Mes chers frères et sœurs !
Nous commençons cette nouvelle année liturgique, avec ce premier dimanche de l’Avent dans une ambiance de peur et de psychose générale qui me rappelle celle dans laquelle nous étions en février-mars 2020 lorsque la pandémie a commencé. Il y avait une ambiance de fin du monde. Toute la journée, à la radio, à la TV, dans les journaux, il y avait cette morbide litanie des statistiques des contaminations et des morts dans chaque pays, comme si on voulait savoir où il y avait eu plus de morts. Confinés, on avait peur de mettre son nez dehors, peur de croiser quelqu’un, comme si toute rencontre était susceptible de nous transmettre le virus ! Confinés, nous avions cependant le temps d’être en famille, de lire, de prier, d’écouter la parole de Dieu… Mais globalement, c’était la psychose et ça sentait presque la fin du monde. Au début de l’Avent, l’évangile que saint Luc nous propose me fait penser à cette ambiance morbide de fin du monde du début de la pandémie, parce que nous vivons presque la même chose. Malgré la vaccination, il y a une montée fulgurante du nombre de contaminations, les hôpitaux qui sont saturés, le manque de lits, la peur d’être confinés, et surtout, un nouveau variant « Omicron » venu d’Afrique du Sud et beaucoup plus contagieux… ! On se demande alors comment nous allons nous en sortir ? Est-ce que la troisième dose suffira ! Bref, psychose et peur encore une fois !
La communauté chrétienne à laquelle saint Luc écrit cet évangile vit aussi dans une ambiance de psychose et de peur. C’est une communauté fragile, dans un contexte de guerre, de lutte de pouvoir, de migrations, de misère dans l’Empire Romain. C’est ce que nous vivons aussi plus ou moins, avec notre litanie de mauvaises nouvelles, de lamentations, de violence, d’incompréhension croissante, de problèmes mondiaux non résolus, de crise écologique, de difficulté et baisse de pouvoir d’achat, de tension entre les puissances, même entre les voisins comme la France et le Royaume Uni, avec la Manche qui devient aussi un vaste cimetière pour les migrants, la montée de cette pandémie qui a mis en lumière nos illusions…. Bref, rien de nouveau sous le soleil. La communauté primitive a vécu, à sa mesure, ces difficultés que nous vivons aujourd’hui.
Pourtant, au cœur de ces difficultés et de ces événements douleureux, Jésus nous appelle à l’espérance. Tel est le message du temps de l’Avent : « Quand ces événements commenceront, redressez-vous et relevez la tête, car votre rédemption approche ». Saint Luc, s’adressant à une communauté en souffrance, ne veut cependant pas céder au pessimisme. Pour lui, il faut se bouger, relever la tête, ne pas baisser les bras ! Oui, la vie est un combat et on ne peut l’emporter que si on décide de se battre et de ne pas céder à la tentation du défaitisme ni endosser toujours le rôle des victimes. Devant le chaos, les épreuves, les souffrances qui nous entourent, le message du temps de l’Avent est un appel à être des hommes et femmes d’espérance, des acteurs d’un monde meilleur.
Jésus ne nous demande pas d’être les derniers défenseurs de la foi dans un monde en perte de vitesse. Il nous appelle simplement à nous mettre debout, à nous relever, à redresser la tête, c’est-à-dire, à être pro-actifs, non pas passifs, à nous bouger, à voir ce qui germe de beau dans notre monde, autour de nous, à percevoir la lumière de Noël qui est déjà présente dans notre monde, dans l’Eglise, dans nos familles, en dépit des situations éprouvantes et ténébreuses que nous traversons. C’est cela le mystère de l’histoire : un paradoxe mêlant événements éprouvants et des merveilles, comme l’être humain qui est modelé à partir de la boue mais qui porte en soi le souffle de Dieu, ce qui nous appelle à regarder l’histoire au-delà des apparences, des événements. Nous devons agir, ne pas rester les bras croisés.
Jésus nous donne aussi un autre conseil pendant ce temps de l’Avent : « Tenez-vous sur vos gardes, de crainte que votre cœur ne s’alourdisse dans les beuveries, l’ivresse et les soucis de la vie ». Evitons de surcharger notre vie ! Allons vers Noël le cœur léger, tenons notre pensée et notre âme au-dessus du chaos ambiant. Ne dilapidons pas le temps, les émotions. Le peu que nous avons, que nous portons dans notre cœur, ne le dissipons pas, mais orientons toute notre vie vers la venue de Celui qui vient nous sauver.
Le temps de l’Avent, avec l’approche de Noël et des fêtes de fin d’année porte en soi un risque : faire simplement la fête ! Jésus parle de beuverie. Il y en a qui ne vont penser simplement qu’aux bouteilles de champagne, de vin blanc que nous allons associer au foie gras, aux lumières excessives qui nous empêchent de contempler les belles petites lumières autour de nous ! Quand je vois ou écoute les publicités, je suis impressionné par tout le « bonheur » qui nous est proposé par le marketing : Black Friday, les soldes de Noël… bref, tous ceux qui veulent nous vendre un bonheur à acheter dans les commerces ou sur internet ! L’Avent est un temps d’éveil, de lucidité ! Ne permettons pas à toutes ces sollicitations matérielles d’occuper totalement notre cœur. Nous devons laisser de l’espace à celui qui vient nous sauver, à Jésus qui se fait l’un de nous et qui a besoin que nous l’attendions dans la vraie joie et non pas dans les illusions de joie.
Nous avons un mois pour nous préparer à Noël, pour accorder un peu d’espace au Seigneur, conscients que Noël est la fête de ce Dieu qui veut entrer dans notre vie et naître dans nos choix quotidiens. Veiller signifie ne pas dormir, rester attentif et lucide, toujours sur le qui-vive pour ne pas être pris à l’improviste. Nous devons garder notre cœur éveillé. Le temps de l’Avent n’est-ce pas un temps pour contempler quelques grandes figures qui nous accompagnent et nous préparent à Noël :
Le prophète Isaïe qui exprime l’espérance messianique et annonce la naissance de l’Emmanuel. Isaïe incarne à la fois la préparation de Dieu et les désirs de l’humanité.
Jean-Baptiste annonce la venue proche du Messie et invite à un baptême de conversion pour s’y préparer. Il est le précurseur. Dès son enfance, puis adulte, il désigne Jésus. L’Avent est un temps de conversion, rabaisser les montagnes en nous, ajuster les sentiers de notre cœur à Dieu et aux autres, rendre droite notre vie.
L’autre figure est Marie qui accepte de porter en elle Jésus et d’être sa mère. Elle est le symbole de l’habitation de Dieu en nous. Quels moyens mettons-nous en œuvre pour que Jésus naisse dans nos vies, dans nos cœurs, dans nos familles ?
Saint Joseph accepte d’aimer et de prendre soin d’un enfant et d’une épouse qui lui sont confiés par Dieu. Puissions-nous aussi prendre soin de ceux qui nous entourent dans nos familles pendant ce temps de l’Avent. Nous pouvons aussi contempler d’autres visages, Elisabeth qui se réjouit avec Marie : comment allons-nous partager la joie de Noël avec les autres ?
Les chrétiens se préparent à Noël en n’oubliant pas l’aspect spirituel et liturgique. Au point de vue pratique, il y a bien des manières pour un chrétien de préparer Noël. On installe la crèche chez soi et souvent on achète de nouveaux santons. On achète aussi un arbre que l’on place près de la crèche. On met sur sa porte une couronne d’accueil.
Comment préparer Noël spirituellement ? C’est l’occasion d’un réveil, une période que l’on vit dans l’espérance d’un nouveau départ, par la prière personnelle, l’écoute de la Parole de Dieu, comme Marie ! La fidélité à la messe dominicale nous prédispose à la venue du Sauveur. N’oublions pas le sacrement de pardon et réconciliation qui permet de faire un petit ou un grand ménage dans notre cœur, car en définitive, c’est notre cœur qui est appelé à devenir la demeure, la crèche où Jésus veut naître chaque jour. Belle route vers Noël ! Amen.