Mes chers frères et sœurs !
L’évangile de ce dimanche, nous pouvons l’intituler, « les occasions ratées ». Cet évangile m’a fait penser à une chanson de deux artistes toulousains, Big Flo et Oli, dont le titre est « Dommage ». Je vous en donne juste le début.
« Louis prend son bus, comme tous les matins. Il croisa cette même fille, avec son doux parfum. Qu’elle vienne lui parler, il espère tous les jours. Ce qu’il ressent au fond d’lui, c’est ce qu’on appelle l’amour. Mais Louis, il est timide. Et elle, elle est si belle. Il ne veut pas y aller, il est collé au fond d’son siège. Une fois elle lui a souri quand elle est descendue.Et depuis ce jour-là, il ne l’a jamais revu. Ah il aurait dû y aller. Il aurait dû le faire, crois-moi. On a tous dit « ah c’est dommage, ah c’est dommage » C’est p’t’être la dernière fois.
Nous tous, nous avons des occasions ratées dans notre vie. Quand je regarde ma vie passée, il me vient à l’esprit des visages, des histoires des personnes rencontrées, de lieux visités, les expériences vécues… Prenez l’album de votre portable ou tablette, et faites glisser avec votre doigt ces photos souvenirs de votre vie passée. Vous retrouvez certaines pages qui vous donnent des larmes de joie et des larmes de tristesse, des moments de beauté inouïe et de bonheur unique… Vous verrez aussi ces moments où vous avez raté des occasions qui auraient certainement changédéfinitivement le cours de votre vie. Vous vivez avec des regrets parce que cela est désormais irrécupérables. Ce sont là les pages vides qui auraient pu remplir notre vie, des occasion définitivement perdues !
Certaines occasions de notre vie sont comme un TGVqui passe en toute vitesse dans une gare qui est le quotidien de notre vie. Ce train s’arrête très peu de temps pour repartiraussitôt, nous embarquant, si nous sommes prêts et avons acheté notre billet ou alors nous laissant tristes sur le quai si nous sommes en retard. Mais attention, un autre train peut repasser et te laisser aussi là, sur le quai, si tu ne sautes pas sur l’occasion. Et toute la vie, tu peux rester là à valser sur les opportunités loupées. Tu t’en prends ensuite contre la vie, tu accuses le train de la vie intempestive, son excessive et frénétique vitesse, au fait que tu as eu moins de temps pour raisonner, pour te décider, pour sauter dans le train… La faute est toujours aux autres… Entre-temps, les occasions perdues ne reviennent plus.
Nous faisons la même chose avec Dieu qui passe dans notre vie et nous offre tant d’opportunités de salut que nousrefusons, lui renvoyant ensuite la faute. C’est toujours plus facile de renvoyer la faute aux autres, et surtout à Dieu qui ne se défend jamais !
Dans l’évangile de ce dimanche, Dieu nous redit qu’il veut nous partager sa joie, parce que cela est le sens de sonRègne. Nous sommes invités au Banquet des noces de son Fils. Avant la communion, le prêtre dit : « Voici l’Agneau de Dieu, voici Celui qui enlève les péchés du monde ! Heureux les invités au repas des noces de l’Agneau ». Cela veut dire que Dieu nous invite et veut entrer dans notre vie pour la transfigurer, faire de nous des gens meilleurs, nous remplir des valeurs, des richesses humaines et spirituelles, de joie, d’amour. Et nous, très souvent, au contraire, nous refusons son invitation.
Nous l’avons entendu dans l’évangile : « Il envoya ses serviteurs appeler à la noce les invités, mais ceux-ci ne voulaient pas venir. Il envoya encore d’autres serviteurs dire aux invités : ‘Voilà : j’ai préparé mon banquet, mes bœufs et mes bêtes grasses sont égorgés ; tout est prêt : venez à la noce.’ Mais ils n’en tinrent aucun compte et s’en allèrent, l’un à son champ, l’autre à son commerce ; les autres empoignèrent les serviteurs, les maltraitèrent et les tuèrent. » Quelle occasion manquée !
Nous perdons souvent des occasions d’accueillir l’Amour de Dieu, de rester avec lui, et nous avons toujours millesprétextes. Pensez aux excuses que nous avançons pour ne pas aller à la messe, par exemple (vous y êtes aujourd’hui ! bravo !) : je suis fatigué de la semaine (alors viens te reposer à l’église, surtout pendant l’homélie du prêtre !) ; ou c’est leseul jour que nous avons de rester en famille (alors, venez en profitez en famille), l’heure de la messe est pour moi la seule occasion pour faire du sport ( alors viens à l’église à vélo ou mais une petite marche en venant à l’église), faire la grasse-matinée ! Je ne vais pas à la messe parce que nosenfants bougent et risquent de déranger (vous voyez bien qu’il y en a d’autres qui bougent et c’est beau de voir une Eglise qui rajeunit) ; ou alors, je ne vais pas à la messe parce qu’il y a trop d’enfants qui bougent et font du bruit ( dans ce cas, tu pourrais aider à organiser l’accueil des enfants pendant la liturgie de la Parole…).
Nous retenons nos affaires, nos loisirs, notre bien-êtrephysique plus importants que le rendez-vous avec Dieu, et c’est très dommage ! Certains pensent que les choses de Dieu sont pour les enfants ou les personnes âgées. Nous renvoyons à plus tard, dans quelques années, quand nous serons retraités ou quand nous « aurons plus de temps »pour prendre soin de notre vie spirituelle, affiner notre relation avec Dieu. Parfois même, tu es gêné et réagis avec violence àl’appel de Dieu. Pense à cette occasion où tu t’es fâché et as culpabilisé ton épouse, ton époux, tes parents ou tes enfants qui t’invitaient à aller à la messe dimanche matin, quand il ou elle est sorti (e) le soir pour aller à la prière, à une veillée de louange et adoration, à une réunion paroissiale ou associative…. Tu lui as fait le reproche, d’aimer l’Eglise plus que toi, de ne pas rester avec toi pour profiter ensemble decette soirée ou de cette matinée. Tu aurais dû sortir avec lui, avec elle, pour en profiter aussi. C’est dommage !
Ce sont là des occasions manquées, pour notre bien. Dieu est Amour et son seul désir, quand il nous invite est celui de nous combler d’amour, des bénédictions, des grâces. Chaque fois que nous refusons ces invitations, nous nous privons des occasions qui auraient certainement pu transfigurer et apporter plus de joie et de beauté dans notre vie. Pourtant, que nous acceptions ou non son invitation, Dieu continue son œuvre, il porte en avant le train de l’histoire, poursuit le projet de son Règne d’Amour malgré nos refus. Dieu ne s’arrête jamais !
Il passe de maison en maison, sonne à la porte de notre cœur, reste au seuil de notre maison où nous l’avons reléguépour éviter qu’il ne salisse notre pavement avec ses pieds poussiéreux… ! Il est là, sur les routes et continue à offrir sajoie, à tendre la main à ceux qui veulent bien l’accueillir. Dieu va jusqu’au terminus, et quand son train sera au terminus, notre terminus, il n’y aura plus rien à faire. Nous risquons alors de dire ! « C’est dommage, j’aurais dû faire cela tel jour, j’aurais pu le faire ! J’aurais dû dire oui, J’aurais dû dire non à cette occasion précise de ma vie…. ». Attention à ces occasions loupées que nous ne pouvons plus rattraper.
Alors, mes frères et sœurs, c’est le moment de grâce, du salut. C’est le kaïros, le moment de dire oui à l’Amour, au pardon, l’occasion d’ouvrir ton cœur à cet ami, ce frère, sœur, ce collègue avec qui tu t’es brouillé à cause d’une connerie qui a blessé ton égo, ton orgueil. Tu as envie de faire la paix, de retrouver son amitié mais l’orgueil te retient. Tu veux que ce soit lui ou elle à faire le premier pas, mais Dieu te dit aujourd’hui que c’est à toi de sauter sur l’occasion pour ne pas la perdre définitivement.
C’est le moment de tourner le dos à ces addictions que te rendent malheureux et pourrissent la vie de ta famille, de ton couple, de tes proches ! Tu n’arrives pas à t’en sortir, alors, saisis la main de Dieu, ne cherches pas d’excuses pour ne pas prendre les nombreuses mains qui te sont tendues ! C’est l’occasion de sauver ton âme. Ouvre ton cœur à Dieu, à tes frères et sœurs, à l’amour, à la vraie liberté, à l’engagement, à la générosité, à la solidarité, à une vie de foi, de prière…. Il serait tellement dommage que tu dises plus tard « dommage, j’aurais dû le faire » et le regretter pour le restant de ta vie. C’est l’heure de grâce, c’est le moment du salut ! Dieu t’appelle, il t’invite à sa fête, à partager sa vie, à vivre de lui et avec lui. Alors, saisis cet appel, saute sur l’occasion. C’est ton jour de chance ! Amen.