La paix de Pâques

Les résultats des élections présidentielles indiquent que la société française est fracturée et en colère. Le taux élévé de l’abstention confirme un manque de confiance envers les responsables politiques, quels qu’ils soient, chez de nombreuses personnes qui ont le sentiment que l’État les a abandonnées et laissées sur le bord du chemin.

Parallèlement, depuis le 24 février, la paix est brisée en Europe avec l’agression de l’Ukraine par la Russie. Chacun de nous, après un état de sidération, se demande avec effroi quand et comment cette guerre pourra cesser, dans la mesure où le dirigeant russe refuse tout dialogue. Comme le rapport des forces semble s’équilibrer grâce à la résistance héroïque des Ukrainiens, la paix s’éloigne et la guerre s’installe, faite de bombardements aveugles de la part des armées russes sur des civils, d’exils forcés, de crimes de guerre, sans compter la menace d’un conflit généralisé ou de l’usage d’armes atomiques.

Face aux déchirures et aux atrocités, une nécessité s’impose comme une urgence, c’est de prier pour la paix, en se rappelant que la paix est la première offrande et promesse du Christ ressuscité à ses disciples, lorsqu’il vient leur rendre visite alors qu’ils se sont enfermés par crainte dans leur habitation. Par trois fois il leur dit, d’après saint Jean : « La paix soit avec vous ! » En même temps qu’il dit cela, il montre à ses disciples qu’il garde sur son corps les stigmates de la violence de la mort ; il fait même toucher à Thomas ses plaies. Certes c’est afin de convaincre l’incrédule qu’il est vraiment ressuscité, mais n’est-ce pas surtout pour faire entendre qu’il prend sur lui, comme pour alléger le fardeau des hommes, toutes les plaies du monde ?

Lui seul peut soigner véritablement les victimes ou les désespérés et avec l’aide de l’Esprit Saint faire advenir la paix comme le bienfait préférable à tous les autres. Depuis le début du conflit, le pape François incite lui aussi sans relâche à prier pour la paix. « Que le Seigneur dirige l’intelligence et le cœur des responsables des affaires publiques selon Sa volonté pour la paix véritable et la liberté de tous. »

Emmanuel Golfin, paroissien