Mes chers frères et sœurs !

Le mercredi des  Cendres marque le début du Carême ! Ce temps liturgique est de plus en plus méconnu dans notre pays. Posant la questions à quelques enfants récemment, leur définition du carême sont variées et déconcertantes : « Carême est le Ramadan des catholiques », « c’est quand on doit se priver des chocolat » (on me l’a dit en maison de retraite aussi !), « quand il faut partager », « quand il ne faut pas manger de la viande »… et toutes les définitions farfelues que nous pouvons entendre ! Rappelons-nous toujours que notre manière de vivre le Carême exprime notre manière de croire : « Dis-moi comment tu définis le Carême, et je te dirai en quel Dieu tu crois ».

Si pour moi le Carême est un temps long, trop long (on dit parfois d’une longue, déplaisante, éprouvante et dure qu’elle est longe comme Carême). Si pour moi le temps de Carême est triste, cette tristesse doloriste que dénoncesouvent le pape François en parlant des chrétiens « qui vivent avec un visage de Carême » sans perspective de Pâques et de la résurrection, notre attitude  risque  de ne pas attirer maisplutôt éloigner de Dieu et de l’Eglise. Si Carême ne signifie que tristesse, pénitence, flagellation, larme, mortification, sacrifice, privation… et toutes ces choses plus ou moins fausses, plus ou moins vraies que nous associons au Carême… alors, si pour nous Carême ne signifie que cela, alors, nous avons une conception erronée de Dieu. Il ne s’agit pas du Dieu que Jésus est venu nous révéler et qui resplendit sur son visage.

Depuis quelques semaines, le Seigneur nous accompagne par son Discours sur la montagne dans l’évangile selon saint Matthieu. Dans cet enseignement, Jésus nous redit que son Père nous appelle d’abord au bonheur à travers les béatitudes, que nous devons donner du goût à notre vie et à celle des autres en devenant sel de la terre, à être lumière du monde, cette lumière qui éclaire les autres, leur permettant de voirDieu dans notre vie en devenant ses témoins à travers les gestes que nous posons dans notre quotidien.

Dans cet enseignement sur la montagne, Jésus nous appelle aussi à éviter la religion de la forme, de la Loi et du décor (le formalisme religieux) mais à embrasser la religion du cœur, celle de l’Amour, cet Amour qui se donne jusqu’au bout quoiqu’il arrive et que le temps du Carême nous invite à contempler à travers ses bras ouverts sur la croix et qui embrassent toute l’humanité entière. Le Carême, au lieu de la tristesse, nous invite à la joie de croire en un Dieu qui donne sa vie sans mesure par amour pour nous qui sommes pourtant poussière !

Nous sommes infiniment aimés de Dieu même si nous sommes poussière. C’est la symbolique du rite des Cendres.Tirés de la poussière, pécheurs, faibles, précaires et fragiles, mais Dieu nous appelle à l’éternité à travers la mort et la résurrection de Jésus.

Le prophète Joël nous invite à « revenir vers celui qui fonde notre vie et lui donne du sens. « Revenez à moi de tout votre cœur ».  Le carême est une invitation au retour vers le Père, vers celui qui nous sauve, qui nous donne la force d’avancer, qui pardonne et qui fait vivre, celui qui nous tire de la poussière pour que nous devenions ses enfants bien-aimés.Ce retour au Père doit être concret, mais discret nous l’évangile nous l’indique aujourd’hui. Ce retour passe forcément par des gestes, des efforts. Ce sont les 3 P qu’on rappelle aux enfants du KT, mais que tout chrétien est appelé à vivre. Ce sont les piliers du Carême.

-D’abord la Prière qui est le moteur de la vie chrétienne. Elle est fondée dans l’écoute de la Parole de Dieu. Dans la prière, nous parlons au Seigneur de nos joies, en actions de grâce, nous lui confions aussi nos peines et celles du mondepour implorer son secours. Sans prière, la vie chrétienne risque de s’éteindre. Le temps du Carême étant une montée vers Jérusalem, montée difficile, rude et longue … nous sommes appelés à nous armer pour arriver au bout, pour ne pas renoncer en chemin, mais rester avec le Christ qui a portésa croix jusqu’au bout par amour pour nous. Cependant notre prière ne doit pas être du spectacle : « Et quand vous priez, ne soyez pas comme ceux qui se donnent en spectacle : quand ils font leurs prières, ils aiment à se tenir debout dans les synagogues et les carrefours pour bien se montrer aux hommes. Amen, je vous le déclare : ceux-là ont touché leur récompense. Mais toi, quand tu pries, retire-toi au fond de ta maison, ferme la porte, et prie ton Père qui est présent dans le secret ; ton Père voit ce que tu fais dans le secret : il te le revaudra ».

Vivons toutes les propositions spirituelles, la prière personnelle et communautaires le chemin de croix proposés le vendredi à Plaisance, Saint Simon et Lardenne, l’adoration du jeudi soir à Tournefeuille, et de toute la journée à Plaisance et toutes les autres propositions sont à vivre, non pas comme du spectacle mais comme une rencontre avec Jésus qui donne sa vie pour nous. Dans votre prière du carême, je vous invite à prier particulièrement les 15 adultes, le 5 adolescents et les nombreux enfants de notre communauté qui seront baptisés à Pâques.

Il y a ensuite le Partage. Le pape François nous rappelle que l’une des maladies de notre monde, la plus grave qui risque de nous tuer à petit feu, c’est l’égoïsme, l’individualisme.  On s’enferme sur soi…. ! On refuse de regarde autour pour ne pas voir et entendre la misère des autres, plus près et loin de chez nous.  Le Christ a partagénotre condition humaine et nos misères pour nous en libérer. Partager signifie d’abord se laisser toucher par la vie, les odeurs, les saletés des autres. Au sein de notre communauté, en ce carême, nous avons, avec l’EAP penser à poser des actes solidaires, des efforts de partage. Plus de chez nous, en soutenant une association humanitaire, Tusaidie Kivu (Aidons le Kivu), qui soutient des actions de solidarité dans le domaine de l’Education, de la Promotion de la femme, de la Santé et de l’Environnement.  Le pape, qui était au Congo au début de ce mois, nous  invite à ne  pas fermer les yeux mais à nous ouvrir aux souffrances du Congo, et tout particulière du Kivu, cette région dont je suis originaire et qui souffre terriblement de la guerre et de ses conséquences depuis plus de 25 ans.  Je compte sur la générosité de tous les paroissiens et de tous les âges et vous remercie d’avance pour tous les efforts.

Plus près de chez nous, dans le quartier de Borderouge, le diocèse a besoin de notre solidarité pour bâtir une nouvelle église pour une communauté dynamique et vivante déjà existante mais qui se réunit dans la salle d’une école pour célébrer l’eucharistie. Le diocèse a besoin de plus d’un million d’euros pour ce projet missionnaire et solidaire. Au cours du carême, les paroissiens de Borderouge viendront nous en parler. C

Enfin, l’autre P renvoie au Pardon et à la Pénitence. Nous sommes pécheurs et le temps de Carême  est une prise de conscience que nous avons  besoin de la miséricorde de Dieuqui nous appelle à la conversion. La pénitence est l’accueil de Dieu qui nous appelle à changer de cœur, un Dieu qui veut nous libérer de nos cœurs de pierre afin de nous donner un cœur de chair. La conversion, le pardon, la pénitence passe aussi par des gestes et des rites bien concrets. Nous ne pouvons pas monter une montagne si nous avons du mal à passer un col !  La pédagogie de Dieu est progressive. Sachons nous pardonner personnellement ! Combien de fois nous sommes incapables de miséricorde envers nous-même. Ensuite vivons cette la conversion et le pardon dans nos maisons, nos familles, la communautéprogressivement !Nous ne pouvons pas donner à Dieu et au monde ce que nous ne donnons pas à notre conjoint, à nos enfants, à ceux que nous côtoyons chaque jour.

Ne laissons ce temps de grâce passer sans imprégnernotre vie. On croit le carême long, mais il peut passer comme un éclair. Il serait dommage d’arriver à Pâques sans avoir bénéficié des grâces du Carême, pour ressusciter avec Jésus, au matin de Pâques. Amen.