Attendons Noël en restant éveillés !

Mes chers frères et sœurs !

Avec ce premier dimanche de l’Avent, nous commençons une nouvelle année liturgique, que nous espérons sera plus joyeuse que celle que nous avons vécu.   Saint Matthieu nous a accompagné l’an dernier avec son évangile, et cette année, nous cheminerons en compagnie de l’évangile selon saint Marc : le plus court des 4 évangiles, écrit dans un langage simple et pauvre, mais un évangile dense et profond. On l’appelle l »’évangile du catéchiste », car saint Marc, de manière graduelle, pédagogique, progressive et simple nous fait découvrir Jésus et nous met en sa compagniepour que nous puissions mieux Le connaître et L’aimer. En ce premier dimanche de l’Avent, en compagnie de saint Marc, mettons-nous donc en route, pour accueillir Jésus qui vient nous sauver.

L’attente du Messie ne peut être passive : nous devons nous mobiliser, rester dynamique, nous bouger, resteréveillés et en action pour accueillir le Sauveur. Le temps de l’Avent me fait toujours penser à un couple qui attend un bébé : dès que madame sait qu’elle est enceinte, toute la famille est dans la joie et commence déjà à préparer la venue du bébé : ses habits, sa chambre, changer de voiture, arrêter de boire et de fumer peut-être pour la maman, contrôler son hygiène de vie et tout cela par amour pour le bébé qui va naître. Comme nous l’avons proposé aux enfants du KT avec le calendrier de l’Avent, j’invite tout le monde à se mettre en marche, en ce temps de l’Avent en posant concrètementchaque jour un petit geste qui montre que nous avançons dans la joie vers Jésus qui vient nous sauver.

Pour préparer la venue de Jésus et mieux l’accueillir, voici quelques moyens.

D’abord la confiance : faire, avoir confiance, entre en confiance nous permet d’avancer. Il y a des périodes de la vie où la confiance doit être plus forte en nous.  Dans le contexte difficile que nous traversons, avec toutes les incertitudes qui entourent ce temps de l’Avent et Noël, la crise sanitaire et tous les dégâts psycho-socio-économiques…que nous subissons, il nous faut la grâce de la confiance. Confiance en Dieu qui nous accompagne et qui nous a dit qu’il « sera avec « nous tous les jours jusqu’à la fin des temps ». Dieu ne nous abandonne jamais. Cependant, quelques fois, surtout quand les temps sont durs, nous risquons de l’abandonner en pensant que Dieu ne fait rien, qu’il nous laisser nous débattre tout seul dans notre misère. Beaucoup de psaumes, (comme le psaume 22) expriment ce sentiment d’abandon :  le psalmiste le crie sa misère, le fait de se sentir abandonné par le Seigneur mais tous finissent par un cri de louange et de confiance en Dieu. Oui, nous traversons des épreuves depuis presque une année. Mais le cadeau que nous pourrions à la fois demander et donner au monde qui nous entoure, c’est la grâce de la confiance en Dieu, notre Sauveur. Nous attendons le Messie, Celui qui nous sauve.

La confiance en Dieu doit se manifester à travers la confiance que nous avons envers nous-même. Quand nous sommes éprouvés, nous perdons nos moyens, nous pensons que nous ne sommes plus capables de rien, nous perdons confiance en nous-même. Le Seigneur vient nous demander de nous réveiller, de ne pas baisser les bras, de nous remettre debout. C’est aussi le moment de manifester notre confiance envers les autres, ceux qui sont autour de nous, et je voudrais vous inviter, en ce temps de l’Avent où pullulent des théories du complot, à faire confiance aux autorités qui nous gouvernent, ceux qui nous soignent et qui doivent prendre des décisions par très difficile même si stupidité de certaines de leurs décisions nous incitent à la méfiance.

Ensuite, l’accueil : Le temps de l’avent, c’est se préparer à accueillir le plus beau cadeau. Oui, je sais que tout d’un coup certains pensent aux cadeaux matériels qu’ils pensent donner ou espèrent recevoir à Noël ! Ca va risque d’être compliqué avec le confinement et les restrictions dans les commerces. Le cadeau que nous accueillons ici, c’est Jésus, Dieu fait-homme. Pendant l’avent, je vous invite à vous accueillir les uns les autres comme des cadeaux. Oui, je sais que souvent l’autre qui est en face de vous, celui avec qui vous partagez la vie (conjoints, amis), ceux qui vous ont donné la vie (parents) ou auxquels vous avez donné la vie (les enfants et petits-enfants) sont parfois comme des boulets et vous avez du mal à voir en eux un quelconque cadeau. Ils sont parfois comme ces cadeaux que vous recevez et dont vous n’avez qu’une envie : le revendre sur un de ces sites de vente en ligne le Bon coin ou de particulier à particulier. Mais, accueillir et recevoir l’autre comme un cadeau, n’est-ce pas reconnaitre qu’il est différent et porte en lui des qualités au-delà des défauts ? Le jour du mariage, on reçoit son époux, son épouse. Dans la fécondité, on accueille les enfants que Dieu nous confie. Dans l’Eglise, on reçoit les membres de la communauté, pasteurs ou fidèles laïcs que nous n’avons pas choisis. Même le collègue de travail, le voisin de quartier, nous ne les avons pas choisis : nous nous sommes retrouvés dans la même rue, le même immeuble sans l’avoir voulu.

Alors, nous avons le choix entre nous focaliser sur leurs défauts, ce qui nourrira des tensions et des conflits entre-nous, ou alors voir en eux et à travers eux une parcelle du visage de Dieu fait homme en Jésus. En chaque humain que je rencontre, il y a des traces du visage de Dieu qui s’est fait homme. Alors, je vous conseille, en ce temps de l’Avent, comme nous le recommandait Mgr Le Gall, à voir le bien, à dire le bien et faire le bien envers les personnes de notre famille et ceux que nous rencontrons autour de nous. Comme nous l’avons recommandé aux enfants de l’Eveil à la Foi en leur proposant de préparer un petit gâteau, écrire une carte et l’apporter à un voisin, de même, je vous invite à vous accueillir en posant quelques gestes qui vous rapprochent les uns des autres, au-delà de ce qui pourrait vous éloigner.

L’Avent un temps favorable l’accueil du salut : quatre semaines à vivre, non pas comme une succession des jours et des nuits, mais comme un kaïros, c’est à dire temps favorable et du salut, en compagnie de Marie qui accueille le salut dans son cœur et dans son sein. Comme la Vierge Marie, laissons le Saint Esprit féconder nos cœurs, laissons naître et grandir Jésus chaque jour en nous, dans nos communautés, nos familles, car Jésus veut entrer dans l’histoire personnelle de chacun pour l’habiter et la transfigurer si nous l’accueillons dans la joie.

Enfin, la luttons contre tout découragement. Dans la première lecture, le peuple d’Israël est découragé parce qu’exilé à Babylone. C’est une sorte de pandémie déprimante comme celle que nous subissons. Le peuple a vu toutes ses certitudes et tout ce qui faisait la fierté d’Israël effondrer, comme vous voyons nos certitudes scientifiques et notre système économique s’effondrer depuis un an à cause de la Covid19 ! Le peuple d’Israël n’a plus de roi (lui aussi réduit en esclavage), la ville de Jérusalem et son temple ont été détruits et le peuple vit en exil chez des païens à Babylone. Bref, le peuple a perdu toute sa fierté et toutes ses garanties ! Il ne lui reste qu’une chose : compter seulement, simplement mais fermement sur Dieu, comme nous pouvons le lire dans la première lecture : « Car tu nous as caché ton visage, tu nous as livrés au pouvoir de nos fautes. Mais maintenant, Seigneur, c’est toi notre père.Nous sommes l’argile, c’est toi qui nous façonnes : nous sommes tous l’ouvrage de ta main ».

D’une certaine manière, nous pouvons nous comparer au peuple d’Israël qui prend conscience de sa finitudepour se tourner vers le « Dieu qui sauve ». Nous aussi, ce virus nous montre que nous sommes marqués par la finitudeontologique. Notre monde pense parfois pouvoir se sauver lui-même, l’homme pensant par la science, se substituer à Dieu, mais nous nous rendons compte ave ce que nous vivons que nous avons besoin d’être sauvé par Dieu. Puisse la crise que nous traversons purifier notre foi pour reconnaitre que nous avons besoin de Dieu pour être sauver. Nous ne pouvons pas nous sauver nous-même. L’Avent nous rappelle que Dieu vient nous sauver si nous le reconnaissons comme notre seul Rédempteur et Sauveur !

Pour terminer, Jésus nous appelle à veiller : « Veillez donc, car vous ne savez pas quand vient le maître de la maison, le soir ou à minuit, au chant du coq ou le matin ; s’il arrive à l’improviste, il ne faudrait pas qu’il vous trouve endormis. Ce que je vous dis là, je le dis à tous : Veillez ! » Nous commençons un mois de réveil intérieur, pour que Noël se réalise dans notre cœur. Jésus est déjà né, évidemment dans ton cœur parce que tu es dans cette église pour célébrer l’eucharistie. Il est né, si tu as déjà décidé de te libérer d’une foi qui est tiède et superficielle. Il est né si tu as pris la résolution, l’engagement de te convertir. Jésus est déjà né en toi, si tu t’es mis à chercher Dieu de tout ton cœur. Rester éveillé, c’est veiller sur les autres, en communauté, dans le quartier, en famille ! Veiller par la Parole de Dieu pendant ces 4 semaines. Veiller dans la prière, autour des crèches mises en place dans nos maisons ! Veiller aux cris des pauvreset des petits. Veiller à cette planète magnifique que Dieu nous a confiée et aux créatures qui nous révèlent le Dieu Créateur. Il ne s’agit pas de passer la nuit sans dormir, mais de ne pas laisser le quotidien et les soucis nous endormir, pour être chaque jour prêt à accueillir dans la joie l’imprévu de Dieu qui vient nous sauver. Amen.