Mes chers frères et sœurs !

Quelle est votre passion ? Qu’est-ce que tu aimé passionnément ? As-tu déjà été aimé de passionnément ? As-tu déjà aimé quelqu’un de manière passionnée ? Quand tu aimes passionnément quelque chose, quelqu’un, tu es prêt à tout donner, tout dépenser ! Tu es prêt à aller à l’autre bout du monde pour voir la personne que tu aimes, tout dépenser pour aller voir le match de ton club de cœur. Es-tu passionné pour la vie ? Est-ce que les choses pour lesquelles tu te passionnes en valent vraiment la peine ? La passion donne la sensation de force, de joie et de bonheur. Mais, la passion est aussi douleur, souffrance.

Force, joie, bonheur, douleur, souffrance, angoisse, larmes…, toutes ces dimensions de la passion amoureuse sont présentes dans la Passion de Jésus qui nous aime d’un amour sans limite au point de mourir pour nous. Il accepte de souffrir, de mourir en croix par amour pour nous. Contemplons cet amour qui souffre en s’offrant totalement et gratuitement à nous, pour nous, et qui veut aussi s’offrir au monde entier à travers nos vies données pour les autres.

Ce qui a été sacramentalement et réellement visible hier pendant la Cène à travers le pain et le vin, Jésus le rend actuel dans sa passion, sa mort et sa résurrection que nous célébrons ce soir.  Nous pouvons penser à tout ce qu’il a enduré pour nous : l’agonie au jardin des Oliviers, la trahison de Judas, l’arrestation, la fuite des disciples, le portement de croix, les chutes sur le chemin, le reniement de Pierre, le couronnement d’épine, le soutien de Simon de Cyrène, la torture, les humiliations, les crachats, le procès injuste, la condamnation à mort, le crucifiement, son côté transpercé, la sépulture…

Comment tous ces faits touchent concrètement notre vie personnelle ?  Jésus a souffert pour moi, pour toi personnellement parce qu’il aime chacun de nous d’un amour infini et sa passion veut avoir un impact concret sur ma vie, ta vie personnelle.

Judas Iscariote a laissé le Diable prendre place dans son cœur au point de vendre Jésus. Et moi, et toi, quels sont ces petits intérêts pour lesquels nous sacrifions Jésus ? Ne m’arrive-t-il pas parfois, moi aussi, de vendre le Seigneur, de le trahir pour des intérêts plus ou moins grands que le monde m’offre. Jésus veut sauver aussi le Judas caché en toi, en moi, malgré nos petites et grandes trahisons, petits et grands reniements envers lui et envers nos frères et sœurs.

Malgré la trahison de Judas, rappelons-nous que si Jésus est arrêté parce qu’il se donne librement. C’est lui qui se livre pour nous. Devant lui, les soldats ont peur et tombent à terre : « Alors Jésus, sachant tout ce qui allait lui arriver, s’avança et leur dit : « Qui cherchez-vous ? » Ils lui répondirent : « Jésus le Nazaréen. » Il leur dit : « C’est moi, je le suis. » Judas, qui le livrait, se tenait avec eux. Quand Jésus leur répondit : « C’est moi, je le suis », ils reculèrent, et ils tombèrent à terre » (Jn18, 4-6).

Jésus est arrêté parce que son heure s’accomplit. Il veut glorifier le Père en accomplissant la mission pour laquelle il a été envoyée : réaliser notre salut en offrant librement sa vie. Il n’a pas cédé devant la tentation de descendre de la croix. Il préfère rester suspendu au bois de la croix ! Il préfère être abandonné de tous plutôt que de nous abandonner à une mort éternelle. La Passion du Christ nous dit que le salut, pour les chrétiens, est donné par Dieu gratuitement. Nous ne sommes pas sauvés par nos mérites mais gratuitement et par pure grâce à travers cet Amour qui se livre sur la croix.

Pour le monde, la passion du Seigneur présente un messie qui échoue, scandale pour les Juifs et folie pour les Grecs. C’est pourtant là que le Messie manifeste sa toute-puissance. Non pas dans la force qui s’impose, oblige, opprime et fait peur, mais dans cet Amour qui se donne totalement en acceptant de souffrir, de mourir… sans pourtant laisser la mort victorieuse. L’amour ne peut mourir et nous fait passer de la mort à la vie. La puissance de Jésus ne se manifeste pas seulement dans les miracles, dans la création. C’est sur la croix qu’il manifeste véritablement la puissance de son Amour. Sur la croix, Jésus montre ainsi que sa compassion embrasse toutes les vicissitudes de notre vie, nos frustrations, nos amertumes, nos deuils, nos solitudes, nos violences, nos maladies…Dieu n’est pas impassible ni indifférent à nos malheurs. Parce qu’il a tellement souffert, Jésus est capable de compatir réellement nos souffrances.

Au cours de cet Office, en contemplant Jésus mort en croix, présentons-lui les situations concrètes de souffrance : ces innocents, des enfants, des femmes, des personnes âgées qui meurent dans les camps de réfugiés à cause de nos guerres sans merci un peu partout dans le monde, nos souffrances causées par notre maladie ou celle d’un proche, le deuil qui nous touche de près ou de loin, les trahisons, les injustices, nos problèmes économiques, les difficultés professionnelles, relationnelles…  Jésus veut toucher toutes ces situations de souffrance si nous les lui offrons. Seigneur, donne-nous de recueillir dans notre vie les fruits et les grâces de ta passion et ta mort, pour ressusciter avec toi. Amen.