Homélie du Père Josselin pour le dimanche de la Sainte Famille, année B (2020)

Car rien n’est impossible à Dieu… pour celui qui croit !

Nous voilà au dimanche de la Sainte Famille, dimanche où l’Église nous invite à exalter les vertus de la vie familiale, et à prendre la Sainte Famille comme modèle. J’imagine déjà toutes les familles qui galèrent – celles où ça ne va pas bien dans le couple, celles où l’éducation des enfants (en particulier des ados) ne cesse de provoquer des crises, celles où les fins de mois sont toujours compliquées, celles que les confinements et la crise ont ravagé, celles dont les parents viennent de perdre leur travail suite à l’épidémie ou vont le perdre, celles dont les enfants n’ont pas suivi le chemin de la foi, celles… -, je les imagine ces familles dire : c’est bien beau de regarder la Sainte Famille, de la contempler et de la prendre pour modèle, mais pour eux, c’était facile : parce que, quand même, le moins parfait des 3, c’est saint Joseph. Y a pire quand même… ! A cela on peut répondre deux choses.

La première, c’est que les galères, la Sainte Famille les a connues. Conception dans une situation pas tout à fait catholique (comme on dit !) avec suspicion d’adultère… Naissance loin de chez soi, au terme d’un voyage assez long et fatigant, et dans une étable, entre l’âne et le bœuf (on a vu plus glamour)… terreur par le massacre des nouveau-nés et exil en Égypte… une visite de mages qui peut faire craindre pour la sécurité de l’enfant s’il devient trop célèbre… un vieillard, Syméon, qui prononce une prophétie pas rassurante du tout, un jeune ado qui fugue dans le Temple de Jérusalem (même s’il est vrai qu’il y a plus dangereux que le Temple)… une vie de charpentier qui n’était pas toujours facile… Bref, la Sainte Famille a connu les galères, et elle sait donc rejoindre toutes les familles dans leurs galères.

Et la deuxième chose, c’est que justement la Sainte Famille nous montre le secret de la sainteté familiale : la foi. Oui, Marie est l’Immaculée Conception ; oui, Joseph est ce saint si grand et bon. Et c’est par la foi qu’ils sont cela. Ils ont cru. C’est par leur fidélité inébranlable à Dieu qu’ils ont tenu bon, c’est par leur foi immense qu’ils ont toujours su trouver les chemins de vie et d’amour même quand l’épreuve était là. C’est la foi qui est le grand trésor. C’est la foi qui est le secret de la vie familiale. Une foi très profonde, comme celle qui fait vraiment croire à Marie que rien n’est impossible à Dieu ; qui fait croire à Abram que Dieu peut lui donner une descendance aussi nombreuse que les étoiles du ciel alors qu’il n’a aucun enfant, un enfant qu’il est même prêt à sacrifier si Dieu le lui demande, et qui le fait partir vers un pays inconnu pour recevoir les promesses d’une terre promise ; qui fait croire à Sara qu’elle peut être à l’origine d’une descendance innombrable. La foi inébranlable peut tout, obtient tout. C’est par la foi que nous sommes sauvés, c’est par la foi que le monde est sauvé. C’est cette foi qui nous fait prier le Notre Père, et demander à Dieu notre pain quotidien, le pardon de nos péchés… Avec la foi, tout chemin d’épreuve est franchissable et devient un chemin de vie et d’amour. Avec la foi, toute famille, quelles que soient ses galères, devient une image de la Sainte Famille. Avec la foi, tout amour familial, même blessé et cabossé, conduit au ciel. Avec la foi, toutes les situations de détresse familiale deviennent le lieu où fleurit la grâce. La seule et vraie question, au bout, et au cœur des épreuves, c’est celle de la foi et de la confiance en la grâce : croyons-nous que la miséricorde du Seigneur peut tout, car rien n’est impossible à Dieu ? La plus grande aide aux familles, c’est, tout en les aidant humainement, de les aider à devenir une icône de la Sainte Famille dans la prière et la charité, de devenir une petite Église domestique, d’être à l’image de l’amour du Christ pour l’Église. La grande mission des chrétiens c’est d’aider les familles dans leur vie de foi, dans leur fidélité à la prière et à l’Église. Et alors le reste suit.

Donc, oui, il faut continuer de montrer la Sainte famille. Car la Sainte Famille nous dit que l’amour familial est beau, qu’il est possible. La Sainte Famille nous dit aussi qu’elle prend dans sa prière toutes les familles qui galèrent, pour qu’elles aient foi en Dieu, et que les croix de la vie familiale soient des bornes sur un chemin de sainteté.

Amen.

Homélie du Père Josselin pour le dimanche de la Sainte Famille, année B (2020)2021-01-26T19:49:34+01:00

Homélie du Père Josselin du Jour de Noël (2020)

Jouer à l’ange…, mais pas pour tout !

A Noël, on a envie de jouer à l’ange. C’est quand même pas mal leur rôle dans la scénographie de Noël : ils descendent du ciel dans une grande lumière, ils débarquent dans un champ en pleine nuit, et ils annoncent une nouvelle merveilleuse, puis chantent Gloria. Ça en jette un peu, ce ne sont quand même pas des messagers de seconde classe ! Comme ils sont beaux sur les montagnes, les pas du messager, celui qui annonce la paix, qui porte la bonne nouvelle, qui annonce le salut. Alors on aimerait bien être comme eux. D’ailleurs, j’espère que hier soir, vos pas aussi étaient beaux, lorsque dans la nuit, en sortant de l’église, vous annonciez la bonne nouvelle de la naissance du Sauveur à ceux que vous rencontriez ! Un sauveur nous est né, un Fils nous est donné, alléluia ! J’espère que vous étiez beaux comme les anges !

Mais attention à ne pas trop faire l’ange… Qui fait l’ange fait la bête, dit le dicton… Donc faire l’ange, oui, mais de façon bien humaine. Être messager de Dieu, être tourné vers Dieu, mais sans quitter notre condition d’homme. Car si le Verbe s’est fait chair, si notre Dieu s’est fait homme, ce n’est pas pour que nous devenions des anges, mais pour que nous devenions des hommes et des femmes plus accomplis, plus divins, en fait. Si le Verbe s’est fait chair, c’est que la condition humaine est belle malgré tout. Car ce n’était pas simple : il y avait les ténèbres qui voulaient l’arrêter, les siens qui ne l’ont pas accueilli, il n’y avait pas de place pour eux dans la salle commune. Bref, ce n’était pas facile. Mais si le Verbe s’est fait chair, c’est que notre condition humaine en valait la peine. Noël, c’est le salut du monde qui commence, c’est le Sauveur qui vient sauver les hommes pécheurs. Fête merveilleuse !

En prenant notre condition, Dieu nous dit que notre condition est belle. Ne rêvons pas la condition des anges, vivons la nôtre pleinement ! Si le Verbe s’est fait chair, si la Parole prend un corps, c’est que notre corps a un sens, c’est qu’il est marqué par l’intelligence. Et le sens de notre corps nous est donné par l’amour : notre corps est fait pour aimer. Par la Rédemption apportée par le Christ, notre corps doit retrouver sa pleine signification, celle de l’amour, afin que tout soit ordonné vers l’amour vrai dans notre corps. Ce n’est donc pas la peur du corps qui doit nous animer, bien au contraire. Nous devons l’accepter dans sa beauté et ses blessures, et laisser Jésus lui redonner toute sa signification. Le Christ, de la crèche au crucifiement nous dit que notre corps est fait pour aimer, fait pour le don.

Et par sa venue dans le monde, le Christ nous a laissé son Corps dans l’eucharistie, Corps qui n’est ainsi qu’amour. Toucher, voir, manger ce Corps ne conduit qu’à l’amour. Et tourne nos corps vers l’amour. Il est ainsi triste de voir que notre façon actuelle de faire, en temps d’épidémie, brouille les pistes. Entourer le Corps du Christ de gestes barrières, de désinfectant et de peur, ne dit plus notre foi en l’Incarnation et en la réalité de l’amour du Christ en son Corps. Quel témoignage chrétien donnons-nous sur le corps actuellement ? La question est très délicate, mais elle mérite d’être posée. A travers notre façon de nous comporter avec le corps du Christ, mais aussi à travers nos relations, nous courrons le risque de trahir notre foi et trahir le mystère de l’Incarnation. Noël nous invite à regarder la noblesse de notre corps, par celle, infinie, du Corps du Christ. En dehors de la situation actuelle, posons-nous un regard de méfiance sur le corps en tant que tel, ou posons-nous le regard de la rédemption ? Noël nous invite à regarder le corps comme vraiment marqué par le péché, mais déjà sauvé, et en route vers l’amour total. Et le Corps eucharistique nous dévoile cette plénitude d’amour.

Oui, le Verbe s’est fait chair pour que notre corps retrouve sa splendeur première, sa vocation originelle à l’amour total. Contempler le nouveau-né dans la crèche, contempler le Corps eucharistique, se laisser toucher, c’est avancer vers le ciel où nous est promise la résurrection de la chair.

Noël, c’est la joie, non pas d’être des anges, mais d’être rejoints dans notre humanité pour la sanctifier et la diviniser, et avec les anges, nous prosterner devant le Sauveur. Joyeux Noël !

Amen.

Homélie du Père Josselin du Jour de Noël (2020)2021-01-26T19:48:39+01:00
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