Mes chers frères et sœurs !

Savez-vous que Dieu nous aime tellement qu’il aime nous déranger. Il me fait penser à un enfant qui voit son papa ou sa mère bien tranquille, un peu endormi, heureux de faire une petite sieste qu’il vient se jeter sur le ou la réveiller et lui faire un lecture.  C’est ainsi que  nous dérange quand nous sommes tranquille et assez  au clair avec notre conception de « justice sociale » et «  Droit du travail ». J’imagine combien la lecture de cet évangile est choquant et déstabilisant pour ceux qui sont sur le  marché du travail et qui n’arrive pas à se faire embaucher depuis des mois.

La parabole de ce dimanche nous parle de travail, de salaire, de durée de travail, des primes, de signe de reconnaissance au travail, le salaire minimum…. Au temps de Jésus, le droit du travail fixait le SMIC à 1 pièce d’argent. C’est la raison pour laquelle le patron de la parabole ne donne pas moins d’une pièce à ses ouvriers. Il essaye de respecter le droit du travail. Mais tous ces thèmes autour du travail et de justice sociale, Jésus nous les fait voir sous une autre perspective. Il nous invite à quitter et aller au-delà d’un droit purement humain, au-delà des revendications syndicales purement économiques. Le vrai sujet de la parabole c’est la « bonté généreuse » de Dieu. Au représentant syndical des ouvrier, grande gueule et « râleur »,  trouvant injuste que tous ouvrier, même ceux de la dernière heure, aient le même salaire que ceux qui ont commencé très tôt le matin, le patron répond : « Je veux donner à ce dernier autant qu’à toi : n’ai-je pas le droit de faire ce que je veux de mon bien ? Vas-tu regarder avec un œil mauvais parce que moi, je suis bon ? »

A travers cette tension entre critiques et revendications syndicales des ouvriers contre le propriétaire de la Vigne, – ce qui est humainement justifié-, et la réponse du patron, le Jésus veut nous expliquer  ce que signifie «  la justice du cœur du Dieu ». La justice de Dieu n’est pas comme nous l’entendons. Elle est toujours liée à sa bonté infini, à son Amour sans limite et sa compassion : trois éléments qui sont au coeur de l’agir de Dieu pour chacun de nous.

Dieu n’est pas un juge qui ne fait qu’appliquer la Loi ni un DRH. Un DRH est aussi parfois obligé à faire des choses contre son cœur et ses valeurs, mais seulement selon ce que dit le Droit et la politique de l’entreprise. Beaucoup de personnes qui travaillent dans les ressources humaines finissent par démissionner, soit parce qu’on les oblique à faire des choses avec lesquelles ils ne sont pas d’accord, pour faire respecter la politique de la boite, parfois humaine, ou soit à cause des revendications excessives des employés. Une amie qui est dans les RH dans une grosse boite toulousaine me parle parfois de ces employés qui ont des salaires énormes mais qui pinaillent et cassent les pieds pour de très petits avantages de rien de tout, sur les déplacements, la restauration… en faisant presque ce qu’on peut appeler l’optimisation des avantages et des primes. C’est cela notre fonctionnement.

Dieu lui a un fonctionnement différent avec nous ! Et c’est normal parce qu’il est Dieu. Il est un Père plein d’amour, de bonté, de miséricorde et de compassion pour nous. Remarquez  que dans notre vie, chaque fois que nous laissons nos tripes et notre coeur prendre le dessus sur notre raison et les considérations juridiques et légales, chaque fois que nous écoutons plus nos tripes, notre cœur plutôt que le Droit, la loiet raison la logique, il nous arrive alors de poser des actes qui sont socialement, rationnellement, légalement et juridiquement anormales.

C’est ainsi que Dieu agit envers nous ! Il agit avec son cœur. Le prophète Isaïe rappelle dans la première lecture que les pensées de Dieu ne sont pas nos pensées ! Les voies du Seigneur sont humainement impénétrables, insondables. Certaines paroles de Jésus resteront toujours humainement incompréhensibles et incomprises aussi longtemps que nous n’entrerons pas dans la logique de son cœur, de sa justice compatissante et miséricordieuse.

Humainement, nous sommes choqués par le patron de la parabole. Nous pensons qu’il est injuste. Mais, remarquez qu’il a donné aux premiers ouvriers le salaire qu’il leur avait promis, à savoir, un denier !  Mais je comprends qu’il est tout à fait logique et humainement juste que chacun de nous ici se sente solidaire des ouvriers de la première heure qui ont enduré un travail sous une chaleur caniculaire. Il n’est pas humainement juste de donner le même salaire à ceux qui travaillent sans compter les heures, qui ne pensent jamais au RTT, qui passent leurs soirées et même les weekends à répondre aux mails pros, qui ne voient plus beaucoup meurs enfants à causes des voyages professionnels, qui doivent resterréactifs, mobiles et disponible 24 heures sur 24….  Logiquement, ces gens ne peuvent pas avoir le même traitement que ceux qui pinaillent sur les 35 heures légales !

Tout cela n’est pas juste, si l’argent et les lois de l’économie sont nos critères de justice ! Mais si nous entrons dans la logique de Dieu, voici que s’ouvre pour nous une nouvelle perspective. Oui, il y a un contrat entre le patron et les ouvriers ! Mais le contrat de Dieu avec nous est d’un autre ordre. Il est tout à fait spécial parce que Dieu est différent de nous, en nous donnant son Esprit, il nous dit que nous pouvons nous aussi agir comme lui.

Dieu nous appelle encore aujourd’hui à travailler dans sa Vigne qu’est l’Eglise, qu’est le monde ! La moisson est d’ailleurs très abondante mais les ouvriers sont très peu nombreux. Il n’est pas dans une logique de détachement, de distance avec nous, comme certains patrons qui n’ont que des relations professionnelles avec leurs employés et pour lesquels ne compte que le travail exigé et réalisé. Dieu nous appelle dans sa vigne et il sait de quoi chacun de nous a besoin. Il nous donne même au delà de nos attentes. Dieu nous aime à tel point qu’il se donne lui-même les sacrements. Dieu donne sa personne comme salaire, mais salaire gratuit.Nous sommes sauvés gratuitement par Dieu et pas parce que nous le méritons. Le salut, le Bonheur éternel, l’Amour infini,voilà le salaire que Dieu promet, dans mérite de notre part.Dans le domaine de la foi, nous devons sortir de la méritocratie car tout est gratuitement donné, notre liberté étant la limite : nous pouvons accepter ou refuser ce que Dieu veut nous donner.

Vous sentez vous loin de Dieu ? Vous n’avez jamais pensé travailler pour lui ? Vous vous considérez comme ces ouvriers de la dernière heure ? Dieu vous aime et il vous appelle à bosser pour lui, à vous investir, à vous engager.  Dites oui au Seigneur ! C’est votre heure de chance. Décidez-vous à le suivre, à lui dire oui. Ouvrez-lui votre cœur ! Il n’est jamais tard pour dire oui au Seigneur. Jamais tard de recevoir les sacrements, comme le baptême, la confirmation, la communion, quel que soit votre âge. Vous sentez que notre vie manque de saveur, éloignée de l’essentiel, de Dieu, de nos proches ! Prenez la décision d’ouvrir votre cœur à Jésus ! C’est votre moment de grâce à ne pas louper !

Par rapport au salut que Dieu donne, évitons des comparaisons et des jalousies. Ce qui blesse les ouvriers qui se sont levé tôt et qui ont enduré tout le poids du jour, c’est la comparaison avec ceux qui sont venus tard dans l’après-midi.  Se comparer aux autres crée inévitablement des rivalités, des jalousies. Dieu aime chacun d’un amour spécial. Pas besoin de nous nous faire la guerre car dans le cœur de Dieu, il y a de place pour chacun.

Celui prétend être le super-chrétien de la première heure, exemplaire et modèle, réclamant de Dieu un salaire bienmérité, celui-là risque d’être très déçu ! Nous n’avons aucun droit devant Dieu. Le droit à l’Amour n’existe pas car l’Amour vrai est gratuit, il se donne et se reçoit gratuitement. Il m’arrive de rencontrer des chrétiens qui me rappellent toute leur vie donnée et consacrée au service de Dieu et de l’Eglise, trouvant injuste de ne pas être traité de manière privilégiée…. Non, Dieu n’a pas d’enfantsprivilégiés, car chacun de ses enfants est particulier, unique à ses yeux.

Si au contraire, avec humilité, tu te ranges parmi les ouvriers de la 5è heure, qui n’ont pas signé de contrat salarial avec Dieu, mais qui lui font confiance en se faisant embaucher par lui, alors, aux côtés des pécheurs comme Marie-Madeleine ou le Bonlarron, si tu arrêtes de regarder tes mérites pour ne compter que sur bonté infinie de Dieu… alors, tu ne seras pas déçu parce que le salut est un don gratuit. Béni sois-tu Seigneur pour ta justice qui nous qui nous déstabilise, pour ta générosité et ton infini envers nous. Amen.