal : « Un prophète n’est méprisé que dans son pays, sa parenté et sa maison. » Si cela est arrivé à Jésus, pas étonnant que cela nous arrive dans nos familles. Je me rappelle quand je suis revenu, après la profession religieuse, dans mon quartier habillé en soutane blanche, en été 2000. Je rencontre une camarade de lycée qui me dit : « Non, Joseph, tu es prêtre ! On aura tout vu ! ». Rassurez-vous je n’étais pas un mauvais garçon ! Mais pour cette collègue, c’était inconcevable de voir un camarade de classe devenir un religieux…. Pensez à un journaliste, un grand patron ou un homme politique qui ose avouer publiquement, à la radio ou sur un plateau de télévision qu’il est chrétien, en France ! Il aura signé sa mort médiatique et politique !
Dans la première lecture, le prophète Ezéchiel est marquée dans sa mission aussi par le refus de Dieu de la partdu peuple. Il se rend compte très rapidement que Dieul’appelle à prendre sa part au refus même de Dieu : « Fils d’homme, je t’envoie vers les fils d’Israël, vers une nation rebelle qui s’est révoltée contre moi. Jusqu’à ce jour, eux et leurs pères se sont soulevés contre moi. Les fils ont le visage dur, et le cœur obstiné ; c’est à eux que je t’envoie. »
Chaque prophète (nous sommes prophètes par le baptême) est appelé pour porter et sentir dans sa propre chair le refus de Dieu, de la part des hommes et des femmes de son temps, au point d’être nous-même rejetés. C’est une manière de porter sa croix, de participer à humiliation subie parJésus.
L’évangile nous dit que dans la synagogue de Nazareth, « nombreux étaient frappaient d’étonnement ». Ils se rendent compte qu’il y a quelque chose de nouveau. C’est comme quand nous allez proposer, en rentrant chez vous pour le déjeuner de faire un bénédicité, ou ce soir, en sollicitant toute la famille pour faire une petite prière avant d’aller au lit. Cette demande va en émerveiller certains, mais d’autresrisquent de vous prendre pour un fanatique surtout si les gens prétendent vous connaître trop bien ! « Non, ce n’est pas lui. Il doit être sous la coupe, sous l’emprise du curé, d’un groupe chrétien ! », encore si l’on ne dit pas que vous faites partie d’une secte ! Trop connu pour être un prophète ! La prétendue connaissance que les habitants de Nazareth ont de l‘enfant du pays devient un obstacle à la réception de l’Evangile. Saint Marc conclut par une formule lapidaire : « Et ils étaient profondément choqués à son sujet. »
Pour la première fois, Jésus est appelé « charpentier » dans l’évangile de saint Marc. Ce qualificatif, dans la bouche de ses concitoyens exprime plus qu’un simple attribut : En Israël, presque tous possédaient un petit lopin de terre à cultiver pour se nourrir. Celui qui l’avait perdu pour diversesraisons, pour survivre, devait faire de petits boulots modestes. Parmi ces petits boulots, il y avait des petites réparations, du bricolage avec du bois : un travail d’artisan qui ne gagnait pas beaucoup d’argent et que personne n’avait envie de faire. Ce boulot, Jésus l’avait appris de son père Joseph.
« N’est-il pas le charpentier ? » Cette expression nous dit aussi ce que furent les 30 ans de la vie cachée de Jésus à Nazareth avant sa mission publique : une existence absolument anonyme comme n’importe qui, à tel point que, pour les Nazaréens, cela est incompatible avec le fait queJésus fasse des miracles, enseigne avec assurance et autorité. Ils n’ont jamais vu les grands rabbins, bien connus etbeaucoup mieux instruits, faire cela, et ce ne peut être possible pour un simple charpentier. En plus, les gens savent bien de quelle famille il provient. « N’est-il pas le charpentier, le fils de Marie, et le frère de Jacques, de José, de Jude et de Simon ? Ses sœurs ne sont-elles pas ici chez nous ? »
L’émerveillement du départ s’efface devant cette connaissance trop commune et familière. Les cœurs se ferment au lieu de s’ouvrir à la foi. Ne laissons pas Dieudevenir trop familier, tellement habituel et commun au point de nous fermer à toute nouveauté qu’il peut apporter dans nos vies. Nous courons le risque que Dieu devienne tellement familier de nous, par nos missions, l’eucharistie, les études, la lecture de sa Parole au point de bloquer en nous la disponibilité intérieure à toute nouveauté qu’il veut nous proposer pour nous émerveiller. Ne devenons pas de experts de la religion, du rite liturgique, de la pastorale, de l’eucharistie dominicale ou quotidienne, de la prière communautaire, mais ouvrons-nous à ce Dieu tellement proche, mais toujours nouveau et dont l’amour se renouvelle chaque matin.
Que cette eucharistie nous obtienne la grâce de ne pas nous habituer au Seigneur, mais de nous émerveiller sans cesse de la nouveauté de son Amour, dans l’actualitépermanente de sa Parole et de tout qu’il fait en nous, par nous, pour nous et autour de nous. Amen.