Mes chers frères et sœurs
Ca y est ! Nous sommes à une semaine de Noël : temps de lumière, de sourires, de bon repas et retrouvailles familiales, de grandes gymnastiques entre les parents et les beaux-parents, faire des centaines des kilomètres le dimanche matin parce qu’il faut passer le 24 chez l’un et le 25 cher l’autre, avec tout le stress et la tension…. C’est aussi la semaine des derniers achats et courses pour cadeaux de Noël…. Il nous appartient de témoigner que tout cela est important mais que là n’est pas l’essentiel de Noël. Cette dernière semaine de l’Avent invite chacun de nous à entrer déjà dans l’espérance la venue imminente du Fils de Dieu.
Les prophètes Isaïe et Jean-Baptiste nous ont invités à l’attendre dans la joie, la conversion et la pénitence. La Vierge Marie nous rappelle que notre vie peut devenir la porte d’entrée de Dieu dans le monde si nous l’accueillons. Si nous laissons le Christ naître en nous, comme Marie, les bienfaits de sa naissance jailliront sur notre vie personnelle et sur notre entourage. C’est chaque jour que nous sommes invités à laisser Jésus naître en nos vies.
Pendant l’Avent, on parle beaucoup de Marie. L’année A, avec cet évangile de Matthieu, nous rappelle que saint Joseph a aussi été traversé par de sérieux doutes. Quelqu’un a dit de saint Joseph que c’est un pauvre type à qui Dieu a piqué la fiancée ! C’est là sa grandeur et c’est pour cela qu’il nous est présenté comme modèle à suivre à une semaine de Noël. L’évangile nous présente saint Joseph, le Patron de l’Eglise, protecteur des familles et des pères de famille, le père nourricier de Jésus, l’Epoux très chaste de la Vierge Marie… qui a dû radicalement changer sa vie parce que Dieu a voulu faire irruption dans son histoire d’amour et son projet de mariage avec sa fiancée Marie.
On parle souvent de combat spirituel comme étant notre lutte contre le Mal et le Malin. Mais le combat spirituel est aussi notre lutte contre Dieu : que c’est ardu et difficile parce que refusons que Dieu soit aux commandes de nos vies parce que nous voulons en rester les seuls maîtres. L’entrée de Dieu dans notre vie ne rend pas forcément les choses plus faciles pour nous, surtout quand nous refusons de lâcher prise. Saint Joseph a fait l’expérience d’un Dieu qui, quand il a décidé de mettre son nez dans nos affaires, nous bouscule, nous déprime parfois et provoque en nous quelques nuits d’insomnies… pour nous amener, de manière pédagogique et graduelle, à goûter à la joie et à la sérénité de ceux qui lâchent prise et se laissent faire par lui.
Contrairement à saint Luc qui nous parle de la naissance de Jésus du point de vue de Marie (on le voit dans la contemplation des mystère joyeux du rosaire), l’Evangile de Matthieu nous raconte l’histoire de la naissance de Jésus du point de vue de Joseph. Matthieu dont l’évangile s’adresse à une communauté des Juifs devenus chrétiens, insiste, selon la culture juive, sur la place importante de l’homme, le père de famille, qui est le maître de maison Je sais cette conception est mal vue dans notre culture où nous voulons que les pères et époux dans nos familles, quand il en a, soient des « hommes déconstruits », selon la fameuse expression de Sandrine Rousseau. Les prophètes avaient annoncé que le Messie devait être de la descendance de David et c’est saint Joseph qui permet cette entrée généalogique de Dieu dans l’histoire de l’humanité.
Saint Joseph est de cette grande famille de la noblesse mais pour qui ne reste de signe de noblesse que le nom à particule, Joseph fils de David… Il tient sa petite entreprise artisanale comme charpentier et travaille le bois et cela lui suffit pour vivre et envisager de fonder une famille. Depuis quelques mois, à force de se croiser dans la rue et de se côtoyer à la synagogue (les sites de rencontres et les boites de nuits n’existaient pas à cette époque !), Joseph et Marie sont devenus amoureux. Leurs parents se sont déjà rencontrés pour célébrer les fiançailles et ont donné leur accord pour ce projet de mariage.
La jeune et très belle Marie de Nazareth est promise en mariage à Joseph, plus âgé qu’elle. L’évangile ne nous le dit pas, mais la tradition affirme que Joseph probablement beaucoup plus âgé que Marie. Saint Joseph essaye de faire tout son mieux pour se montrer à la hauteur, ne pas décevoir les attentes de cette jeune fille trop belle, et de surcroit vierge… qui lui est promise en mariage. Il met tout son cœur à préparer le grand événement. Mais voilà qu’à quelques mois du mariage, un drame survient dans la vie de saint Joseph : sa fiancée est enceinte ! Ils n’ont pourtant jamais couché ensemble car Joseph attendait patiemment le jour du mariage ! C’est un truc improbable aujourd’hui où les amoureux se donnent totalement l’un à l’autre, font même des enfants avant d’envisager le mariage. Mari est donc enceinte avant le mariage. Elle a beau lui dire qu’elle ne l’a jamais trompé, mais saint Joseph a dû mal à comprendre cette histoire bizarre et vit une crise de confiance profonde. Pourtant, saint Joseph aime profondément Marie et ne veut lui faire aucun mal car elle risque la lapidation…
Joseph est en dépression. Ça fait des semaines qu’il n’arrive plus à trouver de sommeil. C’est un homme profondément blessé, déshonoré, humilié aux yeux de la société qui déprime et se pose mille questions. Il désespère ! Il est en colère mais contrairement à nous autres, saint Joseph ne veut surtout pas se venger et faire du mal à sa fiancée.
Parce qu’il ne veut faire aucun mal à Marie, Joseph a décidé d’aller voir le rabbin de la synagogue de Nazareth pour lui annoncer qu’il ne voulait plus épouser Marie, sans en donner les raisons véritables. Il invite un mensonge, genre : « Le mariage est annulé parce que je n’en peux plus d’elle ! Je suis fatigué de cette fille qui est beaucoup trop jeune pour moi » ! Cela au moins sauvera à la fois son honneur d’homme et épargnera Marie de toute humiliation et d’une condamnation publique. Joseph est juste parce qu’il laisse l’amour et la miséricorde prendre la première place, en épargnant sa fiancée, malgré son orgueil qui a pris un bon coup.
Après des semaines de déprime et d’insomnie, Joseph pense avoir pris la bonne décision. Maintenant que la décision difficile est prise, il est soulagé. Il peut à présent dormir et commencer à récupérer de retard de sommeil accumulé depuis des semaines de nuits blanches. Cette nuit-là, Joseph dort comme quelqu’un qui s’est bourré des somnifères et d’antidépresseurs…. Mais son sommeil est troublé par un songe. Il rêve des anges qui le rassurent, lui donnent des explications mystérieuses, lui parlent d’un fils de Dieu qui sera appelé « fils du charpentier ». L’ange lui dit que Marie a accepté de donner corps à cet enfant par la force sur saint Esprit, et qu’il appartient maintenant à lui, Joseph, d’élever, nourrir, éduquer et prendre soin de cet enfant qui ne lui appartient pas et de sa Mère qui restera vierge.
Saint Joseph est juste parce qu’il obéit à Dieu. Il a rêvé, et il entre dans ce rêve d’un projet décidé par quelqu’un d’autre, par Dieu. Saint Joseph avait des projets personnels : peut-être un magasin plus grand, une maison plus spacieuse, des nombreux fils et filles biologiques avec cette belle jeune Marie… : tout cela est tombé à l’eau parce que Dieu a besoin de lui, de son humilité, de sa force, de sa famille, de son travail, de son cœur, pour être le père d’un enfant qui ne pas le sien, pour être le mari d’une femme qu’il aimera silencieusement et chastement car elle est la Mère de Dieu. Saint Joseph accepte le plan de Dieu et renonce à ses projets personnels pour réaliser le rêve de Dieu pour toute l’humanité.
Saint Joseph est le patron silencieux de ceux qui ont des projets personnels mais qui acceptent que Dieu vienne tout perturber. Demandons son soutien pour les familles, et plus particulièrement pour les couples qui traversent unecrise de confiance dans l’amour et la fidélité ; et je vous avoue malheureusement que des couples en crise de confiance et d’amour, il y en a de plus en plus parmi nous et autour de nous, ces couples qui ne savent plus dialoguer et refusent de pardonner. Prions saint Joseph pour les pères qui adoptent ou élèvent des enfants qui ne sont pas les leurs, pour ceux qui se préparent au mariage. Comme lui, nous sachions, nous aussi, prendre soin du Fils de Dieu, Jésus qui habite en nous depuis notre baptême, et qui se donne à nous dans chaque eucharistie. Amen