À propos de Joseph Bavurha

Curé de l'ensemble paroissial de Tournefeuille

Homélie du Père Joseph du V° Dimanche de Pâques, année B (2024)

Mes chers frères et sœurs !

Dimanche dernier, nous avons contemplé la figure du Bon Pasteur qui connait ses brebis, les appelles chacune sa son nom et qui donne sa vie pour elles. Cela mettait l’accent sur la relation vitale qu’il y a entre les brebis et Bon Berger. Depuis ton baptême, Jésus t’appelle personnellement ! Il prend soin de toi et ne te confonds avec personne d’autre. De l’image pastorale du berger à ses brebis, nous passons ce dimanche à une image agricole ou viticole :  la relation vitale entre le vigneron, la vigne et les sarments. La vitalité, la fécondité de notre vie dépend forcément de notre relation au Christ ressuscité sans qui nous ne pouvons rien faire.

Je n’ai pas fait l’Ecole d’Agriculture de Purpan et mes leçons d’SVT ou de Botanique sont tellement loin de moi ! Nous savons tous l’importance capitale des racines pour une plante. En plus c’est la saison de planter dans nos jardins potagers. Les racines absorbent l’eau et les sels minéraux pour alimenter ensuite tout l’organisme végétal. Cette eau et ces sels minéraux constituent ensuite la sève vitale sans laquelle la plante ne peut survivre. Si la plante est coupée des racines, elle meure et se dessèche. Aussi, si vous coupez une branche, un sarment de l’arbre, de la tige principale, ils se dessèchent parce qu’ils sont privés d’eau, des sels minéraux, c’est-à-dire, de la sève vitale que leur procurait la tige principale. Un arbre, une plante sans racine, c’est comme une maison sans fondation : condamnée à s’écouler au moindre petit  coup de vent

Telle est la nature de la relation de chaque baptisé avec Jésus qui la Vigne dont dépendent toutes les autres parties de la plante, de sorte que chaque sarment ne peut subsister sans lui. Un sarment détaché et coupé de la vigne se dessèche forcément parce qu’il n’est plus alimenté par la sève de la vigne. La vitalité, la fécondité de notre vie humaine et chrétienne dépend de notre relation et de notre attachement au Christ. Coupé de Dieu qui est la Source de la vie, de l’Amour, de la Grâce, le chrétien vit dans une illusion en pensant qu’il peut se suffire de lui-même. En se coupant de Dieu, l’être humain se condamne petit à petit à dépérir et se contente d’une vie asséchée. Une vie baptismale qui n’est pas alimentés par l’eucharistie et les autres sacrements, par la prière, la Parole de Dieu finit par se dessécher.

Le drame, c’est qu’il a des convaincus du contraire. J’en vois qui viennent faire différentes demandes à l’Eglise, les baptêmes des enfants, mariages, obsèques…qui disent qu’ils sont chrétiens mais ne sentent aucunement le besoin ni l’envie de prier, d’aller à la messe…! Ils disent être heureux comme ça ! Ce sont-là des sarments qui se privent de la sève de la vigne, qui se dessèchent et meurent spirituellement à petit feu sans le savoir.

Notre vrai bonheur, la véritable réalisation de notre vie dépend de la manière dont nous sommés attachés au Christ, dont nous nous nourrissons, dont nous nous abreuvons au Christ Jésus qui est la source, dans une relation intime avec lui, à l’échelle d’une personne, d’un groupe, une société, voire d’un pays ou continent. Evacuer ou vouloir chasser Dieu, par toute sorte d’idéologie, de notre pays, du mouvement, d’une association, du service, c’est ouvrir la porte à une culture dans laquelle finalement, nous voyons mourir et disparaitre ce qui est spécifique et propre. On renie de manière idéologiques les racines chrétiennes de la France, de l’Europe, on affirma que la culture Française n’existe pas mais qu’il y a plusieurs cultures en France, puis on renie la dignité aux personnes en fin de vie ou en l’enfant à naître par des lois votées… Bref, moins racine et plus de culture de la mort ! On veut avoir un pays hors sol mais nous savons tous que tout ce qui est hors sol ne tient pas longtemps debout.

Il y a quelque temps, le pape François avait demandé la démission de tous les hauts responsables de la Caritas Internationalis (Secours Catholique) à Rome parce qu’il s’est rendu compte que le Secours catholique était devenu une sorte grosse d’ONG qui faisait le même chose que Amnesty International, Green Peace, en oubliant complétement sa dimension catholique et le message de l’évangile. Ça a fait du bruit dans certains milieux d’Eglise, et a conduit à la réforme de la Caritas pour repartir sur des bonnes bases qui se fondent et s’enracinent dans l’évangile. Le pape avait alors rappelé que la raison d’être de la Caritas qui est de manifester la charité du Christ auprès de plus pauvres, des plus fragiles.

Le père Jean Barba, ancien curé de Tournefeuille, d’heureuse mémoire, alors aumônier du Secours Catholique Toulouse-Ariège s’était mis en colère et se désolait de voir que les salaries du Secours Catholique au niveau du diocèse et de toute la France l’avaient transformé en une grosse association qui fait du bien certes, mais sans référence au Christ ni à l’Eglise Catholique. Imaginez que dans la paroisse où j’étais avant de venir ici, il y avait une responsable du Secours Catholique athée et anticléricale qui ne foulait son pied à l’église que pour distribuer les enveloppes et faire la quête impêrées au profit du SC. C’est la référence au Christ qui distingue le SC du Secours Populaire ! Quelle est l’identité des SGDF ? Si mouvement de SDGF n’est pas catholique, quelle sera son identité propre, ses racines ? Quelle différence avec les Eclaireurs de France, par exemple ?

Un chrétien qui veut porter du fruit met au centre de sa propre vie Jésus qui nous redit qu’en dehors de lui nous ne pouvons rien faire. Rester attaché au Christ est une question de volonté ! Le sarment sur la vigne n’est pas tout à fait libre de choisir de rester attaché à la vigne : cela peut dépendre des conditions climatiques, la grêle, une tempête violente qui détache le sarment… En revanche, notre attachement à Jésus dépend totalement de notre liberté : nous pouvons décider et choisir notre destin en restant attaché ou en nous coupant de lui. La foi est un don de Dieu, une vertu théologale, mais elle s’entretient et grandit à travers notre liberté et notre volonté, tous les moyens mis en place pour ne pas éteindre la lumière de notre baptême. Il suffit de regarder les péripéties de notre vie spirituelle et humaines pour nous rendre compte qu’il y des moments où nous avons plus choisi Jésus, et d’autres où nous avons choisi de nous éloigner de lui.

J’en ai fait l’expérience dans ma propre histoire : les moments de ma vie où je me suis moins uni au Christ par la prière et la vie sacramentelle, j’ai vu et senti ma vie manquait de fécondité et de joie, je l’ai vue dépérir et se dessécher petit à petit, et ce sentiment de sécheresse et de tristesse a été l’occasion de me rendre compte combien la joie dans ma propre vie dépend fondamentalement de ma fidélité et de mon attachement au Christ. C’est seulement dans la mesure où ma vie est attachée à Lui que je peux produire des fruits, comme la joie, la sérénité, la maîtrise de soi, la beauté rayonnante et vitale du Christ Ressuscité qui me rend capable de dire, comme saint Paul : « ce n’est plus moi qui vis, mais c’est le Christ qui vit en moi ». Dans mon ministère de prêtre et de curé, je me demande chaque jour dans quelle mesure je nourris ma vie spirituellement pour pouvoir nourrir celle de mes paroissiens.

« Moi, je suis la vigne, et vous, les sarments. Celui qui demeure en moi et en qui je demeure, celui-là porte beaucoup de fruit, car, en dehors de moi, vous ne pouvez rien faire » dit Jésus. Chaque fois que nous célébrons l’eucharistie, avec la communion, ceci se réalise de manière presque physique. Nous recevons le Christ, et comme dit saint Augustin, nous devenons ce que nous recevons, c’est-à-dire que nous devenons le corps du Christ, vivant de la vie du Christ, et appelés à avoir les mêmes attitudes du Christ parce que nous le portons en nous. Puisse l’eucharistie d’aujourd’hui nous aider à demeurer dans l’Amour du Christ, qui est la source qui rend féconde notre vie. Amen.

Homélie du Père Joseph du V° Dimanche de Pâques, année B (2024)2024-04-26T11:31:48+02:00

Homélie du Père Joseph du IV° Dimanche de Pâques, année B (2024)

Mes chers frères et sœurs !

Le IV dimanche de Pâques, appelé aussi dimanche du Bon Pasteur nous invite à prier pour les prêtres, les vocations sacerdotales et consacrées dans l’Eglise. C’est une occasion de méditer sur le sens d’une vie donnée pour les autres et regarder objectivement sa propre vie en se demandant si notre vie est donnée ou pas.  La vie est un donde Dieu et ne s’accomplit, ne se déploie et ne s’épanouit que dans la mesure où elle est donnée. La vie est l’opportunitédonnée à chacun de nous d’apprendre à aimer. Nous savons tous cependant combien ce désir d’aimer est conditionné par quelques paramètres plus ou moins positifs ou négatifs tel que notre caractère, l’éducation reçue, le contexte social… Mais, aimer et être aimé est notre dominateur commun et quandJésus, dans l’évangile nous commande d’aimer, il nous demande de faire exactement ce que nous désirons au plus profond de nous-même !

Pourtant, nous savons tous qu’au quotidien et dans la pratique l’amour porte en soi un immense lot de souffranceset des paradoxes. L’amour est l’un des mots les plus polysémiques qui soient, avec la dignité. Nous pouvons tuer quelqu’un, euthanasier, par amour et pour respecter la dignité d’une personne. Comme c’est paradoxal ! Un criminel pourra aussi dire qu’il a commis le meurtre de sa compagne parce qu’il l’aimait trop et ne supportait pas que quelqu’un d’autre la regarde ou qu’elle regarde quelqu’un d’autre ? Nous souffrons quand notre amour est rejeté. Une petite fille du KT me disait récemment être triste et en larmes parce qu’amoureuse d’un copain de classe qui la repousse !  A 8 ans déjà ! Pensons à toutes ces personnes qui se donnent à fond dans une relation mais qui en sortent détruites parce que la personne en face esttrop égoïste, trop indifférente et trop insensible !

Jésus, le Bon Pasteur nous invite à vivre un amour inconditionnel, c’est-à-dire aimer sans poser des conditions, sans limites, sans calculs. Mais, est-ce réaliste ou utopique ? Est-il humain ou héroïque d’être capables d’aimer les autres sans rien attendre d’eux en retour ? Nous savons tous le bien que ça nous fait de recevoir quelque signe de reconnaissance, de gratitude, surtout quand nous ne nous y attendions pas.Pour ne pas être blessé en amour, on nous dit que nous devons nous protéger et barricader notre coeur, apprendre à être insensibles et tellement détachés pour ne pas souffrir à cause de l’amour ? Certains gourous du développement personnel nous y invitent et de plus en plus, nous refusons de souffrir en amour et je pense que la situation de la famille et les séparations des couples aujourd’hui est dû en partie par ce refus de toute forme de la souffrance en amour.

Pour aimer en vérité, Jésus est notre unique modèle à imiter. Je le vois sur la croix : il souffre terriblement, mais il aime aussi infiniment. Jésus sait aussi nous aimons avec une dose certaine d’égoïsme et d’amour propre parce que nous sommes marqués par le péché et nous avons besoin de la grâce du Seigneur pour aimer comme lui. L’amour humain, depuis toujours, est toujours mêlé à une dose plus ou moins grande d’égoïsme : nous en avons des exemples concrets et parlantsau quotidien, dans notre propre vie si nous sommes honnêtes.

Ce dimanche du Bon Pasteur, je réfléchispersonnellement sur la dose, consciente ou inconsciente d’égoïsme ou d’amour propre présente dans ma manière de me donner à Dieu, à l’Eglise, à la communauté paroissiale et au monde, et quelle conversion personnelle opérer pour m’ajuster à l’amour du Christ. C’est chaque jour que chacun de nous est appelé à grandir en amour.  

Lors des préparations au mariage, nos échanges avec les fiancés témoignent de cette difficulté à aimer sans égoïsme. « J’aime mon fiancé parce qu’il me rend heureux (se), je me sens bien avec lui, il fait tellement attention à moi ». En d’autres mots, je pense aimer l’autre mais c’est moi-même qui m’aime à travers ce que l’autre me donne et me renvoie.Certains parents, consciemment ou inconsciemment considèrent leurs enfants comme une extension d’eux-mêmes, une projection, une sorte de reproduction d’un autre soi-même : des papas qui vampirisent leurs enfants en les obligeant à réaliser ce qu’ils n’ont pas pu faire dans leur vie, pour combler ce sentiment d’échec sportif, professionnel, intellectuel, social qui les habitent…? Je me souviens de la lettre de ce jeune collégien confirmand dans une école catho de la ville qui écrivait à l’évêque faisait du rugby mais que chaque fois qu’il allait aux entrainement, il avait la boule au ventre parce quobligé à le faire par ses parents : son papa n’a pas pu être un joueur pro, voulait que son enfant le devienne. Du coup, chaque entrainement était une torture pour ce jeune.

Rappelons-nous que personne au monde ne pourra nous aimer gratuitement et sans égoïsme plus que Jésus. Aucun pape, évêque, prêtre, aucun mari, aucune épouse, aucun enfant, aucun ami…bref, personne ne nous aime gratuitement plus que Jésus. Seul Jésus nous aime véritablement de manière gratuite et sans calculs. Et si c’est le cas, je me demande pourquoi nous résistons et refusons même de nous laisser aimer par le Christ. Jésus nous aime d’un amour infini et sans condition ! Attachons-nous au Christ !

Attention à l’attachement parfois démesuré que nous avons aux prêtres, à certains prêtres ! Je vous le redis, vos pasteurs sont tous de passage et tous imparfaits par nature. J’entends souvent : « A l’époque du père Gérard Batisse, Bogdan, Jean-Charles Demelles, Jean-Marie Miquel, Philippe Curbelié, Alain Madrange Jean-Barba, Etienne de Béranger,Bodgan Marie-Pierre Barthez, René Agnero, Gaston Sendateze, René Kouamé, Josselin, Joseph Dao, Willy, Vital,ou Bavurha… comme c’était bien ! Tous ces pasteurs d’énormes qualités, mais savons reconnaître aussi leursdéfauts et fragilités qui vous ont déçu, vous déçoivent ou vous décevront encore  N’oublions jamais que l’unique que Jésus est Bon Pasteur. C’est à lui que nous devons nous attacher fermement car lui ne nous décevra et ne nous abandonnera jamais : sur la croix, il a les bras ouvert et il nous accueille sans conditions.

Pour nous apprendre à aimer, Jésus nous tire vers le hautet nous invite à vaincre notre égoïsme naturel. Jésus nous aimeet veut que nous grandissions dans l’Amour. Si Jésus Bon Berger va à la recherche de la brebis perdue, c’est pour l’aider à rester dans le troupeau, avec les autres. Si Jésus Bon Pasteur donne sa vie pour nous, c’est pour que nous apprenions aussi à donner la nôtre pour les autres.

Prions pour nos pasteurs, les vocations sacerdotales et consacrées. Prions pour que l’Eglise ait des prêtres, religieux et religieuses, mais prions pour que ceux-ci viennent de nos familles. Il parait les vocations, c’est parfois comme l’autoroute : nous voulons des voies rapides, des autoroutes pour nous faciliter la circulation mais nous ne voulons pas du bruit à côté de chez nous. Nous avons besoin de prêtres, des consacrés, mais nous ne voulons surtout pas qu’ils soient pris dans notre propre famille, surtout pas notre propre enfant. Demandons aujiurd’hui au Seigneur de nous donner des vocations parce que nous en besoin et qu’il les prenne dans nos propres familles. Amen.

Homélie du Père Joseph du IV° Dimanche de Pâques, année B (2024)2024-04-21T11:28:16+02:00

Homélie du Père Joseph du III° dimanche de Pâques, année B (2024)

Mes chers frères et sœurs !

Les jours qui ont suivi la mort de Jésus étaient difficiles pour les apôtres. Ils sont remplis de peur, de doutes, d’angoisse. Quand le Ressuscité se présente au milieu d’eux, ils sont bouleversés et remplis de peur. Pour eux, Jésus est un fantôme ! Ces disciples sont proches et semblables à nous qui avons aussi du mal à reconnaitre le Ressuscité dans notre vie. Mais Dieu ne se fatigue jamais de venir à notre rencontre. Devant notre manque de foi Jésus insiste : « Pourquoi êtes-vous bouleversés ? Et pourquoi ces pensées qui surgissent dans votre cœur ? Voyez mes mains et mes pieds : c’est bien moi ! Touchez-moi, regardez : un esprit n’a pas de chair ni d’os comme vous constatez que j’en ai. »

Jésus invite les disciples à toucher et à regarder les signes de la Passion, montrant le lien entre la croix et la résurrection qui forment le même mystère pascal. La bonne nouvelle n’est pas seulement qu’un mort soit revenu à la vie, mais que le Fils de Dieu ait donné sa vie par amour pour nous sur la croix, qu’il ait vaincu la mort en sortant vivant du tombeau. Pour en faire l’expérience, nous avons besoin de le toucher avec les mains et le voir avec le cœur.  Beaucoup de gens ne croient pas ou doutent parce qu’ils n’en ont pas fait une expérience personnelle avec le ressuscité. Ils ne l’ont pas rencontré, ne l’ont pas touché et ne se sont pas laissés bouleverser par sa présence.

La foi chrétienne est une rencontre, autrement, elle reste une hypothèse, un doute. Quand saint Jean annonce le ressuscité, il parle d’expérience personnelle : « Ce qui était depuis le commencement, ce que nous avons entendu, ce que nous avons vu de nos yeux, ce que nous avons contemplé et que nos mains ont touché du Verbe de vie, nous vous l’annonçons. Oui, la vie s’est manifestée, nous l’avons vue, et nous rendons témoignage : nous vous annonçons la vie éternelle qui était auprès du Père et qui s’est manifestée à nous. » (1 Jn1, 1-2). Le témoignage parle d’une expérience concrète.

Comme l’expérience de l’amour, la foi est un chemin sur lequel on avance étape par étape, graduellement.  En amour, nous ne pouvons pas tout avoir ici et maintenant, mais y aller graduellement, pas à pas. La persévérance, la gradualité dans l’amour montre combien nous désirons et tenons à quelque chose, à quelqu’un, motivés pour gouter, jour après jours, chaque étape, chaque joie, chaque situation qui nous est donnée. Nous sommes en quête des certitudes mais quand le Seigneur nous en donne une, notre réaction est la peur parce que nous sommes tellement habitués à être négatifs au point que quand les choses positives surviennent, nous nous demandons combien de temps cela va durer ! Trop beau pour être vrai ! Au lieu de profiter du bonheur qui nous est donné, nous pensons déjà au manque, l’anguille sous roche, la tromperie qui se cache.  Et si par malheurs une petite épreuve arrive, la première réaction est : « il fallait que je l’y attendre ! Je savais que quelque chose devait coincer ! ».

Nous ne sommes pas des habitués à la Pâques parce que tellement entrainés à rester au vendredi saint, nous sentant plus à l’aise devant le Crucifié que devant le tombeau vide, plus en symbiose avec la souffrance du Christ qu’avec sa Victoire. Pourtant, nous sommes chrétiens en vertu de la victoire du Christ sur la mort. Il nous faut donc nous convertir à la victoire du ressuscité. Pour cela, Saint Luc nous donne trois voies pour rencontrer le Ressuscité.

La première rencontre se fait dans nos propres blessures. Pour inciter à la foi, Jésus invite d’abord à regarder ses propres blessures. Ayons le courage de faire la même chose : accueillir, regarder et accepter nos propres fragilités, nos blessures, nos plaies pour découvrir la puissance cachée et imprévisible du Ressuscité. Dieu agit dans nos faiblesses. Saint Paul nous dit que quand nous sommes faibles, c’est alors que nous sommes forts parce que nous laissons la force et la grâce du Christ agir en nous. C’est seulement si nous accueillons nos blessures que le pouvons permettre au Ressuscité de s’y manifester à nous sa puissance.

La deuxième est la voie de l’amitié, de la convivialité, des liens fraternels. Jésus mange et partage avec les apôtres. Jésus aimait la convivialité ! Il se faisait inviter chez les publicains, chez comme Zachée, chez Marthe et Marie, même chez des pharisiens…parce que Jésus sait qu’à table, on crée des liens d’amitié, de confiance, de confidence, d’intimité entre les personnes. Le Christ déploie sa vie dans nos communautés lorsque nous réussissons à nous ouvrir les uns aux autres à travers des moments de fraternité et de partage purement humains et gratuits. Et sur ce point aussi, les communautés catholiques ont beaucoup de lacunes. Nous nous contentons de nous rencontrer aux messes, à la chorale, prépa baptême, secours catho, dans les salles paroissiales et surtout, nous évitons de nous inviter à nos domiciles.

La troisième voie est la compréhension des Ecritures.  Jésus ouvre l’intelligence de ses disciples à la compréhension des Ecritures. Il nous faut trouver ou retrouver le goût de l’Evangile, ouvrir la Bible.  Et là aussi, les catholiques ont beaucoup de lacunes par rapport aux protestants, par exemple. Saint Jérôme disait que l’ignorance des Ecritures est l’ignorance du Christ. Il nous faut construire et fonder nos communautés sur les Ecritures, la Parole de Dieu et pas sur nos idéologies et nos opinions.  Prenons l’exemple des fraternités : un groupe se réunit souvent autour de la Parole de Dieu vit moins de division et de conflit car c’est la Parole qui guide alors que tout groupe qui se réunit seulement autour des débats théologiques ou idéologiques finit par créer des divisions. Pour annoncer le Ressuscité, il nous faut d’abord le rencontrer et l’écouter dans la Parole de Dieu illumine nos coeurs. Le Ressuscité rencontré dans les évangiles réchauffe le cœur, enflamme l’âme des disciples et leur donne la joie.

Le dernier point, pour conclure est la place de la mission. Le Ressuscité, ayant ouvert les intelligences des disciples à la compréhension des Ecritures les envoie en mission : « Ainsi est-il écrit que le Christ souffrirait, qu’il ressusciterait d’entre les morts le troisième jour, et que la conversion serait proclamée en son nom, pour le pardon des péchés, à toutes les nations, en commençant par Jérusalem. À vous d’en être les témoins. » L’annonce du Christ, l’évangélisation n’est pas une option. C’est l’ADN même de l’Eglise. La mission est au cœur de la vie chrétienne. Une Eglise qui n’évangéliste pas est égoïste, parce qu’elle prive à beaucoup de personnes de la possibilité de rencontrer Jésus et d’être sauvées. Pire encore, cette Eglise se condamne à la mort parce que si de nouveaux disciples ne se joignent pas à nous, l’Eglise cessera d’exister quand nous serons tous morts. Malheur à moi si je n’annonce pas l’Evangile, dit saint Paul.

Malheureusement, nous nous rendons compte que souvent, nos communautés tournent un peu en rond, centrées sur elles-mêmes, manquant d’audace pour la mission. Nous nous retrouvons entre-nous, cultivant un entre-soi entre gens, entre gens bien cathos, déjà pratiquants, nous retrouvant selon les réseaux auxquels nous appartenons, sans nous interroger sur la manière d’ouvrir notre réseau ou les portes de l’Eglise à celui qui est différents de nous, qui est seul, ne connaissant personne parce qu’il vient à peine d’arriver sur la paroisse. D’où la question de l’accueil, de l’intégration des nouvelles personnes, qui reste souvent un concept dans beaucoup de nos équipes, mouvements, associations et communautés catholiques. Au travail, dans la rue, au sport, où que nous soyons, nous avons une bonne nouvelle à annoncer, à partager avec les autres.

Quand nous pouvons, quand nous en avons la possibilité, ne laissons aucune occasion d’annoncer le Christ Ressuscité aux autres. Le plus important n’est pas la stratégie, l’efficacité, mais le désir, l’envie que nous avons d’être missionnaire. La mission n’est pas d’abord quelque chose à faire, mais une manière d’être, une attitude qui permet aux autres de rencontrer Jésus qui est la source de notre Joie. Le Ressuscité nous envoie être ses témoins, comme nous le voyons à travers la communauté naissante que nous contemplons dans les Actes des Apôtres depuis le dimanche de Pâques.

Homélie du Père Joseph du III° dimanche de Pâques, année B (2024)2024-04-12T15:15:29+02:00

Homélie du Père Joseph du II° Dimanche de Pâques, Divine Miséricorde, année B (2024)

Mes chers frères et sœurs !

Depuis le dimanche de Pâques, les évangiles qui nous accompagnent posent une question importante : comment pouvons-nous rencontrer le Christ Ressuscité ? De quelle manière se manifeste-t-il à nous ? Dans l’évangile de ce dimanche de la Divine miséricorde, nous passons du matin au soir de Pâques. « Le soir venu, en ce premier jour de la semaine, alors que les portes du lieu où se trouvaient les disciples étaient verrouillées par crainte des Juifs, Jésus vint, et il était là au milieu d’eux. » Malgré l’annonce de la résurrection par de l’ange, les apôtres ont toujours peur. Ledécret de les capturer est toujours en cours et concerne tout le groupe. Heureusement que les portes fermées et les cœurs verrouillées n’arrêtent pas Jésus. Notre manque de foi, nos fermetures n’arrêtent pas le désir de Dieu de nous rencontrer. L’amour de Dieu est plus fort que nos peurs.

L’abandonné du vendredi saint revient chez ses traites et lâches. On aurait pu s’attendre à de reproches, car en effet, l’apôtres l’avaient abandonné et trahi. Jésus n’a pas de rancœur. Si nous voulons imiter Jésus, devenir véritablementses disciples, il nous faut guérir de nos rancœurs et de notre orgueil. Au lieu de faire des reproches, Jésus annonce la paix et donne le saint Esprit : « La paix soit avec vous ! » Les premières paroles du Ressuscité veulent rassurer, apaiser, réconforter et guérir ses amis.

« Ayant ainsi parlé, il souffla sur eux et il leur dit : « Recevez l’Esprit Saint. » C’est un don !  Pour saint Jean, la Pentecôte n’attend pas 50 jours après Pâques ! C’est le jour même de Pâques que le Saint Esprit est donné. A sa mort en croix, Jésus avait remis l’Esprit au Père et au matin de Pâques, l’Esprit est donné aux apôtres. Une nouvelle page commence pour eux. L’accueil de l’Esprit saint dépend de notre capacité d’aimer et de l’accueillir. Ça me fait penser au sacrement deconfirmation, lors de la chrismation. L’évêque dit au nouveau confirmé : « sois marqué du saint Esprit, le Don de Dieu ». Le saint Esprit arrive avec une multitude des dons mais nous ne pouvons pas tout recevoir, mais seulement ce dont nous avons besoin, ce que nous sommes capables d’accueillir, de la largesse de notre cœur.

Nous avons besoin du saint Esprit pour entrer dans le mystère de la résurrection. C’est un mystère que même ceux qui se disent chrétiens et même parmi ceux qui vont à la messe, n’arrivent pas toujours à croire. Pour nous rassurer si nous avons du mal avec le mystère de la résurrection, nous rappelle que nous avons le saint Esprit, et qu’avant nous, lesapôtres aussi et aujourd’hui l’apôtre saint Thomas, ont eu du mal à y croire.

Celui qui a fait une de plus belles profession la foi dans les évangiles : « Mon Seigneur et mon Dieu ! » est passé dans l’histoire comme le modèle des incrédules. Voyons cependantcomment est présenté l’apôtre Thomas à d’autres endroits de l’évangile. Dans l’épisode de la mort Lazare quand Jésus décide d’aller à Béthanie alors qu’on cherche à le mettre à mort, tous les apôtres, Simon Pierre en premier, lui en dissuadent. A cette occasion, l’apôtre Thomas surprend par son courage en incitant les autres à suivre Jésus : « Allons, nous aussi, mourir avec lui » (Jn 11,16). En le disant, saintThomas était sincère, comme l’était aussi Pierre quand promettait de donner de mourir pour Jésus, s’il le fallait, avant de le renier plus tard.

La deuxième fois que l’apôtre Thomas apparaît, c’est quand il expose ses doutes à Jésus qui rassurait ses apôtres avant sa mort. Jésus leur disait « Quand je serai parti vous préparer une place, je reviendrai et je vous emmènerai auprès de moi, afin que là où je suis, vous soyez, vous aussi. Pour aller où je vais, vous savez le chemin. » Thomas lui dit : « Seigneur, nous ne savons pas où tu vas. Comment pourrions-nous savoir le chemin ? » Jésus lui répond : « Moi, je suis le Chemin, la Vérité et la Vie ; personne ne va vers le Père sans passer par moi.  Puisque vous me connaissez, vous connaîtrez aussi mon Père. » (Jn 14, 3-7).  C’est un passage que nous écoutons très souvent lors des funérailles. Thomas nous avait alors obtenu du Christ cette grande révélation lui-même comme Chemin, la Vérité et la Vie. Il est caractérisé par sa spontanéité : quand il a des questions, il le pose sans tourner en rond.

Entre ces deux épisodes et soir de Pâques, il y a eu l’arrestation, la condamnation et la mort en croix. Le Vendredi saint, Thomas était resté pendant quelque temps au milieu de cette foule avant fuir, pour aller se cacher, comme les autres apôtres, par peur d’être arrêté et condamné. Le soir de Pâques, Thomas a toujours peur, il est en colère contre ceux qui ont condamné Jésus, contre les autres apôtres et surtout contre lui-même pour l’avoir abandonné. Entre temps, Jésus est ressuscité et est apparu aux autres, en l’absence de Thomas.

Quand l’apôtre Thomas revient dans le groupe, il voit des visages radieux et euphoriques ! Ce qu’il trouve très bizarre.Tous se précipitent pour lui dire : « Thomas, nous L’avons vu ! Il est vivant ! Oui, il est même apparu à Cléophas et Zacharie sur le chemin d’Emmaüs !  Simon Pierre l’a vu aussi ! » Thomas ne comprend rien ! « Vous avez vu qui, quoi ? quand ? comment ? » Ils lui expliquent qu’ils ont vu Jésus ressuscité. Interloqué et devant l’insistance des autres,l’apôtre Thomas dit « Arrêtez vos bagues de mauvais goût !Nous l’avons tous laissé mourir dans la solitude et vous vous permettez de faire des blagues sur lui ». Les autres insistent mais Thomas exige des preuves : « Si je ne vois pas dans ses mains la marque des clous, si je ne mets pas mon doigt dans la marque des clous, si je ne mets pas la main dans son côté, non, je ne croirai pas ! »

Thomas ne croit pas un seul instant au message de résurrection, et pourtant il reste avec les autres. Il ne claque pas la porte pour s’en aller de nouveau. Il reste dans l’équipe, ne quitte pas le mouvement, n’abandonne pas la communauté. C’est une leçon de que nous laisse saint Thomas : rester dans sa famille, dans l’Eglise, dans l’équipe même quand il a des blessures et des désaccords avec les autres. L’Eglise est sainte, mais comme structure humaine que nous formons, elle est comme nos familles : imparfaite et c’est normal qu’il y ait des blessures, des désaccords et des conflits…. Mais c’est au sein de cette même Eglise imparfaite que Jésus ressuscité nous rejoint et nous nourrit de ses sacrements symbolisés par l’eau et le sang qui ont jailli du cœur transpercé que Jésus montre à ses disciples et que nous contemplons particulièrement en ce dimanche de la Divine Miséricorde.

Thomas est récompensée huit jours plus tard : Jésus Ressuscité revient dans la maison où sont enfermés les apôtres. Thomas est choqué de voir Jésus venir seulement pour lui pour montrer sa miséricorde. Jésus s’avance vers Thomas : « Regarde mes mains, voix mon côté, touche mes plaies, et sois guéri de tes doutes et de ton manque de foi ». Ces gestes miséricordieux apaisent Thomas de sa honte, sa colère, sa peur et de ses doutes. Il se jette aux pieds du Ressuscité et devient le premier des adorateurs : « Mon Seigneur et mon Dieu ».

Saint Thomas devient alors le modèle de ceux qui adorent le Christ et qui croient en lui au-delà des obstacles et des doutes. Il soutient ceux qui, à un moment de leur vie, ont fait une crise de foi, envahis par des doutes, mais qui sont restés dans l’Eglise. Il est le modèle de ceux qui sont scandalisés et blessés par une Eglise parfois incohérente et blessante mais qui décident de ne pas la quitter, dépassant les fragilités de l’Eglise pour ne contempler que le Ressuscitéqui s’y donne à travers les sacrements.

En ce dimanche de la Divine Miséricorde, demandons au Christ Ressuscité de nous montrer ses mains transpercées, son cœur ouvert et de faire jaillir sur nous, sur son Eglise et sur notre monde un peu d’eau et de sang jaillissant de son Cœur. Amen.

Homélie du Père Joseph du II° Dimanche de Pâques, Divine Miséricorde, année B (2024)2024-04-07T11:29:42+02:00

Homélie du Père Joseph du dimanche de Pâques, année B (2024)

Mes chers frères et sœurs !

Le matin de Pâques, l’apôtre Pierre est méconnaissable. Il a complétement changé. Ce n’est plus l’homme qui, la veille, sous le coup de la peur, a nié trois fois ne pas connaitre Jésus. Ce n’est plus cet apôtre d’habitude un peu arrogant et maladroit qui réussit toujours à sortir une bourde au mauvais moment, au point de se faire recadrer comme à Césarée de Philippe quand interdit à Jésus de ne pas embrasser la croix. Pierre n’est plus cet apôtre qui a peur, caché, avec les autres, dans une maison aux portes verrouillées. Non, Jésus est ressuscité ! Le saint Esprit promis est arrivé et a rempli la vie de Pierre qui est embrasé par le feu de l’Esprit saint ! Il complétement changé, poussé dehors de la maison où il se cachait pour parler devant ceux qui lui faisait peur et qu’il fuyait.

« Le jour de la Pentecôte, Pierre, debout avec les onze autres Apôtres, éleva la voix et leur fit cette déclaration : « Vous, Juifs, et vous tous qui résidez à Jérusalem, sachez bien ceci, prêtez l’oreille à mes paroles. Il s’agit de Jésus le Nazaréen… vous l’avez supprimé en le clouant sur le bois par la main des impies. Mais Dieu l’a ressuscité…Ce Jésus, Dieu l’a ressuscité ; nous tous, nous en sommes témoins » Pierre fait appel à la mémoire de ces gens qui semblent avoir oublié ce qui s’est passé. Impossible de chasser l’histoire ! Nous pouvons éloigner Jésus de notre vie, de notre pays, éteindre sa mémoire et sa présence comme on tente de la faire dans nos sociétés, le mettre entre parenthèse, l’enfermer ou l’exiler dans les sacristies pour qu’il ne sorte jamais de là et n’entre jamais dans la sphère publique… mais, rien n’y fait, Jésus est vivant et sa résurrection montre ses signes. On voir bien le nombre d’adultes qui demande le baptême. 12 000 baptêmes d’adultes et d’adolescents en France ! 30% de croissance par rapport à 2023. 5% de ces nouveaux baptisés adultes viennent de l’Islam ! Tout ceci montre que le Christ ressuscité est vivant et se manifeste toujours à beaucoup de personnes !

Le matin de Pâques, nous pouvons contempler une femme très courageuse, Marie Madeleine. Elle se rend au tombeau pendant qu’il fait encore nuit.  Jérusalem n’est pas encore réveillée et Marie-Madeleine ne veut croiser personne en chemin. Saint Jean. Contrairement aux synoptique, Saint Jean nous dit qu’elle est seule à aller au tombeau en courant, puis, en courant, elle va chercher Simon Pierre. « On a enlevé le Seigneur de son tombeau, et nous ne savons pas où on l’a déposé. »  Quelle angoisse !  Qui a pu dérober le corps de Jésus ?

Nous avons parfois du mal à trouver le Seigneur, à rester dans l’espérance, à regarder au-delà de ce temps de violence et de guerre, de colère et de victimisme que nous vivons. Où es-tu Seigneur ? Peut-être que, comme Marie-Madeleine, nous somme à la recherche d’un Dieu Crucifié enfermé dans un tombeau ! Non, Jésus est vivant ! Dites à ces enfants qui sont baptisés aujourd’hui que le Ressuscité est désormais vivant en eux. Par le baptême, nous sommes devenus le temple où demeure le Christ Ressuscité, l’ami fidèle sur qui compter quoiqu’il arrive.

Après la course de Marie-Madeleine, deux hommes qui courent à leur tour. La peur qui les avait poussés en s’enfermer comme des taupes s’est comme liquéfiée. Cette nouvelle inattendue les a poussés à sortir en courant. Ils arrivent à ce tombeau creusé dans un rocher, dernier cadeau fait par Joseph d’Arimathie à Jésus mort en croix. La lourde pierre que fermait l’entrée a été déplacée.

Le Christ est ressuscité. La foi n’est jamais statique, immobile ! La foi est une course, une recherche permanente du Christ Ressuscité ! Même baptisés, il nous faut courir, chercher encore et encore le Seigneur, ne jamais s’arrêter. On ne peut s’asseoir sur sa foi qui est toujours une quête de sens, de compréhension de Dieu qui restera toujours un mystère insondable. C’est pour cela qu’il faut écouter tous ces témoins de foi qui nous parlent du ressuscité depuis plus de 2000 ans.  Pour mesurer les paroles que d’autres témoins nous ont annoncé. Une femme, dans ce cas précis. Aidez vos enfants à courir à la recherche du Chris, comme Marie Madeleine, l’apôtre des apôtres. Elle est poussée par l’Amour qu’elle porte au Seigneur et elle coure. L’amour fait pousser des ailes et fait voler, défie nos peurs, nos fragilités et nos limites.

Pierre et Jean trouvent le tombeau vide. Ils ne savent encore rien et peuvent tout imaginer. Comment expliquer cette absence du corps, ce tombeau vide ? Est-ce le Sanhedrin qui a volé le corps de Jésus ? Ou alors un vol de la part des adversaires religieux, voire la part quelque disciple exalté, un zélote déterminé. Toutes hypothèses sont plausibles pour eux, sauf une, la plus absurde :  la résurrection qu’il avait lui-même déjà annoncée.  Mais il n’y a aucun signe du ressuscité.

Ce matin-là, les disciples courent et le plus jeune, que la tradition identifie à Jean arrive en premier. Jean, symbole de l’amour est arrivé avant Pierre qui représente l’autorité, l’Eglise, le ministère, l’institution. Il y a toujours ce double aspect de la vie de foi : intuition et institution, charisme et magistère. Mais c’est l’amour qui précède. Personne ne se convertira véritablement sans amour au ressuscité, ou seulement sur base d’un raisonnement ou du bon sens. L’amour est un peu rebelle, créatif, intuitif et arrive rapidement à la conclusion.  Mais l’amour respecte aussi. Quand on aime quelqu’un on respecte. Jean est arrivé le premier au tombeau mais il a attendu pour laisser Pierre y entrer le premier. Ça parle à l’africain que je suis qui sait qu’il faut respecter les anciens, ceux qu’on appelle chez nous les vieux et les vieilles dont la sagesse canalise la force et la fougue de la jeunesse. Ces deux dimensions sont essentielles. Le charisme brûle, l’expérience pondère. L’amour est fou, mais la prudence lui permet de s’incarner.

« Il entre dans le tombeau ; il aperçoit les linges, posés à plat, ainsi que le suaire qui avait entouré la tête de Jésus, non pas posé avec les linges, mais roulé à part à sa place » Tels sont les signes pauvres et timides qui indiquent la vérité de la résurrection. Aucun signe éclatant ! Pas des portes qui sautent, des explosions atomiques, des lumières qui aveuglent.  Rien !  Pourquoi ? Parce que la résurrection ne s’impose pas mais invite à croire, sans obliger. Elle fait appel à notre liberté, à notre adhésion, adhésion que devront faire plus tard ceux qui sont baptisés bébé.

Notre vie est cachée dans le Christ, parce que sa résurrection nous a atteint, nous a illuminé et remplis, comme dit saint Paul. Vivons déjà en hommes et femmes ressuscités parce que le Christ a changé notre vie. Nous avons 50 jours du temps pascale jusqu’à la Pentecôte, 10 de plus que le carême, pour nous convertir à la joie du ressuscité, pour passer d’une foi crucifiée à une foi lumineuse et joyeuse ; pour passer d’une foi doloriste, résignée, boiteuse à une foi forte et pleine de joie. Belles fêtes pascales !

Homélie du Père Joseph du dimanche de Pâques, année B (2024)2024-04-02T09:37:47+02:00

Homélie du Père Joseph de la veillée pascale, année B (2024)

Chers frères et sœurs, chers Anaïs, Stéphanie, Salim, Mélissa, Mélanie, Xavier, Anaïs, Laetitia, Kévin, Mathilde, Amélie, Ludovic, Vicky qui allez vivre votre nouvelle naissance dans l’eau et le saint Esprit, par le sacrement du baptême, et vous qui allez faire votre première communion !

En cette veillée pascale, nous revivons l’événement qui fonde la foi chrétienne, le coeur de notre espérance : « La confiance des Chrétiens, c’est la résurrection des morts. Par elle, nous sommes des croyants ! » dit Tertullien. Oui, la résurrection du Christ est le cœur de notre foi. Elle est au coeur de tous les sacrements, dont le baptême le premier et le plus grand, sacrements à travers lesquels Dieu nous transmet sa vie et des grâces particulières. Malheureusement, les enquêtes attestent qu’aujourd’hui encore, plus de la moitié de ceux qui se réclament chrétiens ne croient pas en la résurrection. Beaucoup croient, par ignorance ou par commodité spirituelle en la réincarnation et tout ce que vous voulez. Même tous ceux qui vont à la messe n’ont pas toujours cette conviction profonde du mystère de la résurrection du Christ et notre propre résurrection. Pour illustrer mon propos, je vous raconte une histoire vécue personnellement en octobre 2006.

Encore tout jeune prêtre et vicaire dans une paroisse, je suis invité un dimanche avec un groupe des paroissiens, pour déjeuner chez une dame de la paroisse ! Ambiance bon enfant, très conviviale, joie de se retrouver. On rigole, on parle de tout et de rien, on prend l’apéro. C’est un groupe de copains, des paroissiens qui étaient tous plus ou moins pratiquants qui se connaissaient très bien depuis longtemps, s’entendaient bien aussi parce qu’ils avaient la même sensibilité spirituelle, ecclésiale et pastorale

A un certain moment la discussion tourne autour la résurrection. Un monsieur, pourtant très engagé dans sa paroisse, avoue spontanément croire en la réincarnation mais pas en résurrection ! Imaginez le choc quand un africain rougit, de honte, de colère, d’étonnement ! Ma voisine enchaine en affirmant qu’elle non plus ne croyait pas en la résurrection. La parole se libère, les langues se délient, l’apéro y aidant aussi un peu. La moitié de ceux avec qui j’étais à table croyaient plus en la réincarnation qu’à la résurrection du Christ et des morts. Encore tout jeune prêtre, très timide, ordonné depuis trois mois seulement et envoyé dans cette paroisse, il fallait que je reste dans mes petits souliers, poli et sage ! J’avais vraiment besoin d’un grâce particulière pour prendre sur moi, terminer mon plat et ne pas faire des vagues avec ces paroissiens que je connaissais à peine. Quelques jours plus tard, en écoutant France Info, j’apprends que, dans une enquête, plus de la moitié des Français qui se disent chrétiens ne croyaient pas en la résurrection !

Et vous, croyez-vous en la résurrection ?  C’est le plus grand mystère de notre foi qui nous rassemble ce soir et sans lequel l’Eglise, ni le baptême, ni la messe, ni aucun autre sacrement n’existerait pas ? L’Eglise essaye de nous conduire à la compréhension de ce grand mystère, par des symboles. La veillée pascale nous en offre plusieurs, mais je ne parlai que de trois symboles pour éviter de passer la nuit dans cette église : la lumière, l’eau et la joie exprimée à travers nouveau qu’est l’alléluia.

La lumière ! Ce soir, la liturgie pascale représente le mystère du Christ-Lumière à travers le cierge pascal, dont la flamme est à la fois lumière et chaleur. Pendant notre procession, par trois fois nous avons acclamé le Christ notre lumière : « Lumière du Christ, nous rendons grâce à Dieu ».  La lumière du cierge pascal s’est propagée à travers toutes nos bougies de processions en partageant cette lumière entre nous. C’est un rite qui contribue à la beauté de la liturgie de la veillée pascale. Le Christ ressuscité entre dans notre vie et nous éclaire par sa présence. Il nous invite à partager sa lumière parce que notre monde a besoin de la vraie lumière ! Je parle de cette lumière qui éclaire nos vies, nos âmes pour nous permettre d’avancer chaque jour dans la confiance, car notre monde a tellement besoin de confiance.

Vous avez vu que le cierge pascal s’allume à partir du feu, ce feu autour duquel nous nous sommes réunis sur le parvis au début de notre veillée.  Le feu affine et purifie, mais aussi brule et détruit. Cela veut dire que lorsque le Christ-Lumière entre dans notre vie, il l’éclaire, nous montrant toutes ces belles choses, toutes ces merveilles que le Seigneur nous a données. Le feu du saint Esprit purifie et affine alors tous ces dons et talents comme le feu qui affine le métal et purifie l’or. Le feu du saint Esprit, reçu au baptême, vient affiner et purifier tout ce trésor merveilleux que le Seigneur a déposé en nous. Il permet à notre vie d’être plus féconde, plus radieuse. De même, comme la paille qui est brûlée et détruite par le feu, le saint Esprit éclaire notre vie pour nous montrer tout ce qui est appelé à la destruction, au vieillissement. J’invite chacun de nous à regarder, dans sa propre vie, ce qui doit être affiné, purifié par feu du Christ Ressuscité. Présentons au Ressuscité le vieil homme qui est en nous, mais qui est destiné à mourir, cette paille en nous appelée à la destruction par le feu du saint Esprit.

Et vous, baptisés de Pâques, regardez votre vie ! Vous allez recevoir la lumière du Christ, avec ces paroles : « Vous êtes devenus lumière dans le Christ, marchez toujours comme des enfants de lumière ; demeurez fidèles à la foi de votre baptême. Alors, quand le Seigneur viendra, vous pouvez aller à sa rencontre avec tous les saints du ciel ».  Jésus ressuscité vous appelle à garder allumée cette lumière et à la porter aux autres. Il ne nous donne pas sa lumière pour la garder pour nous-mêmes, la mettre sous le boisseau.  Quand le Christ ressuscité apparaît à ses disciples, il leur confie une mission : « Allez, faites des disciples ! », « Vous avez reçu gratuitement, donnez gratuitement », « Vous êtes le sel de la terre, vous êtes la lumière du monde ». L’Eglise, le monde a besoin de votre lumière. Ne laissez pas la tempête du monde et les turbulences de la vie éteindre en vous cette lumière de la foi ! Témoignez-en, partagez-la pour qu’elle se répande partout.

Le deuxième symbole est celui de l’eau ! Pas de vie possible sans eau. Le baptême est une plongée dans l’eau détruit et qui fait naître la vie. Comme jadis le peuple d’Israël est passé par la mer Rouge pour être libéré d’esclavage, de même, chers baptisés de Pâques, vous allez passer avec le Christ à travers l’océan de la mort pour en sortir, avec lui, victorieux et pleins de vie. A travers l’eau du baptême, le vieil homme en vous est appelé à la destruction et à la mort, accueillant la vie divine qui fait de vous une création nouvelle dans le Christ. Cette eau fécondée par le Saint Esprit fait naître le nouveau peuple des fils et des filles de Dieu, un peuple de prêtres, de prophètes et de rois.

Le nouveau peuple de prêtres né du baptême prie le Seigneur, en le remerciant pour ses merveilles, action de grâce dont le sommet est l’eucharistie (la messe). Ce peuple de prêtres qui offrent à Dieu des supplications et des prières pour soi-même et pour le monde. C’est un peuple des prophètes qui annoncent la Bonne Nouvelle de Dieu et en témoignent concrètement, en répandant le parfum de Dieu, la bonne odeur du saint-chrême dans le monde ! C’est un peuple de rois, à la suite de Jésus-serviteur. Ils s’engagent à sa suite dans la dynamique du lavement des pieds et du service aux frères et sœurs, pour rendre l’Eglise radieuse, vivante, dynamique et notre monde plus juste, plus solidaire, plus fraternel.

Le dernier symbole est la joie marquée par le chant de l’alléluia ! Quand on est dans la joie, on se voit et se lit sur le visage. Une joie véritable se transmet, elle est contagieuse et rejaillit sur l’entourage.  Après quarante jours carême, nous avons chanté ce soir Alléluia pour exprimer la victoire du Christ sur la mort et sur le mal. La résurrection est la cause et la source de la joie que nous exprimons. Notre monde a tellement besoin de cette joie véritable que le Christ nous donne. Chers baptisés, finis avec les visages de deuil ! Même si la vie n’est pas facile chaque jour, la joie du Seigneur est notre rempart ! Partagez ce cadeau de la joie autour de vous. Soyez témoins de la joie chrétienne ! Vous donnerez ainsi au Christ ressuscité de nouveaux disciples. Notre Dieu n’est pas enfermé dans une tombe ! Jésus est vivant dans ta vie, dans l’Eglise, dans le monde. Il est vainqueur du mal et de la mort, Alléluia ! Soyons donc dans la joie !

Homélie du Père Joseph de la veillée pascale, année B (2024)2024-04-02T09:37:19+02:00

Edito : La joie pascale !

Parler de la joie pascale peut sembler décalé et déconnecté de la réalité actuelle, un grand défi pour les chrétiens. Un regard réaliste sur notre monde nous plonge forcément dans la tristesse et l’angoisse : la guerre est là et, sur tous les continents, se multiplient des zones de conflits, la communauté internationale est plus que jamais divisée, même les instances internationales, comme l’ONU semblent avoir perdu toute autorité et leur crédibilité. Nous vivons dans un monde où est revenu le règne de la loi du plus fort, l’inquiétude du terrorisme est revenue, l’alerte Vigipirate est son paroxysme, avec l’attentat qui vient d’avoir lieu à Moscou, les lettres de menace-attentat dans les lycées et à l’approche des JO de Paris cet été. L’économie mondiale est en crise, le déficit public se creuse en France et toutes les solutions envisagées alimentent les divisions et les peurs. Le respect de la vie humaine est plus que menacé. Nous sommes de plus en plus inquiets de l’avenir…. La tristesse et l’angoisse sont là de manière massive ! Bref, parler et témoigner de la Joie pascale peut paraître paradoxal.

Pourtant, au matin de Pâques, le contexte n’était pas à la joie. Quand Marie-Madeleine se rend au sépulcre, il fait encore nuit ! Il y avait des ténèbres ! Elle était au pied de la croix quand Jésus est mort et elle avait assisté à son ensevelissement. Mais la mort de Jésus n’a pas fait mourir en elle l’Amour. Tous ces événements malheureux et tragiques n’ont pas fait mourir l’amour dans le cœur de Marie-Madeleine et les saintes femmes qui vont au sépulcre au matin de Pâques. C’est dans cet élan d’Amour que les femmes ont pu faire l’expérience de la joie pascale, celle du tombeau vide et de la rencontre avec Jésus ressuscité. De même, les portes verrouillées de la maison où sont cachés les disciples, les cœurs tristes et remplis de peur, n’ont pas empêché Jésus de faire irruption et de se manifester à eux.  La peur et la tristesse ont cette force négative de nous fermer à l’amour en provoquant un repli sur soi parce que nous nous sentons vulnérables, méfiants, perdus et sans défense.

Et pourtant, malgré la peur, les portes verrouillées, la culpabilité… au matin de Pâques, Jésus a fait irruption dans la vie des apôtres. Cette rencontre avec le Ressuscité a fait renaître la joie dans leurs cœurs. La joie chrétienne se fonde dans l’amour du Christ vainqueur du mal et de la mort. Tel est l’appel de saint Paul dans la lettre aux Romains : « Si Dieu est pour nous, qui sera contre nous ? Il n’a pas épargné son propre Fils, mais il l’a livré pour nous tous : comment pourrait-il, avec lui, ne pas nous donner tout ? Qui accusera ceux que Dieu a choisis ? Dieu est celui qui rend juste :  alors, qui pourra condamner ? Le Christ Jésus est mort ; bien plus, il est ressuscité, il est à la droite de Dieu, il intercède pour nous :  alors, qui pourra nous séparer de l’amour du Christ ? la détresse ? l’angoisse ? la persécution ? la faim ? le dénuement ? le danger ? le glaive ?…. Mais, en tout cela nous sommes les grands vainqueurs grâce à celui qui nous a aimés.  J’en ai la certitude : ni la mort ni la vie, ni les anges ni les Principautés célestes, ni le présent ni l’avenir, ni les Puissances, ni les hauteurs, ni les abîmes, ni aucune autre créature, rien ne pourra nous séparer de l’amour de Dieu qui est dans le Christ Jésus notre Seigneur » (Rm 8, 32-39)

Pendant ces fêtes pascales, accueillons la joie du Jésus Ressuscité qui veut éclairer nos nuits ténébreuses, avec Marie-Madeleine, et faire sauter les verrous des portes barricadées et des cœurs verrouillés des disciples. Dans ce contexte de conflits, écoutons le Ressuscité qui nous dit : « la paix soit avec vous ! » (Jn.20,19), « Je vous laisse la paix, je vous donne ma paix ; ce n’est pas à la manière du monde que je vous la donne. Que votre cœur ne soit pas bouleversé ni effrayé. » (Jn 14, 27). Telle est la mission que nous donne le Ressuscité : être témoins de la joie pascale, de sa paix dans un contexte où tout conduirait à la peur et à la tristesse. Joyeuses et saintes fêtes pascales.

Edito : La joie pascale !2024-03-26T09:51:36+01:00

Homélie du Père Joseph du Vendredi Saint, année B (2024)

Mes chers frères et sœurs !

Quelle est votre passion ? Qu’est-ce que tu aimé passionnément ? As-tu déjà été aimé de passionnément ? As-tu déjà aimé quelqu’un de manière passionnée ? Quand tu aimes passionnément quelque chose, quelqu’un, tu es prêt à tout donner, tout dépenser ! Tu es prêt à aller à l’autre bout du monde pour voir la personne que tu aimes, tout dépenser pour aller voir le match de ton club de cœur. Es-tu passionné pour la vie ? Est-ce que les choses pour lesquelles tu te passionnes en valent vraiment la peine ? La passion donne la sensation de force, de joie et de bonheur. Mais, la passion est aussi douleur, souffrance.

Force, joie, bonheur, douleur, souffrance, angoisse, larmes…, toutes ces dimensions de la passion amoureuse sont présentes dans la Passion de Jésus qui nous aime d’un amour sans limite au point de mourir pour nous. Il accepte de souffrir, de mourir en croix par amour pour nous. Contemplons cet amour qui souffre en s’offrant totalement et gratuitement à nous, pour nous, et qui veut aussi s’offrir au monde entier à travers nos vies données pour les autres.

Ce qui a été sacramentalement et réellement visible hier pendant la Cène à travers le pain et le vin, Jésus le rend actuel dans sa passion, sa mort et sa résurrection que nous célébrons ce soir.  Nous pouvons penser à tout ce qu’il a enduré pour nous : l’agonie au jardin des Oliviers, la trahison de Judas, l’arrestation, la fuite des disciples, le portement de croix, les chutes sur le chemin, le reniement de Pierre, le couronnement d’épine, le soutien de Simon de Cyrène, la torture, les humiliations, les crachats, le procès injuste, la condamnation à mort, le crucifiement, son côté transpercé, la sépulture…

Comment tous ces faits touchent concrètement notre vie personnelle ?  Jésus a souffert pour moi, pour toi personnellement parce qu’il aime chacun de nous d’un amour infini et sa passion veut avoir un impact concret sur ma vie, ta vie personnelle.

Judas Iscariote a laissé le Diable prendre place dans son cœur au point de vendre Jésus. Et moi, et toi, quels sont ces petits intérêts pour lesquels nous sacrifions Jésus ? Ne m’arrive-t-il pas parfois, moi aussi, de vendre le Seigneur, de le trahir pour des intérêts plus ou moins grands que le monde m’offre. Jésus veut sauver aussi le Judas caché en toi, en moi, malgré nos petites et grandes trahisons, petits et grands reniements envers lui et envers nos frères et sœurs.

Malgré la trahison de Judas, rappelons-nous que si Jésus est arrêté parce qu’il se donne librement. C’est lui qui se livre pour nous. Devant lui, les soldats ont peur et tombent à terre : « Alors Jésus, sachant tout ce qui allait lui arriver, s’avança et leur dit : « Qui cherchez-vous ? » Ils lui répondirent : « Jésus le Nazaréen. » Il leur dit : « C’est moi, je le suis. » Judas, qui le livrait, se tenait avec eux. Quand Jésus leur répondit : « C’est moi, je le suis », ils reculèrent, et ils tombèrent à terre » (Jn18, 4-6).

Jésus est arrêté parce que son heure s’accomplit. Il veut glorifier le Père en accomplissant la mission pour laquelle il a été envoyée : réaliser notre salut en offrant librement sa vie. Il n’a pas cédé devant la tentation de descendre de la croix. Il préfère rester suspendu au bois de la croix ! Il préfère être abandonné de tous plutôt que de nous abandonner à une mort éternelle. La Passion du Christ nous dit que le salut, pour les chrétiens, est donné par Dieu gratuitement. Nous ne sommes pas sauvés par nos mérites mais gratuitement et par pure grâce à travers cet Amour qui se livre sur la croix.

Pour le monde, la passion du Seigneur présente un messie qui échoue, scandale pour les Juifs et folie pour les Grecs. C’est pourtant là que le Messie manifeste sa toute-puissance. Non pas dans la force qui s’impose, oblige, opprime et fait peur, mais dans cet Amour qui se donne totalement en acceptant de souffrir, de mourir… sans pourtant laisser la mort victorieuse. L’amour ne peut mourir et nous fait passer de la mort à la vie. La puissance de Jésus ne se manifeste pas seulement dans les miracles, dans la création. C’est sur la croix qu’il manifeste véritablement la puissance de son Amour. Sur la croix, Jésus montre ainsi que sa compassion embrasse toutes les vicissitudes de notre vie, nos frustrations, nos amertumes, nos deuils, nos solitudes, nos violences, nos maladies…Dieu n’est pas impassible ni indifférent à nos malheurs. Parce qu’il a tellement souffert, Jésus est capable de compatir réellement nos souffrances.

Au cours de cet Office, en contemplant Jésus mort en croix, présentons-lui les situations concrètes de souffrance : ces innocents, des enfants, des femmes, des personnes âgées qui meurent dans les camps de réfugiés à cause de nos guerres sans merci un peu partout dans le monde, nos souffrances causées par notre maladie ou celle d’un proche, le deuil qui nous touche de près ou de loin, les trahisons, les injustices, nos problèmes économiques, les difficultés professionnelles, relationnelles…  Jésus veut toucher toutes ces situations de souffrance si nous les lui offrons. Seigneur, donne-nous de recueillir dans notre vie les fruits et les grâces de ta passion et ta mort, pour ressusciter avec toi. Amen.

 

Homélie du Père Joseph du Vendredi Saint, année B (2024)2024-03-29T16:24:05+01:00

Homélie du Père Joseph du Jeudi Saint, année B (2024)

Chers frères et Sœurs,

Nous voici réunis pour célébrer l’Eucharistie en ce jour particulier qu’est le Jeudi Saint ; jour où nous faisons précisément mémoire de l’Institution de l’Eucharistie. Nous faisons mémoire de la Sainte Cène, c’est-à-dire, le dernier repas que Jésus prit avec ses apôtres. Mais bien plus qu’un repas, nous fêtons l’Amour d’un Dieu qui se donne en nourriture pour la vie éternelle. Il nous dit en effet, « celui qui mange ma chair et boit mon sang a la vie éternelle ».

Ce qui est au cœur du jeudi saint est un acte finalement habituel, banal, normal, naturel si on ne le considère que sous aspect externe : l’acte de se restaurer, de manger est tellement naturel. Jésus prend deux choses de la vie courante, de l’alimentation de base que tout juif pouvait se procurer : du pain et du vin.  Mais ces deux éléments ont une signification très importante dans la culture et dans la foi juive.

Dans le livre de l’Exode, Dieu donne au peuple hébreu des instructions autour du repas pascal par la bouche de Moise et d’Aaron : prendre un repas avant qu’il se mette en route pour sa libération. Un agneau sans tâche ni défaut sera immolé au coucher du soleil. Le peuple marquera les linteaux de la porte de la maison avec son sang. Il consommera sa chair avec des pains sans levain et des herbes amères alors qu’il sera rassemblé en maisonnée. Ceinture aux reins, sandales aux pieds, bâton à la main. « Vous mangerez en toute hâte : c’est la pâque du Seigneur. Ce jour-là sera pour vous un mémorial. Vous en ferez pour le Seigneur une fête de pèlerinage. C’est une loi perpétuelle. D’âge en âge vous la fêterez ! »

Osons faire un parallèle avec la libération que le Christ apporte au genre humain ! Au jardin d’Eden, Adam et Eve avaient mangé le fruit défendu et avait été chassés du jardin. En Egypte, le peuple hébreu mange un agneau immolé et il est chassé par le pharaon, mais libéré de sa terre de servitude par Moïse. Ces deux repas inaugurent des changements décisifs sauf que dans le deuxième, il s’agit d’une libération et d’une œuvre de Dieu.

Nous comprenons mieux alors que l’Eucharistie est, elle aussi, un repas qui inaugure un changement décisif. Elle est le point d’entrée dans la Passion pour Jésus. C’est au cours d’un repas que Judas va s’en aller pour aller trahir son Maître ? Et pour nous chrétiens, l’eucharistie, c’est-à-dire la messe, est le point d’entrée dans la vie de Dieu parce que nous y célébrons le sacrifice de l’Agneau immolé pour nous, Jésus, sacrifice qui nous réconcilie avec Dieu et nous donne d’entrer en communion profonde avec Lui. L’eucharistie est le repas qui nourrit en nous la vie divine reçue à dans le baptême. Et là, ce n’est plus Adam qui mange au jardin d’Eden, mais c’est bien le Nouvel Adam qui se donne lui-même en nourriture pour nous au cours de la messe.

La messe (eucharistie) opère un changement profond en nous, chaque fois que nous y participons. Dans chaque messe, Jésus qui est réellement présent nous touche. L’eucharistie touche notre être profond, mais elle ne supprime pas, comme par magie, nos défauts. La grâce de l’eucharistie ne supprime pas notre nature. Après l’avoir reçu, il nous faut encore collaborer à notre propre guérison, il nous faut un engagement pour qu’Elle transforme nos vies en offrande pour le monde. Pour illustrer, les apôtres après avoir reçu pour la première fois le corps et le sang des mains du Christ lui-même, plus tard vont quand même l’abandonner. De même, ne nous voilons pas le visage : nous sommes aussi capables de faillir. Nous avons donc besoin d’entretenir de manière continue la vie divine en nous par l’amour qui se donne dans l’eucharistie.

L’Amour du Christ se donne en oblation ! Dans sa lettre aux corinthiens, en parlant de la dernière Cène, saint Paul écrit : « J’ai moi-même reçu ce qui vient du Seigneur, et je vous l’ai transmis : la nuit où il était livré, le Seigneur Jésus prit du pain, puis, ayant rendu grâce, il le rompit, et dit : « Ceci est mon corps, qui est pour vous. Faites cela en mémoire de moi. » Après le repas, il fit de même avec la coupe, en disant : « Cette coupe est la nouvelle Alliance en mon sang. Chaque fois que vous en boirez, faites cela en mémoire de moi. » Oui, ce don est vraiment le sacrifice de sa propre personne. Mais ce don est aussi dans le lavement des pieds. Par ce geste hautement symbolique transparait un amour qui se donne dans le service, en toute humilité et surtout sans hypocrisie. La transformation que l’Eucharistie doit opérer chaque fois en nous doit nous donner un cœur qui aime en actes, concrètement, un cœur qui accepte de servir, de se donner aux autres et pour les autres, en toute humilité.

Alors, demandons-nous : de quelle manière rendons-nous service, quel est l’esprit qui caractérise nos genres de service ? Prêtres, religieuses, parents, époux, enfants, catéchistes…, dans ma responsabilité professionnelle. Mieux quel est l’impact réel de l’eucharistie, quel changement opère-t-elle, dans nos relations familiales, ecclésiales, personnelles, interpersonnelles, professionnelles ? Car Jésus nous dit : « Si moi, le Seigneur et le Maître, je vous ai lavé les pieds, vous aussi vous devez vous laver les pieds les uns aux autres. C’est un exemple que je vous ai donné afin que vous fassiez, vous aussi, comme j’ai fait pour vous ».

C’est un commandement nouveau que nous recevons du Seigneur aujourd’hui ! Il est urgent que chacun de nous le mette en pratique. A l’issue de cette liturgie, il nous faut urgemment nous engager sur cette voie du don et du service car si nous voulons être de témoins véridiques du fait que Jésus nous a lavé les pieds et s’est donné en nourriture pour nous. Nous devons nous donner à notre tour et nous laver les pieds les uns les autres, en faisant comme Lui, c’est-à-dire rendre à nos frères et sœurs les services dont ils ont besoin ; nous rendre présents auprès des pauvres, des malades, personnes âgées, prisonniers, les malaimés de la société, ceux que saint Vincent de Paul appelle « les cabossés de la vie », etc. Nous sommes témoins et contemporains de Jésus si nous agissons comme Lui et en mémoire de Lui. Laissons son amour irradier et transformer nos relations humaines.

Alors, chers frères et sœurs, entrons dans ce mouvement d’amour qui se donne. Laissons retentir ce commandement nouveau que Jésus nous redonne aujourd’hui. Et pour cela, nourris de l’Eucharistie, suivons Jésus à Gethsémani ; accompagnons-le sur son chemin de croix en souffrant avec lui sa Passion. Ainsi la joie du Ressuscité nous transportera dans un monde nouveau remplie par la lumière du ressuscité.

 

Homélie du Père Joseph du Jeudi Saint, année B (2024)2024-03-28T12:16:30+01:00

A-Dieu, cher Michel Remaury, diacre

Michel Remaury, diacre permanent du diocèse de Toulouse et membre de notre communauté paroissiale vient de nous quitter à l’âge de 89 ans, ce mercredi 20 mars. Notre communauté lui doit beaucoup. Ses funérailles ont été célébrées par Mgr Guy de Kerimel, archevêque de Toulouse, ce mardi 26 mars à l’église de Plaisance-du-Touch. Nous remercions Anne-Marie, son épouse, qui fut à ses côtés, toujours en mission au service de la communauté elle aussi, en communion dans la mission. Notre communauté remercie aussi Christophe et Laetitia, ses enfants ainsi que tous ses petits enfants pour tout le temps, l’énergie et la vie donnée de leur papa et grand-père Michel au service de l’Eglise et de notre communauté paroissiale.

Pratiquement aucun mouvement, aucun groupe, aucun temps fort, qui n’ait été accompagné à un moment ou à un autre par Michel durant toutes ces années. Notre communauté était pénétrée de son empreinte et de sa présence.

Armé de sa foi, de sa famille, de tout son Amour, Michel s’est toujours battu pour nous faire avancer, il a toujours été au service, sur tous les fronts. Pour toute arme, il avait sa foi, son immense tendresse, dissimulée par pudeur, ou par humilité, derrière un humour incroyable. Le service, encore et toujours, jusqu’au jour où il tomba, dans l’église de Plaisance-du-Touch, terrassé en pleine messe par un AVC. Vint alors le temps du combat pour vivre, là encore tellement soutenu par Anne-Marie et ses enfants. Nous voulons remercier les paroissiens, les membres du SEM et tout particulièrement ceux qui avaient la mission d’apporter la sainte communion à Michel. Notre communauté n’oublie pas de rappeler le souci démesuré de l’organisation et l’anxiété de l’excellence qui animaient Michel, en particulier dans le domaine de la liturgie.

Malgré notre peine, nous rendons grâce à Dieu pour l’homme et le diacre qu’a été Michel, et pour sa vie donnée au service de l’Eglise et de l’humanité.

A-Dieu, cher Michel Remaury, diacre2024-03-27T12:04:35+01:00
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