Mes chers frères et sœurs !
Je voudrais vous poser une question ! Quelle image ai-je de Dieu ? Quelle est l’image de Dieu quand je parle de lui autour de moi ? Quelle image les gens qui m’entendent, me voient se font-ils de Dieu ? Voilà quelques questions qu’ils convient de se poser aujourd’hui parce que le visage que je donne de Dieu permet de donner envie ou alors pas envie de le connaitre ! Vendredi soir après une journée bien difficile au conseil épiscopal (c’est la fin d’année et c’est parfois compliqué pour l’évêque et son conseil), je suis venu à l’labour pour la messe de 18h00 : La messe venait juste de commençait qu’un jeune homme, âgé de 15 ans, est entrée dans l’église. Il est resté à la messe, et à la fin, après le chant à Marie, nous avons pris le temps de discuter !
Il voulait me parler, mais moi aussi je voulais discuter avec ce jeune de 15 ans que je vois à la messe en semaine pour la première fois. Quel cadeau ! Julien a découvert chrétienne de la foi grâce à une amie du collège qui est chrétienne catholique, tellement radieuse et heureuse d’être chrétienne qu’elle donné à Julien envie de connaître un peu le Dieu des chrétiens. Julien a cheminé, est follower d’un prêtre et un jeune catho sur Tiktok, a acheté la Bible (d’accord, il s’est trompé en achetant une bible Louis Segond, mais pas grave !) qu’il a commencé à lire ! Il en est au première livre des Rois ! Julien est heureux de devenir chrétien. Il a demandé le baptême mais tout cela est parti de l’image de Dieu que lui a transmis sa copine qui maintenant déménagé pour une autre ville. Julien est probablement parmi nous en ce moment. Très souvent nous détruisons l’image de Dieu en parlant parlons mal de lui, en le décrivant comme « puissant dans sa force », comme « juge ou surveillant intransigeant », presque un despote bipolaire et imprévisible dont il faut se méfier et avoir peur….
Qu’il est horrible ce Dieu qui laisse mourir de famine les enfants, qui n’arrête pas les guerres, qui laisse mourir une jeune famille d’un cancer, qui ne résout pas les nombreux problèmes des hommes, qui laisse la nature se déchainer comme cette éruption volcanique qui détruit la ville de Goma, déjà malheureuse et victime de guerre, des massacres, des épidémies comme Ebola… et comme si cela ne suffisait pas, les gens doivent partir et quitter la ville parce que la conjugaison entre séismes répétés, l’éruption volcanique et la forte concentration du gaz méthane dans le lac Kivu risque à tout moment d’exploser la ville. Quelqu’un peut se demander que fait Dieu devant tant de malheurs ? Pourquoi ne fait-il pas quelques choses s’il est tout-puissant ? Pourquoi reste-t-il indifférent s’il est bon et plein d’amour…? Bref, nous avons parfois l’image d’un Dieu qui terrorise, qui ne donne pas envie qu’on l’aime. Même les athées, ceux qui croient ne pas croire se font une image, une idée de Dieu… parce qu’en fait, ils se sont faits ou alors, nous les croyants, leur avons transmis une idée horrible, terrifiante, détestable de Dieu qui les pousse à se décider de ne pas croire en lui.
« Au nom du Père, et du Fils et du Saint Esprit ! » Combien de fois nous répétons, parfois machinalementcomme en ce moment, cette formule ! La solennité de la Trinité Sainte que nous célébrons a pour finalité de nous rappeler ce que signifie vraiment être chrétien, ce que cette formule implique pour nous.
D’abord, cette formule implique que la foi chrétienne, tout en étant absolument, rigoureusementmonothéiste, c’est-à-dire croyant en un Dieu unique, est totalement et rigoureusement différente deux autres monothéismes, c’est-à-dire, du judaïsme et de l’Islam. Jésus a été condamné à mort parce qu’il disait qu’il était Fils de Dieu, et se faisait ainsi l’égal du Père… Ce qui est un blasphème dans le judaïsme. Quant à l’Islam, cette foi chrétienne en un Dieu en trois Personnes est qualifiée de polythéisme ! La foi chrétienne est un « monothéisme trinitaire ». Cela veut dire que nous professons la foi en un Seul Dieu mais en Trois Personnes. C’est la foi de notre baptême ! Nous avons été baptisés au nom du Père, et du Fils et du Saint Esprit. Ce sont les Personnes dont il s’agit dans le Credo. Nous le rappelons aussi dans la conclusion de toutes les prières liturgiques : « Nous Te le demandons par Jésus Christ ton Fils, qui vit et règne avec toi, dans l’unité du saint Esprit, maintenant et pour les siècles des siècles. Amen »
Trois personne, mais un Seul Dieu. C’est plus compliqué que dans le mariage. Pour vous les fiancés, futurs mariés, le sacrement de mariage dit : « ils ne sont plus deux, mais un seul ! Un plus un égal Un, communion de cœur et de corps ! Cela dépasse les formules mathématiques. Pour la trinité sainte, c’est 1+1+1 =1. Un beau et grand mystère dont découlent tous les autres mystères de notre foi, mystère dépassant les capacités humaines, incompréhensible, inexplicable par le biais de la raison humaine, mais accessible seulement par la grâce de la Révélation de Dieu.
Une anecdote illustre l’incapacité humaine à comprendre le mystère de la Trinité Sainte. Il s’agit de la tentative de l’un des plus grands théologiens de l’histoire de l’Eglise. Saint Augustin d’Hippone est celui qui a laissé un des grands traités sur la Trinité sainte, le De Trinitate. On raconte qu’un jour, Saint Augustin se promenait, faisant des va et vient sur la plage, au bord de la Méditerranée, plongé dans une grande réflexion pour comprendre et s’expliquer le mystère de la Trinité. Tout d’un coup, il est intrigué en voyant un petit garçon qui avait creusé un petit puits dans le sable et avec un petit seau, il essayait vider l’eau de la mer pour remplir son trou de sable. « Que fais-tu petit enfant ? », lui demanda saint Augustin. « Je veux vider la mer dans ce mon petit puits de sable », lui répondit le petit garçon. « C’est impossible, mon enfant, tu ne peux y arriver ? ! Vois combien la mer est immense et trop grande pour ton petit trou de sable perméable ». L’enfant lui répliqua : « Et toi, comment peux-tu prétendre contenir l’immensité du mystère de Dieu dans petite intelligence ? ». L’enfant disparut tout d’un coup et saint Augustin comprit que c’est un ange qui lui avait été envoyé pour lui expliquer qu’on ne peut comprendre le mystère de la Trinité Sainte par la raison.
Ceci fit réfléchir saint Augustin qui comprit dès lors que le mystère de la Trinité ne peut être compris que par le cœur, par l’intelligence de notre cœur. C’est le cœur que nous comprenons la communion des trois Personnes de la Trinité qui agissent ensemble depuis l’Origine. Notre salut n’est pas l’œuvre du Christ seul, mais de toute Trinité Sainte. Jésus ne nous sauve pas en solitaire, comme certains par orgueil, amour propre ou égoïsme, prétendent faire le bien tout seul, sans l’aide des autres. Le Père a voulu sauver l’humanité en nous offrant aussi la possibilité de retisser une relation avec lui, relation rompue par le péché originel et actuel. Pour cela, le Père a envoyé son Fils qui, pour réaliser cette mission, a pris complétement la nature humaine. Avec sa mort et sa résurrection, il a racheté l’humanité entière. Il l’a fait une fois pour toute, il y a plus de deux mille ans à Jérusalem.
Cet événement éloigné dans le temps et dans l’espace reste toujours actuel et accessible à chaque être humain, de tout temps et dans tout pays, et s’opère grâce à la présence de la troisième Personne de la Trinité sainte, c’est-à-dire, le saint Esprit, actif et opérant dans le baptême et dans tous les sacrements et dans le cœur de tous les baptisés
La volonté du Père, accomplie par le Fils, est poursuivie aujourd’hui grâce au Saint Esprit : Dieu Unique en trois Personnes, intimement unies mais distinctes, opérant en parfaite communion et syntonie. Dieu désire nous faire entrer dans cette communion trinitaire. Jésus a prié pour que nous soyons plongés dans cette unité trinitaire, entre le Père et le Fils par le Saint Esprit : « Que tous soient un, comme toi, Père, tu es en moi, et moi en toi. Qu’ils soient un en nous, eux aussi, pour que le monde croie que tu m’as envoyé. » (Jn 17, 21). Nous avons été créés à l’image et à la ressemblance de ce Dieu unique mais en trois Personnes. Cela veut dire que nous sommes faits pour être en relation, en communion, en communication vraie, en dialogue, don total de soi comme dans le mariage, accueil de l’autre, collaboration et amour… Ce Dieu-communion nous révèle que l’égoïsme contredit notre nature profonde car nous sommes faits pour être en relation, pour nous donner aux autres et nous recevoir d’eux.
Au cours de cette eucharistie, prions en particulier pour tous ceux qui reçoivent les sacrements actuellement, en particulier les fiancés présents aujourd’hui, afin qu’ils puissent recevoir la grâce d’être plongés dans cet Océan d’Amour trinitaire dans lequel réside notre vrai bonheur, en se laissant aimer par Dieu, le Père, le Fils et le saint Esprit. Amen.