Mes chers frères et sœurs !
Aves les grands moyens de communication et les réseaux sociaux, nous sommes sans cesse branchés ! Nous sommes, avec nos chaines et le direct, au courant de qui se passe au l’autre bout du monde. Ce côté direct n’est pas toujours bon pour la santé et peut même nous déprimer. Je pense par exemple à ceux qui ont suivi Midterms aux Etats Unis, avec la menace de la vague bleu au Congrès ou au Sénat, la déception de certains qui n’ont pas vu leur victoire éclatante, Donald Trump qui parle des résultats décevants, et Joe Biden qui est un peu soulagé ! J’imagine alors les états d’âme de celui ou celle qui avait fait le choix de suivre le direct des résultats électoraux.
Il y a eu aussi les élections présidentielles au Brésil entre deux candidats que tout oppose : Lula ou Bolsonaro… et le suspens entre le premier tour et le deuxième, se demandant on va continuer à détruire ou pas la forêt de l’Amazonie selon qui est élu. Là aussi, déception et larmes pour ceux qui ont perdu. Je me dis qu’il est parfois préférable de se passer du direct ! Encore, si le direct nous donnait au moins quelques de bonnes nouvelles. On le saurait ! Très souvent et globalement, ce sont les mauvaises nouvelles qui nous sont assenées. Je vous mets au défi de me donner 5 bonnes nouvelles données par les médias ces 24 dernières heures ! La Parole de Dieu de ce dimanche…qui me fait penser à la situation que traverse notre monde d’aujourd’hui où tout semble s’écrouler avec l’actualité médiatique qui plombe le moral et entretient un état d’âme angoissant.
En suivant les médias, on peut dire que notre monde semble très malade d’une maladie incurable et qu’il n’y plus rien à faire : la guerre en Ukraine, dans le Kivu avec des massacres de masse, l’inflation croissante, la crise énergétique, des coups d’Etats dans beaucoup de pays africains, la montée de extrêmes dans beaucoup de pays, l’islamisme qui se développe, une énième vague du Covid….Depuis 3 ans, quand allons-nous en sortir ? La mère-nature en rajoute à nos malheurs le dérèglement climatique et cette sècheresse prolongée après des plus chauds étés des 50 dernières années, la pluie que nous attendons impatiemment depuis des mois, un séisme en Italie mardi dernier….
L’Eglise n’est pas épargnée par la crise : je ne parlerai pas des séminaires qui sont presque vides. Les évêques, réunis à Lourdes la semaine dernière ont vécu en assemblée une plénière plombée par de nouvelles révélations d’abus commis par des évêques encore vivats ou déjà morts, un prêtre mis en examens pour viol aggravé sur un jeune homme….! L’horreur sans san fin ! Quand tout ceci va-t-il s’arrêter ? La vie des prêtres comme celle des communautés paroissiales ne séduisent plus nos jeunes ! Il y a une crise globale et sur plusieurs plans : les affaires de pédophilie ou abus, crise de vocation, crise d’engagement, crise du mariage avec de divorces qui augmentent chaque année, crise de la famille …. J’arrête de vous déprimer ! Les sœurs qui viennent d’arriver et que nous accueillons ce dimanche se demandent probablement c’est quoi cette drôle d’Eglise dans laquelle elles débarquent.
Dans tous les cas, c’est au cœur de ce tableau sombre et difficile que saint Luc nous invite à l’espérance chrétienne. Notre Dieu a vaincu la mort et le mal. Vendredi, notre archevêque, s’adressant aux prêtres disait : « Ce que nous vivons est une grande purification qui nous secoue fortement et nous invite à la persévérante fidélité, humblement, au pied de la croix avec Marie. Soyons serviteurs de l’Espérance ». Dans l’Evangile de ce dimanche, Saint Luc n’a pas l’intention de nous parler de la fin, du chaos, de la destruction de notre monde et de l’histoire. Il nous parle de l’espérance chrétienne, du salut, de la délivrance, de la finalité et destinée de notre monde et de l’histoire. Il s’adresse à des chrétiens persécutés par Néron, comme ceux d’aujourd’hui dans certains pays. Cette communauté chrétienne primitive voit aussi le temple de Jérusalem détruit par le général romain Titus. La destruction du magnifique temple, fierté de tout le peuple d’Israël, traumatise les premiers chrétiens comme les juifs.
Devant le poids des épreuves, nous sommes naturellement tentés par le découragement mais le Seigneur nous dit que nous devons relever la tête, lever nos yeux vers Lui. « Soyez sereins mes enfants, car j’ai vaincu le mal! » Notre monde ne va pas à sa fin ! N’écoutez pas tous les prophètes des malheurs, mais suivez les témoins d’espérancequi construisent le royaume de Dieu. On le voit germer déjà aujourd’hui dans notre monde, dans nos communautés. Nous avons l’assurance du Seigneur qui est avec nous dans la barque même si notre traversée est tempétueuse, même si le voyage secoué par des turbulences ! Même s’il semble parfois s’endormir, le Seigneur est toujours là. Il nous rassure et nous soutient « nous hommes et femmes de peu de foi ».
Au lieu de nous laisser aller au catastrophisme, il nous faut convertir notre cœur et notre regard sur le monde. Nous devons changer notre manière de vivre, même si nous avons du mal à le faire. On pensait qu’après la crise financière ou la crise du Covid il y aura un monde nouveau, mais voyez combien nous avons rapidement repris nos anciens réflexes, nos anciennes habitudes ! Nous devons nous convertir profondément si nous voulons que notre monde aille mieux, chacun à sa place et selon notre responsabilité. Pour nourrir l’espérance, nous sommes appelés à contempler les germes du Royaume de Dieu aujourd’hui, autour de nous, dans notre vie, nos familles, nos communautés, dans l’Eglise ! Voyons les petites choses positives et merveilleuses qui se vivent, qui se construisent, qui grandissent et qui nous montrent que le Seigneur est à l’œuvre car il ne peut nous abandonner. Même dans les épreuves, la foi est appelée à grandir !
Dans un monde qui va mal, soyons fermes dans la foi et dans l’espérance. Par une charité généreuse, construisons ici et maintenant le Royaume de Dieu, chacun avec ses petits moyens. Faisons confiance dans le Saint Esprit qui agit et que nous avons tous reçu le jour de notre baptême. C’est au moment des épreuves que nous sommes appelés à témoigner de l’espérance qui nous anime, de notre foi qui agit et qui espère. La foi est éprouvée par la vie, mais les épreuves affinent et purifient notre foi comme le feu qui affine et purifie le métal du forgeron.
Dans un contexte très difficile, les chrétiens sont appelés à être témoins d’espérance et d’optimisme, des artisans qui aident à bâtir un monde plus solidaire, plus fraternel, plus accueillant, plus paisible, plus juste….comme nous le rappelle très souvent le pape François. Arrêtons nostalgie du passé et bâtissons l’avenir. Rappeler sans cesse que le passé était meilleur qu’aujourd’hui ne suffit pas ! Au contraire, cela peut nous plomber le moral. Il se peut que tout ce qui symbolisent le temple de Jérusalem soit entrain de d’écouler dans notre vie ecclésiale. Au cours de l’assemblée diocésaine, notre archevêque nous a dit qu’il nous faut accepter la mort ou la destruction de certaines habitudes, d’un certain fonctionnement… pour ne pas subir la mort mais pour faire surgir la vie nouvelle, avec de nouvelles manières de faire qui corresponde à notre temps, sans trahir ce qui est essentiel de notre foi.
Nous devons ouvrir nos yeux et nos cœurs à la belle nouveauté qui se construit, qui germe et grandit timidement, au cœur des turbulences que traverse nos sociétés, l’Eglise, le monde, nos familles et nos communautés ecclésiales. Il nous faut nous bouger, Nous devons nous bouger, quitter le canapé, mais mettre les crampons, comme disait le pape aux jeunes, pour aller sur le terrain jouer notre vie et bâtir de notre monde, chacun à sa place, selon sa vocation et sa grâce particulière. Soyons confiants ! Le Christ construit son Royaume de paix et d’amour, mais il a besoin de chacun nous qui sommes membres de son Corps. Demandons-lui de nous faire grandir dans la vertu de l’espérance. Amen