Homélie du Père Justin du XXXII° dimanche du TO, année B (2024)

Chers frères et sœurs, le Seigneur nous dit Gardez-vous des scribes, c’est-à-dire des faux maîtres, gardez-vous de leur fausseté. Ils sont des faux consacrés. Normalement ils devraient être consacrés à l’étude de la Loi, de la Parole de Dieu. Et puis par voie de conséquence à l’enseignement, et puis par voie de conséquence à la pratique de la loi, et donc au conseil. Ils vont se retrouver aussi à accompagner, à aider les personnes qui en ont besoin, comme typiquement les veuves par exemple.

Dans une société patriarcale une femme a peu de poids, elle n’a pas d’existence juridique, elle dépend pour toutes ses décisions d’un père, d’un mari ou d’un fils, si elle a un fils. Sinon elle est seulement une ombre, une veuve est une ombre qui a besoin du secours des scribes pour exister, pour participer à la vie commune.  Et ils peuvent en profiter, ils peuvent dévorer ses économies, sa maison…

Gardez-vous d’eux nous dit le Seigneur ils sont faux et leur fausseté a des conséquences sur vous et dans votre vie, elle peut en avoir de très importantes.

Il y a tout d’abord ceux qui vont perdre tout espoir au contact de cette fausseté – parce que cette fausseté est accompagnée du succès, du succès social, cela peut provoquer une perte d’espoir chez les personnes et celles-ci vont entrer dans la même fausseté comme s’il s’agissait de la seule voie possible.

C’est ce que nous voyons avec les riches dont nous parle aujourd’hui l’Évangile, ceux qui d’une façon ostentatoire font tomber de nombreuses pièces de monnaie dans le trésor du temple, en faisant retentir les pièces dans le tronc. Leur piété est fausse mais surtout elle vient des scribes, elle est fille des scribes, ces riches en l’occurrence se comportent pour l’essentiel comme les scribes. ils vivent dans le monde de l’apparence.

Et puis il y a une autre conséquence possible, c’est ce que nous voyons avec le cas de cette veuve, nous pouvons nous faire dévorer. C’est-à-dire que cette veuve jette tout ce qu’elle a, deux petites pièces de monnaie, et elle le fait pour exister, pour participer au culte public, pour y être, pour en être – c’est le seul moyen qu’elle voit pour ne pas être en reste, pour ne pas être en faute.

Le Seigneur n’est pas du tout en train de nous dire qu’il faut faire comme cette veuve et jeter dans le trésor du temple tout ce que nous possédons. Le temple du reste sera détruit quelques années plus tard, nous le savons – et Jésus dans l’Évangile de Marc, dans les versets qui suivent immédiatement cet épisode, annonce clairement la destruction du temple, qui est une institution qu’il a de nombreuses fois critiqué.

Le Seigneur n’attend pas de nous que nous donnions tout ce que nous possédons, dans la quête par exemple. La quête est très importante bien entendu, mais tout à l’heure la quête va être passée, notamment la quête digitale, il ne s’agit pas de vider votre compte en banque… Ça n’est pas ce que veut le Seigneur et ça n’est pas ce que veut l’Église. Le Seigneur n’est pas un vampire, l’Église n’est pas un vampire qui cherche à sucer toutes vos substances.

Le Seigneur a de la considération, du respect pour cette femme, mais il en a aussi pour les scribes et pour les riches, et il nous enseigne à ne pas vivre dans le règne de l’apparence, comme font les scribes, mais dans la vérité.

Dans cette page de l’Évangile, dans les versets qui précèdent, le Seigneur nous parle explicitement de l’Esprit Saint, et il parle de l’Esprit Saint comme d’un maître. Cette page de l’Évangile est très importante, le Seigneur nous explique ce que signifie avoir l’Esprit Saint pour maître.

Cet enseignement est comme un testament de la part du Seigneur, il s’agit de son dernier enseignement public, ensuite il parlera en privé à ses disciples et peu après il connaîtra sa Passion. Et dans ce dernier enseignement public, le Seigneur nous enseigne comment nous pouvons avoir véritablement comme maître l’Esprit Saint.

Nous le voyons à partir du comportement du Seigneur, il est assis et il regarde chacun – l’Évangile nous dit littéralement qu’il contemple. La parole grecque utilisée signifie regarder avec respect, avec considération en s’attendant à être édifiés. Et le Seigneur regarde de cette façon chacun, il regarde les scribes, les riches, les pauvres avec la même considération et en s’attendant à être édifié et enseigné.

Si nous voulons que l’Esprit Saint soit notre maître le Seigneur nous enseigne à regarder chacun sans exception avec la même considération. Encore mieux si nous aimons Dieu de toutes nos forces et chaque personne comme nous-mêmes, alors là véritablement l’Esprit Saint prend possession de toute notre vie. Mais si nous avons de la considération pour chacun sans exception, que nous le regardons et nous l’écoutons, alors l’Esprit déjà commence à être notre maître véritablement. C’est garanti…

Mais justement le Seigneur nous met en garde, il y a un danger, il y a un écueil. Ce sont les faux maîtres, les faux apôtres, les faux consacrés. Eux ils cherchent à capter votre considération, la considération que vous devez à chacun ils vont vouloir la capter pour eux seuls. Eux qui n’ont pas même donné le superflu, ils vont capter votre considération et vous allez insensiblement les imiter ou bien vous allez vous faire dévorer.

Ils sont devenus experts à ce jeu de captation, à se faire passer comme plus importants, plus pieux, plus spirituels que les autres. On leur donne notre argent et on leur donne nos maisons – cela arrive – c’est comme cela qu’ils vous dévorent et dévorent ce qui revient à vos enfants.

Les biens sont toujours les biens de l’Église, les dons que l’on fait doivent toujours être pour l’Église, avec transparence, sans aucune ambiguïté, et l’Église n’oublie pas ses enfants et donne à ses apôtres ce qui leur revient et bien davantage, elle se charge elle-même de gérer les biens et de les donner en abondance à ses prêtres et à ses consacrés, ne vous inquiétez pas…

Homélie du Père Justin du XXXII° dimanche du TO, année B (2024)2024-11-18T15:05:29+01:00

Homélie du Père Josselin pour le dimanche de la Sainte Famille, année B (2020)

Car rien n’est impossible à Dieu… pour celui qui croit !

Nous voilà au dimanche de la Sainte Famille, dimanche où l’Église nous invite à exalter les vertus de la vie familiale, et à prendre la Sainte Famille comme modèle. J’imagine déjà toutes les familles qui galèrent – celles où ça ne va pas bien dans le couple, celles où l’éducation des enfants (en particulier des ados) ne cesse de provoquer des crises, celles où les fins de mois sont toujours compliquées, celles que les confinements et la crise ont ravagé, celles dont les parents viennent de perdre leur travail suite à l’épidémie ou vont le perdre, celles dont les enfants n’ont pas suivi le chemin de la foi, celles… -, je les imagine ces familles dire : c’est bien beau de regarder la Sainte Famille, de la contempler et de la prendre pour modèle, mais pour eux, c’était facile : parce que, quand même, le moins parfait des 3, c’est saint Joseph. Y a pire quand même… ! A cela on peut répondre deux choses.

La première, c’est que les galères, la Sainte Famille les a connues. Conception dans une situation pas tout à fait catholique (comme on dit !) avec suspicion d’adultère… Naissance loin de chez soi, au terme d’un voyage assez long et fatigant, et dans une étable, entre l’âne et le bœuf (on a vu plus glamour)… terreur par le massacre des nouveau-nés et exil en Égypte… une visite de mages qui peut faire craindre pour la sécurité de l’enfant s’il devient trop célèbre… un vieillard, Syméon, qui prononce une prophétie pas rassurante du tout, un jeune ado qui fugue dans le Temple de Jérusalem (même s’il est vrai qu’il y a plus dangereux que le Temple)… une vie de charpentier qui n’était pas toujours facile… Bref, la Sainte Famille a connu les galères, et elle sait donc rejoindre toutes les familles dans leurs galères.

Et la deuxième chose, c’est que justement la Sainte Famille nous montre le secret de la sainteté familiale : la foi. Oui, Marie est l’Immaculée Conception ; oui, Joseph est ce saint si grand et bon. Et c’est par la foi qu’ils sont cela. Ils ont cru. C’est par leur fidélité inébranlable à Dieu qu’ils ont tenu bon, c’est par leur foi immense qu’ils ont toujours su trouver les chemins de vie et d’amour même quand l’épreuve était là. C’est la foi qui est le grand trésor. C’est la foi qui est le secret de la vie familiale. Une foi très profonde, comme celle qui fait vraiment croire à Marie que rien n’est impossible à Dieu ; qui fait croire à Abram que Dieu peut lui donner une descendance aussi nombreuse que les étoiles du ciel alors qu’il n’a aucun enfant, un enfant qu’il est même prêt à sacrifier si Dieu le lui demande, et qui le fait partir vers un pays inconnu pour recevoir les promesses d’une terre promise ; qui fait croire à Sara qu’elle peut être à l’origine d’une descendance innombrable. La foi inébranlable peut tout, obtient tout. C’est par la foi que nous sommes sauvés, c’est par la foi que le monde est sauvé. C’est cette foi qui nous fait prier le Notre Père, et demander à Dieu notre pain quotidien, le pardon de nos péchés… Avec la foi, tout chemin d’épreuve est franchissable et devient un chemin de vie et d’amour. Avec la foi, toute famille, quelles que soient ses galères, devient une image de la Sainte Famille. Avec la foi, tout amour familial, même blessé et cabossé, conduit au ciel. Avec la foi, toutes les situations de détresse familiale deviennent le lieu où fleurit la grâce. La seule et vraie question, au bout, et au cœur des épreuves, c’est celle de la foi et de la confiance en la grâce : croyons-nous que la miséricorde du Seigneur peut tout, car rien n’est impossible à Dieu ? La plus grande aide aux familles, c’est, tout en les aidant humainement, de les aider à devenir une icône de la Sainte Famille dans la prière et la charité, de devenir une petite Église domestique, d’être à l’image de l’amour du Christ pour l’Église. La grande mission des chrétiens c’est d’aider les familles dans leur vie de foi, dans leur fidélité à la prière et à l’Église. Et alors le reste suit.

Donc, oui, il faut continuer de montrer la Sainte famille. Car la Sainte Famille nous dit que l’amour familial est beau, qu’il est possible. La Sainte Famille nous dit aussi qu’elle prend dans sa prière toutes les familles qui galèrent, pour qu’elles aient foi en Dieu, et que les croix de la vie familiale soient des bornes sur un chemin de sainteté.

Amen.

Homélie du Père Josselin pour le dimanche de la Sainte Famille, année B (2020)2021-01-26T19:49:34+01:00

Homélie du Père Josselin du Jour de Noël (2020)

Jouer à l’ange…, mais pas pour tout !

A Noël, on a envie de jouer à l’ange. C’est quand même pas mal leur rôle dans la scénographie de Noël : ils descendent du ciel dans une grande lumière, ils débarquent dans un champ en pleine nuit, et ils annoncent une nouvelle merveilleuse, puis chantent Gloria. Ça en jette un peu, ce ne sont quand même pas des messagers de seconde classe ! Comme ils sont beaux sur les montagnes, les pas du messager, celui qui annonce la paix, qui porte la bonne nouvelle, qui annonce le salut. Alors on aimerait bien être comme eux. D’ailleurs, j’espère que hier soir, vos pas aussi étaient beaux, lorsque dans la nuit, en sortant de l’église, vous annonciez la bonne nouvelle de la naissance du Sauveur à ceux que vous rencontriez ! Un sauveur nous est né, un Fils nous est donné, alléluia ! J’espère que vous étiez beaux comme les anges !

Mais attention à ne pas trop faire l’ange… Qui fait l’ange fait la bête, dit le dicton… Donc faire l’ange, oui, mais de façon bien humaine. Être messager de Dieu, être tourné vers Dieu, mais sans quitter notre condition d’homme. Car si le Verbe s’est fait chair, si notre Dieu s’est fait homme, ce n’est pas pour que nous devenions des anges, mais pour que nous devenions des hommes et des femmes plus accomplis, plus divins, en fait. Si le Verbe s’est fait chair, c’est que la condition humaine est belle malgré tout. Car ce n’était pas simple : il y avait les ténèbres qui voulaient l’arrêter, les siens qui ne l’ont pas accueilli, il n’y avait pas de place pour eux dans la salle commune. Bref, ce n’était pas facile. Mais si le Verbe s’est fait chair, c’est que notre condition humaine en valait la peine. Noël, c’est le salut du monde qui commence, c’est le Sauveur qui vient sauver les hommes pécheurs. Fête merveilleuse !

En prenant notre condition, Dieu nous dit que notre condition est belle. Ne rêvons pas la condition des anges, vivons la nôtre pleinement ! Si le Verbe s’est fait chair, si la Parole prend un corps, c’est que notre corps a un sens, c’est qu’il est marqué par l’intelligence. Et le sens de notre corps nous est donné par l’amour : notre corps est fait pour aimer. Par la Rédemption apportée par le Christ, notre corps doit retrouver sa pleine signification, celle de l’amour, afin que tout soit ordonné vers l’amour vrai dans notre corps. Ce n’est donc pas la peur du corps qui doit nous animer, bien au contraire. Nous devons l’accepter dans sa beauté et ses blessures, et laisser Jésus lui redonner toute sa signification. Le Christ, de la crèche au crucifiement nous dit que notre corps est fait pour aimer, fait pour le don.

Et par sa venue dans le monde, le Christ nous a laissé son Corps dans l’eucharistie, Corps qui n’est ainsi qu’amour. Toucher, voir, manger ce Corps ne conduit qu’à l’amour. Et tourne nos corps vers l’amour. Il est ainsi triste de voir que notre façon actuelle de faire, en temps d’épidémie, brouille les pistes. Entourer le Corps du Christ de gestes barrières, de désinfectant et de peur, ne dit plus notre foi en l’Incarnation et en la réalité de l’amour du Christ en son Corps. Quel témoignage chrétien donnons-nous sur le corps actuellement ? La question est très délicate, mais elle mérite d’être posée. A travers notre façon de nous comporter avec le corps du Christ, mais aussi à travers nos relations, nous courrons le risque de trahir notre foi et trahir le mystère de l’Incarnation. Noël nous invite à regarder la noblesse de notre corps, par celle, infinie, du Corps du Christ. En dehors de la situation actuelle, posons-nous un regard de méfiance sur le corps en tant que tel, ou posons-nous le regard de la rédemption ? Noël nous invite à regarder le corps comme vraiment marqué par le péché, mais déjà sauvé, et en route vers l’amour total. Et le Corps eucharistique nous dévoile cette plénitude d’amour.

Oui, le Verbe s’est fait chair pour que notre corps retrouve sa splendeur première, sa vocation originelle à l’amour total. Contempler le nouveau-né dans la crèche, contempler le Corps eucharistique, se laisser toucher, c’est avancer vers le ciel où nous est promise la résurrection de la chair.

Noël, c’est la joie, non pas d’être des anges, mais d’être rejoints dans notre humanité pour la sanctifier et la diviniser, et avec les anges, nous prosterner devant le Sauveur. Joyeux Noël !

Amen.

Homélie du Père Josselin du Jour de Noël (2020)2021-01-26T19:48:39+01:00
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