Homélie du Père Joseph du V° Dimanche de Pâques, année B (2024)
Mes chers frères et sœurs !
Dimanche dernier, nous avons contemplé la figure du Bon Pasteur qui connait ses brebis, les appelles chacune sa son nom et qui donne sa vie pour elles. Cela mettait l’accent sur la relation vitale qu’il y a entre les brebis et Bon Berger. Depuis ton baptême, Jésus t’appelle personnellement ! Il prend soin de toi et ne te confonds avec personne d’autre. De l’image pastorale du berger à ses brebis, nous passons ce dimanche à une image agricole ou viticole : la relation vitale entre le vigneron, la vigne et les sarments. La vitalité, la fécondité de notre vie dépend forcément de notre relation au Christ ressuscité sans qui nous ne pouvons rien faire.
Je n’ai pas fait l’Ecole d’Agriculture de Purpan et mes leçons d’SVT ou de Botanique sont tellement loin de moi ! Nous savons tous l’importance capitale des racines pour une plante. En plus c’est la saison de planter dans nos jardins potagers. Les racines absorbent l’eau et les sels minéraux pour alimenter ensuite tout l’organisme végétal. Cette eau et ces sels minéraux constituent ensuite la sève vitale sans laquelle la plante ne peut survivre. Si la plante est coupée des racines, elle meure et se dessèche. Aussi, si vous coupez une branche, un sarment de l’arbre, de la tige principale, ils se dessèchent parce qu’ils sont privés d’eau, des sels minéraux, c’est-à-dire, de la sève vitale que leur procurait la tige principale. Un arbre, une plante sans racine, c’est comme une maison sans fondation : condamnée à s’écouler au moindre petit coup de vent
Telle est la nature de la relation de chaque baptisé avec Jésus qui la Vigne dont dépendent toutes les autres parties de la plante, de sorte que chaque sarment ne peut subsister sans lui. Un sarment détaché et coupé de la vigne se dessèche forcément parce qu’il n’est plus alimenté par la sève de la vigne. La vitalité, la fécondité de notre vie humaine et chrétienne dépend de notre relation et de notre attachement au Christ. Coupé de Dieu qui est la Source de la vie, de l’Amour, de la Grâce, le chrétien vit dans une illusion en pensant qu’il peut se suffire de lui-même. En se coupant de Dieu, l’être humain se condamne petit à petit à dépérir et se contente d’une vie asséchée. Une vie baptismale qui n’est pas alimentés par l’eucharistie et les autres sacrements, par la prière, la Parole de Dieu finit par se dessécher.
Le drame, c’est qu’il a des convaincus du contraire. J’en vois qui viennent faire différentes demandes à l’Eglise, les baptêmes des enfants, mariages, obsèques…qui disent qu’ils sont chrétiens mais ne sentent aucunement le besoin ni l’envie de prier, d’aller à la messe…! Ils disent être heureux comme ça ! Ce sont-là des sarments qui se privent de la sève de la vigne, qui se dessèchent et meurent spirituellement à petit feu sans le savoir.
Notre vrai bonheur, la véritable réalisation de notre vie dépend de la manière dont nous sommés attachés au Christ, dont nous nous nourrissons, dont nous nous abreuvons au Christ Jésus qui est la source, dans une relation intime avec lui, à l’échelle d’une personne, d’un groupe, une société, voire d’un pays ou continent. Evacuer ou vouloir chasser Dieu, par toute sorte d’idéologie, de notre pays, du mouvement, d’une association, du service, c’est ouvrir la porte à une culture dans laquelle finalement, nous voyons mourir et disparaitre ce qui est spécifique et propre. On renie de manière idéologiques les racines chrétiennes de la France, de l’Europe, on affirma que la culture Française n’existe pas mais qu’il y a plusieurs cultures en France, puis on renie la dignité aux personnes en fin de vie ou en l’enfant à naître par des lois votées… Bref, moins racine et plus de culture de la mort ! On veut avoir un pays hors sol mais nous savons tous que tout ce qui est hors sol ne tient pas longtemps debout.
Il y a quelque temps, le pape François avait demandé la démission de tous les hauts responsables de la Caritas Internationalis (Secours Catholique) à Rome parce qu’il s’est rendu compte que le Secours catholique était devenu une sorte grosse d’ONG qui faisait le même chose que Amnesty International, Green Peace, en oubliant complétement sa dimension catholique et le message de l’évangile. Ça a fait du bruit dans certains milieux d’Eglise, et a conduit à la réforme de la Caritas pour repartir sur des bonnes bases qui se fondent et s’enracinent dans l’évangile. Le pape avait alors rappelé que la raison d’être de la Caritas qui est de manifester la charité du Christ auprès de plus pauvres, des plus fragiles.
Le père Jean Barba, ancien curé de Tournefeuille, d’heureuse mémoire, alors aumônier du Secours Catholique Toulouse-Ariège s’était mis en colère et se désolait de voir que les salaries du Secours Catholique au niveau du diocèse et de toute la France l’avaient transformé en une grosse association qui fait du bien certes, mais sans référence au Christ ni à l’Eglise Catholique. Imaginez que dans la paroisse où j’étais avant de venir ici, il y avait une responsable du Secours Catholique athée et anticléricale qui ne foulait son pied à l’église que pour distribuer les enveloppes et faire la quête impêrées au profit du SC. C’est la référence au Christ qui distingue le SC du Secours Populaire ! Quelle est l’identité des SGDF ? Si mouvement de SDGF n’est pas catholique, quelle sera son identité propre, ses racines ? Quelle différence avec les Eclaireurs de France, par exemple ?
Un chrétien qui veut porter du fruit met au centre de sa propre vie Jésus qui nous redit qu’en dehors de lui nous ne pouvons rien faire. Rester attaché au Christ est une question de volonté ! Le sarment sur la vigne n’est pas tout à fait libre de choisir de rester attaché à la vigne : cela peut dépendre des conditions climatiques, la grêle, une tempête violente qui détache le sarment… En revanche, notre attachement à Jésus dépend totalement de notre liberté : nous pouvons décider et choisir notre destin en restant attaché ou en nous coupant de lui. La foi est un don de Dieu, une vertu théologale, mais elle s’entretient et grandit à travers notre liberté et notre volonté, tous les moyens mis en place pour ne pas éteindre la lumière de notre baptême. Il suffit de regarder les péripéties de notre vie spirituelle et humaines pour nous rendre compte qu’il y des moments où nous avons plus choisi Jésus, et d’autres où nous avons choisi de nous éloigner de lui.
J’en ai fait l’expérience dans ma propre histoire : les moments de ma vie où je me suis moins uni au Christ par la prière et la vie sacramentelle, j’ai vu et senti ma vie manquait de fécondité et de joie, je l’ai vue dépérir et se dessécher petit à petit, et ce sentiment de sécheresse et de tristesse a été l’occasion de me rendre compte combien la joie dans ma propre vie dépend fondamentalement de ma fidélité et de mon attachement au Christ. C’est seulement dans la mesure où ma vie est attachée à Lui que je peux produire des fruits, comme la joie, la sérénité, la maîtrise de soi, la beauté rayonnante et vitale du Christ Ressuscité qui me rend capable de dire, comme saint Paul : « ce n’est plus moi qui vis, mais c’est le Christ qui vit en moi ». Dans mon ministère de prêtre et de curé, je me demande chaque jour dans quelle mesure je nourris ma vie spirituellement pour pouvoir nourrir celle de mes paroissiens.
« Moi, je suis la vigne, et vous, les sarments. Celui qui demeure en moi et en qui je demeure, celui-là porte beaucoup de fruit, car, en dehors de moi, vous ne pouvez rien faire » dit Jésus. Chaque fois que nous célébrons l’eucharistie, avec la communion, ceci se réalise de manière presque physique. Nous recevons le Christ, et comme dit saint Augustin, nous devenons ce que nous recevons, c’est-à-dire que nous devenons le corps du Christ, vivant de la vie du Christ, et appelés à avoir les mêmes attitudes du Christ parce que nous le portons en nous. Puisse l’eucharistie d’aujourd’hui nous aider à demeurer dans l’Amour du Christ, qui est la source qui rend féconde notre vie. Amen.