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Homélies des messes

Homélie du Père Joseph du XXXIII° dimanche du Temps Ordinaire, année A (2023)

Mes chers frères et sœurs !

Il est difficile de comprendre la logique évangélique dans la parabole des talents par rapport aux fruits et aux résultats que le patron attend de ses serviteurs. A chacun des serviteurs, il est simplement demandé de les faire fructifier, sans donner un chiffre d’affaires à attendre. Nous sommes loin de ce que nous vivons dans les entreprises où on nous dit par avance l’objectif à atteindre, le chiffre d’affaires à réaliser pour mériter de rester à notre poste, et pour que la boîte soit rentable. En spiritualité comme en pastorale au contraire, ce n’est pas l’abondance, le chiffre qui caractérise la fécondité de l’action de Dieu dans notre vie. L’évêque ne donne jamais aux prêtres des objectifs chiffrés !

Une autre chose étonnante dans cette parabole, c’est le type de relation entre le patron et ses trois serviteurs. On nous parle bien de patron et serviteur ! Dans l’évangile, Jésus nous met en garde et nous rappelle que nous sommes des fils et filles de Dieu, nous ne sommes pas des serviteurs mais des amis. Avant de mourir, Jésus dit bien à ses disciples « je ne vous appelle plus serviteur, mais je vous appelle mes amis ».

Nous sommes donc, depuis le baptême des fils et filles aimés, et appelés à aimer notre Père. Tout ce que le Père nous donne, il nous appelle à le faire fructifier avec un cœur de fils et de fille, sans nous mettre la pression mais en toute confiance. Ce que Dieu nous a donné à la naissance, c’est un cœur capable d’aimer. Plus nous aimons, plus nous portons des fruits en abondance dans notre vie et autour de nous, et si nous gardons cet amour en l’enfouissant en nous, sans le donner aux autres, cet amour dépérit et ne porte pas de fruit. Chacun de nous a reçu cela de Dieu et personne ne pourra aimer à ma place ni a votre place, et c’est par cet élément que Jésus nous juge véritablement. L’amour est le capital que nous sommes appelés à faire fructifier chaque jour.

Dans cette parabole, celui qui n’avait reçu qu’un seul talent, essaye de justifier sa négligence, sa paresse en faisant tomber la faute sur son patron : « Seigneur, je savais que tu es un homme dur : tu moissonnes là où tu n’as pas semé, tu ramasses là où tu n’as pas répandu le grain. J’ai eu peur, et je suis allé cacher ton talent dans la terre. Le voici. Tu as ce qui t’appartient ». On perçoit ici la grande remise en cause du patron par le serviteur. Dès le départ, ce serviteur a jugé son patron comme étant un homme dur, comme quelqu’un qui ne cherche que de profiter du travail des autres… Ce serviteur est convaincu au fond de lui que son maître ne veut pas son bien. En plus, ce serviteur est caractérisé par la jalousie : il passe son temps à regarder ce que les autres ont reçu au lieu de rendre grâce pour ce qu’il a personnellement reçu. Du coup, il est sans amour, contre le maître et jaloux envers les autres. Très souvent, notre jalousie est la conséquence de notre incapacité à regarder tout ce que Dieu nous a donné : nous devenons aigris parce que nous regardons trop les autres, les prenant pour plus chanceux que nous-même au lieu de rendre grâce pour ce que nous avons. Cela pourrit nos relations avec les autres et avec Dieu.

Il n’est donc pas étonnant que ce serveur soit tétanisé par la peur et le réflexe qui toujours accompagne la peur, c’est-à-dire, le repli sur soi, l’enfermement sur soi, se protéger, se cacher comme nous le voyons dès le départ. On voit bien la peur d’Adam et Eve qui se cachent du Seigneur dès le début de la Genèse après leur péché, après s’être coupé de l’amour du Créateur. Ils ont peur et sont tétanisés, ils se cachent. On le voit aussi dans la dernière phrase prononcée par le Serviteur mauvais : « Le voici. Tu as ce qui t’appartient ». Nous savons tous qu’en amour, la peur n’a pas de place. On ne peut véritablement aimer quand on a peur. L’amour véritable suppose la confiance, la liberté. Dieu veut que chacun de ses enfants puisse l’aimer en toute liberté et en toute confiance.

Le serviteur mauvais établit une différence entre ce qui lui appartient en propre et ce qui appartient à son patron. Il instaure une différence et une séparation. C’est le refus de la relation, de la coopération, de la communion. Un tel comportement nous invite à réfléchir profondément sur l’image que nous nous faisons de Dieu, comment nous le percevons, quel type de relation nous établissons avec lui. Il y a une grande différence entre avoir peur de Dieu, cette peur dont parle le serviteur mauvais, et la crainte de Dieu évoqué dans la première lecture dans le livre de Proverbe : « Le charme est trompeur et la beauté s’évanouit ; seule, la femme qui craint le Seigneur mérite la louange », et le psaume 127 : « Heureux qui craint le Seigneur et marche selon ses voies….Voilà comment sera béni l’homme qui craint le Seigneur ».

La peur de Dieu nous paralyse, renferme sur soi, nous rend sec à son égard. La peur nous rend mesquin et infécond alors que la crainte de Dieu nous rend heureux ! « Heureux qui craint le Seigneur », nous dit le psaume. La crainte de Dieu nous rend fécond. La crainte du Seigneur nous rend opérateurs, collaborateurs, inventifs, forts et courageux, comme cette femme de la première lecture que nous voyions travailler, tendre la main au pauvre et susciter la louange de toute la ville. La crainte de Dieu provoque en nous respect, louange et émerveillement.

Il y a un parallèle entre la crainte de Dieu et la bénédiction qui en résulte. Le psaume nous dit en effet : « voici comme est béni l’homme qui craint le Seigneur ! » Celui qui craint le Seigneur est béni par lui. Il est rendu fécond, est aimé de Dieu et récompensé par lui. Celui qui sait qu’il est béni par le Seigneur le bénit à son tour, il dit du bien de Dieu et fait du bien pour Lui. Il l’adore, vit de sa vie dans un flux de gratitude qui lui donne des ailes d’aigles, se sent porté, soutenu comme quand nous avons conscience d’être aimé. Quand on se sait aimé, on ne marche plus, on est sur un petit nuage et on vole, on se sent léger. Alors, la crainte du Seigneur est une sorte de gratitude. Je reconnais que j’ai tout reçu de Dieu, que tout ce que j’ai et tout ce que je suis, je l’ai reçu gratuitement de Dieu et je lui rends grâce par toute ma vie. La crainte du Seigneur provoque en nous joie, gratitude et louange. Se savoir aimé de cette manière, se savoir comblé, voir quel prix infini j’ai aux yeux de Dieu. Tout cela donne sens et légèreté à ma vie, me donne une direction, un dynamisme toujours nouveau.

Les deux autres serviteurs ont compris que leur patron était en réalité un père et que les talents qui leur étaient confiés n’étaient pas un investissement dont le patron attendait quelque chose, mais était « peu de chose ». Le patron dit en effet : « Son maître lui déclara : ‘Très bien, serviteur bon et fidèle, tu as été fidèle pour peu de choses, je t’en confierai beaucoup ; entre dans la joie de ton seigneur ». Mais ce peu est très important, parce que ces talents étaient seulement l’occasion que le père leur avait accordée pour manifester un petit signe de leur fidélité, de leur amour, de leur gratitude.

Le Seigneur ne nous demande pas de faire de grandes choses. Il est heureux de petits signes d’amour que nous pouvons lui envoyer au quotidien, comme le dit un psaume : « Seigneur, je ne poursuis pas grands destins ni merveille qui me dépassent, mais je garde mon âme égale et silencieuse, mon âme est en moi comme un enfant, un petit enfant contre sa mère » (131). Demandons cette grâce de la confiance ! Montrons à Dieu que nous faisons chacun un peu, un tout petit peu pour lui montrer notre joie, notre amour et notre gratitude. Un enfant est toujours fier de manifester son amour aux parents, par des petits gestes, comme cet enfant qui te fait simplement un petit dessin, par amour, pour te le donner quand tu rentres d’un voyage, pour te dire son amour. Donne-nous Seigneur la grâce de ta crainte et de la gratitude pour tout ce que tu nous donnes. Amen.

Homélie du Père Joseph du XXXIII° dimanche du Temps Ordinaire, année A (2023)2023-11-19T17:29:48+01:00

Homélie du Père Joseph du XXXII° dimanche du Temps Ordinaire, année A (2023)

Mes chers frères et sœurs !

La parabole de ce dimanche se situe dans la dernière partie du discours eschatologique de Jésus dans l’évangile selon saint Matthieu. C’est le chapitre 25 qui nous parle de la venue de Jésus et du jugement dernier. Cette parabole parle d’un mariage, comme cela se déroulait dans la Palestine au premier siècle ap. J-C. L’époux allait à la maison de l’épouse, la prenait avec lui et l’amenait définitivement dans sa propre maison. Les jeunes filles restaient à la maison de l’époux pour accueillir le couple avec des lampes allumées. Mais ce récit parle d’un mariage un peu étrange, avec des situations bizarres ! Pourquoi l’époux arrive en pleine nuit ? Ensuite, on ne parle pas de l’épouse (chez nous ce sont les épouses qui arrivent souvent en retard le jour du mariage… maquillage et habillement obligent !) qui n’est jamais mentionnée ! C’est peut-être encore le côté macho de culture sémitique ! A quoi sert d’aller acheter de l’huile en pleine nuit quand les commerces sont fermés ? Bref, il y a quelques détails qui ne cadrent pas.

Cette parabole ne parle pas d’un mariage quelconque. C’est le mariage, dont l’Epoux est le Christ lui-même et l’Epouse est l’humanité en chemin et tout particulièrement les baptisés qui marchent à la rencontre du Christ. C’est l’invitation du rite du baptême lors de la remise de la lumière : « c’est à vous, parents, parrain et marraine que cette lumière est confiée. Veillez à l’entretenir pour que le nouveau baptisé, illuminé par le Christ avance et grandisse en enfant de lumière. Ainsi, quand le Christ paraîtra, il pourra aller à sa rencontre dans son royaume, avec tous les saints du ciel. Amen ».

Revenons à ce fameux mariage avec 10 filles qui sont armées seulement d’un peu de lumière mais en pleine nuit. Ces filles sont réparties en deux groupes : « cinq étaient prévoyantes : les insouciantes avaient pris leur lampe sans emporter d’huile, tandis que les prévoyantes avaient pris, avec leurs lampes, des flacons d’huile » Cette répartition en deux groupes me fait penser aussi aux deux groupes d’une autre parabole : ceux qui construisent leur maison sur le roc et ceux qui la construisent sur du sable et qui doivent affronter les intempéries ! Jésus aurait pu nous faciliter les choses en parlant de 10 femmes, 5 vierges et 5 prostituées par exemple. Mais Jésus insiste sur le fait que toutes les 10 filles sont vierges ! Ce qui les différencie n’est pas la virginité mais bien la sagesse (prévoyance) et l’insouciance (folie, la stupidité, selon les versions).

Les insouciantes sont considérées comme telles parce qu’elles n’ont pas prévu la possibilité que l’époux puisse être en retard en emportant assez d’huile en réserve. Ce n’est pas la vigilance, la capacité à rester éveillé qui distingue les deux groupes mais la capacité à penser l’imprévu, à penser le futur. L’évangile souligne « Comme l’époux tardait, elles s’assoupirent toutes et s’endormirent. » La sagesse est la capacité à prévoir ce qui pourrait arriver, prévenir. C’est la sagesse de la Fourmi qui travaille tout l’été pendant que la Cigale chante, puis, quand arrive l’hiver, l’affaire se complique, dans la fable de Lafontaine. Le contraste dans la parabole est sur la réserve d’huile. Toutes ces filles sont endormies quand arrivent l’époux.

Qu’est-ce que cela veut dire concrètement ! Jésus sait que nous sommes tous faibles, comment notre quotidien peut être pénible et rude pour chacun de nous. Il sait combien notre bonne volonté, notre enthousiasme se confronte à la dure réalité de la vie quotidienne. Il se peut que notre foi s’assoupisse aussi, qu’il y ait des périodes de fatigue et de découragement spirituel, physique et moral dans notre vie. Jésus sait que nous ne pouvons pas toujours être au top, et il voit que nous ne sommes pas toujours au top ! Même le pape n’est pas toujours au top ! La semaine dernière, au cours d’une rencontre avec les rabbins d’Europe, le pape François a avoué être fatigué, il n’était pas au top et n’a pas pu finir la lecture de son discours. Tout ça est normal et Jésus le sait bien. Parfois la vie nous éprouve et nous sommes épuisés, lessivés comme ces filles qui s’endorment et s’assoupissent toutes, sans exception.

L’enseignement de cette parabole est le rappel d’une autre exigence de la vie chrétienne : quelle quantité d’amour avons-nous à mettre dans nos lampes au quotidien ? Combien d’amour avons-nous pour pouvoir rallumer la fatigue et éviter que le sommeil ne devienne chronique ? Ça me fait penser à ma petite sœur : je la vois, épuisée à la fin de la journée, des cernes sur le visage, mais quand elle arrive, il faut gérer les trois enfants (et même le mari parfois) et je me demande où elle tire cette énergie ! Mais cette énergie, cette huile s’appelle l’amour. C’est la petite voie de sainte Thérèse de Lisieux : l’amour rend grande chacune de nos actions. Je pense aussi à ma propre mère ! J’ai été élevé par une mère (seule, veuve, ayant perdu son mari très jeune) quand j’avais 12 ans ! C’est une veuve qui a élevé 7 enfants. Je l’ai vu très souvent fatiguée, épuisée, nous l’avons parfois tournée en bourrique mais elle n’a jamais baissé les bras ! Je me suis toujours demandé comment elle faisait pour rester debout…? La réponse : l’amour pour ses enfants boostait sa vie et lui redonnait la force d’une lionne alors que nous la croyions vraiment lessivée et épuisée de tout !

Alors, toi aussi, mon frère, ma sœur ! Si tu n’as pas fait ta réserve d’huile, ta réserve d’amour, tu as beaucoup de mal à sortir de cette épreuve conjugale, familiale, personnelle, professionnelle qui t’écrase. Cette réserve d’amour consiste en un travail quotidien sur soi, sur notre propre cœur, notre propre temps et se joue dans le soin que nous mettons dans les petites choses du quotidien. Ces vierges qui n’ont pas prévu d’huile, saint Matthieu les appellent folles, stupides, indifférentes, sans intelligence ! Comment pensaient-elles allumer des lampes sans huile ? C’est évident qu’une lampe sans huile ne s’allume pas. Les vierges folles ou insouciantes, ce sont les personnes qui vivent à la journée, sans se soucier de l’avenir, de la vie éternelle. Vivre sans huile, c’est vivre au quotidien, sans regarder autour de soi ni penser à demain. C’est être sans amour et ne faire du bien à personne. Dans un autre passage d’évangile de saint Matthieu, Jésus nous dit : « De même, que votre lumière brille devant les hommes : alors, voyant ce que vous faites de bien, ils rendront gloire à votre Père qui est aux cieux. » Nos œuvres bonnes et pleines d’amour sont une lumière ! L’amour concret donné pendant notre vie terrestre est une réserve d’huile quand viendra l’obscurité de la mort.

Personne ne peut aimer à notre place. Réveillées du sommeil à l’annonce de l’arrivée de l’époux, les 10 vierges préparent leurs lampes. Les insouciantes se rendent compte qu’elles n’ont pas assez d’huile, en demandent aux sages qui refusent sèchement : cela n’est pas possible ni raisonnable. Ce refus est un appel à la responsabilité. Personne ne peut aimer à ma place. L’expérience de l’amour est personnelle et nous met seul responsable devant Dieu et devant les autres. Ne soyons pas inquiets de nous endormir mais soyons inquiets du peu d’amour que nous avons dans notre cœur ! Sages et insouciants, nous vivons tous des épreuves et nous pouvons nous endormir ! Cependant, chacun de nous naît avec un cœur capable d’aimer et personne ne pourra aimer à notre place. Personne d’autre n’aimera mes paroissiens à ma place, n’aimera ton enfant à ta place ! Ton amour est unique, libre et irremplaçable.

Nous cheminons vers la fin de l’année liturgique qui nous appelle à penser à la parousie, la venue de Jésus dans la gloire « quand il viendra juger les vivants et les morts ». Le chapitre 25 de saint Matthieu nous rappelle, à travers différentes paraboles, que le Seigneur jugera chacun sur l’amour : symbolisé dans l’huile pour allumer la lampe dans la parabole des 10 vierges, l’amour que Dieu nous a donné à faire fructifier dans la parabole des talents et l’amour concret envers nos frères et sœurs qui ont faim ou soif, qui sont nus ou malades dans la parabole du Jugement dernier.

Mais, la bonne nouvelle de ce dimanche, c’est que Dieu nous a tous donné un cœur capable d’aimer, et nous sommes tous libres, d’aimer ou de ne pas aimer, nous sommes responsables de nos actions ici et maintenant. La vie éternelle en dépend. Ouvrons nos cœurs au Seigneur pour qu’il les remplisse de son Amour afin de nous rendre capable de l’aimer et d’aimer nos frères et sœurs. Amen.

Homélie du Père Joseph du XXXII° dimanche du Temps Ordinaire, année A (2023)2023-11-11T19:54:28+01:00

Homélie du Père Joseph du XXXI° dimanche du Temps Ordinaire, année A (2023)

Mes chers frères et sœurs !

Il y a quelques années, j’étais dans un groupe de partage de la Parole de Dieu. Chaque jeudi, nous nous retrouvions pour partager sur l’évangile du dimanche suivant. Et ce jeudi-là, nous devions partager sur l’évangile de ce dimanche. Lors de nos partages, nous cherchions le sens spirituel de chaque évangile, ce que la parole de Dieu disait et comment elle nous touchait personnellement. Quelqu’un dans le groupe avait proposé, exceptionnellement, de choisir un autre évangile, parce que lui ne voyait pas en quoi cet évangile pouvait le concerner personnellement. Pour lui, cet évangile parlait des autres, surtout pas de lui.

Nous pensons parfois aussi qu’il y a des évangiles qui ne nous concernent pas, ceux qui parlent des autres, les gens que nous pouvons regarder avec suffisance, du haut de notre grande humilité ou de la splendeur de notre spiritualité. Nous sommes tentés de faire un tri dans la Parole de Dieu, de ne prendre que ce qui nous convient et laisser de côté ce qui nous bouscule et nous dérange. Et pourtant, saint Matthieu est précis et direct. Jésus ne s’adresse pas aux incroyants, aux mauvais ni aux païens mais à vous et à moi ses disciples. Alors, si tu es de mauvaise humeur et ne veux pas être dérangé, cet évangile ne te concerne pas. Mais si tu veux te convertir, te remettre en cause, alors, laisse cet évangile bousculer et brûler tes certitudes.

Je fais aussi partie de ceux qui disent mais ne font pas, comme nous dit l’évangile! Ceux qui aiment parler pour être applaudi. C’est peut-être votre cas aussi ! Est-ce que tu vis ce que tu dis ? Est-ce que tu pratiques les grands principes que tu déclames sans arrêt ? Dans le rite de l’ordination diaconale, une monition de l’évêque appelle le nouveau diacre à la cohérence dans son ministère. Il lui dit en effet : « Recevez l’évangile du Christ, que vous avez la mission d’annoncer. Soyez attentif à croire à la Parole que vous lirez, à enseigner ce que vous avez cru, à vivre ce que vous aurez enseigné. » Vivre ce que nous enseignons. Nous savons tous combien nous avons du mal à vivre toujours ce que nous enseignons.

Très souvent, entre la théorie et la vie concrète, il y a un océan. Le pape Paul VI s’adressant aux laïcs en 1974 leur disait : « Les hommes d’aujourd’hui ont plus besoin de témoins que de maîtres. Et lorsqu’ils suivent des maîtres, c’est parce que leurs maîtres sont devenus des témoins ». Donc, aux ministres ordonnés comme aux fidèles laïcs, Jésus nous appelle à la cohérence. Parmi les choses que Jésus ne supporte pas, il y a l’hypocrisie ! Dans les évangiles, Jésus accueille les pécheurs qu’il appelle à la conversion, il mange chez les publicains, les prostituées…que tout le monde pouvait pointer du doigt comme étant des pécheurs de notoriété publique…. mais il ne supportait pas l’hypocrisie des scribes et pharisiens, ceux qui se présentaient devant lui en soignant leur fausse apparence de sainteté extérieure, seulement pour être vus et admirés. Des scribes et pharisiens, il y en a aujourd’hui.

Nos incohérences font trop de mal à l’évangile, à l’Eglise. Combien de gens nous éloignons de Dieu à cause de notre apparence très sûre, nos jugements sévères, nos regards durs. Nos voisins, nos collègues, nos cousins, frères et sœurs savent que nous sommes cathos, nous sommes reconnus comme tels, mais nous faisons une très mauvaise publicité à Dieu parce que nous sommes insupportables et sans pitié envers les autres. Nous respectons en apparence les préceptes, les lois, la doctrine de Dieu et de l’Eglise, parfois nous sommes plus catholiques que le pape dans nos paroles et rappel à l’ordre… et nous oublions que nous sommes devenus ennemis de Dieu par cette rude et difficile vie que nous rendons aux autres, au travail, dans le quartier parce que nous sommes sans amour avec nos voisins, nos frères et sœurs. Je ne veux blesser personne parce que je ne pense à personne concrètement sauf à moi ! Nous portons des croix tellement visibles, nous allons à la messe, faisons des neuvaines…et pourtant nous vivons en ennemis de la croix du Christ qui, par amour pour nous, a porté la croix et y a donné sa vie pour nous.

Être prêtre, diacre, prêcher la parole de Dieu, aller à la messe, porter le clergyman ou la soutane, la croix, faire des neuvaines, réciter le chapelet, chanter pour le Seigneur… tout cela est beau et bon et je vous le recommande fortement. Mais si nous le faisons, Jésus nous appelle aujourd’hui la cohérence et abandonner toute hypocrisie. Le pape François dit souvent qu’il préfère certains athées à certains chrétiens qui se comportent en ennemis de Dieu dans leurs paroles et comportements.

La tentation de l’orgueil et de l’hypocrisie est toujours là, devant moi, devant toi ! Elle nous rend un peu narcissiques pour admirer les dons et talents reçus de Dieu comme si cela ne dépendait que de nous. Saint Paul nous rappelle que même le bien que nous faisons, c’est la grâce de Dieu qui nous le permet et que nous ne devons pas en tirer orgueil. Alors, rendons grâce à Dieu pour tel don spirituel, tel talent : il nous permet d’aimer la prière, d’aller à la messe, d’avoir telle dévotion pour les saints, pour la sainte Vierge, de faire des retraites ou des pèlerinages, de nous nourrir de la Parole de Dieu au quotidien. Cela fait que nos frères et sœurs, nos enfants, nos parents nous regardent avec admiration et enthousiasme !

Mais c’est là aussi que le Malin s’incruste de manière sournoise pour nourrir notre orgueil, notre narcissisme en faisant naître l’hypocrisie et ce culte de soi que Jésus dénonce dans l’évangile. Ce qui nous fait vivre et agir désormais dans le seul but de soigner notre petite image lisse, pour apparaître saint ou sainte extérieurement alors que notre cœur est sans amour pour nos frères et loin de Dieu. Jésus nous rappelle que ceux qui font le bien seulement par pure hypocrisie ont déjà leur récompense ici-bas :

« Ce que vous faites pour devenir des justes, évitez de l’accomplir devant les hommes pour vous faire remarquer. Sinon, il n’y a pas de récompense pour vous auprès de votre Père qui est aux cieux. Amen, je vous le déclare : ceux-là ont reçu leur récompense… Et quand vous priez, ne soyez pas comme les hypocrites : ils aiment à se tenir debout dans les synagogues et aux carrefours pour bien se montrer aux hommes quand ils prient. Amen, je vous le déclare : ceux-là ont reçu leur récompense…» Ce sont là les mises en garde de chaque début de carême, et qui rejoignent l’évangile de ce dimanche.

Demandons-nous si le moteur de notre comportement n’est pas ce désir d’être admiré, que nous confondons avec notre désir d’être aimé. Le père Michel Dagras, quelques jours avant sa mort, m’avait dit : « Joseph tu sais, Dieu est vraiment notre ami parce qu’il nous connaît très bien et nous aime quand même !» Dieu ne nous admire pas mais nous aime, contrairement à ceux qui nous admirent à cause de notre hypocrisie, parlent bien de nous en notre présence mais au fond, ne nous supportent plus. Dieu nous aime, nous connaît tels que nous sommes, avec nos qualités, nos défauts et nos travers que nous sommes capables de cacher à tous, mais pas à lui. Nous sommes aimés de Dieu d’un amour qui ne juge pas et qui nous laisse le temps de nous convertir.

Demandons-nous honnêtement si notre comportement n’a pas comme moteur le désir d’être admiré, reconnu. Posons un regard de vérité sur notre propre vie pour nous convertir car la finalité de cet évangile est de nous rendre meilleur. Alors, s’il nous arrive d’attacher, d’imposer de pesants fardeaux aux autres, si nous chargeons les épaules des autres alors que nous ne voulons pas les remuer du doigt, par nos exigences, nos manipulations, nos chantages…cet évangile est un cadeau pour nous. Si tu m’aimes, tu dois faire ceci ! Je suis ton père, ta mère, donc du dois faire ceci. Si tu veux vraiment collaborer, tu devrais faire ceci…. Je suis bénévole et je prends de mon temps pour servir la communauté… donc je dois faire les choses comme je l’entends sinon je laisse tomber.

Ce sont-là des manières subtiles de manipuler, de contrôler les autres, de rester maître ! Tu veux faire les choses seulement quand tu es au premier plan, tu ne peux pas agir si tu n’es pas en première responsabilité, tu t’engages avec les autres seulement pour être vu…! Il est temps de quitter cette hypocrisie que Jésus dénonce pour chacun de nous, pour moi dans ma mission de curé, pour chacun de nous, dans nos missions ecclésiales, dans nos relations professionnelles, amicales, familiales. Demandons au Christ de nous donner sa lumière, nous guérir de toute hypocrisie pour être réellement ses témoins. Amen.

Homélie du Père Joseph du XXXI° dimanche du Temps Ordinaire, année A (2023)2023-11-05T14:36:30+01:00

Homélie du Père Joseph pour la commémoration des fidèles défunts, année A (2023)

Mes chers frères et sœurs !

Hier, en la fête de la Toussaint, nous avons contemplé « la Cité sainte, la Jérusalem Céleste avec cette foule innombrable de bienheureux ». Au lendemain de cette célébration solennelle et joyeuse, nous avons le cœur encore tourné vers le ciel, entourés de tous les saints qui prient pour nous et nous soutiennent, nous qui sommes encore en marche sur terre. Mais nos cœurs sont remplis de douleur parce que nous commémorons tous les fidèles défunts qui nous ont précédé auprès du Seigneur. Leur présence nous manque, et leur absence est vécue avec douleur. Cependant, notre célébration est la manifestation de la foi et de l’Espérance chrétienne, un signe de gratitude pour ce que le Seigneur nous a donné à travers ce que nous avons partagé avec nos proches défunts.

Prier pour les morts est une nécessité pour nous, les vivants. Cela nous permet de maintenir et entretenir le lien, dans la foi, avec nos défunts, en regardant la réalité de la mort à travers la lumière de la foi. Saint Paul nous exhorte « à ne pas être tristes, à ne pas rester abattus comme ceux qui n’ont pas d’espérance ». Il nous rassure et nous console en soulignant que « si en effet, nous croyons que le Christ est mort et ressuscité, de même nous devons croire que Dieu, par Jésus mort et ressuscité, réunira ceux qui sont morts » (1Thes 4, 13-14). Nous sommes donc dans cette dialectique : la douleur de la séparation par la mort mais la joie de la promesse de l’immortalité, de la résurrection qui soutient notre espérance.

Plus que jamais, il est urgent et nécessaire aujourd’hui d’évangéliser la réalité de la mort et de la vie éternelle. Ces deux réalités sont sujettes à beaucoup de croyances superstitieuses et au syncrétisme qui masquent et dénaturent la vérité de notre foi. Nous n’avons qu’à voir le nombre croissant de ceux qui confondent résurrection et réincarnation. Trop de confusion autour de la mort et de la vie après la mort, l’au-delà. La déchristianisation de nos sociétés et les nouvelles croyances du New-Age ne font qu’amplifier cette confusion.

Il nous faut redécouvrir l’Espérance chrétienne pour en témoigner auprès des hommes et femmes de notre temps parce que la foi chrétienne doit transformer concrètement notre vie au quotidien. Dieu veut que nous vivions en hommes et femmes d’espérance et en témoigner au milieu des aléas de la vie quotidienne. En regardant nos sociétés, je me demande si les hommes et les femmes de notre temps ont encore un minimum de désir pour la vie éternelle ! Pour beaucoup de nos contemporains, l’existence terrestre est devenue la seule et l’unique perspective, une vraie impasse. Pire encore, nous voyons que notre existence est parfois caractérisée par des épreuves, des douleurs, une insatisfaction permanente qui rend parfois la vie insupportable. Dans ce contexte, l’absence de foi en la résurrection et de l’espérance en la vie éternelle conduit beaucoup de nos contemporains à concevoir la vie comme une fatalité.

Nous sommes tous conscients de ce vide, de cette soif qu’il y a en chacun de nous et qui nous fait aspirer à un bonheur infini que la vie terrestre, sous toutes ses dimensions, n’arrive et n’arrivera jamais à nous donner ! La peur, l’angoisse, l’incertitude que nous éprouvons devant la mort est signe que Dieu nous a fait pour la Vie. Nous désirons vivre pleinement, nous aspirons à la vie heureuse, la béatitude comme dit saint Augustin, à la félicité éternelle. Nous ne savons pas encore ce que c’est ni comment c’est, mais nous nous sentons attirés par cette félicité infinie. Saint Augustin dit « tu nous as fait pour toi Seigneur, et notre cœur est sans repos, tant qu’il ne demeure en toi ! »

Il s’agit là d’une espérance universelle, enracinée dans le cœur de tout humain, de tous temps et de tout lieu. Il ne s’agit cependant pas d’une succession sans fin, le passage infini d’un état à un autre, bref, il ne s’agit pas de réincarnation. La vie éternelle est quelque chose de définitif : la plongée définitive dans l’Amour infini de Dieu, en Jésus qui nous a dit, avant de mourir : « je pars vous préparer une place, et là où je suis, vous serez vous aussi ! ». Il s’agit d’une plénitude de vie et de joie auprès de Jésus ! C’est cela que nous espérons et attendons du Christ, car il nous l’a lui-même promis. Nous l’attendons nous qui sommes encore pèlerins en ce monde, et nous le désirons, le prions pour nos frères et sœurs qui ont fini leur pèlerinage en ce monde, et dont le souvenir nous plonge toujours dans la tristesse. Pour certains parmi nous, la tristesse est très récente et pour d’autre, les années n’ont pas réussi à alléger nos cœurs de cette douleur toujours aussi présente.

Nous sommes cependant tous appelés à renouveler ce soir notre espérance dans la vie éternelle fondée dans la mort et la résurrection du Christ. Redisons au Christ mort et ressuscité notre joie, notre action de grâce d’avoir été touchés concrètement par son Amour à travers la vie concrète et l’amour dont nous avons été bénéficiaires de la part de nos frères et sœurs défunts avec qui nous avons partagé un bout de la vie. Malgré leurs fragilités, chacun d’eux nous a donné de goûter un peu à une dimension de l’Amour de Dieu. N’oublions jamais de recommander nos défunts au Seigneur de la Vie. Prier pour les défunts, les recommander au Christ, Maître de la Vie, Vainqueur de la mort par sa résurrection, est signe de gratitude, une marque d’amour pour tout ce qu’ils nous ont donnés. Prier pour les défunts est un devoir pour les chrétiens, un acte de miséricorde, la manifestation de l’amour qui est plus fort que la mort.

Seigneur Jésus, dans la douleur de notre deuil, mais pleins d’espérance en toi, nous venons te recommander nos frères et sœurs défunts, dans l’espérance de les retrouver un jour, auprès de Toi, en ce lieu où il n’y a plus du deuil, ni douleur, mais la joie et la paix. Qu’ils reposent en paix. Amen

Homélie du Père Joseph pour la commémoration des fidèles défunts, année A (2023)2023-11-02T20:29:55+01:00

Homélie du Père Joseph de la Toussaint, année A (2023)

Mes chers frères et sœurs !

Chaque civilisation, société a ses hommes illustres, ses héros. Pour certains, il s’agit de personnes qui ont donné naissance à un peuple. Pour d’autres, il s’agit de ceux qui ont écrits leurs noms dans les pages de l’histoire d’un peuple, lui donnant une terre, une organisation civile, une liberté lors d’une situation d’oppression, une splendeur, un prestige devant les peuples voisins. Leurs noms, visages ou gestes restent inscrits dans la mémoire collective. Certains ont traversé l’histoire pour devenir un patrimoine presque pour toute l’humanité.

Hier matin, par un pur hasard sur Facebook, j’ai entendu dans un discours que même Mélenchon s’appropriait un Patrice Lumumba, une grande figure de l’histoire du Congo. En allant à Pibrac, nous découvrons construit le nouveau lycée Nelson Mandela. Nos rues et nos places portent des noms fameux : Gaston Doumergue, Vincent Auriol, Jaurès, Charles De Gaulle, Mitterrand, Martin Luther King, Garibaldi, Napoléon, Clovis, Claude Nougaro… Nous leur avons construit un monument. Nous les commémorons ces gens illustres chaque année, à des dates fixes qui correspondent à leur naissance ou leur mort. Mais le caractère unanime de leur place dans l’histoire peut être mise en cause au cours de l’histoire, surtout lorsque nous jugeons les personnages historiques avec nos critères et paramètres actuels. Pour cela, il suffit de se rapprocher des idées du wokisme ou de la cancel culture pour se rendre compte de la tentation très actuelle de réécrire l’histoire. Pourtant, il nous faut nous approprier notre histoire et l’accueillir, avec ses hommes et femmes qui ont fait la France, l’Europe, l’Afrique, le Congo, même si nous ne pouvons pas tout prendre de la vie de ces héros de l’histoire humaine, car ce qui jadis était une valeur peut nous paraître une antivaleur aujourd’hui.

Aujourd’hui, c’est un peuple tout particulier, le « peuple des enfants de Dieu, l’Eglise », qui fait aussi mémoire des ses hommes et femmes illustres, de ses héros. Nous le faisons de manière tout à fait particulière parce que nous les célébrons tous ensemble. Parmi eux, il y en a qui ont des monuments, des images, des statues dans nos églises, nos places, nos maisons…. Il y a des saints qui sont presque des stars, connus de tous et pour lesquels nous avons une dévotion presque démesurée. Sainte Rita, saint Antoine de Padoue, saint Joseph, la très Sainte Vierge Marie, Saint Augustin, sainte Bernadette, sainte Germaine, saint Saturnin… Ces saint nous sont très proches, spirituellement ou localement. Nous tenons à leur fête chaque année, et c’est beau. Mais à la fête de la Toussaint, l’Eglise célèbre aussi tous les saints dont nous ne savons presque rien. Ils sont inconnus de tous, mais connus de Dieu et leurs noms sont inscrits dans le cœur de Dieu. La fête de tous les saints (La Toussaint) nous rappelle que la multitude des héros et héroïnes de Dieu n’ont rien fait d’éclatant, rien qui soit digne d’être gravé dans la mémoire collective, rien qui vaille la peine que leurs noms soient inscrits dans un livre d’histoire ou de spiritualité populaire, ou sur un calendrier liturgique.

D’ailleurs, la grande majorité de ces saints n’apprécieraient pas que nous leur fassions de la publicité parce qu’ils ont été fondamentalement humbles, discrets, silencieux, cachés. Ils sont de toutes les races de la terre, toutes les cultures, toutes les classes sociales et sont de toutes les époques. L’auteur du livre de l’Apocalypse l’avait déjà compris en multipliant le nombre des 12 tribus du peuple d’Israël par le nombre des 12 apôtres, et en le multipliant ensuite par 1000 le nombre biblique signifiant l’éternité pour arriver à 144 000 comme nombre de ceux qui ont servi Dieu, non à travers les gestes épiques de tous les héros, mais à travers les épreuves, le martyre, la dureté de la vie de chaque jour…

Alors, aujourd’hui, dans cette foule immense, nous célébrons tous ceux qui n’ont rien fait d’héroïque ni d’exaltant dans la vie, ceux qui n’ont rien accompli d’extraordinaire mais que nous vénérons parce qu’ils ont été et sont des saints aux yeux de Dieu. Célébrer la Toussaint, c’est se rappeler que le désir de Dieu est que chacun de ses enfants devienne un saint, une sainte. C’est l’appel du baptême ! Qui que nous soyons, Dieu veut faire de nous des saints, des saintes si nous le laissons nous aimer et si nous désirons aimer comme lui. Pour cela, il nous faut vivre notre propre vocation baptismale, à travers notre vocation particulière qui n’en est que la réalisation. C’est dans le baptême que nous recevons l’appel de Dieu à devenir des saints, en vivant concrètement de l’Amour qui vient de Lui.

C’est pour cette raison que j’aimerais terminer cette homélie par les paroles du pape François dans son Exhortation apostolique Gaudete et Exultate ( Soyez dans la joie et l’allégresse), nous rappelant que nous sommes tous appelés à la sainteté.

« Pour être saint, il n’est pas nécessaire d’être évêque, prêtre, religieuse ou religieux. Bien des fois, nous sommes tentés de penser que la sainteté n’est réservée qu’à ceux qui ont la possibilité de prendre de la distance par rapport aux occupations ordinaires, afin de consacrer beaucoup de temps à la prière. Il n’en est pas ainsi. Nous sommes tous appelés à être des saints en vivant avec amour et en offrant un témoignage personnel dans nos occupations quotidiennes, là où chacun se trouve. Es-tu une consacrée ou un consacré ? Sois saint en vivant avec joie ton engagement. Es-tu marié ? Sois saint en aimant et en prenant soin de ton époux ou de ton épouse, comme le Christ l’a fait avec l’Église. Es-tu un travailleur ? Sois saint en accomplissant honnêtement et avec compétence ton travail au service de tes frères. Es-tu père, mère, grand-père ou grand-mère ? Sois saint en enseignant avec patience aux enfants à suivre Jésus. As-tu de l’autorité ? Sois saint en luttant pour le bien commun et en renonçant à tes intérêts personnels.

Laisse la grâce de ton baptême porter du fruit dans un cheminement de sainteté. Permets que tout soit ouvert à Dieu et pour cela choisis-le, choisis Dieu sans relâche. Ne te décourage pas, parce que tu as la force de l’Esprit Saint pour que ce soit possible ; et la sainteté, au fond, c’est le fruit de l’Esprit Saint dans ta vie (cf. Ga 5, 22-23). Quand tu sens la tentation de t’enliser dans ta fragilité, lève les yeux vers le Crucifié et dis-lui : ‘‘Seigneur, je suis un pauvre, mais tu peux réaliser le miracle de me rendre meilleur’’. Dans l’Église, sainte et composée de pécheurs, tu trouveras tout ce dont tu as besoin pour progresser vers la sainteté. Le Seigneur l’a remplie de dons par sa Parole, par les sacrements, les sanctuaires, la vie des communautés, le témoignage de ses saints, et par une beauté multiforme qui provient de l’amour du Seigneur, « comme la fiancée qui se pare de ses bijoux » (Is 61, 10).

Cette sainteté à laquelle le Seigneur t’appelle grandira par de petits gestes. Par exemple : une dame va au marché pour faire des achats, elle rencontre une voisine et commence à parler, et les critiques arrivent. Mais cette femme se dit en elle-même : « Non, je ne dirai du mal de personne ». Voilà un pas dans la sainteté ! Ensuite, à la maison, son enfant a besoin de parler de ses rêves, et, bien qu’elle soit fatiguée, elle s’assoit à côté de lui et l’écoute avec patience et affection. Voilà une autre offrande qui sanctifie ! Ensuite, elle connaît un moment d’angoisse, mais elle se souvient de l’amour de la Vierge Marie, prend le chapelet et prie avec foi. Voilà une autre voie de sainteté ! Elle sort après dans la rue, rencontre un pauvre et s’arrête pour échanger avec lui avec affection. Voilà un autre pas ! »

Les saints que nous célébrons sont le signe du projet que Dieu veut réaliser pour l’humanité à travers son Eglise : dans leur variété, les saints redisent que la sainteté n’est pas une utopie, mais bien une possibilité pour chaque humain, en tout temps et en tout lieu. Toute l’humanité est appelée à connaitre Jésus qui donne à chacun la grâce de partager sa vie en plénitude, et c’est cela qui est la sainteté, le Vrai Bonheur. Puisse chacun de nous nourrir le désir de sainteté pour lui-même et pour les autres. Amen.

Homélie du Père Joseph de la Toussaint, année A (2023)2023-11-02T20:19:33+01:00

Homélie du Père Joseph du XXX° dimanche du Temps Ordinaire, année A (2023)

Mes chers frères et sœurs !

Dimanche dernier, nous avons parlé des impôts au Trésor Public, de laïcité véritable prônée par Jésus qui invitait à « rendre à César ce qui est à César, et à Dieu ce qui est à Dieu ». Aujourd’hui, Jésus rappelle le primat de l’amour sur la Loi : l’amour envers Dieu et envers le prochain qui doit être au cœur de notre vie personnelle, familiale et ecclésiale.

L’amour de Dieu et du prochain est un binôme qu’on ne peut séparer. L’amour de Dieu n’est pas seulement le paradigme ou le modèle de l’amour du prochain. Il en est aussi la raison, l’origine, la source et le fondement. Le chrétien devrait aimer son prochain, quel qu’il soit, parce qu’il aime Jésus-Christ. Je ne peux aimer le prochain que parce que je me sais déjà aimé par le Christ, car pour aimer les autres, il faut se savoir aimé d’abord. Celui qui se croit mal-aimé aimera difficilement les autres. Vous verrez comment les gens qui sont frustrés en amour, sans ami, mal aimés en famille… et qui ont du mal à être aimant et aimables avec les autres, au travail comme en communauté. Vous verrez ces gens très durs avec les autres en se disant « qu’on me déteste pourvue qu’on me craigne »… parce qu’ils pensent qu’on ne les aime pas ! Même les psys le disent. Convaincu d’être aimé de Dieu de manière inconditionnelle, je peux alors me tourner vers les autres et les aimer moi aussi, car l’amour du Christ déborde en moi pour jaillir sur les autres.

C’est le syllogisme logique de l’amour chrétien. C’est cela que nous rappelle saint Jean « Bien-aimés, aimons-nous les uns les autres, puisque l’amour vient de Dieu. Celui qui aime est né de Dieu et connaît Dieu. Celui qui n’aime pas n’a pas connu Dieu, car Dieu est amour. Voici comment l’amour de Dieu s’est manifesté parmi nous : Dieu a envoyé son Fils unique dans le monde pour que nous vivions par lui.  Voici en quoi consiste l’amour : ce n’est pas nous qui avons aimé Dieu, mais c’est lui qui nous a aimés, et il a envoyé son Fils en sacrifice de pardon pour nos péchés. Bien-aimés, puisque Dieu nous a tellement aimés, nous devons, nous aussi, nous aimer les uns les autres » (1Jn, 4, 7-11)

Si l’amour du Christ n’était pas la source de notre amour, nous serions dans l’habituelle distinction-séparation entre les gens que nous pouvons ou devons aimer d’un côté, et de l’autre côté, ceux que nous ne sommes pas obligés d’aimer et qui ne méritent pas notre amour. Vous savez que nous avons humainement dix mille raisons objectives et subjectives de haïr et ne pas aimer certaines personnes.

Tu penses à ton frère, ta sœur, ta tante, ton oncle qui t’a arnaqué au partage de l’héritage des grands-parents ou des parents, profitant d’un moment de faiblesse pour faire signer un testament contestable. Tu as du mal à l’aimer, et tu as raison humainement. Nous sommes témoins de tels déchirements en accompagnant les familles en deuil. Un fourbe-rusé comme celui-là, il n’est pas possible humainement de l’aimer. Tu penses à ce (ou cette) collège qui t’a piqué le poste dans l’entreprise en fayotant ou en faisant les beaux yeux au manager ! Tu occupais ce poste depuis plus de 10 ans, tu n’as pas failli et as atteint tous les objectifs, mais ce poste lui a été donné parce qu’il ou elle est pistonné (e), protégé (e), parachuté (e) par quelqu’un, parce que fils ou fille de quelqu’un là-haut. Pense à ton curé, à ce prêtre de ta paroisse dont tu penses, à tort ou à raison, qu’il déconstruit de que tu as mis en place depuis des décennies et dont tu désapprouves la vision pastorale, ou l’autre dont la soutane te donne presque mal au ventre ou un ulcère à l’estomac ! Pense à ton voisin retraité qui tond la pelouse exactement au moment où ton bébé doit faire sa sieste…. Vous pouvez poursuivre cette litanie des gens que nous trouvons objectivement, subjectivement, humainement détestables.

Heureusement que le Christ nous a aimé le premier ! Sommes-nous de cet Amour qui nous vient d’abord de Dieu, plus grand que tout autre amour, et qui suscite et soutient nos relations amoureuses ? Saint Jean connaît cependant les pièges, les contradictions et l’hypocrisie de la rhétorique de l’amour humain, qui dit parfois l’amour et son contraire. Il nous met en garde : « Si quelqu’un dit : « j’aime Dieu », mais qu’il hait son frère, celui-là est un menteur. Celui qui n’aime pas son propre frère qu’il voit ne peut pas aimer Dieu qu’il ne voit pas. Et voici le commandement que nous tenons de lui : celui qui aime Dieu, qu’il aime aussi son frère » (1Jn4, 20-21). Et encore il nous dit, « mes enfants, aimez-vous, non pas avec des discours et des paroles, mais en actes et en vérité ».

Un amour pur envers Dieu est un concept abstrait, et pire encore, c’est une illusion s’il n’est pas concret. L’amour envers Dieu doit s’incarner comme Dieu lui-même s’est incarné en prenant notre humanité pour nous montrer combien il nous aime. Ainsi, il nous rappelle que notre amour doit être concret. En chacun de nous, il y a ce besoin profond d’amour, d’être aimé. On ne peut pas se passer de l’amour des autres. Sans amour, notre vie est vraiment triste. Celui qui veut se passer de l’amour des autres se condamne forcément à la tristesse. Nous avons été créés comme êtres de relations et c’est dans la relation que nous nous réalisons.

Cela vaut aussi pour les prêtres, religieux et religieuses ! J’ai été interpellé par le fait que quand vous regardez la vie de certains prêtres, religieux ou religieuses, vous avez parfois l’impression de voir des gens sans cœur, incapables d’éprouver un minimum d’affection, d’avoir de masses de pierre devant vous. Le pape François disait un jour à des religieuses lors d’une audience à Rome que celles-ci ne devaient pas donner l’impression d’être tristes comme des vieilles filles aigries, mais d’être heureuses comme des mères grâce à la maternité spirituelle de leur cœur. Cela vaut pour les consacrés, mais aussi pour les fidèles laïcs : nous voyons parfois des gens, même dans nos églises, et nous nous demandons si leur cœur est de chair ou de marbre, s’ils sont capables de ressentir et d’exprimer un peu d’amour aux autres !

L’évangile de ce dimanche me fait penser au chap 25 de Matthieu dans lequel le Christ nous parle de sa venue dans la gloire pour le Jugement Dernier : Jésus dit aux uns et aux autres : « Ce que vous avez fait ou n’avez pas fait à l’un de ces petits qui sont mes frères, c’est à moi que vous l’avez fait ou à moi non plus que vous ne l’avez fait ». C’est concrètement que nous manifestons notre amour ou non-amour envers Dieu.

L’incarnation du Christ nous dit que Dieu a pris chair pour révéler son amour, un amour qui souffre, pleure, rit, qui a connu la fatigue, a supporté les déceptions, la fuite des disciples, la trahison de Judas, le reniement de Pierre, a souffert des calculs pervers de la politique et de la religion, l’ambiguïté des alliances, la violence physique et morale…. Mais cet Amour-Dieu s’est donné jusqu’au bout ! Notre amour pour Dieu doit prendre corps, s’incarner à travers les visages donnés et concrets dans l’entourage familial, ecclésial, professionnel… Notre amour est appelé aussi à se donner jusqu’au bout, même si les conditions humaines familiales, professionnelles, sociales, ecclésiales y sont parfois défavorables.

Je vous propose un effort spirituel pour la semaine : penser à la personne (une seule) que nous détestons le plus ou que nous n’aimons pas assez (nous en avons tous, même moi qui vous parle) et poser un geste d’amour envers cette personne : un appel, un mail, un texto, une invitation à déjeuner, une salutation, petit sourire au travail, un mot gentil, un compliment…! Cela nous coûtera certainement. Demandons cette grâce au Seigneur pour nous y aider ! Ce n’est seulement par ces petits ou grands efforts que nous apprenons à aimer en vérité et concrètement ! Amen.

Homélie du Père Joseph du XXX° dimanche du Temps Ordinaire, année A (2023)2023-10-28T22:38:43+02:00

Homélie du Père Joseph du XXIX° dimanche du Temps Ordinaire, année A (2023)

Mes chers frères et sœurs !

Dans la première lecture, le prophète Isaïe nous rappelle une donnée fondamentale de notre foi : il n’y a qu’un seul Dieu et Seigneur devant qui chaque humain doit révérence et obéissance totale en se soumettant à sa volonté « que ta volonté soit faite sur terre comme au ciel » disons-nous dans le Notre Père. Yahvé dit en effet : « Je suis le Seigneur, il n’en est pas d’autre : hors moi, pas de Dieu. Je t’ai rendu puissant, alors que tu ne me connaissais pas, pour que l’on sache, de l’orient à l’occident, qu’il n’y a rien en dehors de moi. Je suis le Seigneur, il n’en est pas d’autre. »

Ces paroles sont une invitation à observer la volonté de Dieu même quand celle-ci s’oppose à certaines opinions et lois sociales. C’est là que les choses se compliquent car elles posent la question du rapport entre la religion et la politique, débat qui existe depuis toujours, et dont on parle beaucoup surtout lorsque certaines lois s’opposent objectivement aux préceptes chrétiens. Je pense surtout aux lois autour de la vie humaine, de la conception à la mort. Pensons aux dernières lois bioéthiques, à la clause de conscience pour les médecins…. Il s’agit ici d’une question très difficile du rapport entre foi, conscience, religion et la loi civile ou politique. Il est évident que le chrétien doit être un bon citoyen, appelé à respecter la loi, mais nous savons aussi que parfois nous sommes confrontées à des lois qui ne sont pas moralement bonne. Ce n’est pas parce qu’une loi a été voté au parlement que celle-ci devient moralement acceptable. Il est inutile de vous donner des exemples, tellement ils sont nombreux.

L’évangile de ce dimanche nous rappelle que même Jésus a été mis face à ce même débat : « Est-il permis, oui ou non, de payer l’impôt à l’empereur ? » Pas facile de répondre à cette question pour Jésus : certains ont commencé à contester son autorité comme messie, nous sommes sous la domination romaine, avec l’empereur Tiber, qui exige de tous les citoyens de 14 à 65 ans de son empire de payer un impôt annuel qui était aussi une sorte de reconnaissance de la divinité de l’empereur. Cet impôt ne plaît pas à certains groupes nationalistes en Israël qui, au nom de l’Unique Dieu d’Israël à qui tous doivent obéissance et respect, faisaient de la résistance pour se libérer de la domination de l’empire Romain.

« Est-il permis oui ou non de payer l’impôt de César ? » Si Jésus répond par l’affirmatif, il aurait vu se déchaîner sur lui la colère de tout le peuple l’accusant de nier l’autorité exclusive du Dieu d’Israël. Si au contraire il avait répondu par le négatif, Jésus aurait été considéré comme un rebelle qui s’oppose à l’autorité de l’empereur. Jésus était bien piégé de part et d’autre Dans sa réponse : « Rendez donc à César ce qui est à César, et à Dieu ce qui est à Dieu. », Jésus expose le principe fondamental du rapport chrétien par rapport à l’autorité civile ou politique. La foi chrétienne ne dispense pas de l’obéissance aux autorités auxquelles elle reconnaît l’autonome légitimité dans leur domaine.

Notre prof de la Doctrine Sociale de l’Eglise rappelait que normalement, l’orsqu’un bon chrétien devait signer sa fiche d’impôt, il devait le faire avec le sourire car, il rendait service à son pays et à ses frères et sœurs. C’est la justice distributive qui fait que nous avons un bon système social en France. Je sais qu’il n’est pas parfait, mais il n’est pas mal… Vous n’avez qu’à aller dans les pays voisins ou ailleurs dans le monde pour vous en rendre compte. Nous ne nous en rendons compte que quand nous en sommes directement bénéficiaires, lorsque nous sommes malades par exemple. Je pense à cet ami, âgé de 40 ans, père de deux enfants, qui doit faire de la dialyse 5 jours par semaine et qui m’avoue être personnellement impressionné par tout le coût de ses soins pris intégralement en charge par la Sécu ! Sa sœur lui a donné son rein et il est presque sorti d’affaire…. Dieu merci !

Combien parmi nous, comme moi-même, ne nous rendons compte de ce à quoi servent nos impôts que quand nous sommes malades ou en difficulté ? De même, le Denier que vous donnez à l’Eglise ici sur l’ensemble paroissial est un geste de Solidarité (et un devoir) qui permet à toute l’Eglise de Toulouse de vivre, cela permet aux paroisses plus riches de porter et soutenir aussi l’action des paroisses plus pauvres car tout va dans la même caisse de solidarité. Il nous faut donc payer nos impôts et obéir aux lois de la République. Il nous faut aussi être solidaires en donnant généreusement au Denier de l’Eglise, surtout nous qui sommes pratiquants et chaque dimanche à la messe.

Parlons un peu de votre générosité au Denier de l’Eglise ! Si l’impôt au Trésor Public est un geste de solidarité, rappelons-nous aussi que le Denier est la principale ressource de l’Eglise catholique en France qui ne reçoit aucune subvention de l’Etat. Et quand vous donnez au Denier, qui est déductible des impôts, (65%) vous obligez l’Etat à soutenir la vie de l’Eglise. Mais, pour vous dire, je suis convaincu que même vous, qui êtes à la messe le dimanche, vous ne donnez pas au Denier. La preuve : à Tournefeuille nous avons seulement 340 donateurs, 140 à Lardenne, 101 à Saint Simon, 132 à Plaisance du Touch et 45 à La Salvetat. Au total, 600 donateurs sur un ensemble paroissial qui compte presque 85 000 habitants. Les 80% des donateurs sont âgés de plus de 65 ans. Où sont toutes ces jeunes familles qui ont des enfants au KT, au scoutisme, à l’aumônerie, baptêmes des petites enfants, les jeunes mariés, ces jeunes grands cadres dans les grosses boîtes qui ne sont pas payés au SMIC en plus… Il est temps que chacun de nous interroge sa propre générosité et son souci de faire vivre l’Eglise qui a besoin de vous, comme vous avez besoin d’elle. Notre famille ecclésiale ne vivra pas sans vous !

Jésus souligne dans cet évangile : « rendez à Dieu ce qui est à Dieu » et là, les choses sont plus compliquées car il ne s’agit pas d’un parallèle entre César et Dieu. Le changement est radical. La monnaie portait l’image et l’effigie de César, et donc lui appartenait. Nous, nous portons en nous l’image de Dieu car nous avons été faits à l’image et à la ressemblance de Dieu. En plus, grâce au baptême, nous sommes marqués par le saint Esprit qui fait de nous le temple du Seigneur. Saint Paul nous rappelle que nous appartenons au Seigneur. Dieu est celui en qui nous recevons l’être, la vie, l’agir, Celui qui nous donne d’exister et à qui nous devons tout. « Qu’as-tu que tu n’aies reçu du Seigneur ? Et si tu as tout reçu du Seigneur, pourquoi en tirer orgueil ? » Notre relation avec le pouvoir public est celui du donner et recevoir, donner et avoir. On se rappelle tous du donnant-donnant de Ségolène Royal il y a quelques années.…

Une relation donnant-donnant est simplement impossible avec Dieu. Au Seigneur nous devons tout donner parce que tout ce que nous avons et plus encore, tout ce que nous sommes, vient de lui et tout lui appartient. Avec lui, nous ne pouvons pas entrer dans une relation de marchandage servile. « Seigneur, je ferai ceci pour toi si tu fais cela pour moi ». Du chantage ! Ça ne marche pas comme ça avec Dieu ! Si nous pouvons donner ou retirer le pouvoir à l’autorité politique par les urnes et le vote démocratique, nous ne pouvons rien donner ni retirer à Dieu car tout lui appartient et nous n’avons aucun pouvoir sur lui.

Très souvent, pourtant, nous nous comportons avec Dieu avec des calculs, des petits chantages. Les citoyens de l’empire romain obéissaient à l’empereur et lui versait les impôts tout en le détestant, comme nous parfois parce qu’il nous arrive d’obéir à l’Etat sans l’aimer vraiment.

Dieu lui est notre Père, il nous aime, nous donne tout et attend de nous une relation vraiment filiale, dans une joie et confiance totale. Puisse cette eucharistie nous faire grandir dans cette relation filiale, confiante, joyeuse et généreuse avec Dieu de qui nous tenons la vie, le mouvement et l’être. Amen.

Homélie du Père Joseph du XXIX° dimanche du Temps Ordinaire, année A (2023)2023-10-20T22:10:46+02:00

Homélie du Père Joseph du XXVIII° dimanche du Temps Ordinaire, année A (2023)

Mes chers frères et sœurs !

L’évangile de ce dimanche, nous pouvons l’intituler, « les occasions ratées ». Cet évangile m’a fait penser à une chanson de deux artistes toulousains, Big Flo et Oli, dont le titre est « Dommage ». Je vous en donne juste le début.

« Louis prend son bus, comme tous les matins. Il croisa cette même fille, avec son doux parfum. Qu’elle vienne lui parler, il espère tous les jours. Ce qu’il ressent au fond d’lui, c’est ce qu’on appelle l’amour. Mais Louis, il est timide. Et elle, elle est si belle. Il ne veut pas y aller, il est collé au fond d’son siège. Une fois elle lui a souri quand elle est descendue.Et depuis ce jour-là, il ne l’a jamais revu. Ah il aurait dû y aller. Il aurait dû le faire, crois-moi. On a tous dit « ah c’est dommage, ah c’est dommage » C’est p’t’être la dernière fois.

Nous tous, nous avons des occasions ratées dans notre vie. Quand je regarde ma vie passée, il me vient à l’esprit des visages, des histoires des personnes rencontrées, de lieux visités, les expériences vécues… Prenez l’album de votre portable ou tablette, et faites glisser avec votre doigt ces photos souvenirs de votre vie passée.  Vous retrouvez certaines pages qui vous donnent des larmes de joie et des larmes de tristesse, des moments de beauté inouïe et de bonheur unique… Vous verrez aussi ces moments où vous avez raté des occasions qui auraient certainement changédéfinitivement le cours de votre vie. Vous vivez avec des regrets parce que cela est désormais irrécupérables. Ce sont là les pages vides qui auraient pu remplir notre vie, des occasion définitivement perdues !

Certaines occasions de notre vie sont comme un TGVqui passe en toute vitesse dans une gare qui est le quotidien de notre vie. Ce train s’arrête très peu de temps pour repartiraussitôt, nous embarquant, si nous sommes prêts et avons acheté notre billet ou alors nous laissant tristes sur le quai si nous sommes en retard. Mais attention, un autre train peut repasser et te laisser aussi là, sur le quai, si tu ne sautes pas sur l’occasion. Et toute la vie, tu peux rester là à valser sur les opportunités loupées. Tu t’en prends ensuite contre la vie, tu accuses le train de la vie intempestive, son excessive et frénétique vitesse, au fait que tu as eu moins de temps pour raisonner, pour te décider, pour sauter dans le train… La faute est toujours aux autres…  Entre-temps, les occasions perdues ne reviennent plus.

Nous faisons la même chose avec Dieu qui passe dans notre vie et nous offre tant d’opportunités de salut que nousrefusons, lui renvoyant ensuite la faute. C’est toujours plus facile de renvoyer la faute aux autres, et surtout à Dieu qui ne se défend jamais !

Dans l’évangile de ce dimanche, Dieu nous redit qu’il veut nous partager sa joie, parce que cela est le sens de sonRègne. Nous sommes invités au Banquet des noces de son Fils. Avant la communion, le prêtre dit : « Voici l’Agneau de Dieu, voici Celui qui enlève les péchés du monde ! Heureux les invités au repas des noces de l’Agneau ». Cela veut dire que Dieu nous invite et veut entrer dans notre vie pour la transfigurer, faire de nous des gens meilleurs, nous remplir des valeurs, des richesses humaines et spirituelles, de joie, d’amour. Et nous, très souvent, au contraire, nous refusons son invitation.

Nous l’avons entendu dans l’évangile : « Il envoya ses serviteurs appeler à la noce les invités, mais ceux-ci ne voulaient pas venir. Il envoya encore d’autres serviteurs dire aux invités : ‘Voilà : j’ai préparé mon banquet, mes bœufs et mes bêtes grasses sont égorgés ; tout est prêt : venez à la noce.’  Mais ils n’en tinrent aucun compte et s’en allèrent, l’un à son champ, l’autre à son commerce ; les autres empoignèrent les serviteurs, les maltraitèrent et les tuèrent. » Quelle occasion manquée !

Nous perdons souvent des occasions d’accueillir l’Amour de Dieu, de rester avec lui, et nous avons toujours millesprétextes. Pensez aux excuses que nous avançons pour ne pas aller à la messe, par exemple (vous y êtes aujourd’hui ! bravo !) : je suis fatigué de la semaine (alors viens te reposer à l’église, surtout pendant l’homélie du prêtre !) ; ou c’est leseul jour que nous avons de rester en famille (alors, venez en profitez en famille), l’heure de la messe est pour moi la seule occasion pour faire du sport ( alors viens à l’église à vélo ou mais une petite marche en venant à l’église), faire la grasse-matinée ! Je ne vais pas à la messe parce que nosenfants bougent et risquent de déranger (vous voyez bien qu’il y en a d’autres qui bougent et c’est beau de voir une Eglise qui rajeunit) ; ou alors, je ne vais pas à la messe parce qu’il y a trop d’enfants qui bougent et font du bruit ( dans ce cas, tu pourrais aider à organiser l’accueil des enfants pendant la liturgie de la Parole).

Nous retenons nos affaires, nos loisirs, notre bien-êtrephysique plus importants que le rendez-vous avec Dieu, et c’est très dommage ! Certains pensent que les choses de Dieu sont pour les enfants ou les personnes âgées. Nous renvoyons à plus tard, dans quelques années, quand nous serons retraités ou quand nous « aurons plus de temps »pour prendre soin de notre vie spirituelle, affiner notre relation avec Dieu. Parfois même, tu es gêné et réagis avec violence àl’appel de Dieu. Pense à cette occasion où tu t’es fâché et as culpabilisé ton épouse, ton époux, tes parents ou tes enfants qui t’invitaient à aller à la messe dimanche matin, quand il ou elle est sorti (e) le soir pour aller à la prière, à une veillée de louange et adoration, à une réunion paroissiale ou associative…. Tu lui as fait le reproche, d’aimer l’Eglise plus que toi, de ne pas rester avec toi pour profiter ensemble decette soirée ou de cette matinée. Tu aurais dû sortir avec lui, avec elle, pour en profiter aussi. C’est dommage !

Ce sont là des occasions manquées, pour notre bien. Dieu est Amour et son seul désir, quand il nous invite est celui de nous combler d’amour, des bénédictions, des grâces. Chaque fois que nous refusons ces invitations, nous nous privons des occasions qui auraient certainement pu transfigurer et apporter plus de joie et de beauté dans notre vie. Pourtant, que nous acceptions ou non son invitation, Dieu continue son œuvre, il porte en avant le train de l’histoire, poursuit le projet de son Règne d’Amour malgré nos refus. Dieu ne s’arrête jamais !

Il passe de maison en maison, sonne à la porte de notre cœur, reste au seuil de notre maison où nous l’avons reléguépour éviter qu’il ne salisse notre pavement avec ses pieds poussiéreux ! Il est là, sur les routes et continue à offrir sajoie, à tendre la main à ceux qui veulent bien l’accueillir. Dieu va jusqu’au terminus, et quand son train sera au terminus, notre terminus, il n’y aura plus rien à faire. Nous risquons alors de dire ! « C’est dommage, j’aurais dû faire cela tel jour, j’aurais pu le faire ! J’aurais dû dire oui, J’aurais dû dire non à cette occasion précise de ma vie…. ».  Attention à ces occasions loupées que nous ne pouvons plus rattraper.

Alors, mes frères et sœurs, c’est le moment de grâce, du salut. C’est le kaïros, le moment de dire oui à l’Amour, au pardon, l’occasion d’ouvrir ton cœur à cet ami, ce frère, sœur, ce collègue avec qui tu t’es brouillé à cause d’une connerie qui a blessé ton égo, ton orgueil. Tu as envie de faire la paix, de retrouver son amitié mais l’orgueil te retient. Tu veux que ce soit lui ou elle à faire le premier pas, mais Dieu te dit aujourd’hui que c’est à toi de sauter sur l’occasion pour ne pas la perdre définitivement.

C’est le moment de tourner le dos à ces addictions que te rendent malheureux et pourrissent la vie de ta famille, de ton couple, de tes proches ! Tu n’arrives pas à t’en sortir, alors, saisis la main de Dieu, ne cherches pas d’excuses pour ne pas prendre les nombreuses mains qui te sont tendues ! C’est l’occasion de sauver ton âme. Ouvre ton cœur à Dieu, à tes frères et sœurs, à l’amour, à la vraie liberté, à l’engagement, à la générosité, à la solidarité, à une vie de foi, de prière…. Il serait tellement dommage que tu dises plus tard « dommage, j’aurais dû le faire » et le regretter pour le restant de ta vie. C’est l’heure de grâce, c’est le moment du salut ! Dieu t’appelle, il t’invite à sa fête, à partager sa vie, à vivre de lui et avec lui. Alors, saisis cet appel, saute sur l’occasion. C’est ton jour de chance ! Amen.

 

Homélie du Père Joseph du XXVIII° dimanche du Temps Ordinaire, année A (2023)2023-10-15T11:26:06+02:00

Homélie du Père Joseph du XXVII° dimanche du Temps Ordinaire, année A (2023)

Mes chers frères et sœurs !

Ce 4 octobre, à Rome, fête de saint François d’Assise, le saint patron des écolos, le pape François a ouvert la session ordinaire du synode des évêque sur la Synodalité. Je vous invite à prier pour ce synode afin que les participants puissent se laisser guider le saint Esprit, pour le bien de l’Eglise et du monde, et non pas motivés par des intérêts partisans et des idéologies néfastes pour l’Eglise. Le même 4 octobre, 8 ans après la parution de l’Exhortation Laudato si, le pape a publié une deuxième exhortation sur la sauvegarde de création. Le titre est Laudate Deum, dont la version française est « Louez Dieu pour toutes ses créatures. ». Tout ceci tombe en ce début d’octobre où nous avons clôturé un mois dédié à la prière pour la création, avec la fête de saint François d’Assise.

Dans la profession de Foi de l’Eglise, exprimée dans le Symbole de NicéeConstantinople, nous proclamons croireen « Dieu Créateur du ciel et de la terre, de l’Univers visible et invisible ». Ce Dieu Créateur nous parle de ses créatures visibles, des hommes et femmes avec leurs trajectoires parfois fascinantes, parfois tristes ! Des malheurs comme le Déluge, des guerres, encore présente dans le monde ( je pense en particulier au Proche Orient entre Israël et la Palestine), des maladies (on parle du retour de la Covid), la destruction de la création et le changement climatique (qui le nie n’a qu’à regarder la chaleur qu’il fait en plein automne).

Dans cette exhortation le pape François écrit : « Mais je me rends compte au fil du temps que nos réactions sont insuffisantes alors que le monde qui nous accueille s’effrite et s’approche peut-être d’un point de rupture. Quoi qu’il en soit de cette éventualité, il ne fait aucun doute que l’impact du changement climatique sera de plus en plus préjudiciable à la vie et aux familles de nombreuses personnes. Nous en ressentirons les effets dans les domaines de la santé, de l’emploi, de l’accès aux ressources, du logement, des migrations forcées, etc »

Cette destruction de la planète accidentelle ou du fait de notre responsabilité, nous met devant un défi à relever, défis d’une foi qui s’engage, défis de prendre soin les uns des autres, non pas dans un anthropocentrisme égoïste, mais un soin cosmique qui annonce aussi la Bonne nouvelle à toute la création.

La foi de notre baptême nous engage dans une triple mission : sacerdotale, prophétique et royale (prêtre, prophète et roi). Qu’est-ce que cela veut dire : que la fonction sacerdotale nous invite à prier ! Un chrétien qui ne nourrit pas sa vie par la prière est comme une voiture, électrique, hybride, à essence ou diesel… peu importe, mais une voiture qui n’a pas de batterie ou du carburant, d’huile moteur nécessaire et qui finit par casser son moteur qu’est notre âme. La foi nous engage à prier, pour nous-même évidemment, mais pas seulement ! Nous devons prier pour et avec les autres humains, devenir des intercesseurs pour et avec ceux qui habitent la même planète que nous. Nous ne pouvons pas prétendre aimer la création si nous méprisons l’humain de sa conception à sa mort, ou si nous n’aimons que certains humains et pas les autres, ceux des pays du Sudqui sont ou peuvent être des victimes innocentes de nos choix de vie. C’est cela l’Ecologie humaine intégrale à laquelle nous invite le pape François. Être chrétien, c’est aussi prier pour toutes les autres créatures…même les moustiques, les araignées, les serpents, toutes ces bestioles qui nous font peur, qui nous piquent : le récit de la création dans Genèse nous dit que « Dieu vit tout ce qu’il avait fait, c’était très bon ! »

La foi de notre baptême fait de nous des prophètes ! Le prophète annonce et témoigne. Il rassure, console, encourage, réconforte. Parfois il doit dénoncer le mal. Il annonce la Bonne nouvelle à toute la création et loue Dieu pour la beauté harmonieuse de ses créatures.

Être prophète, c’est annoncer la Bonne nouvelle, celle de la conversion du cœur pour passer du mal au bien, du vieil homme à l’homme nouveau, la bonne nouvelle de la vraie conversion écologique, une écologie pleine d’espérance, pas celle pessimiste et déprimante de l’effondrement de la création mais de son relèvement progressif, pas d’une écologie égoïste, toujours punitive et culpabilisante, car Jésus nous montre toujours la route à suivre, nous accompagne sur ce chemin qui est long et difficile. Nous pouvons y arriver si nous acceptons de nous mettre en route.

L’important est de nous lancer, de commencer, à petit pas, chacun à son rythme jusqu’au jour où nous retrouverons cette harmonie céleste quand le Seigneur restaurera toute la création, comme dit le prophète Isaïe :

« Il jugera les petits avec justice ; avec droiture, il se prononcera en faveur des humbles du pays. Du bâton de sa parole, il frappera le pays ; du souffle de ses lèvres, il fera mourir le méchant. La justice est la ceinture de ses hanches ; la fidélité est la ceinture de ses reins. Le loup habitera avec l’agneau, le léopard se couchera près du chevreau, le veau et le lionceau seront nourris ensemble, un petit garçon les conduira. La vache et l’ourse auront même pâture, leurs petits auront même gîte. Le lion, comme le bœuf, mangera du fourrage. Le nourrisson s’amusera sur le nid du cobra ; sur le trou de la vipère, l’enfant étendra la main. Il n’y aura plus de mal ni de corruption sur toute ma montagne sainte ; car la connaissance du Seigneur remplira le pays comme les eaux recouvrent le fond de la mer. » (Is 11, 3-9) Nous sommes loin la haine et des meurtres de cet évangile des vignerons homicides, haine et violence dont nous sommes à la fois responsables et victimes vis-à-vis des frères et sœurs humains et de toute la création.

Enfin par le baptême, nous participons à la fonction royale du Christ Serviteur qui touche et se laisse toucher par les lépreux, les pauvres, les exclus, les marginaux. Nous ne servons pas parce que nous sommes chrétiens !  Il y a des non-chrétiens qui s’engagent dans le service et qui le font bien mieux que nous, de manière professionnelle même.  Le chrétien lui se met au service de ses frères et sœurs, et toute la création parce qu’il sait qu’à travers ce service, il imite le Christ serviteur et grandit en humanité, dans l’Amour, l’Espérance et la Foi.

De même que la foi qui n’est pas nourrie par la prière dépérit, de même, celle qui ne se met pas au service des autres et de la création, celle qui ne s’engage pas risque petit à petit de s’éteindre et perdre sa vigueur. Engageons-nous pour rendre notre monde plus habitable, plus fraternel, plus juste, plus solidaire, pour construire déjà ici-bas le Royaume de Dieu. Le Ciel est certes un don de Dieu mais c’est ici et maintenant, par notre liberté engagée et servante que nous le construisons, le préparons en prenant soin de toute la créature qui nous invite à louer Dieu à travers toutes ses créatures.

Les lectures de ce dimanche nous parlent beaucoup de la Vigne et des vignerons, dans la première lecture, le psaume et l’évangile. N’oublions jamais que c’est Dieu le Père qui est le Vigneron et notre monde est sa vigne. Jésus nous le dit dans l’évangile selon saint Jean : « Moi, je suis la vraie vigne, et mon Père est le vigneron. Tout sarment qui est en moi, mais qui ne porte pas de fruit, mon Père l’enlève ; tout sarment qui porte du fruit, il le purifie en le taillant, pour qu’il en porte davantage. Mais vous, déjà vous voici purifiés grâce à la parole que je vous ai dite. Demeurez en moi, comme moi en vous. De même que le sarment ne peut pas porter de fruit par lui-même s’il ne demeure pas sur la vigne, de même vous non plus, si vous ne demeurez pas en moi. Moi, je suis la vigne, et vous, les sarments. Celui qui demeure en moi et en qui je demeure, celui-là porte beaucoup de fruit, car, en dehors de moi, vous ne pouvez rien faire. » (Jn 15, 1-5)

Puissent nos engagements pour la Création, pour un monde plus solidaire, dans l’Eglise, dans la société, nous enraciner et nous attacher comme des sarments, en Jésus qui est la Vigne car sans Lui, nous ne pourrons rien faire ! Amen

 

Homélie du Père Joseph du XXVII° dimanche du Temps Ordinaire, année A (2023)2023-10-08T11:30:22+02:00

Homélie du Père Joseph du XXV° dimanche du Temps Ordinaire, année A (2023)

Mes chers frères et sœurs !

Savez-vous que Dieu nous aime tellement qu’il aime nous déranger. Il me fait penser à un enfant qui voit son papa ou sa mère bien tranquille, un peu endormi, heureux de faire une petite sieste qu’il vient se jeter sur le ou la réveiller et lui faire un lecture.  C’est ainsi que  nous dérange quand nous sommes tranquille et assez  au clair avec notre conception de « justice sociale » et «  Droit du travail ». J’imagine combien la lecture de cet évangile est choquant et déstabilisant pour ceux qui sont sur le  marché du travail et qui n’arrive pas à se faire embaucher depuis des mois.

La parabole de ce dimanche nous parle de travail, de salaire, de durée de travail, des primes, de signe de reconnaissance au travail, le salaire minimum…. Au temps de Jésus, le droit du travail fixait le SMIC à 1 pièce d’argent. C’est la raison pour laquelle le patron de la parabole ne donne pas moins d’une pièce à ses ouvriers. Il essaye de respecter le droit du travail. Mais tous ces thèmes autour du travail et de justice sociale, Jésus nous les fait voir sous une autre perspective. Il nous invite à quitter et aller au-delà d’un droit purement humain, au-delà des revendications syndicales purement économiques. Le vrai sujet de la parabole c’est la « bonté généreuse » de Dieu. Au représentant syndical des ouvrier, grande gueule et « râleur »,  trouvant injuste que tous ouvrier, même ceux de la dernière heure, aient le même salaire que ceux qui ont commencé très tôt le matin, le patron répond : « Je veux donner à ce dernier autant qu’à toi : n’ai-je pas le droit de faire ce que je veux de mon bien ? Vas-tu regarder avec un œil mauvais parce que moi, je suis bon ? »

A travers cette tension entre critiques et revendications syndicales des ouvriers contre le propriétaire de la Vigne, – ce qui est humainement justifié-, et la réponse du patron, le Jésus veut nous expliquer  ce que signifie «  la justice du cœur du Dieu ». La justice de Dieu n’est pas comme nous l’entendons. Elle est toujours liée à sa bonté infini, à son Amour sans limite et sa compassion : trois éléments qui sont au coeur de l’agir de Dieu pour chacun de nous.

Dieu n’est pas un juge qui ne fait qu’appliquer la Loi ni un DRH. Un DRH est aussi parfois obligé à faire des choses contre son cœur et ses valeurs, mais seulement selon ce que dit le Droit et la politique de l’entreprise. Beaucoup de personnes qui travaillent dans les ressources humaines finissent par démissionner, soit parce qu’on les oblique à faire des choses avec lesquelles ils ne sont pas d’accord, pour faire respecter la politique de la boite, parfois humaine, ou soit à cause des revendications excessives des employés. Une amie qui est dans les RH dans une grosse boite toulousaine me parle parfois de ces employés qui ont des salaires énormes mais qui pinaillent et cassent les pieds pour de très petits avantages de rien de tout, sur les déplacements, la restauration… en faisant presque ce qu’on peut appeler l’optimisation des avantages et des primes. C’est cela notre fonctionnement.

Dieu lui a un fonctionnement différent avec nous ! Et c’est normal parce qu’il est Dieu. Il est un Père plein d’amour, de bonté, de miséricorde et de compassion pour nous. Remarquez  que dans notre vie, chaque fois que nous laissons nos tripes et notre coeur prendre le dessus sur notre raison et les considérations juridiques et légales, chaque fois que nous écoutons plus nos tripes, notre cœur plutôt que le Droit, la loiet raison la logique, il nous arrive alors de poser des actes qui sont socialement, rationnellement, légalement et juridiquement anormales.

C’est ainsi que Dieu agit envers nous ! Il agit avec son cœur. Le prophète Isaïe rappelle dans la première lecture que les pensées de Dieu ne sont pas nos pensées ! Les voies du Seigneur sont humainement impénétrables, insondables. Certaines paroles de Jésus resteront toujours humainement incompréhensibles et incomprises aussi longtemps que nous n’entrerons pas dans la logique de son cœur, de sa justice compatissante et miséricordieuse.

Humainement, nous sommes choqués par le patron de la parabole. Nous pensons qu’il est injuste. Mais, remarquez qu’il a donné aux premiers ouvriers le salaire qu’il leur avait promis, à savoir, un denier !  Mais je comprends qu’il est tout à fait logique et humainement juste que chacun de nous ici se sente solidaire des ouvriers de la première heure qui ont enduré un travail sous une chaleur caniculaire. Il n’est pas humainement juste de donner le même salaire à ceux qui travaillent sans compter les heures, qui ne pensent jamais au RTT, qui passent leurs soirées et même les weekends à répondre aux mails pros, qui ne voient plus beaucoup meurs enfants à causes des voyages professionnels, qui doivent resterréactifs, mobiles et disponible 24 heures sur 24….  Logiquement, ces gens ne peuvent pas avoir le même traitement que ceux qui pinaillent sur les 35 heures légales !

Tout cela n’est pas juste, si l’argent et les lois de l’économie sont nos critères de justice ! Mais si nous entrons dans la logique de Dieu, voici que s’ouvre pour nous une nouvelle perspective. Oui, il y a un contrat entre le patron et les ouvriers ! Mais le contrat de Dieu avec nous est d’un autre ordre. Il est tout à fait spécial parce que Dieu est différent de nous, en nous donnant son Esprit, il nous dit que nous pouvons nous aussi agir comme lui.

Dieu nous appelle encore aujourd’hui à travailler dans sa Vigne qu’est l’Eglise, qu’est le monde ! La moisson est d’ailleurs très abondante mais les ouvriers sont très peu nombreux. Il n’est pas dans une logique de détachement, de distance avec nous, comme certains patrons qui n’ont que des relations professionnelles avec leurs employés et pour lesquels ne compte que le travail exigé et réalisé. Dieu nous appelle dans sa vigne et il sait de quoi chacun de nous a besoin. Il nous donne même au delà de nos attentes. Dieu nous aime à tel point qu’il se donne lui-même les sacrements. Dieu donne sa personne comme salaire, mais salaire gratuit.Nous sommes sauvés gratuitement par Dieu et pas parce que nous le méritons. Le salut, le Bonheur éternel, l’Amour infini,voilà le salaire que Dieu promet, dans mérite de notre part.Dans le domaine de la foi, nous devons sortir de la méritocratie car tout est gratuitement donné, notre liberté étant la limite : nous pouvons accepter ou refuser ce que Dieu veut nous donner.

Vous sentez vous loin de Dieu ? Vous n’avez jamais pensé travailler pour lui ? Vous vous considérez comme ces ouvriers de la dernière heure ? Dieu vous aime et il vous appelle à bosser pour lui, à vous investir, à vous engager.  Dites oui au Seigneur ! C’est votre heure de chance. Décidez-vous à le suivre, à lui dire oui. Ouvrez-lui votre cœur ! Il n’est jamais tard pour dire oui au Seigneur. Jamais tard de recevoir les sacrements, comme le baptême, la confirmation, la communion, quel que soit votre âge. Vous sentez que notre vie manque de saveur, éloignée de l’essentiel, de Dieu, de nos proches ! Prenez la décision d’ouvrir votre cœur à Jésus ! C’est votre moment de grâce à ne pas louper !

Par rapport au salut que Dieu donne, évitons des comparaisons et des jalousies. Ce qui blesse les ouvriers qui se sont levé tôt et qui ont enduré tout le poids du jour, c’est la comparaison avec ceux qui sont venus tard dans l’après-midi.  Se comparer aux autres crée inévitablement des rivalités, des jalousies. Dieu aime chacun d’un amour spécial. Pas besoin de nous nous faire la guerre car dans le cœur de Dieu, il y a de place pour chacun.

Celui prétend être le super-chrétien de la première heure, exemplaire et modèle, réclamant de Dieu un salaire bienmérité, celui-là risque d’être très déçu ! Nous n’avons aucun droit devant Dieu. Le droit à l’Amour n’existe pas car l’Amour vrai est gratuit, il se donne et se reçoit gratuitement. Il m’arrive de rencontrer des chrétiens qui me rappellent toute leur vie donnée et consacrée au service de Dieu et de l’Eglise, trouvant injuste de ne pas être traité de manière privilégiée…. Non, Dieu n’a pas d’enfantsprivilégiés, car chacun de ses enfants est particulier, unique à ses yeux.

Si au contraire, avec humilité, tu te ranges parmi les ouvriers de la 5è heure, qui n’ont pas signé de contrat salarial avec Dieu, mais qui lui font confiance en se faisant embaucher par lui, alors, aux côtés des pécheurs comme Marie-Madeleine ou le Bonlarron, si tu arrêtes de regarder tes mérites pour ne compter que sur bonté infinie de Dieu… alors, tu ne seras pas déçu parce que le salut est un don gratuit. Béni sois-tu Seigneur pour ta justice qui nous qui nous déstabilise, pour ta générosité et ton infini envers nous. Amen.

Homélie du Père Joseph du XXV° dimanche du Temps Ordinaire, année A (2023)2023-09-24T11:26:30+02:00
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