Homélies des messes
Homélie du Père Joseph, Ve dimanche de Pâques, année C
Chers frères et sœurs !
En ce weekend où nous célébrons les 40 ans des SGDF à Tournefeuille, l’évangile nous parle d’un thème important dans le scoutisme : la transmission du testament et l’héritage.
L’histoire nous transmet des exemples aussi édifiants que bizarres, qui font sourire ou qui vous laissent perplexes autour des testaments. Par ex, Samuel Bratt, dans son testament, laisse toute sa fortune à son épouse à condition qu’elle commence à fumer 5 cigares par jour, parce qu’elle a passé toute sa vie le lui interdire ! Un poète Allemand laissa sa fortune à son épouse à condition qu’elle se remarie, en disant de manière ironique « qu’au moins une autre personne pourra pleurer ma mort ». D’autres laissent leur fortune pour des œuvres humanitaires et caritatives en créant des fondations de lutte contre des maladies, la pauvreté, pour l’éducation, la recherche, l’écologie…. C’est ainsi qu’en 2010, Bill Gates et Warren Buffet créent une fondation pour encourager tous les milliardaires du monde entier à s’engager publiquement à donner au moins 50% de leur richesse pendant qu’ils sont en vie ou à le faire à travers un testament philanthropique. Alfred Nobel, l’inventeur de la dynamite, transforma le souvenir de sa vie en créant le Prix Nobel qui est une reconnaissance d’excellence dans le domaine de la paix, la science et la culture. Il y a aussi une certaine Leona Helmsley, milliardaire Américaine qui laissa 12 millions de dollars à son chien, oubliant complétement des proches et des pauvres qui en avaient besoin…. Je n’ai contre le chien, mais quand même ! Ce ne sont là que quelques exemples emblématiques.
Les testaments ne transmettent pas que l’argent. D’ailleurs, les plus importants sont les ceux qui lèguent un héritage moral, une vision, une espérance, des valeurs. Avant sa mort, le laboureur de la fable de Jean de La Fontaine laisse à ses enfants « la valeur travail ». Pensons aux testaments spirituels évoqués lors des funérailles ! Les testaments transmettant richesse, argent et biens matériels sont souvent source des conflits et tensions, alors que ceux transmettant des valeurs soudent et construisent les familles.
Dans l’évangile de ce V dimanche de Pâque, où nous célébrons aussi les 40 ans d’existence des SGDF dans la paroisse de Tournefeuille, Jésus laisse aux disciples un testament spirituel. Ca se passe à la veille de sa mort, le jeudi saint. Au cours de cette soirée, il transmet plusieurs choses qui sont au cœur de la vie des SGDF : l’institution de l’eucharistie, c’est-à-dire la messe, le lavement des pieds pour souligner l’importance du service, une valeur pilier dans le scoutisme. Il donne aussi le commandement de l’amour fraternel : « Je vous donne un commandement nouveau : c’est de vous aimer les uns les autres. Comme je vous ai aimés, vous aussi aimez-vous les uns les autres. À ceci, tous reconnaîtront que vous êtes mes disciples : si vous avez de l’amour les uns pour les autres. »
Tel est l’héritage, le testament transmis par Jésus : non pas des biens matériels, mais des valeurs, un commandement nouveau qui s’appelle l’amour. Ce dernier n’est pas nouveau dans ses termes, mais dans sa manière : « Aimez-vous comme je vous ai aimés ! ». Nous aimons souvent avec un peu d’égoïsme attendant un retour, une réciprocité, qu’on nous renvoie l’ascenseur : « je t’aime, et toi tu devrais m’aimer à ton tour ! ». L’amour dont parle Jésus est gratuit, sans condition et sans calculs. Jésus aime même celui qui le trahit, qui l’abandonne, qui le renie. Il justifie et excuse même ceux qui le tuent : « Père, pardonne-leur ils ne savent pas ce qu’ils font ! ». C’est l’héritage transmis par Jésus et que nous sommes appelés à vivre en Eglise et dans le scoutisme. Sans amour fraternel notre les différents membres du groupe, du conseil, de la maîtrise, de la meute…. notre mouvement ne peut survivre. L’amour est le premier geste missionnaire ! « À ceci, tous reconnaîtront que vous êtes mes disciples : si vous avez de l’amour les uns pour les autres ». Le témoignage d’amour vécu en vérité dans le groupe donne envie à d’autres personnes de se joindre à nous, d’embrasse le mouvement tandis que toutes les querelles, rivalités, tensions… éloignent et sont un contre-témoignage.
Ce n’est pas nous qui avons fondé les SGDF. Le père Jacques Sevin nous l’a transmis comme héritage. La mission de chaque membre est donc de le transmettre en faisant attention à ne pas le vider de sa substance initiale pour ne pas le transformer avec toutes les tentations laïques qui cherchent à effacer la foi du mouvement. C’est notre mission, RG, cléophas, aumôniers, membre du conseil de groupe, chefs et cheftaines, jeunes et moins jeunes… pour ne pas dénaturer et vider de sa substance ce beau mouvement. Nous transmettons ce que nous avons reçu ! C’est la fidélité aux intuitions et valeurs originelles qui rendra hommage à Paul Xavier, qui a monté le groupe de Tournefeuille, et d’autres acteurs comme Vincent Lainez qui nous l’ont transmis, faisant vivre et vibrer des centaines des jeunes et d’adultes depuis 40 ans.
Rendons grâce pour eux et rendons-leur hommage ! Le mouvement a besoin de notre engagement, notre générosité, sans quoi le mouvement mourra. Merci à vous jeunes et moins jeunes qui portez et gardez allumé généreusement le flambeau de ce mouvement d’Eglise qui est au cœur de la vie paroissiale. Notre paroisse attend que vous participiez à sa vitalité missionnaire et à la transmission de la foi chrétienne auprès des jeunes. Pour cela, il faut évidemment accueillir largement et sans discrimination aucune les jeunes, mais sans renoncer ni nier l’identité chrétienne et ses valeurs fondatrices des SGDF. Une pensée pour nos deux jeunes qui été baptisés il y a trois semaines à l’église de Plaisance.
Je m’adresse aussi à ceux qui ne sont pas scouts. As-tu déjà pensé à ton testament, à l’héritage que tu vas léguer ? Il est temps de le faire ! Ne pense pas à ton argent ou à tes biens matériels. Cela passe, se perd et pourrit. Pense plutôt à l’empreinte que tu laisseras dans le cœur des autres. A ta mort, on te rendra hommage en évoquant ta vie. Dira-t-on- de toi : « Il m’a appris à aimer, à pardonner, à vivre, à prier, de lui j’ai appris la solidarité, le respect, la foi, l’espérance, l’accueil de l’autre, la tolérance, le courage, la vraie liberté, l’amour du prochain, le respect de la création… » Je suis toujours ému lors des funérailles, quand on évoque la vie du défunt : c’est là que nous découvrons le véritable héritage laissé aux proches et à la société.
Pour conclure, je repense à la milliardaire qui avait transmis des millions de dollars à son chien, oubliant ses proches et des pauvres qui en avaient besoin. Ce geste nous fait réfléchir. Au fond, elle devait être très malheureuse pour en arriver là et avait besoin d’affection, de relation vraie et sincère, de ce type d’amour que rien, même pas celui d’un chien ni aucune richesse ne peut acheter. Il n’y a pas de grande valeur dans le fait d’avoir aimé un chien ou un chat si on n’est pas capable d’aimer ses proches et ses semblables. Rappelle-toi que l’unique vrai héritage que tu laisseras, à la suite de Jésus, n’est pas écrit dans un testament qui sera lu devant notaire, mais dans les cœurs des personnes que tu auras croisées sur ton chemin et qui, grâce à toi, auront fait l’expérience des valeurs, des vertus humaines et spirituelles qui rendent meilleure l’humanité. Rendons grâce pour les vertus et valeurs du scoutisme. Que le Seigneur nous donner d’être témoins et transmetteurs du commandement de l’Amour dans l’Eglise et dans le monde. Amen