Mes chers frères et sœurs !
Le carême a bel et bien commencé depuis mercredi. Pendant ce temps de désert, Jésus nous appelle à cheminer avec lui car il veut nous révéler l’ampleur de son Amour à travers sa vie donnée sans compter sur la croix. Pendant le carême, Jésus nous appelle à plus de solidarité entre nous et envers les plus pauvres ! Lui, le premier, a été solidaire avec nous, se mélangeant aux pécheurs pour un baptême de conversion dont il n’avait aucunement besoin. Après avoir pris notre nature humaine, se mélanger aux pécheurs, sans avoir aucun péché à confesser, est le premier signe de solidarité et de communion dont il nous témoigne. Dans l’évangile de ce premier dimanche de Carême, Jésus nous invite à le suivre au désert où nous contemplerons sa présence, le rencontrerons personnellement. Nous y aurons soif, mais c’est lui qui va nous abreuver par sa présence. Nous aurons faim, et sa Parole sera notre nourriture. Nous aurons peur, mais c’est lui qui va nous rassurera pour nous conduire jusqu’au bout !
Ne pardons pas de vue que le Carême est toujours un temps de grâce. Demandons cette grâce pour les catéchumènes qui vont célébrer l’Appel Décisif ce dimanche après-midi à la basilique sainte Germaine de Pibrac. Parmi eux, 15 adultes de notre ensemble paroissial qui seront baptisés à Pâques ! Ils se sont laissé toucher par l’Amour du Christ et veulent le suivre dans la foi. Mais vous le savez, être chrétien est parfois une marche longue et ardue dans le désert : cette période sera un temps de combat spirituel pour eux et pour nous aussi, mais rappelons-nous toujours que Jésus a mené le même combat contre le Malin lors des tentations au Désert et au jardin de Gethsémani et qu’il en a été vainqueur. Jésus est aussi avec nous pour nous aider à être vainqueurs nous aussi dans nos combats contre le mal, si nous le laissons devenir maître de nos vies.
Le désert, c’est aussi lieu de la mort ! C’est dans ce lieu où Jésus affronte la tentation et la grande difficulté de choisir, difficile exercice de notre liberté limitée dont nous faisons l’expérience. Nous savons tous que par notre liberté, nous pouvons poser de choix pour la vie et pour la mort, pour le bien et pour le mal. C’est ici l’appel à chacun de nous, en ce temps de carême, de regarder qu’est-ce qui, dans notre vie, doit mourir. Saint Paul nous rappelle sans cesse que nous devons laisser mourir le vieil homme qui est en chacun de nous, pour laisser v grandir et vivre l’homme nouveau ressuscité avec le Christ. C’est cela la conversion du temps de carême : affiner et éclairer notre liberté qu’elle choisisse la vie, le bien, la vérité, l’amour, en luttant contre tout ce qui conduirait notre monde ou nous-même à la mort.
Le désert, c’est aussi le lieu du Tentateur, du Diable. Oui, Satan existe et est toujours à l’œuvre, voulant, comme un lion qui rugit et qui veut faire de nous sa proie, comme nous dit saint Pierre. Le Diable, pour beaucoup de nos contemporains est devenu une sorte d’héros romantique, qui exalte et fascine, surtout la jeunesse. Satan est devenue une figure tragique qui suscite à la fois curiosité et intérêt. On attend des courant de pensée qui se revendique diabolique. On parle de plus en plus du satanisme qui fait dont sont adeptes beaucoup de nos contemporains, en particulier les jeunes. Cela se manifeste dans la musique, l’art, l’habillement, le cinéma… ! Satan fascine beaucoup, il fait vendre et gagner beaucoup d’argent dans notre société.
Jésus appelle à nous laisser plutôt fasciner par son Père sur lequel il s’est appuyé dans le désert au moment des tentations. Jésus nous redit, en ce début de Carême, que Satan n’est pas le maître de notre liberté et de notre raison, et que malgré les tentations, nous avons toujours la possibilité de choisir le Bien et l’Amour, … bref, de choisir Dieu. Comme nous les voyons dans les trois tentations.
– D’abord le pain. C’est la tentation du bon sens. Jésus a faim. Il faut qu’il survive. En s’appuyant sur les Ecritures, Satan porte le visage de quelqu’un qui est de très bon conseil et qui a du bon sens. C’est quand même du bon sens que de prendre soin de soi, de manger quand on a faim et de satisfaire nos appétits charnels, à faire attention à notre hygiène de vie, à notre forme physique. Mais c’est là le piège car pour se nourrir, Jésus doit transformer les pierres en pain. Il faut faire un miracle ! Le pain dans cette tentation devient une idole, une finalité à atteindre à tout prix et peu importe les moyens. Oui, c’est bien d’être en forme physiquement ! C’est bien de prendre soin de notre corps, de se préoccuper de notre bien-être physique ! Répertoriez les multiples propositions que nous avons pour être en forme physiquement, pur prendre soin de notre corps et être tout le temps au top ! C’est impressionnant !
Le carême nous rappelle que c’est important de prendre soin de notre forme physique, sans oublier de nous préoccuper de la santé vitale de notre âme. L’homme ne vit pas seulement de pain mais de toute parole qui sort de la bouche de Dieu. C’est le sens du jeûne et de la pénitence fortement recommandés en carême, mais pas seulement ! D’où l’importance de prendre soin de sa vie spirituelle aussi pour la nourrir, en puisant dans la Parole de Dieu et dans le Cœur transpercé de Jésus sur la croix, en nous laissant laver par ce eau vive qui en jaillit et abreuver par ce sang précieux qui découle ! Nourrissons notre âme de la Parole de Dieu et les sacrements en ce temps de carême.
Et notre âme, celle qui fait que nous portons le souffle de Dieu et que nous sommes faits à son image et à sa ressemblance : très peu sont les voix qui nous disent qu’il faut aussi en prendre soin et l’entretenir. Prenons soin de notre corps en ce temps de Carême, mais n’oublions pas de prendre soin de notre âme, de puiser dans le cœur transpercé de Jésus, dans con coté ouvert d’où il a fait jaillir l’eau et le sang, les sacrements et la parole qui nourrissent notre âme.
Dans la deuxième tentation, Satan ne met pas en cause l’existence de Dieu. Il reconnaît même sa bonté de Dieu. Mais il propose simplement à Jésus de demander un signe, une preuve de son existence. Un petit signe de rien du tout pour prouver la bonté débordante de Dieu, en citant le psaume 90 que je vous invite à aller lire et qui nous appelle à faire confiance en la protection de Dieu ! Satan montre là qu’il est un manipulateur !
Nous aussi, arrêtons de manipuler Dieu, avec notre foi exige lui des preuves, des miracles, des signes… Arrêtons nos petits les chantages que nous faisons à Dieu en demander parfois des choses simplement pour satisfaire nos caprices d’enfants gâtés ! Peux-tu évaluer toi-même le contenu et la nécessité de ce que tu demandes à Dieu dans la prière ? Interroge-toi aussi sur tous les chantages, les manipulations, les demandes capricieuses que tu peux faire dans ton couple, dans ta famille, la communauté paroissiale, diocésaine, à l’Eglise universelle ou à la République même quand nous exigeons que tout le monde se courbe à nos besoins et désirs personnels.
Si la deuxième tentation est une manipulation et du chantage faits au Seigneur, la troisième tentation est la manipulation des relations humaines pour ses propres intérêts personnels et parfois égoïstes. « Tu veux être le messie ? Alors comment penses-tu pouvoir être en relation avec tous les grands de notre temps si tu ne fais pas quelques compromis et compromissions ! » On nous parle des rendez-vous du donnant-donnant, rien pour rien. La gratuité disparaît dans les relations. Il faut être plus fort que tout le monde, plus rusé et plus malin que ses collègues pour faire carrière…Et tous les coups sont permis. Dans les relations professionnelles, et malheureusement dans certaines « relations amicales » aussi, on exige sans cesse des faveurs à recevoir ou à restituer….
Le carême est aussi un temps de conversion dans notre relation avec les autres. Si nous trouvons que parfois, consciemment ou inconsciemment nous manipulons les autres, toujours en quête de nos petits intérêts personnels, alors que Carême devienne vraiment pour nous un temps de purification, de conversion, de retour à la vérité, pour tisser de relations vraies avec Dieu et avec les autres.
Seigneur, toi qui a été vainqueur des tentations au désert, soit notre force dans nos tentations quotidienne pour vaincre le Mal sous toutes ses formes. Amen.