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Homélies des messes

Homélie du Père Clément du XXVIe dimanche du TO, année C (2025)

Thème : « Ouvrir les yeux et le cœur : écouter le cri de Lazare »

Quand on vit comme si l’autre n’existait pas

Frères et sœurs,
L’Évangile d’aujourd’hui nous raconte une histoire simple, mais qui bouscule : un riche festoie chaque jour, habillé de pourpre et de lin fin… et à sa porte, un pauvre nommé Lazare, couvert d’ulcères, affamé. Le drame ? Le riche ne le voit pas. Il ne voit que lui-même.

Cela me rappelle une phrase de Saint Jean-Paul II :« Le drame de notre temps, ce n’est pas que l’homme ne sache plus qui est Dieu, mais qu’il ne sache plus qui est son frère. »

  1. Les prophètes déjà avertissaient : attention au confort qui endort le cœur

Amos, dans la première lecture, secoue les riches d’Israël :« Couchés sur des lits d’ivoire… mais ils ne s’attristent pas du désastre de Joseph ! »

Frères et sœurs, ne vivons-nous pas souvent ainsi ?

  • On a tout : confort, sécurité, loisirs…
  • Mais le malheur des autres ne nous touche plus.

Je pense à cette fois où un enfant de rue à Cotonou me dit : « Père, les gens passent près de moi… j’ai l’impression d’être invisible. » Quelle phrase terrible ! Se sentir invisible. C’était Lazare qui parlait.

  1. Le message de Jésus : le problème n’est pas la richesse, mais l’indifférence

Jésus ne condamne pas le riche parce qu’il est riche, mais parce qu’il n’a pas vu Lazare.
Et quand la mort arrive, tout change :

  • Lazare est accueilli par Abraham.
  • Le riche se retrouve seul, assoiffé, trop tard pour aimer.

Saint Augustin le dit fort bien :« Le riche n’a pas reconnu Lazare. Mais Dieu, lui, l’a reconnu. »

Un témoignage : à Calcutta, une sœur de Mère Teresa ramassa un mourant couvert de plaies. Il murmura : « J’ai vécu comme un chien, mais je meurs comme un homme aimé. » Une main tendue peut changer une éternité.

III. Pour nous : écouter la Parole, agir aujourd’hui

Abraham répond au riche :« Ils ont Moïse et les Prophètes : qu’ils les écoutent ! »

Nous aussi, nous avons l’Évangile. Pas besoin d’attendre un signe extraordinaire pour aimer.

  • Les Lazare d’aujourd’hui sont les migrants, les pauvres, les malades, mais aussi les personnes seules, les jeunes en perte de sens.
  • Nous les croisons peut-être tous les jours.

Saint Mère Teresa disait :« Le plus grand malheur n’est pas de mourir de faim, mais de se sentir inutile, rejeté, oublié. »

  1. Trois pas concrets pour la semaine
  1. Regarder : Identifier un Lazare autour de moi. Qui est invisible pour moi ?
  2. Ecouter : Prendre un temps de silence devant Dieu pour accueillir son appel.
  3. Agir : Poser un geste concret, même petit : une visite, un sourire, une aide matérielle…

Souvenons-nous : la charité commence là où l’indifférence s’arrête.

Conclusion : vivre pour l’éternité

Frères et sœurs, le riche a tout perdu parce qu’il n’a pas aimé. Lazare a tout gagné parce qu’il a tout offert, même sa misère.

Saint Paul nous encourage :« Garde le commandement sans faute, jusqu’à la Manifestation de notre Seigneur Jésus Christ. » (1Tm 6,14)

Alors aujourd’hui, demandons au Seigneur :

  • Ouvre mes yeux pour voir les Lazare qui m’entourent.
  • Ouvre mes mains pour partager.
  • Ouvre mon cœur pour aimer comme toi.

Prière finale

Seigneur Jésus,
Apprends-nous à voir, à écouter et à aimer.
Ne permets pas que nous passions à côté des Lazare de notre vie.
Fais de nous des témoins de ta tendresse,
pour qu’au soir de notre vie,
nous soyons reconnus comme tes amis
et accueillis dans ta maison éternelle.
Amen.

 

Homélie du Père Clément du XXVIe dimanche du TO, année C (2025)2025-09-30T09:31:32+02:00

Homélie du Père Justin, XXV dimanche du TO, année C, Lc 16,1-13

Chers frères et sœurs, dans l’Évangile que nous avons proclamé le Seigneur nous enseigne le sens et la valeur des richesses.

Les richesses servent avant tout à nous mettre en relation les uns avec les autres. Et surtout elles servent dans ces relations à nous apercevoir que nous sommes égaux, que nous sommes semblables.

Nous nous apercevons de la façon la plus concrète, la plus incontournable, que nous sommes les mêmes. Nous avons les mêmes nécessités, les mêmes désirs dans une très large mesure, et aussi de ce fait les mêmes peurs, les mêmes inquiétudes.

Quand cet économe s’aperçoit qu’il va perdre sa gérance et qu’il va se retrouver sans ressources il a peur. Il a peur de la même peur que nous avons tous, nous retrouver à faire un travail qui soit au-delà de nos forces, ou bien nous retrouver à devoir mendier pour survivre.

Et en même temps qu’il s’aperçoit de sa propre détresse, il s’aperçoit aussi que les débiteurs de son maître sont dans la même détresse que lui. Eux aussi ils sont menacés de ruine, s’ils ne peuvent pas payer leurs dettes on va leur prélever leurs biens les plus essentiels, leur maison ou leur champ. Il s’aperçoit de sa communauté de nature et de sort avec eux.

Les richesses sont là pour cela, pour nous mettre en relation les uns avec les autres, nous découvrir semblables, nous rapprocher.

Même le patron de cet homme qui jusque-là le voyait comme un serviteur, une personne distante de lui, très différente, à présent s’aperçoit lui aussi qu’ils sont pareils. Dans l’Antiquité il y avait peu de protection légale pour les biens donc on se protégeait avec un réseau de clientèle c’est-à-dire des sortes d’obligés avec qui on échangeait des faveurs et qui nous protégeaient. C’est ce que l’économe fait aussi à présent, il échange des faveurs contre des faveurs pour assurer sa position et son avenir – alors le patron se reconnait en lui.

Ce n’est pas la question de savoir si c’est bien moralement, mais ce que dit la parabole c’est que les richesses nous permettent d’entrer en relation et nous reconnaitre semblables les uns aux autres…

Chers frères et sœurs dans cet Évangile le Seigneur nous enseigne à ne pas mépriser les richesses de ce monde. Les richesses sont bonnes profondément et ont une influence positive sur nous. Ce ne sont pas les richesses qui sont mauvaises en elles-mêmes mais comment nous les regardons et ce que nous en faisons.

Les richesses sont bonnes en elles-mêmes et elles sont même une préfiguration des biens du monde futur. D’une façon mystérieuse mais réelle les biens de ce monde préfigurent les biens du monde à venir. Je ne sais pas vous dire quels sont les biens du monde futur, mais je sais dans l’Évangile et dans le Seigneur que le Seigneur ne détruit rien, il ne détruit pas le monde présent pour construire le monde futur. Il recrée, il transforme et transfigure, mais ne détruit rien.

Les biens de ce monde préfigurent le monde futur à plus forte raison si nous les partageons. Quand nous partageons les biens de ce monde nous réalisons une ébauche du royaume de notre Seigneur.

Le Seigneur insiste pour nous enseigner à ne pas mépriser les biens de ce monde – c’est la conclusion de son enseignement. Ce n’est pas normal du tout de haïr les richesses de ce monde, c’est le signe d’un désordre très grave. Il dit que ceux qui ont deux maitres, Dieu et l’argent, aiment l’un et haïssent l’autre – c’est très surprenant, on s’attendrait à ce qu’il dise qu’ils aiment les deux et sont divisés… Non il dit quelque chose de plus fort et de plus profond, ils ont deux maitres, antagonistes, donc il y a une si forte contradiction en eux qu’ils vont résoudre le problème en aimant l’un et en haïssant l’autre.

Par exemple un religieux – je prends l’exemple d’un religieux parce que c’est plus frappant – il se promène pieds nus, il refuse de se chauffer l’hiver, il ne prend pas de médicaments quand il est malade – il aime Dieu et il déteste les richesses… Et puis vous le retrouvez 10 ans après en possession de plusieurs comptes en banque cachés à droite à gauche. Est-ce que quelque chose a changé dans sa vie, dans son cœur ? pas véritablement, il a toujours été profondément divisé et désordonné dans ses affections.

Vous connaissez peut-être la parole de saint François quand il dit Mon Dieu et mon tout, il appelle Dieu son tout, tout ce qu’il possède.

Cela ne signifie pas que saint François dit à Dieu Tu me suffis et je méprise tout le reste – parce qu’alors saint François serait devenu un être asocial et violent. Cela signifie au contraire qu’il aime tout en Dieu, qu’il reconnait le don de Dieu dans chaque bien, dans chaque richesse, qu’il aime Dieu bien entendu au-delà de tout, tout comme aussi il aime chaque chose sans exception en Dieu.

Le Seigneur aime le monde et l’embrasse – il suffit de regarder sa croix – il l’embrasse pour le sauver. Il nous enseigne nous aussi à aimer le monde, à l’embrasser, à lui porter l’amour qui vient de Dieu, la justice, la paix, la miséricorde dont il a tant besoin pour exister et se réaliser.

Homélie du Père Justin, XXV dimanche du TO, année C, Lc 16,1-132025-09-21T17:15:53+02:00

Homélie du Père Justin, XXIII dimanche du TO, Année C, Lc 14,25-33

Chers frères et sœurs, comme il est difficile pour notre Seigneur d’annoncer son Royaume – je ne dis pas pour nous les prêtres ou pour vous, ça n’est pas de cela que je parle. Mais vraiment comme c’est difficile pour notre Seigneur lui-même d’annoncer son Royaume au milieu de nous. C’est un Royaume qui commence à croître dans ce monde-ci et qui sera parfait et accompli seulement dans le monde futur.

L’Évangile que nous avons proclamé aujourd’hui est la suite de l’Évangile de dimanche dernier, ou à peu près parce qu’il y a une parabole que nous n’avons pas proclamée. Entre l’Évangile de dimanche dernier et ce dimanche aujourd’hui il y a une parabole que nous n’avons pas entendue, qui a été « coupée ».

C’est une parabole un peut difficile, déroutante, où un roi force les gens de toute condition à venir et remplir la salle de noces, avec même une certaine violence…

Vous en souvenez la semaine dernière le Seigneur était invité parmi des notables et il observait qu’ils recherchaient les meilleures places. Le Seigneur leur dit à chacun Ne te préoccupe pas des honneurs qui te sont rendus, laisse les autres y penser pour toi – déjà que ça n’a pas beaucoup de sens que de s’honorer soi-même mais surtout les autres y penseront mieux que toi à t’honorer.

Et puis il ajoute Quand tu invites chez toi à dîner, invite des pauvres, des infirmes, des malheureux, parce qu’ils ne pourront pas te le rendre, et c’est ton Père qui est au Ciel que te le rendra. Toi et tes calculs tout ça laisse-le de côté et laisse-Lui le soin de te récompenser.

Et là-dessus il y a un convive qui lui dit, littéralement Bienheureux quiconque entrera dans le Royaume de Dieu…

Cette réflexion ne plait pas du tout à Jésus et l’inquiète, elle lui fait découvrir comme un pan de l’avenir. Ce ne sont pas des anonymes qui entrent dans le Royaume de Dieu, mais à chaque fois une personne, connue du Seigneur, aimée infiniment. On entre dans le Royaume de Dieu par une relation d’amitié avec le Seigneur et même d’amour – on n’est jamais un anonyme, un « quiconque » un « qui que ce soit ».

Certes dans son Royaume nous serons des milliards, des milliards de milliards, nous avons même le droit de l’espérer et nous devons l’espérer, tous peut-être nous nous retrouverons dans le Royaume de Dieu et l’Enfer sera vide – mais dans tous les cas c’est une personne à chaque fois connue par le Seigneur par son nom qui entre dans Son Royaume.

Quand le Seigneur nous dit Faites entrer les pauvres, les malades, certains comprennent que ce sont des anonymes, parce qu’ils voient les pauvres comme des personnes sans nom, sans titres, sans identité.

Le Seigneur donne cette parabole pour dire Le Royaume de Dieu se développe en ce monde, et dans son principe il est beau et saint, mais en même temps il s’accompagne de dérives, il se développe avec nos défauts, nos faiblesses, nos erreurs d’interprétation, parfois notre violence – comme ce roi qui croit bien faire en forçant les invités à pénétrer dans la salle des noces parce qu’il ne voit en eux que des anonymes.

Combien de personnes dans l’histoire l’Église ont commis, ou commettent cette erreur, cherchent à faire du remplissage, à faire du chiffre, à sauver des masses, ou soi-disant à les sauver ?

Ces derniers jours nous avons fêté la mémoire liturgique de Mère Teresa de Calcutta. Elle a été canonisée il y a peu d’années. Vous connaissez tous sa vie. Elle est allée en Inde et est venue en aide à des personnes, notamment à des agonisants, qui étaient abandonnés de tous, des particuliers comme des autorités.

Elle leur a donné un toit, elle les a lavés, elle les a nourris, elle leur a donné les soins médicaux élémentaires… Elle a fait véritablement une grande oeuvre et une oeuvre de charité. Mais il semble bien, je dis bien il semble et je ne le dis pas pour la critiquer durement, mais il semble qu’elle ne se soit pas intéressée à la personne elle-même, à connaitre son nom, à parler avec elle pour savoir ce qu’elle aime, ce qu’elle pense, ce qu’elle désire, quelle est son histoire…

Le Royaume de Dieu commence à croître véritablement dans ce monde et en même temps il s’accompagne de nos faiblesses, de nos limites.

A chaque fois que vous voyez de la violence dans une parabole de Jésus vous pouvez vous demander s’il n’est pas en train d’annoncer son Royaume tout en avertissant qu’il y aura des dérives qui vont l’accompagner. Son Royaume commence à grandir dans ce monde avec tout ce que cela implique. Alors vous voyez ce n’est pas simple pour notre Seigneur d’annoncer son Royaume…

Et finalement nous arrivons à l’Évangile d’aujourd’hui – à mon avis ce long préambule était nécessaire. Et là vous voyez ce qui se passe dans l’Évangile d’aujourd’hui, le Seigneur se tourne vers les foules, vers chacun d’entre nous et il met les points sur les i.

Le Seigneur s’exprime avant et après avec des paraboles, et il continuera à le faire – mais là il s’arrête de parler en parabole et nous parle d’une façon directe. Et il nous dit en face Celui qui ne me préfère pas à son père, à sa mère, à sa femme, à ses enfants, à ses frères et sœurs ne peut pas être mon disciple.

Le Seigneur nous dit que pour être son disciple il faut le préférer à tout ce que nous aimons, le préférer à la prunelle de nos yeux, le préférer à nos enfants. C’est-à-dire que par exemple il y aura des persécutions, on menacera votre famille, et à ce moment-là est-ce que vous renierez le Seigneur ? le Seigneur dit Non, si vous êtes mes disciples, quelle que soit la persécution, quelle que soit la menace vous ne me renierez pas.

Mais pas seulement cela, il y a des personnes qui mettent l’Église au service de leurs intérêts personnels, et certes ce n’est pas la même chose qu’aimer par exemple nos enfants plus que le Seigneur et instrumentaliser l’Église pour qu’elle serve nos intérêts – mais où est la frontière, quand est-ce qu’on passe de l’un à l’autre ?

Donc le Seigneur nous dit Voilà mon Royaume commence à grandir parmi vous et il s’accompagne de dérives parfois, parce que vous êtes faibles, mais ce Royaume pour le faire croître il faut le purifier de ses dérives et toutes elles commencent parce qu’on préfère notre propre vie au Seigneur.

Et puis il nous demande de porter notre Croix chaque jour. La Croix c’est la honte, on peut mourir physiquement mais on peut aussi s’en prendre à notre vie sociale, nous faire mourir socialement – c’est cela la Croix principalement, la mort sociale. En tant que disciples nous serons calomniés, nous subirons l’injustice, nos gestes et nos paroles serons déformés – il faudra que nous ayons le cœur bien accroché pour demeurer fidèles au Christ !

Chers frères et sœurs, si nous suivons le Seigneur c’est parce que nous avons compris, parce que nous savons que nous sommes infiniment précieux à ses yeux, et que tous les sacrifices que nous accomplissons nous les déposons dans les mains du Seigneur où les choses et les êtres que nous aimons le plus sont infiniment mieux protégés que tout ce que nous pourrions faire par nous-mêmes. Tour ce que nous aimons il nous le rendra au centuple, déjà sur cette Terre et dans la Vie future définitivement.

Confions-nous au Seigneur et suivons-le en lui donnant généreusement toute notre vie – alors nous serons les annonciateurs de son Royaume.

Le Seigneur avec ses paroles nous donne la liberté intérieure. Nous pourrions dire Mais l’humilité est le plus important, c’est plus que la liberté… Mais justement le Pape Léon dans l’angélus de dimanche dernier nous l’a enseigné : l’humilité c’est la liberté envers soi-même, savoir se priver d’un bien personnel en regardant plus loin vers le Seigneur et la voie où il nous a précédé et nous attend, c’est cela la liberté.

Je vous invite à lire et à méditer, en plus de l’Évangile les catéchèses et les interventions du Saint Père qui sont très profondes et très belles, dans les Audiences générales et dans les angélus notamment – pour bien commencer et continuer cette nouvelle année pastorale !

Homélie du Père Justin, XXIII dimanche du TO, Année C, Lc 14,25-332025-09-07T18:20:46+02:00

Homélie du Père Joseph du XXIIe dimanche du TO

Mes chers frères et sœurs, chers paroissiens et chers amis !

Ca y est ! Pour vous et pour moi-même, c’est une nouvelle étape ! Le Seigneur veut l’écrire pour nous avec nous. Il est bien l’auteur de tout ce que nous faisons même si parfois nous nous comportons comme ces invités qui pensent que les premières places leur reviennent. Vivre les événements dans la foi, c’est apprendre chaque jour que c’est au Seigneur que revient la première place. C’est donc naturellement à lui que va notre action de grâce, notre gratitude et notre louange car il est Bon pour nous. Rendons toute grâce au Seigneur pour ses bienfaits envers nous, en particulier, pour ce qu’il a fait pour nous et à travers nous depuis ces 6 années où j’ai eu la grande joie d’être votre curé.

Contemplons le Seigneur à l’œuvre en nous et parmi nous, en nous appuyant sur sa parole. « Quand quelqu’un t’invite à des noces, ne va pas t’installer à la première place, de peur qu’il ait invité un autre plus considéré que toi.  Alors, celui qui vous a invités, toi et lui, viendra te dire : ‘Cède-lui ta place’ ; et, à ce moment, tu iras, plein de honte, prendre la dernière place ».

Nous sommes tous, consciemment ou inconsciemment, victimes de cette logique, de cette manière d’être et de faire qui nous stresse et nous angoisse au quotidien,  qui nous pousse à viser toujours plus haut, faire des conquêtes, rassembler et amasser les trophées et des médailles, être toujours plus performants, meilleurs compétiteurs, même s’il faut pour cela écraser les autres pour conquérir ces premières places dans la société, au niveau scolaire avec les concours, dans le sport, au travail, la vie de couple, en famille.

Mais il s’agit de la logique du monde. Et comme nous le savons, dans l’Eglise, nous ne sommes pas vaccinés contre cette logique des premières places qui nous empêche de regarder le Seigneur parce que nous passons tout notre temps à nous contempler de manière narcissique et à nous battre pour des places qui nous reviennent plus ou moins, à tort ou à raison. L’évangile de ce dimanche nous invite à évaluer avec justesse la réelle place qui nous revient ?

Cette question de place revient très souvent dans les évangiles. A la veille de sa mort en croix, Jésus disait aux disciples : « Je pars vous préparer une place afin que là où je suis, vous soyez aussi ! Dans la maison de maison de mon Père, il y a de nombreuses demeures, sinon vous aurais-je je pars vous préparer une place ! »  Dans un autre passage, Jésus rassure les disciples, les invitant à la joie parce que leurs noms sont inscrits au ciel. Parlant de sa venue, il appelle les justes à recevoir en héritage le royaume préparé pour eux depuis la fondation du monde !

C’est cela que nous devons viser et rechercher en premier. Chacun de nous a la place qui lui revient dans le coeur de Dieu. Personne ne peut se substituer à moi, à toi parce que nous sommes chacun unique aux yeux de Dieu et chacun a une place unique la grande histoire de l’humanité. Personne ne prendra la place qui me revient au ciel, notre mission dans l’Eglise étant celle de travailler, de prier, de tout mettre en œuvre de telle sorte que chacun puisse occuper la place préparée pour lui. C’est cela le salut, la vie éternelle qui est le but ultime et la finalité de notre vie.

En attendant, pendant que nous sommes encore pèlerins ici-bas tout l’enjeu est alors de discerner et prendre la place qui nous revient, celle que le Seigneur nous donne et qui est la nôtre dans l’Eglise et dans le monde. Cet exercice n’est pas facile et nécessite l’aide du saint Esprit. Pas de besoin de nous battre pour cela ! Pas besoin de rivalité entre nous ! C’est pourtant une tentation naturellement humaine, une réalité bien présente dans nos cœurs. Nous sommes marqués plus ou moins par l’un des 7 péchés capitaux qui s’appelle l’orgueil par lequel le Malin cherche à nous couper de Dieu Créateur, source de tout bien et de toute vie, et à vouloir prendre sa place, comme on peut le voir à notre époque où l’humain veut remplacer Dieu, et où tous les coups sont permis pour occuper les meilleures et premières places, même s’il faut pour cela faire du mal et écraser les autres.

Alors, en cette messe d’action de grâce, nous sommes invités à nous regarder personnellement, mutuellement et surtout de regarder l’œuvre de Dieu avec humilité. Le curé d’Ars disait en effet que l’humilité est la plus grande des vertus. C’est l’humilité que le Christ nous apprend à travers le mystère son incarnation. De nature divine, il s’est humblement et par amour fait l’un de nous en prenant place parmi nous afin qu’un jour nous prenions notre place au sein de la communion trinitaire.

L’humilité est aussi la vertu que saint Paul nous appelle à vivre dans nos relations ecclésiales : « Ayez assez d’humilité pour estimer les autres supérieurs à vous-mêmes. Que chacun de vous ne soit pas préoccupé de lui-même, mais aussi des autres. » (Phil 2, 3-4). Lors de la première eucharistie dont nous faisons mémoire chaque jour, Christ nous laissé un témoignage d’humilité dans le geste du lavement des pieds le jeudi saint : « Après leur avoir lavé les pieds, il reprit son vêtement et se remit à table. Il leur dit alors : « Comprenez-vous ce que je viens de faire ? Vous m’appelez ‘Maître’ et ‘Seigneur’, et vous avez raison, car vraiment je le suis. Si donc moi, le Seigneur et le Maître, je vous ai lavé les pieds, vous aussi vous devez vous laver les pieds les uns aux autres. C’est un exemple que je vous ai donné afin que vous fassiez, vous aussi, comme j’ai fait pour vous » (Jn 13, 12-15). La mort en croix, à la place des pécheurs que nous sommes est le geste d’amour et d’humilité par excellence révélé par le Christ crucifié.

C’est donc avec humilité et plein de reconnaissance envers Dieu et envers vous que je regarde ces 6 années où j’ai essayé d’être au service, en prenant pleinement la place qui me revenait parmi vous comme votre pasteur. Cette mission, je n’ai pu la remplir que grâce à vous, grâce à chacun de vous qui, je le répète encore, êtes la plus grande richesse de l’Eglise. Une communauté sans les fidèles n’existe pas ! Les pasteurs que nous sommes sont au service de la croissance humaine et spirituelle du corps ecclésiale en chacun de ses membres, tous importants, chacun tenant la place qui lui revient dans l’Eglise.

L’une de mes priorités pastorales ces 6 années passées avec vous était de permettre que chacun prenne pleinement sa place au sein de notre communauté ! Dès ma messe d’installation dans cette belle salle du Phare (pour laquelle je remercie monsieur le Maire de Tournefeuille, son conseil et tout le personnel qui nous accompagne avec générosité), en présence de Mgr Le Gall, archevêque de Toulouse à l’époque, je vous l’avais demandé, appelant chacun à prendre sa place au sein de la communauté et à travailler ensemble. Je ne pense pas y avoir toujours réussi, mais j’ai fait de mon mieux, et avec générosité !

J’ai essayé d’aller à votre rencontre, vous appelant à prendre place dans les mouvements, services, groupes !  Je vous ai parfois bousculé et même stressé parfois, mais c’était toujours dans l’objectif de nous permettre de grandir et d’avancer. Lors des célébrations, j’ai essayé de veiller à ce que chacun de nous prenne sa place dans l’assemblée, afin que personne ne soit ou ne se sente exclu, en particulier les nouveaux qui sont de plus en plus nombreux dans nos paroisses.  L’Eglise est une famille et chaque membre doit y trouver sa place. La moisson est abondante et il y a de la place pour tout le monde.

Merci pour les sacrements célébrés avec vous et pour vous. Merci à chacun de vous pour votre place dans la mission que nous avons vécue ensemble ! Je n’aurais rien pu faire sans votre aide, votre soutien, vos conseils, votre générosité et vos prières. Certaines épreuves ont été très lourdes ces 6 dernières années mais j’ai toujours bénéficié de votre soutien. Merci pour les liens d’amitié que nous avons pu tisser ! Merci pour les invitations dans vos maisons, les apéros, les temps conviviaux, les camps d’été et les weekends avec les scouts. Merci pour vos maisons accueillantes et généreuses. Je reviendrai, mais non plus comme votre curé, mais en toute amitié et discrètement comme Nicodème qui allait rencontrer le Seigneur en évitant de faire de vague !

J’aimerais tellement dire un grand merci à chacun de vous personnellement. J’ai tellement reçu et appris de vous et parmi vous pendant 6 ans. J’implore la bénédiction du Seigneur sur votre communauté paroissiale dans cette nouvelle étape avec les franciscains de l’Immaculée. Que le Seigneur pose son regard et sa main sur chacun de vous et sur vos familles. Vous avez tellement de place dans mon cœur ! Je compte sur votre soutien et vos prières. Que le Seigneur vous donne de trouver votre place dans son Cœur Sacré ! Que le saint Esprit vous donne aussi de laisser le Christ prendre pleinement sa place dans vos cœurs. Amen.

 

 

 

 

 

Homélie du Père Joseph du XXIIe dimanche du TO2025-09-05T11:44:06+02:00

Homélie du Père Joseph du XXI° Dimanche du Temps Ordinaire, année C (2025)

Mes chers frères et sœurs !

« Seigneur, n’y a-t-il que peu de gens qui soient sauvés ? ». « Y a-t-il une place pour moi au paradis ? » Cette question est révélatrice de l’angoisse que nous avons de nous perdre, de finir dans le néant de la nuit éternelle. Elle révèle notre peur par rapport à l’au-delà. Jésus y répond par un conseil : « Efforcez-vous d’entrer par la porte étroite ! » Le verbe « s’efforcer » en grec est « agonizo » et veut dire lutter, combattre. Une des prières pour l’extrême onction exprime cette réalité de combat pour la vie, quand le prêtre dit : « Seigneur, regarde ton serviteur qui mène son dernier combat contre la mort… ». Cette prière exprime bien que nous sommes faits pour la vie et qu’au moment de l’agonie, nous luttons pour la vie et contre la mort.

S’efforcer, c’est combattre, lutter, rester ferme sur notre objectif. Une porte étroite indique un lieu difficile d’accès, une situation compliquée. Nous en faisons l’expérience devant des problèmes qui nous paraissent sans issue. Dans nos épreuves, Jésus nous appelle à la persévérance, au courage, à ne pas baisser les bras ! Persévérer, c’est être tenace et constant, savoir patienter en acceptant même une défaite apparente et momentanée sans dévier de notre objectif de départ. Cela suppose de la discipline et beaucoup de travail. Ce qui est important et essentiel dans la vie ne s’obtient pas en un claquement des doigts mais suppose de la persévérance, du travail, de la patience, essayer, réessayer, reprendre plusieurs fois s’il le faut, sans céder au découragement.

La société nous fait croire parfois que nous pouvons tout obtenir et tout faire « ici et maintenant », « en un instant ». Internet nous connecte au monde à l’instant T. Avec notre microonde, je réchauffe mon repas en deux minute ! Un bip ouvre le portail du parking de ma maison à distance pour ne pas attendre…. De manière inconsciente, prend peu à peu forme en nous l’idée que tout peut être obtenu en un instant… Mais la réalité nous est bien différente ! Nous pouvons abattre un arbre en in instant, détruire une ville par des bombe en quelques minutes mais pour faire pousser un autre arbre, reconstruire une ville, il faudra beaucoup de temps, de travail, d’argent et de patience !

Pour comprendre mes propres peurs et pourquoi je réagis en hurlant lorsque quelqu’un me fait une observation désagréable, pourquoi je boude lorsque quelqu’un me fait une remarque, pourquoi je perds mes moyens devant un concours ou un examen…. tout cela est tellement important et refuse l’illusion « du tout, ici et maintenant ». Le prêtre, l’accompagnateur spirituel, le médecin, le psychologue, le psychiatre, le coach ou conseiller conjugal que je consulte nous dit que pour résoudre ces problématiques de la vie, cela demandera beaucoup de temps, de travail, de séances, de la patience, des larmes même. Ils nous conseillent lors de chercher les causes profondes, nous remettre en question, creuser… Tout cela signifie batailler, s’efforcer et lutter ! Autrement, nous ne nous en sortirions jamais !

Pour faire naitre un enfant, il faut bien neuf mois de travail, d’attente, de joie et parfois de douleur ! Son éducation exige aussi beaucoup discipline et de patience aux parents. Pour que ma foi, je dois faire des efforts, avoir de la constance, me donner une discipline. Je ne vais pas à la messe et ne prie seulement quand cela me convient : je dois parfois lutter contre ma paresse spirituelle, contre la canicule d’été ou m’efforcer de sortir de la chouette en défiant le froid d’hiver pour répondre à l’invitation du Christ. Tout cela est une lutte qui n’est pas facile ! C’est cela la porte étroite dont parle Jésus !

Si dans le couple, mari et la femme ne se parlent sérieusement qu’une fois l’année, le couple ne se construit pas ! Pour consolider son couple, il est important de prendre du temps ensemble, accepter les fragilités de l’autre, être patient avec son conjoint, communiquer et se parler beaucoup et régulièrement, et pas seulement au moment des crises, prendre des vacances ensemble, et sans les enfants, si possible. Si tu ne fais aucun effort pour prendre soin de ton couple, la séparation te coûtera plus cher économique et affectivement !

Une phrase terrible nous a probablement choqué dans l’évangile de ce dimanche. Se retrouver devant Dieu et l’entendre nous dire : «Je ne sais pas d’où vous êtes », ou alors, « Je ne connais pas qui vous êtes » est quelque chose de terrifiant. Cette phrase est une mise en garde ! Dieu ne nous condamne jamais et ne peut à jamais nous fermer son cœur ! Cependant, il y a un problème ! Nous passons parfois notre vie à porter de masques, à nous faire passer pour qui ne nous sommes pas, à soigner notre image, l’apparence au lieu de vivre en vérité devant Dieu et les autres, à jouer des rôles comme si la vie était une pièce de théâtre ! Nous sommes parfois esclaves d’une culture où l’image et les apparences sont plus importantes que la réalité. Conséquence : on se cache, on ment à soi-même et aux autres !

Nous donnons l’image d’être des bons cathos alors que nous passons notre vie à voir médiums, marabouts, magnétiseurs et nécromanciens ! Je passe pour l’époux, le père modèle alors qu’à la maison je suis violent avec l’épouse et les enfants. En communauté, je donne l’apparence d’être saint pendant que je répands du venin par mes critique et mes médisances sur les autres. Je porte des fragilités en moi, et pour les cacher, je deviens un tyran pour les autres, imposant mes opinions sur tout, « je sais tout et j’ai réponse à tout »,  incapable d’écouter une idée différente de la mienne… Ce sont là nos contradictions que Jésus dénonce !

 Ne nous étonnons pas que plus tard, il nous dise : « Eloigne-toi de moi car je ne te connais pas ! Tu as tellement passé ta vie sur terre à te cacher à moi et à me montrer une image qui ne correspondait pas à la vérité de ta vie ! » Cette réponse sera à la hauteur de l’hypocrisie de notre vie terrestre. « Nous avons mangé et bu en ta présence, et tu as enseigné sur nos places.’ Il vous répondra : ‘Je ne sais pas d’où vous êtes. Éloignez-vous de moi, vous tous qui commettez l’injustice. » Tous nos mérites, nos décorations ecclésiastiques, publiques, politiques, la belle réputation basée sur les apparences et le mensonge ne serviront à rien. Nous récolterons ce que nous aurons semé pendant notre vie terrestre !

Cet évangile est un appel à la conversion. Il n’est jamais tard de revenir à la vérité et se montrer à Dieu et aux hommes tels que nous sommes. Revenons au Seigneur de tout notre cœur ! Revenons au Christ qui est Lumière et Vérité de notre vie. Seigneur, toi qui nous nourris en cette vie, donne-nous de vivre, dès ici-bas, tournés vers l’éternité que tu promets. Amen.

Homélie du Père Joseph du XXI° Dimanche du Temps Ordinaire, année C (2025)2025-08-23T16:00:48+02:00

Homélie du Père Joseph du XX° Dimanche du Temps Ordinaire, année C (2025)

Chers frères et sœurs !

Psychologiquement, quand on a passé la fête l’Assomption, le 15 août, on sent déjà la fin des vacances et on commence à préparer la rentrée, même si je sais que beaucoup parmi nous ont déjà fini les vacances. Il est temps pour nous relire nos vacances et de notre été pour voir comment le Seigneur nous a accompagné à travers ce que nous avons vécu et reçu. L’évangile de dimanche dernier nous rappelait que « là où est ton trésor, là aussi sera ton cœur » ! Avant la rentrée où nous risquons rapidement d’avoir le nez dans le guidon, relisons notre été pour fixer et redéfinir les priorités et l’essentiel dans nos vies.

 Avec Abraham, dimanche dernier, nous avons appris que croire, c’est faire confiance, accueillir la Parole même quand elle nous brûle et nous bouscule. Avoir la foi, c’est affronter les difficultés en gardant allumée la lumière de l’espérance. Ce dimanche, le Seigneur nous rappelle que l’annonce de l’Evangile, le témoignage de foi est un signe de contradiction. Le monde accepte difficilement l’ingérence divine et préfère souvent les ténèbres à la lumière. Les disciples sont aussi plongés dans ce monde, et sont faits de chair et d’os comme tous les humains. Nous aussi, tout en étant chrétiens, nous ne sommes pas vaccinés contre les contradictions et les peurs. Ce qui nous différencie des autres, c’est la lumière de la foi qui élargit notre cœur et nous rend capable d’aimer. Pour aimer notre monde, nous devons aller à sa rencontre même si c’est toujours un peu plus compliqué de lui témoigner de notre foi aujourd’hui.

Jérémie, prophète inquiet et persécuté, nous est présenté comme modèle à imiter dans la première lecture. Il passe sa vie à convaincre le roi de Juda et tout Jérusalem à ne pas s’opposer à la naissante puissance babylonienne. Confiants en leur diplomatie et du soutien de l’empire assyrien et de l’Egypte, le roi et son entourage n’ont pas voulu écouter les conseils et messages du prophète Jérémie. Ils ont commencé à le persécuter jusqu’à la condamnation à mort où il est sauvé in extremis « Alors ils se saisirent de Jérémie et le jetèrent dans la citerne de Melkias, fils du roi, dans la cour de garde. On le descendit avec des cordes. Dans cette citerne il n’y avait pas d’eau, mais de la boue, et Jérémie enfonça dans la boue. »

Un prophète qui annonce la paix se voit persécuté. Il appelle au bien et c’est le mal qui s’abat sur lui. Les prévisions annoncées par Jérémie se sont avérées. Jérusalem est tombé entre les mains de Nabuchodonosor et sous la domination babylonienne, et ce fut le début de la déportation de plus de 8 milles chefs de familles. Jérémie n’avait pas été écouté ! Être prophète, c’est aimer les personnes auxquelles nous annonçons l’évangile, c’est dire la vérité aux autres, même quand ils ne veulent pas l’entendre, avec le risque d’être incompris même par les personnes que nous aimons.

Après la chute de Jérusalem aux mains des Romains et la destruction du Temple de Jérusalem par le général Titus, les premiers chrétiens seront excommuniés du judaïsme ! De là est née la persécution de l’Eglise naissante. Aujourd’hui encore, beaucoup font l’expérience de cette contradiction quand ils embrassent la foi chrétienne. Alors qu’ils entrent dans la nouvelle famille des enfants des Dieu, la communauté des baptisés, pas toujours accueillante, ces nouveaux convertis souffrent parfois d’exclusion de la part de leur propre famille naturelle et culturelle.

Pendant que nous sommes encore en été, je vous conseille un film à voir : « Le Prophète » qui nous décrit l’histoire d’un jeune musulman qui se convertit au christianisme et comment il est exclu, rejeté et persécuté par sa propre famille. Mais il n’est pas besoin de chercher un chrétien converti de l’Islam pour vivre et voir le déchainement de la persécution. Il nous suffit de regarder dans nos propres familles. Sans aller jusqu’à ces excès, chacun de nous a un jour constaté le changement d’attitude des frères et sœurs, des collègues… qui se sont parfois moqués de vous parce que vous êtes chrétiens, surtout dans certains milieux professionnels. Tel est notre sort : être chrétien, c’est subir parfois le même sort que notre Maître et Seigneur. Il a été persécuté jusqu’à mourir, et c’est normal que les chrétiens soient aussi persécutés ! La croix fait partie de l’ADN du christianisme.

Jésus rappelle qu’il est le feu ! Il apporte un feu qui brûle ce qui en nous dépérit. Il est venu apporter un feu qui illumine, réchauffe et consume le mal en nous. Mais, on a parfois l’impression que ce feu a cessé de bruler dans nos cœurs et nos communautés. Si le fait d’être chrétien se mesure à l’intensité du feu qui brûle en nous, alors les pompiers de la foi n’ont plus beaucoup de travail car nous ne brûlons plus tellement du feu de Dieu ! Il faudrait notre foi redevienne plus brulante. Nous sommes devenus tièdes et le monde ne voit plus le feu du Christ bruler en nous. Nous brulons d’envie et d’amour pour tant de choses, des gadgets, pour des personnes, pour telle équipe de foot, de rugby ou telle star… mais, y a-t-il encore un peu de feu qui brûle en nous pour le Christ ?

Vous est-il arrivé de ne penser qu’à lui, de témoigner de ce feu qui brûle en vous pour lui à votre collègue de travail ? Vous arrive-t-il de défendre le Christ dans un débat, quand il est injurié, moqué, comme cela arrive souvent dans les médias ? Je suis heureux impressionné par les nouveaux convertis, recommençants, les enfants et les adolescents qui sont moins timorés aujourd’hui qu’il y a quelques années et plus portés à témoigner à parler de leur foi. Les musulmans et les juifs montent plus facilement au créneau quand leur religion est méprisée ou discriminée… mais rares sont les chrétiens qui osent monter au créneau quand on se moque de Jésus. Dans un de ses sketch, le comédien Gad Elmaleh invite les cathos à être fier de leur belle religion et d’en témoigner. Parfois même, dès qu’un chrétien essaye de défendre publiquement sa foi, d’autres chrétiens le qualifient de fanatique et d’extrémiste. Si personne ne s’est jamais moqué de vous pour vos convictions chrétiennes, c’est un très mauvais signe !

Quand saint Ignace de Loyola, le fondateur de la compagnie de Jésus envoie ses douze compagnons annoncer l’Evangile jusqu’aux extrémités du monde connu jusqu’alors, il leur dit le jour de leur départ : « Allez, et incendiez le monde ! » Oui, être chrétien, c’est chercher à brûler d’amour pour Jésus et pour le prochain. Rallumons notre ardeur pour le Seigneur ! Que le saint Esprit fasse bruler en nous son feu dans l’Eglise et dans le monde. Amen

Homélie du Père Joseph du XX° Dimanche du Temps Ordinaire, année C (2025)2025-08-18T22:46:01+02:00

Homélie du Père Joseph de l’Assomption, année C (2025)

Mes chers frères et sœurs !

Dans ce contexte, que j’espère très favorable et moins stressant, l’Eglise nous invite à célébrer l’Assomption Sainte Vierge Marie. Contempler la Vierge Marie emportée au Ciel, glorifiée dans son corps et son âme, rejoignant ainsi son Fils et notre Seigneur, glorifié avant elle et qui est assis à la droite du Père, nous rappelle notre vocation et notre véritable patrie. L’Assomption de la sainte Vierge nous fait entrevoir ce qui nous attend un jour : la glorification de nos pauvres corps mortels.

 L’Eglise exalte et vénère la Vierge Marie sous divers titres et dans de multiples dévotions. Parmi les icônes à travers lesquelles la nous vénérons, celle d’Assomption est parmi les plus significatives parce qu’elle exprime l’œuvre, la bienveillance, la générosité du Seigneur envers la sainte Vierge, et par conséquent, envers nous aussi, si nous laissons le Seigneur prendre toute sa place et naître dans nos cœurs comme la sainte Vierge Marie le fit après l’Annonce de l’Ange Gabriel.

Attention cependant, et surtout ne comprenez pas de travers mon propos. J’aime beaucoup la Vierge Marie qui a une grande place dans ma vie d’homme, de baptisé et de prêtre. Et j’espère de tout mon cœur qu’il en est ainsi pour chacun de nous. Il nous faut lui accorder toute la place qu’elle mérite dans notre vie ! S’attacher à Jésus nous attache forcement aussi à sa sainte Mère. On ne peut pas aimer Jésus et refuser de s’attacher à sa Mère ! Comme disait saint Jean-Paul II, un chrétien est forcément un être marial !

 Cependant, ne faisons pas de la Vierge Marie une divinité. On nous le reproche parfois. La sainte Vierge ne fait pas partie de la Trinité sainte. La tentation de la diviniser existe dans beaucoup de dévotions.  Je suis parfois choqué d’entendre certains propos que certains fidèles peuvent tenir sur la sainte Vierge. Une dame avait dit que je n’avais pas la foi parce que j’avais refusé de faire dire un chapelet au cours de l’adoration eucharistique. Pour elle le rosaire était plus important que l’adoration eucharistique et la présence réelle du Christ dans l’eucharistie ! Il y a eu et il y aura encore des déviations dans nos dévotions envers la sainte Vierge Marie. On l’a beaucoup reproché aux catholiques dans le passé et aujourd’hui encore, et ces accusations ne sont pas toujours gratuites et sans fondement. Rappelons-nous toujours que la sainte Vierge Marie veut que nous la considérions pour qui elle est vraiment : une simple petite paysanne comparable à toutes les autres jeunes filles de Nazareth, une fille normale, pas du tout extraordinaire, de pauvre culture, une humble juive vivant simplement mais profondément sa foi en Dieu.

 Mais la générosité de Dieu est infinie envers cette fille de Nazareth parce qu’elle est choisie pour être la Mère du Verbe incarné, du Dieu conçu dans la chair pour partager notre humanité. Pour cela, la Vierge Marie a dû adhérer librement à ce projet de Dieu. Ses parents Anne et Joachim l’avaient déjà préparée, à travers l’éducation reçue en famille. Ils lui avaient appris à écouter Yahvé et à chercher toujours sa Volonté.  La sainte Vierge a dû pour cela mettre une croix sur ce qu’elle pouvait avoir comme projets personnels, accepter d’être exposée à quelques critiques, être pointée du doigt, mettre sa vie en danger en courant le risque de la lapidation selon la Loi de Moïse. Accueillir la volonté de Dieu, prendre une décision importante dans notre vie exige toujours des renoncements qui coûtent plus ou moins.

Pour nous aujourd’hui, il est tout à fait normal de croire que la sainte Vierge a conçu par la force du saint Esprit. Tout ceci est acquis et intégré dans notre foi aujourd’hui et l’Eglise ne cesse de nous l’enseigner depuis plus de deux mille ans. Mais imaginez un moment les habitants de Nazareth qui retrouvent la petite jeune Marie, que tout le monde prenait pour très sage, enceinte avant le mariage. Mettez-vous à la place des parents qui devaient en souffrir car raillés par tout le monde à cause de leur fille qui fait la honte de Nazareth. Pensez aux commérages des jeunes filles et femmes du village qui parlent toujours un peu trop, rependant des rumeurs infondées des voix qu’elles sont les seules à entendre, couvrant la petite vérité par d’énormes et nombreux mensonges et calomnies.… Mettez-vous à la place de saint Joseph, un jeune fiancé qui construisait la maison familiale en attendant le jour du mariage. Tout le monde à Nazareth voyait de grandes cornes qui avaient poussé sur sa tête de saint Joseph !

La suite des événements dans la vie de la Vierge Marie n’a pas du tout été facile : un accouchement dans des conditions éprouvantes et précaires, un hébergement de fortune au milieu des bêtes, la persécution d’Hérode, la fuite en Egypte où la sainte famille va s’installer comme refugiés. Je pense aux paroles dures de Jésus, alors adolescent âgés de 12ans quand il se perd pendant trois jours à Jérusalem et qui répond à ses parents : « pourquoi me cherchiez-vous ? Ne saviez-vous que je devais être au service de mon Père ». Je pense à la présence de Vierge Marie parmi les disciples avec les écueils, les tensions et les refus d’Israël, le chemin de croix de Jésus avec cette terrible page de sa rencontre avec sa Mère, le regard souffrant et sa présence silencieuse au pied de la Croix pendant que Jésus expirait, les dernières paroles de Jésus à Marie et à Jean avant de mourir (« Fils voici ta Mère et Femme voici ton fils ») ! Non, la sainte Vierge n’a pas eu une vie facile.

La vie de la Vierge Marie interroge la nôtre aujourd’hui. Elle nous ressemble dans les hauts et les bas de notre vie. Comme elle, nous pouvons nous aussi être toujours dans la grâce de Dieu si nous Le laissons, malgré nos fragilités et nos faiblesses, habiter nos cœurs pour y naitre. La vierge Marie est une femme normale et ordinaire parce qu’elle fait partie de notre humanité, semblable à chacun de nous dans ce qui fait le quotidien de notre vie. Elle est extraordinaire et merveilleuse simplement par la grâce de Dieu qui l’a touchée et qui as accompli en elle et par elle ses merveilles pour toute l’humanité que nous formons.

Ce qui est arrivé à la sainte Vierge dans le mystère de l’Assomption nous montre bien que pour nous aussi, les portes du salut et de la gloire nous sont grandement ouvertes après notre pèlerinage en ce monde. Notre vie peut traverser joies et souffrances, des hauts et des bas en ce monde, mais notre vocation est de partager, comme la sainte Vierge, la glorification de son Fils.

Si avec la sainte Vierge nous laissons Jésus naître dans nos cœurs, si avec elle nous prenons soin de Jésus chaque jour à travers nos frères et sœurs, si avec elle nous écoutons vraiment la Parole de Dieu et  la méditons dans notre cœur, si avec elle nous savons apporter la Bonne Nouvelle aux autres comme elle l’a fait avec Elisabeth, si avec elle nous accompagnons Jésus sur son chemin de croix, à travers nos propres croix et celles des autres, si avec Marie nous accueillons le Saint Esprit comme au Cénacle, alors, avec la Vierge Marie et par sa prière, nous partagerons la gloire de son Fils, Lui qui s’est fait homme pour que nous  partagions sa divinité. Marie, Mère du Seigneur et Notre-Mère, nous te confions nos familles qui se retrouvent pendant cet été et ceux que nous avons la joie de trouver actuellement. Nous confions à ta prière ceux qui souffrent autour de nous. Apprends-nous à chanter avec toi le Magnificat, quoi qu’il arrive dans notre vie. Amen.

Homélie du Père Joseph de l’Assomption, année C (2025)2025-08-18T22:44:05+02:00

Homélie du Père Joseph du XIX° Dimanche du Temps Ordinaire, année C (2025)

Mes cher frères et sœurs !

Au cœur de l’été, avec la canicule, les incendies et dans un contexte national et international un peu incertain et préoccupant…le Seigneur vient nous rassurer et rallumer en nous espérance, en cette année jubilaire. « Sois sans crainte, petit troupeau ! Votre Père a trouvé bon de vous donner le Royaume ! », nous dit Jésus.  Ne cherchez pas à assurer vos arrières par vous-même, mais faites confiance à votre Père !

Confiance ! Espérance !  De mon expérience de vie personnelle, depuis mon enfance, j’ai reçu un cadeau du Seigneur, et c’est un moteur qui me porte dans tout ce que je fais, et si je peux vous en donner un témoignage, c’est la grâce de la confiance en Dieu, quelles que soient les adversités et épreuves que j’ai pu ou peux traverser dans ma vie personnelle comme dans mon ministère de prêtre. Dieu est toujours de notre côté, quoiqu’il arrive !  Il peut y avoir des tempêtes, des vents contraires et très violents, des ouragans, voire même des Tsunami, mais il y a certitude gravée au fond de mon coeur : le Seigneur est bon ! Il est toujours là pour moi, pour nous quoi qu’il arrive! Alors, confiance ! même si certaines épreuves semblent parfois désespérantes, surtout lorsqu’elles durent dans le temps. Demandons la grâce de la confiance, comme notre père dans la foi Abraham et Sara qui ont été bénis parce qu’ils ont fait confiance et ont obéi à la parole de Dieu malgré l’épreuve qu’ils traversaient de ne pas avoir une descendance. Obéir à Dieu, faire acte de foi devant Dieu et lui faire confiance est toujours source de bénédiction « Grâce à la foi, Abraham obéit à l’appel de Dieu : il partit vers un pays, qu’il devait recevoir en héritage…. Grâce à la foi, Sara, elle aussi, malgré son âge, fut rendue capable d’être à l’origine d’une descendance parce qu’elle pensait que Dieu est fidèle à ses promesse »

La confiance est une vertu qui se construit au fur et à mesure, à travers une expérience relationnelle. L’histoire du salut nous fait faire l’expérience de l’amour d’un Dieu qui, en Jésus, nous a aimé jusqu’à donner sa vie pour nous. En Jésus, Dieu nous aime d’un amour libre et libérateur, un amour vital et vivifiant, concret et quotidien.  Nous sommes confiants parce que Dieu a fait de nous les héritiers du Royaume ! L’expérience mondaine nous dit que la vie appartient aux plus forts, aux plus riches, ceux qui peuvent écraser les autres, leur imposant des taxes douanières à leur guise et sans concertation, ceux qui peuvent menacer et intimider les autres à longueur des journées. Dans les béatitudes du Royaume cependant, Jésus confie le Royaume aux artisans de paix et aux doux : « Heureux les doux, car ils recevront la terre en héritage. Heureux les artisans de paix, car ils seront appelés fils de Dieu. »

Nous avons confiance parce que le Père a voulu faire de nous des héritiers du Royaume, cohéritiers avec le Christ de ce royaume dont nous hériterons pleinement après notre pèlerinage ici-bas. Attention cependant ! Le chrétien ne rêve pas d’un règne à venir utopique !  Le Règne dont nous héritons est déjà présent ici et maintenant si nous accueillons Jésus comme Maître et Seigneur en le laissant aux manettes au quotidien. C’est cela la confiance !

Faisons un petit examen de conscience, en vérité ! Qu’est-ce qui compte, ce qui vaut vraiment la peine de vivre pour nous ? Où investissons-nous le plus d’énergie, le plus de temps, le plus des ressources dans notre vie au quotidien ? Quelle est le moteur de notre vie ? Quelle place accordons-nous à Dieu ? Est-il seulement ce petit détail de notre agenda déjà rempli au quotidien ou bien sa présence est-elle le moteur qui fait bouger notre vie, notre regard sur le monde, nos rapports avec autres ? Notre réponse à ces questions montrera qui ou quoi est le moteur. De notre vie. Notre existence ici-bas est une parenthèse, sérieuse soit-elle, mais c’est une attente du Règne glorieux de Dieu comme nous le professons « Il reviendra dans la gloire pour juger les vivants et les morts et son règne n’aura pas de fin ! ».

 En attendant la parousie du Seigneur, ici et maintenant, Dieu a fait de nous les gestionnaires et les administrateurs de son Royaume. Dans cette optique, nos familles, groupes, mouvements et communautés ecclésiales sont appelés à être des petites entités ou portions du Royaume de Dieu, signes d’une humanité nouvelle, joyeuse, réconciliée et fraternelle, prophétie d’un monde nouveau qui donne envie. Mais est-ce vraiment le cas ? Même si nous n’en sommes ni capables ni dignes, et en dépit de nos manques et fragilités, Dieu lui nous montre sa confiance quand il fait de nous les gestionnaires de son Royaume.

A nos mains fragiles, nos esprits parfois tordues et nos cœurs orgueilleux, Dieu a confié la gestion de son plus beau trésor. Oui, le Royaume de Dieu est là où deux ou trois personnes sont réunies au nom de Dieu. Il est présent là où l’on s’engage afin que toute personne puisse mener une vie digne, là où l’on accompagne avec amour toutes les victimes de la haine et de la violence, là où l’on accueille un frère, une sœur en humanité qui est désespéré. Il est présent là où l’on s’engage aux côtés des pauvres, des petits, des malades, là où l’on s’efforce à vivre selon l’Evangile.

« Restez en tenue de service, votre ceinture autour des reins, et vos lampes allumées ! » Soyez prêts, nous avertit Jésus. Prêts à veiller, prêts à mettre en cause certaines certitudes du monde présents parce que nous sommes faits pour le Royaume à venir mais qui a déjà été inauguré avec l’incarnation de Dieu en Jésus. Le chrétien est conscient du « déjà » et du « pas encore » du Royaume de Dieu. Nous avons tous, j’espère, déjà fait la belle et splendide expérience de tomber vraiment amoureux, d’aimer et se sentir aimé. Nous savons aussi cependant qu’aucune de ces expériences affectives humaines est capable de combler notre cœur de manière définitive, parce que nous avons soif d’un amour infini et définitif que seul Dieu peut donner. Nous avons déjà vécu une expérience spirituelle profonde de conversion qui a radicalement changé notre vie, et pourtant aujourd’hui encore, il nous arrive de douter, en particulier lorsque nous traversons des épreuves. Telle est la dialectique saine, sainte et belle « du déjà et du pas encore » du Règne de Dieu.

« Restez en tenue de service, votre ceinture autour des reins, et vos lampes allumées », c’est-à-dire, avec la foi et la charité, ces deux vertus théologales qui soutiennent l’espérance au cours de notre pèlerinage terrestre dont le terminus est le Royaume définitif.  En cette année du Jubilé, demandons au Seigneur la grâce de l’Espérance et de la confiance pour devenir, là où nous sommes et dans tout ce que nous faisons, des artisans de la construction de son Règne à venir. Amen.

Homélie du Père Joseph du XIX° Dimanche du Temps Ordinaire, année C (2025)2025-08-18T22:44:18+02:00

Homélie du Père Justin, XX dimanche du TO, Année C, Lc 12,49-53

Chers frères et sœurs, cet enseignement du Seigneur dans l’Évangile que nous avons proclamé correspond à la conclusion d’un enseignement qui regarde ceux qui ont des responsabilités dans l’Église – mais qui n’est pas responsable dans l’Église ? responsable dans l’église domestique, dans la paroisse, dans le diocèse ?…

Quelques versets auparavant, Pierre demande au Seigneur Ce que tu dis, tu le dis pour nous ou pour tous ? le Seigneur lui répond en comparant les disciples en général à des serviteurs qui attendent leur patron, et ceux qui ont des responsabilités il les compare à des intendants qui ont sous leurs ordres les serviteurs. Et il dit Si l’intendant voit que son patron tarde à venir, alors il se met à frapper les serviteurs, dès lors quand son patron rentrera il recevra de nombreux coups.

Donc le Seigneur dit clairement que cela n’est pas bien que l’intendant se mette à frapper les serviteurs… Et c’est là juste après ces paroles que le Seigneur dit ce que nous avons à peine entendu Je suis venu jeter un feu sur la terre…

Voyez comme ces paroles sont fortes et importantes, le feu c’est l’Esprit Saint, c’est la grâce, c’est la vie divine. Tandis que nous, nous sommes bien entendu faits de terre, de poussière, nous sommes des créatures. Et le feu est jeté sur la terre, la vie divine est jetée dans notre vie.

Il faut bien comprendre ce que dit le Seigneur, il est en train de dire que du moment que le feu est jeté sur la terre c’est inévitable qu’il y ait des problèmes, comme il le dit ensuite, des divisions, des contrastes, des luttes.

Par exemple ce qui va se passer c’est que certains intendants, certains responsables dans l’Église, vont se croire tout-puissants, ils vont perdre la notion des réalités et des autres surtout – et ils vont les frapper. Le feu jeté sur la terre ça a comme effet chez certains de ne se reconnaitre aucune limite…

Le Seigneur n’est pas du tout en train de dire C’est très bien, vous pouvez être violents les uns envers les autres, les intendants peuvent user de violence sur les serviteurs, puisque de toute façon c’est obligé, le feu jeté sur la terre cela va provoquer presque forcément des luttes, des problèmes de toute sorte…

Non il est en train de dire Vous qui avez des responsabilités – vous à plus forte raison – vous devez savoir que vous êtes de la terre, que vous êtes faibles, que vous êtes limités, que vous êtes fragiles, que vous n’êtes pas tout-puissants. Si vous le savez, alors vous vous ferez aider. Quand vous aurez une décision importante à prendre, vous consulterez les autres réellement, d’une façon élargie, alors vous saurez comment vivre ce feu dans votre vie et ce feu va pouvoir vous éclairer et vous transformer en lui-même.

Mais si vous vous cachez à vous-mêmes votre faiblesse native, ça ne va pas fonctionner, vous tomberez, vous détruirez et vous serez détruits. Saint Paul dit la même chose, il dit que nous recevons la vie de la grâce dans des vases fragiles, dans les vases d’argile que nous sommes.

Toutes les paroles de Jésus sont très fortes…

Il continue en disant qu’il doit recevoir un baptême – pour ses contemporains c’est très clair, il s’agit d’être immergé dans de l’eau, c’est le premier sens de la parole. Lui qui est du côté du feu qu’il nous envoie, il va être immergé dans l’eau, donc son baptême c’est une mort bien sûr, mais pas n’importe quelle mort, c’est sa divinité qui meurt, sa vie divine va mourir – c’est presque fou. Et c’est en effet ce qui va se passer. Durant sa Passion sa divinité va être cachée, il va prendre sur lui tous nos péchés et il ne sera plus en présence de Dieu – c’est le grand mystère de la Passion de notre Seigneur.

Par ses paroles nous voyons que notre Seigneur est divisé, il ressent la joie et la tristesse à la fois, la hâte et l’angoisse, il est Dieu et il renonce aux privilèges de sa divinité – il est bel et bien divisé. C’est très surprenant.

Mais notre Seigneur est divisé pour nous apporter une paix profonde, une véritable sérénité que personne d’autre ne peut nous apporter. Il ne nous apporte pas la paix que le monde nous propose, la paix du pacificateur, la paix du plus fort, avec un vainqueur et un vaincu comme nous le voyons dans le monde notamment en ce moment. Non le Seigneur nous apporte une autre paix, que seul lui peut nous donner, une paix bien plus profonde.

Il est divisé pour être proche de chacun d’entre nous sans exception. Il est proche de celui qui se sanctifie et qui se laisse transformer par l’Esprit Saint. Mais il est proche aussi du pécheur endurci qui ne se soucie pas de se sanctifier – il a connu la Passion et la Résurrection pour cela, pour être avec chacun d’entre nous.

C’est ce que nous expérimentons lorsque nous sommes persécutés, quand nous sommes victime d’injustice, de calomnie. Nous sentons que le Seigneur est avec nous et nous sentons qu’il est aussi avec celui qui nous persécute – il est avec l’un et avec l’autre. Le Seigneur ne nous donne pas à vivre une guerre sainte avec Lui de notre côté contre l’oppresseur, il est des deux côtés à la fois. Dans un premier temps c’est difficile à accepter, mais quand nous l’acceptons alors nous sommes vraiment avec lui et là nous recevons une paix et une sérénité incomparables.

Chers frères et sœurs, le Seigneur nous demande de méditer cet enseignement qui est très riche pour vivre authentiquement la vie qu’il nous donne de vivre, une vie faite de terre et de feu. Si nous la vivons avec lui, dans l’humilité et la solidarité, alors vraiment l’Esprit Saint pourra nous transformer comme le feu qui transforme en lui-même tout ce qu’il touche, sans nous détruire et sans détruire autrui.

Homélie du Père Justin, XX dimanche du TO, Année C, Lc 12,49-532025-08-17T12:17:55+02:00

Homélie du Père Joseph, XVIIIe dimanche du TO, année C

Mes chers frères et sœurs !

Faisons une petite enquête ! Qui parmi nous ici présents n’a jamais eu des soucis en lien avec l’argent ? (moi très souvent) Nous tous, même les plus fortunés parmi nous, nous avons tous probablement été confrontés un jour à la question de la gestion, le manque, les conflits et tension en lien avec l’argent ou les biens matériels. Être en conflit à cause de l’argent, de l’héritage ou des biens matériels… est une réalité dont nous faisons l’expérience très souvent malheureusement dans nos familles.

Combien d’amitiés cassées, des liens familiaux transformés en haine viscérale à cause de l’argent, pour quelques mètres-carré d’appartement, des meubles ou de la vaisselle laissés par les défunts parents ? Comme c’est horrible de voir que la douleur du deuil amplifiée par la haine et les querelles entre les enfants, lors des funérailles ! Pensons à la guerre que se font certains époux, quand malheureusement survient le divorce, pour le partage des biens matériels.

En famille comme avec les amis, il faut qu’il y ait de la justice et de l’équité, avant de les transformer en solidarité ! On ne peut pas, au nom de l’amitié, accepter de subir l’injustice de quelques membres de famille. Il y dans toutes les communautés quelques durs qui pensent qu’ils peuvent écraser tout le monde. Parfois, il nous faut mettre les pieds dans les plats pour leur dire que ça suffit et ne pas laisser certains écraser les autres. Essayons cependant de résoudre ces conflits directement, à l’amiable, en évitant dans la mesure du possible d’y mêler les juges et avocats.

Dans l’évangile, Jésus refuse d’être le médiateur dans un conflit d’héritage. Il refuse de se mêler à cette affaire pour nous laisser « discerner par nous-même ce qui est juste ». Nous ne pouvons pas demander sans arrêt à Dieu de faire à notre place ce que nous sommes capables de faire par nous-même. Avec Dieu, nous sommes parfois comme ces gamins qui doivent toujours faire recours aux parents ou à la maitresse pour résoudre leurs petits différends et querelles sur l’usage des jouets ou le partage du goûter. Je viens de passer une semaine dans les Pouilles avec des amis et leurs deux enfants. J’ai été impressionné par la capacité qu’ont les enfants à s’embêter et demander l’intervention des parents. Parfois même, c’est celui qui embête le premier qui crie et pleure plus fort que l’autre… et puis, ils peuvent passer de la querelle, des larmes à la grande joie en l’intervalle de quelques secondes ! J’ai compris que parfois, quand les enfants vous sollicitent dans leurs querelles, faire la sourde oreille, comme si l’on n’avait rien entendu, peut- être la meilleure solution et ça passe quelques minutes après !

Jésus refuse parce qu’il nous fait confiance : nous sommes suffisamment intelligents pour prendre soin les uns des autres, pour savoir que l’injustice cause des guerres et des conflits, que laisser mourir de famine et de soif des enfants à Gaza ne peut qu’amplifier les rancoeurs et la haine, qu’exploiter indéfiniment la planète conduit à sa destruction et à notre disparition…. Dieu est le Créateur de tout ce qui existe, mais la gestion de la création est confiée à notre responsabilité. Il suffit juste du bon sens pour comprendre ce qui est bon pour l’économie, la justice, la paix, la solidarité : il suffit de voir la réalité, d’écouter notre cœur, suivre notre conscience éclairée.

Jésus sait que derrière cette demande de médiation, il y a un conflit autour de l’argent. Il en profite alors pour faire une petite catéchèse sur la richesse. En France, et dans les milieux catho en particulier, nous avons une pudeur presque naturelle à parler d’argent, considéré parfois comme quelque chose d’un « peu dangereux », « un peu sale », « un peu ambiguë ». Nous sommes embarrassés et gênés pour parler d’argent, de notre salaire….  Comme c’est compliqué au curé de parler de la quête, de faire un appel au don, une relance du Denier de l’Eglise… Trop facile de suspecter celui qui est riche et l’accuser presque spontanément d’être malhonnête comme ceux qui pensent que tous les patrons de « pourris ».

Ce n’est pas cela le message de cette parabole. Jésus ne dit pas que la richesse est sale ou impure. Il prévient simplement que la richesse peut être dangereuse. Il suffit de regarder ce « pauvre-homme-riche » de la parabole. C’est un grand travailleur. Il n’est pas décrit comme malhonnête ! Il veut profiter tranquillement du fruit de son labeur. Je pense que c’est normal qu’un retraité se fasse plaisir et profite un peu après des années de dur labeur. La mort annoncée de cet homme n’est pas une punition, mais un événement possible, toujours dans l’ordre des choses parce que toutes les créatures finissent naturellement par mourir. Pourquoi va-t-il mourir ? Quelles sont les causes de sa mort annoncée ? Trop de stress, trop de travail, trop de cigarette, d’alcool, de drogue, trop de pollution, la maladie, une fusillade, un accident de voiture ! Peu importe la cause. Il faut simplement y penser. La mort n’est pas une punition de Dieu.

Jésus nous avertit : la richesse promet ce qu’elle ne peut jamais donner. C’est illusoire de penser que les biens matériels peuvent combler notre cœur ! La sagesse de Qohéleth nous prévient : « En effet, que reste-t-il à l’homme de toute la peine et de tous les calculs pour lesquels il se fatigue sous le soleil ? Tous ses jours sont autant de souffrances, ses occupations sont autant de tourments : même la nuit, son cœur n’a pas de repos. Cela aussi n’est que vanité. » Alors, inutile de chercher à accumuler des richesses terrestres, mais, comme dit Jésus, cherchons d’abord le royaume de Dieu et sa justice, et tout le reste nous sera donné en surcroit.  Saint Paul nous invite à changer profondément de stratégie et de priorité : « Frères, si donc vous êtes ressuscités avec le Christ, recherchez les réalités d’en haut : c’est là qu’est le Christ, assis à la droite de Dieu.  Pensez aux réalités d’en haut, non à celles de la terre. »

Vouloir combler la soif profonde de notre cœur par les biens matériels, peut être comparable à celui a tellement soif au risque de s’abreuver d’eau insalubre.  Dans notre cœur il y a une soif d’absolu qu’aucune richesse ne peut combler. A nous de discerner ce qui est vraiment essentiel et nous rappeler que nous sommes pèlerins, que la richesse est parfois trompeuse, que celui qui a reçu de la Providence un peu de richesse s’en serve pour accumuler un peu de trésors au Ciel en aidant les frères et sœurs pauvres, comme dit cette bénédiction finale du mariage: « Soyez dans le monde des témoins de l’amour de Dieu : Ouvrez votre porte aux malheureux et aux pauvres qui vous recevront un jour avec reconnaissance dans la maison du Père ».

Au lieu de nous faire une leçon de morale sur la richesse ou la pauvreté, Jésus fait appel à notre conscience ! Au lieu de nous culpabiliser, Jésus nous rappelle que le matériel est marqué par la finitude et le côté précaire… Seule la vie éternelle demeure. Que le Saint Esprit nous aide à comprendre que notre cœur n’a pas besoin d’être rempli par les biens matériels mais par l’Amour : celui qui nous vient de Dieu et celui de nos frères et sœurs pèlerins et passagers avec nous ici-bas, tous enfants du même Père qui nous appelle ensemble au salut et bonheur de la vie éternelle qui sont la seule vraie richesse impérissable. Amen.

 

Homélie du Père Joseph, XVIIIe dimanche du TO, année C2025-08-01T14:30:12+02:00
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