Mes chers frères et sœurs !
Commencement de l’évangile de Jésus-Christ, avons-nous écouté ! Il s’agit d’un commencement, d’une nouvelle Genèse, une nouvelle Création. Saint Marc n’a pas écrit un traité de théologie, mais un « petit catéchisme ». On appelle son évangile, « celui du catéchiste ». Nous pouvons aussi appeler, avec l’entrée en catéchuménat « l’évangile de l’accompagnateur des catéchumènes » : un évangile court, pas compliqué, dont le but est de nous conduire petit à petit au Christ, pour le connaître, pour l’aimer, pour le faire aimer. Saint Marc présente Jésus comme la Bonne Nouvelle pour notre monde, pour notre vie, pour ta vie, toi qui as choisi de le suivre en demandant le baptême.
Pour saint Marc, l’évangile est véritablement une bonne nouvelle à travers laquelle Dieu fait de nous des créaturesnouvelles, une nouvelle Genèse à travers laquelle Dieu nous reconstruit, nous façonne et nous restaure de nouveau aprèsla blessure du péché. Pour saint Marc, suivre Jésus fait de nous une nouvelle création et nous offre un nouveau départ dont le Christ est le centre, le moteur et le sens. Pour rappel, s’il en était encore besoin : tout ce que nous faisons, comme chrétiens, comme Eglise s’oriente dans cette direction : proclamer que Jésus venu dans l’Histoire, est le Christ de la Gloire, Celui qui révèle le vrai Dieu.
Notre mission de baptisé, celle de l’Eglise, est d’être transparents pour que le Christ soit visible, pour indiquer, comme Jean-Baptiste que Jésus est le Messie, celui qui sauve le monde. Chers catéchumènes, n’attendez pas d’être baptisés pour montrer le Christ aux autres, pour témoigner de lui : c’est dès maintenant que nous devons l’annoncer. Vendredi, nous étions en réunion des prêtres de doyenné à Pibrac, et nous avons constaté que, contrairement aux adultes, les adolescents aujourd’hui n’hésitent pas à parler du Christ, à le montrer aux autres ! A l’aumônerie de collège ou lycées, nous avons de plus en plus des jeunes qui arrivent parce qu’amenés par les copains et copines, grâce à leur témoignage. De cette manière, ces jeunes sont pour ainsi dire des Jean-Baptiste auprès de leurs camarades.
Nous sommes à mi-chemin d’un Noël qui s’annonce déjà différent, fatiguant, angoissant à cause ces guerres que nous ne sommes plus capables de faire la liste, la violence qui grandit, des querelles politiques, des peuples qui se déchirentet ces polarisations qui accroissent le mal, la nostalgie des choix drastiques, chacun exhibant ses gros muscles pourécraser l’ennemi en face… Cela laisse prévaloir les émotions, parfois très excessives, des solutions illogiques, toutes faites, radicales plutôt que réfléchir et prendre de la hauteur. Dans ce contexte, chacun de nous est appelé à être une lumière afinque ce Noël illumine véritablement le cœur de chaque humain. Pour cela, il nous faut aussi crier avec Jean-Baptiste : « Préparez le chemin du Seigneur, rendez droits ses sentiers. »
Peut-être même, nous faut-il rompre avec le passé,rompre avec certains schémas passés, quitter les vieilles habitudes, bref, nous convertir ! Suivre Jésus demande de faire des ruptures, défaire nos chaînes, s’éloigner de ce qui nous éloigne du Christ. Jean Baptiste a aussi vécu des ruptures !
Jean-Baptiste est fils d’un prêtre, Zacharie qui officiait au temple ; mais ce fils de prêtre est devenu prophète. Il a vécu à Jérusalem, la grande ville, mais il s’est réfugié dans le désert, fuyant la vie citadine, comme ces jeunes qui font le choix de quitter les grandes villes pour trouver une vie saine en campagne, dans les montagnes, pour une vie simple et plus austère. Pendant que tout le monde veut faire des sacrifices au temple de Jérusalem, Jean Baptiste propose autre chose : la conversion. Il fait déplacer les gens à travers le désert de Juda au Jourdain, comme un nouvel Exode.
Il ne propose pas les ablutions rituelles mais un baptême par immersion, symbole de changement radical de vie. « Toute la Judée, tous les habitants de Jérusalem se rendaient auprès de lui, et ils étaient baptisés par lui dans le Jourdain, en reconnaissant publiquement leurs péchés ». Jean-Baptiste ne propose pas des petits ajustements, du colmatagemais un nouveau chemin à parcourir : chemin de vérité, au-delà des apparences, de la déco, comme celle que nous adoubons autour de Noël, au risque de suffoquer et d’étouffer le véritable sens de Noël par trop de déco extérieure au lieu de décorer et d’illuminer nos cœurs.
On verra s’il y aura de la substance à la fin ! Oui, probablement, mais à une condition : nous faire accompagnerpar un Jean-Baptiste exigeant qui ne fait pas une proposition au rabais. Il nous dit que le salut apporté par le Messie n’accepte ni rabais de solde. Nous aimons tous achetons les choses soldées pour faire des économies, mais le salut n’accepte pas cette logique. Le salut est gratuit mais exigeant ! Il nous faut y aller fort, plus fort, sans demi-mesure, donner, se donner, abaisser notre orgueil pour accueillir ce Dieu qui vient nous offrir un nouveau départ et veut faire de nous des créations nouvelles. Alors, il nous faut préparer la route, changer nos cœurs, aplanir les sentiersintérieurs de notre orgueil, nos jalousies, nos haines, nos égoïsmes, nos paresses spirituelles !
Jésus est déjà né dans l’Histoire et il reviendra dans la gloire. Mais ici et maintenant, Jésus demande à chacun de nous de l’accueillir, le laisser naître en nous, dans nos familles, notre communauté. Nous nous préparons à accueillir un Dieu qui bouscule, qui est signe de contradiction. Nous n’attendons pas d’un Dieu-jouet, un Dieu de la déco, un Dieu inutile, un Dieu que nous pouvons sortir de la poche de notre manteau, pas un Dieu que nous mettons simplementnotre service. Nous attendons un Dieu qui, fatigué de ne pas être compris, a voulu venir au milieu de nous en devenant l’un de nous pour que chaque être humain puisse l’accueilliret le connaître, un Dieu qui peut être rencontré, rejoint, aimé. Un Dieu qui aime, qui nous aime infiniment ! Cela se produit en nous à chaque Noël si nous osons lever le regard et ouvrir nos cœurs.
Jean-Baptiste est le protagoniste du temps d’Avent. Un grand homme, le plus grand des enfants de l’homme. Il aurait pu se faire passer pour le Messie, parce tout le monde pensaient qu’il l’était. Il aurait pu se prendre pour Dieu,chose que beaucoup de personnes font aujourd’hui. Mais Jean-Baptiste sait qu’il n’est pas la lumière. Il l’a découvert, l’a compris, a accepté de prendre sa place, de répondre à sa vocation, de remplir sa mission dans l’histoire, répondre au dessein de Dieu. Et toi baptisé, confirmé de longue date, toi qui demandes le baptême aujourd’hui, quelle est ta vocation ? Quelle est ta place dans l’Eglise, dans le monde ? A quelle mission es-tu appelé personnellement ? Que l’eucharistie que nous célébrons et le témoignage de Jean Baptiste aide chacun de nous à découvrir et répondre à sa propre vocation etprendre réellement notre place dans l’Eglise et dans le monde. Amen.