Frères et sœurs,
Le Pape François a institué il y a un peu plus d’un an un dimanche de la Parole. On l’écoute tous les dimanches, la Parole, et peut-être même, je l’espère, tous les jours. On s’en nourrit tous les dimanches, par sa proclamation, et dans l’eucharistie. Mais par ce dimanche spécial, le Pape nous invite à nous réinterroger sur notre rapport à la Parole. En particulier se pose pour chacun la question : est-ce que je crois que cette Parole est vivante, actuelle ? Parce qu’on pourrait la prendre comme une parole qui nous raconte des choses du passé, des choses qu’il est important de connaître parce qu’elles sont belles, importantes et intéressantes, mais qui sont du passé. Or la Parole de Dieu, même si elle raconte des évènements du passé, elle est bien vivante, actuelle.
Elle était bien vivante et efficace pour les habitants de Ninive. On pourrait se dire : « oui, mais pour eux, c’était du présent, c’était pas une parole du passé, et c’était spécialement adressé à eux. » C’est vrai. Sauf que ce n’était pas non plus Dieu qui leur parlait en direct. Il avait d’abord parlé à Jonas (qui a commencé par refuser d’obéir et à fuir…), et ensuite c’est Jonas qui a répété aux Ninivites. Ils auraient pu ne pas croire, ne pas croire que c’était pour eux à ce moment là. Et pourtant, ils se sont convertis, ils on fait pénitence et ont changé de vie. Peut-être que Dieu peut nous dire encore aujourd’hui par eux, que si nous ne nous convertissons pas, notre monde – pas simplement notre ville – sera détruit… La conversion est urgente pour que l’humanité n’aille pas à sa perte et n’aille vers une auto-destruction…
Elle était bien vivante la Parole pour André, Simon, Jacques et Jean. Facile, Dieu leur parlait directement en Jésus, et par-dessus tout, Jésus est lui-même la Parole, la Parole éternelle du Père, le Verbe de Dieu fait chair. Oui mais (il y a aussi un « oui, mais ») ils auraient pu penser que c’était un « fada » ce type, et ne pas reconnaître ce qu’il disait comme étant la Parole de Dieu, une parole vivante, actuelle. Ils ont quand même plaqué d’un coup tout leur matériel, leur activité, leur père et ses ouvriers pour suivre Jésus. Belle efficacité de la Parole divine…
Et puis il y en a eu d’autres des André, des Simon, des Jacques ou des Jean qui ont entendu cet appel radical à tout quitter pour suivre Jésus. Conversion brutale et totale… Ce sont tous ceux qui ont offert leur célibat au Seigneur dans la vie consacrée pour être tout à Dieu, et tout au service des hommes, ce sont tous ces prêtres depuis 2000 ans qui ont entendu l’appel à être pécheurs d’hommes. Ce sont aussi tous ceux qui dans le secret de leur existence offrent tout à Dieu. Il faut qu’elle soit bien vivante la Parole pour un tel choix !
Mais pour nous tout cela semble lointain parfois. Les textes les plus récents de la Bible ont à peine moins de 2000 ans… Et ce sont des textes, pas des paroles. Pourtant, quand nous les lisons, quand nous les proclamons, ces textes deviennent Parole. Pourtant, Dieu nous parle toujours personnellement par cette Parole mise par écrit dans la Bible. Par exemple, chacun, aujourd’hui, peut se laisser interpeler par l’appel de Jésus, en avant première du mercredi des Cendres : Convertissez-vous et croyez à l’évangile. Quelle conversion pour moi, c’est-à-dire, de quoi dois-je me détourner, comme les habitants de Ninive ? Que dois-je quitter, comme les premiers disciples ? Savoir quitter son téléphone ou son ordinateur parfois pour aller prier ou lire la Parole, savoir quitter des conversations médisantes pour ne pas tomber dedans, savoir quitter une vie de mensonges pour certains, savoir quitter des lieux ou occasions de tentation… Chacun peut se laisser interpeler par cet appel à la conversion, et cet appel à croire. Rappelons-nous que si notre foi était grosse comme une graine de moutarde nous pourrions déplacer des montagnes… Croire à l’évangile, c’est prendre Jésus pour maître et pour ami en chaque instant, c’est se faire tout petit dans les bras de Dieu. Il y a du chemin !
Mais peut-être que ne sont convaincu que la Parole de Dieu est vivante, que ceux qui un jour ont compris ce qu’avaient vécu les disciples d’Emmaüs sur leur route quand ils ont dit : notre cœur n’était-il pas tout brûlant tandis qu’il nous parlait en chemin, qu’il nous expliquait les Écritures ? Ceux qui ont eu un jour un cœur tout brûlant en écoutant la Parole, savent qu’elle est bien vivante et actuelle. Demandons cette grâce en ce jour, que Dieu vienne nous toucher au plus profond de nous-mêmes par sa Parole, qu’il vienne rendre notre cœur brûlant.
Amen.