Mes chers frères et sœurs !
Notre société nous renvoie parfois le sentiment que nos vies sont vides et sans saveur. Elle nous donne parfois l’impression de vivre dans un monde en perte de sens, de la mesure par cette démesure financière comme on peut le voir dans le monde du football en particulier, avec contratsaux centaines des millions d’euros. Notre société en crise avec son histoire, ses racines au point de vouloir effacer son passé à travers ce qu’on appelle aujourd’hui la « cancel-culture »,une société esclave de n’importe quelle mode ou nouveauté que nous embrassons par mimétisme social, sans discernement, avec l’idée de la beauté décidée des influenceurs à travers la pub d’une griffe, d’une marque,d’un style, et du bien qui devient quelque chose de relatif, de très subjectif et non plus un absolu.
C’est dans ce contexte, au cœur de l’été, que Dieu vient nous parler de la beauté en cette solennité de la transfiguration, le 6 août qui tombe un dimanche ! Mais le 6 août est aussi une date particulière et rappelle quelques souvenirs de l’histoire de l’humanité. Triste souvenir de la bombe atomique tombée sur Hiroshima le 6 août 1945. C’est aussi le 6 août 1978 qu’est mort l’un des grands papes de l’histoire récente de l’Eglise, le pape Paul VI, celui qui a conduit l’Eglise au Concile Vatican II, ce dernier restant, aujourd’hui encore et malgré ses détracteurs, une boussolepour l’Eglise… Le concile Vatican II avait initié un nouveau départ pour l’Eglise Universelle ! Que ce dimanche de la transfiguration soit pour nous l’occasion d’un nouveau départ pour une vie transfigurée par sa présence.
Dans l’évangile de ce dimanche, Jésus prend avec trois disciples avec lui Pierre, Jacques et Jean, et les amène pour être témoins d’un moment unique de sa vie qu’est la transfiguration ; Ce sont les mêmes qui seront avec lui lors de son agonie, dans le jardin des Olivier (Gethsémani) à la veille de sa mort. Ces trois disciples forment, on dirait un petitconseil, une équipe resserrée autour de Jésus mais ils suscitentaussi parfois la jalousie des autres apôtres. L’évangile nous dit que ces trois disciples montent avec Jésus sur une montagne. Ceux qui connaissent la Terre sainte nous dire que le mont de la transfiguration est en réalité une petite colline. Mais vous savez combien l’amour nous rend tous un peu marseillais en nous faisant voir les choses en grand, comme cette colline qui devient une « haute montagne » pour saint Mathieu…
En effet, l’amour rend les choses belle, grandes etmerveilleuses. Je pense aux trois pains et deux poissons qui permettent à Jésus de faire le grand miracle de la multiplication des pains,, au miracle de Cana quand Jésus transforme l’eau en vin, au pain et vin consacrés qui deviennent même la présence réelle du Christ dans l’eucharistie. Pensons à toutes ces paraboles qui nous ont accompagnés ces derniers temps, celle de graine de moutarde, du levain dans la patte, de la perle précieuse, le trésor caché… qui nous rappellent comment des petites choses peuvent transformer le monde et produire des réalités extraordinaires. Pensons à tous ces hommes et femmes qui ont eu des petits rêves d’amour pour l’humanité, pour l’Eglise à tel point que ces petites choses qu’ils ont initié, ces petitsrêves ont radicalement transformé l’histoire de l’Eglise et de l’humanité.
Sur cette colline, Jésus est transfiguré devant ses apôtres. Il leur révèle son identité en tant que le messie. Il n’enlève pas ses vêtements, comme un footballeur qui vient de marquer un but magnifique ou un médaillé d’or aux jeux de la Francophonie à Kinshasa, et qui se frappe la poitrine pour signifier qu’il est le meilleur ou trop fort ! C’est le regard desdisciples qui change car l’amour et la foi modifie notre manière de regarder Dieu et les autres. Un parent aimant trouve forcément son bébé le plus beau des enfants. Un amoureux trouve sa bien-aimée la plus belle des femmes, malgré tous les défauts physiques qu’elle peut avoir ! Quand nous marions le cœur avec la raison, nous cueillons la beautéprofonde d’un paysage lors d’une promenade, par exemple. Cela conduit notre regard et notre raison dans une communion avec notre cœur. C’est cela qu’on appelle le « regard intérieur », le seul capable de voir la vérité profonde, l’harmonie, la plénitude d’un objet, d’un paysage, d’une personne.
Nous pouvons être avec Jésus toute notre vie, le fréquenter à la messe de dimanche, avoir la foi… mais aussi longtemps que notre regard intérieur n’est pas vraimentséduit par la beauté profonde de l’Homme de Douleurs, sans éclats ni beauté, méprisé et malmené en croix comme un mouton qu’on amène à l’abattoir, comme nous dit Isaïe du Serviteur souffrant…, nous ne serons jamais réellementtransfigurés par sa présence !
Ebloui par cette gloire et cette beauté du Christ transfiguré, Pierre est ému, le cœur rempli de bonheur. Ildésire demeurer dans cet état de béatitude : « Pierre alors prit la parole et dit à Jésus : « Seigneur, il est bon que nous soyons ici ! » Nous avons un besoin urgent de retrouver le sens du beau dans notre vie et dans notre foi. La beauté est une force extraordinaire qui attire au Dieu Créateur qui est la Source de toute beauté ! Dostoïevski nous rappelle que « C’est la beauté qui sauvera le monde ». Nous n’avons pas des explications théologiques pour expliquer pourquoi nouscroyons en Dieu, mais il nous faut dire et témoignersimplement que « c’est beau de croire », « c’est beau de prier », « c’est beau d’aimer » « c’est beau d’aimer Dieu et de se laisser aimer par Lui ». Encore faut-il que notre vie soit rayonnante et belle aux yeux du monde. La foi belledévoile en moi et dans les autres cette beauté intime qui lie chaque personne, chaque événement à Dieu qui est la sourcemême de la beauté. Il y a tellement de gens, dans l’histoire de l’Eglise, qui ont découvert Dieu à partir de la beauté : celle de la création, celle de la liturgie, d’un tableau, un vitrail, d’uneicône, celle d’un chant liturgique… Demandons la grâce d’être dans le monde les artisans et les témoins de la beauté de la foi. Notre société peut apprendre de nous la beauté de la foi, de la prière, du silence, du geste d’amour que nous posons ! C’est cette beauté que nous découvrons dans le regard du Christ transfiguré.
Certains disent qu’il est ennuyeux de croire ! Il est vraique sans une foi lumineuse, vivante et belle nous ne pouvons attirer personne au Christ notre Lumière ! Demandons cettegrâce d’une foi lumineuse en gardant notre regard toujours fixé sur le Christ transfiguré. Que cet été soit pour nousl’occasion de donner un peu de place à l’homme intérieur qui se cache en nous, à l’écoute de la Parole de Dieu, au silence, au souffle fragile du vent…. pour entrer petit à petit dans la discrète et silencieuse présence de Dieu dans sa création dans laquelle nous pouvons trouver son empreinte !
Seigneur, donne-nous la grâce de découvrir chaque jour la beauté simple mais combien lumineuse de ton Visage transfiguré, et viens transfigurer nos existences par ta présence. Amen.