Construire une communauté des pécheurs pardonnés !
Certains diront que notre week-end de rentrée est loupé ! La messe au PHARE de Tournefeuille a été annulée à cause de la situation sanitaire en cours. Les 4 prêtres ne peuvent célébrer la messe avec vous, parce que l’un est en vacances et les trois autres, Cas-Contact au Covid19 (nous avons été en contact avec quelqu’un testé positif au Covid19 : l’ayant su, nous avons effectué le testé qui est négatif pour tous les trois, mais nous devons rester isolés pendant 7 jours), et toutes les activités revus, des SGDF et des Scouts et Guides d’Europe qui ont dû changer d’organisation….! Je voudrais pourtant vous donner un programme qui risque de vous choquer dans sa formulation : « Je voudrais qu’en cette année qui commence, nous construisons ensemble et soyons une communauté des pécheurs » dans nos 5 paroisses ! Fabriquons et essayons d’être une communauté des pécheurs ! Dieu nous appelle à la sainteté, mais je vous invite d’abord à nous reconnaitre ensemble comme communauté des pécheurs, seule condition pour accueillir la grâce et l’appel à la sainteté.
Cette année, je vous invite dans nos familles, les équipes, groupes et mouvements …à nous aider mutuellement à avoir une approche véritablement chrétienne du péché et du pardon : convertir ceux qui sont déjà chrétiens à la vraie logique de l’évangile, et convertir les athées à la nouveauté de la Foi en Jésus. Cela veut dire que nous devons dépasser ces multiples visions superficielles, moralisantes et culpabilisantes du pardon et de la foi chrétienne, dans une société qui confond bonté et lâcheté, le pardon à une émotion immédiate et débonnaire.
Cette année, je vous invite à vivre le pardon et la miséricorde de Dieu parmi nous. Seule la découverte de la miséricorde de Dieu nous permettra de guérir de ces plaies qui nous qui peuvent nous diviser et nous éloigner les uns des autres en repoussant l’autre parce que différent dans sa sensibilité spirituelle, liturgique, pastorale, sa couleur de peau, sa paroisse, son engagement politique ou ecclésial. Apprenons à nous accueillir dans le pardon et la miséricorde parce que nous sommes les enfants d’un même Père Miséricordieux.
Que veut dire pardonner ? Peut-on tout pardonner ? Et si l’autre abuse de mon pardon ? Doit-on tout pardonner ? Jusqu’à quel point peut-on pardonner ? Combien de fois faut-il pardonner une offense ? Voilà des questions que nous nous posons pour limiter le pardon… Mais sachons-le bien, ces questions sont déjà présentes dans la Bible !
La réponse est « toujours, pardonner toujours ! » Quand le pardon est enraciné dans le cœur miséricordieux de Jésus, il est donné toujours parce que c’est Jésus qui pardonne toujours en nous et par nous, quand le pardon est demandé de manière sincère ! Au temps de Jésus, les rabbins suggéraient de pardonner jusqu’à trois fois une offense subite pour manifester la clémence et la miséricorde. Simon Pierre, pense devenir un héros en proposant de pardonner 7 fois ! Pardonner 7 fois, c’est énorme ! Pensez un peu à votre voisine votre collègue, ou à l’autre paroissien que vous n’aimez pas beaucoup, et vous croyez qu’il ou qu’elle ne vous aime pas, vous en êtes convaincu d’ailleurs… à qui vous avez à peine pardonné ses critiques méchantes… et qui 10 minutes plus tard, va cracher sur vous dans l’autre groupe…. ! Vous le lui pardonnez vraiment ? Non, n’exagérons pas ! N’abusons pas du pardon. Mais voici la réponse de Jésus ! A cette collègue qui vous déteste et vous tue par ses paroles et son regard, Jésus ne vous demande pas de pardonner, comme Pierre, 7 fois seulement…mais bien soixante-dix-sept fois sept fois… c’est-à-dire toujours pardonner !
Et pourquoi ? « C’est injuste de toujours pardonner », disons-nous pour justifier nos rancœurs ! Nous pardonnons parce que le Seigneur nous invite à passer de l’attitude de Juge à celui de l’accusé et du condamné ! Dans la foi chrétienne, nous sommes tous pécheurs, mais tous pardonnés par une telle largesse et générosité de Dieu que nous ne pouvons pas ne pas pardonner. La petite dette que nous avons envers nos frères, ou que nos frères ont envers nous n’est rien par rapport à la dette infinie que nous avons envers Dieu. Mais Lui, de sa croix, avant de mourir s’adresse au Père, en disant : « Père, pardonne-leur car ils ne savent pas ce qu’ils font » alors qu’on lui ôte la vie, Il a effacé toutes nos dettes ! Telle est la raison du pardon vraiment chrétien : je suis appelé à pardonner à ceux qui nous offense parce que les premiers nous avons été pardonnés.
En fait, je ne dois pas pardonner à l’autre pour qu’il devienne meilleur, ou pour qu’il se convertisse, ou pour qu’il devienne plus tendre, plus aimant. D’ailleurs, parfois même, l’autre ne se rend même pas compte d’avoir été pardonné en méprisant ce geste qui pourtant m’a coûté des heures de prière et beaucoup de travail sur soi. Je ne pardonne pas pour que l’autre change, mais un chrétien pardonne d’abord parce qu’il a besoin de changer. Le pardon me met dans une situation nouvelle, différente en me rendant semblable à ce Dieu qui fait tomber la pluie sur les justes et les injustes, et qui nous appelle à être parfaits comme lui-même est parfaits.
Un chrétien ne pardonne pas parce qu’il est meilleur. Le pardon n’est pas une amnésie, l’oubli total de l’offense subie. Bien au contraire, je pardonne parce que je fais le choix de pardonner. Te revoir, toi qui m’as blessé, rouvre en moi la plaie de la blessure, je suis vraiment mal comme une plaie ouverte… mais je choisis la voie de la liberté. Pour les gens qui ont eu la vie détruite par la méchanceté d’autrui, ne pas souhaiter la mort de leurs ennemis est déjà énorme…. Faut-il encore souhaiter leur conversion. !
N’attendons jamais un pardon parfait, angélique, extraordinaire…. Nous pardonnons comme nous pouvons, au meilleur de nos capacités et de nos forces spirituelles et psychologiques…. Prions pour avoir cette grâce de savoir pardonner et demander pardon. Nous pardonnons parce que nous sommes pardonnés par le Seigneur, parce que le pardon nous rend extraordinairement libres. Et si l’autre considère le pardon comme une faiblesse ? C’est un risque à prendre, un risque que Jésus a pris en pardonnant à ceux qui le crucifiaient. Et pourtant, ce paradoxe transforme les cœurs, peut-être pas tous les cœurs, mais beaucoup de cœurs sont transfigurés par le pardon inconditionnel qu’ils reçoivent.
En cette année 2020-2021 qui s’ouvre, vivions comme des filles et fils pécheurs, mais aimés et pardonnés. Apprenons à pardonner pour savoir nous accueillir, en communauté ecclésiale, comme des êtres fragiles, imparfaits, mais riches et enrichis de cette miséricorde infinie de Dieu qui nous appelle à aimer et à pardonner comme Lui, sans calculs. Les familles, groupes, services, les équipes, paroisses…seront transfigurés complètement s’ils vivent vraiment le pardon reçu et donné. Prendre conscience de son péché, fabriquer des pécheurs conscients… est la première étape pour comprendre la logique du pardon que nous sommes appelés à donner, toujours, sans compter, pour ressembler à notre Père des Cieux. C’est le chemin de la sainteté ! Belle rentrée paroissiale…. Amen.