Mes chers frères et sœurs !
Dimanche dernier, le Seigneur nous donnait comme modèle un publicain qui priait dans le temple en implorant la miséricorde de Dieu, l’opposant au pharisien qui n’avait pas besoin de conversion. Aujourd’hui, c’est un autre publicain que nous contemplons en la personne de Zachée grâce à qui nous voyons combien le Seigneur se fait proche des pécheurs que nous sommes. Une des caractéristiques de Zachée, c’est sa très petite taille ! Que ceux qui sont de petite taille ne se sentent pas visés par mes propos. Zachée est un manager qui a tout réussi, un cadre sup pas du tout exemplaire dans la fonction publique : son compte bancaire est bien garni, grâce aux primes, mais surtout grâce à la corruption et parce qu’il mais surtout parce qu’il sait tricher et piquer dans la caisse du trésor public.
Pour Zachée, il n’y a que le profit et l’intérêt qui comptent. Tout le reste est relatif, valeur d’ajustement ! Zachée inspire la peur qu’il confond avec le respect. Qu’ils me haïssent pourvu qu’ils me craignent, dit-il ! Il suffit qu’il vous balance à l’autorité romaine pour vous retrouver en prison, sans procès préalable. C’est un horrible collabo…. Ce chef des publicains est riche mais il est aussi détesté de tous. En tout cas, de l’extérieur, il a l’air d’avoir réussi sa vie et tous pensent qu’il est heureux.
Zachée vit dans une grande solitude : aucun vrai ami autour de lui. Ce petit homme complexé fait un transfert et veut compenser cela par l’argent, le pouvoir, les diplômes, le carnet d’adresse bien calculé ! Il a entendu parler d’un Galiléen appelé Jésus dont le monde raconte les miracles et les enseignements de qualité … Il est le seul à ne l’avoir pas encore vu. Alors, il met en place une stratégie pour voir à quoi ressemble ce Jésus dont tout le monde parle. Dans la rue, à cause de la foule qui entoure Jésus, sa petite taille sera un vrai handicap, surtout qu’il veut le voir sans être vu. Il a appris que Jésus passerait dans la rue pas loin de chez lui. Alors, Zachée réfléchit sur le mécanisme à mettre en place pour voir Jésus.
Comme prévu, Jésus passe dans la rue, pas loin de la maison de Zachée. Il enseigne, entouré d’une grande foule suspendue à ses lèvres. Mais il y a trop de monde et la foule ne laisse pas passer Zachée ! Cette foule constitue un véritable mur pour cet homme de petite taille qui se sent écrasé et oppressé.
Parfois, même dans les communautés ecclésiales, la foule peut devenir un mur qui empêche de rejoindre l’Eglise, de rencontrer le Christ. Combien de gens voudraient prendre place dans nos communautés constituées, nos réseaux déjà formés, nos équipes déjà bien établies, nos structures vivant un entre-soi autarcique depuis des années et dont on ne peut modifier le fonctionnement quand arrivent des nouvelles personnes…. Nos réseaux, groupes, communautés, équipes… fermés et constitués deviennent ainsi des murs qui tiennent à l’écart et séparent, parce que nous empêchons à d’autres d’entrer, de prendre place pour voir Jésus parce que ces nouveaux venus sont de très petite taille par rapport à nos habitudes, notre ancienneté, notre jugement, les exclusions que nous mettons en place sans nous en rendre compte, et parfois en nous en rendant compte ! Demandons-nous si nous ne sommes pas parfois des murs pour ceux qui veulent voir Jésus mais que nous tenons….loin de l’Eglise.
Alors, Zachée a trouvé une solution parce qu’il est malin et tenace. Il sait toujours comment tourner les choses en sa faveur. Son astuce : courir, devancer la foule et monter dans un arbre. Vous vous imaginer le chef des publicains dans un arbre ! La honte !!!!!!!
Quelle joie serait la mienne si notre communauté devenait cet arbre accueillant tous ces Zachéesd’aujourd’hui en quête et assoiffés de Dieu, d’amitié, de chaleur humaine et ecclésiales, ces gens désireux de s’engager et de servir dans l’Eglise. Grâce à cet arbre, l’inattendu survient, à la surprise de tous et de l’intéressé lui-même : Jésus lève les yeux et voit Zachée. Jésus lui sourit et lui parle : « Zachée, Zachée, descends vite : aujourd’hui il faut que j’aille demeurer dans ta maison ». Zachée n’y comprend rien ! Il se demande comment Jésus a fait pour connaître son nom ! « Mais, qu’est-ce qu’il me veut ? » Zachée pense que Jésus le confond avec quelqu’un d’autre ! Mais Jésus lui dit, « c’est bien à toi que je parle, Zachée ! » Jésus ne nous confond jamais avec quelqu’un d’autre car il nous connait intimement dans nos joies, nos peines, nos soifs, nos fragilités et peurs enfouies en chacun de nous. Jésus veut nous guérir et nous invite seulement à le laisser entrer dans notre maison, dans notre cœur, siège de l’amour qu’Il désire tant voir devenir sa demeure.
Jésus n’a porté aucun jugement sur la vie de Zachée. Il ne craint pas non plus le jugement de tous ces bienpensants qui sont autour de lui et qui sont choquer de le voir entrer dans la maison d’un publicain, un pécheur public comme le rappelait le pharisien de l’évangile de dimanche dernier. Jésus se fait inviter dans la maison de Zachée pour y apporter le salut. En dix minutes, la vie de Zachée a basculé et a radicalement changé. Le fameux Jésus de Nazareth est entré en chair et en os dans sa maison sans poser des conditions…
Dieu ne pose pas de conditions pour entrer dans notre vie. Jésus n’a même pas demandé à Zachée de se convertir ! Dieu s’invite dans nos vies, notre maison sans condition et sa seule présence y porte des fruits merveilleux. Zachée prend des décisions courageuses et radicales : « Voici, Seigneur : je fais don aux pauvres de la moitié de mes biens, et si j’ai fait du tort à quelqu’un, je vais lui rendre quatre fois plus ». Jésus ne lui a rien demandé ! La richesse, le respect, la crainte, tout son prestige sont devenus de la paille pour Zachée. Il a trouvé la plus grande des richesses : le salut. Il est sauvé ! L’homme qui inspirait la haine et la peur, celui que détestait tout le monde est devenu ami et disciple, le plus improbable disciple de Jésus de Nazareth.
Mon frère, ma sœur ! Dieu te cherche toi aussi. Nous désirons voir Dieu mais rappelons-nous que c’est lui qui, le premier, nous cherche et désire nous rencontrer. Laissons-nous rejoindre par le Christ qui ne juge mais, ne nous condamne pas mais nous attend patiemment. L’amour de Dieu précède toujours notre conversion. C’est l’amour qui produit en nous conversion. Le Seigneur ne nous aime pas parce que nous sommes bons, mais c’est parce que nous nous laissons aimer par Dieu que nous lui permettons de nous rendre meilleurs. Si Jésus avait dit à Zachée : « Zachée, descends de ton arbre ! Je sais que tu es un voleur ! Alors, je te demande de rendre quatre fois ce que tu as volé pour que je puisse venir chez toi ! », je crois que Zachée serait resté dans son arbre, humilié ! Mais parce Jésus n’a pas posé de condition, la conversion est devenue possible
Comme et à la suite de Zachée, laissons Jésus entrer dans nos vies. Ouvrons-lui nos cœurs. Devant lui, acceptons nos petites tailles, nos différents handicaps, nos désirs les plus profonds ! Il entrera chez nous, guérira par sa présence en nous rendant meilleurs. Amen