Mes chers frères et sœurs !

L’évangile de dimanche nous a un peu choqué avec cette logique de Dieu racontée dans la parabole du Maître de la Vigne qui donne le même salaire aux gens sans tenir compte de la durée de leur travail. Cela a été perçu par nous comme une injustice de Dieu comme ces juifs déportés à Babylone qui se plaignent de payer pour les péchés de leurs pères. Souvent, nous aussi, devant certaines situations, surtout difficiles, nous nous plaignons contre Dieu que nous trouvons injuste parce que nous le tenons pour responsable : d’une maladie grave, surtout quand cela touche  les enfants, de la mort d’un proche, surtout quand il est parti très jeune, de la guerre, de la faim dans la monde… : nous accusons d’être le responsable, et donc le coupable de toutes ces situations difficile. Du coup, nous refusons de lui ouvrir notre cœur. Nous lui disons NON et refusons d’entrer dans sa logique. Le prophète Ezéchiel, exilé et prisonnier des Babyloniens invite ses frères déportés, et nous aussi, à assumer, accepter et accueillir la logique de Dieu   qui est tellement différente de la nôtre « Vous dites : ‘La conduite du Seigneur n’est pas la bonne’. Écoutez donc, fils d’Israël : est-ce ma conduite qui n’est pas la bonne ? N’est-ce pas plutôt la vôtre ? »  En creusant un peu, en méditant l’évangile de dimanche dernier, nous nous rendons compte que ce qui nous paraissait comme étant une injustice de la part de Dieu était simplement la manifestation de notre colère, notre révolte, notre mal-être.

Mes amis, il n’y a rien à faire : si nous voulons suivre le Dieu des chrétiens, Celui qui Jésus est venu nous révéler, le Dieu trinitaire qui est la spécificité de la foi chrétienne que nous avons choisi pour nos enfants qui seront bientôt baptisés,  que vous vous engagez à approfondir avec cette année de préparation à la communion et à la confirmation pour les adultes, il nous faut changer de perspective et accueillir la logique de Dieu qui nous appelle à une foi authentique et vraie. Jésus déteste le péché mais l’évangile nous dit qu’il y a une chose que Jésus déteste plus que le péché, une chose tellement diffuse parmi nous chrétiens, d’hier et d’aujourd’hui : cette chose s’appelle l’hypocrisie.

Au temps de Jésus, il y avait des catégories des juifs qui étaient des professionnels de l’hypocrisie : scribes, pharisiens, docteur de la Loi, anciens, grands-prêtres. Ils étaient toujours impeccables !  De l’extérieur, ils étaient parfaits. Aucun faux pas par rapport à la Loi, aux rites. Leur hypocrisie m’a fait penser à un ministre des finances qui décide de mener la guerre contre l’évasion fiscale, et qui traque tous les tricheurs qui vont planquer leur compte très loin, dans les paradis fiscaux, en Suisse, aux Iles Caïmans, au Panama. Il est tellement zélé et déterminé que personne ne peut penser une seule seconde que ce même ministre a planqué quelques millions dans une banque Suisse…. A l’extérieur, dans ses paroles, son apparence physique, il était irréprochable, mais en réalité, c’est un grand hypocrite.

L’hypocrisie des hommes, notre hypocrisie, la mienne comme la vôtre, est le thème de la Parole de Dieu d’aujourd’hui. En moi comme en chacun de nous ici, il y a une dose plus ou moins grande d’hypocrisie. Cette tentation nous guette tous, surtout dans notre société où il faut soigner son image, lisser son image devant les autres et se faire passer même pour qui on n’est pas en réalité ! L’hypocrisie abime notre relation aux autres et surtout avec Dieu. C’est le comble parce que, nous pouvons tout cacher aux autres mais on ne peut rien cacher à Dieu qui nous connait plus que nous-même. Raison pour laquelle nous devons rester humble et en vérité devant Dieu qui nous connait dans tous les petits détails de notre être.

La relation hypocrite avec Dieu est décrite ici par cette parabole du vigneron qui envoie ses deux enfants à sa vigne. Le fils aîné dit oui à la demande de son père d’aller à la vigne. Waou ! Quel garçon modèle et parfait.  Les amis du vigneron qui ont assisté à la scène ont certainement dit au monsieur : « tu dois être fière de ton fils ! Quel héritier tu as ! bravo ! » Parfois, vous recevez des félicitations sur votre enfant qui, en dehors de la maison est sage comme une statue, impeccable alors qu’à la maison c’est vous l’appelez parfois « la calamité de la famille » Le fils aîné a dit oui mais n’est pas allé à la vigne. La parabole de nous dit pas qu’il a changé d’idée parce, sur le chemin, il a rencontré des copains qui l’ont incité à aller jouer au foot, ou un contre-temps qui a fait qu’il a oublié sa mission ! Non, aucune excuse ! Le fils aîné a dit oui mais il n’avait aucunement l’intention d’y obéir et cela dès le départ.

L’attitude de l’aîné est purement extérieure. La demande du papa ne l’a pas dérangé : « oui, cause toujours ! ». C’est comme notre foi qui est parfois de façade, extérieure, superficielle, faite seulement des rites mais sans réelle conversion. Dieu le sait, il le voit de toute façon, lui qui scrute et sonde les cœurs. C’est à lui de juger de la vérité de nos actes de piété car lui sait tout chose.

Ensuite nous avons le jeune frère qui refuse d’obéir à son père ! Il a dit non ! Les parents, vous pensez à votre enfant est dans sa phase du « non, non » ! Vous navez pas fini de lui parler qu’il a déjà dit non, sans savoir ce que vous voulez lui dire.  Sa réponse est d’bord et déjà négative ! Combien des « non » sont la manifestation d’un mal-être, une demande voilée d’explication, d’éclaircissement, d’un dialogue.  Combien des gens se déclarent athées, qui disaient non à Dieu en le rejetant, mais, quand on creuse un peu, en discutant, en écoutant, on découvre que ce non était en réalité autre chose que la négation de Dieu, mais de l’Eglise, du prêtre parfois méchant, de la religieuse qui nous tiraient les oreilles, de la grand-mère ou des parents cathos, des blessures de cette tante Michelle tellement méchante qui va à la messe chaque jour, son chapelet sous la main, en prière tout le temps, qui tellement odieuse !

Disons non à une foi hypocrisie. Non à un Dieu incompréhensible qui se désintéresse de l’être humain car le vrai Dieu s’est fait l’un de nous. Non aux hommes et femmes d’Eglise qui oublient que Dieu est Amour et miséricorde.  Certains athées disent non parce qu’ils n’ont pas rencontré le vrai Dieu. Ils en entendent parler à la télé et dans la Dépêche. Une fois qu’ils ont rencontré le vrai Dieu, celui que Jésus est venu nous révéler certains non deviennent des « oui » inattendus et généreux comme le frère cadet de cette parabole : c’est la conversion !

La conclusion de Jésus est brulante : « Amen, je vous le déclare : les publicains et les prostituées vous précèdent dans le royaume de Dieu. Car Jean le Baptiste est venu à vous sur le chemin de la justice, et vous n’avez pas cru à sa parole ; mais les publicains et les prostituées y ont cru. Tandis que vous, après avoir vu cela, vous ne vous êtes même pas repentis plus tard pour croire à sa parole. »

Ces paroles sont une injure pour les grands prêtres et aux anciens qui l’écoutaient, et qui se considéraient comme parfaits, les seuls à mériter le Ciel qu’ils prenaient pour leur bien exclusif. Ils ont refusé de se convertir, de prier Dieu en vérité en sortant de l’hypocrisie des rites et de la Loi de Moïse, pour accueillir le commandement nouveau de l’Amour de Dieu et du prochain. Rappelez-vous de la parabole du bon-samaritain : ceux qui passent sans toucher le blessé le font pour respecter la Loi et les rites. Ils bénissaient Dieu des lèvres, mais leurs cœurs étaient loin de Dieu. Ils ne ressentaient aucun besoin de se convertir. Jésus leur dit que ce ne sont pas les bien-portants qui ont besoin de médecin mais les malades.  Jésus est venu pour sauver les pécheurs. Les scribes, les pharisiens, ceux d’hier et d’aujourd’hui n’ont pas besoin de pardon ni de conversion. Et de ce fait, ils ont dit non à Jésus. Les prostituées, comme la femme pécheresse, la Samaritaine, les publicains comme Zachée, comme Matthieu ont entendu sa Parole, accueilli l’appel à la conversion et ont suivi Jésus.

Frères et sœurs, nous qui nous considérons parfois comme les ouvriers de la première heure et bien-aimés du Père, que la Parole de Dieu convertisse nos cœurs pour que nos « oui » à Dieu soient des oui vrais et authentique, même si dire oui à Dieu peut être parfois couteux et pensant. Que le saint Esprit nous donne la force, la grâce d’être en vérité avec Dieu, et avec nos frères et sœurs, en dépit de nos fragilités. Amen.