Mes chers frères et sœurs !
Avec l’imposition des cendres, nous entrons dans le carême, un chemin long, parfois désertique où nous ferons l’expérience de la faim et de soif, peut-être même de la fatigue physique. Mais il s’agit d’un temps de grâce au cours duquel nous sommes tous invités à nous convertir et à croire à la Bonne nouvelle. La parole du prophète Joël : « Revenez à moi de tout votre cœur, dans le jeûne, les larmes et le deuil !Déchirez vos cœurs et non pas vos vêtements, et revenez au Seigneur votre Dieu, car il est tendre et miséricordieux, lent à la colère et plein d’amour, renonçant au châtiment » nous exhortent à mesurer notre désir de revenir au Seigneur. Au début du carême, es-tu réellement décidé à revenir au Père ?
Notre conversion naît de l’intimité de notre relation avec le Seigneur et non pas de la recherche de gloire humaine, l’approbation, les applaudissements ou la reconnaissance de l’entourage. Nous savons malheureusement combien nous sommes fortement tentés par la notoriété, les apparences, les likes… Il suffit de regarder nos pages et comptes sur les réseaux sociaux. On dirait que nos comportements sont déterminés par ce désir de succès, d’être reconnu, de faire le maximum de likes ou de followers, d’être glorifié ici-bas. Ce soir, Jésus nous invite à parcourir une voie bien différente, bien concrète pour rendre un culte qui lui plaise : laisser placeà l’intériorité, au secret de notre relation avec le Père.
Les éléments essentiels de ce chemin de conversion sont l’aumône, qui n’est rien d’autre que le Partage, la Prière qui trouve sa source dans l’écoute de la Parole de Dieu et le Jeûne. L’aumône, c’est partager notre vie, ce que nous sommes et ce que nous avons. C’est s’engager pour que la justice et la solidarité de Dieu règne dans toutes nos réalités humaines et sociales. C’est vivre le commandement de l’amour de Dieu et du prochain, le seul capable de dépasser toutes les barrières créées par le péché, les rivalités, le pouvoir, la guerre. Il s’agit d’aimer, d’aimer Dieu et le prochain, d’aimer le premier, parce que Jésus n’a pas attendu ton amour pour donner sa vie pour toi. Il nous faut ouvrir les yeux et le cœur pour voir et s’occuper concrètement de ceux qui sont dans le besoin, en partant de notre entourage proche pour s’ouvrir au monde et leur apporter un peu d’aide. Il s’agira de partager ton temps, tes biens, ta personne. Il s’agit de rendre service concrètement, prendre concrètement soin de soi et de l’autre, être conscient que nous ne sommes que des administrateurs et non pas les propriétaires des biens reçusde Dieu.
Cette prise de conscience prend sa force dans la Prière, lieu où chacun de nous entre dans une relation personnelleintime avec Dieu, dialoguant avec lui, écoutant ce qu’il nous dit et répondant à l’action du saint Esprit qui nous fait découvrir que Dieu est un Père plein d’amour et de tendresse. Le saint Esprit nous met dans cette joie d’êtreinfiniment aimé et nous donne de reconnaitre que nous avons des frères et sœurs, que nous faisons partie d’une famille qui dépasse les liens de sang parce que nous avons un seul et même Père. Du coup, dans notre prière, soyons aussi ouverts et généreux en priant les uns pour les autres. Le carême est un temps de combat pour tous et il nous faut nous porter dans la prière pour qu’ensemble nous soyons vainqueurs du mal avec le Christ.
Le Carême nous appelle aussi à jeûner ! Oui, je sais que le jeûne est devenu un concept pour beaucoup de catholiques. Mais, Jésus nous rappelle qu’il nous faut prier et jeuner pour vaincre le Malin, et que l’homme ne vit pas seulement de pain. Jeûner, c’est essayer d’abandonner tout ce qui rend pesant, ce qui engourdit et alourdit notre cœur, notre corps ! Tu peux jeûner beaucoup de choses, mais que la seule finalité soit de te rapprocher de Dieu et des autres. A chacun de voir quel type de jeûne mettre concrètement en place.
C’est ainsi que le carême sera véritablement un cheminement spirituel, celui du cœur ! Regarde l’état de ton coeur ! Où est orienté ton cœur ? Vers quoi est penché ton cœur ? Chacun peut se demander où penche, où le mène son cœur qui est le navigateur de notre vie. Le prophète Joël nous le redit : « Revenez au Seigneur de tout votre cœur ! ». Mon cœur, me mène-t-il vers Dieu, vers les autres ou me renferme-t-il sur moi-même ? Est-ce que je vis pour plaire au Seigneur ou pour être remarqué, applaudi, préféré, mis à la première place… Ai-je un cœur qui danse le tango, qui fait un pas en avant et un pas en arrière vers Dieu et vers mon prochain ? Suis-je tranquille bien dans mes hypocrisies, mes doubles vies ou bien vais-je prendre l’engagement de demander pardon, recevoir le sacrement du pardon, me réconcilier avec moi-même, avec les autres et avec Dieu, et essayer de prendre cette nouvelle direction que Dieu m’invite à prendre en ce temps de grâce qu’est le carême ?
La conversion du cœur, avec des gestes et des pratiques qui l’expriment, est possible seulement si cela part de l’action de Dieu. Ce qui nous fait retourner au Seigneur, ce ne sont pas d’abord nos capacités et nos mérités à exposer de manière ostentatoire. La conversion est une grâce à accueillir du Pèrequi nous regarde et nous connaît mieux que nous-même ! Il ne nous juge pas mais il met son doigt sur notre mal, notre péché pour nous en libérer, nous en détourner, nous en laver.
Cette imposition des cendres, qui est un appel à nous convertir et à croire à l’évangile, souligne aussi la précarité de notre existence ! Il restera un simple rite extérieur, sans effetquelconque s’il ne touche pas notre cœur, ton cœur étant le siège de la volonté. Commençons donc cette marche vers Pâques déterminés, résolus mais pleins de confiance, en laissant le Seigneur toucher notre cœur. Ne laisse passe aucunjour de carême sans présenter ton coeur au Christ, ton cœur avec tout ce que tu portes, les joies, les peines, les blessures et les fragilités parce que Jésus peut les transfigurer par les mérites de passion et de sa croix. En ce temps de carême, faisons mourir le vieil homme en nous pour devenir de créations nouvelles ressuscitant avec le Christ au matin de Pâques. Alors, ce soir, prends la route avec Jésus, marche avec lui, ne t’arrête pas, même si la route paraît longue, ouvre-lui ton cœur, laisse-le te toucher et te guérir. Amen.