Homélie du Père Joseph de Noël, année B (2023)

Mes chers frères et sœurs !

C’est noël ! Nous y sommes ! Comment l’attendiez-vous ? Je ne sais pas ! Êtes-vous déçus ou heureux de ce que vous vivez aujourd’hui ? Je ne sais pas ! Je sais que Noël n’est pas forcément une source de joie pour beaucoup de monde. Samedi j’ai croisé une dame âgée au supermarché qui m’a dit qu’elle n’aimait pas Noël et ne le fêtait pas depuis que leur fille est décédée. D’autres n’aiment pas Noël parce que, pendant que tout le monde parle de fête familiale, ils vont se retrouver dans leur solitude, sans compagnie, sans famille. D’autres ne peuvent pas célébrer Noël à cause de la guerre.

Mes pensées aujourd’hui sont tournées vers les chrétiens de Palestine, de la Terre sainte, de Bethléem qui ne peuvent célébrer comme nous Noël. Ce lieu où il y eu le premier Noël il y a plus de deux mille ans ne peut pas faire mémoire de la naissance du Prince de Paix parce que la violence humaine semble gagner. Ne les oublions pas dans nos prières.

Noël est une lumière toujours nouvelle car l’amour de Dieu se renouvelle chaque jour pour nous. L’amour de Dieu n’est pas une routine. Célébrer chaque année la naissance de son Fils ne peut être une habitude, mais une renaissance, un renouveau dans notre vie personnelle, familiale, ecclésiale, en dépit de toutes ces épreuves qui risquent d’assombrir en nous et autour de nous la Joie et la Lumière de Noël… Rappelons-nous que la lumière est toujours plus forte que les ténèbres : un peu de lumière arrivent à briser la lourdeur des ténèbres et de l’obscurité.

Pendant l’Avent, un avent très court, nous avons allumé les quatre bougies, pour nous rappeler que nous attendons la Lumière d’en haut. Jésus, notre Lumière nous appelle aussi à être notre lumière… Ce matin, faisons un point avec nous-même et essayons de voir comment, avec Marie et Joseph, nous avons accueilli et laissé Jésus naître dans notre vie pour y apporter sa lumière. Est-ce que l’avent nous a aidé à devenir meilleurs avec Dieu, avec nos frères et sœurs, avec nous-mêmes ?

A Noël, Dieu entre dans notre histoire, en y apportant sa lumière, en naissant dans une petite ville perdue de Judée appelée Bethléem. En célébrant Noël, l’Enfant-Jésus refuse de faire partie de l’histoire universelle s’il n’entre pas d’abord dans notre petite histoire personnelle qu’il veut illuminer de sa présence… L’Enfant de Marie naît et entre dans l’histoire personnelle de chacun de nous pour dire combien il nous aime personnellement. Par son incarnation, Jésus veut aussi nous dire que chacun de nous peut changer le cours de l’histoire de l’humanité en y mettant un peu plus d’amour et d’engagement Le monde va mal parce que nous avons oublié d’y mettre un peu de douceur et d’amour comme Marie et Joseph.

Joseph est obligé de subir les calculs politiques et les caprices d’un empereur qui veut recenser tous ses sujets. Il quitte son atelier, pose des congés, va avec sa jeune femme Marie qui est enceinte. Elle monte à Bethléem, avec une grossesse presque à terme, elle sent déjà les douleurs de l’accouchement : Marie supporte tout cela, avec amour, pour nous donner un Sauveur ! Pendant ce voyage, Marie aurait bien voulu que l’ange Gabriel la soutienne, la rassure en lui disant : « ne crains pas, Marie ! » Son courage, son amour pour son bébé, c’est déjà la grâce qui s’enracine dans la promesse de l’Ange. Dans les alentours de l’étable où sont installés Marie, Joseph et leur petit enfant, il y a ces bergers qui dorment dans le froid et dissertent sur leur vie faite de sacrifices et de mépris. C’est à eux d’abord qu’est annoncée cette bonne nouvelle qui est une grande joie pour tout le peuple.

Tout ceci est arrivé il y a plus de 2000 ans, et nous célébrons encore cet événement qui a changé le cours de l’Histoire de l’humanité. Devant un bébé à peine né, nous nous émerveillons ! A travers ce nouveau-né de Noël, Dieu révèle tout le potentiel, toute la splendeur de son Amour en nous faisant comprendre que malgré tout, il ne s’est pas encore fatigué de nous : il a voulu communier avec nous en prenant la condition humaine. Le Seigneur n’a pas fait semblant en devenant l’un de nous. Dieu a partagé notre condition en toute chose, excepté le péché. C’est l’originalité de la foi chrétienne par rapport aux deux autres monothéismes : Dieu fait réellement homme, pour que l’homme vive de la vie même de Dieu.

Dieu s’est humilié, il s’est abaissé, il s’est presque mis à genou devant nous pour nous montrer son amour. Ce mouvement descendant de Dieu à Noël appelle un autre mouvement ascendant où tout humain est appelé à communier à la vie divine au ciel, grâce au baptême dans lequel nous avons été plongés. Noël n’aura aucun sens pour nous si nous ne nous laissons pas toucher par l’Enfant de Marie qui nous bénit et veut naître dans nos cœurs et dans nos familles…

Ouvrons nos cœurs au Seigneur, à nos frères et sœurs. Accueillons l’amour qui nous vient du Ciel par l’incarnation du Christ et devenons, malgré nos fragilités, ceux et celles qui font ressentir au monde que notre Dieu est Amour. Joyeux Noël !

Homélie du Père Joseph de Noël, année B (2023)2023-12-27T18:58:06+01:00

Edito : Appelés à une triple conversion !

Ce dimanche 28 novembre est une date très importante nous appelant à plusieurs conversions.  Tout d’abord, elle marque, dans la liturgie, le début de l’Avent.  Ce temps liturgique, contrairement au Carême, qui est aussi caractérisé par un côté austère et le violet comme couleur liturgique, est marqué par beaucoup de lumière et de joie dans nos rues, nos commerces, nos maisons, nos églises, la préparation de la crèche de Noël, la préparation et achat des cadeaux… Cependant, l’Avent, comme le Carême (on l’oublie parfois !) est un temps de conversion. Nous sommes appelés à nous convertir pour accueillir la « Lumière d’en haut » qui vient nous visiter, c’est-à-dire Jésus, l’Emmanuel, Dieu-parmi-nous. Pour cela, nous devons, comme nous appelle Jean-Baptiste : « Voix de celui qui crie dans le désert : Préparez le chemin du Seigneur, rendez droits ses sentiers. Tout ravin sera comblé, toute montagne et toute colline seront abaissées ; les passages tortueux deviendront droits, les chemins rocailleux seront aplanis ; et tout être vivant verra le salut de Dieu » (Lc 3, 3-5).

Lorsque nous regardons en vérité notre propre vie, nous réalisons combien de zones d’ombres existent toujours, nous empêchant d’accueillir la lumière divine qui vient transfigurer nos vies blessées par le Mal aux diverses manifestations. Le temps de l’Avent, temps d’attente, d’espérance, est une période où chacun de nous est appelé à s’ouvrir au Totalement Autre qui, par amour pour nous, vient à notre rencontre en se faisant l’un de nous sans faire semblant. Mais c’est aussi un temps où nous devons nous approcher et nous ouvrir à l’autre, le frère et la sœur en humanité, pour faire route ensemble vers Jésus.

Ensuite, ce premier dimanche de l’Avent est important parce qu’il marque le début d’une nouvelle année liturgique. L’année B s’est achevée avec la solennité du Christ Roi de l’Univers. C’est l’évangéliste saint Marc qui nous a accompagnés nous invitant à emboiter les pas du Christ allant partout annoncer la Bonne Nouvelle du Royaume. Avec la nouvelle année liturgique C, c’est saint Luc qui va nous conduire petit à petit, nous invitant à nous convertir à la tendresse et à la miséricorde de Dieu. L’une des caractéristiques de l’évangile selon saint Luc, c’est la grande place qu’il accorde à la tendresse, la douceur, la miséricorde, l’Amour de Dieu qui nous sauve. Mon vœu pour chacun de nous est que nous puissions accueillir en abondance la tendresse, la miséricorde, la douceur de Dieu pour en témoigner autour de nous, en particulier dans nos familles appelées à se rassembler autour des grandes fêtes qui approchent.

Enfin, ce premier dimanche de l’Avent est important parce qu’avec lui, entre en vigueur la nouvelle traduction du Missel Romain avec quelques changements opérés pour permettre une meilleure participation à l’eucharistie. Ceci est aussi une autre conversion, et pas la moindre ! Il s’agit là d’un défi ! Le refrain qui mine la pastorale, comme le rappelle souvent le pape François, c’est « on a toujours fait comme ça ». Nous risquons alors de nous lamenter, en disant, « à la messe, on a toujours dit ça comme ça ! Pourquoi fallait-il nous changer la messe ? ». Retrouvons le sens de nos paroles et des gestes, pour sortir de la routine. Retrouvons le sens profond, théologique et spirituel de la messe, ce qui va renouveler notre foi, notre espérance et notre charité !  Cette nouvelle traduction permet aux Eglises francophones d’être en pleine communion avec les autres traditions linguistiques dans l’Eglise. Belles conversions, bon temps de l’Avent et sainte marche à la rencontre de l’Emmanuel, Dieu avec nous !

Edito : Appelés à une triple conversion !2021-11-29T15:44:07+01:00

Homélie du Père Joseph du I° Dimanche de l’Avent, année C (2021)

Mes chers frères et sœurs !

Nous commençons cette nouvelle année liturgique, avec ce premier dimanche de l’Avent dans une ambiance de peur et de psychose générale qui me rappelle celle dans laquelle nous étions en février-mars 2020 lorsque la pandémie a commencé. Il y avait une ambiance de fin du monde. Toute la journée, à la radio, à la TV, dans les journaux, il y avait cette morbide litanie des statistiques des contaminations et des morts dans chaque pays, comme si on voulait savoir où il y avait eu plus de morts. Confinés, on avait peur de mettre son nez dehors, peur de croiser quelqu’un, comme si toute rencontre était susceptible de nous transmettre le virus !  Confinés, nous avions cependant le temps d’être en famille, de lire, de prier, d’écouter la parole de Dieu… Mais globalement, c’était la psychose et ça sentait presque la fin du monde. Au début de l’Avent, l’évangile que saint Luc nous propose me fait penser à cette ambiance morbide de fin du monde du début de la pandémie, parce que nous vivons presque la même chose. Malgré la vaccination, il y a une montée fulgurante du nombre de contaminations, les hôpitaux qui sont saturés, le manque de lits, la peur d’être confinés, et surtout, un nouveau variant « Omicron » venu d’Afrique du Sud et beaucoup plus contagieux… ! On se demande alors comment nous allons nous en sortir ? Est-ce que la troisième dose suffira ! Bref, psychose et peur encore une fois !

La communauté chrétienne à laquelle saint Luc écrit cet évangile vit aussi dans une ambiance de psychose et de peur. C’est une communauté fragile, dans un contexte de guerre, de lutte de pouvoir, de migrations, de misère dans l’Empire Romain. C’est ce que nous vivons aussi plus ou moins, avec notre litanie de mauvaises nouvelles, de lamentations, de violence, d’incompréhension croissante, de problèmes mondiaux non résolus, de crise écologique, de difficulté et baisse de pouvoir d’achat, de tension entre les puissances, même entre les voisins comme la France et le Royaume Uni, avec la Manche qui devient aussi un vaste cimetière pour les migrants, la montée de cette pandémie qui a mis en lumière nos illusions…. Bref, rien de nouveau sous le soleil. La communauté primitive a vécu, à sa mesure, ces difficultés que nous vivons aujourd’hui.

Pourtant, au cœur de ces difficultés et de ces événements douleureux, Jésus nous appelle à l’espérance. Tel est le message du temps de l’Avent : « Quand ces événements commenceront, redressez-vous et relevez la tête, car votre rédemption approche ». Saint Luc, s’adressant à une communauté en souffrance, ne veut cependant pas céder au pessimisme. Pour lui, il faut se bouger, relever la tête, ne pas baisser les bras ! Oui, la vie est un combat et on ne peut l’emporter que si on décide de se battre et de ne pas céder à la tentation du défaitisme ni endosser toujours le rôle des victimes. Devant le chaos, les épreuves, les souffrances qui nous entourent, le message du temps de l’Avent est un appel à être des hommes et femmes d’espérance, des acteurs d’un monde meilleur.

Jésus ne nous demande pas d’être les derniers défenseurs de la foi dans un monde en perte de vitesse. Il nous appelle simplement à nous mettre debout, à nous relever, à redresser la tête, c’est-à-dire, à être pro-actifs, non pas passifs, à nous bouger, à voir ce qui germe de beau dans notre monde, autour de nous, à percevoir la lumière de Noël qui est déjà présente dans notre monde, dans l’Eglise, dans nos familles, en dépit des situations éprouvantes et ténébreuses que nous traversons. C’est cela le mystère de l’histoire : un paradoxe mêlant événements éprouvants et des merveilles, comme l’être humain qui est modelé à partir de la boue mais qui porte en soi le souffle de Dieu, ce qui nous appelle à regarder l’histoire au-delà des apparences, des événements. Nous devons agir, ne pas rester les bras croisés.

Jésus nous donne aussi un autre conseil pendant ce temps de l’Avent : « Tenez-vous sur vos gardes, de crainte que votre cœur ne s’alourdisse dans les beuveries, l’ivresse et les soucis de la vie ». Evitons de surcharger notre vie ! Allons vers Noël le cœur léger, tenons notre pensée et notre âme au-dessus du chaos ambiant. Ne dilapidons pas le temps, les émotions. Le peu que nous avons, que nous portons dans notre cœur, ne le dissipons pas, mais orientons toute notre vie vers la venue de Celui qui vient nous sauver.

Le temps de l’Avent, avec l’approche de Noël et des fêtes de fin d’année porte en soi un risque : faire simplement la fête ! Jésus parle de beuverie. Il y en a qui ne vont penser simplement qu’aux bouteilles de champagne, de vin blanc que nous allons associer au foie gras, aux lumières excessives qui nous empêchent de contempler les belles petites lumières autour de nous ! Quand je vois ou écoute les publicités, je suis impressionné par tout le « bonheur » qui nous est proposé par le marketing : Black Friday, les soldes de Noël… bref, tous ceux qui veulent nous vendre un bonheur à acheter dans les commerces ou sur internet ! L’Avent est un temps d’éveil, de lucidité ! Ne permettons pas à toutes ces sollicitations matérielles d’occuper totalement notre cœur. Nous devons laisser de l’espace à celui qui vient nous sauver, à Jésus qui se fait l’un de nous et qui a besoin que nous l’attendions dans la vraie joie et non pas dans les illusions de joie.

Nous avons un mois pour nous préparer à Noël, pour accorder un peu d’espace au Seigneur, conscients que Noël est la fête de ce Dieu qui veut entrer dans notre vie et naître dans nos choix quotidiens. Veiller signifie ne pas dormir, rester attentif et lucide, toujours sur le qui-vive pour ne pas être pris à l’improviste. Nous devons garder notre cœur éveillé. Le temps de l’Avent n’est-ce pas un temps pour contempler quelques grandes figures qui nous accompagnent et nous préparent à Noël :

Le prophète Isaïe qui exprime l’espérance messianique et annonce la naissance de l’Emmanuel.  Isaïe incarne à la fois la préparation de Dieu et les désirs de l’humanité.

Jean-Baptiste annonce la venue proche du Messie et invite à un baptême de conversion pour s’y préparer. Il est le précurseur. Dès son enfance, puis adulte, il désigne Jésus. L’Avent est un temps de conversion, rabaisser les montagnes en nous, ajuster les sentiers de notre cœur à Dieu et aux autres, rendre droite notre vie.

L’autre figure est Marie qui accepte de porter en elle Jésus et d’être sa mère. Elle est le symbole de l’habitation de Dieu en nous. Quels moyens mettons-nous en œuvre pour que Jésus naisse dans nos vies, dans nos cœurs, dans nos familles ?

Saint Joseph accepte d’aimer et de prendre soin d’un enfant et d’une épouse qui lui sont confiés par Dieu. Puissions-nous aussi prendre soin de ceux qui nous entourent dans nos familles pendant ce temps de l’Avent. Nous pouvons aussi contempler d’autres visages, Elisabeth qui se réjouit avec Marie : comment allons-nous partager la joie de Noël avec les autres ?

Les chrétiens se préparent à Noël en n’oubliant pas l’aspect spirituel et liturgique. Au point de vue pratique, il y a bien des manières pour un chrétien de préparer Noël. On installe la crèche chez soi et souvent on achète de nouveaux santons. On achète aussi un arbre que l’on place près de la crèche. On met sur sa porte une couronne d’accueil.

Comment préparer Noël spirituellement ? C’est l’occasion d’un réveil, une période que l’on vit dans l’espérance d’un nouveau départ, par la prière personnelle, l’écoute de la Parole de Dieu, comme Marie ! La fidélité à la messe dominicale nous prédispose à la venue du Sauveur. N’oublions pas le sacrement de pardon et réconciliation qui permet de faire un petit ou un grand ménage dans notre cœur, car en définitive, c’est notre cœur qui est appelé à devenir la demeure, la crèche où Jésus veut naître chaque jour.  Belle route vers Noël ! Amen.

Homélie du Père Joseph du I° Dimanche de l’Avent, année C (2021)2021-12-05T11:29:28+01:00

Homélie du Père Josselin du Jour de Noël (2020)

Jouer à l’ange…, mais pas pour tout !

A Noël, on a envie de jouer à l’ange. C’est quand même pas mal leur rôle dans la scénographie de Noël : ils descendent du ciel dans une grande lumière, ils débarquent dans un champ en pleine nuit, et ils annoncent une nouvelle merveilleuse, puis chantent Gloria. Ça en jette un peu, ce ne sont quand même pas des messagers de seconde classe ! Comme ils sont beaux sur les montagnes, les pas du messager, celui qui annonce la paix, qui porte la bonne nouvelle, qui annonce le salut. Alors on aimerait bien être comme eux. D’ailleurs, j’espère que hier soir, vos pas aussi étaient beaux, lorsque dans la nuit, en sortant de l’église, vous annonciez la bonne nouvelle de la naissance du Sauveur à ceux que vous rencontriez ! Un sauveur nous est né, un Fils nous est donné, alléluia ! J’espère que vous étiez beaux comme les anges !

Mais attention à ne pas trop faire l’ange… Qui fait l’ange fait la bête, dit le dicton… Donc faire l’ange, oui, mais de façon bien humaine. Être messager de Dieu, être tourné vers Dieu, mais sans quitter notre condition d’homme. Car si le Verbe s’est fait chair, si notre Dieu s’est fait homme, ce n’est pas pour que nous devenions des anges, mais pour que nous devenions des hommes et des femmes plus accomplis, plus divins, en fait. Si le Verbe s’est fait chair, c’est que la condition humaine est belle malgré tout. Car ce n’était pas simple : il y avait les ténèbres qui voulaient l’arrêter, les siens qui ne l’ont pas accueilli, il n’y avait pas de place pour eux dans la salle commune. Bref, ce n’était pas facile. Mais si le Verbe s’est fait chair, c’est que notre condition humaine en valait la peine. Noël, c’est le salut du monde qui commence, c’est le Sauveur qui vient sauver les hommes pécheurs. Fête merveilleuse !

En prenant notre condition, Dieu nous dit que notre condition est belle. Ne rêvons pas la condition des anges, vivons la nôtre pleinement ! Si le Verbe s’est fait chair, si la Parole prend un corps, c’est que notre corps a un sens, c’est qu’il est marqué par l’intelligence. Et le sens de notre corps nous est donné par l’amour : notre corps est fait pour aimer. Par la Rédemption apportée par le Christ, notre corps doit retrouver sa pleine signification, celle de l’amour, afin que tout soit ordonné vers l’amour vrai dans notre corps. Ce n’est donc pas la peur du corps qui doit nous animer, bien au contraire. Nous devons l’accepter dans sa beauté et ses blessures, et laisser Jésus lui redonner toute sa signification. Le Christ, de la crèche au crucifiement nous dit que notre corps est fait pour aimer, fait pour le don.

Et par sa venue dans le monde, le Christ nous a laissé son Corps dans l’eucharistie, Corps qui n’est ainsi qu’amour. Toucher, voir, manger ce Corps ne conduit qu’à l’amour. Et tourne nos corps vers l’amour. Il est ainsi triste de voir que notre façon actuelle de faire, en temps d’épidémie, brouille les pistes. Entourer le Corps du Christ de gestes barrières, de désinfectant et de peur, ne dit plus notre foi en l’Incarnation et en la réalité de l’amour du Christ en son Corps. Quel témoignage chrétien donnons-nous sur le corps actuellement ? La question est très délicate, mais elle mérite d’être posée. A travers notre façon de nous comporter avec le corps du Christ, mais aussi à travers nos relations, nous courrons le risque de trahir notre foi et trahir le mystère de l’Incarnation. Noël nous invite à regarder la noblesse de notre corps, par celle, infinie, du Corps du Christ. En dehors de la situation actuelle, posons-nous un regard de méfiance sur le corps en tant que tel, ou posons-nous le regard de la rédemption ? Noël nous invite à regarder le corps comme vraiment marqué par le péché, mais déjà sauvé, et en route vers l’amour total. Et le Corps eucharistique nous dévoile cette plénitude d’amour.

Oui, le Verbe s’est fait chair pour que notre corps retrouve sa splendeur première, sa vocation originelle à l’amour total. Contempler le nouveau-né dans la crèche, contempler le Corps eucharistique, se laisser toucher, c’est avancer vers le ciel où nous est promise la résurrection de la chair.

Noël, c’est la joie, non pas d’être des anges, mais d’être rejoints dans notre humanité pour la sanctifier et la diviniser, et avec les anges, nous prosterner devant le Sauveur. Joyeux Noël !

Amen.

Homélie du Père Josselin du Jour de Noël (2020)2021-01-26T19:48:39+01:00
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