La dimension hautement pascale de l’eau dans notre foi !
Depuis une année, nous avons été privés d’eau bénite dans nos églises…! Les bénitiers à l’entrée sont secs ! Quand il a été possible, nous avons utilisé l’eau avec parcimonie et en faisant très d’attention. Une vidéo virale circulée sur les réseaux sociaux dans laquelle on voit un monsieur entrant dans supermarché. A l’entrée, il doit se désinfecter les mains avec le gel, mais il se signe de la croix comme s’il entrait dans une église… Cela illustre la frustration de beaucoup parmi nous qui ne peuvent plus se signer avec l’eau bénite en entrant de nos églises, par respect des mesures barrières. Au lieu de l’eau bénite à l’entrée, nous avons désormais le gel pour se désinfecter ! Lors des baptêmes, nous faisons désormais attention aux rites pour que l’eau ne devienne pas un moyen qui permet au coronavirus de circuler.
L’eau est pourtant massivement présente dans la bible, la foi et la liturgie chrétienne, en particulier pendant ce temps pascal. Dès le début de la création, « le souffle de Dieu planait sur les eaux » (Gn 1, 1) pour signifier la vie que Dieu donne à toute la Création qui est son œuvre. Nous en faisons intégralement partie mais Dieu la confie aux soins de l’humain créé à son image et à sa ressemblance. Il s’agit d’un devoir, une mission, une vocation. Les célébrations pascales mettent l’accent sur la symbolique de l’eau. Le Jeudi Saint, au cours du repas eucharistique, c’est le Seigneur qui nous appelle au service les uns des autres à travers le lavement des pieds pour nous laisser un exemple : « Si donc moi, le Seigneur et le Maître, je vous ai lavé les pieds, vous aussi, vous devez vous laver les pieds les uns aux autres » (Jn 13, 14). Cette année, il ne sera pas possible de vivre le rite du lavement des pieds. L’office du Vendredi Saint nous invite à « lever les yeux vers Celui dont le cœur est transpercé » (Jn 19, 34-37) pour contempler ce Cœur d’où jaillissent de l’eau et du sang, symbole des sacrements à travers lesquels Dieu nous transmet sa propre Vie dans l’Eglise.
La Vigile Pascale et le dimanche de Pâques avec l’importance accordé au baptême, sont caractérisés par la présence massive de l’eau. Dans la liturgie de la Parole, plusieurs textes parlent de l’eau : l’eau sur laquelle plane le souffle de Dieu lors de la création qui est la première Pâque, le passage du chaos à la vie (1ere lecture). Ensuite la traversée de la Mer Rouge à pied-sec qui est le cœur de foi du peuple Hébreu, libéré de l’esclavage en Egypte à la liberté dans la Terre Promise. C’est la troisième lecture tirée de l’Exode, obligatoire au cours de la veillée pascale. Le prophète Isaïe nous rappelle que Dieu étanche notre soif en nous abreuvant gratuitement (5è lecture) tandis qu’Ezéchiel nous rappelle que Dieu nous purifie de toutes nos souillures et de toutes nos idoles en répandant sur nous une eau pure qui fait de nous de créatures nouvelles (7è lecture). Dans le psaume 50, nous nous unissons à la prière du psalmiste suppliant le Seigneur dans sa miséricorde infinie : « lave-moi tout en entier de ma faute, purifie de mon offense ! » L’épître aux Romains explicite la dimension pascale du baptême qui nous lave de tout péché et plus particulièrement du péché originel, en mourant avec le Seigneur pour ressusciter avec Lui.
Le contexte pandémique ne nous permet pas de prendre toutes ces lectures de la Vigile pascale que nous allons célébrer au petit matin cette année, le dimanche 4 avril à 6h30. Je vous invite néanmoins à prendre le temps de lire ces beaux textes qui nous rappellent comment le Seigneur nous lave, nous purifie, nous pardonne, nous abreuve, nous bénit, nous sanctifie, lui qui nous invite à nous unir à Lui, dans sa mort et sa résurrection, pour être des créatures nouvelles. Sainte et Joyeuse Pâques !