Avec cet évangile je vais vous parler de quelque chose qui est bien difficile en ce moment, voire impossible. Il y a beaucoup de choses qu’on ne peut plus faire avec cette crise… Qu’est-ce que vous n’avez pas le droit de faire à partir de 18h ? Sortir !

Eh bien Jésus avait le droit de sortir. Il affirme qu’il doit aller proclamer l’évangile, car, dit-il, c’est pour cela que je suis sorti. D’où Jésus est-il sorti, où sort-il ?…

D’abord on voit qu’il est sorti de la maison de Simon après avoir guéri sa belle-mère. Avant déjà, il est sorti du silence de la vie cachée à Nazareth. Et encore avant, il est sorti du sein du Père. Trois sorties donc.

De manière immédiate, Jésus est sorti de la maison de Simon. C’est une maison dans laquelle Jésus allait souvent puisque Pierre est l’un des Douze, un proche de Jésus. C’est là que Jésus a guéri la belle-mère de Simon. Le fait que Jésus sorte ensuite –il sort très tôt pour aller prier seul dans un endroit désert – nous montre que Jésus ne reste pas qu’avec ses amis. Il passe beaucoup de temps avec eux, il les a choisis pour être avec lui et leur apprendre beaucoup de choses qu’ils devront transmettre. Mais par-dessus tout il y a Dieu le Père. Et Jésus lui consacre du temps, beaucoup de temps, et même une partie de sa nuit. Et puis Jésus est là aussi pour les autres. Alors cela nous pose la question de savoir si nous allons vers Dieu, si nous passons du temps avec lui. Et si nous sommes vraiment ouverts aux autres, si nous allons vers eux.

Jésus au bout de 30 ans est aussi sorti du silence, de la vie cachée et discrète à Nazareth, où il menait un quotidien tout simple de travail. Il est sorti de ce silence, car il avait une mission importante. Il n’est pas resté chez lui, dans son monde, dans sa famille, dans son quotidien. Il est sorti, car il était venu pour être dans le monde, pour aller à la rencontre des hommes. Cette sortie de Jésus nous invite à sortir du repliement sur nous-mêmes qui nous tente parfois. Sortir du repliement sur soi avec le téléphone, l’ordinateur ou des jeux. Et chercher à faire la mission que Dieu nous donne, la mission confiée à chacun.

Et Jésus était sorti du sein du Père, c’est-à-dire qu’il est descendu du ciel. Dieu ne reste pas dans les nuages ! Non, Dieu dans le ciel ne signifie pas qu’il est dans les nuages, cela signifie qu’il est au-dessus de nous, qu’il nous dépasse infiniment, qu’il est tout puissant. Cette sortie est la plus profonde, la plus étonnante. Dieu ne reste pas loin des hommes, il ne reste même pas dans ce qu’il est, il accepte de se faire comme nous, homme. Il accepte de quitter la splendeur du ciel (sans la quitter en fait) pour venir jusqu’à nous. Il descend vers nous, c’est-à-dire qu’il se revêt d’une condition qui n’est pas la sienne. Cette sortie est le mouvement le plus profond de l’amour, de l’amour pour nous. Cela aussi peut nous poser des questions : quels sacrifices puis-je faire pour les autres, par amour pour eux ? Suis-je prêt à abandonner des choses pour aller vers les autres, pour donner ? Mais aussi, est-ce que je dis merci à Dieu pour ce qu’il a fait en venant parmi nous ?

Toutes ces sorties, plus ou moins profondes, plus ou moins importantes, elles se ressemblent parce qu’elles ont un seul but : proclamer l’Évangile, la Bonne nouvelle du salut ! Comme dit saint Paul, malheur à moi si je n’annonce pas l’Évangile ! Il annonce l’Évangile car c’est une mission qui lui est confiée par le Christ, pour continuer ce qu’à fait le Christ, et pour avoir part à cet évangile, c’est-à-dire être sauvé. Oui, Jésus est sorti pour proclamer l’Évangile, c’est-à-dire nous donner le salut. Et savez-vous quand sa proclamation est la plus claire, la plus complète ? Sur la croix, dans le silence. Car c’est là le sommet du salut. C’est d’ailleurs là qu’il est le plus en sortie, le plus loin, en apparence, de la condition divine. Jésus est sorti par amour pour nous pour venir jusqu’à nous, et pour être cloué sur une croix. Quel amour !

Amen.