Homélie du Père René du XXXIII° dimanche du temps ordinaire, année A

Nous sommes à une semaine de la fin de l’année liturgique. Les textes nous donnent de méditer sur notre vie chrétienne, notre être fille et fils de Dieu. Notre foi a-t-elle été une recherche, un désir de Dieu, une ouverture de nous-mêmes qui nous remet en route chaque jour? L’apôtre Paul dans la 2è lect, nous demande de rester éveillés dans l’espérance du Royaume. Se servant d’image apocalyptique,( les douleurs d’une femme enceinte, le voleur qui vient dans la nuit ) Paul incite les Thessaloniciens à la vigilance car la venue du Seigneur sera subite et inévitable. Eux les fils de la lumière, ils ne doivent pas se laisser surprendre et doivent se démarquer de ceux qui, étant dans les ténèbres restent inconscients.

La parabole des talents est un hommage à la liberté humaine. Ces talents symbolisent les qualités personnelles que nous avons reçues et les responsabilités qui nous ont été confiées : notre famille, nos voisins, les gens avec qui nous vivons, notre monde et son environnement. Dieu nous fait confiance et nous demande d’utiliser les dons reçus pour le bien de notre univers. Il donne à chacun selon ses capacités, autrement dit, il n’attend pas au-delà du possible, il ne met  aucun serviteur en situation d’échec a priori. L’important donc n’est pas la quantité que chacun a reçu en don, qualité ou biens, mais le fait qu’il la reçu et qu’il doit en vivre. La justice ne consiste pas à donner à tous la même chose, mais à chacun ce dont il à besoin ou qu’il est capable d’assumer. C’est pourquoi, il nous faut résister à la tentation de nous comparer aux autres. Il ne s’agit pas ici des talents des autres mais des talents que Dieu m’a confiés. Saint Paul nous dit: «Il y a diversité de dons, à l’un est donnée une parole de sagesse, à un autre une parole de science, à un autre la capacité de se rapprocher des personnes seules, à un autre de l’empathie pour les handicapés, etc.» Le corps a plusieurs membres mais il forme un tout et tous les membres sont importants bien qu’ils soient différents (cf.1Cor12, 4-12). Selon mes capacités, j’ai reçu  donc un certain nombre de talents comme ses serviteurs. Les deux premiers serviteurs présentent au maitre des talents supplémentaires qu’ils ont gagnés. Ils ont augmentés les talents par leurs efforts, leur savoir faire et leur dévouement à la pensée du Maitre.

Le troisième serviteur a été incapable d’apprécier la confiance et l’estime que le maître avait à son égard. Il s’est enfermé en lui-même et il a fini par prendre peur.

Il est sanctionné parce que, par crainte de faire mal, il n’a rien fait, par crainte de se tromper et de ne pas réussir, il est resté paralysé. Il a enterré son talent et raté l’examen. L’attitude de se troisième serviteur nous donne de nous interroger. Dieu serait-il pour nous un maître qui nous paralyse de peur ou qui, par son absence apparente, devient étranger aux motivations qui conduisent notre vie ? Ou bien encore, n’avons-nous comme but que d’éviter un châtiment futur en sauvegardant le minimum ? Jésus nous révèle que Dieu est un Père dont l’amour n’a pour dessein que de nous inviter à partager la joie de son Royaume. Il nous invite à mettre en œuvre toute notre énergie pour déployer, en toute confiance et dans la pleine liberté, les dons qu’il nous a confiés.

La femme vaillante, dont la première lecture fait l’éloge, ne se replie ni sur elle-même ni sur sa vie familiale. Si elle donne le bonheur à son mari, si elle « travaille avec entrain », dans le même temps « elle ouvre ses doigts en faveur du pauvre, elle tend la main au malheureux ».  Comme elle, la spécificité chrétienne réside dans le fait d’être fils ou fille de la lumière et de ne pas rester endormi dans les ténèbres. Il nous revient donc d’être vigilant, éveillé et attentif. Attentif à soi, aux autres et à Dieu ; éveillé à notre dimension intérieure où réside Celui qui vit en nous et vigilant aux appels de Dieu et de nos contemporains au travers des rencontres et des évènements de notre vie. Voilà ce qui nous spécifie en tant que chrétien : être porteur de talents. Nous sommes nés pour rendre manifeste la lumière de Dieu qui est en nous. Elle n’est pas réservée à quelques-uns ; elle est en chacun. En ce jour, nous pensons à tous les bénévoles du Secours Catholique qui comme la femme vaillante, donnent le meilleur d’eux-mêmes pour aller à la rencontre des pauvres et des exclus.

Chacun de nous est invité par cette parabole à se réveiller, pour agir dès maintenant pour le bien de l’humanité ; chacun à notre façon et selon notre capacité pour apporter à ce monde la lumière dont il a tant besoin.

Ouvre mon cœur Seigneur, à ton Amour, aux autres, au monde entier. Amen !