À propos de Joseph Bavurha

Curé de l'ensemble paroissial de Tournefeuille

Homélie du Père Joseph du Saint Sacrement, année A (2023)

Mes chers frères et sœurs

Après la fête de la Sainte Trinité, nous contemplons un autre mystère tellement grand, mais tellement familier à tel point que nous risquons de le sous-estimer ! Toute chose que nous vivons au quotidien, qui devient familier court le danger de devenir banal. Parce que nous le vivons chaque dimanche, ou même chaque jour (parce qu’il y a des gens qui vont à la messe même chaque jour !), nous courons le risque de banaliser la messe et tout ce que nous y vivons. Prions pour que le Saint Esprit nous aide à comprendre et accueillir le mystère que nous célébrons dans chaque messe : la présence réelle du Christ de l’eucharistie, c’est-à-dire celle du pain et du vin consacré. C’est cette réalité extraordinaire que nous célébrons dans chaque messe, un repas répété avec fidélité au Christ qui a dit, lors de la Dernière Cène, la première eucharistie : « Ceci est mon corps livré pour vous, ceci est mon sang versé pour vous et pour la multitude : faites-ceci en mémoire de moi ».

Malheureusement, cet acte répété souvent risque de devenir banal, trop familier, posé par pure habitude et perdre sa saveur et sa profondeur. Prions et faisons attention pour que l’eucharistie ne devienne jamais pour nous, pour notre communauté un geste mécanique, routinier et banal. La messe est toujours cette rencontre joyeuse avec ce Jésus, Fils de Dieu, qui se donne, de manière spéciale mais réelle dans le Pain et le Vin qui, après la consécration, deviennent « réellement corps et sang du Christ ». C’est l’extraordinaire miracle de la messe ! Dans l’eucharistie, c’est Jésus lui-même qui se rend présent et se donne à nous dans le pain rompu et le vin consacrés par un prêtre. C’est parce que Jésus est réellement présent au moment de la consécration que l’Eglise invite les fidèles à se mettre à genoux, dans la mesure du possible.

Le Concile Vatican II rappelle que l’eucharistie est la source et le sommet de la vie chrétienne. Notre vie chrétienne, reçue dans le baptême, puise sa force et sa vitalité dans l’eucharistie. C’est cette force vitale qui soutient notre vie dans le monde pour rendre témoignage du Christ vivant en nous et faire ainsi de nouveaux disciples qui viennent se nourrir et s’abreuver à la même source. L’eucharistie, la modalité par excellence où Jésus se donne à nous au quotidien. Si tel est le cas, je me suis toujours demandé pourquoi les fidèles ne participent pas massivement aux messes ! Parmi les excuses ou les raisons, j’entends des gens qui trouvent que les messes sont ennuyeuses ! (les enfants), que les assemblées ne sont pas toujours sympathiques et accueillantes ( les étrangers, les jeunes parents qui ont des enfants qui courent partout et qui se font regarder de travers par quelques mamies qui n’aiment pas des bruits d’enfants à la messe), que les homélies sont trop longues et pas toujours de bonne qualité, (je pense aux intellos qui critiquent tout le temps les homélies des prêtres ! Ce serait intéressant de faire les homélies à tour de rôle pour que chacun de vous se mette un peu à notre place !), que les chants ne sont pas assez joyeux, (Dieu merci nous avons la chance d’avoir Lèv aujourd’hui et des bons animateurs et musiciens dans nos paroisses le dimanche !) ou d’autres raisons telles que le repos dominical après une semaine chargée et stressante….

Toutes ces excuses sont compréhensibles, mais insuffisantes par rapport à ce qui se joue à la messe qui est le lieu où Jésus lui-même se donne, indépendamment des chants, de l’assemblée, de l’homélie, de l’accueil des assemblées habituelles…. Pour me faire l’avocat de ceux qui ne viennent pas pour ces raisons évoquées, rappelons-nous toujours que c’est parce que ce qui se joue à la messe est tellement important qu’il nous faut soigner, préparer, célébrer avec joie, par la beauté de nos chants et nos gestes. Notre participation active doit être à la hauteur de Dieu qui se donne dans la messe…

Au désert, le peuple Hébreu qui mourrait de famine avait été nourri avec la manne et la caille tombé. Quand le peuple mourrait de soif, il a été abreuvé par l’eau de Massa et Mériba ! Cela manifestait la présence de Dieu qui prend soin de son peuple. Nous sommes le peuple de la Nouvelle Alliance nourri par le corps du Christ et abreuvé par son sang. La vraie nourriture qu’est la chair du Christ, la vraie boisson qu’est le sang du Christ nous nourrissent et nous abreuvent pour avancer, grandir en vue de la fécondité de la vie chrétienne en nous. Rappelons-nous toujours qu’un chrétien qui ne se nourrit pas de l’eucharistie court le risque de voir mourir sa vie baptismale. De même qu’un corps qui ne se nourrit pas risque de mourir, de même, une âme chrétienne qui n’est pas nourrie par l’eucharistie risque de dépérir.

Il m’arrive très souvent de rencontrer des fiancés venus demander le mariage à l’église, des parents qui demandent le baptême pour leur enfant dire : « j’ai la foi, mais je n’ai pas besoin ou je ne sens pas le besoin d’aller à la messe ! ». C’est là que je pense à l’anorexie spirituelle : la personne malade d’anorexie ne sent pas le besoin de manger ayant perdu toute envie de manger… Son corps privé de nourriture est amaigri et dépérit petit à petit, mais la personne ne s’en rend pas compte.… Il suffit alors de manger un peu pour avoir encore un peu de force et de vigueur. De même, sans s’en rendre compte, des chrétiens baptisés sont devenus des « anorexiques spirituels » parce qu’ils ont perdu l’envie et le besoin de participer à l’eucharistie, se privant ainsi de ce qui ressource et requinque la vie chrétienne.

Dans la deuxième lecture, saint Paul s’adresse à une communauté secouée par les divisions à cause des personnalités fortes et de leurs conditions sociales très différentes, exactement comme notre communauté paroissiale. Saint Paul leur rappelle que l’eucharistie fonde et cimente la communion et l’unité entre eux malgré leurs différences. Aujourd’hui encore, dans certaines communautés, groupes, services … les membres sont divisés à cause de leurs fortes personnalités, leur responsabilité, les petites jalousies et querelles de pouvoir, les appartenances politiques… ! Tout cela n’a plus de place quand nous célébrons l’eucharistie parce que c’est Jésus qui nous réunit. Nous communions à son corps pour être en communion entre nous. L’eucharistie appelle et construit l’unité, invite à remettre le Christ au centre de notre vie communautaire. L’Eglise n’est pas un club de gens parfaits et intelligents…mais une communauté de gens différents appelés et réunis autour du Christ, et qui sont nourris par le même pain et abreuvés à la même coupe. L’eucharistie devient ainsi le catalyseur de notre unité et de notre communion, malgré nos différences réelles.

C’est le sens de la fête du Corps et du Sang du Christ. La question n’est pas la langue, la formulation, le rite, de forme liturgiquemais la foi. C’est vrai qu’il serait mille fois mieux si nos assemblées étaient plus accueillantes, plus joyeuses, nos chants plus beaux, nos églises propres, nos homélies brillantes.… Mais, ne nous faisons pas d’illusions ! Beaucoup ne viennent pas à la messe surtout parce qu’il leur manque la grâce de la foi que c’est Jésus lui-même qui est réellement présent et qui se donne à nous dans le pain et le vin consacrés. Que cette eucharistie nous obtienne la grâce de la fraîcheur de foi et d’une passion amoureuse pour l’eucharistie. Amen.

 

Homélie du Père Joseph du Saint Sacrement, année A (2023)2023-06-09T21:46:52+02:00

Homélie du Père Joseph de la Sainte Trinité, année A (2023)

Mes chers frères et sœurs !

Après la Pentecôte, nous célébrons la solennité de la sainte Trinité. Celle-ci, avec l’Incarnation de Jésus, vrai Dieu et vrai homme, constituent les deux mystères centraux de la foi chrétienne. La Trinité n’est pas une doctrine abstraite et éloignée de la vie. C’est un mystère qui nous rappelle que le Dieu chrétien n’est pas un dieu-spray, un Dieu qui s’évapore, mais bien au contraire, il s’agit d’un Dieu bien concret qui s’appelle Amour. Il ne s’agit pas de l’amour sentimental, émotif, mais de l’Amour du Père qui est à la Source de toute vie, l’Amour du Fils mort et ressuscité, l’Amour du Saint Esprit qui renouvelle nos vies. Ce Dieu Unique qui nous appelle à entrer dans cet Amour infini pour en témoigner autour de nous.

L’expression « Trinité » ne se trouve nulle part dans la Bible. Sa réalité existe pourtant dans la Bible. Nous croyons en un seul Dieu en trois Personnes. C’est le monothéisme trinitaire, propre aux chrétiens : le Père, le Fils et le Saint Esprit. Ce n’est pas une invention du prêtre, du pape, d’un théologien ni de l’Eglise.  C’est un mystère révélé par Dieu lui-même. Par l’incarnation de Jésus, Dieu nous parle de lui de manière compréhensible, concrète, en utilisant nos paroles, notre langage qui nous sont parvenus à travers l’Evangile.

Jésus a dit de lui-même qu’il est non seulement le Fils de Dieu, mais qu’il est Dieu lui-même. Il le montre par ses enseignements, ses paroles, ses signes, les miracles et prodiges, par le pardon des péchés, en ressuscitant les morts jusqu’à sa propre résurrection après sa mort sur la croix. Tout cela se fait au nom du Père et dans l’Esprit. L’évangile nous dit même que c’est la revendication de sa propre divinité qui a été le motif principal de la condamnation à mort de Jésus : « toi qui n’es qu’un homme, tu te fais l’égal de Dieu » (Jn10, 33). Jésus nous a parlé de Dieu Père, qui est le principe de tout. Il nous a parlé d’une troisième Personne divine, le saint Esprit, envoyé d’auprès du Père. La personne du saint Esprit sanctifie et conduit l’Eglise et chaque baptisé.

C’est la foi de notre baptême, un mystère que nous accueillons par et dans la foi, loin des spéculations théologiques et philosophiques. Il reste cependant une grande question : S’ils sont trois personnes, comment font-ils pour être un seul Dieu ? D’abord, nous devons croire que Dieu est unique, un seul parce qu’il est une unité profonde : « Ces trois personnes sont un seul Dieu et non trois dieux, puisque ces trois sont Un seul Dieu, c’est-à-dire une seule substance, une seule essence, une seule nature, une seule divinité. Par cette unité, le Père est tout dans le Fils, tout dans le Saint Esprit ; le Fils est tout dans le Père, tout dans le Saint Esprit ; et le saint Esprit est tout dans le Père et tout dans le Fils, comme nous enseigne l’Eglise à travers les différents conciles. »

Mais comment font-ils pour être un seul Dieu ? Dieu dépasse infiniment nos représentations et catégories spatio-temporelles. Dieu Trinité est un être relationnel, doté d’intelligence, de volonté et capable d’aimer, donc, de se donner et accueillir totalement l’autre, de vivre pour l’autre. Dieu est Amour. Dans la Trinité, chaque personne divine vit pour l’autre, elles s’aiment tellement au point d’être une seule substance, et c’est cela le grand calcul mathématique pour la trinité. Il ne s’agit pas d’ajout, d’addition qui ferait trois dieux mais bien de multiplication d’un qui fait toujours un : Un multiplié par un multiplié par un fait un !

Dans son essence, le Dieu chrétien est l’Amour qui se donne et se reçoit. Le Père est le Don infini, le Fils se reçoit totalement du Père et se donne à lui. Ce mouvement se réalise par le Saint Esprit qui se reçoit du Père et du Fils, et en même temps se donne à son tour. Quelqu’un disait que la relation trinitaire, par analogie dans le mariage est : l’Amant, l’Aimé et l’Amour. Chacun des époux est l’amant qui se donne à l’autre, l’aimé qui se reçoit de l’autre et c’est l’Amour qui facilite ce don de soi et cette réception de soi de l’autre. L’amour humain devrait être une analogie de l’amour trinitaire.

L’amour vrai comporte toujours une distinction et une communion de personnes, dans une réciprocité de don et d’accueil. Saint Augustin dit que « quand tu vois le vrai amour, tu vois la Trinité sainte ».  Les trois Personnes Divines sont distinctes, sans changement, sans fusion ni confusion. Aujourd’hui, se repend l’idée que quand on est fusionnel on est plus amoureux, comme me le disent les fiancés qui affirment, pour manifester la solidité de leur amour : « entre nous, c’est la fusion ! Notre amour est vraiment fusionnel ! ». Or, dans une fusion, il a disparition, il y a confusion.  Il y a même le risque que cela se fasse au détriment de l’autre ! Vous êtes tellement fusionnels que votre identité s’est dissolue, a disparu.

Le livre de la Genèse dit que Dieu nous crée à son image et sa ressemblance. C’est-à-dire, pas dans la solitude, mais dans la relation et la communion. Si tel est le visage de Dieu, quelles en sont les conséquences existentielles dans mon quotidien ? Si Dieu est communion, c’est en lui que nous avons été baptisés, ce la veut que nous sommes appelés à vivre en communion avec lui et avec les autres.

Cela veut dire que l’individualisme et la solitude sont insupportables parce qu’inconcevables dans une logique de communion et de relation. Beaucoup d’humains se jouent leur vie comme un jeu solitaire, coupés de Dieu et des autres ! Résultat, ils n’arrivent jamais à la plénitude de la vie parce que l’être humain est fait pour être en relation avec Dieu et avec les autres.  Jean-Paul Sartres dit que l’Enfer c’est les autres, Jésus nous dit au contraire que notre bonheur est dans la relation, dans communion, dans le don de soi aux autres, dans la réception de l’amour qui nous est donné par Dieu et par ceux qui nous entourent. L’être humain se construit dans sa capacité à se laisser aimer par Dieu et à donner de l’amour autour de soi.

La fête de la Sainte Trinité rappelle que Dieu a un rêve pour nous, pour la famille humaine et ecclésiale : nous garder dans sa communion et voir cette communion se déployer et grandir entre nous sur la terre. L’Eglise, Corps du Christ et familles des enfants de Dieu se bâtit et se reçoit de la communion trinitaire. Notre bonheur se trouve dans notre capacité à se laisser aimer par Dieu pour se donner aux autres, pour témoigner de cet Amour autour de nous et entre nous. Cela se fait grâce à l’œuvre du saint Esprit. Demandons à l’Esprit saint de nous façonner à l’image de Dieu, nous plonger dans la communion bienheureuse du Père et du Fils. Nous sommes le temple et la demeure de la Sainte Trinité par le baptême ! Que cette eucharistie conforme notre vie à ce Dieu d’Amour qui nous unit et nous rassemble dans cette même foi dans laquelle nous avons été baptisés au nom du Père, et du Fils et du saint Esprit. Amen.

Homélie du Père Joseph de la Sainte Trinité, année A (2023)2023-06-02T21:37:10+02:00

Edito : Ensemble, témoins du Christ.

Par le Père René Kouamé

Apres sept années pastorales passées dans le diocèse de Toulouse (2016-23), où j’ai découvert plusieurs réalités et diverses formes de transmission de l’évangile, en obéissance à l’esprit de Pentecôte et à l’Église, il me faut « aller dans d’autres territoires pour témoigner ». En effet, depuis le souffle de la Pentecôte, rien n’est jamais figé dans l’Église de Dieu, ni suspendu pour longtemps. Le temps de nous faire nos adieux est donc arrivé. Ces années passées dans l’ensemble paroissial Cazères-Carbonne, à la Cathédrale saint Etienne et dans l’ensemble paroissial de Tournefeuille ont été pour moi des moments d’observation, d’études et j’espère de témoignage de la joie baptismale. J’ai essayé avec mes faiblesses et lacunes d’être au service de tous et de l’Eglise selon mes possibilités. Au cours de cette présence, j’ai peut-être blessé, offensé certaines personnes par mes actes. Je voudrais ici leur présenter toutes mes excuses et demander leur miséricorde.

Cinq ans dans l’ensemble paroissial de Tournefeuille, à l’échelle de la vie humaine n’est pas une valeur négligeable. En arrivant à Lardenne, j’ai aimé dire ces mots : « Les pasteurs changent. Un prêtre passe. Un autre arrive. Ils sont différents les uns des autres. Mais le Christ demeure, et c’est toujours le même Seigneur. L’appui de nos vies, c’est le Christ ». Oui, Jésus Christ est le seul et unique Pasteur qui nous conduit au Père. C’est Lui : le Chemin, la Vérité et la Vie. Ma première mission était d’annoncer sa parole de vie, d’amour, de compassion et d’espérance…Ceux qui ont écouté la Parole que j’aime partager ont peut-être un peu compris le sens de la vie chrétienne et y ont trouvé le pain pour la route de vie…L’Eglise, c’est cette communion de personnes qui partagent la même foi et le même amour de Dieu. C’est bon d’être chrétien ! Avec vous, j’ai vécu les joies et les peines de notre communauté, rappelant l’espérance chrétienne, annonçant Jésus-Christ et célébrant les sacrements. Merci à vous tous qui m’avez aidé et m’avez soutenu pendant ces années à tenir le cap dans les vents parfois contraires…. Merci de votre fidélité dans la prière et de votre amitié. Que le Seigneur vous garde précieusement dans son Amour. Le temps passé à vos côtés restera gravé dans ma mémoire et dans mon histoire. Bonne route avec vos pasteurs.

Partir c’est poursuivre en étant armé de son vécu et de l’enseignement des expériences passés. Suivre le Christ est avant tout un appel à marcher à sa suite et à devenir l’écho de l’évènement de Jérusalem. Témoigner c’est se mettre en route vers l’autre, l’inconnu. « Sortons, sortons », dit le pape François, « pour offrir à tous la vie de Jésus Christ » (Evangelii Gaudium, no. 49). Nous sommes tous appelés à être des témoins de Jésus-Christ. Nous sommes tous invités à sortir pour nous mettre en pèlerinage le 2 juillet. À la suite des apôtres, rendez-vous nous est donné en Galilée (ND d’Alet) pour nous laisser imprégner de l’Esprit Saint, à travers la prière, le partage de la parole et la communion fraternelle, afin de pouvoir accomplir pleinement et jusqu’au bout notre mission de témoin. Comme le dit à ce propos le pape François, « […] aucun chrétien ne peut rendre un témoignage complet et authentique […] sans l’inspiration et l’aide de l’Esprit. […] L’Esprit est donc le véritable protagoniste de la mission : c’est lui qui donne la parole juste, au bon moment et de juste manière ». (Pape François, Message pour la journée mondiale des missions, 2022). Un témoignage aussi fort ne peut être apporté que si l’on a une relation profonde avec Dieu. Une rencontre entre le disciple et le maître est nécessaire avant l’entrée en mission, comme en témoigne la vie de Jésus, qui commençait toujours ses journées missionnaires en se retirant d’abord pour prier son Père. Après la prière, il allait alors vers les gens, exprimant sa solidarité et sa compassion. On voit donc que Jésus ne s’éloigne pas de la souffrance des gens, elle ne le laisse pas indifférent. Ses yeux, ses oreilles et ses mains ont toujours porté leur attention sur l’histoire des gens, sur leur souffrance, leur espoir et leur peur. C’est pourquoi, en tant qu’Église, nous devons « connaître et comprendre le monde dans lequel nous vivons, avec ses attentes, ses idéaux et ses traits souvent dramatiques » (Gaudium et Spes 4). C’est alors seulement que nous pourrons agir ou réagir de manière appropriée. Le pape François, s’adressant aux jeunes, souligne que «l’Église sans le témoignage, n’est que du vent parce que  là où il n’y a pas de témoignage, il n’y a pas l’Esprit-Saint » (14 août 2018). Et il ajoute, dans son message pour la Journée missionnaire mondiale 2022 : « l’Église, communauté des disciples du Christ, n’a d’autre mission que celle d’évangéliser le monde en témoignant du Christ. L’identité de l’Église est d’évangéliser». C’est un appel à être une Église en sortie, qui porte la Bonne Nouvelle. L’Église est née, grandit et vit du témoignage. Le pape Paul VI écrit : « Celui qui a été évangélisé évangélise à son tour. C’est là le test de vérité : il est impensable qu’un homme ait accueilli la Parole … sans devenir quelqu’un qui témoigne et annonce à son tour» (Evangelii Nuntiandi 5,24).

Chers sœurs et frères en Jésus-Christ, chers paroissiens, je crois que l’on ne naît pas témoin de Jésus-Christ, mais qu’on le devient ! Tout d’abord, dans les Actes des apôtres, les témoins apparaissent partout où la Parole peut rencontrer les hommes, dans des lieux variés, aussi bien au tribunal qu’au temple. Il n’y a donc pas de lieu de prédilection, ni de lieu inadéquat, pour témoigner de sa foi en Dieu. Dans les Actes des apôtres, les témoins, à l’exemple de Témoins d’ici et témoins d’ailleurs, nous sommes pétris de la même pâte humaine ; capables des mêmes erreurs, mais appelés malgré tout à devenir ensemble des artisans de paix. Nous sommes appelés à sortir de nos rituels pour découvrir des horizons nouveaux, où rencontrer d’autres personnes en chemin et chercher ensemble la justice et la paix. Nous avons reçu vocation, par le baptême, de montrer que la vie est possible et qu’elle n’est possible qu’en relation, en Eglise. Nous avons reçu vocation de le montrer par des gestes et des paroles qui touchent, à l’image de Jésus. Cette communion se construit dans une dynamique de formation continuelle. En y participant activement, nous montrons que nous sommes, ensemble, en mission ! Notre vocation de devenir témoins du Christ n’est pas assortie d’une obligation de résultat. Car personne parmi nous ne saurait maîtriser les effets de la Parole de Dieu que nous sommes invités à annoncer. Jésus, seul, a le pouvoir de toucher les cœurs. Nous, ses disciples et témoins, nous sommes appelés à dire à notre tour les paroles et les actes qu’une multitude d’êtres humains ont reçus comme étant Parole de Dieu. Ils l’ont laissé agir en eux pour y discerner l’appel à se mettre en marche, à devenir témoins d’un amour qui les dépassait, à s’aventurer avec leurs forces et leurs faiblesses sur un chemin de service. Libérés de toute obligation de résultat, Dieu nous invite à devenir ses témoins. Dans cette tâche, constitutive de notre identité chrétienne, nous pouvons compter sur sa promesse : « Je suis avec vous, tous les jours, jusqu’à la fin du monde. » Amen.

Edito : Ensemble, témoins du Christ.2023-11-29T11:33:48+01:00

Edito : Renouvelés dans l’Esprit !

Chaque dimanche, dans le Credo, nous professons ensemble « Je crois en l’Esprit saint ».  Je crains malheureusement que beaucoup de chrétiens, pratiquants en l’occurrence, aient encore du mal à saisir toute la profondeur de cette assertion et son impact concret et existentiel dans notre vie personnelle et ecclésiale. Nous répétons que nous croyons au saint Esprit mais nous avons du mal à le voir à l’œuvre. Il est à l’œuvre mais nous ne faisons pas attention à lui. Nous sommes comme ces enfants qui voient les parents tellement à leur service, aux petits soins qu’ils en deviennent presque ingrats, ne percevant plus rien de tout ce qu’ils reçoivent des parents. Pour beaucoup de chrétiens aujourd’hui encore, le saint Esprit reste la Personne la plus méconnue de la Sainte Trinité. C’est l’occasion ici de rendre grâce pour tous ces courants, mouvements et nouvelles communautés (charismatiques) qui, dans l’Eglise, de nos jours, et plus particulière dans notre pays, nous aident à redécouvrir l’œuvre et l’action du saint Esprit.

A la fin de ce mois de mai, nous célébrerons la solennité de la Pentecôte ; occasion pour chacun de nous de prendre conscience de la présence du saint Esprit, cet Amour qui procède du Père et du Fils comme Don.  Il a été donné aux apôtres afin qu’ils deviennent « Eglise » et sortent pour aller annoncer la Bonne Nouvelle. Les apôtres le font, parlant d’autres langues, c’est-à-dire, en devenant capables de s’adresser et d’aller à la rencontre d’autres personnes, de différentes cultures, pour former ensemble une Eglise-communion, enracinée en Jésus ressuscité.  En effet, le saint Esprit, tout en n’abolissant pas nos différences, fait naître en nous amour et communion. La fécondité de l’Eglise naissante à Jérusalem a été rendue possible par la présence du saint Esprit. De même, la fécondité de notre vie personnelle et ecclésiale, dans ses différentes dimensions, dépend forcément de notre capacité à laisser le saint Esprit agir dans nos vies.

Depuis sa naissance, l’Eglise vit du et par le saint Esprit. Elle tire sa sainteté de la présence et de l’action du saint Esprit. Chaque fois qu’elle a été à son écoute et s’est laissée façonner par lui, l’Eglise a été rayonnante et resplendissante de la gloire de Dieu. De même, pour chaque baptisé ayant reçu le saint Esprit, la vitalité, le rayonnement, la sainteté de notre vie, la fécondité de notre mission, de notre ministère, de notre travail dépendent de notre docilité à l’Esprit saint, de notre capacité à rester à l’écoute de ce que veut le saint Esprit et à le laisser agir et déployer son œuvre en nous et à travers nous. Les témoignages qui sont dans ce numéro de notre bulletin paroissial sont la manifestation de ce que peut produire dans notre vie le saint Esprit qui nous renouvelle profondément. Je remercie Florence, Christine et le « Prisonnier » qui ont accepté de partager leurs témoignages.

J’invite chacun de nous à prier plus intensément le saint Esprit en ce mois de mai. Nous pouvons lui recommander en particulier tous ceux qui vont recevoir différents sacrements, œuvres du saint Esprit ou vont vivre un temps fort, une étape importante dans leur vie de foi dans les prochaines semaines.  Sur tous ces enfants, ces adolescents et ces adultes, nous implorons l’abondance des dons de Dieu par la présence du saint Esprit. Qu’il nous renouvelle en profondeur pour devenir chaque jour des créatures nouvelles, dans le Christ Ressuscité. Que la Vierge Marie, docile à présence du saint Esprit intercède pour nous et nous entraine à son école.

 

 

Edito : Renouvelés dans l’Esprit !2023-08-23T19:01:51+02:00

Tous en pèlerinage à Notre-Dame d’Alet le 2 juillet

C’est la fin d’année et bientôt, presque tous en vacances ! Avant de nous disperser, nous vous proposons de vivre une journée paroissiale, en pèlerins auprès de Notre Dame d’Alet, ce haut lieu du diocèse de Toulouse, à 20 km de chez nous. Pourquoi ? Parce que nous avons besoin de vivre et de célébrer ensemble des choses pour tisser des liens forts entre nous. Nous sommes 5 paroisses rassemblées mais avons très peu d’occasions de vivre des temps de pèlerinage en commun, très peu d’occasions pour réellement faire connaissance et tisser des liens entre nous. La messe de rentrée ne suffit pas pour construire une communauté ecclésiale unie et fraternelle. Parce que nous voulons témoigner ensemble de ce que nous vivons, de nos diverses missions dans les paroisses, groupes, services, mouvements et associations. Parce que nous voulons nous confier à la Vierge Marie avant de partir en vacances. Parce que nous voulons rendre grâce ensemble de tout ce que le Seigneur nous donne au sein de notre ensemble paroissial. Parce que nous voulons ensemble faire les adieux au Père René Kouamé qui repart cet été dans son diocèse en Côte d’Ivoire, après 5 ans vécu parmi nous sur l’ensemble paroissial.

Ce sera le 2 juillet de 9h30 à 17h30. Parce que ce pèlerinage paroissial est une priorité, il n’y aura de messe dans aucune de nos 5 paroisses (sauf le samedi soir à Lardenne et Tournefeuille). Nous comptons sur la présence de tous, petits et grands, dans la diversité de notre communauté pour ce temps de joie fraternelle pour témoigner ensemble de la joie chrétienne. Toutes les équipes se préparent pour nous faire vivre une belle journée. Nous remercions l’équipe qui, depuis plusieurs semaines, se réunit pour préparer ce pèlerinage paroissial. Dans la joie de vivre cette journée avec vous tous !

INSCRIVEZ-VOUS auprès du secrétariat ! 05.61.86.21.49 ou eptournefeuille31@gmail.com

Tous en pèlerinage à Notre-Dame d’Alet le 2 juillet2023-06-21T11:51:41+02:00

Homélie du Père Joseph de la Pentecôte, année A (2023)

Mes chers frères et sœurs !

Nous voici au terme du temps pascal. Depuis le dimanche de Pâques, 50 jours se sont écoulés Pour les Hébreux, 50 jours après la Pâque juive, on célébrait le don de la Torah. Dans l’Antiquité, 50 était le nombre de la plénitude des temps. C’est ainsi que dans l’empire Romain, à l’âge de 50 ans, on était dispensé du service militaire. Pour les Hébreux, tous les 50 ans on célébrait le Jubilée ! La Pentecôte indique aussi qu’un temps est fini. Ceci veut dire qu’avec la fête de la Pentecôte, le temps du Jésus historique et des apparitions est terminé pour laisser place au temps de l’Eglise. Ceci veut dire que notre temps a commencé avec la Pentecôte.

Mais que s’est-il passé à la Pentecôte ? Jésus était déjà monté au ciel depuis 9 jours, c’est-à-dire à l’Ascension. Il avait demandé aux disciples de poursuivre ce qu’il avait commencé, c’est-à-dire, l’annonce de la bonne nouvelle d’un Dieu qui aime à la folie et gratuitement chaque être humain. Mais les disciples étaient découragés, déçus et ils avaient peur. Ils se demandaient : « Et maintenant, qu’allons-nous faire ? », une grande équation, comme celles devant lesquelles nous nous retrouvons parfois ! Nous avons alors besoin d’une aide, d’un bon coup de main du Seigneur. Quand tout nous semble bouché, sans issue nous avons besoin de son Amour, besoin de l’Esprit Saint. La Pentecôte est une invitation à faire confiance à Jésus qui nous dit : « Maintenant sortez ! N’ayez pas peur, vous avez la force d’y arriver, vous avez tout ce qu’il vous faut pour ce job, pour cette mission, pour cet engagement ! Mon Esprit vous a été donné et est avec vous, en vous ! »

Vous êtes probablement en train de vous remémorer quelques traces du catéchisme, de la préparation à la confirmation, pour y trouver quelques informations sur cet illustre inconnu qu’est le Saint Esprit. Vous pouvez trouver quelques belles définitions, de beaux concepts, mais rappelez-vous toujours que le Saint Esprit veut surtout être reconnu pour ce qu’il fait, pour son œuvre, son action et non pas par ce que nous pouvons dire de lui. Le Saint Esprit n’est pas une chose à expliquer, à conceptualiser, mais une personne à aimer, une présence qui se donne, comme une expérience d’amour à vivre. L’amour ne se définit pas, ne se conceptualise pas. Il s’agit d’une expérience à vivre !

Le jour de la Pentecôte, les apôtres font un saut de qualité. Matériellement et physiquement, Jésus était désormais absent, invisible, assis à la droite du Père, mais spirituellement les disciples l’avaient en eux parce qu’avant de s’en aller il leur avait dit « Je suis avec vous jusqu’à la fin des temps ! » La Pentecôte nous invite à passer du matériel, du physique au spirituel. Qui a reçu le Saint Esprit dans son cœur vit selon l’Esprit mais tout reste matériel, physique et charnel pour celui veut vivre selon la chair et qui n’élève pas son cœur ! Attention ! Spirituel ne signifie pas ici « être désincarné », « être hors du monde ». Quand on dit qu’une personne est spirituelle, on pense à un moine enfermé, un ermite qui ne vit que de la prière 24 heures sur 24. Quelqu’un de spirituel n’est pas celui qui prie beaucoup ou qui fait des choses religieuses, qui passe ses journées dans les églises ou qui enchaine pèlerinage sur pèlerinage à longueur de l’année. La personne spirituelle est celle qui vit selon l’Esprit qui habite profondément dans son cœur, qui sait qu’il est tout le temps en compagnie de Dieu.

Mère Teresa disait un jour à un journaliste qui essayait de la titiller sur sa foi : « voyez, Dieu, moi je le vois clairement. Il est en cet homme qui souffre ou en celui-là, qui est allongé sur le lit, abandonné de tous ! Dieu est en moi ! Dieu est en vous ! Si vous ne voulez pas le reconnaître, ce n’est pas mon affaire parce que pour moi la chose est tellement évidente. » Tout est matière, matériel ou esprit. Ça dépend de comment tu vois ou veux voir les choses. Par exemple, sur l’autel après la consécration, celui que n’a pas la foi va voir un simple pain de blé, de la matière, mais spirituellement, la foi me fait voir Jésus qui est réellement présent dans le pain consacré. Un nouveau jour peut être vu simplement comme un jour de travail, parfois pénible à vivre ou alors spirituellement, ce nouveau jour peut devenir une nouvelle opportunité pour aimer et être aimé.

Ma vie peut être terriblement et affreusement matérielle ou merveilleusement spirituelle : tout dépend de notre cœur. Avec la Pentecôte, la présence même de Dieu prend une perspective nouvelle. Dieu n’est plus présent « devant nous », comme dans l’AT, ou « Dieu avec nous », « l’Emmanuel » comme dans le NT avec l’incarnation de Jésus, mais Dieu « est en nous ». Avec la venue et le don du Saint Esprit, Dieu est en nous ! Nous devenons la « maison de Dieu », le « temple du Saint Esprit » depuis le baptême. Avec la présence du Saint Esprit, nous ne faisons plus les choses « pour Dieu » mais nous pouvons réaliser « les œuvres de Dieu » car il habite et agit en nous et par nous. Depuis la Pentecôte, l’amour n’est plus un devoir, une obligation. Nous ne « devons plus aimer » comme dans l’AT, mais nous « pouvons aimer » comme Dieu, car la présence du Saint Esprit en nous nous rend capables d’aimer.

Cela veut dire que nous devons être dociles à la présence du Saint Esprit en nous. Pour cela, nous pouvons regarder les attitudes des apôtres à la Pentecôte. « Quand arriva le jour de la Pentecôte, au terme des cinquante jours après Pâques, ils se trouvaient réunis tous ensemble. » Les Actes des Apôtres précisent bien que les disciples étaient réunis. L’Esprit Saint ne va pas là où sont les divisions. Si nous voulons recevoir le Saint Esprit, soyons unis entre-nous, reconnaissant que notre propre destin est lié à celui du frère, de la sœur qui est à côté de nous. C’est le « nous » qui nous sauvera ! Notre monde et le Malin chercheront toujours à nous diviser mais le Saint Esprit vient nous unir, nous rappeler que nous formons une seule et même famille humaine, une seule famille ecclésiale. Plus nous serons unis, plus le Saint Esprit accomplira des merveilles pour nous et en nous. « Tous, d’un même cœur, étaient assidus à la prière, avec des femmes, avec Marie la mère de Jésus, et avec ses frères » disait la première lecture de dimanche dernier. En attendant le Saint Esprit, les disciples vivaient dans la concorde et la prière, avec la Vierge Marie. Il est temps que nous redevenions des hommes et femmes qui prient vraiment, mettant la prière au centre de leur vie. Prier ne signifie pas dire ou réciter une prière. Prier signifie laisser murir, laisser parler et écouter le Saint Esprit qui est déjà présent en nous et qui ne réclame rien d’autre que de le laisser agir et se manifester. Cela veut dire parfois apprendre à faire silence, apprendre à écouter !

« Tous, d’un même cœur, étaient assidus à la prière, avec des femmes, avec Marie la mère de Jésus » Souvent, pour beaucoup de catholiques, la présence de la Vierge Marie dans notre vie est une présence dévotionnelle, je dirais même, de la « déco » ! Je pense que Marie est présente dans ma vie seulement parce que je porte sur moi une médaille de la Vierge qui m’a été offerte à mon baptême. La présence de Marie au milieu des apôtres à la Pentecôte rappelle que sa présence dans notre vie doit être décisive. Marie est comme la fissure à travers laquelle le Saint Esprit fait irruption dans ma vie. Avant nous, Marie a accueilli le Saint Esprit qui l’a fécondé pour qu’elle devienne la Mère de Dieu. La Vierge Marie nous prépare, nous soigne, comme une maman, pour que nous recevions et laissions agir le Saint Esprit dans notre cœur comme elle. Sa présence pour les chrétiens doit être concrète, décisive et avoir une incidence existentielle.

Alors, tout ce que le Saint Esprit a opéré en Marie, il peut l’opérer aussi pour nous dans notre vie, dans la vie de l’Eglise. Prions le Saint Esprit pour tous les baptisés de ce weekend de Pentecôte, les enfants qui font la première communion, ceux qui se marient en cette période et tous ces adultes qui reçoivent le sacrement de confirmation en ce weekend de Pentecôte et ces séminaristes qui seront ordonnés prêtres et diacres dans l’Eglise en ce mois de juin.

Le Saint Esprit est à l’origine de la naissance de l’Eglise depuis la Pentecôte. Il la conduit depuis plus de deux mille ans. Son souffle la conduira encore et encore ! Alors, laissons-nous toucher, façonner et modeler par le Saint Esprit qui nous restaure pour redevenir l’image et la ressemblance de Dieu, voulue dès l’origine mais que le péché Originel a abimé.

Homélie du Père Joseph de la Pentecôte, année A (2023)2023-05-31T08:18:35+02:00

Homélie du Père Joseph du VII° Dimanche de Pâques, année A (2023)

Mes chers frères et sœurs, !

La mission principale de Jésus est celle de nous faire connaitre le Père, comme il le dit lui-même dans sa longue prière sacerdotale dont l’évangile de ce dimanche est un extrait : « J’ai manifesté ton nom aux hommes que tu as pris dans le monde pour me les donner. Ils étaient à toi, tu me les as donnés, et ils ont gardé ta parole. Maintenant, ils ont reconnu que tout ce que tu m’as donné vient de toi, car je leur ai donné les paroles que tu m’avais données : ils les ont reçues, ils ont vraiment reconnu que je suis sorti de toi, et ils ont cru que tu m’as envoyé ». Intimement uni au Père et l’Esprit, Jésus a voulu nous insérer dans cette même communion trinitaire, pour ensuite vivre cette communion entre nous.

Pour cela, Dieu s’est incarné en Jésus, qui a pris notre humanité, est mort, est ressuscité, et comme nous l’avons vu jeudi à la fête de l’Ascension, il nous a précédé au ciel où il siège à la droite du Père. Cependant, avant de s’en aller, Jésus a voulu faire de nous à la fois les bénéficiaires et acteurs de la communion trinitaire. Bénéficiaires parce que la communion, l’unité entre nous est d’abord une grâce de Dieu. Acteurs parce que nous sommes appelés à devenir témoins et artisans de communion et d’unité autour de nous et entre nous.

Ainsi, Jésus a commencé par choisir des apôtres, des personnalités bien différentes. « En ces jours-là, Jésus s’en alla dans la montagne pour prier, et il passa toute la nuit à prier Dieu. Le jour venu, il appela ses disciples et en choisit douze auxquels il donna le nom d’Apôtres : Simon, auquel il donna le nom de Pierre, André son frère, Jacques, Jean, Philippe, Barthélemy, Matthieu, Thomas, Jacques fils d’Alphée, Simon appelé le Zélote, Jude fils de Jacques, et Judas Iscariote, qui devint un traître. » (Lc 6, 12-16

Même si c’est lui qui nous a tous choisis, Jésus sait que nous, ses disciples, nous sommes pour lui et les uns pour les autres un don du Père qui vient du Père. C’est Dieu le Père qui nous a confiés à Jésus et nous confie les uns aux autres comme dons précieux dont il faut prendre soin. Dieu nous a faits pour être avec les autres comme frères et sœurs en Jésus. C’est cela aussi la communion dans la foi.  Il serait tellement beau de voir tous les paroissiens se considérant comme frères et sœurs. Pendant le synode sur la synodalité, j’ai entendu certaines personnes dire que pour lutter contre le cléricalisme, il faut arrêter d’appeler les prêtres avec le titre de « père » ! Quel grand remède ! On veut l’appeler frère ! Parfait ! Alors, un ami a dit à ses paroissiens que le jour ils commenceront à s’appeler entre eux « frère », « sœur », en non plus monsieur un tel, madame untel….ce jour-là on pourra aussi appeler les prêtres frères etc ! Et pourtant, le désir profond de Jésus est de faire de nous des frères et sœurs grâce au baptême.

Connaissant ses disciples, Jésus savait dès le départ que l’unité et la communion n’étaient pas acquises d’avance à cause leur personnalité.  Il s’en inquiète un peu. Il avait déjà été témoin de certaines tensions, relations compliquées et rivalités entre ses disciples qui se battaient en sa présence pour savoir qui allait être le premier parmi eux. Nous pouvons voir aussi les mêmes tensions parmi les premiers chrétiens au sein de la communauté primitive à Jérusalem comme on peut le voir dans le livre des Actes des Apôtres.

Parce qu’il sait que nous sommes faibles et fragiles, avant de quitter ce monde, Jésus prie pour nous ses disciples afin que nous vivions toujours en communion avec lui et les uns avec les autres. Jésus sait que le Malin, le Diviseur est toujours à l’œuvre. Ne soyons pas naïfs : le Malin est toujours à l’œuvre et il cherche toujours à nous diviser, à semer la zizanie entre les disciples, à créer des conflits entre eux, en partant des questions parfois banales. Nous devons vraiment faire attention dans nos familles, dans l’Eglise et dans nos communautés paroissiales parce que le Malin peut nous diviser, casser nos relations et notre communion à cause des questions très superficielles. C’est parce que Jésus est conscient à la fois de nos fragilités et des pièges du Malin-Diviseur que Jésus prie pour l’unité et la communion avant de mourir « Père saint, garde mes disciples unis dans ton nom, le nom que tu m’as donné, pour qu’ils soient un comme nous-mêmes ».

Cette unité est fondée et enracinée dans l’unité et la communion trinitaire dans laquelle nous sommes plongés grâce aux sacrements. Pour réaliser la communion et l’unité, nous avons reçu le Saint Esprit qui nous apprend accueillir et à demeurer dans l’amour du Père et du Fils, à aimer l’Eglise malgré ses défauts, à aimer notre monde qui ne va pas très bien et à nous aimer les uns les autres malgré les milles raisons que nous pouvons trouver de nous diviser. Le saint Esprit est celui qui nous aide vivre en communion avec le Père et le Fils, et à devenir artisan de paix, d’unité et de communion autour de nous.

Depuis le jeudi de l’Ascension, nous sommes tournés vers la Pentecôte. Comme les disciples, nous sommes en attente du Saint Esprit envoyé aux disciples pour affermir leur foi, construire leur unité, chasser leur peur…Nous avons besoin de recevoir et de nous laisser façonner par l’Esprit saint qui est notre le Défenseur, le Paraclet, l’Avocat et le Consolateur. Une vie chrétienne sans le Saint Esprit est une vie condamnée à mourir !

Pendant cette semaine qui nous conduit à la Pentecôte, invoquons le saint Esprit dans notre prière personnelle. Invoquons-le sur tous ceux qui vivent les sacrements actuellement : les baptêmes, les premières communions, la confirmation des jeunes et des adultes, les mariages, l’ordination ! Invoquons l’Esprit de Paix sur notre monde traversé par de nombreux conflits. Prions le saint Esprit Consolateur sur les victimes des catastrophes naturelles comme ces milliers des victimes des pluies torrentielles dans le Kivu. Que le saint Esprit nous enracine dans la communion avec le Père et le Fils et entre-nous et autour de nous. Amen.

Homélie du Père Joseph du VII° Dimanche de Pâques, année A (2023)2023-05-22T21:21:29+02:00

Homélie du Père Joseph d’Ascension, année A (2023)

Mes chers frères et sœurs !
L’évangile selon saint Matthieu se conclut par l’épisode de l’Ascension. Tous ces
disciples qui avaient été fortement réconfortés par les différentes apparitions pendant 40 jours
depuis le matin de Pâques le voit disparaitre devant eux. En méditant les textes de la fête de
l’Ascension, je me rends compte que c’est fête paradoxale que nous célébrons, et que la
montée au ciel de notre Seigneur est loin d’être une source de joie, même s’Il leur avait déjà
dit que c’est bien pour eux qu’Il s’en aille pour leur envoyer le Défenseur, l’Esprit de
Vérité !
Dans l’évangile d’hier, Jésus disait aux disciples « Pourtant, je vous dis la vérité :il
vaut mieux pour vous que je m’en aille, car, si je ne m’en vais pas, le Défenseur ne viendra
pas à vous ; mais si je pars, je vous l’enverrai. » Dans le Credo nous affirmons que Jésus est
monté aux cieux où il siège à la droite du Père… et il nous dit « je pars vous préparer une
place, afin que là où je suis, vous soyez aussi ! » L’Ascension est source de jour pour les
chrétiens parce qu’elle est le prélude notre vocation céleste, rappelant Jésus nous précède là
où nous serons éternellement avec lui… Mais cette joie n’était pas aussi évidente pour les
disciples le jour de l’Ascension : cette nouvelle séparation provoquait en eux beaucoup de
tristesse.
L’être humain a besoin du sensible, du corporel, du charnel, du matériel. Nous
aimons toucher, sentier les odeurs, goûter aux choses, toucher pour sentir et transmettre de
l’amour ! La séparation du corps et du sensible nous attriste. Du point de vue purement
humain, l’Ascension est triste et angoissante. C’est presque la fin d’une histoire commencée
la nuit de Noël, quand l’humanité est entrée physiquement en contact avec la divinité en
Jésus né de la Vierge Marie ! Jésus a plus tard a été crucifié, mais il est ressuscité le troisième
jour, comme il l’avait promis ! Les disciples l’ont vu pendant 40 jours, ils ont bénéficié de sa
présence à travers quelques apparitions ! Ils espéraient que l’histoire allait continuer ainsi et
ne s’attendaient pas à une autre séparation…
Avec l’Ascension, nous avons l’impression d’assister à la fin d’une histoire alors qu’en
réalité, elle est le commencement d’une autre histoire plus belle encore marquée par la
présence de Jésus dans la vie des disciples. Jésus dit aux disciples « Je suis avec
vous ! » « Oui, nous le savons, mais quand même Jésus ! Reste encore un peu de temps
avec nous ! » Notre humanité a peur de voir disparaître ce à quoi nous sommes habitués dans
nos familles, dans l’Eglise, dans le monde. Parfois, nous aimerions garder ces choses, des
systèmes, des méthodes anciennes qui ne marchent plus, au lieu de tenter une nouveauté que

peut inspirer le saint Esprit. Dans l’Eglise, nous avons peur des changements « parce que nous
avons toujours fait comme ça ! ».
Nous n’osons plus rêver d’un monde nouveau d’une Eglise différente de celle que
nous avons connue par le passé. Sur le plan spirituel, nous s’osons plus croire en un Dieu
différent, invisible, un Dieu qui disparaît de nos yeux sans disparaitre de nos vies. Telle est
la finesse de l’Ascension que saint Mathieu vous fait vivre dans son évangile. Alors que dans
les Actes, Saint Luc mon montre comment les disciples, ont du mal à fêter la montée au ciel
de Jésus, saint Mathieu lui, veut garder allumée a encore en lui le feu de la résurrection !
Jésus Ressuscité est toujours présent ! Il l’a promis ! « Et moi, je suis avec vous tous les
jours jusqu’à la fin du monde. »
Telle est l’aventure de l’Eglise depuis plus de deux mille ans. La naissance de l’Eglise
commence par la fin d’une histoire. Les apôtres contemplent Jésus élevé au ciel, ont le nez et
le regard dans les étoiles, là-haut. Ils contemplent ces deux hommes vêtus de blanc qui leur
disent : « Galiléens, pourquoi restez-vous là à regarder vers le ciel ? Ce Jésus qui a été enlevé
au ciel d’auprès de vous, viendra de la même manière que vous l’avez vu s’en aller vers le
ciel ». C’est comme s’il leur disait ! Remettez vos pieds par terre, regardez le monde qui vous
entoure et dans lequel je vous envoie, tel qu’il est : c’est la terre de votre mission !
La fête de l’’Ascension commence une histoire nouvelle portée par des femmes et
hommes nouveaux qui n’ont plus peur parce qu’ils savent que Jésus les accompagne de sa
présence comme il l’a promis avant de monter auprès du Père. Les chrétiens sont appelés à
construire un monde nouveau, plein de confiance dans l’avenir parce qu’ils sont convaincus
d’être accompagné par le Seigneur. Nous devons construire un monde nouveau parce que
nous sommes habités par l’Esprit saint qui fait toute chose nouvelle. Alors, oserons-nous
descendre sur les places annoncer que le Christ est ressuscité ? Oserons-nous nous Le faire en
luttant contre tout ce qui écrase l’être humain dans sa dignité d’image et ressemblance de
Dieu.
A l’Ascension, Jésus disparait de notre terre pour nous apprendre à regarder le ciel.
« Je pars vous préparer une place, et là où je suis, vous y serez aussi. » Nous n’avons pas
une résidence éternelle ici-bas. Jésus nous apprend à redresser la tête et lever nos yeux vers
le ciel alors que nous sommes souvent accrochés à la terre ! L’Ascension de Jésus nous
rappelle que nous sommes citoyens du Ciel où le Christ nous a précédés dans la gloire.
L’Ascension rappelle aussi que Jésus, tout en étant absent physiquement, vit
maintenant dans le cœur de chacun de ses disciples. Jésus est présent et agissant en nous par
le Saint Esprit qui agit dans tous les sacrements. Nous pouvons l’écouter, lui parler, dans le

fond de notre cœur, sans que personne ne s’en rende compte autour de nous. La foi chrétienne
est une certitude inébranlable que Jésus est présent dans ma vie par le saint Esprit qui m’a été
donné dans le baptême et les autres sacrements que nous célébrons dans l’Eglise.
Sur cette montagne de Galilée où il disparait devant les yeux des disciples, Jésus lance
une invitation personnelle pour chacun de nous : « va, avance, ne regarde plus derrière ni
ton passé, regarde devant toi ». Le chrétien est appelé à se lancer et à avancer avec courage
dans une aventure dans laquelle il est toujours assisté par le saint Esprit promis par le
Seigneur. Même quand le Seigneur semble caché à nos yeux par les nuages et brouillards de
toutes nos inquiétudes et de nos épreuves, des anges vêtus de blanc nous invitent à regarder la
terre, pour y apporter joie et espérance grâce au saint Esprit qui fait des disciples et témoins
du Ressuscité.
A partir de cette fête de l’Ascension, pendant ces 9 jours qui nous séparent de la
Pentecôte, je vous invite, à vivre une neuvaine à l’Esprit Saint pour implorer le Don que Jésus
a promis de nous envoyer d’auprès du Père pour marquer définitivement notre vie par sa
présence.

Homélie du Père Joseph d’Ascension, année A (2023)2023-05-17T12:16:21+02:00

Homélie du Père Joseph du VI° Dimanche de Pâques, année A (2023)

Mes chers frères et sœurs !

« Si vous m’aimez ! »  Voilà une expression que Jésus reprend plusieurs fois dans sa soirée d’adieu, le jeudi saint, en s’adressant à ses disciples. Au cours de cette soirée, Jésus parle à ses disciples à cœur ouvert. Il leur livre ses émotions et ses sentiments les plus intimes. Les apôtres ne comprennent pas tout ce qu’il leur dit, comme on l’a pu le voir aussi dimanche dernier à travers les questions posées par Philippe et Thomas.

« Si vous m’aimez !», « Si tu m’aimes ! »  Nous utilisons cette expression en s’adressant nos enfants, nos parents, notre conjoint, nos paroissiens, nos amis, nos collègues… « Si tu m’aimais, tu devrais faire ceci pour me le prouver », « Si tu m’aimes, tu ne devrais pas faire cela…. », expressions que nous utilisons pour tester l’amour de l’autre,  l’éprouver, vérifier si l’autre nous aime réellement comme il le prétend ou comme nous le souhaiterions. Il parait que les pervers narcissiques aiment bien s’adresser aux proches en abusant de cette expression !  Négativement, cette expression peut porter un jugement, une remise en cause de l’amour de l’autre.  « En fait, si tu ne fais pas ceci, cela veut dire que tu ne m’aimes pas ! ». En utilisant abusivement cette expression, nous nous comportons comme des petits dictateurs affectifs, des juges qui fixent les conditions, les règles, les paramètres que l’autre doit observer pour démontrer et prouver son amour pour nous.…  Il parait qu’un prêtre qui ne voulait pas quitter sa paroisse avait incité ses paroissiens à écrire à l’évêque : « Si vous m’aimez, vous devez écrire à l’évêque pour lui dire tout le bien que vous pensez de moi pour que je reste ici ! » Et l’évêque qi disait que chaque fois que des paroissiens doivent écrire pour empêcher la nomination de leur curé, cela lui conforte dans la conviction qu’il faut absolument changer ce curé, et prouve en cela que son rapport avec les paroissiens n’est pas chaste !

« Si vous m’aimez ! » Cette expression a fait naître d’autres plus fortes encore, mais malheureusement dangereux dans leur contenu. Par exemple, nous affirmons « aimer à la folie » une personne. « Aimer au-delà du raisonnable », qui dit tout le contraire de l’amour car « aimer, amours », sont des expressions parmi les plus galvaudées du vocabulaire. Dire qu’on aime quelqu’un, et poser un geste qui dit tout le contraire de l’amour ! Par exemple, le meurtrier passionnel désespéré affirme avoir tué sa victime par amour, parce qu’il l’aimait trop ! C’est la contradiction paradoxale de tuer la personne que nous aimons parce que nous l’aimons à la folie ! Là on voit se mélanger amour, folie et égoïsme au paroxysme !

Jésus utilise aussi plusieurs fois cette expression le jeudi saint !  Mais que veut-il dire quand il s’adresse ainsi à ses disciples ? Il ne demande pas des preuves ni des conditions à respecter, comme le ferait un manipulateur narcissique. Jésus ne veut pas  culpabiliser ses disciples en leur disant « Si vous m’aimez, vous observerez mes commandements ».

Le premier de tous les commandements, c’est : « Aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés ». Jésus nous rappelle que nous sommes capables d’aimer vraiment, en vérité, sans égoïsme qu’à condition d’accueillir son amour inconditionnel pour nous. Nous devenons « capables d’aimer amour grâce à l’Amour que nous recevons de lui ». Un enfant qui se sent mal aimé, qui est convaincu de n’être pas aimable ni aimé de personne aura beaucoup de mal à aimer ses copains à l’école ! Nous aimons, nous sommes capables d’aimer seulement parce que nous avons d’abord reçu de l’amour.  « Dieu le premier nous a aimés, et nous devons nous aimer les uns les autres… ! » C’est Dieu qui nous rend capables d’aimer les autres. Nous n’aimons pas parce que nous sommes plus sensibles, meilleurs que les autres… Nous aimons parce que nous sommes d’abord aimés de Dieu.

Vu ainsi, le commandement de l’amour perd toute sa dimension juridique d’obligation et de loi. Ce commandement devient le modèle de l’amour vrai, le mode concret que nous avons de manifester notre affection aux autres.  Dire à quelque « je t’aime mais je refuse de te rencontrer », « je t’aime mais je te laisse mourir de faim ou de solitude », est une contradiction ! A quoi sert un amour qu’on ne cesse de répéter, de déclamer comme un refrain à longueurs journées mais qui ne se concrétise jamais dans les œuvres ?

Le même soir où Jésus donne ce nouveau commandement aux disciples, leur en donne aussi un exemple concret dans le lavement des pieds et de sa vie donnée jusqu’au bout sur la croix. C’est là qu’il nous redit c’est Lui qui est le modèle de l’amour : « Aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés », c’est-à-dire, accueillez mon amour pour que vous deveniez capables de vous aimer personnellement et de vous aimer les uns les autres. Aimer les autres comme Jésus les aime, et s’aimer soi-même comme Jésus nous aime, telle est la dynamique de la morale chrétienne : le cœur du chrétien est appelé à devenir un vase qui se remplit de l’amour de Dieu, un amour tellement énorme qu’il déborde pour irriguer tout ce qui se trouve autour de nous !

Cependant, très souvent, nous ne sommes pas capables d’accueillir l’amour de Dieu. Nous nous en approchons, mais nous refusons de l’accueillir en nous parce que nous nous reprochons quelque chose, parce que le Malin nous dit que nous n’en sommes pas dignes d’être aimé de Dieu, parce que la part obscure en nous nous accuse, créant au fond de nous un sentiment de culpabilité qui nous condamne et nous juge. Nous sommes alors remplis de sens de culpabilité, écrasés par un jugement très sévère sur nous-même…

Et là encore, c’est Jésus qui vient à notre secours en nous envoyant le paraclet, comme il le promet à ses disciples « Moi, je prierai le Père, et il vous donnera un autre Défenseur qui sera pour toujours avec vous ». Le saint Esprit que nous attendons à la Pentecôte, que nous avons déjà reçu au baptême et la confirmation est ce Défenseur, l’Avocat envoyé par Jésus d’auprès du Père et qui nous guérit de la terrible logique du jugement et de culpabilité envers nous-mêmes en envers les autres. L’Esprit saint révèle la vérité sur nous même pour nous aider à prendre conscience de nos limites, de nos fragilités, pour nous convertir ou pour nous révéler le merveilleux cadeau que nous sommes ou pouvons devenir pour les autres, pour le monde, pour l’Eglise.

Cette vérité sur vous, révélée par le saint Esprit nous aide à demeurer dans le Christ. Demeurer dans l’amour, ne jamais se désespérer de ses péchés, ne pas céder à la culpabilité morbide du Malin qui nous écrase, approfondir sa foi, désirer cheminer chaque jour en sainteté, à la suite du Seigneur, voilà ce que le saint Esprit provoque en nous.  Le saint Esprit nous aide ainsi à rendre compte de l’espérance chrétienne qui est en nous, parce qu’il nous rend aimables et aimants parce nous aide à réaliser combien nous sommes d’abord infiniment aimés de Dieu avant toute chose !

En cette semaine qui nous conduit vers l’Ascension, ensuite vers la Pentecôte, prions le Seigneur d’envoyer sur nous le saint Esprit, le Défenseur, l’Avocat par excellence, l’Esprit de vérité, de liberté et d’Amour qui fait de chacun de nous, dans nos familles, dans l’Eglise, dans le monde, un vrai témoin d’Amour. Amen.

 

Homélie du Père Joseph du VI° Dimanche de Pâques, année A (2023)2023-05-17T12:15:05+02:00

Homélie du Père Joseph du V° Dimanche de Pâques, année A (2023)

Mes chers frères et sœurs

L’ambiance socio-politique et économique mondiale n’est pas très joyeuse.  Bien que le TFC a remporté la coupe de France, nous sommes tristes de ne voir le Stade Toulousain en finale de la H-Cup. Tant mieux pour les Rochelais ! L’Ukraine est prête à faire une contre-offensive contre l’Armée Russe mais Medvedev appelle à assassiner le président ukrainien !  Des centaines des personnes sont mortes à cause des pluies torrentielles au Rwanda et dans le Kivu. En France, le climat social n’est pas très rassurant : une réforme des retraites très impopulaire, des manifestations de plus en plus violentes, la sécheresse dans les pays méditerranéens et France nous inquiète sur l’agriculture ! Aurons-nous à manger cet été ? Les glaciers sont en train de fondre partout dans le monde….

Ce que les médias donnent de la vie de l’Eglise ne nous réjouit même si tout cela est parfois en décalage avec ce que nous vivons concrètement. Malgré les belles choses que nous pouvons vivre au sein de nos communautés, les médias reviennent toujours à ces situations douloureuses dans l’Eglise.  J’ai rencontré dans l’église de Tournefeuille la semaine dernière 3 personnes différentes en prière, et toutes les trois venaient confier leur couple qui bat de l’aile. Je ne parle pas des difficultés personnelles ! Bref, tout cela produit en nous inquiétude et angoisse !

L’évangile de ce V dimanche de Pâque tombe à pic, comme réponse à cette angoissante inquiétude que nous ressentons. Jésus nous rassure ! Ce que nous ressentons, c’est ce que vivaient les disciples de Jésus dans cet épisode de l’évangile. Ça se passe le jeudi saint, à la veille de sa mort :  Jésus et des disciples ont partagé le repas pascal. Il leur a aussi ouvertement annoncé la trahison de Judas, le reniement de Pierre, et surtout, sa mort en croix. Cela a plombé l’ambiance ! Les disciples sont en tristes et angoissés.

Celui qui va souffrir et mourir, le voilà qui console et rassure ses disciples, les appelant à la confiance : « Que votre cœur ne soit pas bouleversé, vous croyez en Dieu, croyez aussi à moi ! » Une phrase de consolation, un appel à la sérénité que je vous invite à réciter le matin, avant d’affronter une journée, une réunion, un rendez-vous, stressé, angoissé, la boule au ventre, comme on dit. « Que votre cœur ne se trouble pas ! Confiance ! ».

Cette phrase de Jésus fait penser aux situations que vivent les parents quand leurs enfants, surtout quand ils sont encore bébés ! Parfois, malheureusement, il arrive que les enfants fassent de mauvais rêves, des cauchemars ! Dans ces cas, vous l’entendez votre enfant qui, pendant la nuit, qui sursaute en criant fort, en pleurant ! Papa ou maman (souvent c’est maman il paraît) saute du lit, arrive vite, prend le bébé dans les bras et lui dit : « c’est fini mon cœur ! papa est là, maman est là ! » et tout un coup, le bébé arrête de crier, il sanglote pendant quelques minutes encore et vous se serre très fort dans vos bras ! Votre présence et vos paroles l’ont rassuré et apaisé. Des paroles et des attitudes qui font naitre la confiance et la sérénité, qui nous poussent à nous abandonner au Seigneur et à lâcher prise.

Contrairement aux exigences stressantes et angoissante de la société dans laquelle nous vivons, Jésus ne nous demande pas d’être à la hauteur tout le temps et en tout ce que nous faisons. Jésus n’exige pas de tout d’être toujours prêts, compétents, compétitifs, combatifs, toujours au top niveau…. Le Seigneur veut tout simplement nous rassurer par sa présence qui fait naître en nous la confiance, la paix et lâcher-prise. La seule chose qu’il nous demande dans le contexte angoissant que nous vivons, c’est de lui faire confiance et d’être dans la paix de sa présence.

Jésus n’a jamais promis à ses disciples une vie ou une mission épargnée d’épreuves et des problèmes. Au contraire, il leur disait ouvertement qu’il faudra porter la croix, qu’ils seront persécutés, trainés dans les tribunaux, et même mis à mort…Vous savez par expérience qu’être chrétien ne nous vaccine pas des épreuves de la vie. D’ailleurs, Jésus nous dit que si nous voulons devenir ses disciples, il nous faut porter sa croix et le suivre. Certains saints ont beaucoup souffert pendant leur vie terrestre, mais ils savaient qu’une joie infinie les attendaient pour l’éternité ! Ce qui rassure le chrétien, c’est de voir Jésus lui-même embrasser sa croix par amour pour nous, et nous rassurer en nous disant : « Je suis avec vous tous les jours jusqu’à la fin des temps ! » Que votre cœur ne soit pas bouleversé ! Venez à moi vous tous qui peinez ! Prenez sur vous mon joug, car je suis doux et humble de cœur ! Confiance, j’ai vaincu le monde ! »

Le premier enseignement de cet évangile a été pour moi un appel à la confiance, à la paix, à la sérénité, surtout lorsque nous vivons des situations difficiles. Jésus attend de nous que nous soyons témoins de cette confiance au lieu d’allumer et d’alimenter l’angoisse et l’inquiétude autour de nous.

La deuxième phrase qui m’a interpellé dans l’évangile est celle-ci : « Je pars vous préparer une place. Quand je serai parti vous la préparer une place, je reviendrai et je vous emmènerai auprès de moi, afin que là où je suis, vous soyez vous aussi ! » Là encore, c’est un appel à la confiance ! A nous qui sommes incertains sur le sens de notre vie, parfois déçus par la vie présente avec son lot d’expériences douloureuses, à ceux qui voient s’approcher la mort à cause d’une maladie grave ou incurable…le Seigneur nous donne une perspective nouvelle, une indication clairesur le sens pour notre vie. Quand on est perdu au cours d’un voyage, seul au milieu des montagnes, dans la forêt ou dans la brousse, sans GPS, et qu’on ne sait plus où aller, on croise les doigts pour rencontrer la première maison où l’on trouve quelqu’un qui nous indique le chemin….! Cela redonne un nouvel élan à notre voyage car nous avons retrouvé la direction, le sens, l’orientation pour notre destination.

  Nous sommes parfois un peu perdus et nous nous demandons si notre vie présente a encore un sens, une direction. C’est Jésus qui donne sens à notre vie présence. Il nous indique la direction vers laquelle nous devons regarder chaque jour : la vie éternelle, être auprès du Lui. Pour moi, pour toi, pour ceux d’hier, d’aujourd’hui et de demain, le sens de notre existence présente est la vie éternelle comme Jésus nous le dit clairement dans l’évangile de ce dimanche : « Je pars vous préparer une place afin que là où je suis, vous soyez vous aussi ».

Au ciel une place est préparée et réservée pour moi, pour toi, avec ton prénom bien écrit, comme on voit dans certaines fêtes où chaque invité a sa place avec son nom inscrit, à tel point que je ne dois avoir peur ni être en rivalité avec quelqu’un de plus rapide, plus malin qui va arriver en premier et me piquer la place.

A l’église, je vois certaines personnes qui ont comme des places réservées ! J’ai même des noms inscrits sur des sièges ans certaines églises Alors, ose arriver plus tôt et te mettre à la place de cette personne qui risque de t’assassiner d’un simple regard.  C’est dommage !  Au ciel, contrairement à l’église, chacun a la sienne ! Ma place au ciel, je serai la seule personne à l’occuper ou alors elle sera inoccupée pour l’éternité ! Ce qui donne sens à notre vie présente, c’est savoir que chaque jour qui passe, je suis en route, en voyage vers une destinée préparée par Jésus et qui m’attend.

La grande question est celle de savoir si dès aujourd’hui je mène librement ma vie en direction vers la vie éternelle en vue d’occuper la place que Jésus a préparée pour moi. Dans un autre évangile, Jésus dit aux justes : « Venez les bénis de mon Père, recevez en héritage le royaume préparé pour vous depuis la création du monde parce que j’avais faim et vous m’avez donné à manger, soif, étranger, malade…. Ou alors, « allez-vous en loin de moi dans le feu éternel préparé pour le diable et ses anges, car j’avais faim et vous ne m’avez pas donné à manger, soif, étrange…. »

Au cours de cette eucharistie, demandons la grâce de la confiance et de sérénité ! « Que votre cœur ne se trouble pas !» Demandons la grâce de creuser en nous le désir ardent de la vie éternelle, assoiffés d’occuper la place préparée pour nous par le Christ lui-même, et sur laquelle mon nom, ton nom est inscrit, pour le banquet des Noces de l’Agneau, Amen.

Homélie du Père Joseph du V° Dimanche de Pâques, année A (2023)2023-05-05T20:18:01+02:00
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