Mes chers frères et sœurs !

« Elle est vivante, la parole de Dieu, énergique et plus coupante qu’une épée à deux tranchants ; elle juge des intentions et des pensées du cœur. Pas une créature n’échappe à ses yeux, tout est nu devant elle ». Voilà ce que nous avons entendu dans la deuxième lecture, tirée de la Lettre aux Hébreux. Ceux parmi vous qui ont un contact fréquent et familier avec la Parole de Dieu se rendent compte de son action dans notre vie personnelle, quand nous la laissons nous toucher et nous interpeler. Plusieurs images illustrent l’action de la Parole de Dieu sur notre vie. Celle qui nous est proposée aujourd’hui, c’est celle d’une épée à double tranchant qui pénètre les secrets du cœur, qui met à nu nos pensées et nos sentiments. Tout ce que nous pensons cacher à tout le monde, le Seigneur le connaît. Il sait tout se qui se passe dans notre cœur.

L’image de l’épée signifie que la Parole nous interpelle, elle blesse notre orgueil. Elle est comme cette vérité du rapport Sauvé sur les abus dans l’Eglise depuis 70 ans, qui met le doigt sur cette vérité qui ouvre des blessures profondes dans les cœurs, surtout ceux des victimes, mais aussi nombreux prêtres et fidèles touchés directement ou indirectement par ces crimes horribles, et qui nous appelle tout à la purification et à une conversion profonde. N’oublions jamais que c’est aussi par sa Parole, une épée à double tranchant que Dieu nous encourage et nous réconforte…dans l’intimité de notre vie, en parlant avec douceur et tendresse à notre cœur blessé et meurtri qui a besoin de consolation comme actuellement. Chaque fois que notre cœur s’ouvre à la Parole de Dieu, celle-ci devient la lumière qui nous permet d’avancer vers plus de vérité, plus de joie.

Retenons que l’épée à deux tranchants dont il est question ici ne fait jamais de mal.  Il ne s’agit pas de l’épée des Talibans et de tous ceux qui utilisent l’épée pour tuer, massacrer comme cela se passe dans beaucoup de régions du monde actuellement. Celui qui tue par l’épée périra par l’épée !  La Parole de Dieu, cette épée à deux tranchants ne nous fera jamais mal. Elle ne blesse jamais notre cœur ! Elle ne s’impose jamais à nous. La Parole s’adresse à notre cœur, le siège de l’amour et nous laisse la liberté de l’accueillir, de nous ouvrir à elle, de nous laisser toucher par elle. Notre liberté est la condition nécessaire pour voir les fruits et bienfaits de la Parole dans notre vie personnelle. Très souvent malheureusement, nous préférons ne pas laisser cette Parole nous toucher parce que nous avons peur qu’elle remette en cause notre façon d’agir et de vivre. Nous préférons ne pas lire la Bible pour ne pas être bousculés par ce qu’elle nous recommande qu’ils ne veulent pas être bousculés dans leur conscience ou mode de vie. Alors nous résistons à l’appel du Seigneur, comme ce jeune homme de l’évangile, parce que nous avons du mal à abandonner ces perles et trésors auxquels nous tenons tellement peur de changer notre façon de vivre et d’agir.

C’est cela qui arrive au jeune homme de l’évangile d’aujourd’hui. Il est plein d’enthousiasme, désireux de rencontrer Jésus et assoiffé de la vie éternelle. Il a tellement entendu parler de lui qu’il veut le rencontrer. « En ce temps-là, Jésus se mettait en route quand un homme accourut et, tombant à ses genoux, lui demanda : « Bon Maître, que dois-je faire pour avoir la vie éternelle en héritage ». C’est beau de contempler la soif et la joie de cet homme qui parle à Jésus. Aujourd’hui encore, beaucoup d’homme et de femmes ont cette même soif, mais il manque de disciples-missionnaires pour leur annoncer que Jésus est la Source de la Joie parfaite.

Belle et authentique démarche qui nous interpelle.  Jésus, qui connait le cœur de chacun découvre en lui un homme honnête et religieux. Il lui rappelle les commandements négatifs, sauf le dernier, et qui ne concernent que notre relation au prochain : « Ne commets pas de meurtre, ne commets pas d’adultère, ne commets pas de vol, ne porte pas de faux témoignage, ne fais de tort à personne, honore ton père et ta mère ». Cet homme lui répond qu’il vit tout cela depuis son enfance. En réalité, ce jeune homme vit ces commandements de Dieu sous le signe du devoir. Il le fait parce que ses parents lui ont dit qu’il faut le faire. C’est comme cet enfant de 4 ans à l’Eveil à la foi, les autres enfants, a récité le Notre Père de manière impeccable, en disant bien que sa grand-mère a déjà précisé que dire sa prière le soir faisait partie des obligations de la maison… Ceci qui permet à cet enfant de prier chaque jour, ce qui est déjà une très bonne chose. Et c’est très beau ! Mais il faut un pas de plus : quand cet enfant fera sa prière par amour pour Jésus, comme ce jeune homme qui est appelé à vivre ces différents commandements par amour pour Jésus. C’est cet amour qui comble notre cœur de joie. Contemplons cet homme : il mène une vie honnête, mais il n’a pas de joie : il a besoin de quelque chose plus pour être dans la joie.

 Il est inquiet malgré cette fidélité à la Loi et aux commandements. Il sait que quelque chose manque à sa vie. Ce jeune homme nous apprend que notre bonheur et notre joie ne peuvent se satisfaire d’une vie moralement correcte et irréprochable. Le philosophe danois S Kierkegaard nous dit que pour être vraiment heureux, nous devons passer de la vie esthétique, celle du plaisir et du don Juan, à la vie éthique du bon mari, bon père de famille, de l’homme et femme du devoir…à la dimension religieuse qui implique une relation personnelle d’amour avec Dieu.

C’est dans l’amour que consiste notre vrai bonheur. Essayez de penser la dernière fois que votre conjoint vous a pris dans ses bras, parce que vous l’aviez demandé ou réclamé, et mais lui ou elle n’en avait pas envie !  Ce que vous avez ressenti à ce moment-là, c’est ce que ressent le Seigneur quand nous vivons les commandements et notre vie de foi sans amour ! L’homme de l’évangile mène une vie morale et religieuse liée exclusivement à une obéissance aux commandements, mais sans amour. Il lui manque la relation personnelle et d’amour avec Dieu. Or, c’est dans l’amour que nous trouvons la vie éternelle. Celui qui aime est déjà passé de la mort à la vie éternelle. Aimer le Seigneur signifie le désirer plus que tout, le prendre pour notre tout, notre seule et unique richesse. C’est cela qui manque au jeune homme riche. Il tient tellement à tous ses biens matériels qu’il se prive du Bien par excellence.

Jésus reconnait la beauté et la bonté de la vie de cet homme. L’évangile nous dit précisément que l’ayant écouté, Jésus l’aima. Le Seigneur appelle cet homme à faire un pas de plus, mais un pas décisif pour combler cette soif profonde qui est dans son cœur : « Une seule chose te manque : va, vends ce que tu as et donne-le aux pauvres ; alors tu auras un trésor au ciel. Puis viens, suis-moi» Mais lui, à ces mots, devint sombre et s’en alla tout triste, car il avait de grands biens ». Nous sommes là devant un rendez-vous d’amour manqué. Quel dommage ! Ce regard du Christ, plein d’amour devient source de tristesse pour cet homme qui cherche et désire profondément la vie éternelle mais qui ne l’accueille pas parce qu’attaché tellement à sa vie terrestre et à ses biens matériels. Ce jeune homme désire le ciel sans vouloir quitter la terre !

Attention mes chers frères et sœurs ! La richesse dont il s’agit ici n’est pas forcément matérielle. Dans la vie de chacun de nous, nous avons des choses, des liens, des attaches, des biens matériels, des qualités, des défauts qui font que nous devenons lourds, tellement gros comme un chameau devant le trou de l’aiguille. C’est tout ce à quoi nous refusons de renoncer, ce que nous refusons de quitter, parfois de manière raisonnable et responsable, tout ce qui nous empêche d’entrer dans le projet de Dieu et d’accueillir la vie éternelle à travers la Parole de Dieu.

Seigneur rends-nous pauvres et affamés de toi. Donne-nous de désirer chaque jour la vie éternelle. Donne-nous la grâce de te désirer par-dessus tout. Amen.