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Homélies des messes

Homélie du Père Justin, XX dimanche du TO, Année C, Lc 12,49-53

Chers frères et sœurs, cet enseignement du Seigneur dans l’Évangile que nous avons proclamé correspond à la conclusion d’un enseignement qui regarde ceux qui ont des responsabilités dans l’Église – mais qui n’est pas responsable dans l’Église ? responsable dans l’église domestique, dans la paroisse, dans le diocèse ?…

Quelques versets auparavant, Pierre demande au Seigneur Ce que tu dis, tu le dis pour nous ou pour tous ? le Seigneur lui répond en comparant les disciples en général à des serviteurs qui attendent leur patron, et ceux qui ont des responsabilités il les compare à des intendants qui ont sous leurs ordres les serviteurs. Et il dit Si l’intendant voit que son patron tarde à venir, alors il se met à frapper les serviteurs, dès lors quand son patron rentrera il recevra de nombreux coups.

Donc le Seigneur dit clairement que cela n’est pas bien que l’intendant se mette à frapper les serviteurs… Et c’est là juste après ces paroles que le Seigneur dit ce que nous avons à peine entendu Je suis venu jeter un feu sur la terre…

Voyez comme ces paroles sont fortes et importantes, le feu c’est l’Esprit Saint, c’est la grâce, c’est la vie divine. Tandis que nous, nous sommes bien entendu faits de terre, de poussière, nous sommes des créatures. Et le feu est jeté sur la terre, la vie divine est jetée dans notre vie.

Il faut bien comprendre ce que dit le Seigneur, il est en train de dire que du moment que le feu est jeté sur la terre c’est inévitable qu’il y ait des problèmes, comme il le dit ensuite, des divisions, des contrastes, des luttes.

Par exemple ce qui va se passer c’est que certains intendants, certains responsables dans l’Église, vont se croire tout-puissants, ils vont perdre la notion des réalités et des autres surtout – et ils vont les frapper. Le feu jeté sur la terre ça a comme effet chez certains de ne se reconnaitre aucune limite…

Le Seigneur n’est pas du tout en train de dire C’est très bien, vous pouvez être violents les uns envers les autres, les intendants peuvent user de violence sur les serviteurs, puisque de toute façon c’est obligé, le feu jeté sur la terre cela va provoquer presque forcément des luttes, des problèmes de toute sorte…

Non il est en train de dire Vous qui avez des responsabilités – vous à plus forte raison – vous devez savoir que vous êtes de la terre, que vous êtes faibles, que vous êtes limités, que vous êtes fragiles, que vous n’êtes pas tout-puissants. Si vous le savez, alors vous vous ferez aider. Quand vous aurez une décision importante à prendre, vous consulterez les autres réellement, d’une façon élargie, alors vous saurez comment vivre ce feu dans votre vie et ce feu va pouvoir vous éclairer et vous transformer en lui-même.

Mais si vous vous cachez à vous-mêmes votre faiblesse native, ça ne va pas fonctionner, vous tomberez, vous détruirez et vous serez détruits. Saint Paul dit la même chose, il dit que nous recevons la vie de la grâce dans des vases fragiles, dans les vases d’argile que nous sommes.

Toutes les paroles de Jésus sont très fortes…

Il continue en disant qu’il doit recevoir un baptême – pour ses contemporains c’est très clair, il s’agit d’être immergé dans de l’eau, c’est le premier sens de la parole. Lui qui est du côté du feu qu’il nous envoie, il va être immergé dans l’eau, donc son baptême c’est une mort bien sûr, mais pas n’importe quelle mort, c’est sa divinité qui meurt, sa vie divine va mourir – c’est presque fou. Et c’est en effet ce qui va se passer. Durant sa Passion sa divinité va être cachée, il va prendre sur lui tous nos péchés et il ne sera plus en présence de Dieu – c’est le grand mystère de la Passion de notre Seigneur.

Par ses paroles nous voyons que notre Seigneur est divisé, il ressent la joie et la tristesse à la fois, la hâte et l’angoisse, il est Dieu et il renonce aux privilèges de sa divinité – il est bel et bien divisé. C’est très surprenant.

Mais notre Seigneur est divisé pour nous apporter une paix profonde, une véritable sérénité que personne d’autre ne peut nous apporter. Il ne nous apporte pas la paix que le monde nous propose, la paix du pacificateur, la paix du plus fort, avec un vainqueur et un vaincu comme nous le voyons dans le monde notamment en ce moment. Non le Seigneur nous apporte une autre paix, que seul lui peut nous donner, une paix bien plus profonde.

Il est divisé pour être proche de chacun d’entre nous sans exception. Il est proche de celui qui se sanctifie et qui se laisse transformer par l’Esprit Saint. Mais il est proche aussi du pécheur endurci qui ne se soucie pas de se sanctifier – il a connu la Passion et la Résurrection pour cela, pour être avec chacun d’entre nous.

C’est ce que nous expérimentons lorsque nous sommes persécutés, quand nous sommes victime d’injustice, de calomnie. Nous sentons que le Seigneur est avec nous et nous sentons qu’il est aussi avec celui qui nous persécute – il est avec l’un et avec l’autre. Le Seigneur ne nous donne pas à vivre une guerre sainte avec Lui de notre côté contre l’oppresseur, il est des deux côtés à la fois. Dans un premier temps c’est difficile à accepter, mais quand nous l’acceptons alors nous sommes vraiment avec lui et là nous recevons une paix et une sérénité incomparables.

Chers frères et sœurs, le Seigneur nous demande de méditer cet enseignement qui est très riche pour vivre authentiquement la vie qu’il nous donne de vivre, une vie faite de terre et de feu. Si nous la vivons avec lui, dans l’humilité et la solidarité, alors vraiment l’Esprit Saint pourra nous transformer comme le feu qui transforme en lui-même tout ce qu’il touche, sans nous détruire et sans détruire autrui.

Homélie du Père Justin, XX dimanche du TO, Année C, Lc 12,49-532025-08-17T12:17:55+02:00

Homélie du Père Joseph, XVIIIe dimanche du TO, année C

Mes chers frères et sœurs !

Faisons une petite enquête ! Qui parmi nous ici présents n’a jamais eu des soucis en lien avec l’argent ? (moi très souvent) Nous tous, même les plus fortunés parmi nous, nous avons tous probablement été confrontés un jour à la question de la gestion, le manque, les conflits et tension en lien avec l’argent ou les biens matériels. Être en conflit à cause de l’argent, de l’héritage ou des biens matériels… est une réalité dont nous faisons l’expérience très souvent malheureusement dans nos familles.

Combien d’amitiés cassées, des liens familiaux transformés en haine viscérale à cause de l’argent, pour quelques mètres-carré d’appartement, des meubles ou de la vaisselle laissés par les défunts parents ? Comme c’est horrible de voir que la douleur du deuil amplifiée par la haine et les querelles entre les enfants, lors des funérailles ! Pensons à la guerre que se font certains époux, quand malheureusement survient le divorce, pour le partage des biens matériels.

En famille comme avec les amis, il faut qu’il y ait de la justice et de l’équité, avant de les transformer en solidarité ! On ne peut pas, au nom de l’amitié, accepter de subir l’injustice de quelques membres de famille. Il y dans toutes les communautés quelques durs qui pensent qu’ils peuvent écraser tout le monde. Parfois, il nous faut mettre les pieds dans les plats pour leur dire que ça suffit et ne pas laisser certains écraser les autres. Essayons cependant de résoudre ces conflits directement, à l’amiable, en évitant dans la mesure du possible d’y mêler les juges et avocats.

Dans l’évangile, Jésus refuse d’être le médiateur dans un conflit d’héritage. Il refuse de se mêler à cette affaire pour nous laisser « discerner par nous-même ce qui est juste ». Nous ne pouvons pas demander sans arrêt à Dieu de faire à notre place ce que nous sommes capables de faire par nous-même. Avec Dieu, nous sommes parfois comme ces gamins qui doivent toujours faire recours aux parents ou à la maitresse pour résoudre leurs petits différends et querelles sur l’usage des jouets ou le partage du goûter. Je viens de passer une semaine dans les Pouilles avec des amis et leurs deux enfants. J’ai été impressionné par la capacité qu’ont les enfants à s’embêter et demander l’intervention des parents. Parfois même, c’est celui qui embête le premier qui crie et pleure plus fort que l’autre… et puis, ils peuvent passer de la querelle, des larmes à la grande joie en l’intervalle de quelques secondes ! J’ai compris que parfois, quand les enfants vous sollicitent dans leurs querelles, faire la sourde oreille, comme si l’on n’avait rien entendu, peut- être la meilleure solution et ça passe quelques minutes après !

Jésus refuse parce qu’il nous fait confiance : nous sommes suffisamment intelligents pour prendre soin les uns des autres, pour savoir que l’injustice cause des guerres et des conflits, que laisser mourir de famine et de soif des enfants à Gaza ne peut qu’amplifier les rancoeurs et la haine, qu’exploiter indéfiniment la planète conduit à sa destruction et à notre disparition…. Dieu est le Créateur de tout ce qui existe, mais la gestion de la création est confiée à notre responsabilité. Il suffit juste du bon sens pour comprendre ce qui est bon pour l’économie, la justice, la paix, la solidarité : il suffit de voir la réalité, d’écouter notre cœur, suivre notre conscience éclairée.

Jésus sait que derrière cette demande de médiation, il y a un conflit autour de l’argent. Il en profite alors pour faire une petite catéchèse sur la richesse. En France, et dans les milieux catho en particulier, nous avons une pudeur presque naturelle à parler d’argent, considéré parfois comme quelque chose d’un « peu dangereux », « un peu sale », « un peu ambiguë ». Nous sommes embarrassés et gênés pour parler d’argent, de notre salaire….  Comme c’est compliqué au curé de parler de la quête, de faire un appel au don, une relance du Denier de l’Eglise… Trop facile de suspecter celui qui est riche et l’accuser presque spontanément d’être malhonnête comme ceux qui pensent que tous les patrons de « pourris ».

Ce n’est pas cela le message de cette parabole. Jésus ne dit pas que la richesse est sale ou impure. Il prévient simplement que la richesse peut être dangereuse. Il suffit de regarder ce « pauvre-homme-riche » de la parabole. C’est un grand travailleur. Il n’est pas décrit comme malhonnête ! Il veut profiter tranquillement du fruit de son labeur. Je pense que c’est normal qu’un retraité se fasse plaisir et profite un peu après des années de dur labeur. La mort annoncée de cet homme n’est pas une punition, mais un événement possible, toujours dans l’ordre des choses parce que toutes les créatures finissent naturellement par mourir. Pourquoi va-t-il mourir ? Quelles sont les causes de sa mort annoncée ? Trop de stress, trop de travail, trop de cigarette, d’alcool, de drogue, trop de pollution, la maladie, une fusillade, un accident de voiture ! Peu importe la cause. Il faut simplement y penser. La mort n’est pas une punition de Dieu.

Jésus nous avertit : la richesse promet ce qu’elle ne peut jamais donner. C’est illusoire de penser que les biens matériels peuvent combler notre cœur ! La sagesse de Qohéleth nous prévient : « En effet, que reste-t-il à l’homme de toute la peine et de tous les calculs pour lesquels il se fatigue sous le soleil ? Tous ses jours sont autant de souffrances, ses occupations sont autant de tourments : même la nuit, son cœur n’a pas de repos. Cela aussi n’est que vanité. » Alors, inutile de chercher à accumuler des richesses terrestres, mais, comme dit Jésus, cherchons d’abord le royaume de Dieu et sa justice, et tout le reste nous sera donné en surcroit.  Saint Paul nous invite à changer profondément de stratégie et de priorité : « Frères, si donc vous êtes ressuscités avec le Christ, recherchez les réalités d’en haut : c’est là qu’est le Christ, assis à la droite de Dieu.  Pensez aux réalités d’en haut, non à celles de la terre. »

Vouloir combler la soif profonde de notre cœur par les biens matériels, peut être comparable à celui a tellement soif au risque de s’abreuver d’eau insalubre.  Dans notre cœur il y a une soif d’absolu qu’aucune richesse ne peut combler. A nous de discerner ce qui est vraiment essentiel et nous rappeler que nous sommes pèlerins, que la richesse est parfois trompeuse, que celui qui a reçu de la Providence un peu de richesse s’en serve pour accumuler un peu de trésors au Ciel en aidant les frères et sœurs pauvres, comme dit cette bénédiction finale du mariage: « Soyez dans le monde des témoins de l’amour de Dieu : Ouvrez votre porte aux malheureux et aux pauvres qui vous recevront un jour avec reconnaissance dans la maison du Père ».

Au lieu de nous faire une leçon de morale sur la richesse ou la pauvreté, Jésus fait appel à notre conscience ! Au lieu de nous culpabiliser, Jésus nous rappelle que le matériel est marqué par la finitude et le côté précaire… Seule la vie éternelle demeure. Que le Saint Esprit nous aide à comprendre que notre cœur n’a pas besoin d’être rempli par les biens matériels mais par l’Amour : celui qui nous vient de Dieu et celui de nos frères et sœurs pèlerins et passagers avec nous ici-bas, tous enfants du même Père qui nous appelle ensemble au salut et bonheur de la vie éternelle qui sont la seule vraie richesse impérissable. Amen.

 

Homélie du Père Joseph, XVIIIe dimanche du TO, année C2025-08-01T14:30:12+02:00

Homélie du Père Clément, XVIIe dimanche du TO, année C

Seigneur, apprends-nous à prier… et à persévérer avec confiance !

Une question qui traverse les siècles

Un jour, les disciples regardent Jésus. Ils ne le voient pas simplement faire des miracles, ni enseigner avec autorité. Non, ils le voient prier. Et là, quelque chose les touche au plus profond :« Seigneur, apprends-nous à prier. ». Comme si cette manière d’être en relation avec Dieu était la source invisible de tout le reste.
C’est la seule chose qu’ils demandent explicitement à apprendre de Jésus : non pas comment prêcher, guérir, convertir… mais comment prier.

Et nous ? Savons-nous encore demander à Dieu, parler avec Lui, persévérer dans la prière comme Abraham, sans nous lasser ?

  1. Apprendre à prier, c’est entrer dans l’intimité du cœur de Dieu

Jésus commence par nous donner le Notre Père. Non pas une formule magique, mais une école de vie spirituelle. Quand tu dis : Notre Père, tu n’es plus seul : tu entres dans une relation filiale avec Dieu… et fraternelle avec les autres. Que ton Nom soit sanctifié… Ce n’est pas ton nom, ni ta volonté qui doit briller, mais la sienne. Donne-nous aujourd’hui… Tu apprends à vivre dans l’aujourd’hui de Dieu, sans t’inquiéter exagérément de demain. Pardonne-nous… car la prière transforme aussi le cœur blessé en cœur capable de miséricorde.

En fait, concrètement :

Quand tu dis Notre Père, tu n’es plus orphelin. Quand tu dis Que ta volonté soit faite, tu déposes ton agenda pour épouser le sien. Quand tu dis Donne-nous aujourd’hui, tu vis l’instant présent dans la confiance. Quand tu dis Pardonne-nous, tu cesses de te cacher, et tu entres dans la vérité de ton cœur blessé, appelé à guérir.

La prière n’est pas d’abord des mots. C’est une relation. C’est l’oxygène de l’âme.

Saint Jean-Marie Vianney disait :« La prière, c’est l’union de l’homme avec Dieu… c’est un doux échange d’amitié. »

  1. Persévérer dans la prière, même quand Dieu semble se taire

Jésus ne s’arrête pas à l’enseignement d’une prière. Il raconte une parabole : celle de l’ami importun. Un homme frappe chez son voisin, en pleine nuit. Il insiste… il dérange. Et à force d’insistance, la porte finit par s’ouvrir.

Quelle image saisissante ! Dieu n’est pas un distributeur automatique de grâce. Mais Il se laisse toucher par l’audace et la persévérance.

🔸       Oui,  Mais prier ne suffit pas. Il faut persévérer. Ne pas lâcher. Même quand Dieu semble silencieux.

Comme Abraham dans la première lecture.Il ose discuter avec Dieu. Il insiste, il négocie presque :« Et s’il y avait 50 justes ? Et 45 ? Et 40 ?… »

Il ne demande rien pour lui. Il plaide pour les autres. Voilà un cœur d’intercesseur. Un cœur qui croit que Dieu peut changer l’histoire, quand un seul homme se tient devant Lui avec foi.

Et puis Jésus raconte cette histoire étrange d’un homme qui frappe à la porte de son ami en pleine nuit, pour demander trois pains.

Et là, Il nous dit :« Demandez… cherchez… frappez… »
Et Il promet :« Votre Père du Ciel donnera l’Esprit Saint à ceux qui le lui demandent. »

Thérèse de Lisieux disait :« La prière, c’est un élan du cœur, un simple regard jeté vers le Ciel, un cri de reconnaissance et d’amour au sein de l’épreuve comme dans la joie. »

Et parfois, la prière devient lutte. On n’obtient pas toujours ce qu’on veut… mais si on persévère, on reçoit ce dont on a besoin.

            Un petit témoignage – “Je ne savais plus prier…”

Je pense à un homme que j’ai rencontré dans une paroisse.
Un jour, il m’a dit :« Mon Père, pendant 20 ans, j’ai prié pour que mon fils revienne à la foi. 20 ans ! Et puis un jour, j’ai arrêté. Trop fatigué. Trop de silence.
Mais un matin, j’entends frapper à ma porte. J’ouvre : c’était mon fils. Il me dit :“Papa, je veux te demander pardon. Je vais mal. J’ai besoin de Dieu. Tu m’apprends à prier ?”
J’ai pleuré. Et j’ai compris que même mes prières silencieuses, mes soupirs, mes douleurs… avaient été entendus. »

Frères et sœurs, Dieu n’est pas sourd. Il n’est pas absent. Il est Père. Et Il écoute.

            III. Dieu donne bien plus que ce qu’on ose espérer : son Esprit

Jésus conclut par cette promesse saisissante :« Si donc vous, qui êtes mauvais, vous savez donner de bonnes choses à vos enfants, combien plus le Père céleste donnera-t-il l’Esprit Saint à ceux qui le lui demandent ! »

On vient souvent à Dieu avec des demandes matérielles ou affectives. Mais Lui veut nous donner beaucoup plus : son Esprit, sa force, sa vie divine.

Une femme me disait récemment :« Mon mari est parti. Je n’ai plus rien… sauf ma foi. Et aujourd’hui, c’est cela qui me fait tenir. » Elle n’avait pas reçu ce qu’elle attendait… mais elle avait reçu le souffle de Dieu, la consolation du cœur. N’oublions JAMAIS CECI :Dieu ne nous donne pas toujours ce qu’on veut.Mais Il donne toujours ce dont on a besoin.

            Conclusion – Trois clés pour notre vie de prière

  1. Demande humblement à Jésus : « Apprends-moi à prier ! »
  2. Prie avec confiance : Dieu t’écoute, même s’Il semble se taire.
  3. Demande le Saint-Esprit : c’est Lui le vrai Don que ton cœur attend.

Pour finir je voudrais vous dire encore ceci : « La prière, ce n’est pas convaincre Dieu de faire notre volonté,c’est apprendre à accueillir la sienne – et à Lui faire confiance. »

Prière finale

Seigneur Jésus,

Toi qui priais le Père avec le cœur du Fils,
apprends-moi à prier,
non pas pour multiplier les mots,
mais pour t’ouvrir mon cœur.

Quand je me décourage,
mets en moi la foi d’Abraham et la confiance de l’ami de minuit.
Donne-moi la persévérance des saints,
la simplicité des enfants,
et l’audace de ceux qui espèrent contre toute espérance.

Seigneur, apprends-moi à désirer l’Esprit Saint,
plus que les dons… plus que les consolations.
Apprends-moi à aimer ta volonté,
et à dire chaque jour :Que ton Nom soit sanctifié, que ton règne vienne, que ta volonté soit faite…

 

Homélie du Père Clément, XVIIe dimanche du TO, année C2025-07-31T09:04:51+02:00

Homélie du Père Jean-Marie, XVIIe dimanche du TO, année C

La prière comme l’âme de la vie chrétienne
La Parole de Dieu de ce dimanche nous invite à la prière pour nous-mêmes et pour les autres. Comme l’homme qui ne mange plus meurt lentement à cause de la faim, ainsi le chrétien qui ne prie plus meurt lentement. La prière est l’âme de la vie spirituelle. Qu’est-ce que la prière ? Sainte Thérèse d’Avila la définit comme « un commerce d’amitié avec Celui qui nous aime, Celui dont nous savons aimés ». Dieu est toujours celui qui nous aime et veut notre bien.
Dans l’Évangile, Jésus enseigne à ses disciples comment prier. En effet, le disciple n’a pas demandé à Jésus de leur enseigner une prière à réciter, mais plutôt de leur apprendre à prier ». Ainsi, la prière du « Notre Père » est une prière avec laquelle on apprend à prier, mieux encore, c’est une école de prière. Elle contient les caractéristiques d’une bonne prière chrétienne. Je voudrais en souligner deux : : 1. La prière du « Notre Père » commence par des paroles de louange à Dieu et ensuite par des demandes pour la vie quotidienne. Ce qui signifie qu’une bonne prière doit commencer par s’intéresser à Dieu avant de penser à nous-mêmes. Comme dans une relation amicale, si nous voulons parler comme Thérèse d’Avila, lorsque je rencontre mon ami ou mon amie, je commence par demander de ses nouvelles : comment va ta santé, ta famille, le travail, … Voici les trois premières invocations du  » « Père » : « Que ton nom soit sanctifié », « que ton règne vienne” ; « Que ta volonté soit faite. » Celles-ci nous montrent comment nous devons commencer nos prières communautaires comme celles personnelles. Louer Dieu d’abord pour ce qu’il est.
Chers frères et soeurs, si Dieu est notre ami, il serait injuste de le considérer comme une station-service où l’on va quand on a besoin du carburant. Mais quand la voiture est à pleine, nous passons sans penser qu’il y a cette station. Non, chers frères et soeurs, une conception erronée de la prière est de penser que la prière est seulement pour les pauvres matériellement parlant afin de demander l’aide de Dieu. D’une part, oui, la prière est pour les pauvres et devant Dieu nous sommes les pauvres du Seigneur (les anawim). Nous sommes tous pauvres devant Dieu, en fait nous sommes appelés à être pauvres en esprit, c’est-à-dire des gens qui savent qu’ils n’ont rien sans la main du Seigneur. D’autre part, nous ne pouvons pas réduire la prière à une litanie de demandes, mais comme deux coeurs qui s’aiment, c’est un dialogue, une confiance mutuelle. Comme il serait beau que notre prière devienne cette confiance, ce dialogue avec Celui qui nous aime profondément avec nos difficultés, nos misères et nos faiblesses.
2. La deuxième caractéristique que je voudrais souligner est l’utilisation de la première personne du pluriel. Dans le modèle de prière que Jésus nous donne, il y a toujours la première personne du pluriel, le « nous » et non « je » : « Notre Père », « donne-nous chaque jour », « pardonne-nous, … ». Ce qui signifie
que la bonne prière est avant tout communautaire. Ne pensons pas à nous-mêmes, mais pensons et portons les nécessités de tous pour notre bien aussi. Le bien des autres contribue à la construction d’un monde meilleur. Par conséquent, l’insécurité de la Russie et de l’Ukraine ; d’Israël et de la Palestine, l’insécurité des iraniens et des libanais qui sont bombardés, des congolais, des soudanais tués chaque jour comme des mouches, doit nous interpeller et émouvoir nos coeurs ici en France ; la misère de certains pays du monde nous touche aussi ici : tant de jeunes qui périssent dans notre mer à la recherche de bien-être ne nous laissent pas indifférents. C’est pourquoi la prière chrétienne est vraiment communautaire, elle porte la communauté dans son coeur. Et après avoir prié, le chrétien sort pour faire quelque chose, pour se transformer et chercher à changer le visage du monde. Le modèle de la prière pour la communauté est Abraham dans la première lecture. Il intercède pour les villes de Sodome et Gomorrhe, deux villes païennes. Insiste sans se lasser devant Dieu. Sa prière exprime la confiance devant Dieu et la préoccupation pour les autres.
Aujourd’hui, demandons la grâce de Dieu pour que notre prière nous rapproche de Lui, nous transforme et nous ouvre aux besoins de toute l’humanité souffrante. Amen

Homélie du Père Jean-Marie, XVIIe dimanche du TO, année C2025-07-28T14:20:28+02:00

Homélie du Père Clément, XVIe dimanche du TO, année C

« Accueillir Dieu… et se laisser accueillir par Lui »

Frères et sœurs bien-aimés,

Il est parfois plus facile d’agir que de s’asseoir. Plus rassurant de tout organiser que d’ouvrir son cœur. Plus confortable de faire… que d’être.

Et pourtant, l’Évangile d’aujourd’hui nous déplace. Il nous emmène à Béthanie, dans cette maison chaleureuse où Marthe et Marie accueillent Jésus. Et à travers elles, c’est chacun de nous que le Seigneur vient visiter.

  1. Accueillir : non pas seulement faire entrer, mais se laisser rejoindre

Marthe et Marie ont toutes les deux un immense désir de bien faire. Marthe s’active, Marie s’assied. L’une prépare, l’autre écoute. Mais Jésus ne vient pas distribuer des bons points : il vient révéler un cœur.

Ce qu’il dit à Marthe – « tu t’inquiètes et tu t’agites pour bien des choses » – ce n’est pas un reproche dur, mais un appel tendre :Marthe, et si tu me laissais t’aimer ?

Car c’est cela, au fond, la clé de l’accueil véritable. Ce n’est pas d’abord notre générosité. C’est notre capacité à nous laisser aimer, enseigner, transformer.

Marie choisit la « meilleure part » parce qu’elle s’ouvre à la Présence, elle fait silence, elle s’émerveille. Et elle nous montre que la foi commence par l’écoute, pas par le faire.

Sainte Thérèse de Lisieux écrivait :« Jésus n’a pas besoin de nos œuvres, mais de notre amour. »

  1. Une hospitalité qui devient rencontre : Abraham sous le chêne de Mambré

La première lecture éclaire merveilleusement cette scène. Abraham, figure de l’hospitalité biblique, accueille trois étrangers. Il se donne du mal, il court, il fait préparer un vrai festin.

Mais soudain, tout bascule : ce ne sont plus trois simples visiteurs… c’est le Seigneur qui est là. Et dans l’accueil offert, c’est une promesse qui se déploie : « L’an prochain, tu auras un fils. »

Ce récit nous rappelle que Dieu vient souvent dans les visages inattendus. Il se cache dans les pauvres, dans les étrangers, dans les frères en recherche. Et quand nous ouvrons notre porte, c’est notre propre vie qu’il transforme.

Un proverbe éthiopien dit :« L’étranger que tu accueilles est le messager du ciel que tu ne reconnais pas encore. »

  1. Témoignage : « J’étais venu pour aider, j’ai été évangélisé »

Permettez-moi un témoignage. Une jeune bénévole est partie en mission dans un foyer d’accueil pour sans-abris. Elle voulait donner du temps, faire le bien.
Mais ce qu’elle a vécu l’a bouleversée. Elle raconte :« Un soir, un homme m’a dit : « Je te remercie pour ton sourire. Tu es la première depuis longtemps à m’avoir regardé comme un homme et non comme un déchet. » J’étais venue pour aider… et c’est moi qui ai été relevée. »

Elle a compris, ce jour-là, que l’accueil vrai n’est pas seulement horizontal. Il est aussi sacré. Quand nous accueillons l’autre, c’est le Christ que nous accueillons – et souvent, c’est Lui qui nous relève à travers lui.

  1. Une parole de Paul pour aller plus loin : « Le Christ en vous »

Dans la 2e lecture, Paul nous révèle ce mystère fou : « Le Christ est en vous, espérance de la gloire. »

Ce n’est pas un Jésus extérieur, distant, réservé aux lieux sacrés. Il est en nous. Il désire demeurer en nos maisons, en nos âmes, dans notre quotidien. Et ce Christ intérieur, il faut lui faire de la place.

Marthe nous dit : « Sers le Seigneur avec tout ton cœur. »
Marie nous dit : « Écoute le Seigneur avec tout ton cœur. »
Et Jésus répond : « Fais les deux… mais commence par me laisser t’aimer. »

 Conclusion : Accueillir Dieu, c’est le laisser faire en nous ce que nous ne pourrions jamais faire seuls

En ce dimanche, frères et sœurs, Jésus vient frapper à la porte de notre vie.

Il ne cherche pas une maison parfaite. Il cherche un cœur ouvert.
Il ne vient pas pour être impressionné, mais pour nous transformer.

Alors que nous soyons aujourd’hui Marthe ou Marie, que notre cœur soit agité ou disponible, que nous soyons à bout ou pleins de zèle… faisons une chose simple :Arrêtons-nous. Écoutons. Et laissons-nous aimer.

 « Marie a choisi la meilleure part : elle ne lui sera pas enlevée. » (Lc 10,42)
Et si c’était aussi la part que le Seigneur nous invite à choisir aujourd’hui ?

  • « Marthe, sois bénie pour tes bons services ; lorsque tu arriveras à la patrie céleste, tout cela n’existera plus là-bas : il n’y aura là-bas que ce que Marie a choisi » (Saint Augustin)

🌿 Méditation – « La meilleure part »

Il y a tant à faire.
Tant à organiser, à prévoir, à réussir.
Mais Jésus ne nous félicite pas d’abord pour ce que nous accomplissons…
Il nous invite à choisir la meilleure part.

Et cette part, c’est Lui.

C’est ce moment de silence où il parle à notre cœur.
Ce regard posé sur un frère en détresse.
Ce souffle intérieur qui nous dit : « Laisse-toi aimer. »

Quand nous cessons un instant de courir,
le Christ entre.
Et c’est alors qu’il commence en nous l’œuvre que nous ne pouvions pas faire seuls.

Choisir la meilleure part,
c’est lui faire de la place.

 

 

Homélie du Père Clément, XVIe dimanche du TO, année C2025-07-31T09:05:08+02:00

Homélie du Père Joseph, XVIe dimanche du TO, année C

Mes chers frères et sœurs !

Au chaîne de Mambré, Abraham a reçu la visite de Yahvé. A Bethanie, Marthe et Marie, les sœurs de Lazare reçurent Jésus dans leur maison. Et nous alors, pourquoi Dieu ne nous rend-t-il plus visite aujourd’hui ?  Oui, bien sûr que Dieu nous rend visite plus souvent qu’on s’imagine mais sans nous en rendre compte. Nous refusons de l’accueillir parce que nos cœurs sont fermés ou parce que nous ne savons plus le reconnaitre.

C’est l’histoire d’une famille très catho de la paroisse qui, au cours de la prière familiale du soir, reçoit de Jésus la promesse de lui rendre visite. Le jour et l’heure sont bien fixés.  A la date prévue, toute la famille s’est bien endimanchée, mettant chacun son plus bel habit. Le ménage a été bien fait, les enfants ont bien rangé chacun sa chambre pas une seule petite poussière sur les meubles ! La famille a sorti la vaisselle des jours de fêtes et au menu, une grande cuisine.  L’arrivée de Jésus est prévue vers 19h00, l’heure habituelle de l’apéro. Vers 18h30 quelqu’un sonne ! La maîtresse de maison se précipite pour ouvrir ! Mais, déception ! C’est un SDF, étranger de surcroit, qui dont le passage risque de gêner le visiteur de marque attendu par la famille. La maitresse de maison lui file vite fait une pièce de 2 euros, le suppliant de déguerpir et de ne pas trainer dans la rue. Le SDF remercie et s’en va sans se faire supplier.

Jésus semble être en retard. Il a peut-être oublié de noter la date sur son agenda. La famille attend en vain jusque tard dans la nuit. Déçue et résignée, ils dînent sans le visiteur attendu. Avant de se coucher, comme chaque soir, toute la famille se rassemble pour la prière !  Au cours de la prière, la maîtresse de maison prend son courage en main en avouant la déception pour cette visite promise mais pas honorée. Jésus ne cache pas son étonnement et rappelle à la maîtresse son arrivée à 18h30.  « Mais non, c’était un clochard qui a sonné ! Nous lui avons même donné deux euros pour qu’il s’achète un sandwich ! » Et Jésus leur dit : oui, j’étais ce clochard.

Dans le diocèse de Bukavu, nous avons eu la chance d’avoir un archevêque qui a marqué par sa simplicité de vie. Il n’était jamais en soutane, très rarement en clergyman et ne soignait guère son habillement et ni son aspect extérieur. Plusieurs fois on l’a confondu avec le veilleur de nuit (la sentinelle) à cause de son habillement (son long manteau pas toujours propre !) et son apparence. Lors de ses visites surprises aux communautés et paroisses, il s’est fait refouler par les veilleurs de nuits ou les cuisiniers à cause de son habillement. Mgr Christophe Muzihirwa a été assassiné par les Rwandais en octobre 1996 et son procès en béatification est en cours !

Dieu nous rend souvent visite mais nous ne l’accueillons pas, parce que nous avons du mal à le reconnaitre surtout en période d’épreuve. Dans la première lecture, Abraham nous apprend à ne pas laisser nos épreuves fermer notre cœur au Seigneur qui nous visite.  Dieu lui avait promis une descendance, mais dix longues années sont passées, et le fils promis n’était toujours pas arrivé. Alors, Abraham est assis, résigné, à l’ombre du chêne de Mambré, accepte quand même d’accueillir le Seigneur et cela sera source de nouvelle bénédiction pour lui.

Les textes de ce dimanche nous rappellent l’importance de l’hospitalité. Être chrétien, c’est prendre conscience que Dieu est présent dans notre vie, qu’il nous rend visite à travers les hommes et les femmes que nous côtoyons. Dieu nous visite et nous parle à travers nos frères et soeurs. Le Seigneur nous invite ainsi à être attentifs, à l’écoute et à prendre soin les uns des autres. Comme Abraham qui accueille avec joie ces trois personnages que la tradition identifie avec les trois personnes de la sainte Trinité, accueillons, nous aussi le Christ dans notre maison, nos familles. Ouvrir notre cœur, notre maison, en particulier aux étrangers et aux pauvres, c’est accueillir le Seigneur : « J’étais un étranger, vous m’avez accueilli, j’avais faim, vous m’avez habillé, j’avais faim, vous m’avez donné à manger… Chaque fois que vous l’avez fait à l’un des plus petits de mes frères, c’est à moi que vous l’avez fait ! » dit Jésus dans l’évangile selon saint Mt. Par notre hospitalité, nous accueillons le Christ comme Marie et Marthe de Béthanie.

L’évangile nous fait contempler Jésus accueilli chez ses amis, dans une famille, une maison où Jésus « devient en quelque sorte un homme normal » : loin des foules, des apôtres, des scribes et pharisiens, où personne ne le surveille et où il peut être naturel ! Cet accueil à Béthanie me fait penser parfois à ces familles où un prêtre est accueilli, invité ou à l’improviste, quelle que soit l’heure, pour se poser, en short, bermuda, décontracté en chemise hawaï, pour prendre un café, une bière, un verre de vin, manger simplement, rire, même pleurer ou craquer sans avoir honte d’être un homme normal, discuter de tout et de rien librement, sans se prendre la tête, sans être interrogé sur la dernière crise théologico-pastorale, le dernier scandale dans l’Eglise, la dernière nomination polémique dans le diocèse, la récente élection controversée de la présidente des SGDF …Bref, toutes ces maisons où le prêtre peut prendre un petit bol d’air frais, amical et fraternel sans prise de tête…A Béthanie, Jésus oublie les tensions et les intrigues de Jérusalem. Il peut parler librement, se sent vraiment accueilli, met de côté ses fonctions de rabbi, oubliant les accusations de Jérusalem pour, pendant une soirée, retrouver le plaisir simple et profond de l’amitié et de la complicité.

Jésus veut que nous ayons ce même type de relation simple avec lui et que nous ayons les mêmes relations simples entre nous. Parfois nos relations familiales, amicales, professionnelles et ecclésiales sont compliquées.  Nous avons du mal à aller simplement les uns vers les autres. Nous nous posons mille questions avant de dire bonjour, de lancer une invitation au voisin, à cette personne avec qui nous sommes dans le même groupe, mouvement, service ! Tout devient compliqué alors que le vrai bonheur se fait dans la simplicité et sans prise de tête.

Ecoute et activité, contemplation et action est un autre enseignement de la visite de Jésus chez Marthe et Marie à Béthanie. Marie écoute le Seigneur, assise à ses pieds, tandis que Marthe se charge de la logistique pour un meilleur accueil. Ces deux sœurs représentent deux dimensions de la vie intérieure que nous avons tendance à opposer, alors qu’elles se complètent et s’enrichissent mutuellement : la prière et l’action. La prière nous envoie forcement à agir et notre action, pour être féconde, doit trouver sa source et sa force dans la prière.  C’est la devise donnée par saint Benoit aux moines dans sa Règne « Ora et labora » (prière et travail). Dans un monastère ou abbaye, la vie est rythmée par la prière et le travail.

Marie représente la nécessité d’écouter la Parole de Dieu et de s’en abreuver au quotidien. Dans nos vies tellement mouvementées et stressantes, offrons-nous de pauses spirituelles pour écouter et parler au Seigneur. Quant à Marthe, elle réalise la béatitude de l’hospitalité, d’un amour qui se fait concret. L’écoute de la Parole de Dieu est importante, mais si la prière ne change pas concrètement notre vie, elle reste stérile. Par son action, Marthe nourrit le Christ que Marie adore. Une prière réellement authentique débouche sur le service des frères. Si notre charité, notre activité, notre apostolat ne trouvent pas leur source et leur accomplissement dans la prière, ils deviennent stériles et asséchants.

Accueillir Jésus dans nos maison, c’est prendre le temps de prier en famille, lire simplement l’évangile du jour, réciter simplement un Pater, un Ave Maria ensemble, regarder un film sur la foi, choisir de temps en temps de parler de Dieu en famille… Puisse l’exemple d’Abraham, Marthe et Marie inspirer nos rencontres en cette période d’été où nous avons la chance d’accueillir ou de rendre visite aux familles et aux amis, afin que nos rencontres emplies de joie et de simplicité renforcent en profondeurs nos relations. Amen

 

Homélie du Père Joseph, XVIe dimanche du TO, année C2025-07-18T09:24:39+02:00

Homélie du Père Clément, XVe dimanche du TO, année C

« Va, et toi aussi fais de même ! »

Frères et sœurs bien-aimés,

Aujourd’hui, l’Évangile nous rejoint comme une flèche en plein cœur. Une parole à la fois simple et dérangeante, directe et décapante. Il suffit de deux personnages pour bouleverser notre vision de l’amour du prochain : le docteur de la Loi et le Bon Samaritain. Et à travers leur dialogue, Jésus nous pousse à une conversion du regard, du cœur… et surtout de nos habitudes.

« Que dois-je faire pour avoir la vie éternelle ? » ‒ elle jaillit des lèvres d’un spécialiste de la Loi, mais elle habite le cœur de chaque être humain. Aujourd’hui, Jésus y répond par la parabole la plus célèbre… et la plus dérangeante : celle du Bon Samaritain.

  1. Une question honnête… ou pas ?

Tout commence par une question : « Maître, que dois-je faire pour avoir en héritage la vie éternelle ? » Elle semble belle, sincère. Mais saint Luc nous précise l’intention : « Il voulait mettre Jésus à l’épreuve. » Ce n’est pas la soif de Dieu qui pousse cet homme, mais le désir de tester, de provoquer.

Et pourtant, Jésus ne le rejette pas. Il l’invite à réfléchir par lui-même : « Dans la Loi, qu’y a-t-il d’écrit ? » L’homme répond bien : « Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur… et ton prochain comme toi-même. » Parfait. Mais il ne s’arrête pas là. Il veut « se justifier » et demande : « Et qui est mon prochain ? »Voilà la vraie question.

  1. Trois hommes, une route, un blessé…

Et Jésus raconte une parabole. Un homme est laissé à moitié mort sur le bord de la route. Un prêtre passe. Il voit… et passe. Un lévite passe. Il voit… et passe. Et puis arrive un Samaritain. Un étranger. Un hérétique pour les Juifs. L’ennemi naturel. Et c’est lui qui va s’arrêter.

Il voit, est saisi de compassion, s’approche, panse les blessures, prend du temps, prend des risques, paie de sa poche. ….Quel contraste !

Ce que Jésus dénonce, ce n’est pas le mal qu’ont fait les premiers… mais le bien qu’ils n’ont pas fait. Ce qu’on appelle le péché d’omission. Ils avaient sans doute de bonnes raisons : peur de se souiller, de rater la prière à Jérusalem, d’être eux-mêmes attaqués… Mais au fond, ils ont laissé la Loi devenir une excuse pour éviter l’amour.

III.  Le prochain, c’est celui que je choisis d’aimer

La question du docteur était : « Qui est mon prochain ? » — comme s’il s’agissait de définir des catégories : les miens, ceux que je dois aider, et les autres… que je peux ignorer. Mais Jésus inverse la question : « Lequel s’est montré le prochain de l’homme tombé aux mains des brigands ? »

Autrement dit, le prochain, ce n’est pas l’autre. C’est moi quand je me fais proche.
Ce n’est pas une catégorie. C’est une attitude, un choix de cœur. Le chrétien ne se demande pas : “Est-ce que celui-là est digne d’être aimé ?” mais “Comment puis-je lui manifester l’amour de Dieu ?”

Comme le disait saint Jean Chrysostome : « Tu veux honorer le corps du Christ ? Ne le méprise pas quand il est nu. Ne l’honore pas dans l’église avec des tissus de soie pendant que tu le laisses dehors grelotter de froid et de misère. »

  1. Un amour concret, incarné, coûteux

Jésus ne nous demande pas une vague bienveillance sentimentale. Il nous appelle à aimer en actes, avec les mains, avec notre temps, notre énergie, nos ressources.

La première lecture (Dt 30) le dit merveilleusement : « Cette Parole est toute proche de toi… dans ta bouche et dans ton cœur, afin que tu la mettes en pratique. »
Elle est là, à portée de main, prête à se traduire en gestes. Dieu n’est pas inaccessible. Il est proche. Et il nous appelle à être proches les uns des autres.

Saint Paul, dans la deuxième lecture, nous parle du Christ comme « l’image du Dieu invisible », « par qui tout a été créé », et « par qui tout est réconcilié ». Le Samaritain, c’est une figure du Christ. Il s’abaisse, se penche, relève, guérit, paie de sa vie pour que l’autre revive.

  1. Témoignage : Un rabbin « bon samaritain »

Permettez-moi un témoignage. On raconte de certains juifs, curieux de voir disparaître leur rabbin la vigile du samedi. Ils soupçonnèrent qu’il gardait un secret, peut-être avec Dieu, et confièrent à l’un deux la tâche de le suivre… Et ainsi il le fit, plein d’émotion, jusqu’à un recoin misérable de la ville, où il vit le rabbin balayer la maison d’une femme: elle était paralytique, et il la servait et lui préparait un repas spécial pour la vigile. Lorsque l’espion revint, on lui demanda: «Où a-t-il été? au ciel, entre les nuages ou les étoiles?». Et ce dernier lui répondit: «Non, il est monté beaucoup plus haut»

Ce rabbin, c’est peut-être vous. Ou moi. Ou chacun de nous, quand nous laissons le Christ aimer à travers nous.

Témoignage : « Ce jour-là, j’ai vu le Christ en jean et baskets »

C’est arrivé en plein centre-ville de Lyon, un jour de semaine très ordinaire. Vers 18h, en heure de sortie de bureau, les rues étaient pleines de monde.
Une femme d’une soixantaine d’années s’effondre sur le trottoir. Malaise. Elle tombe lourdement, sa tête cogne le bitume. Les gens passent, jettent un regard, lèvent les yeux, ralentissent… mais personne ne s’arrête vraiment. Peut-être ont-ils peur, ou simplement… ils sont pressés.

Mais voilà qu’un jeune homme — casquette à l’envers, jean troué, tee-shirt noir — surgit. Il lâche son vélo, se penche, lui parle doucement : « Madame, vous m’entendez ? » Il appelle les secours, reste à genoux à côté d’elle, glisse sa veste sous sa tête. Il reste là, comme un veilleur, pendant de longues minutes, alors que les autres contournent la scène.

Les pompiers arrivent. Ils repartent avec la dame. Et lui ? Il reprend son vélo, sans dire un mot, sans chercher à se faire remarquer.

Une femme âgée, qui observait toute la scène depuis le trottoir d’en face, s’est approchée et a murmuré à voix basse : « Ce garçon… il ne sait peut-être pas prier. Mais aujourd’hui, il a été les mains de Dieu. »

Ce que ce témoignage dit…Frères et sœurs, le Bon Samaritain ne porte pas toujours une croix autour du cou. Il ne connaît peut-être pas tous les versets de la Bible, mais il connaît l’instinct du cœur qui se penche.Le Christ passe encore aujourd’hui dans la rue, dans nos villes, dans nos gestes de compassion. Il prend des visages inattendus.  Et si nous, chrétiens, ne sommes pas les premiers à nous arrêter, qui le fera ?

L’eucharistie : l’auberge où Dieu soigne nos blessures

  • Sur l’autel, le Christ se fait Samaritain : il verse sur nos blessures le vin de sa Parole et l’huile de son Esprit.
  • Il paie d’avance notre dette : « Prenez, ceci est mon Corps livré pour vous. »
  • Il nous confie ensuite les uns aux autres : « Allez, et de même faites-vous aussi. »

VI- Le Bon Samaritain en chacun de nous

Frères et sœurs, la question n’est plus : « Qui est mon prochain ? »
Mais plutôt : « Pour qui vais-je devenir prochain aujourd’hui ? »

Un voisin âgé oublié ?
Une collègue blessée par la vie ?
Un jeune isolé en quête de sens ?
Un proche difficile à aimer ?…………………….
« Va, et toi aussi, fais de même. »

Ce n’est pas un conseil. C’est un appel. Un commandement de vie.
Et si chacun de nous devenait aujourd’hui le Samaritain de quelqu’un ?

Une Petite prière

Seigneur Jésus,
Toi qui es venu vers nous quand nous étions blessés, rejetés, abandonnés,
Apprends-nous à nous faire proches,
À voir, à compatir, à aimer en actes.
Donne-nous un cœur de Samaritain,
Un cœur semblable au tien.
Amen.

Sur la route de Jéricho
Frères et sœurs… Nous sommes tous… le prochain… de quelqu’un.
Parfois… une simple rue devient un pont.

  • Aimer Dieu… c’est aimer celui… que je croise… ici… maintenant.
  • L’indifférence… est un mal silencieux :
    elle ferme les yeux… les oreilles… et le cœur.
  • Le prêtre… le lévite… ont vu l’homme blessé.
    Ils ont continué… parce qu’il ne comptait pas… assez pour eux.
  • Puis vient un étranger…
    il s’approche… regarde… et son cœur s’ouvre.
  • Il nettoie les plaies… il porte le corps…
    il protège comme un frère.
  • Par ce geste… Dieu murmure :
    « Je ne t’abandonnerai jamais. »
  • L’auberge devient espérance.
    La charité… ne compte pas… elle donne tout.
  • Là où l’amour est offert…
    la vie reprend… la confiance renaît.
  • Alors toi, mon frère, ma sœur… va !
    Que chacun de tes pas… devienne un acte d’amour… sur la route.
    )

 

 

Homélie du Père Clément, XVe dimanche du TO, année C2025-07-15T11:44:58+02:00

Homélie du Père Jean-Marie, XVe dimanche du TO, Année C

Chers frères et sœurs,

La Parole de Dieu de ce dimanche nous invite à deux aspects fondamentaux de notre foi chrétienne : la proximité à la Parole de Dieu et la proximité aux autres. Deux regards : le regard des yeux de Dieu (la Parole) et le regard dans les yeux du prochain (la proximité). On ne peut pas s’approcher de Dieu si on se détourne du prochain. Au niveau du christianisme, il s’agit d’une contradiction.

Dans la première lecture, Dieu dit à son peuple, par la bouche de Moïse, que sa Parole est toute proche de sa vie : « elle est dans ta bouche et dans ton cœur, afin que tu la mettes en pratique ». Pour dire que la foi du croyant est en effet une foi vivante, pas une théorie ; c’est une foi à vivre et à partager dans le témoignage avec les autres pour parvenir au salut éternel.

Et pour hériter la vie éternelle, nous devons vivre l’amour de Dieu et du prochain. Car, on peut facilement prétendre aimer Dieu parce qu’il n’est pas visible, IL semble éloigné et ne nous dérange pas dans nos petits coins. Malheureusement, on se leurre parce qu’on oublie souvent que le Dieu invisible se rend visible dans son prochain. Mais, qui est ce prochain ? demande le docteur de la loi dans l’Evangile de ce jour. Une question qui semble facile et, en même temps, une simple provocation.

En effet, pour les Juifs, le prochain était le parent de sang, celui avec qui je partage le même sang, ou le frère de même langue ou de même tribu. Par conséquent, pour les Juifs, les Samaritains ne pouvaient jamais être considérés comme des prochains. Un passé conflictuel les avait éloignés les uns des autres. Pour répondre à la question du prochain, Jésus ne donne pas une définition, il ne veut pas limiter la compréhension du prochain, mais raconte la parabole du bon Samaritain dans laquelle il tente de rendre universel le concept de « prochain ». Il élargie le champ du prochain pour que chacun se situe.

Il est important de noter que les deux premiers personnages, qui passent et font semblant de ne rien voir, sont un prêtre et un lévite. Ils reviennent probablement de Jérusalem, où ils ont accompli leur service dans le temple. En principe, le prêtre et le lévite seraient plus disposés à rendre service aux autres. Cependant, leur adoration est vide parce qu’elle ne se traduit pas par la compassion, par l’amour de l’homme qui souffre.

Le Samaritain, considéré comme un ennemi et qui ne pouvait pas toucher un Juif à cause de l’inimitié entre Juifs et Samaritains, sait comment adorer de manière authentique parce qu’il reconnaît Dieu dans les blessures de l’homme à qui il fait miséricorde.

Chers frères et sœurs, Jésus nous invite aujourd’hui à aimer le prochain au-delà de la sympathie et de tout sentimentalisme. Souvent, nous confondons l’amour avec la sympathie. Nous réduisons l’amour aux expressions telle que « je t’apprécie, je t’estime » qui exprime beaucoup plus la sympathie, le sentimentalisme, … Il était difficile qu’un Samaritain éprouve de la sympathie envers un Juif tant le passé entre les deux peuples était plein de litiges. Mais l’amour est plus profond et plus fort que la sympathie. C’est ainsi que grâce à l’amour, ce Samaritain s’arrête pour sauver ce Juif. Cette parabole nous enseigne comment on peut, au nom de l’amour, sauver une personne envers laquelle on n’éprouve aucune sympathie.

Nous aussi, sommes appelés à en voir Dieu dans le frère ou la sœur qui souffre au-delà de son origine, de sa race ou de sa langue. Tous les êtres humains créés à l’image et à la ressemblance de Dieu sont nos frères et sœurs à aimer, à accueillir, surtout dans leur souffrance. Cette souffrance qui n’a pas de nom, elle est pour tous les êtres humains.

Au final, dans les Évangiles, c’est Jésus est le vrai « bon samaritain » qui donne sa vie pour notre salut, qui a toujours compassion de nous et panse nos plaies quand nous sommes blessés par nos péchés ou par la méchanceté des hommes. Il ne sépare pas le temple de la rue, pas de fossé entre l’amour de Dieu et celui de l’homme, et épouse ainsi pleinement le mystère pascal qui, comme l’écrit saint Paul aux Colossiens, a réconcilié en lui le ciel et la terre. Pour être ses vrais disciples, nous sommes invités à devenir le prochain les uns des autres, en aidant nos frères et sœurs qui ont besoin de notre aide.

Que la Parole écoutée et l’Eucharistie que nous recevons au quotidien, le Seigneur, par sa grâce, transforme nos cœurs de pierre en cœurs de chair, qu’IL nous rende miséricordieux pour être plus proches de celles et ceux qui souffrent. Amen

P. Jean-Marie BYENDA, ocd

Homélie du Père Jean-Marie, XVe dimanche du TO, Année C2025-07-15T11:07:43+02:00

Homélie du Père Joseph, XIVe dimanche du TO, année C

Mes chers frères et sœurs !

Je me rends compte que l’une des marqueurs de notre temps est la peur. Nous avons et nous nourrissons plusieurs types de peur, à tort ou à raison d’ailleurs : peur de la guerre dans un monde devenu comme une jungle où règne la loi du plus fort, peur de l’affaiblissement de la communauté internationale et du multilatéralisme. On dirait même que certains médias ont pour mission, quand on les écoute, d’entretenir un climat de peur et d’angoisse, en soulignant à longueur des journées de certaines crises : crise sécuritaire, crise migratoire, crise d’autorité, crise civilisationnelle, crise religieuse, crise de la famille, crise de la dette publique… ! Du coup, cela plombe l’ambiance et suscite la méfiance entre les gens. Le milieu ecclésial n’est pas épargné de cela.

Nous avions en fin d’année beaucoup des réunions de bilan et relecture, et spontanément, on a tendance à commencer par parler des choses qui ne vont pas. La fois passée, quelqu’un a eu l’idée de proposer de commencer la réunion en donnant une bonne nouvelle vécue dans la journée pour nous rendre compte qu’il y avait de belles choses que nous vivons chaque jour. Ca a fait tellement de bien. Mais le Malin nous empêche de voir toutes les belles choses parce qu’il veut nous emprisonner dans ce climat de peur et d’angoisse, avec une certaine nostalgie comme si le passé était meilleur que le présent, ce qui est faut. Et nous, c’est dans ce monde-ci, avec ses angoisses et ses peurs que le Seigneur nous envoie en mission comme disciples et pèlerins de l’Espérance.

L’évangile de ce dimanche présente l’envoi en mission des 72 des disciples. Jésus ne se contente pas de prier pour la conversion du monde qui va à sa perte mais veut que ses disciples soient acteurs de la conversion du monde. Il ne se lamente pas de la mauvaise direction que prend l’histoire ou les événements, mais il agit en envoyant des disciples crédibles proposer un changement de vie et une orientation nouvelle à l’histoire. C’est à nous, disciples d’hier, d’aujourd’hui et demain qu’il appartient d’orienter l’histoire au lieu de subir les événements de l’histoire. Le monde a besoin d’ouvriers et d’artisans qui construisent un monde conforme à la volonté divine, le prélude du Royaume ici et maintenant. Le monde a besoin des disciples qui brêlent du feu de Dieu et qui le répandent autour d’eux, disciples crédibles aux yeux du monde parce qu’ils vivent de la joie de l’évangile et du feu de Dieu avant de le proposer aux autres.

Jésus nous envoie et nous prévient que ce n’est pas facile. Parler de Jésus peut être un exercice compliqué, même au sein de l’Eglise. Les disciples sont envoyés deux par deux, en binôme, précédant le Seigneur qui passera après eux. Leur mission n’est de convaincre ni de convertir les gens, mais d’annoncer. C’est Jésus lui-même qui, passant après les disciples, va convertir les cœurs. « Le Seigneur en désigna encore 72, et il les envoya deux par deux, en avant de lui, en toute ville et localité où lui-même allait se rendre. » Ceci m’a fzit penser à la petite Bernadette de Lourdes qui avait dit à l’abbé Peryamale : « la Dame m’a chargée de vous le dire et non pas de vous convaincre ! »

Nous avons seulement la mission de préparer la route au Seigneur. Nous sommes envoyés deux par deux et pas seul. Cela veut dire que l’annonce de l’évangile n’est pas une attitude charismatique d’un guru autocentré. La mission porte toujours la dimension ecclésiale d’une communauté qui se construit en équipe malgré les difficultés. Le père François Chaubet parle parfois des prêtres ou fidèles pins parasol qui font bien les choses, mais tout seul, faisant de l’ombre aux autres et qui ne font rien pousser autour d’eux. Attention à la tentation d’atttirer toute l’attention sur nous, de chercher à briller plus que les autres, au risque d’offusquer le Christ, notre Lumière. En mission, nous sommes appelés à travailler avec et à compter sur le soutien des autres.

Jésus demande aux disciples de prier, non pas pour convaincre Dieu d’envoyer des ouvriers à sa moisson. Dieu en est convaincu plus que nous. La mission est fécondée par la prière pour confier sans cesse au Seigneur ce que nous faisons et lui demander toujours si ce que nous faisons est conforme à sa volonté. Tout part de Jésus et tout revient à lui. La prière nous permet de faire double mouvement pour ne pas entrer dans un activisme ou un fonctionnalisme pastoral coupé du Maître de la moisson.

Jésus met en garde les disciples : « Allez ! Voici que je vous envoie comme des agneaux au milieu des loups. » Jésus sait qu’il nous envoie dans un monde qui sera parfois très dur envers vous. C’est un conseil pour nous ! A force de travailler dans un monde dur, avec des méthodes pas du tout évangéliques, nous risquons de nous endurcir plus que les loups qui nous entourent et de copier leurs méthodes. Nous avons tous la mission, chacun à notre niveau, de protéger l’Eglise pour qu’elle ne devienne pas une société des loups ou les gens se mangent mutuellement, et s’épuisent dans des querelles et des combats qui, en fin de compte, tuent la mission au lieu de la faire grandir.

Jésus demande d’apporter la paix et d’être instrument de paix en évitant de créer et chercher les conflits, en suscitant des tensions. On ne peut pas porter Dieu aux autres par la force ni l’arrogance spirituelle. Ces méthodes ont été utilisées jadis et ont fait beaucoup du mal à l’Eglise. La mission se fait humblement, simplement afin que la conversion soit vraiment une rencontre et une adhésion personnelle au Christ.

Enfin, Jésus nous demande de rester, de demeurer et de partager. « Restez dans cette maison, mangeant et buvant ce que l’on vous sert ». Le disciple, le pasteur n’est pas différent de ceux auxquels il est envoyé. Il nous faut prendre pleinement place et partager la vie des personnes auxquelles nous annonçons le Christ. On parle souvent de la solitude des prêtres, ce qui est une réalité, mais n’est-ce pas aussi parfois le résultat des pasteurs qui, pour différentes raisons se tiennent à l’écart et qui ne tissent pas des liens simplement humains avec les fidèles. Comme le rappelle le concile Vatican II en d’autres termes, l’Eglise, les pasteurs, les disciples ne peuvent rester étrangers ni indifférents aux joies, aux espérances, aux peines, aux angoisses, aux doutes du monde. C’est en demeurant avec les gens et en partagent la vie des gens que nous pouvons prendre conscience de leurs joies pour rendre grâce et de leurs peines pour les réconforter.

Un autre point souligné par Jésus est que la mission sera parfois éprouvante et crucifiante ! Saint Paul le rappelle aussi dans la deuxième lecture : « Pour moi, que la croix de notre Seigneur Jésus Christ reste ma seule fierté. Par elle, le monde est crucifié pour moi, et moi pour le monde. » Saint Paul réalise lui-même la limite propre de son caractère dans la mission. Il rappelle que dans la mission, le plus important ne sont pas les règles, les rubriques et les préceptes (comme la circoncision) mais c’est de chercher à devenir des créatures nouvelles. C’est la finalité du baptême. Malheureusement, les disciples sont parfois identifiés et perçus comme les garants et défenseurs de la règle et des préceptes au lieu d’aider les fidèles à devenir des créatures nouvelles dans le Christ.

Au lieu d’enfermer dans les règles, garder les autres prisonniers des préceptes, notre mission est de rendre libres, de libérer les cœurs pour qu’ils s’ouvrent au Seigneur. C’est cette libération des cœurs et leur ouverture au Christ qui fonde la joie des disciples, comme cela est souligné dans la finale de cet évangile : « Les 72 disciples revinrent tout joyeux, en disant : « Seigneur, même les démons nous sont soumis en ton nom. »  Jésus leur dit : « Je regardais Satan tomber du ciel comme l’éclair. Voici que je vous ai donné le pouvoir d’écraser serpents et scorpions, et sur toute la puissance de l’Ennemi : absolument rien ne pourra vous nuire. Toutefois, ne vous réjouissez pas parce que les esprits vous sont soumis ; mais réjouissez-vous parce que vos noms se trouvent inscrits dans les cieux. » Seigneur, donne-nous de nous réjouir de ton œuvre dans les cœurs de ceux qui t’ont rencontré. Amen.

 

 

 

 

 

Homélie du Père Joseph, XIVe dimanche du TO, année C2025-07-07T14:54:49+02:00

Homélie du Père Joseph, fête de Saint Pierre et Saint Paul, année C

Mes chers frères et sœurs
Je me suis souvent demandé pourquoi Jésus, parmi tous les apôtres, a pu choisir Pierre comme chef au lieu de quelqu’un d’autre ? L’évangile ne donne pas clairement les raisons qui ont conduit à ce choix. Si on prend le critère d’âge, contrairement à ce qui se dit parfois, Simon Pierre n’était certainement pas le disciple le plus âgé. C’est probablement Jacques le Majeur, l’un des fils de Zébédée et frère de Jean, qui était le doyen en âge du groupe des Douze. Simon Pierre n’était même pas le premier disciple appelé à suivre Jésus. C’est André le premier qui fut appelé. D’ailleurs on appelle aussi le «Protoélu », le Premier appelé. Simon Pierre n’était pas non plus instruit, le plus intelligent : cette qualité semble appartenir plutôt à Jacques, comme cela peut se voir à travers qualité de ce qu’il a écrit. Simon Pierre n’était pas le plus riche, mais un simple pêcheur. Le plus riche pouvait être Matthieu, le collecteur d’impôt qui se servait au passage sur le trésor public. Simon Pierre n’était pas non plus le plus fidèle des apôtres : nous savons qu’il a bien renié Jésus trois fois au cours de son procès : « Non, je ne connais pas cet homme ! ».
Simon Pierre n’était pas non plus le disciple préféré de Jésus : le quatrième évangile nous dit clairement que c’est Jean qui était le disciple préféré de Jésus. Simon Pierre n’était pas non plus le plus doux, ni le plus docile et moins encore le plus prudent des apôtres. Il était impulsif et parfois effronté ! Nous savons pourtant que pour guider et manager l’Eglise ou une communauté, il faut un peu d’équilibre, de diplomatie et discernement… Après ce portrait pas du tout brillant, nous pouvons dire qu’humainement et au niveau du management, Jésus semble s’être trompé en choisissant Simon Pierre au lieu de quelqu’un d’autre.
Lorsque dans une boite, une entreprise, une grande école, ou même en politique, on veut choisir quelqu’un pour une charge importante, on fait faire un casting, on fait passer des concours pour choisir les meilleurs, ceux qui possèdent les qualités requises. Nous savons comment passer un casting ou un concours est stressant et angoissant. Un ami me disait lundi midi son inquiétude actuelle pour sa fille qui vient de passer un concours pour être haut fonctionnaire ! Elle l’avait loupé l’an dernier alors qu’il y avait 40 places, et cette année, il y avait que 10 places à pourvoir. D’où, le stress, même du papa. Ne parlons pas celui de sa fille.
Jésus aussi, dans un certain sens, a fait un casting pour choisir ses apôtres. Mais ses critères sont radicalement différents de ceux d’une entreprise, de la fonction publique ou une grande école. Jésus ne choisit pas les meilleurs, mais ceux qui sont disposés à se mettre en jeu. Il ne choisit pas ceux qui sont déjà parfaits, mais ceux qui peuvent se laisser transformer, pas ceux qui sont capables, mais c’est lui qui rend capables ceux qu’il choisit. Il ne cherche pas un CV impeccable qui impressionne la RH ou le jury, mais il cherche des cœurs enflammés de passion, désireux de cheminer avec lui. C’est pour cela que le casting de Jésus est ouvert à tous. Tout le monde est candidat et personne n’est exclu du casting.
Il y a seulement deux questions que Jésus pose aux candidats, comme on peut le voir dans sa relation avec Simon Pierre. La première est celle posée dans l’évangile de ce dimanche : « Et vous, que dites-vous ? Pour vous, qui suis-je ? » Alors Simon-Pierre prit la parole et dit : « Tu es le Christ, le Fils du Dieu vivant ! » C’est la profession de foi. La deuxième a été répétée trois fois à Simon Pierre lors de l’apparition de Jésus ressuscité au bord du lac de Tibériade : « M’aimes-tu ? ». C’est la profession d’amour.
Je me suis permis personnellement une hypothèse : Jésus a choisi Simon Pierre exactement parce que ce dernier l’avait renié. Simon Pierre a été choisi parce qu’il a fait l’expérience profonde et transfigurante du pardon qui lui a été accordé par Jésus. Après avoir touché le fond de la tristesse, de la lâcheté, de la honte et de la culpabilité, Simon Pierre s’est repenti et a pleuré amèrement. Dans ses larmes et à travers elles, Jésus a touché le cœur de Simon Pierre, l’a soulevé, guéri et pardonné.
Jésus avait expliqué à une autre occasion, en parlant de la femme pécheresse : « Tu vois cette femme ? Je suis entré dans ta maison, et tu ne m’as pas versé de l’eau sur les pieds ; elle, elle les a mouillés de ses larmes et essuyés avec ses cheveux. Tu ne m’as pas embrassé ; elle, depuis qu’elle est entrée, n’a pas cessé d’embrasser mes pieds. Tu n’as pas fait d’onction sur ma tête ; elle, elle a répandu du parfum sur mes pieds. Voilà pourquoi je te le dis : ses péchés, ses nombreux péchés, sont pardonnés, puisqu’elle a montré beaucoup d’amour. Mais celui à qui on pardonne peu montre peu d’amour. » (Lc 7, 44-47). Dans sa première lettre, saint Pierre apôtre dit : « Avant tout, ayez entre vous une charité intense, car la charité couvre une multitude de péchés » 1P4, 8)
Jésus a choisi Pierre exactement parce qu’après être tombé, ce dernier a beaucoup aimé. Et en effet, il donnera la vie pour le Christ. Celui qui est tombé plus bas, mais qui a été relevé et remis débout par l’Amour, sait la profondeur du Cœur de Dieu. Seul celui qui se sait fragile et faible, mais aimé de Dieu est capable d’aimer et guider les autres. L’amour pour Jésus naît du fait de reconnaître la grande distance qu’il y a entre notre propre péché et l’infinie dimension de la miséricorde de Dieu. Plus le péché pardonné est grand, plus démesuré est l’amour qui peut en naître. Je pense au pardon vécu en vérité au sein d’une famille, entre conjoints, au sein d’une communauté : lorsqu’après une grande blessure, le pardon est demandé, donné et vécu en vérité, l’amour et les liens sont plus forts qu’auparavant. Nous avons beaucoup de témoignages dans ce sens.
Trois fois, Simon Pierre a renié le Seigneur, mais il l’a regretté, a pleuré amèrement et a aimé profondément ensuite. Non, il ne suffit pas d’avoir beaucoup péché : il faut ensuite beaucoup aimer, convertissant notre péché et notre chute en amour, transformant les plaies en faisceaux qui font entrer et irradier la lumière du Seigneur.
Saint Paul, l’apôtre des nations, célébré aussi aujourd’hui, a vécu le même passage : du persécuteur acharné des chrétiens, il est devenu un apôtre passionné du Christ. Après avoir été pardonné de toute la persécution faite à l’Eglise, il a tellement aimé le Christ au point de tout donner pour la croissance et l’annonce de l’Evangile aux païens, jusqu’au don de sa vie. Il nous rappelle que là où le péché est abondant, la miséricorde surabonde.
Rendons grâce à Dieu qui nous donne de fêter dans une unique célébration saint Pierre et saint Paul, les deux colonnes de l’Eglise. L’un et l’autre, avec leurs différences et chacun selon sa sensibilité et son caractère, ont rendu un grand témoignage au Christ. Telle est la fantaisie du saint Esprit qui est capable de faire travailler des personnalités aussi différentes autour du même projet de Dieu. Saint Pierre et saint Paul sont tellement différents, ils ont eu des discussions parfois tendues, de profonds désaccords, mais l’un et l’autre ont donné leur vie pour le Christ et l’Eglise. Saint Pierre symbolise l’intégrité de la Foi, l’autorité et l’unité de l’Eglise. Saint Paul symbolise le charisme et le zèle missionnaire indispensable pour annoncer le Christ à toutes les nations pour la croissance de l’Eglise.
Et toi, mon frère, ma sœur, es-tu préparé pour le casting de Jésus ? Questionnés sur la foi et l’amour, saints Pierre et Paul ont répondu par le témoignage de leur vie. Aujourd’hui, dans son casting, Jésus de pose les mêmes questions : « Pour toi qui suis-je ? », « M’aimes-tu ? ». Quelle est ta réponse ? Que le saint Esprit nous aide à répondre à ces deux questions qui vont nous accompagner pendant cette période estivale. Amen.

Homélie du Père Joseph, fête de Saint Pierre et Saint Paul, année C2025-06-27T09:15:33+02:00
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