Frères et sœurs,

Il fut un temps où le savant, le philosophe, le scientifique avaient une autorité. Ils avaient une certaine sagesse, et l’on reconnaissait qu’ils disaient des choses vraies. Il fut un temps où l’on reconnaissait une véritable autorité à l’homme politique en raison de ses responsabilités, et en raison de ses compétences et de sa volonté supposée d’œuvrer pour le bien commun. Le prêtre aussi avait une autorité largement reconnue. Les parents avaient une autorité que les enfants n’osaient contester.

Mais à l’heure de l’individualisme poussé, à l’ère du subjectivisme total, bref, à l’ère de ce qu’on appelle la post-vérité, l’autorité est morte, enterrée. Il n’y a rien à recevoir, rien à apprendre de quelqu’un d’autre ; il n’y a pas d’autre vérité que celle que je décide. D’ailleurs depuis un an, on a décidé que ce serait la parole de certains scientifiques qui serait la vérité…

On parle de post-vérité pour qualifier ce rapport aux choses où c’est l’émotion, la subjectivité qui décide ce qui est valable. Post-vérité… mais qu’y a-t-il au-delà de la vérité ? Rien ! Au-delà de la vérité ne se trouve que le chaos, ce qui n’est pas ordonné, ce qui n’est pas intelligible. D’ailleurs, notre société plonge dans le chaos. C’est un retour au chaos, au tohu-bohu originel, avant que la Parole divine ordonne le monde dans l’acte créateur, avant que Dieu marque le monde de son intelligence, et que donc le vrai surgisse dans le monde. Oui, le chaos surgit dans nos vies, dans nos relations, dans notre rapport au vivant et au réel (et tant de crise témoignent de ce chaos : la crise bioéthique, la crise politique, crise de l’enseignement, crise de la sécurité, et tant de crises sociales…), le chaos surgit quand notre intelligence s’efface, défaille, et n’est plus dans la vérité. Le chaos surgit quand nous cessons de participer à l’intelligence divine elle-même, quand le monde cesse de lui reconnaître l’autorité, la source de l’autorité et la source de la vérité.

Les Juifs savaient bien cela au temps de Jésus. Car ils avaient foi en Dieu. Ils reconnaissaient en lui l’autorité suprême, ils reconnaissaient qu’il a créé le monde par sa parole qui met une étincelle de l’intelligence divine dans les choses. Ils savaient que Dieu avait fait sortir le monde du chaos par sa parole pleine d’intelligence, et que pour avancer sur ce chemin de lumière il fallait se soumettre à Dieu. Là n’était pas le problème pour eux.

Le problème était de reconnaître qu’un homme, un simple homme à leurs yeux, Jésus, partageait cela, qu’il avait les mêmes prérogatives que Dieu. Car, quand saint Marc écrit que Jésus enseigne comme quelqu’un qui a autorité, cela signifie que Jésus se situe à la source de l’autorité, de la vérité. Cela signifie qu’il possède l’autorité divine, cela signifie qu’il est Dieu. Son enseignement nouveau, c’est l’éternelle nouveauté de la Vérité divine dans sa perpétuelle fraicheur. Ceux qui entendent Jésus sont frappés de stupeur, sont effrayés même. Car ils n’ont pas reconnu que Jésus c’est Dieu-parmi-nous. Il est effrayant de voir quelqu’un se situer au niveau de l’autorité même de Dieu si on n’a pas reconnu qu’il est lui-même Dieu…

Et nous, nous avons que le Christ est Dieu et qu’il a donc l’autorité divine. C’est une Bonne nouvelle pour nous. Car cela signifie pour nous que pour guérir des blessures de notre intelligence touchée par la folie orgueilleuse de notre époque qui prétend se passer de Dieu et de la Vérité, nous pouvons aller à Jésus. Ainsi, parce qu’il est Dieu, parce qu’il est la Vérité, parce qu’il donne un enseignement nouveau donné avec l’autorité divine, il guérit nos intelligences, les garde du chaos originel et nous conduit vers la pleine lumière de l’intelligence divine (contrairement à ce que pensent certains de nos dirigeants et députés, la foi ne conduit pas à l’obscurantisme, au contraire !), vers la contemplation de la Vérité première.

C’est bien par la soumission volontaire de notre intelligence à Dieu par la foi catholique, par notre écoute quotidienne du Christ reconnu comme vrai Dieu, que nous avançons vers le salut, vers la création nouvelle, parfaitement ordonnée.

Amen.