À propos de Joseph Bavurha

Curé de l'ensemble paroissial de Tournefeuille

Homélie du Père Joseph du VI° Dimanche de Pâques, année A (2023)

Mes chers frères et sœurs !

« Si vous m’aimez ! »  Voilà une expression que Jésus reprend plusieurs fois dans sa soirée d’adieu, le jeudi saint, en s’adressant à ses disciples. Au cours de cette soirée, Jésus parle à ses disciples à cœur ouvert. Il leur livre ses émotions et ses sentiments les plus intimes. Les apôtres ne comprennent pas tout ce qu’il leur dit, comme on l’a pu le voir aussi dimanche dernier à travers les questions posées par Philippe et Thomas.

« Si vous m’aimez !», « Si tu m’aimes ! »  Nous utilisons cette expression en s’adressant nos enfants, nos parents, notre conjoint, nos paroissiens, nos amis, nos collègues… « Si tu m’aimais, tu devrais faire ceci pour me le prouver », « Si tu m’aimes, tu ne devrais pas faire cela…. », expressions que nous utilisons pour tester l’amour de l’autre,  l’éprouver, vérifier si l’autre nous aime réellement comme il le prétend ou comme nous le souhaiterions. Il parait que les pervers narcissiques aiment bien s’adresser aux proches en abusant de cette expression !  Négativement, cette expression peut porter un jugement, une remise en cause de l’amour de l’autre.  « En fait, si tu ne fais pas ceci, cela veut dire que tu ne m’aimes pas ! ». En utilisant abusivement cette expression, nous nous comportons comme des petits dictateurs affectifs, des juges qui fixent les conditions, les règles, les paramètres que l’autre doit observer pour démontrer et prouver son amour pour nous.…  Il parait qu’un prêtre qui ne voulait pas quitter sa paroisse avait incité ses paroissiens à écrire à l’évêque : « Si vous m’aimez, vous devez écrire à l’évêque pour lui dire tout le bien que vous pensez de moi pour que je reste ici ! » Et l’évêque qi disait que chaque fois que des paroissiens doivent écrire pour empêcher la nomination de leur curé, cela lui conforte dans la conviction qu’il faut absolument changer ce curé, et prouve en cela que son rapport avec les paroissiens n’est pas chaste !

« Si vous m’aimez ! » Cette expression a fait naître d’autres plus fortes encore, mais malheureusement dangereux dans leur contenu. Par exemple, nous affirmons « aimer à la folie » une personne. « Aimer au-delà du raisonnable », qui dit tout le contraire de l’amour car « aimer, amours », sont des expressions parmi les plus galvaudées du vocabulaire. Dire qu’on aime quelqu’un, et poser un geste qui dit tout le contraire de l’amour ! Par exemple, le meurtrier passionnel désespéré affirme avoir tué sa victime par amour, parce qu’il l’aimait trop ! C’est la contradiction paradoxale de tuer la personne que nous aimons parce que nous l’aimons à la folie ! Là on voit se mélanger amour, folie et égoïsme au paroxysme !

Jésus utilise aussi plusieurs fois cette expression le jeudi saint !  Mais que veut-il dire quand il s’adresse ainsi à ses disciples ? Il ne demande pas des preuves ni des conditions à respecter, comme le ferait un manipulateur narcissique. Jésus ne veut pas  culpabiliser ses disciples en leur disant « Si vous m’aimez, vous observerez mes commandements ».

Le premier de tous les commandements, c’est : « Aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés ». Jésus nous rappelle que nous sommes capables d’aimer vraiment, en vérité, sans égoïsme qu’à condition d’accueillir son amour inconditionnel pour nous. Nous devenons « capables d’aimer amour grâce à l’Amour que nous recevons de lui ». Un enfant qui se sent mal aimé, qui est convaincu de n’être pas aimable ni aimé de personne aura beaucoup de mal à aimer ses copains à l’école ! Nous aimons, nous sommes capables d’aimer seulement parce que nous avons d’abord reçu de l’amour.  « Dieu le premier nous a aimés, et nous devons nous aimer les uns les autres… ! » C’est Dieu qui nous rend capables d’aimer les autres. Nous n’aimons pas parce que nous sommes plus sensibles, meilleurs que les autres… Nous aimons parce que nous sommes d’abord aimés de Dieu.

Vu ainsi, le commandement de l’amour perd toute sa dimension juridique d’obligation et de loi. Ce commandement devient le modèle de l’amour vrai, le mode concret que nous avons de manifester notre affection aux autres.  Dire à quelque « je t’aime mais je refuse de te rencontrer », « je t’aime mais je te laisse mourir de faim ou de solitude », est une contradiction ! A quoi sert un amour qu’on ne cesse de répéter, de déclamer comme un refrain à longueurs journées mais qui ne se concrétise jamais dans les œuvres ?

Le même soir où Jésus donne ce nouveau commandement aux disciples, leur en donne aussi un exemple concret dans le lavement des pieds et de sa vie donnée jusqu’au bout sur la croix. C’est là qu’il nous redit c’est Lui qui est le modèle de l’amour : « Aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés », c’est-à-dire, accueillez mon amour pour que vous deveniez capables de vous aimer personnellement et de vous aimer les uns les autres. Aimer les autres comme Jésus les aime, et s’aimer soi-même comme Jésus nous aime, telle est la dynamique de la morale chrétienne : le cœur du chrétien est appelé à devenir un vase qui se remplit de l’amour de Dieu, un amour tellement énorme qu’il déborde pour irriguer tout ce qui se trouve autour de nous !

Cependant, très souvent, nous ne sommes pas capables d’accueillir l’amour de Dieu. Nous nous en approchons, mais nous refusons de l’accueillir en nous parce que nous nous reprochons quelque chose, parce que le Malin nous dit que nous n’en sommes pas dignes d’être aimé de Dieu, parce que la part obscure en nous nous accuse, créant au fond de nous un sentiment de culpabilité qui nous condamne et nous juge. Nous sommes alors remplis de sens de culpabilité, écrasés par un jugement très sévère sur nous-même…

Et là encore, c’est Jésus qui vient à notre secours en nous envoyant le paraclet, comme il le promet à ses disciples « Moi, je prierai le Père, et il vous donnera un autre Défenseur qui sera pour toujours avec vous ». Le saint Esprit que nous attendons à la Pentecôte, que nous avons déjà reçu au baptême et la confirmation est ce Défenseur, l’Avocat envoyé par Jésus d’auprès du Père et qui nous guérit de la terrible logique du jugement et de culpabilité envers nous-mêmes en envers les autres. L’Esprit saint révèle la vérité sur nous même pour nous aider à prendre conscience de nos limites, de nos fragilités, pour nous convertir ou pour nous révéler le merveilleux cadeau que nous sommes ou pouvons devenir pour les autres, pour le monde, pour l’Eglise.

Cette vérité sur vous, révélée par le saint Esprit nous aide à demeurer dans le Christ. Demeurer dans l’amour, ne jamais se désespérer de ses péchés, ne pas céder à la culpabilité morbide du Malin qui nous écrase, approfondir sa foi, désirer cheminer chaque jour en sainteté, à la suite du Seigneur, voilà ce que le saint Esprit provoque en nous.  Le saint Esprit nous aide ainsi à rendre compte de l’espérance chrétienne qui est en nous, parce qu’il nous rend aimables et aimants parce nous aide à réaliser combien nous sommes d’abord infiniment aimés de Dieu avant toute chose !

En cette semaine qui nous conduit vers l’Ascension, ensuite vers la Pentecôte, prions le Seigneur d’envoyer sur nous le saint Esprit, le Défenseur, l’Avocat par excellence, l’Esprit de vérité, de liberté et d’Amour qui fait de chacun de nous, dans nos familles, dans l’Eglise, dans le monde, un vrai témoin d’Amour. Amen.

 

Homélie du Père Joseph du VI° Dimanche de Pâques, année A (2023)2023-05-17T12:15:05+02:00

Homélie du Père Joseph du V° Dimanche de Pâques, année A (2023)

Mes chers frères et sœurs

L’ambiance socio-politique et économique mondiale n’est pas très joyeuse.  Bien que le TFC a remporté la coupe de France, nous sommes tristes de ne voir le Stade Toulousain en finale de la H-Cup. Tant mieux pour les Rochelais ! L’Ukraine est prête à faire une contre-offensive contre l’Armée Russe mais Medvedev appelle à assassiner le président ukrainien !  Des centaines des personnes sont mortes à cause des pluies torrentielles au Rwanda et dans le Kivu. En France, le climat social n’est pas très rassurant : une réforme des retraites très impopulaire, des manifestations de plus en plus violentes, la sécheresse dans les pays méditerranéens et France nous inquiète sur l’agriculture ! Aurons-nous à manger cet été ? Les glaciers sont en train de fondre partout dans le monde….

Ce que les médias donnent de la vie de l’Eglise ne nous réjouit même si tout cela est parfois en décalage avec ce que nous vivons concrètement. Malgré les belles choses que nous pouvons vivre au sein de nos communautés, les médias reviennent toujours à ces situations douloureuses dans l’Eglise.  J’ai rencontré dans l’église de Tournefeuille la semaine dernière 3 personnes différentes en prière, et toutes les trois venaient confier leur couple qui bat de l’aile. Je ne parle pas des difficultés personnelles ! Bref, tout cela produit en nous inquiétude et angoisse !

L’évangile de ce V dimanche de Pâque tombe à pic, comme réponse à cette angoissante inquiétude que nous ressentons. Jésus nous rassure ! Ce que nous ressentons, c’est ce que vivaient les disciples de Jésus dans cet épisode de l’évangile. Ça se passe le jeudi saint, à la veille de sa mort :  Jésus et des disciples ont partagé le repas pascal. Il leur a aussi ouvertement annoncé la trahison de Judas, le reniement de Pierre, et surtout, sa mort en croix. Cela a plombé l’ambiance ! Les disciples sont en tristes et angoissés.

Celui qui va souffrir et mourir, le voilà qui console et rassure ses disciples, les appelant à la confiance : « Que votre cœur ne soit pas bouleversé, vous croyez en Dieu, croyez aussi à moi ! » Une phrase de consolation, un appel à la sérénité que je vous invite à réciter le matin, avant d’affronter une journée, une réunion, un rendez-vous, stressé, angoissé, la boule au ventre, comme on dit. « Que votre cœur ne se trouble pas ! Confiance ! ».

Cette phrase de Jésus fait penser aux situations que vivent les parents quand leurs enfants, surtout quand ils sont encore bébés ! Parfois, malheureusement, il arrive que les enfants fassent de mauvais rêves, des cauchemars ! Dans ces cas, vous l’entendez votre enfant qui, pendant la nuit, qui sursaute en criant fort, en pleurant ! Papa ou maman (souvent c’est maman il paraît) saute du lit, arrive vite, prend le bébé dans les bras et lui dit : « c’est fini mon cœur ! papa est là, maman est là ! » et tout un coup, le bébé arrête de crier, il sanglote pendant quelques minutes encore et vous se serre très fort dans vos bras ! Votre présence et vos paroles l’ont rassuré et apaisé. Des paroles et des attitudes qui font naitre la confiance et la sérénité, qui nous poussent à nous abandonner au Seigneur et à lâcher prise.

Contrairement aux exigences stressantes et angoissante de la société dans laquelle nous vivons, Jésus ne nous demande pas d’être à la hauteur tout le temps et en tout ce que nous faisons. Jésus n’exige pas de tout d’être toujours prêts, compétents, compétitifs, combatifs, toujours au top niveau…. Le Seigneur veut tout simplement nous rassurer par sa présence qui fait naître en nous la confiance, la paix et lâcher-prise. La seule chose qu’il nous demande dans le contexte angoissant que nous vivons, c’est de lui faire confiance et d’être dans la paix de sa présence.

Jésus n’a jamais promis à ses disciples une vie ou une mission épargnée d’épreuves et des problèmes. Au contraire, il leur disait ouvertement qu’il faudra porter la croix, qu’ils seront persécutés, trainés dans les tribunaux, et même mis à mort…Vous savez par expérience qu’être chrétien ne nous vaccine pas des épreuves de la vie. D’ailleurs, Jésus nous dit que si nous voulons devenir ses disciples, il nous faut porter sa croix et le suivre. Certains saints ont beaucoup souffert pendant leur vie terrestre, mais ils savaient qu’une joie infinie les attendaient pour l’éternité ! Ce qui rassure le chrétien, c’est de voir Jésus lui-même embrasser sa croix par amour pour nous, et nous rassurer en nous disant : « Je suis avec vous tous les jours jusqu’à la fin des temps ! » Que votre cœur ne soit pas bouleversé ! Venez à moi vous tous qui peinez ! Prenez sur vous mon joug, car je suis doux et humble de cœur ! Confiance, j’ai vaincu le monde ! »

Le premier enseignement de cet évangile a été pour moi un appel à la confiance, à la paix, à la sérénité, surtout lorsque nous vivons des situations difficiles. Jésus attend de nous que nous soyons témoins de cette confiance au lieu d’allumer et d’alimenter l’angoisse et l’inquiétude autour de nous.

La deuxième phrase qui m’a interpellé dans l’évangile est celle-ci : « Je pars vous préparer une place. Quand je serai parti vous la préparer une place, je reviendrai et je vous emmènerai auprès de moi, afin que là où je suis, vous soyez vous aussi ! » Là encore, c’est un appel à la confiance ! A nous qui sommes incertains sur le sens de notre vie, parfois déçus par la vie présente avec son lot d’expériences douloureuses, à ceux qui voient s’approcher la mort à cause d’une maladie grave ou incurable…le Seigneur nous donne une perspective nouvelle, une indication clairesur le sens pour notre vie. Quand on est perdu au cours d’un voyage, seul au milieu des montagnes, dans la forêt ou dans la brousse, sans GPS, et qu’on ne sait plus où aller, on croise les doigts pour rencontrer la première maison où l’on trouve quelqu’un qui nous indique le chemin….! Cela redonne un nouvel élan à notre voyage car nous avons retrouvé la direction, le sens, l’orientation pour notre destination.

  Nous sommes parfois un peu perdus et nous nous demandons si notre vie présente a encore un sens, une direction. C’est Jésus qui donne sens à notre vie présence. Il nous indique la direction vers laquelle nous devons regarder chaque jour : la vie éternelle, être auprès du Lui. Pour moi, pour toi, pour ceux d’hier, d’aujourd’hui et de demain, le sens de notre existence présente est la vie éternelle comme Jésus nous le dit clairement dans l’évangile de ce dimanche : « Je pars vous préparer une place afin que là où je suis, vous soyez vous aussi ».

Au ciel une place est préparée et réservée pour moi, pour toi, avec ton prénom bien écrit, comme on voit dans certaines fêtes où chaque invité a sa place avec son nom inscrit, à tel point que je ne dois avoir peur ni être en rivalité avec quelqu’un de plus rapide, plus malin qui va arriver en premier et me piquer la place.

A l’église, je vois certaines personnes qui ont comme des places réservées ! J’ai même des noms inscrits sur des sièges ans certaines églises Alors, ose arriver plus tôt et te mettre à la place de cette personne qui risque de t’assassiner d’un simple regard.  C’est dommage !  Au ciel, contrairement à l’église, chacun a la sienne ! Ma place au ciel, je serai la seule personne à l’occuper ou alors elle sera inoccupée pour l’éternité ! Ce qui donne sens à notre vie présente, c’est savoir que chaque jour qui passe, je suis en route, en voyage vers une destinée préparée par Jésus et qui m’attend.

La grande question est celle de savoir si dès aujourd’hui je mène librement ma vie en direction vers la vie éternelle en vue d’occuper la place que Jésus a préparée pour moi. Dans un autre évangile, Jésus dit aux justes : « Venez les bénis de mon Père, recevez en héritage le royaume préparé pour vous depuis la création du monde parce que j’avais faim et vous m’avez donné à manger, soif, étranger, malade…. Ou alors, « allez-vous en loin de moi dans le feu éternel préparé pour le diable et ses anges, car j’avais faim et vous ne m’avez pas donné à manger, soif, étrange…. »

Au cours de cette eucharistie, demandons la grâce de la confiance et de sérénité ! « Que votre cœur ne se trouble pas !» Demandons la grâce de creuser en nous le désir ardent de la vie éternelle, assoiffés d’occuper la place préparée pour nous par le Christ lui-même, et sur laquelle mon nom, ton nom est inscrit, pour le banquet des Noces de l’Agneau, Amen.

Homélie du Père Joseph du V° Dimanche de Pâques, année A (2023)2023-05-05T20:18:01+02:00

Homélie du Père Joseph du IV° Dimanche de Pâques, année A (2023)

Mes chers frères et sœurs !

Nous poursuivrons notre chemin pascal avec le Christ Ressuscité. Ces trois derniers dimanches, il s’est d’abord manifesté à Marie-Madeleine, ensuite aux apôtres, puis à Thomas et aux disciples d’Emmaüs. Ce quatrième dimanche interrompt d’une certaine manière le cycle des apparitions du Ressuscité (que nous reverrons à l’Ascension et à la Pentecôte) pour nous faire contempler Jésus, le Vrai Berger, le Bon Pasteur. Le quatrième dimanche de Pâques est en effet aussi appelé le « dimanche du Bon Pasteur » et invite toute l’Eglise à prier pour les vocations.

Contemplons donc Jésus Bon Pasteur dont nous formons ensemble le troupeau des brebis. Quand on parle du Bon Berger, l’icône qui nous vient spontanément à l’esprit est celle que nous trouvons dans le chapitre 15 de l’évangile selon saint Luc :  c’est le berger de la parabole de la brebis perdue, plein de tendresse, de compassion, de douceur et miséricorde, attaché à ses brebis qu’il ne veut en perdre aucune. Ce berger est même en mesure de laisser dans la prairie les 99 brebis pour aller chercher la seule qui s’est perdue, et quand il la retrouve, tout joyeux, il la met sur ses épaules et la ramène au bercail et fait la fête.

L’évangile selon saint Jean lui nous présente un autre visage du Bon Berger : il s’agit d’un berger combatif, qui n’hésite pas à montrer sa force pour défendre ses brebis, surtout quand il les voit en danger. Ce berger est déterminé, prêt à affronter les loups, les voleurs qui osent menacer son troupeau. Il est prêt à donner sa vie pour ses brebis qu’il connait personnellement et appelle chacune par son nom. Ce Bon Berger est au milieu de ses brebis au point, comme dit le pape François, d’en porter sur lui l’odeur.

Jésus nous rappelle que le Vrai Berger est différent du berger-mercenaire qui fait tout par intérêt et pour un salaire ! Le berger-mercenaire ne veut surtout pas risquer pas sa vie pour les brebis parce qu’elles ne lui appartiennent pas. Quand arrive le danger, l’ours des Pyrénées, le mercenaire s’enfuit car il n’aime pas le troupeau au point de lui sacrifier sa propre vie. S’il est au milieu du troupeau, c’est pour son salaire ! Ce n’est pas le bonheur des brebis qui est le moteur premier de son engagement. Le mercenaire, s’il meure sur le champ de bataille, ce n’est pas parce qu’il a décidé de donner sa vie, mais s’est seulement parce qu’il a manqué la possibilité de se sauver.

Chacun de nous devrait se demander comment parfois dans sa vie de prêtre (moi en l’occurrence), de paroissien, de parent, de professionnel… se révèlent des attitudes du berger-mercenaire, c’est-à-dire, les circonstances dans lesquelles nous faisons des choses par pur intérêt personnel en évitant toute dimension de gratuité et de don. Jésus, Bon Berger, est l’opposé de tous ces bergers-mercenaires qui se cachent en chacun de nous et que nous rencontrons souvent dans le monde, voire même dans l’Eglise, comme le dénonçait le pape François il y a quelques années, quand lors ses vœux à la Curie Romaine, en nous mettant en garde contre 15 les maladies dont peuvent souffrir les pasteurs et les fidèles catholiques et qui affaiblissent l’Eglise !  Faisons attention car un berger mercenaire peut se cacher en chacun !

 Le Bon Berger, le vrai Pasteur connait chacun de nous par son prénom ! Dès notre conception, le Seigneur nous a choisis et appelé par chacun par son prénom ! Il sait de quoi nous sommes pétris ! Il connaît nos joies et nos peines. Sa seule présence me rassure et me met en confiance, comme nous le décrit le psaume 22 que nous avons écouté. Sa vie, personne ne la lui prend mais c’est lui-même qui la donne par amour ! Jésus, Bon Pasteur nous invite à écouter sa voix et à demeurer dans son Amour pour être dans la Joie parfaite.

Jésus bon Berger entre en nous par la porte. Il n’escalade pas la clôture et n’avance pas masqué ou cagoulé comme un voleur !  Pour nous rencontrer, Jésus passe forcément par la porte de notre cœur. Mais alors, est-ce que nous lui ouvrons la porte de notre cœur pour qu’il entre en nous ? « Je me tiens à la porte est je frappe, si quelqu’un m’ouvre son cœur, je demeurerai avec lui, et lui avec moi » nous dit Jésus. Il ne forcera pas la porte de notre cœur et respectera notre liberté intérieure de le laisser dehors ou de le laisser entrer ! Saint Augustin rappelle que si Dieu nous a créés sans nous, mais ne peut nous sauver sans nous, sans notre liberté ! Cela veut dire que pour nous sauver, Dieu a besoin de notre pleine liberté et collaboration. Ouvrons largement notre cœur à Jésus, Bon Pasteur qui ne veut que notre bonheur. Beaucoup de nos contemporains n’ouvrent pas leur cœur parce qu’ils ont peur d’un Jésus un moralisateur, celui du permis et du défendu, des interdits ! Nous oublions en cela que la foi chrétienne n’est pas une morale, mais d’abord la rencontre avec le Ressuscité. De cette rencontre naît ensuite naturellement une morale comme conséquence de la joie de notre rencontre avec Jésus.

Si Jésus Bon Berger vient en nous par la porte, il nous rappelle aussi qu’il est la Porte : la seule porte dont nous sommes sûrs qu’elle nous conduit au le Père. Il nous dit : « Personne ne va vers le Père sans passer par moi ! » Je ne sais pas où  mènent les autres portes, je ne sais pas quel salut offre les autres religions par exemple, mais je sais que la porte que j’ai choisie, celle de Jésus Bon Pasteur me sauve et me conduit directement au Père Céleste ! C’est la grande chance que nous avons dans le christianisme.

Jésus rappelle aussi dans cet évangile que « les brebis écoutent sa voix ». Savons-nous toujours prêter attention, reconnaître et écouter la voix du Seigneur nous appelant par notre prénom, pour le suivre ? Sa voix nous interpelle, nous secoue, nous recadre ! Elle est parfois dure à entendre parce qu’elle est difficile à suivre, surtout quand elle nous appelle à revenir à lui et à quitter les petites joies superficielles et mensongères qui nous empêchent d’entrer dans la Joie parfaite.

Il y a aussi une dimension missionnaire dans cet évangile : « Ses brebis à lui, il les appelle chacun par son nom, et il les fait sortir. Quand il a poussé dehors toutes les siennes, il marche à leur tête, et les brebis le suivent parce qu’elles connaissent sa voix ». Jésus Bon Berger nous pousse dehors ! Il nous invite à une attitude missionnaire de sortie : sortir de nos certitudes figées, sortir des mensonges derrière lesquelles nous pouvons nous cacher parfois, sortir de nos églises, de nos lieux de cultes, de nos paroissiales, de nos maisons pour aller à la rencontre de nos frères et sœurs, sortir pour annoncer ailleurs la Bonne Nouvelle, par  notre témoignage à travers  des engagements qui transforment le monde, sortir de nos petits réseaux fermés et hermétiques qui sont devenus notre seule référence à travers laquelle nous jugeons les autres, l’Eglise et le monde, sortir de la spiritualité bien définie, autarcique et statique de l’Ordre, la congrégation, le groupe, l’association ou le mouvement auquel j’appartiens et qui est devenu dans ma vie plus important que l’Evangile ! Sortie pour aller aux périphéries, comme nous y appelle le pape François ! Jésus Bon-Berger nous pousse dehors et nous invite à sortir pour être ses témoins dans le monde. C’est le message qu’il donne aux disciples quand il les envoie en mission après sa résurrection.

Seul Jésus est le Bon Pasteur, le vrai Berger. Nous autres, pasteurs, le pape, les évêques, les prêtres et les diacres, faisons aussi partie du troupeau et avec lui. Nous sommes, avec vous à la suite de Jésus qui nous parle, nous conduit, nous pousse dehors et nous fait sortir avec les qualités et les défauts les uns et des autres. Vous serez forcément déçus, chers paroissiens et chers amis, si, au lieu de fixer votre regard sur le Christ, le seul Bon et Vrai Pasteur, vous vous attachez à outrance sur un pape, un évêque, un curé, un prêtre, aussi saint et charismatique soit-il ! En ce dimanche du Bon Pasteur, prions pour nos pasteurs et pour que Jésus, Bon Pasteur donne à son Eglise des pasteurs selon son cœur.

Prions pour aussi les vocations ! Le Vrai Pasteur appelle chacun de nous à Le suivre. Le mariage est une saintevocation et si nous sommes en crise de foi aujourd’hui, n’est-ce pas aussi parce que la famille a cessé d’être ce lieu où on apprend, entre époux, avec les enfants, les parents, à écouter le Seigneur nous nous appelle à le suivre ! La famille est le milieu naturel et premier pour faire naitre toutes les vocations. Prions donc pour que nos familles deviennent des pépinières où chacun apprend à écouter la voix du Jésus qui nous appelle à le suivre ! Amen.

Homélie du Père Joseph du IV° Dimanche de Pâques, année A (2023)2023-05-05T20:17:51+02:00

Homélie du Père Joseph du III° Dimanche de Pâques, année A (2023)

Mes chers frères et sœurs !

L’un des fruits du saint Esprit que saint Paul énumère dans sa Lettre aux Galates, c’est la Joie ! Il ne s’agit pas d’une joie euphorique, la joie superficielle de celui qui est bourré ou sous l’emprise des stupéfiants… mais de la joie profonde, simple et contagieuse. C’est de cette joie dont parle souvent le pape François, la Joie de l’Evangile. La joie, c’est aussi le cadeau que Jésus Ressuscité nous envoie apporter au monde ! Je sais cependant que beaucoup de chrétiens ont beaucoup de mal avec la joie ! Une frange des chrétiens pratiquent ou invitent à pratiquer encore aujourd’hui la flagellation, grandes mortifications corporelles !  J’ai appris récemment que quelqu’un donnait un cours à des séminaristes en les invitations à se flageller pour atteindre un niveau spirituel élevé, ce qui a choqué les séminaristesPour certains milieux (qui se disent eux-mêmes très cathos), être un bon chrétien, un bon catho, c’est avoir le visage toujours sérieux, voir même triste, manquer d’humour et revenir sans arrêt à la contemplation des mystère douloureux, alors que le temps pascal rappelle que le Christ est ressuscité, vivant, et c’est cela qui fonde la joie chrétienne.

 Ce III dimanche nous contemplons Jésus Ressuscité marchant avec les deux disciples d’Emmaus, Cléophas et son compagnon de route.  Ce dernier n’a pas de prénom, ce qui veut dire que chacun de nous peut y mettre son prénom et être le compagnon de Cléophas). Les deux disciples d’Emmaüs me font gens, surtout les chrétiens qui ont du mal à trouver et à accueillir et à témoigner de la joie. Je pense aux chrétiens qui ont un penchant presque naturel à la tristesse. Nous pouvons trouver autour de nous ces éternels pessimistes qui ne voient d’abord et presque toujours que le mauvais, voire le pire côté des choses. Ce sont ces gens que je n’aime pas voire prendre la parole au début des réunions pour ne pas vous plomber l’ambiance parce qu’ils commencent d’abord par dire ce qui ne va pas ! Alors, toi l’animateur, la manager, le modérateur… tu auras tout le mal à remobiliser les troupes !  J’avais une telle catéchiste dans l’ancienne paroisse où j’étais curé et qui te déprimait tout le monde dès l’entrée en réunion à cause de son pessimisme et récriminations ! Quoi que vous ayez fait, ça ne pouvait jamais aller bien !

Ces gens qui pleurent tout le temps, qui râlent, pour qui le monde et tout vont toujours mal, qui se lamentent et qui pensent qu’ils sont les plus malheureux de la terre, qui ont toujours mille raisons pour se sentir incompris, persécutés partout, frustrés en famille, en paroisse, au travail, dans les associations…! Nulle part ils se sentent à l’aise, sauf évidemment quand ils rencontrent un autre pessimiste comme pour partager et disserter sur leurs petits malheursqui deviennent des montagnes. Alors, ils font une sorte de compétition, chacun racontant ses malheurs, ses épreuves… comme pour voir qui va gagner, et gagner ici signifie celui qui fait plus de record de malheur que l’autre ! On pourrait même dire pour ces gens-là, bonheur et la joie résident dans le fait d’avoir des malheurs et des épreuves à raconter ! J’ai horreur de rencontrer ces gens là et j’essaye de les fuir quand c’est possible !

Cléophas et son compagnon ont évidemment vécu un grand malheur à Jérusalem : Jésus est mort sur la croix ! Ils en sont très tristes. Et comme si cela ne suffisait pas, les disciples ont peur pour leur propre sécurité. Ça fait double peine. Ils sont sur la route vers Emmaüs, retournant à leur village d’origine, leur passé qu’ils veulent retrouver ! Ils sont comme ces nostalgiques qui veulent sans cesse revenir au passé qui, pour eux, était meilleur que le présent : ils parlent, ils parlent encore, ils se racontent et tournent en boucle, on dirait ces mauvaises nouvelles qui sont répétées en boucle sur des chaines d’infos en continu comme BFMTV que je vous conseiller de ne pas trop suivre !

C’est dans cette ambiance déprimante qu’un inconnu s’approche et leur demande de quoi ils parlent ! « Quoi ? » Les disciples d’Emmaüs s’arrêtent un instant et se sentent presque offensés : « On doit te faire un film sur notre tristesse comme si cela ne se voit pas assez sur nos visages ? Tu vois bien que nous sommes malheureux, non et que nous méritons un peu de compassion ? Tu es à ce point insensible pour ne pas voir que nous déprimons ? Tu es bien le seul à ne pas être au courant du dernier grand fait divers, mais tellement dramatique pour nous, qui est arrivé à Jérusalem ? » Jésus fait semblant d’être au courant de rien ! Il a presque oublié qu’il était crucifié, mort et mis au tombeau. Sa résurrection lui a fait oublier sa propre mort ! Alors, il demande, c’est quoi ce fait divers qui vous attriste tant ?

Rebelotte ! On y revient ! Les deux disciples ont une occasion de plus pour raconter le film de leur malheur : ils parlent de la mort de Jésus.  A cette étape, il y a quelque chose de plus dramatique encore dans l’histoire des disciples, et que nous retrouvons dans cette phrase : « Nous, nous espérions que c’était lui qui allait délivrer Israël ! ». Nous espérions ! L’espérance conjuguée au passé ! Ils sont désormais sans espérance ! Cette vertu théologale qu’est l’espérance a été, pour les disciples d’Emmaüs, comme pour beaucoup de chrétiens encore aujourd’hui, enterrée, mise au tombeau avec la mort de Jésus.

Oui, malheureusement aujourd’hui encore, il y a des chrétiens qui vivent sans espérance. Quand vous les écoutez parler du monde, du pays, de l’Eglise, de leur travail… c’est comme s’ils vous incitaient au suicide car il n’y a rien de bon, que tout est perdu, qu’il n’y a plus d’issue ; tout est corrompu, abominable, pas un homme de bien, pas même un seul. Ces nostalgiques qui n’arrêtent pas de nous répéter que le passé était infiniment meilleur que le présent, que nous allons déjà droit dans le mur, c’est la fin du monde…!   On a vite oublié tous les bienfaits des progrès dans le domaine de la science, de la médecine…. Même si tout n’est pas bon dans ces domaines, nous oublions parfois la chance que nous avons aujourd’hui par rapport à hier !

Jésus traite les disciples d’Emmaüs « d’esprits sans intelligence ! » Il ne les cajole pas dans le sens du poil mais les appelle à faire une relecture de tous ces événements douloureux pour faire naître en eux un peu d’espérance. Grâce à cette relecture qui a fait naître un peu d’espérance dans leur cœur, les disciples ont aussi vu naitre un peu d’amour dans leur cœur. Au départ, ils tournaient en rond en répétant leurs malheurs, ne regardaient que leur petit nombril. A présent, ils trouvent un peu d’amour pour inviter le pèlerin étranger et inconnu dans leur maison : « Reste avec nous car le soir approche et déjà le jour baisse ».

Reste avec nous Seigneur ! Une invitation devenue prière adressée au Seigneur. Dans le cœur des deux disciples, la relecture des événements a fait naitre l’espérance, l’espérance a fait naitre l’amour et grâce à l’Amour, nous remarquons que la Foi est aussi revenue : grâce à la fraction du pain, Cléophas et son compagnon reconnaissent Jésus Ressuscité. Leur tristesse s’est transformée en joie et ils reviennent à Jérusalem pour en témoigner auprès des autres.

 Mes chers amis ! Je vous invite chaque jour, avant de vous coucher de faire une relecture de votre journée pour voir en quoi le Seigneur vous a accompagné dans tous les événements heureux et malheureux que vous pouvez vivre dans une journée !  Il nous a promis d’être avec nous tous les jours jusqu’à la fin du monde ! La relecture nous permet de nous rendre compte qu’à travers des événements, même apparemment malheureux, il y a de la lumière, il y a des belles choses qui sont nées, que nous avons reçues et apprises, de leçons qui nous invitent à l’espérance.  Dans notre quotidien, Jésus Ressuscité marche avec nous, nous interpelle parfois, nous console, nous explique les Ecritures pour contempler toutes les belles choses qui sont signes de sa Pâques autour de nous et en nous !  Seigneur, avec les disciples d’Emmaüs, nous te prions : « Reste avec nous car le soir approche et déjà le jour baisse » Amen.

Homélie du Père Joseph du III° Dimanche de Pâques, année A (2023)2023-04-22T18:08:36+02:00

Homélie du Père Joseph du II° Dimanche de Pâques, Divine Miséricorde, année A (2023)

Mes chers frères et sœurs

L’évangile du dimanche de la Divine miséricorde (II dimanche de Pâques) nous fait contempler un apôtre qui est devenu une sorte de caricature dans le langage : l’apôtre saint Thomas. J’aimerais pourtant que chacun de nous le prenne comme le patron dans notre cheminement spirituel. En contemplant cette figure de l’apôtre saint Thomas, nous le voyons d’abord avant la mort de Jésus, dans un évangile que nous avons écouté pendant le temps de carême : C’était le 5è dimanche de carême, lors de l’épisode de la mort Lazare quand Jésus va à Béthanie à un moment de grande tension. Les chefs des prêtres, les pharisiens, les scribes commençaient à chercher Jésus pour le condamner à mort et que c’était dangereux pour Jésus d’aller à Béthanie, dans une région où il était déjà recherché. Mais son ami Lazare étant malade, Jésus décide quand même d’aller le voir, même s’il va arriver après sa mort. Lorsqu’il a pris cette décision, contre l’avis de ses disciples qui étaient inquiets, c’est l’apôtre Thomas qui dit aux autres disciples, à la surprise de tous, dans Jean 11, 16 : « Allons-nous aussi mourir avec lui ». Tous les autres disciples avaient très peur, et Simon Pierre en particulier essayait de dissuader Jésus et le prévenir pour ne pas trop s’exposer.

C’est la première fois que Thomas parle dans l’évangile et sa proposition avait alors fait rire tous les autres disciples qui le prenaient, comme dit familièrement, à un fayot qui voulait juste se faire remarquer de Jésus. La deuxième fois que nous entendons parler saint Thomas, c’est quand il expose ses doutes et son questionnement à Jésus qui était en train de leur laisser son testament spirituel dans le chapitre 14 de l’évangile de Jean. Il leur parlait de son départ vers et Père : « Quand je serai parti vous préparer une place, je reviendrai et je vous emmènerai auprès de moi, afin que là où je suis, vous soyez, vous aussi.  Pour aller où je vais, vous savez le chemin. » Thomas lui dit : « Seigneur, nous ne savons pas où tu vas. Comment pourrions-nous savoir le chemin ? » Jésus lui répond : « Moi, je suis le Chemin, la Vérité et la Vie ; personne ne va vers le Père sans passer par moi.  Puisque vous me connaissez, vous connaîtrez aussi mon Père. » (Jn 14, 3-7). Thomas nous avait alors obtenu du Christ cette grande révélation comme étant le Chemin, la Vérité et la Vie.

Cependant, toute cette foi de Thomas, et des autres apôtres s’est presque complétement écroulé avec l’arrestation, la condamnation et la mort de Jésus en croix. La nuit du vendredi saint, l’apôtre Thomas l’a passée en cachette. Il laisse tourner en boucle dans sa tête le visage défiguré de Jésus, son corps dénudé, ensanglanté et suspendu sur la croix avec cette foule qui crachait sur lui, et l’insultait. Il était resté pendant quelques heures au milieu de cette foule de curieux avant de s’évader à cause de la peur d’être reconnu comme l’un des disciples de Jésus de Nazareth.  Encore maintenant qu’il est bien caché, Thomas a toujours peur. Mais une grande colère s’est ajoutée à sa peur. Colère contre ceux qui ont condamné Jésus. Mais aussi colère contre lui-même et contre les autres disciples.  L’apôtre Thomas s’en veut terriblement et se dit : « Je suis vraiment nul, un vrai lâche, un traitre. Il y a un temps que je voulais et j’étais prêt à mourir avec lui, mais je l’ai abandonné. Il est mort tout seul, abandonné sans que j’essaye de le sauver à cause de la peur ! ».

Thomas est tout seul dans sa cachette mais il pense aussi aux autres. Pierre, Jean, Judas ! Où peuvent-ils être en ce moment. Où se cachent-ils ?  Une idée lui vient en tête. Sont-ils dans la salle où nous avons fêté la Pâques avant la mort de Jésus, quand il nous a lavé les pieds ?  Après le sabbat, tout le monde a repris le travail. Mais Thomas attend la nuit tombée pour aller chercher les autres dans la maison de la dernière Cène. Il marche à pas légers, faisant attention, longeant les murs, pour ne pas être vu par quelqu’un. Quand il arrive devant la porte, il frappe, circonspect. Un grand silence. Pas de réponse. Puis il frappe de nouveau. Et là une petite voix timide demande : « qui est là ? », « c’est Thomas, s’il vous plait ouvrez-moi ! » et la porte s’ouvre  doucement, sans faire du bruit.

Thomas est étonné ! Des visages radieux. C’est bizarre ! Ils sont euphoriques. Comme de concert, Philippe, Jacques et Jean lui disent : « Thomas, nous avons vu le Seigneur ! Il est vivant ! Oui, il est même apparu à Cléophas et Zacharie sur le chemin d’Emmüs !  Simon Pierre l’a vu aussi ! » Tous essayent de se jeter dans les bras de Thomas mais ce dernier les repousse, interloqué : « Arrêtez vos conneries et vos blagues de mauvais goût !  Toi André, toi Simon, toi Jacques ! Vous n’avez même pas honte de me raconter des salades. Où étiez-vous quand il est mort ? On devait mourir avec lui, mais nous l’avons tous abandonné ! Et maintenant, c’est vous me racontez qu’il est vivant ! Non, impossible ! Si je ne le vois pas, je ne croirais pas ! Voilà tout, et laissez-moi tranquille ! ».

 Tout d’un coup, les visages des autres deviennent sombres, Thomas ne veut parler à personne, il se met dans un coin, il boude et il ne croit pas un seul instant à leur message de résurrection. Et pourtant Thomas choisit de rester avec eux, il reste dans l’équipe, ne quitte pas la communauté, il ne claque pas la porte pour fonder une Eglise alternative, une secte, un nouveau mouvement, une équipe rivale. Et c’est là le grand mérite de Thomas : rester dans l’Eglise, demeurer au sein de l’équipe même quand il a un grand doute, un désaccord profond et important avec les autres membres. C’est une grande leçon pour nous quand nous avons des désaccords et tension avec les gens que nous aimons, dans nos familles, nos groupes, au sein de la communauté. Dans ces cas de figure, nous sommes toujours tentés de partir, claquer la porte…. Devant certaines blessures que nous subissons dans familles, dans l’Eglise, nous pouvons être tentés de quitter… mais saint Thomas nous apprends qu’il faut rester et essayer, de soigner de l’intérieur. Quitter l’Eglise n’est jamais une décision qui l’aider à devenir meilleure ! C’est en restant au sein de l’Eglise, au sein de la famille qu’on arrive à voir de quoi elle souffre pour la réparer. Chez nous on dit qu’un ne peut voir où sont les fuites sur le toit de la maison qu’en y restant, et c’est en restant dans la maison qu’on a aussi envie de la réparer sans trop attendre ! C’est ce que nous apprend saint Thomas en restant avec les autres apôtres même s’il est en désaccord avec eux sur le message de la résurrection.

L’attitude de Thomas est récompensée huit jours plus tard. Le voici, Jésus Ressuscité, rayonnant, serein. Il  sourit de nouveau à ses disciples ! Il les réconforte : « La paix soit avec vous ! ». Tous sourient et vibrent de joie. Thomas est choqué. Il a encore plus honte de lui-même mais c’est Jésus qui lui montre sa miséricorde. Il ne tient pas compte de son manque de foi ni de ses doutes, mais il s’avance vers Thomas en lui disant : « Thomas, je sais que tu as beaucoup souffert. Moi aussi, j’ai beaucoup souffert ! Regarde mes mains, voix mon côté, touche mes plaies, et sois guéri de tes doutes et de ton manque de foi ». Ces gestes miséricordieux du Ressuscité guérissent Thomas immédiatement. Sa honte, sa colère, sa peur, ses doutes disparaissent comme la neige qui fond au contact de la chaleur du soleil du printemps après l’hiver. Thomas se jette aux pieds du Maître et devient le premier des adorateurs en confessant, comme nous devant le Saint Sacrement : « Mon Seigneur et mon Dieu ! »

Saint Thomas devient ainsi notre modèle, grand-frère ceux qui adorent le Christ, ceux qui croient en lui au-delà des obstacles et des doutes. Saint Thomas soutient tous ceux qui, à un moment de leur vie, font l’expérience du doute dans leur vie de foi.  Saint Thomas nous aide à ne pas nous laisser écraser par la douleur et la colère, en particulier quand nous n’avons refusé de faire confiance aux autres. Il est le patron de ceux qui sont scandalisés et blessés par une Eglise parfois incohérente et blessante par ses jugements, ses agissements et ses fragilités, mais qui décident de ne pas quitter cette l’Eglise mais de la soigner de l’intérieur. Saint Thomas nous aide à dépasser les fragilités de l’Eglise, de nos paroisses, pour ne contempler que le Visage resplendissant du Ressuscité, même s’Il porte encore les marques des clous dans mains percés et des blessures dans son cœur transpercé.

En ce dimanche de la Divine Miséricorde, demandons au Seigneur de poser sur chacun de nous, sur l’Eglise, sur nos familles, notre communauté, sur nos équipes le même regard qu’il posa sur saint Thomas pour nous guérir de nos doutes, afin que nous devenions ensemble, et malgré nos fragilités, les témoins du Ressuscité dans ce monde qui en a tellement besoin. Amen.

Homélie du Père Joseph du II° Dimanche de Pâques, Divine Miséricorde, année A (2023)2023-04-15T16:50:07+02:00

Homélie du Père Joseph du Dimanche de Pâques, année A (2023)

Chers frères et sœurs !

 La scène décrite dans l’évangile de ce dimanche de Pâques ne se passe pas à 11h00, comme maintenant. Ça se passe à l’aube. Deux disciples de Jésus, Pierre et Jean courent, presque sur les plantes de pieds, en silence, en évitant surtout de faire du bruit par peur de ce qui pourrait leur arriver si on les croise. En effet, à la veille, chez Caïphe, Pierreavait failli se faire arrêter parce qu’une femme l’avait reconnu comme disciple de Jésus, et c’est là qu’il a nié trois fois ne pas connaître Jésus. Jean, lui, avait été vu au pied de la croix avec Marie et Marie-Madeleine. Alors, ce matin-là, ils courent tous les deux mais ils n’ont pas la même vitesse parce qu’ils ne sont pas de la même génération. Pierre a déjà pris quelques rides à cause de son âge avancé, pendant que Jean lui est en pleine forme parce qu’il beaucoup plus jeune.

  Ce jour-là à Jérusalem, on voit pointer le soleil qui illumine de sa lumière dorée les maisons de Jérusalem. Pierre et Jean ont peur, mais ils traversent la ville pour aller au tombeau. Marie-Madeleine les a réveillés parce qu’elle était la première à constater que le corps de Jésus n’était plus dans le tombeau. Elle est allée les voir et les a obligé de sortir de la maison où ils se cachaient. Ils courent vite ! Pierre s’essouffle mais s’accroche ! Sa tunique lourde l’empêche de courir vite ! Le jeune Jean semble ne pas vouloir l’attendre…. Ils courent tous les deux, mais chacun à son rythme, car pour aller suivre le Seigneur, il n’y pas de rivalité ! Ce n’est pas une compétition. Pas de premier ni de dernier. Le plus important est de le suivre. C’est Dieu qui suit notre rythme ! C’est dommage de voir des gens qui veulent imposer leur rythme spirituel aux autres, oubliant qu’avec le Seigneur, chacun de nous a son propre rythme !

Les soldats romains qui faisaient la garde ont disparu. Le tombeau donné par Joseph d’Arimathie est ouvert, mais il est vide. Ce tombeau était le dernier cadeau que Joseph d’Arimathie, disciple des derniers moments, un homme riche et puissant, avait offert à Jésus, n’ayant pas pu, malgré son pouvoir et son argent, sauver la vie de Jésusqui était condamné à mort. La lourde pierre qui fermait l’entrée du tombeau a été déplacée. Jean, le disciple le plus jeune est arrivé en premier : les plus jeunes vont plus vite et sont toujours pressés, c’est la force de la jeunesse ! Cela dérange parfois les personnes plus âgées qui disent ne plus rien comprendre aux jeunes ! Conflits de génération !

Observez néanmoins que dans cet évangile ce jeune homme attend son aîné, le vieux Pierre ! Il l’attend parce qu’il le respecte et veut l’honorer. Finalement, quand Pierre arrive à son tour, essoufflé et dégoulinant de sueur, Jean le laisse entrer le premier dans le tombeau, par respect pour les anciens. C’est la priorité, le respect qui est dû aux anciens mais qui malheureusement se perd de plus en plus dans notre société. Au matin de Pâques, l’apôtre Jean nous invite au respect des anciens, des parents et grands-parents, ceux qui sont passés avant nous, ceux qui ont construit la famille, le pays… que nous héritons de l’histoire passée.

Ce tombeau vide est le témoin muet et sans parole de la résurrection. Il existe encore aujourd’hui à Jérusalem. On l’appelle le saint Sépulcre. Une basilique y est construite. Des pèlerins du monde entier vont y prier depuis plusieurs siècles…mais il y a aussi toutes ces confessions chrétiennes qui, à Jérusalem, la revendiquent comme leur propriété privée. L’écrivain Éric-Emmanuel Schmidt témoignant de sa foi a dit que lors de son dernier pèlerinage en Terre sainte, l’ambiance au Saint Sépulcre de l’avait pas plu à cause de trop de brouhahas et des bousculades, des gens qui se poussent ! Nous oublions que Jésus appartient de tout le monde et qu’il n’aime pas nous voir nous exclure, nous diviser.

Peu m’importent ces querelles religieuses. C’est ce tombeau vide qui avait accueilli le corps vie de notre Seigneur ! Mais Jésus est ressuscité et nous-sommes là tous, pour célébrer la victoire de la Vie. C’est cela mystère que nous célébrons chaque dimanche. C’est dans ce mystère que nous sommes plongés dans le baptême. C’est le cœur de la foi que nous professons.

Et c’est la foi que vous, parents, parrains et marraines êtes invités à transmettre aux enfants qui sont baptisés aujourd’hui ! Apprenez-leur que croire en Jésus ressuscité, c’est croire en un jour nouveau dans lequel je reprends ma vie en main en m’émerveillant de toutes les belles choses que le Seigneur me donne. Croire en Jésus ressuscité, c’est croire que la mort, le mal, les épreuves n’ont jamais le dernier mot parce que Jésus les a vaincues par sa résurrection.  C’est croire que la douleur, la croix et la mort n’ont pas le dernier mot. Croire en la résurrection, c’est croire à la vie qui renaît dans ce bébé qui va bientôt naître, ce bébé dont j’ai la fierté et le désir de voir grandir sur une planète plus propre, plus verte, avec des saisons moins déréglées comme aujourd’hui. C’est croire que Jésus est la Lumière qui éclaire ma vie, me montrant ce qui est essentiel dans ma vie !

Croire en Jésus Ressuscité, c’est croire que l’Amour qui est plus fort que la mort, plus fort que la violence, et que l’Amour gagne toujours ! L’Amour vrai, même quand il est trahi, foulé au pied et apparemment faible à cause de nos trahisons, cet Amour-là est plus fort que tout. Cet Amour avait été crucifié le vendredi saint, il a souffert, mais au matin de Pâques, il a triomphé ! Ne donnons jamais au Mal l’occasion de croire que l’Amour peut mourir, mais faisons mourir le mal par l’Amour et le Bien que nous faisons.

Croire au Ressuscité, c’est croire à la patience, patience avec nous-même, avec les autres. La patience nous guérit notre colère, cette colère qui engendre conflit et violence en nous, dans nos familles, groupes et mouvements. Croire en Jésus, c’est croire à la confiance en l’être humain parce que le Christ est venu restaurer dans sa mort et sa résurrection l’image de Dieu que le mal et le péché avait défiguré. La résurrection que nous vivons dans le baptême fait de chacun de nous un chef d’œuvre du Père.

Alors, comme Marie-Madeleine, comme Pierre et Jean, courrons, nous aussi ! La Pâques est la fête de l’Amour, l’amour de la Vie. Jésus est vraiment ressuscité ! Arrêtons de chercher un crucifié mort ! Séchons nos larmes et arrêtons de nous lamenter que Dieu est absent.  Non, le tombeau est vide ! Dieu en est sorti et il est bien Vivant, éternellement vivant. Bonne Pâques à vous tous, fragiles et faibles disciples du Christ !  Jésus est ressuscité ! Alléluia. Amen.

Homélie du Père Joseph du Dimanche de Pâques, année A (2023)2023-04-08T16:59:58+02:00

Homélie du Père Joseph de la Veillée Pascale, année A (2023)

Mes chers frères et sœurs,

Chers Andrea, Séverine, Christophe, Aurélie, Pauline, Camille, Fabien, Chloé, Maimouna, Khoudia, Liliane, Virginie, Thibault, Katy et Benoît !

Ce soir je vous raconte l’histoire merveilleuse que vous êtes chargés de raconter à votre tour. Il y a un peu plus de deux mille ans, un jeune homme appelé Jésus passait sa vie à ne faire que du bien autour de lui ! Il donnait du pain aux affamés, touchait et purifiait les lépreux, faisait marcher les paralysés, partageait le repas avec des pécheurs, les prostituées et publicains ! Le mot clef de son enseignement était l’Amour de Dieu et du prochain. Ce Jésus a fait peur à tous les vieux rabbins qui avaient trop étudié la Loi de Moïse, la Torah et enseignaient un Dieu très sévère et imposant.  Jésus gênait tellement qu’il disait que dans la religion, l’Amour prime sur la morale et la Loi. Là où la Loi était le centre de la religion, Jésus affirmait le contraire : que c’est l’Amour pour l’homme qui est le centre de toute vraie religion. « Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton être et tu aimeras ton prochain comme toi-même ! » ou alors « Aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimé ». C’était cela sa vie, son enseignement. A l’âge de trente-trois ans, Jésus est arrêté par les chefs religieux qui le condamnent à mort. Ils ont fêté sa mort et ont cru à l’échec de cette religion de l’Amour qu’il prêchait en le voyant suspendu sur la croix. Il a été mis au tombeau.

Mais, Jésus avait laissé une belle équipe, un casting fait des gens bien différents comme vous 15, baptisés de ce soir. Tous les membres de son équipe avaient en commun d’avoir trouvé en Jésus, comme vous aussi, Celui qui donne sens à leur vie. Mais, quand Jésus fut arrêté, ses disciples étaient morts eux aussi, mais morts de peur. Ils l’ont tous abandonné sur la croix. Ils se sont refugié quelque part dans une maison dont ils ont ensuite verrouillé toutes les portes. Ils ont cependant tenté, comme des maquisards, d’aller visiter son tombeau, pas en groupe, mais deux par deux, comme Pierre et Jean, comme Marie-Madeleine et Salomé, pour ne pas se faire remarquer et être jeter en prison.

Le problème c’est qu’après sa à mort, Dieu, Père dont il affirmait être le Fils unique l’a ressuscité ! Personne n’a été témoin oculaire de cet événement.  Mais des personnes l’ont rencontré vivant ! Les disciples ont vu simplement un tombeau vide. Dieu va ensuite utiliser d’abord des femmes pour répandre cette bonne nouvelle de la résurrection. Une certaine Marie-Madeleine, une joggeuse du matin de Pâques coure avec du parfum au tombeau pour prendre soin du corps de Jésus. Rien, le tombeau est vide. Elle pleure de désespoir. Elle pleure d’amour, mais voici que quelqu’un l’appelle par son prénom, « Marie ! » et c’est à cette appellation que Marie-Madeleine reconnaît le Christ Ressuscité. Vous aussi, ce soir, le même Ressuscité vous appelle chacun par votre prénom parce qu’il vous connait personnellement.

 Jésus Ressuscité est étonnant : il n’a pas voulu que la bonne nouvelle de sa résurrection cela soit criée sur les toits. Marie-Madeleine et ses copines s’en sont bien occupé. Cette nouvelle a couru, et coure encore aujourd’hui ! Nous sommes tous là parce que cette nouvelle nous a rejoint personnellement. Elle a fait trembler les chefs religieux de l’époque, ceux qui se réclamaient d’un Dieu sévère et colérique.  Mais lui Jésus a refusé de faire des « apparitions fleuve » sur le marché, dans les stades ou dans le temple, ni dans les grands médias parce qu’Il a voulu laisser le choix à chacun de le reconnaître, de l’accueillir et le choisir, en toute liberté, sans forcer ni s’imposer à ceux qui le croyaient ou le croient toujours mort aujourd’hui. Le Christ Ressuscité refuse de s’imposer aux gens. Il a simplement souhaité se manifester à ses disciples qui avaient peur après sa mort pour les réconforter et les rassurer. Il aurait pu aller voir Caïphe et Hanne, les grands prêtres, les membres du grand Conseil, du Sanhédrin ou Pilate…. La nouvelle se serait imposée avec autorité !

Mais non, Jésus a voulu être un Ressuscité caché. A cause de cette stratégie : il y a deux types de profession de foi. Ceux qui disent, avec Marie-Madeleine, les disciples d’Emmaüs, et nous ce soir, que Jésus est vraiment ressuscité, qu’Il est vivant et agissant et des gens qui refusent toujours et pensent que Dieu est resté mort, enfermé dans le tombeau qui lui a été donné par Joseph d’Arimathie. Jésus Ressuscité a voulu nous laisser dans ce jeu-là, un jeu de liberté pour permettre à chacun de choisir sa profession de foi, celle qui le rend plus libre. En fait, Jésus a refusé de s’imposer parce qu’il ne veut pas les gens craignent Dieu. Pour Jésus, c’est mieux un Dieu mort, inexistant plutôt qu’un « Dieu monstre » qui nous terrorise.

Mes chers amis appelés au baptême ce soir, vous témoignez à vos parents, conjoints, enfants, vos accompagnateurs, notre communauté…et à toute l’Eglise de votre choix de professer la foi dans le Christ Ressuscité. Vous avez décidé de le suivre librement, une liberté murie avec votre âge, votre grand âge parfois, comme vous Liliane qui dites oui à Jésus un âge aussi avancé qu’est 83 ans. Vous avez fait le choix d’être témoins et d’annoncer Jésus Ressuscité dans notre monde qui est assoiffé de lui. Vous n’avez pas adhéré pas à une formule, à un système de pensée, à une doctrine, mais vous avez rencontré la Personne de Jésus qui vous a montré son Amour, concrètement, qui vous a donné une nouvelle famille, l’Eglise, la communauté ecclésiale, et cela, au prix de beaucoup de douleur et des grandes ruptures douloureuses parfois avec vos racines culturelle et religieuses, vos proches et familles biologiques. Vous faites partie désormais des témoins qui depuis deux mille ans, attestent, parfois au prix de leur vie, des persécutions, annoncent que Jésus est vivant. L’Eglise est très heureuse de vous accueillir, de vous accompagner et de vivre avec vous votre nouvelle naissance dans l’eau et le saint Esprit.

Allez annoncer au monde que la résurrection du Christ ne concerne pas seulement les chrétiens, mais qu’elle est une grâce pour toute l’humanité, l’annonce d’un monde nouveau sur lequel brille et resplendit une nouvelle lumière, celle que nous avons allumée en chantant l’Exultet, celle que nos baptisés vont recevoir tout à l’heure, lumière qui nous conduit dans l’espérance parce qu’il s’agit du Christ notre Lumière, Vainqueur de la mort, de toute forme de morte et du mal. A vous de l’annoncer et d’en être les témoins, dans le monde et dans l’Eglise, au sein de notre communauté paroissiale qui a besoin de la fraicheur et de la générosité de votre foi, de plus de lien fraternels, d’audace dans le témoignage de la foi ! Vous êtes, comme les saintes femmes du matin de Pâques, les disciples-missionnaires de la joie du Ressuscité.

Jésus ressuscité nous interdit d’être des chrétiens, des baptisés tièdes et tristes ! Il nous veut joyeux, généreux, audacieux et engagés au sein de notre communauté paroissiale qui est votre famille ecclésiale. En accueillant ces nouveaux baptisés, le Seigneur nous invite à former avec eux une communauté ecclésiale à l’image des premiers chrétiens à Jérusalem dont les Actes des apôtres nous décrit la vie :

 « Alors, ceux qui avaient accueilli la parole de Pierre furent baptisés. Ce jour-là, environ trois mille personnes se joignirent à eux.  Ils étaient assidus à l’enseignement des Apôtres et à la communion fraternelle, à la fraction du pain et aux prières. La crainte de Dieu était dans tous les cœurs à la vue des nombreux prodiges et signes accomplis par les Apôtres. Tous les croyants vivaient ensemble, et ils avaient tout en commun ; ils vendaient leurs biens et leurs possessions, et ils en partageaient le produit entre tous en fonction des besoins de chacun. Chaque jour, d’un même cœur, ils fréquentaient assidûment le Temple, ils rompaient le pain dans les maisons, ils prenaient leurs repas avec allégresse et simplicité de cœur ; ils louaient Dieu et avaient la faveur du peuple tout entier. Chaque jour, le Seigneur leur adjoignait ceux qui allaient être sauvés. »  (Actes 2, 42-47)

Que la grâce de votre baptême, de notre baptême, fasse de chaque membre de notre communauté une véritable pierre vivante, un témoin du Christ Ressuscité, vivant, agissant Vainqueur du Mal, Vainqueur de la Mort. Bonne Pâques à vous tous ! Alleluia ! Amen.

Homélie du Père Joseph de la Veillée Pascale, année A (2023)2023-04-08T17:00:07+02:00

Homélie du Père Joseph du vendredi Saint, année A (2023)

Mes chers frères et sœurs !

C’est toujours un exercice difficile de prêcher le vendredi saint : après la longue lecture de la Passion, on a envie de se taire pour méditer et laisser la place au silence. Que peut-on dire devant la grandeur de ce Dieu qui se montre tellement fragile et impuissant ? Ma méditation de ce soir est fondée sur une question que nous avons tous entendu de la bouche de Pilate. « Qu’est-ce que la vérité ? »

C’est cette question que Pilate pose à Jésus, en  tête à tête, avant d’entrer dans un procès, un réquisitoire fait de déclaration fausses et de démentie, de sentence, de trahison et de venin, de menace et de fausses accusations… dont le verdict est la condamnation à mort de Jésus, alors que Pilate a l’absolue conviction que cet homme qu’il livre, qu’il appelle le roi des Juifs est innocent. Mais, posons-nous aussi cette question : Qu’est-ce que la vérité de ma vie ?  Qui suis-je vraiment ? Qui es-tu, toi qui es ici ce soir, dans cette église pour vénérer la croix du Seigneur ?

Dans l’interrogatoire devant Pilate, Jésus a presque toujours une réponse à toutes les questions qui lui sont posées, sauf à deux. Celle relative à la vérité (qu’est-ce que la vérité) et celle relative à son origine, à son essence : « D’où es-tu ? », ça veut dire quelle est ton essence, quelle est ton origine, quelle est ton identité ? Qui es-tu Jésus ? Quelle est la vérité sur ta personne, quelle est la vérité de ton enseignement et le cœur de ton message ?

Jésus ne répond pas immédiatement à cette question, mais plus tard :  c’est la croix, parce que la croix est la vraie identité du Christ. C’est aussi la vérité donnée sur le chemin de l’homme, de tout homme. Non, je ne suis pas devenu pessimiste !! Dieu m’en garde ! Mais je crois vraiment que la croix est la vérité que nous connaissons tous. Nous l’avons tous déjà rencontrée, symboliquement et matériellement. Qui peut le nier ? Qui n’a jamais rencontré une croix sur sa route ? Qui de nous peut dire ce soir qu’il ignore totalement ce que veut dire une croix, ce que veut dire porter le poids de la croix ? Elle est tellement diffuse qu’elle ne peut ne pas être vue. Même dans notre France laïque, qui refuse ses racines chrétiennes, vous trouver des croix dans toutes les villes. On n’est pas encore arrivé à les déraciner., à les démolir. C’est le poids des origines et de l’histoire. La croix est tellement universelle qu’il n’y a aucun endroit sur la terre où n’existe sa trace. Elle est partout ! Parfois même ceux qui vivent en ennemis du Christ  la porte ! Je pense à toutes les stars avec leur grosse croix en or !

La croix est tellement évidente qu’on ne peut l’ignorer. Elle est aussi tellement douloureuse que nous en avons tous senti le poids dans notre vie. Tous nous en faisons l’expérience. Pour certains, elle est plus lourde, pour d’autres elle l’est moins.  Une croix légère pour l’un peut paraître trop lourde pour l’autre et inversement. On dit que certains ont la force de la porter naturellement, sans en montrer le poids.

Contemple ta vie, cher frère, chère sœur et fais mémoire des situations qui t’ont éprouvé, qui t’ont fait faire ou te font encore aujourd’hui l’expérience du vendredi saint. C’est l’expérience des ténèbres de cette dépression que tu as traversée, tout seul à en sentir la lourdeur, le poids de ce mal de vivre qui t’a écrasé et qui a rendu ta vie trop pesante et insupportable à un certain moment, quand ta vie t’a parue une vraie catastrophe, quand tu as dit que ta vie ne valait plus la peine d’être vécue, que tu n’y voyais plus rien de bon, quand tu disais que Dieu était insensible à tes souffrances ! Tu as demandé de l’aide, tu as cherché partout, tu as frappé à toutes les portes, tu as appelé, et presque tous, même ceux que tu croyais être tes proches et fidèles dans l’amitié et par les liens du sang, tous t’ont pourtant dit non, tous ont dit qu’ils ne pouvaient rien pour toi, qu’ils n’étaient pas compétents pour résoudre ton cas, un cas tellement complexe et compliqué, et qu’il fallait trouver des experts et des spécialistes, des professionnels ! Et quand tu as trouvé les plus compétents et les professionnels, ces experts t’ont gentiment fait comprendre que beaucoup, le 80% pour s’en sortir dépendait de toi et de ta capacité à réagir, de ta volonté de guérir ! Et pourtant tu voulais t’en sortir, tu voulais réellement réagir et sortir de ton mal de vivre.

Tu as peut-être vécu un mal physique, un de ces maux qui tuent. Cela a peut-être touché quelqu’un que tu aimes et qui t’aimait vraiment, des visages concrets comme celui des parents, du conjoint, tes enfants, des amis… Et cette maladie les a enlevés à ton affection. Et tout s’est écroulé pour toi. Même là aussi, malgré la présence d’amis et leur bonne volonté, tu t’es retrouvé, en fin de compte, seul à porter  ta croix  douloureuse.

Le mal que tu as vécu, c’est peut-être cette blessure de l’ami en qui tu mettais ta confiance, celui qui mangeait et buvait avec toi, cette personne dont l’amitié te donnait l’impression de te soulever, de te porter, de te mettre sur un piédestal, mais qui t’a un jour laissé tomber plus bas que terre. Cet ami t’a presque enterré ! Et tu n’existes plus pour lui, pour elle ! Et puis tu as rencontré cet autre ami qui t’a dit « J’y suis passé moi aussi ! Tu dois reconstruire ta vie ! Courage, tu es encore jeune ! Tu vas rebondir ! Mais entre-temps, ta dignité a été profondément atteinte et tu portes tout seul ces blessures qui sont encore fraîches au fond de ton cœur.

Peut-être que tu t’es entendu dire qu’il faut tailler dans les dépenses, en ce temps d’inflation !  Et c’est tombé sur toi ! Tu as été licencié, tu te retrouves au chômage ! Et puis, tu as entendu dire que c’était à cause de la crise énergétique, de l’inflation ! Tu te démènes mais tu n’y arrives pas, parce qu’à 50 ans au chômage, on te rappelle que tu es un senior et tu  as du mal à te faire réembaucher ! Et là encore, tu vis tout cela tout seul, malgré les amis et les proches qui t’entourent.

On peut multiplier les exemples. Chacun peut en trouver dans sa vie. La réalité de la croix nous touche tous : grands et petits, jeunes et personnes âgées, à tout moment de la vie. Et psychologie humaine fait nous ressentons plus facilement l’intensité et la durée de la croix, alors que nous oublions facilement les moments de joie et de bonheur que la vie nous donne. C’est tellement vrai au point que nous avons parfois l’impression que notre vie est un chemin de croix, une série des croix, les unes après les autres, dont le poids nous écrase petit à petit, nous faisant tomber, non pas une fois, pas même trois fois comme le Seigneur, mais de manière continue.

Oui, c’est bien beau de dire que la croix portée avec abnégation et résignation rend fort pour affronter la vie ! Ce n’est pas là ma foi. Ces choses-là, on le dit quand la croix qu’on a sur les épaules n’est pas trop pesante ou quand ce sont les autres qui la portent. On s’autorise quelques leçons de spiritualité et de théologie déplacée, des grands discours moralisateurs et pas toujours réconfortants. Mais la croix lourde n’accepte pas ces théories. Quand elle est trop lourde et qu’elle se nomme pauvreté, misère, guerre qui ne s’arrête pas, violence gratuite, attaques répétées, désespoir, besoin d’en finir, manque d’amour, trahison, absence de travail, insécurité permanente, incertitude du lendemain, maladie incurable en fin de vie, mal infini de vivre….quand cette croix t’écrase, il ne nous reste qu’une chose : l’espérance que tout cela cesse, que tout cela prenne fin, que tout s’arrête  et qu’arrive un Simon de Cyrène, de temps en temps, n’importe qui, peu importe sa religion, ni sa race, ni sa culture, mais un vrai Simon de Cyrène qui nous aide à porter notre croix, sans mot dire, ou une  sainte femme comme la Véronique sur le chemin du Calvaire, pour nous sécher les larmes, laver notre visage déprimée, sans rien dire, mais qui rendent notre croix moins pensante

Ces visages de Simon de Cyrène, de Véronique, visages silencieux, charitables et silencieux viennent nourrir notre espérance, pour tenir, avancer encore quelques pas, retrouver le goût de vivre et le sens de notre vie. Ces visages sur notre chemin de Calvaire viennent nous révéler la vérité d’un autre visage, un Visage ensanglanté sur une Croix, quelque part au Golgotha, entre deux malfaiteurs. C’est le Visage du Christ ! Vérité de l’homme et vérité de Dieu

C’est le Visage de Celui qui, malgré l’angoisse du jardin de Gethsémani, n’a pas eu peur de porter sur ses épaules sa propre croix et qui nous aide aujourd’hui à porter nos croix. C’est le Visage de celui qui nous a dit, « Venez à moi vous tous qui peinez sous le poids du fardeau, je vous procurerai le repos ». C’est le visage de Celui qui vit à fond sa Passion sur la croix parce qu’Il n’a pas d’autre passion que pour l’homme, et particulièrement pour l’homme éprouvée et qui est en croix. Jésus est tellement passionné de l’humain qu’il veut aider à porter sa croix quotidienne, même si souvent l’homme le dénigre, le flagelle, le renie, se moque de lui, crache sur lui, détourne de Lui son regard.

Ce Christ Crucifié est le centre de notre foi. C’est lui que nous sommes appelés à mettre au cœur de notre vii, de la vie de l’Eglise. Même au cœur de nos détresses, contemplons ce Visage défiguré, seule réponse qui nous est donnée quand nos croix nous écrasent, car il est écrasé quand l’humain est écrasé. C’est l’homme de la croix, contemplée depuis plus de deux mille ans ? Quelle est sa vérité ? C’est cette croix qui est la réponse adressée à Pilate : une croix portée, supportée et qu’il partage avec nous chaque fois qu’elle nous semble écrasante ! Et la fin, quand la croix est portée dans l’Espérance et dans l’Amour, elle est transfigurée, nous faisant ainsi passer de la mort et de la nuit du vendredi saint à la Veillée lumineuse du Samedi Saint d’où rejaillit la Vie Nouvelle. N’ayons pas honte d’embrasser et de vénérer cette croix, avec respect et beaucoup d’Amour. Amen.

 

 

 

 

 

 

 

 

Homélie du Père Joseph du vendredi Saint, année A (2023)2023-04-07T11:29:57+02:00

Homélie du Père Joseph du jeudi Saint, année A (2023)

Mes chers frères et sœurs !

Ce soir, avec cette célébration du Jeudi Saint, nous entrons dans le Triduum Pascal : pendant ces trois jours, Dieu se révèle à nous en tant qu’Amour. « Dieu est Amour ». C’est cet Amour, que souligne très souvent le pape élu François, quand il appelle tous les chrétiens à ne pas avoir peur d’être une Eglise de la tendresse ! « N’ayez pas peur de la tendresse ! » avait-il dit à tous les catholiques du monde quelques jours après son élection. C’est vrai que nous craignons parfois d’être tendres, de nous laisser toucher par les autres, pour nous protéger. Notre société a besoin de tendresse et d’Amour.

La croix est l’expression plus grande de cet Amour et de cette tendresse de Dieu, car sur elle, Dieu donne sa vie pour nous, dans une fragilité amoureuse, Il nous sauve et nous montre qu’Il nous aime jusqu’au bout, sans rien attendre de retour de notre part, parce qu’il sait que nous sommes faibles et fragiles. Il ne sait nous ne méritions pas le salut, mais il nous le donne gratuitement. Cet Amour s’offrant dans le don total sur croix est déjà manifeste et anticipé le Jeudi Saint, que nous célébrons ce soir. Au cours de la dernière Cène, dans une petite pièce préparée pour la fête, Jésus se livre déjà lui-même à ses disciples de manière complète à travers le don du pain et du vin.

Que se passe-t-il vraiment au cours de la cette Dernière Cène ? Au cours de ce repas, le Seigneur montre son amour pour l’humanité parce qu’Il accepte de s’humilier et  nous appelle au service ! Il montre ainsi que ce qui compte dans la foi chrétienne, ce qu’Il attend d’abord de ses disciples et témoins, ce ne sont pas d’abord des discours théologiques d’érudits, de la spéculation, des raisonnements d’intellectuels, mais bien des gestes concrets d’humilité, d’humanité, de tendresse, de miséricorde et d’amour, comme le lavement des pieds. C’est cela qui compte et qui parle plus que tous les discours théologiques ou métaphysiques ! Jésus commence le repas du Jeudi saint par le lavement des pieds, Il se met à genoux devant chacun des disciples, même de Juda, pour leur laver les pieds.

Dans ce geste, il y a de l’amour et de la tendresse ! Il y a aussi le pardon, parce que ce lavement des pieds préfigure déjà le baptême à travers lequel Dieu nous lave et nous purifie. Laver les pieds, c’est toucher ce qu’il y a d’impur chez l’homme : ses pieds qui suent de chaleur, qui sentent parfois mal, qui touchent la poussière, la boue et toutes les saletés, les crottes des chiens et des porcs, la bouse des vaches… Bref, en leur lavant les pieds, Jésus purifie et accorde déjà son pardon à tous ses disciples, un pardon accordé même à Judas qui va livrer, à Pierre qui va le renier, et à tous les autres qui vont l’abandonner. Il s’agit d’une nouveauté surprenante et absolue dans le judaïsme. Personne avant Jésus ne l’avait encore fait ! En effet, laver les pieds de quelqu’un n’est pas une attitude ordinaire et naturelle. On le fait aux bébés, aux personnes âgées ou handicapées. Cela nous parait normal et ordinaire, mais là aussi, nous devons nous interroger sur comment nous le faisons et quelle densité d’amour et de tendresse nous y mettons. Et je pense en ce moment à tous ces gens qui dans nos familles, nos maisons de retraites, nos hôpitaux…posent ce geste d’amour en prenant soin des enfants, des personnes handicapées et des personnes âgées.

Pour nous rendre compte de la nouveauté et du caractère anormal du geste de Jésus que nous allons revivre à travers le lavement de pieds quelques personnes de notre communauté, regardez votre vie de tous les jours. Pensez à votre conjoint, frères, sœurs, enfants, parents, vos amis, vos voisins… : combien de fois avons-nous déjà proposé de leur laver les pieds alors qu’ils sont capables de le faire eux-mêmes ? Ceci montre bien que cet acte est bien un acte anormal. Laver les pieds, c’est bien un acte de folie ! Et notre amour, pour être semblable à celui du Christ a besoin d’un peu de folie. Un saint italien pour qui j’ai une vénétration particulière, Saint Antoine Maria Zaccaria, fondateur des pères barnabites, écrivait à ses confrères : « Courrons comme des fous, non seulement vers Dieu, mais aussi et surtout vers nos frères et sœurs ! » C’est la folie par laquelle Jésus nous aime, en nous lavant les pieds, en s’humiliant devant nous, en donnant sa vie sur la croix, folie pour les Grecs et scandale pour les Juifs.

Chez nous au Congo, il y a  la tradition que les conjoints ou les fiancés, les plus souvent possible, se lavent mutuellement les pieds pour rappeler l’amour tendre et l’humilité qui doivent être le fondement d’un couple. Je vous invite à essayer de poser le même geste dans vos maisons, avec ceux et celles que vous aimez pour leur montrer combien vous les aimez ! De même l’amour entre les disciples du Christ doit se manifester dans des gestes concrets. Saint Jean nous rappelle bien que nous devons nous aimer en acte et en vérité, et non pas en parole. Et un artiste Congolais qui nous fait beaucoup danser dit dans une de ses chansons que l’amour n’existe pas et qu’il n’y a des actes d’amour. Cet  Amour qui s’abaisse, qui lave les pieds, qui se met à genoux nous guérit de notre orgueil, de nos prétentions, de notre désir de dominer et d’écraser les autres : ce sont là les ennemis de la croissance spirituelle.

L’autre enseignement de la Dernière Cène est le don de son corps et de son sang à travers le pain et le vin. En phénoménologie et comme en amour d’ailleurs, donner, présenter son corps, c’est se donner et se présenter soi-même. Tu me touches en touchant mon corps, c’est moi que tu blesses en blessant mon corps. C’est la personne âgée que tu honores quand tu prends soin de son corps fragile et fatigué, avec délicatesse, respect et amour. Normalement, la manière dont un infirmier, un médecin touche le corps du patient est révélatrice du respect ou manque de respect qu’il lui manifeste. Le corps donc, ce n’est pas un objet, mais la manifestation, l’épiphanie, la révélation, je dirais même le sacrement, c’est-à-dire le signe visible et efficace de notre être profond, même si le corps ne dit pas tout de l’être humain.

En donnant son corps et son sang dans le pain et le vin, le Seigneur Jésus se donne lui-même totalement à nous. Dans le pain et le vin que nous recevons dans chaque eucharistie, et que nos catéchumènes vont recevoir pour la première fois lors de leur baptême dans la nuit de Pâques, c’est le Seigneur lui-même qui descend pour se donner à nous. Nous entrons dans une Alliance nouvelle avec Lui, nous entrons en communion avec Lui et Il attend de nous de le laisser transfigurer nos vies. Quand Il est sur notre pomme main, dans notre bouche, rendons-nous compte de l’humilité de Dieu qui se met à notre portée, par amour, pour nous diviniser ! Quand l’hostie consacrée est sur l’autel, dans l’adoration eucharistique comme nous allons le faire toute cette nuit, nous contemplons le Seigneur Lui-même présent réellement dans le pain. Peu importe ce que nous allons lui dire : pleurer, rire, danser comme David devant l’Arche de l’Alliance, être là simplement dans le silence, méditer, chanter. Ce qui est plus important, c’est d’être là, simplement présent, comme à côté de celui ou celle qu’on aime, et prendre conscience que nous sommes débout, assis, à genoux devant le Seigneur qui s’est mis le premier à genoux, qui s’est humilié en nous lavant les pieds et en se donnant à nous.

Puissions-nous, mes chers frères et sœurs, redécouvrir la grandeur de l’eucharistie ! Puissions-nous nous arrêter un moment, sortir de la routine avec laquelle nous célébrons l’eucharistie, de cette manière mécanique avec laquelle nous recevons parfois le corps du Christ comme s’il s’agit d’une simple habitude ! Puissions-nous, après la messe, rendre grâce pour cet Amour reçu pour en devenir témoins dans notre quotidien ! Que l’eucharistie de ce jour renouvelle notre foi et produise en nous des fruits d’Amour et d’humilité pour le Seigneur, pour l’Eglise, pour les prêtres qui nous permettent de recevoir les sacrements, en particulier l’eucharistie, pour nos catéchumènes et pour notre monde. Amen.

 

Homélie du Père Joseph du jeudi Saint, année A (2023)2023-04-08T16:52:10+02:00

Que la joie Pascale inonde nos cœurs ! 

La semaine sainte, dont le couronnement est la Veillée Pascale est le cœur de l’année liturgique !  Au cours de cette semaine, nous célébrons l’entrée triomphale de Jésus à Jérusalem le dimanche des Rameaux, sa Dernière Cène avec ses disciples (avec le lavement des pieds) le Jeudi saint, sa Passion et sa Mort le Vendredi saint et sa Résurrection à Pâques !  Dans le diocèse Toulouse, nous sommes appelés à participer à la messe chrismale au cours de laquelle on bénit l’huile des catéchumènes et l’huile des malades et est consacré le saint chrême par l’évêque entouré de tous les prêtres (et diacres) qui renouvellent leurs engagements d’ordination. Cette messe sera célébrée ce lundi 3 avril à la cathédrale saint Etienne à 18h30.   La semaine sainte est l’occasion de célébrer la Vie, l’Espérance chrétienne et le renouveau auquel nous appelle le Christ mort et Ressuscité. Pour nous chrétiens, c’est un moment de grande joie et de gratitude envers le Christ qui nous appelle à la vie éternelle, lui qui est Vainqueur du Mal et de la Mort. 

La joie pascale est ressentie par des millions de chrétiens dans le monde entier. Même si elle est moins populaire que Noël, Pâques est le cœur de notre foi, temps de grande joie et de partage. Il serait beau que les familles se rassemblent à l’occasion (comme à Noël) en participant à la messe, puis en partageant le repas de fête en famille, avec le rôt d’agneau et les œufs de Pâques…, et pourquoi pas aussi échanger simplement des cadeaux dans la joie à laquelle nous appelle le Ressuscité. Pâques est également un appel au partage et à la générosité,  à une attention plus particulière envers les plus nécessiteux, mettant de côté toutes ces différences qui sont un obstacle à la solidarité et l’amitié. 

La joie de Pâques est également un rappel de l’importance de l’Espérance.  Elle nous rappelle que, même dans les moments les plus sombres, il y a toujours une lumière au bout du tunnel. La résurrection de Jésus-Christ est un symbole de cette lumière, de cette espérance qui transfigure même des situations les plus difficiles ! Pâques nous appelle au courage, à tenir bon, à aimer la vie au-delà des épreuves. La joie pascale, qui est un don de Dieu, doit inonder nos cœurs pour ensuite le porter à nos frères et sœurs, croyants ou non.  Réjouissons-nous avec ceux qui nous entourent.   

Les célébrations de la Semaine sainte, avec leur densité spirituelle et théologique, ainsi que la beauté des chants et de ses rites…- de la bénédiction des Rameaux à la bénédiction joyeuse du dimanche de Pâques… – sont porteuses de beaucoup de grâces. Je vous invite fortement à ne pas passer à côté des grâces que le Seigneur veut vous accorder au cours de ces célébrations qui sont les cœurs de notre foi. Retrouvons la joie et l’allégresse de notre baptême ! Ecoutons la voix de Jésus nous appelant à partager sa vie divine donnée dans le baptême. Entourons de notre prière et de notre amitié ces 15 adultes, ainsi que les nombreux adolescents et enfants qui seront baptisés pendant ces fêtes pascales ! Que le Christ, Mort et Ressuscité vous comble de sa joie et de ses bénédictions ! 

Que la joie Pascale inonde nos cœurs ! 2023-08-23T19:04:24+02:00
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