Mes chers frères et sœurs,

Si vous êtes des habitués des épîtres de saint Paul, vous avez certainement remarqué que saint Paul s’adresse souvent aux saints. Par exemple, il s’adresse aux « saints qui habitent à Ephèse » au début de sa lettre aux Ephésiens, ou aux « frères sanctifiés » par la foi en Jésus Christ dans la Lettre aux Colossiens. C’est comme s’il écrivait aux saints qui sont à Saint Simon, à Lardenne, à Plaisance, à Tournefeuille, à La Salvetat  Saint Gilles….En fait, quand saint Paul écrit à ces communautés qu’il qualifie « communautés des saints », il n’écrit pas à ces personnages particuliers qui sont sur des piédestaux, que nous  invoquons dans la litanies, ces saints que nous vénérons et dont on peut voir les statuts dans nos églises, dont nous contemplons les images, les sculptures, les icônes de piété, comme la Vierge Marie, saint Joseph, sainte Bernadette, Germaine de Pibrac, Exupère, Ignace, Thérèse d’Avila, de Lisieux ou Mère Teresa de Calculta….

Dans l’Eglise naissante, le terme « saint » était utilisé pour indiquer quelqu’un qui a reçu le baptême et qui vit de l’évangile du Christ avec ses frères et sœurs chrétiens. Tout simplement, un saint, dans l’Eglise naissante, c’est un chrétien, un baptisé qui s’efforce de vivre de l’évangile, qui cherche à imiter le Christ qu’il choisit comme Modèle et Sauveur ! Bref, un saint, pour au début de l’Eglise, c’est chaque vrai chrétien, c’est nous tous qui avons été « choisis, dans le Christ, avant la fondation du monde, pour que nous soyons saints, immaculés devant lui, dans l’amour. Il nous a prédestinés à être, pour lui, des fils adoptifs par Jésus, le Christ. » (Eph 1, 4-5). Cela veut dire que pour les premiers chrétiens comme ceux aujourd’hui, nous les chrétiens du troisième millénaire, l’objectif à atteindre, le but final, c’est la perfection, c’est-à-dire, la sainteté, à chercher, à nourrir, à cultiver sans beaucoup de rhétorique mais en vérité, par une vie vraiment conforme à l’Evangile.

La sainteté est la vocation commune à tous les baptisés, au-delà des dons et des charismes de chacun. Elle est un exercice permanent qui se réalise à travers l’Amour vécu concrètement, fondé dans la Foi et soutenu par l’Espérance. La sainteté n’est pas une idéologie, ni un ensemble des théories, ni d’abord une décision humaine volontariste… Elle est d’abord un appel de Dieu qui est le seul Saint, notre Père qui est aux cieux, et dont Jésus son Fils unique nous appelle en disant, à la fin de son discours sur les béatitudes : « vous donc, soyez parfaits (soyez saints) comme votre Père céleste est parfait » (Mt5, 48).

La fête de tous les saints nous rappelle que depuis les premiers disciples jusqu’au plus récent des baptisés, nous devons tous viser et désirer la sainteté. L’évangile des béatitudes est un appel de Jésus qui nous dit que si nous les vivons en vérité, nous sommes sûrs et certains de parvenir à la sainteté qui consiste en une vie pleinement et éternellement bienheureuse avec Dieu. C’est cela que décrit l’Apocalypse : « voici une foule immense, que nul ne pouvait dénombrer, une foule de toutes nations, tribus, peuples et langues. Ils se tenaient debout devant le Trône et devant l’Agneau, vêtus de robes blanches, avec des palmes à la main ». Il s’agit donc d’une foule immense dont nous pouvons faire partie. Il s’agit d’abord des saints les plus connus presque 200, dont on célèbre fêtes et mémoires au cours d’une année liturgique, et tous les autres, un peu plus de 13 000, qui ont été reconnus saints et canonisés par l’Eglise Catholique. Ceux-ci qui vont des contemporains de Jésus à saint Paul VI et Mgr Oscar Roméro, le plus jeune saint Carlo Acutis, le saint patron des réseaux sociaux, ou alors saint Charles de Foucault, le frère universel dont la célébration de la canonisation n’a pas eu lieu à cause de la Covid19….

Mais les saints dont il s’agit aujourd’hui, c’est aussi ces innombrables hommes et femmes cachés et perdusdans les méandres de l’histoire humaine, ces saints inconnus des hommes, même de l’Eglise, mais dont les prénoms sont éternellement gravés de manière indélébiles dans le cœur de Dieu. Tout en ayant été marqués par le péché, comme chacun de nous, ces saints inconnus ont demandé pardon, se sont convertis, ils ont été bénéficiaires et témoins de la Miséricorde de Dieu. Il y en a eu probablement dans nos familles, parmi nos amis, nos parents, nos voisins, ces saints de « la porte d’à côté » dont parle le pape François, des membres de nos paroisses, de notre mouvement, un voisin, une voisine de banc à la messe, à la prière, que j’ai croisé au supermarché, lors d’un pèlerinage, celui avec qui j’ai marché, prié, partagé un repas ou même un apéro, avec qui j’ai chanté à la chorale ou partagé la même profession, le même bureau…

Ces saints inconnus sont ceux que nous avons aimés, respectés et admirés, et auxquels nous penserons aussi demain parce qu’ils ne sont plus de ce monde. Parce que nous ne sommes pas encore sûrs de leur condition actuelle (ils pourraient en effet être au purgatoire où ils se préparent à la rencontre définitive avec Dieu), nous prierons pour eux demain pour les aider un peu par nos prières et les messes que nous faisons célébrer au cours de l’année pour les recommander à Dieu. C’est le sens de commémoration des fidèles défunts que nous célébrerons demain, au lendemain de la Toussaint. Tout ceci nourrit ce désir de les revoir un jour devant la face de Dieu.

Savez-vous pourquoi l’Eglise a-t-elle canonisé et continue à canoniser des saints ? La réponse est le fait que l’Eglise veut offrir à chacun de ses enfants des intercesseurs sûrs auprès de Dieu, et des modèles dans la vie de tous les jours. Un saint nous est donné pour nous porter dans la prière et pour que nous essayions de l’imiter. En canonisant un saint, l’Eglise montre à chaque baptisé qu’il est possible de vivre l’évangile dans les conditions les plus diverses de la vie. Les saints sont des signes et des manifestations de la bonté de Dieu qui appelle tous les humains, en dépit de leurs péchés et fragilités, à partager sa sainteté et sa vie éternellement. Les saints sont des signes de la justice de Dieu qui ne fait pas de différences entre les personnes : les saints sont des hommes et des femmes, des riches et des pauvres, des puissants et des esclaves, des vieux et des jeunes, de prêtres, des religieuses, des époux, des célibataires, des parents… bref, de gens de tous âges, toute culture, toute condition sociale, toute langue, de tous les continents… bref, sans discrimination aucune : malgré leur différence, ils ont tous en commun d’avoir suivi et imité Jésus.

Les saints que nous célébrons sont le signe du projet que Dieu veut réaliser pour l’humanité : dans leur variété, les saints redisent que la sainteté n’est pas une utopie, mais bien une possibilité pour chaque humain, en tout temps et en tout lieu. Si nous parlons de globalisation et de mondialisation au niveau économique et culturel, la fête de la Toussaint nous rappelle la globalisation de la sainteté qui peut être atteinte par tous sans discrimination : toute l’humanité est appelée à connaitre Jésus qui donne à chacun la grâce de partager sa vie en plénitude, et c’est cela qui est la sainteté, le Vrai Bonheur. Puissions-nous aspirer et désirer ce bonheur infini pour nous-mêmes et pour nos frères et sœurs. Amen.