Mes chers frères et sœurs,
Nous pouvons nous imaginer la scène : nous sommes dans le temple de Jérusalem, le cœur de la ville, comme nos églises, jadis en France (ou encore aujourd’hui j’espère) étaient au cœur des villes. Jésus est assis et discute avec nous. Dimanche dernier, le thème de la discussion était le plus grand commandement : l’amour de Dieu et celui du prochain. Aujourd’hui, Jésus poursuit son enseignement en abordant une autre thématique : la simplicité et la générosité.
Comme tout le monde, Jésus regarde l’assemblée réunie dans le temple et remarque une chose : une catégorie des gens qui sont comme dans une sorte de défilé de mode, certains voulant, on dirait, faire remarquer qui est le plus riche, qui est le mieux habillé, les chaussures ou habits de marque, qui porte les habits les plus couteux… : dans cette catégorie, il y a des prêtres, des scribes, des docteurs de la Loi qui sont en réalité victime de la « la mondanité ». Ils vont au temple, pas tellement pour Dieu mais pour leur gloire et les honneurs dans une exhibition mondaine de leurs richesses, leurs vêtements, leurs titres. Ce « défilé mondain » dans le temple permet à Jésus de nous adresser un enseignement : « Méfiez-vous des scribes, qui tiennent à se promener en vêtements d’apparat et qui aiment les salutations sur les places publiques, les sièges d’honneur dans les synagogues, et les places d’honneur dans les dîners ».
Ces scribes, avec leur amour démesuré pour les plus habits couteux me font penser à ces gens qui passent leur temps à faire du shopping et dépensent seulement pour le plaisir (je sais que ça crée des tensions dans les couples !), gens qui n’acceptent pas de ne pas avoir le dernier vêtement à la mode, le dernier IPhone qui vous coûte une plombe alors que l’autre fonctionne encore… J’en profite au passage pour rappeler que dimanche prochain, 14 novembre est la 5è Journée Mondiale des pauvres, voulu depuis 2017 par le pape François. C’est l’occasion de penser aux plus pauvres, en apportant toutes ces choses dont vous ne vous servez pas pour les mettre au service des pauvres, en faisant la collecte des habits, téléphones, ordinateurs, jouets, électroménager aux bénéfices des pauvres accompagnés le Secours Catholique. Vous pouvez les apporter à la messe dimanche prochain, et cela fera des heureux, en particulier au moment où nous commençons à penser aux cadeaux de Noël !
Revenons aux scribes ! Jésus nous met en garde contre ces scribes qui, en voulant les premières places veulent symboliquement prendre la place de Dieu. Ces derniers n’aiment ni Dieu ni le prochain. Il y a quelque chose de plus pernicieux encore dans leur comportement : ces scribe sont avides de richesses, qu’ils obtiennent en plus en utilisant des méthodes illégales et peu recommandables : « Ils dévorent les biens des veuves et, pour l’apparence, ils font de longues prières : ils seront d’autant plus sévèrement jugés. », c’est-à-dire qu’ils volent et exploitent les personnes les plus vulnérables et sans défense alors que, dans la Bible, qu’ils connaissent très bien, Dieu nous invite à défendre et à prendre soin de la veuve et l’orphelin. Les scribes et pharisiens ont un double visage : ils passent beaucoup de temps en prière pour donner l’impression qu’ils sont des gens très religieux, tout en exploitant les pauvres…le comble de l’hypocrisie.
Le deuxième enseignement de Jésus est une expérience que tout le monde peut reconnaitre : la générosité des gens pauvres. Il y a quelques années, un été, je suis parti en vacances au Congo en amenant au Congo un groupe d’amis qui ont passé 15 jours à Bukavu, au milieu des gens devenus pauvres à cause de cette guerre qui dure depuis 1996. Parmi les choses qui les ont impressionnés, c’est l’accueil généreux de ces gens pauvres qui sont capables de secouer ciel et terre pour mieux accueillir ces visiteurs venus de loin : la table était toujours ouverte… Tous ceux qui voyagent un peu dans ces pays que nous qualifions de pauvres ou Tiers-Monde ou pays du Sud, peuvent témoigner de la générosité des gens.
Mais, pas besoin d’aller en Asie, en Afrique, en Amérique latine pour faire l’expérience de la générositédes gens pauvres. Il suffit de regarder autour de nous, dans nos familles, nos quartiers et communautés ! Nous le voyons à travers le témoignage de ces deux veuves, celle de la première lecture qui partage ce qui lui restait avec le prophète Elie et celle que Jésus nous présente comme modèle dans l’évangile : « Une pauvre veuve s’avança et mit deux petites pièces de monnaie. Jésus appela ses disciples et leur déclara : « Amen, je vous le dis : cette pauvre veuve a mis dans le Trésor plus que tous les autres. Car tous, ils ont pris sur leur superflu, mais elle, elle a pris sur son indigence : elle a mis tout ce qu’elle possédait, tout ce qu’elle avait pour vivre. »
Je n’ai pas l’habitude de parler d’argent, mais parce que l’évangile s’y prête aujourd’hui, je vais me lâcher par quelques exemples. J’en fais l’expérience comme curé de paroisse : des gens simples, vivant d’énormes difficultés économiques, très petits salaires ou de petites retraites, mais qui sont des exemples de générosité pour les voisins, pour les associations humanitaires et solidaires ! Ces gens soutiennent l’Eglise non seulement par leur présence physique mais par leur générosité au Denier du Culte ou à la quête pendant la messe… !
Au sein de notre communauté paroissiale, je voudrais remercier toutes ces personnes généreuses qui, par leur présence pastorale, leur engagement et leur soutien, font vivre la paroisse qui ne peut pas vivre que du Saint Esprit ! J’avoue cependant que quand je regarde la liste des Donateurs au Denier du Culte dans nos 5 paroisses, je me demande comment se fait-il que beaucoup de paroissiens, surtout parmi les pratiquants de la messe dominicale, ne donnent pas toujours au Denier de l’Eglise. Parfois, il arrive à Lucette ou Marie-Claude de me montrer les pièces jaunes, des boutons et les pièces des cadis d’Auchan dans la quête. Il y en a d’autres, qui, en venant à la messe, s’assurent d’avoir bien pris quelques pièces jaunes, une pièce de 50 centimes ou d’1 euro pour la donner à la quête…pour ne pas donner plus !
Un ami me parlait du caractère radin de sa grand-mère : un jour, elle a donné au Denier et au lieu de mettre 20 euros, elle s’est trompée mettant un zéro de plus…. Quand elle s’en est rendu compte, elle est allée faire une réclamation auprès du curé pour qu’on lui rende son chèque… Mais le chèque était déjà encaissé. Je pense à ce couple de fiancés qui avait dépensé pour le mariage 14 000 euros et qui avaient trouvé que c’est quand même cher payer de donner 300 euros à la paroisse …. Dans l’ancienne paroisse où j’étais, la comptable avait reçu d’une jeune femme, un chèque de 5000 euros de Denier. Elle était tellement choquée qu’elle m’a appelé pour me demander si je connaissais cette jeune femme : la comptable pensait que la généreuse donatrice avait mis un 0 de trop, car pas habituée à voir une somme pareille au Denier. J’ai pris quand même la précaution de demander à la dame si c’est bien 5000 euros qu’elle avait voulu donner au Denier… Un comédien disait, pour faire réfléchir les gens qui accumulent au lieu d’être généreux et de partager qu’on ne voit jamais un coffre-fort ou un déménageur accompagner le défunt au cimetière ni pour ses funérailles. N’oubliez de donner au Denier du Culte : il ne nous reste qu’un mois et demi avant la clôture de l’année fiscale.
J’arrête de parler d’argent pour revenir à la veuve de l’évangile. Notre vie est faite pour être donnée généreusement dans le mariage, en famille, avec nos frères et sœurs les plus démunis, les plus fragiles. Que Jésus, qui s’est fait pauvre en devenant semblable à nous dans son incarnation nous donne de nous enrichir chaque jour de la seule richesse qui vaille la peine : l’Amour. Ce qui restera de nous, après notre passage en ce monde, c’est l’amour dont nous aurons été témoins au milieu de nos frères et sœurs…