Tous les Saints
Mes chers frères et sœur !
Dimanche dernier, Jésus nous rappelait que pour avoir en héritage la vie éternelle, il nous faut observer le plus commandement résumé dans ce binôme : aimer Dieu et aimer son prochain comme soi-même. A l’occasion de la fête de tous les saints, Jésus nous invite de nouveau à contempler cet Amour qui rend heureux, et qui fait de nous des saints. Sans amour pour Dieu et pour le prochain, il est impossible d’être vraiment heureux. Sans amour, la sainteté est quelque chose d’impossible. Dans un contexte où nous nous faisons du souci pour notre santé physique, où tout est mis en œuvre pour préserver la santé du corps avec toutes ces mesures sanitaires que nous observons depuis des mois, et que nous devons observer par amour pour nous-même et pour le prochain, on dirait à loi suprême de la santé du corps , – quelque chose de très important et dont nous devons prendre soin car le Seigneur lui-même nous le montre quand il guérit toute sorte de maladie et d’infirmité-, la fête de la Toussaint, au début de ce nouveau confinement nous invite, nous qui voulons avoir des corps SAINS, à chercher aussi à devenir des SAINTS, c’est-à-dire, à désirer la SAINTETE. Comme je l’ai écrit dans l’édito du Trait d’Union, nous devons soigner, prendre soin de notre vie terrestre dont les nombre d’années dure, comme dit le psalmiste, 80 ans pour les plus vigoureux !
Les maladies qui conduisent à la mort du corps, nous en avons déjà eu, nous en pâtissons aujourd’hui et elles nous font terriblement peur, certaines beaucoup plus de la Covid19, nous aurons encore ces maladies qui nous inquièteront dans l’avenir….et qui certainement conduiront la mort du corps. La vie terrestre est passagère….mais, la fête de la Toussaint nous rappelle que nous sommes appelés et faits pour la Vie éternelle, mais cela, nous l’oublions parfois. En fait, nous mettons en œuvre tellement de choses, faisons beaucoup d’efforts et des sacrifices pour prendre soin du corps, appelé pourtant à dépérir un jour…. mais nous oublions malheureusement souvent à prendre soin de notre âme grâce à laquelle nous sommes appelés à la sainteté, à la vie éternelle en communiant, dès à présent, à la vie divine agissant en nous à travers les sacrements et beaucoup de nourritures spirituelles dont nous serons privés de nouveau avec ce confinement.
C’est ici et maintenant que nous devons cultiver la sainteté, dans notre vie ordinaire, de baptisé, dans la famille, la communauté ecclésiale, professionnelle, associative. « Soyez saints, soyez parfaits, comme votre Père céleste est parfait », nous dit Jésus. La sainteté se vit ici, sur terre, pendant notre pèlerinage, jour après jour. Elle est ensuite reconnue, tôt ou tard, par l’Eglise, lors d’une béatification ou canonisation. Combien des saints vivent autour de nous, mais que nous ne voyions pas, parce qu’ils mènent une vie tellement simple, avec un amour simple, sans fanfare ni trompette. Nous les méprisons même parfois ! Ce sont les « saints du voisinage, ceux de la porte d’à côté », comme le dit le pape François. Ce n’est pas la reconnaissance publique qui compte pour celui qui veut incarner l’esprit des béatitudes. Un saint ne cherche pas de le démontrer, le prouver, comme ces hypocrites, Pharisiens, Scribes et Docteurs de la Loi contre lesquels Jésus s’est tellement mis en colère. Bien agir, bien parler, prier, rendre service, aller à la messe… dans le seul but de donner un bel et bon exemple ne conduit pas à la sainteté, car la vraie sainteté n’est pas ostentatoire ni hypocrite. Elle se vit naturellement, simplement, sans tambour ni amplificateur. Un jour où l’autre, cette sainteté évidente portera ses fruits car ce sont les autres qui en témoigneront, et nous serons déjà morts, physiquement, mais vivants, dans le cœur des gens et surtout dans le Cœur du Seigneur. Vous n’avez qu’à regarder ce qui est dit, parfois de manière exagérée, lors des célébrations des funérailles : que d’éloges lors des hommages au défunt. On souligne ce qu’il a fait de bien, pour demander au Seigneur de le regarder avec bonté et miséricorde afin de leur donner la vie éternelle.
En effet, les béatitudes sont comme les clichés négatifs de la société et de la mentalité humaine dans sa réalité ordinaire. Dans les béatitudes, le noir devient le blanc et le blanc devient le noir. Ce qui est pour le monde, pour la société un vrai et réel échec, les béatitudes le célèbrent comment une victoire : « Heureux les pauvres, heureux ceux qui pleurent, heureux les persécutés » : ça ne marche pas humainement ! Ce qui est considéré humainement comme étant une bénédiction, les béatitudes nous disent qu’il s’agit là d’un malheur, une malédiction. Un vrai contrepied à notre mentalité actuelle, comme quand Marie dit, dans le Magnificat : « Dieu élève les humbles, renverse les puissants, il comble des biens les affamés, mais renvoie les riches les mains vides ». Tout ceci est tellement humainement faux, mais il s’agit bien de la vérité de Dieu, et c’est en cela que réside la sainteté.
Nous disons souvent : « le monde appartient aux plus malins, aux plus rusés, aux puissants, aux pourris, aux plus riches, ceux qui savent profiter des faiblesses des autres, qui les écrasent dans les compétitions, ceux qui savent faire les coups bas aux autres, ceux qui rendent le mal pour le mal, de manière sournoise ». La société nous donne l’impression que c’est cela le bonheur, la réussite. Et de fait, l’inculquons parfois à nos enfants.
A travers ces béatitudes, le Seigneur nous dit la Vérité que la société ne veut et ne peut comprendre, parce qu’humainement paradoxale et scandaleuse : « le monde appartient aux faibles, à ceux qui ne profitent pas des situations, le monde appartient aux gens honnêtes, aux gens simples, les pauvres de l’évangile, aux persécutés….» Et ce n’est pas parce que le monde ne veut pas l’entendre que cela n’est pas vrai. Notre monde est rempli des gens médiocres, des vendeurs de paroles… mais qui ont la côte, ces experts que nous voyons sur tous les plateaux de télé pour nous asséner des vérités que nous devons gober, avaler, et parfois, entre eux, ils se contredisent, se battent, ont du mal à reconnaitre qu’ils se sont trompés, comme on peut le voir à travers les recommandations et mesures prises depuis que nous souffrons de cette pandémie. Pour beaucoup dans la société, ces gens-là ont réussi et sont mis sur le piédestal, ce sont les icônes du monde. Mais, la fête de la Toussaint nous présente d’autres icônes, qui ont passé par la voie de la faiblesse, de la souffrance, de la mort, comme Jésus qui meurt en croix, abandonné, humilié, mais qui a aimé, jusqu’au bout.
Oui, désirer être saint, dans notre quotidien, c’est aussi accepter de vivre en contradiction avec l’esprit du monde. Je ne vous demande pas de quitter le monde, mais d’être dans le monde des lumières, de toutes petites lumières, sans prétention ni orgueil, qui vivent l’esprit des béatitudes, la pauvreté du cœur qui s’oppose la mentalité tellement actuelle de vouloir, comme Adam et Eve, prendre la place de Dieu au lieu d’accepter de dépendre et de tout recevoir de Lui, la pureté de cœur, qui s’oppose à la luxure et au plaisir tellement exalté par le monde, un chrétien désireux de sainteté prône la non-violence et la culture de paix, dans cette période violente où on peut égorger un prof dans la rue, des chrétiens dans une église, comme le père Jacques Amel, ces trois chrétiens tué jeudi dans la basilique Notre-Dame à Nice, tirer une balle sur un prêtre pendant qu’il ouvre ou ferme la porte de l’église, comme cela s’est fait ce samedi 31 octobre à Lyon. Il vit la douceur comme Jésus « doux et humble de cœur » dans une société où la douceur est devenu une faiblesse, la miséricorde, la tendresse, pardonner, quand la société considère ces vertus comme des arguments des faibles.
Les saints ont tous un jour été pris pour des fous. Aujourd’hui, nous les vénérons dans leur ensemble, ceux qui figurent officiellement sur le calendrier liturgique, et ceux, plus nombreux, connus seulement par le Seigneur, et que nous croisons probablement, dans nos familles, dans nos communautés, qui vivent simplement leur foi, qu’on qualifie de manière caricaturale de simples gens ou gens simples, ceux qui croient, donnent, pleurent, construisent un monde meilleur sans faire de publicité. Ce sont ces saints que nous célébrons aujourd’hui et c’est leur soutien que nous implorons en cette période douloureuse et triste.
Que Dieu nous garde tous en bonne santé physique ! Demandons, surtout pendant ce temps de confinement, de creuser en nous le désir de la santé de l’âme, de la sainteté à laquelle il nous appelle depuis notre baptême. Demandons aux saints que nous connaissons, dont nous portons le prénom, ceux pour lesquels nous avons une vénération particulière…de nous venir en aide, nous qui sommes encore pèlerins ici-bas, pour partager un jour leur gloire, au ciel, pour l’éternité. Amen.