Mes chers frères et sœurs !

Cette année, à l’occasion de la fête de la Sainte Famille de Nazareth (Jésus, Marie et Joseph), je voudrais parler un peu plus de saint de Joseph.  Nous venons de clôturer l’année sainte dédiée à saint Joseph par le pape François, ce qui me pousse à parler de saint Joseph en tant que père et chef de la petite famille de Nazareth, cet homme silencieux dans les évangiles et qui n’a fait que très peu d’apparition dans l’histoire. Mon propos risque de heurter les adeptes de cette l’idéologie qui veut que les hommes soient « déconstruits » au jourd’hui, que les pères et mères aient indifféremment les mêmes rôles au sein de la famille et dans l’éducation des enfants. Pendant tout le temps de l’Avent et de Noël, j’ai beaucoup parlé beaucoup Marie et l’Enfant Jésus. Parlons donc aujourd’hui de saint Joseph grâce à qui Jésus « est le Messie dans la lignée et la descendance du roi David ».

Que nous apprend saint Joseph au-delà de tout moralisme ? La culture actuelle, avec la montée d’un féminisme, parfois très idéologique, et pas toujours humaniste, tend ou voudrait détruire « l’image de l’autorité du père ». En détruisant l’autorité du père, notre culture risque aussi d’éliminer l’esprit, l’autorité et la crédibilité du père de famille. Certains de nos enfants manquent de repère et se perdent à cause de ce déficit d’une « culture paternelle ». Il y a quelques années, une enquête faite aux Etats-Unis d’Amérique démontrait l’importance de la présence de la figure du père. Cette enquête, qui n’est pas parole d’évangile mais un tableau factuel à un moment donné, disait que :  90% desenfants de la rue ou sans domicile fixe proviennent des familles monoparentales sans père (c’est-à-dire avec mère célibataire), 70% de crimes commis par les mineurs faits par les enfants dont les pères sont absents, 85% des jeunes en prison ont grandi dans des familles sans père, 63% des tentatives de suicide chez les ados sont faits par les enfants dont les pères étaient absents. Cette enquête n’est pas à avaler sans discernement. Elle montre néanmoins combien la figure et l’autorité du père est importante. C’est vouloir détruire la famille et la société quand on veut idéologiquement « déconstruire » des familles et éduquer les enfants sans la figure paternelle.

Saint Joseph est un homme d’il y a plus de deux mille ans mais qui reste d’actualité, et   les pères de famille devraient le prendre pour modèle et se mettre à son école. Voici quelques traits qui caractérisent saint Joseph.

  1. Joseph est un homme déterminé: devant un problème complexe, il décide et agit avec détermination, et parfois contre l’opinion commune. Il épouse Marie, une femme enceinte avant le mariage et que tout le monde voulait lapider. Il accepte d’élever, dans une culture légaliste, un enfant qu’il n’a pas engendré. Cela est une nouveauté radicale dans la culture juive. Nous sommes très loin de nos familles composées ou recomposées dans lesquelles beaux-enfants vivent plus ou moins en harmonie avec les beaux-parents.

Avec un père adoptif aussi déterminé et novateur, il n’est pas étonnant que Jésus soit porteur de la Bonne nouvelle, la véritable nouveauté pour le monde. Pas étonnant qu’il soit aussi déterminé, décidé, résolu, devant toutes les oppositions qu’il rencontrera en grandissant, jusqu’à donner sa vie en croix.  Et moi père de famille aujourd’hui, comment suis-je présent dans la vie de mes enfants dans toutes ses dimensions. Pourquoi devrais-je me fâcher devant l’échec scolaire de mes enfants quand c’est à ma femme que je demande d’aller chaque fois toute seule aux réunions des parents d’élèves parce que « je n’ai pas envie d’y aller ou je suis fatigué ». Nos enfants voient tout cela et cela les façonne dans la construction de leur personnalité.

  1. Joseph est courageux: Quand Hérode par jalousie veut tuer tous les enfants, Joseph prend sa famille pour la protéger en Egypte. Voilà pourquoi Jésus est courageux, intrépide, sachant défier même les grands de la politique et de la religion quand ils étaient dans l’erreur. Imaginez un peu cette scène. Vous êtes dans un bar avec votre fils en train de prendre un café et lui une glace. A côté de vous, deux hommes ont trop bu et se battent. Le papa dit à son fils : « allons-nous-en, ce ne sont pas nos affaires ! Ne faisons surtout rien pour ne pas avoir d’histoires ! » Ou alors, un papa qui se promène avec son enfant le long du Touch ou au lac de la Ramée. Ils voient cet homme allongé par terre, immobile, qui est soit mort, soit ivre… ou alors simplement très malade. Le papa dit : « c’est dangereux, laissons les autres s’occuper de lui. Rentrons rapidement à la maison». Qu’on ne s’étonne pas que notre enfant devienne plus tard quelqu’un de lâche et peureux devant les défis de la vie…  parce qu’il a vécu avec un papa peureux et lâche !
  2. Quand Jésus, adolescent dépasse les bornes et se perd dans le temple de Jérusalem, ses parents lui font des reproches. Jésus leur répond de manière qui pourrait nous paraître inappropriée comme le font tous les adolescents. Mais l’évangile nous dit « Il descendit avec eux pour se rendre à Nazareth, et il leur était soumis. Quant à Jésus, il grandissait en sagesse, en taille et en grâce, devant Dieu et devant les hommes» (Lc 2, 51-52). Jésus lui aussi a été façonné à travers l’éducation, la discipline, les valeurs, le travail, les relations, et le cadre reçu grâce à saint Joseph qui a certainement dû lui dire, comme tant de parents à leur adolescent qui veut devenir « le roi dans la maison » : « écoute Jésus, aussi longtemps que tu seras dans cette maison, c’est moi qui fais la loi. C’est moi qui fixe les règles ». Certains évangiles apocryphes disent que saint Joseph a parfois tiré les oreilles de Jésus. Comme tous les enfants, Jésus a appris progressivement à respecter les règles, à ne pas dépasser les limites. C’est pour cette raison que plus tard il a été capable de nous fixer des régler et des limites à ne pas franchir.

Certains parents pensent qu’imposer des règles, punir son enfant est incompatible avec l’amour parental ! L’amour pour nos enfants nous invite à ne pas les laisser faire n’importe quoi, pour ne pas en arriver à ce que nous voyons dans notre société des enfants-rois, pourris, gâtés et sans repères qui peuvent tout se permettre au nom de la liberté toute-puissante.

  1. Joseph a certainement dit à Jésus, avec autorité: « Tu l’as fait une fois, mais là, ça suffit et c’est non-négociable ». Cela sera très utile à Jésus plus tard avec les scribes et les pharisiens. Il est parfois inutile de discuter avec quelqu’un qui ne veut rien comprendre ! Dans l’éducation de nos enfants, l’autorité exige qu’on dise parfois : « Ça suffit, on n’en parle plus!». On ne peut pas toujours répondre aux désirs irrésistibles, capricieux et égocentriques de nos enfants. Aimer son enfant, c’est aussi savoir lui dire « non » fermement parfois !
  2. Joseph aime au féminin: dans une culture juive très machiste où les femmes sont méprisées, Joseph est un père et un mari respectueux : il prend soin de Marie pendant tout le voyage de Nazareth à Bethléem, il est à ses côté au moment de l’accouchement, il accomplit avec Marie les devoirs religieux de la purification de Jésus au temple. Quand Jésus se perd au temple au milieu des docteurs de la Loi, Joseph laisse Marie prendre le devant pour recadrer Jésus. Joseph accueille avec tendresse et amour une femme éprouvée par ce qui lui arrive…pour l’aimer, la chérir et la rassurer

Jésus  a été témoin de cela et  on le voir transparaitre dans l’amour, la tendresse, la délicatesse, le tact qui caractérisent ses relations, en particulier avec les femmes, comme la femme pécheresse, Marie-Madeleine, à la Samaritaine…

  1. Joseph reconnaît Jésus et donne le nom à son fils. Dans l’évangile de Matthieu, l’ange Gabriel dit à Joseph : « elle enfantera un fils, et tu lui donneras le nom de Jésus (c’est-à-dire : Le-Seigneur-sauve), car c’est lui qui sauvera son peuple de ses péchés» Le fait de se sentir pleinement fils accueilli par Joseph rend Jésus capable d’accueillir tous les humains comme frères et sœurs, nous donnant son Père qui devient aussi notre Père. En lui donnant le nom, Joseph apprend aussi son métier à Jésus, qui sera aussi appelé « charpentier et fils du charpentier» de Nazareth.

Ces quelques traits de la personnalité de Joseph comme père de famille nous invitent à prier pour tous les pères dont il est le modèle.  Nous pouvons prier chacun pour le papa que nous avons ou que nous avons eu dans notre vie, et rendre grâce pour tout ce qu’ils nous ont donné et nous donnent chaque jour, malgré leurs limites humaines.  Amen.