Mes chers frères et sœurs

Il est tellement naturel et normal que la commémoration de nos fidèles défunts provoque en nous deuil, souffrance et larmes. Hier après la messe et dans l’après-midi et aujourd’hui, nous sommes allés au cimetière pour fleurir les tombes, prier et honorer nos défunts. En faisant un tour dans nos cimetières ce weekend, j’ai été impressionné par leur beauté en cette période : des fleurs partout ! Si on pouvait les fleurir aussi souvent, et pas seulement à cette occasion.  Nous ne pouvons pas mettre en parenthèse l’amour de nos défunts, car la communion des saints nous unit à jamais grâce à Jésus qui est leur et notre Vie par sa mort et sa résurrection.

En dépit de la foi et de l’espérance chrétienne qui nous animent, la célébration des fidèles défunts est toujours une épreuve. Elle nous fait revivre, dans une certaine mesure le deuil, la douleur de la perte et de la séparation d’avec les personnes que nous aimons. Nous revivons le deuil des souvenirs vécus et laissés, le sens de culpabilité, comme ces parents qui ont perdu leur fils qui s’est suicidé, ou ce proche mort dans un accident de circulation alors qu’on était ensemble dans la voiture… ou simplement parce que nous nous posons la question de ce que nous avions ou pas fait envers nos proches décédés, pendant leur maladie, deuil des joies que nous leur avons données ou qu’ils nous ont procurées pendant leur vie.

Pourtant, malgré la douleur, notre foi chrétienne nous rappelle, à cette occasion que nous sommes tous des citoyens du ciel car nous sommes disciples du Ressuscité, qui est monté au Ciel à l’Ascension. Il nous y a précédés et nous y attend, Lui qui siège à la droite du Père. Notre corps peut bien se reposer dans cette terre d’où nous avons étés tirés, dans cette boue que Dieu a utilisée pour nous modeler avant de nous donner le souffle de Vie… mais nous sommes appelés à vivre avec le Christ, Dieu fait homme, mort sur la croix mais ressuscité, c’est-à-dire, toujours et éternellement vivant. C’est cette espérance dans une joie et vie éternelles, même pour nos pauvres corps mortels, qui nous permet de recommander nos défunts au Christ Ressuscité, aujourd’hui, et chaque fois que nous prions pour eux, ou que nous demandons de messes pour eux.

La réalité de la mort nous fait prendre conscience d’une évidence :  l’être humain, même le chrétien, n’aime pas quitter ce monde quand les choses vont très bien pour lui. Nous nous accrochons à ce bonheur que le monde nous offre. Pourtant, il suffit que les choses tournent mal, par exemple à cause d’une maladie grave, une souffrance physique ou morale, une rupture amoureuse, la perte du travail, une grosse déception… pour désirer précipiter notre mort, quitter ce monde que nous qualifions parfois « d’enfer sur terre » ! Nous désirons alors anticiper notre rencontre avec le Seigneur. Une paroissienne, à quelques jours de sa mort, lors d’une confession pourquoi il fallait tant souffrir pour rencontrer le Seigneur. Cette dame avait hâte de mourir, pour mettre fin à ses souffrances, et aussi en profiter pour poser directement et en face à Jésus les questions auxquelles elle n’a pas pu trouver de réponse pendant sa vie terrestre….

On ne peut minimiser le poids de la douleur liée à l’âge, la maladie, la solitude…. Même Jésus a ressenti de l’angoisse pendant sa passion avec son poids de tristesse, de solitude, d’abandon devant la mort. Rappelons-nous qu’il a même demandé au Père d’éloigner de lui le calice de la douleur et de la passion, même s’il est abandonné à faire la volonté du Père jusqu’au bout.

C’est la mort de Jésus en croix qui donne toute sa signification à la mort de tout homme vivant en ce monde. Dans la foi chrétienne, on ne peut pas parler de la mort en la séparant de la résurrection. L’espérance chrétienne devant la mort est fondée dans la Résurrection. Saint Paul nous dit que « Si le Christ n’est pas ressuscité, vaine serait notre foi et nous sommes les plus à plaindre de tous les hommes ». La mort n’aura jamais le dernier mot sur notre vie. Mort, où est ta victoire ? Le Christ t’a vaincu, car, comme nous le rappelle encore saint Paul « même la mort ne peut nous séparer de l’Amour du Christ ! ».

Au moment où nous commémorons les fidèles défunts, rappelons-nous, de manière indélébile de cette grâce extraordinaire qu’est l’espérance chrétienne : savoir que même la mort ne peut me séparer de l’Amour de ce Dieuqui nous a créés, nous a faits devenir ses enfants en Jésus, dans la foi et par le baptême. Dieu notre Père nous attend près de lui après notre pèlerinage ici-bas !  Jésus nous dit que la volonté de son Père, c’est qu’il ne perde aucun de ses enfants, mais qu’il les ressuscite tous pour la Vie éternelle.

Redisons au Christ, malgré la douleur du deuil, notre foi et notre espérance. C’est à lui que nous remettons, pleins de confiance, nos chers défunts pour que ces derniers contemplent son Visage de Lumière, en attendant de les retrouver un jour ! Prenons un petit moment de silence pendant lequel chacun de nous va recommander, dans son cœur, les défunts pour lesquels il venu prier aujourd’hui. Amen.