Mes chers frères et sœurs !

Depuis que l’Eglise est né, l’iconographie nous a déjà présenté des milliers des visages de Dieu, des millions de représentations du Christ. Je me souviens, enfant au fin fond de l’Afrique, de mes découvertes du visage du Christ dans les églises. Cela m’intriguait de voir ce Jésus très bel homme, un blond aux yeux bleus, représenté, tantôt en croix, tantôt bébé dans la crèche ou dans les bras de Marie, de Joseph, enseignant les foules, Bon Berger portant une brebis sur ses épaules… Plus tard, je l’ai découvert Pantocrator, tout en majesté nous bénissant, ou encore le Jésus du Sacré Cœur ou de la Divine Miséricorde avec son cœur transpercé nous envoyant des rayons de lumière.

Plus tard, au cours de mes études de théologie, dans le cours christologie, j’ai appris que le Christ devait prendre le visage de chaque culture, de chaque peuple pour se l’approprier, car en lui Dieu s’est vraiment incarné et prend le visage, la couleur de peau, la culture, le langage des hommes et femmes qu’il est venu sauver ! Plus encore, chacun de nous, selon notre propre histoire et expérience spirituelle, nous nous construisons notre propre représentation du Christ.

Aujourd’hui, en dépit de la sécularisation, les gens continuent à parler et s’intéressent à Jésus de Nazareth. Pour certains, il s’agit du Jésus dont on nous a parlé notre première catéchiste à l’Eveil à la Foi ou en CE2, CM, en aumônerie, dans l’Action Catholique ou dans la Pastorale Etudiante. D’autres gens parlent de Jésus en nourrissant à son égard une méfiance certaine parce qu’ils l’associent à la religieuse très sévère, parfois même méchante connue à l’école primaire, au collège ou au pensionnat, ou alors aux mauvais souvenirs de leur curé d’enfance qui prêchait un Jésus, certes bon, mais tellement sévère à tel point que sa justice de justicier prenait le dessus sur son Amour infini. Aujourd’hui, il serait bon que chacun de nous s’interroge sur sa propre représentation du Christ !

Qu’on le veuille ou pas, la figure de Jésus intéresse encore nos contemporains. Il suffit de faire un petit tour en librairie pour se rendre compte du nombre impressionnant des livres qui parlent de ce juif marginal qui s’appelle Jésus de Nazareth : des romans, des livres qui se veulent critiques, historiques, de morale….remplissent les rayons et suscitent débats, films, spectacles, conférences, discussions et réflexions sur Jésus de Nazareth, même sur les réseaux sociaux….

Qui était vraiment Jésus ? Tout le monde a une réponse ! Un grand prophète ?   Un illuminé ? Un idéaliste ? Un grand homme comme tant d’autres qui, à certaines époques de l’histoire, ont allumé l’espérance d’une humanité fragile et désenchantée ? Était-il marié ou pas ?  Était-il fils unique de Marie ou avait-il des frères et sœurs ? Quoiqu’il en soit et en dépit de toutes ces caricatures et critiques qui nous blessent dans notre foi… réjouissons-nous que des hommes et des femmes, loin de l’Eglise, parlent de Jésus. Cela montre que cet Homme-Dieu représente un problème et pose question à l’homme d’aujourd’hui.

J’aimerais que nous aussi, chrétiens d’aujourd’hui attachés au Christ, prenions le temps de le chercher et de le connaitre un peu plus en lui consacrant un peu plus de lecture spirituelle, d’études, pour comprendre son message, sa vie… sans donner trop de poids aux nombreuses visions partiales tellement à la mode, données par des spécialistes d’un christianisme sans attachement à la personne du Christ. Ce sont ces spécialistes invités des plateaux de télévision, et autres médias….

Quoiqu’il en soit, après le Jésus que nous rencontrons dans les livres, les dévotions, les films et documentaires, nous sommes forcément confrontés à la question terrible qui s’adresse à chacun personnellement à travers les disciples dans l’évangile de ce dimanche « Et vous, que dites-vous ? Pour vous, qui suis-je ?», « Pour toi personnellement, qui suis-je ?». Nous ne pouvons pas y répondre de manière hypocrite ou par la fuite. Cette question nous touche dans nos certitudes et nous demande une réponse sérieuse ! « Qui est Jésus pour moi », that’s the question ! C’est la question de toutes les questions qu’un chrétien doit se poser !

« Pour vous qui suis-je ? » demande Jésus aux disciples. Cette question, nous permet de contempler, Simon Pierre répondant au nom de tous : « Tu es le Messie, le Fils du Dieu Vivant ». Pour nous aujourd’hui, avec un recul de plus de 2000 ans, de nombreuses études de théologie, le catéchisme, l’affirmation de Pierre nous parait évidente. Mais pour les disciples qui étaient là autour du Charpentier de Nazareth, il s’agit d’une affirmation déconcertante et inattendue.  En disant que Jésus est le Christ, le Messie, Pierre fait un saut mortel. « Tu es le Messie que nous attendions en Israël ! » C’est tellement déconcertant que les Juifs attendent toujours la venue du messie !  La profession de foi de Pierre est belle et originale, un saut de qualité déterminant qui change toute sa vie, car la foi en Jésus doit forcément changer notre vie. Pour Pierre, il y aura désormais un avant et un après la profession de foi de Césarée de Philippe.

« Heureux es-tu, Simon fils de Yonas : ce n’est pas la chair et le sang qui t’ont révélé cela, mais mon Père qui est aux cieux. Et moi, je te le déclare : Tu es Pierre, et sur cette pierre je bâtirai mon Église ; et la puissance de la Mort ne l’emportera pas sur elle. Je te donnerai les clefs du Royaume des cieux : tout ce que tu auras lié sur la terre sera lié dans les cieux, et tout ce que tu auras délié sur la terre sera délié dans les cieux. Simon ne sait pas qu’il s’appelle Pierre. En reconnaissant que Jésus est le messie, Simon reçoit son nouveau nom et une mission qui fera de lui le garant de la solidité et de la vérité de la foi de ses frères.

Jésus édifie l’Eglise sur la foi d’un homme Simon Pierre et cela nous étonne. Comment Jésus peut-il fonder son Eglise sur une pierre aussi fragile, sur un homme de peu de culture, capable d’élans instinctifs, comme quand il dit « je ne t’abandonnerai pas, et s’il le faut, je mourrai avec toi », mais aussi de graves et grandes déceptions ? Comment peut-il être la pierre qui fonde la foi de l’Eglise du Christ et la protéger contre toutes les tempêtes alors que cet homme est en mesure de renier le Christ, de dire par trois fois qu’il ne le connait pas au moment au moment où il a le plus besoin de lui, avant sa mort ?

Et pourtant, plus deux mille ans sont passés, et l’Eglise est là. Elle a traversé vagues et tempêtes dans l’histoire…, a été secouée, mais elle est encore debout ! Si elle a tenu pendant les siècles avec Pierre et ses différents successeurs, les meilleurs comme les pires, les saints mais aussi les moins édifiants comme les Borgia…. si l’Eglise tient encore malgré la fragilité de ses pasteurs et de ses enfants, les chrétiens que nous sommes, cela montre bien que l’Eglise n’est fondée sur rien d’autre que le Christ lui-même  qui l’a voulue, l’a fondée, et continue à la soutenir et en soutenant ses pasteurs malgré leur fragilité. Aujourd’hui, nous pouvons prier pour nos pasteurs, en particulier le pape et les évêques. Aimons-nous nos pasteurs, prions-nous pour eux, ou alors attendons-nous qu’ils se plantent pour les critiquer ?

Avec la profession de Césarée de Philippe, la foi de Pierre est prête désormais ! Il pourra désormais assurer la foi de l’Eglise dont il reçoit les clefs. Mais si Jésus lui a donné les clefs du royaume, ce n’est pas pour fermer et blinder le royaume. Pierre reçoit les clefs du royaume pour l’ouvrir largement et permettre à une multitude d’homme d’y entrer.

« Qui est Jésus pour moi ? », c’est la question que nous devons nous poser aujourd’hui. Qui est-il vraiment pour nous ? La place, la confiance, le temps, les services….que nous lui accordons dans notre vie nous aidera à comprendre qui Il est vraiment pour nous, car l’identité du Christ pour nous ne peut pas ne pas marquer et modeler notre existence au quotidien.