Homélie d’Henri Fisher du II° dimanche de Pâques, Divine Miséricorde, année C (2022)

Frères et sœurs,

Nous venons d’entendre la conclusion de l’évangile de Saint Jean. Comme toute conclusion ce dernier chapitre est très dense, très riche. Ce matin, en cette période synodale où nous réfléchissons comment en Église annoncer l’Évangile, je vous propose de faire un focus sur ce que ce texte a à nous dire au sujet de l’Église. J’en profite pour rendre grâce pour toutes les personnes qui se sont investies dans des groupes de réflexion pour construire un nouveau « Marcher Ensemble » !

Que se passe-t-il avec Thomas, lui le premier croyant notre frère jumeau dans la foi ? Comme lui nous n’avons pas été témoins de la résurrection, comme lui nous avons rencontré des témoins qui nous ont transmis cette bonne nouvelle : Christ est ressuscité. Comme lui nous avons pu douter, il nous a fallu du temps – 8 jours symboliques nous dit Saint Jean – comme lui nous avons été touchés par la parole de Jésus qui est venu nous chercher là où nous en étions et nous avons pu crier « Mon seigneur et Mon Dieu ». Voilà dévoilée la première mission de l’Église accueillir ceux qui cherchent Dieu, leur transmettre ce que nous avons reçu : Christ est mort et ressuscité. Nous pouvons rendre grâce pour tous les passeurs de foi : en tout premier lieu les parents, les catéchistes, les animateurs d’aumônerie, les accompagnateurs des jeunes à la préparation aux différents sacrements, les accompagnateurs au service du catéchuménat.

Écoutons maintenant ce que Jésus dit à Thomas « Mets tes mains dans mes plaies ». Ces plaies du Crucifié qui sont encore présentes dans le Ressuscité. La résurrection n’efface pas les plaies. Entendons cet appel à toucher les plaies de ce monde et elles sont nombreuses encore aujourd’hui : la guerre en Ukraine, les massacres en Afrique subsaharienne, les victimes de la pandémie, les victimes des événements climatiques, les migrants qui meurent en chemin vers une terre d’accueil. À travers l’appel de Jésus à Thomas, nous pouvons accueillir l’exigence qui est faite aux croyants de se mettre à côté de ceux qui souffrent, à côté de ceux dont les plaies sont ouvertes pour leur signifier que Jésus-Christ inlassablement est là avec eux, d’annoncer aux plus fragiles, aux plus pauvres que Dieu les aime inconditionnellement. Nous pouvons rendre grâce pour l’engagement de tous ces chrétiens dans les mouvements d’Église présents auprès des plus pauvres et des plus petits : ATD Quart Monde, le Secours Catholique le CCFD, l’ACAT, l’association Welcome pour l’accueil des migrants, pour toutes les œuvres caritatives au service des plus fragiles, au service de la fraternité humaine.

Le dernier point, j’aurai pu commencer par ça, le don de l’Esprit Saint. Jésus le donne à cette petite Église qui avait peur, qui s’était barricadée au Cénacle. Le Christ les a rejoints, Il souffle sur eux et leur dit « recevez l’Esprit Saint ». Les barrières s’envolent, la joie est là. Le Christ nous envoie comme le Père l’a envoyé. Il nous envoie en mission pour annoncer cette bonne nouvelle, pour libérer le monde du péché. Nous pouvons avoir peur, nous pouvons nous sentir affaiblis, nous pouvons nous sentir minoritaires – et que dire de cette première communauté de croyants ! – mais en aucun cas nous ne pouvons rester repliés sur nous-mêmes parce que le Christ nous a envoyé l’Esprit Saint pour nous aider dans la mission de porter cette bonne nouvelle aux hommes. Nous pouvons demander au Seigneur de nous aider à entrer dans Sa joie, qu’Il vienne déverrouiller les portes de ce qui me tient prisonnier de la peur et de la tristesse.

Saint Jean conclu ce chapitre et son Évangile par ces mots : « pour que vous croyez que Jésus est le Christ, le Fils de Dieu, et pour qu’en croyant vous ayez la vie en son nom. » Vivre en plénitude, tel est le dessein d’amour de Dieu pour l’humanité. Voilà une belle feuille de route pour nous membres de cette communauté de croyants. Dans la confiance du cœur miséricordieux de Dieu, continuons à transmettre ce que nous avons reçu, continuons à nous mettre au service des plus petits, continuons à nous ressourcer auprès de l’Esprit Saint et alors ensemble, en Église nous entrerons dans la joie de notre Dieu. Alléluia

Homélie d’Henri Fisher du II° dimanche de Pâques, Divine Miséricorde, année C (2022)2022-04-25T19:05:56+02:00

La Passion et la Résurrection en Playmobil® !

La Passion et la Résurrection en Playmobil®

Le 27 mars dernier, à l’église de Plaisance du Touch, nous avons célébré les Rameaux, c’est-à-dire la Passion du Seigneur avec les enfants du KT. A la fin de la célébration, les catéchistes ont donné aux enfants pour mission de réaliser un Jardin de Pâques !

Certains enfants se sont pris au jeu, dont Angela.

Avec des Playmobil®, elle essayé de retracer la vie du Seigneur, du vendredi Saint au matin de Pâques. Angela a installé le gouverneur Ponce Pilate, surveillant lui-même l’avancée de Jésus avec sa croix. Ensuite un romain « surveille » Jésus avec une cravache, pendant que la Vierge Marie (voile bleu) l’accompagne sur ce chemin de croix, vers le Golgotha où les 2 autres crucifiés l’attendent. Angela a compris que la Passion et la résurrection constituent un seul et même mystère, le cœur de notre foi.  C’est pour cela qu’elle a représenté, sur le côté, le tombeau ouvert et vide, avec deux femmes à l’entrée qui constate l’absence de Jésus dans le tombeau.

Un grand merci à Angela pour ce témoignage et cette petite leçon de catéchèse. Merci aux parents qui nous l’ont transmis. Alléluia !

La Passion et la Résurrection en Playmobil® !2021-04-14T19:08:53+02:00

Ces adultes ont été baptisés à Pâques !

Ces adultes ont été baptisés à Pâques 2021 !

« Vous tous qui avez été baptisés en Christ, vous avez revêtu le Christ, Alléluia ! » Ce chant, le jour de Pâques, rappelait à chacun de nous son propre baptême. Mais pour Béatrice, Luc, Paul-Alexy, Laurent, Gelareh (Angèle de Merici), Ombeline et la petite Charlotte, ces paroles avaient un autre parfum et une signification toute particulière.

En effet, après un long cheminement, ils font partie de la centaine d’adultes qui ont été baptisés dans le diocèse de Toulouse. La communauté de l’ensemble paroissial de Tournefeuille a été très heureuse de cheminer avec eux pendant toute la préparation grâce à une bonne et généreuse équipe d’accompagnateurs du catéchuménat. Aussi, les grandes étapes ont été vécues en communauté, de l’entrée en catéchuménat, en passant par l’Appel décisif, les scrutins à la célébration du baptême qui a eu lieu le dimanche de Pâques 4 avril.

Le cheminement n’est pas terminé !  En réalité, c’est une histoire d’amitié, à la suite du Christ, dans l’Eglise, qui vient de commencer pour ces nouveaux baptisés adultes, que nous pouvons désormais appeler « néophytes ». L’année prochaine, à la Pentecôte 2022, ils recevront le sacrement de confirmation, avec d’autres adultes du diocèse.

Le 23 mai et le 6 juin, 10 adultes qui cheminent au sein de notre communauté paroissiale recevront le sacrement de confirmation, soit à la cathédrale saint Etienne, soit à la basilique sainte Germaine de Pibrac. Nous les portons dans notre prière !

Aussi, réjouissons-nous des 6 catéchumènes adultes qui sont déjà en chemin vers le baptême, pour les fêtes pascales de l’année prochaine. Ces adultes qui demandent le baptême, l’eucharistie (communion) et la confirmation nous rappellent que le saint Esprit est à l’œuvre, et qu’il n’y pas d’âge pour recevoir ces sacrements. A tout âge, nous pouvons ouvrir notre cœur à la grâce de Dieu en recevant les sacrements de l’initiation chrétienne. N’hésitez de prendre contact avec nous si vous n’êtes pas baptisés ou confirmés ! La communauté sera heureuse de vous accueillir et vous accompagner sur ce chemin qui rend véritablement heureux.

Ces adultes ont été baptisés à Pâques !2021-04-11T19:47:48+02:00

Homélie du Père Joseph du II° Dimanche de Pâques, Divine Miséricorde, année B (2021)

Les apparitions du Ressuscité posent la grande question de savoir comment pouvons-nous rencontrer le Ressuscité ! Où et de quelle manière ?  Depuis la Vigile Pascale, nous avons suivi Marie Madeleine et les saintes femmes, nous avons peut-être aussi suivi Simon Pierre et le disciple bien-aimé dans leur course au matin de Pâques, ou alors nous avons marché avec les disciples d’Emmaüs sur leur chemin, avec Jésus sans le reconnaître.

Du matin de Pâques, nous passons au soir dans l’évangile de ce II dimanche de Pâques appelé aussi dimanche de la Divine Miséricorde. Seul l’évangéliste saint Jean nous dit que Jésus apparut au milieu des siens : « Le soir venu, en ce premier jour de la semaine,
alors que les portes du lieu où se trouvaient les disciples étaient verrouillées par crainte des Juifs, Jésus vint, et il était là au milieu d’eux
. » Imaginez un peu la scène ! Les portes sont fermées et bien verrouillées ! Les disciples remplis de remord et de culpabilité pour avoir abandonné Jésus, sont aussi presque morts de peur parce qu’un mandat d’arrêt avait été lancé contre tout le groupe. Si les portes de la maison sont verrouillées, nous pouvons même dire que leurs cœurs aussi sont verrouillés ! Comme il est beau et merveilleux de se rendre compte que les portes fermées n’arrêtent pas le Seigneur, notre incrédulité, le manque de foi n’arrêtent pas le désir de Dieu de nous rencontrer. Nos fermetures de cœur ne sont pas capables d’arrêter le Ressuscité dans son Amour infini qui est plus fort que nos peurs.

Imaginons donc un peu la scène du soir de Pâques ! Tout est fermé, mais les disciples voient Jésus présent au milieu d’eux ! Par où est-il passé ? Il n’y a pas eu de bruit, pas d’effraction, pas de porte cassée…… L’Abandonné mort en croix, le voilà devant ces lâches enfermés que nous sommes, nous qui ne savons qu’abandonner et trahir. Mettons-nous un peu à la place de Jésus ! Si c’est vous qui aviez été abandonné, trahi par vos amis, abandonné dans la gueule du lion, de la mort, et d’un coup, je ne sais par quel miracle, vous vous sauvez, sain et sauf alors que tout le monde vous savait déjà mort ! Alors, vous revenez et rencontrez vos amis traitres ! Que leur auriez-vous dit ? Un peu d’injures, beaucoup de colère, de rancœur, de menaces, quelques paroles bien dures pour rappeler aux autres leur lâcheté et trahison…

En voyant Jésus, les disciples s’attendaient, avec raison, à de vifs reproches !  Mais Jésus n’est pas comme nous. Il nous surprend ! Pas de rancœur, mais beaucoup de douceur et de miséricorde.  Au lieu de nous accabler, il apporte la paix et donne le saint Esprit : « Il leur dit : « La paix soit avec vous ! ». Les premières paroles du Ressuscité sont un don de la paix pour nos cœurs meurtris de culpabilité et de remord si nous le laissons pénétrer dans nos vies parfois verrouillées à sa présence.

Ensuite, il leur dit : « Recevez l’Esprit Saint. » Non seulement il nous donne sa paix, mais il donne aussi l’Esprit saint qui nous rend capable de toujours garder cette paix en nous et de la partager autour de nous. De notre accueil de l’Esprit saint dépendra notre capacité d’aimer. Si nous gardons notre cœur étroit, nous recevons tellement peu du saint Esprit. Mais si nous notre cœur est largement ouvert, alors il sera rempli d’une abondance des dons et des grâces de l’Esprit saint. C’est difficile de croire en la résurrection du Christ, le plus grand mystère, le cœur de la foi chrétienne. Pour cela, nous devons ouvrir, non pas nos cerveaux étroits, nos têtes orgueilleuses et prétentieuses… mais plutôt nos cœurs à la présence du saint Esprit qui nous fait comprendre toute chose et nous fait entrer dans la compréhension de ce grand mystère.

C’est pour cela que le temps pascal dure 50 jours : pour réfléchir, nous convertir et ouvrir notre cœur à la présence du Maître spirituel qu’est le saint Esprit que les disciples reçoivent à la Pentecôte. Pendant ces cinquante jours de cheminement, nous sommes accompagnés par un ami qui s’appelle Thomas.  Quel destin étrange, ce Thomas ! Il a fait la plus belle expression de foi dans les évangiles, mais il est passé dans l’histoire comme étant le maître et la référence des incrédules. L’athée le plus virulent, pour réfuter la foi, vous dira qu’il est comme saint Thomas qui ne croit que ce qu’il voit.

Pourtant, dans l’évangile selon saint Jean, le nom de Thomas est répété 7 fois (le chiffre de la totalité), et pour trois fois, il est appelé « Didyme » ce qui veut dire « Jumeau ». De qui est-il le jumeau ?  Spirituellement, on pourrait dire que Thomas est le jumeau de Jésus. Rappelez-vous qu’au moment d’aller ressusciter Lazare, le frère de Marthe et Marie à Béthanie, tous les disciples avaient peur et ne voulaient pas l’accompagner parce que Béthanie se trouve en Judée où Jésus était déjà recherché pour être mis à mort. : « Puis, après cela, il dit aux disciples : « Revenons en Judée. » Les disciples lui dirent : « Rabbi, tout récemment, les Juifs, là-bas, cherchaient à te lapider, et tu y retournes ? » Dans la suite, saint Jean nous dit : « Thomas, appelé Didyme (c’est-à-dire Jumeau), dit aux autres disciples : « Allons-y, nous aussi, pour mourir avec lui ! »

La chose qui caractérise le plus l’apôtre Thomas, c’est son courage et qu’il n’a pas peur.  Nous en avons la preuve ce soir ! Pendant que les autres disciples se cachent à cause de la peur dans une maison aux portes verrouillées, Thomas lui est sorti.  C’est sûr que ce n’est pas un bon exemple pour nous en ce temps de confinement pendant lequel nous devons tous rester chez nous par peur de ce virus… ! Beaucoup ont même peur de sortir pour aller à la messe ! Thomas n’avait pas peur de mourir ! Il avait compris qu’il n’y avait pas besoin de mourir pour Jésus. On ne peut mourir pour Jésus ! C’est lui qui meurt à notre place pour nous sauver de la mort éternelle.  Thomas a surtout compris que nous devons accepter de mourir comme Jésus et avec Jésus. C’est dans ce sens que Thomas est appelé « Didyme », le Jumeau de Jésus, celui qui lui ressemble parce qu’il veut mourir avec lui et comme lui. Mais Thomas est aussi le jumeau de chacun et chacune d’entre-nous. Il est l’un des douze, comme Judas d’ailleurs, prototype du disciple. Au fond, si nous sommes tous un peu des Judas dans nos trahisons, des Simon Pierre dans nos reniements, nous sommes aussi tous un peu des Thomas quand, pour croire, nous ne nous contentons pas d’écouter des témoignages mais voulons faire l’expérience de toucher le Seigneur.

Nous sommes proches de Thomas dans notre foi qui doute parfois, en oubliant cependant que le doute est le lubrifiant de la foi : Rappelez-vous que Marie, lors de l’Annonciation de la naissance de Jésus, exprime, elle aussi des doutes : « Comment cela va-t-il se faire parce que je suis vierge ? » demande-t-elle à l’Ange Gabriel. Voyez aussi que, comme nous, Thomas ne croit pas ses amis. Pourquoi ? Parce que ces 10 disciples qui lui annoncent la résurrection de Jésus n’étaient pas crédibles ! Comment pouvait-il croire à ceux qui avaient fui au pied de la croix, qui avaient laissé le maître seul au moment de l’angoisse ?  Pour Thomas, les autres disciples n’étaient tous que des hypocrites ! Comment pouvait-il croire en Simon Pierre qui avait renié Jésus par trois fois ? C’est l’expérience douloureuse que nous faisons aussi tous quand nous voulons évangéliser, des gens ont du mal à adhérer à notre message.  Et savez-vous pourquoi ? Parce que nous somme peu crédibles.

Pourtant, Thomas n’abandonne pas le groupe. Il reste avec les autres, et il fait bien de rester au sein de la communauté. Huit jours plus tard, le Ressuscité revient seulement pour Thomas. La rencontre avec le Ressuscité se passe au sein de la communauté. Jésus n’est pas allé rendre visite à Thomas dans sa maison, en privé. Le lieu ordinaire de la rencontre avec le Ressuscité est la communauté réunie, une communauté médiocre qui doit composer avec les trahisons et les reniements de ses membres. Il est important de graver dans nos cœurs que l’expérience de la rencontre avec le Ressuscité ne se fait pas au sein d’une communauté idéale et parfaite (qui n’existe nulle part sur terre, sauf au ciel). Jésus te rencontre dans la communauté à laquelle tu appartiens, celle où tu vis, dans laquelle tu chemines, avec ces frères et sœurs qui ne sont pas toujours à la hauteur de tes attentes, qui ont des défauts, qui te blessent parfois et que tu blesses aussi parce que nous sommes tous des pauvres pécheurs. Dans toutes les communautés ecclésiales (même dans les monastères et abbayes !), il y a des problèmes parce que nous ne sommes que des humains, et pas des anges tombés du ciel. L’Eglise est pécheresse, parce qu’elle est faite de vous et moi, mais c’est Jésus Ressuscité vient nous rencontrer pour nous sanctifier tous par son Esprit et les sacrements. C’est seulement dans ce sens que nous pouvons qualifier l’Eglise de sainte !

Jésus n’a pas accordé à Thomas le privilège d’une apparition particulière, mais il s’est présenté à lui « huit jours après », c’est-à-dire, quand la communauté se réunit de nouveau pour la célébration de l’eucharistie. Ça veut dire que même si j’ai du mal à ouvrir la porte de mon cœur, du mal à comprendre, du mal avec le prêtre qui célèbre ou l’assemblée qui m’entoure, Jésus revient quand même, me parle à travers la liturgie de la Parole, il est réellement présent, me demande de le toucher dans la communion à son Corps et à son sang, et me demande, comme à Thomas, de mettre son doigt dans les marques des clous et son côté transpercé. Au lieu de toucher les plaies, Thomas fait la plus belle profession de foi de tous les évangiles : « Mon Seigneur et mon Dieu ». Je suis ému quand, à la communion, le fidèle reçoit le corps du Christ en disant « Mon Seigneur et mon Dieu » pour professer que dans le pain consacré, c’est vraiment Jésus qui est réellement présent.

Grâce à Thomas, Jésus nous donne une béatitude : « Heureux ceux qui croient sans avoir vu. » C’est la béatitude de celui qui recommence ou qui patine dans la foi, mais qui est là, dans l’Eglise. Jésus parle ici de nous qui, huit jours après sa résurrection, après deux milles ans, continuons à nous réunir en son nom même si nous ne l’avons pas vu, mais nous le voyons dans l’eucharistie, nous l’aimons sans l’avoir vu, mais croyons en lui présent dans l’eucharistie : « Sans te voir nous croyons, sans te voir nous t’aimons, et nous exultons de joie, sûrs que tu nous sauves ! Nous croyons en toi ».  Prions Dieu de nous libérer d’une foi tellement sûre de soi, vaccinée contre toute forme de doute, une foi qui risque de devenir tellement orgueilleuse, prétentieuse, méprisante envers ceux qui ont plus de mal à croire à cause des épreuves de la vie.

A la fin de son évangile, Jean nous laisse un message important : l’expérience du Ressuscité est personnelle. La foi en Dieu est une expérience, pas une théorie, une doctrine. Il nous faut Le toucher, Le voir, Le rencontrer. Avoir lu beaucoup de choses sur l’amour est une connaissance théorique, mais avoir été amoureux et être aimé, c’est autre chose. C’est l’expérience qui produit la vraie connaissance, parce que l’expérience est la connaissance du cœur. Nos liturgies ne doivent pas nous parler de Dieu, mais doivent nous faire faire l’expérience de Dieu, nous permettre de le rencontrer, le toucher. Les premières communautés chrétiennes nous ont transmis leur expérience de Dieu. Nous sommes appelés à faire la nôtre. Peu importe nos chutes, nos faiblesses, nos trahisons ! Ce qui compte, c’est la présence du Ressuscité au milieu de nous, « mon Seigneur et mon Dieu » qui rencontre chacun de nous, à travers chaque eucharistie célébrée en communauté, en Eglise, avec les autres.
Amen.

Homélie du Père Joseph du II° Dimanche de Pâques, Divine Miséricorde, année B (2021)2021-04-11T19:40:42+02:00

Homélie du Père Joseph du Dimanche de Pâques, année B (2021)

« Ne vous laissez pas voler l’espérance » ! Voilà une phrase que le pape François ne cesse de répéter aux catholiques et aux hommes et femmes de bonne volonté. Certains diront que ce sont « de belles paroles » qui ne collent pas avec la réalité de ce que nous vivons au quotidien ! Depuis plus d’une année, nous ne savons plus où va notre monde : une crise sanitaire dont nous avons du mal à nous débarrasser et qui fait des ravages sur tous les plans ! Presque 100.000 morts en France, des hôpitaux qui saturent, les jeunes déprimés, sans perspective et ne savent plus envisager l’avenir scolaire ou professionnel, des personnes âgées isolées, enfermées chez elles à cause de la peur, des familles, même chez nous, dans cet ouest toulousain qu’on qualifie de « bourgeois » qui n’arrivent plus à nouer les deux bouts du mois. La crise sanitaire a causé une crise professionnelle, financière et économique….Nous avons peur d’attraper ce virus de Covid19, en plus la vaccination qui patine ! Alors, direz-vous, le pape François peut nous inviter à ne pas nous laisser voler notre espérance, mais qu’est-ce qu’il sait de ce que nous vivons ! Ce que vous pouvez qualifier comme étant de « belles paroles » ont pourtant un fondement solide : c’est le mystère que célébrons ce dimanche !

C’est l’espérance de notre foi que nous trouvons dans cette affirmation de saint Paul écrite aux Corinthiens : « Nous proclamons que le Christ est ressuscité d’entre les morts ; alors, comment certains d’entre vous peuvent-ils affirmer qu’il n’y a pas de résurrection des morts ? S’il n’y a pas de résurrection des morts, le Christ non plus n’est pas ressuscité. Et si le Christ n’est pas ressuscité, notre proclamation est sans contenu, votre foi aussi est sans contenu » (1 Co12, 11-14). Dans la foi chrétienne, tout tourne autour de la résurrection et la qualité de notre vie dépend de combien et comment nous croyons en elle, de comment elle fonde notre espérance.

Chers amis Ombeline, Luc, Paul-Alexis, Laurent, Gelareh, Béatrice, et la petite Charlotte (qui est baptisée en même temps que sa maman !) attention ! Nous pouvons nous dire chrétien, parce que nous avons reçu le baptême, notre nom inscrit dans un registre à Tournefeuille pendant que nous vivons en ennemi du Ressuscité. Quand on demande aux chrétiens de rendre compte de leur foi, beaucoup répondent souvent spontanément : que nous croyons en un Dieu qui s’occupe de nous, un Dieu qui a tellement aimé le monde au point de donner sa propre vie pour nous, ou encore que nous croyons en un Dieu qui peut tout etc… Des paroles ! Paroles, paroles… là, Dalida avait raison !

La résurrection de Jésus ne nous vient jamais spontanément à l’esprit comme étant l’élément fondateur de notre foi. Malheureusement je vous informe qu’une bonne partie de ceux qui se disent chrétiens, parce que baptisés, ne croient pas en la résurrection ! Deux exemples ! I Un jour, je suis invité par un groupe des paroissiens, d’une paroisse voisine, pour déjeuner un dimanche midi. Très belle ambiance, bon enfant, tout le monde est content, on rigole, on prend l’apéro… Bref un très bon groupe de copains, avec la même sensibilité spirituelle et pastorale

A un certain moment la discussion tourne autour la résurrection. Un monsieur que je connaissais très bien, engagé dans sa paroisse, avoue spontanément qu’il croit plus en la réincarnation mais pas en résurrection ! Imaginez le choc ! J’ai rougi de honte, de colère, d’étonnement ! Oui même les noirs peuvent rougir ! La voisine de droite enchaîne en affirmant qu’elle est d’accord avec ce que venait de dire monsieur X : elle non plus ne croyait pas en la résurrection. La moitié de ceux qui étaient autour de la table croyaient plus en la réincarnation qu’à la résurrection. Il fallait que je reste poli et sage, mais il m’a fallu prendre sur moi et une grâce particulière du Seigneur pour terminer mon plat. Quelques jours plus tard, en écoutant France Info, j’apprends que dans une enquête faite en France, plus de la moitié des Français qui se disent chrétiens ne croyaient pas en la résurrection !

Pour les premiers chrétiens pourtant, l’accès au baptême était fondé sur le Kérygme, c’est-à-dire, la proclamation du message selon lequel Jésus est Seigneur parce qu’il est mort et ressuscité. Nous trouvons cela dans ce message de Pierre dans les Actes des Apôtres : « Jésus de Nazareth, Dieu lui a donné l’onction d’Esprit Saint et de puissance. Là où il passait, il faisait le bien et guérissait tous ceux qui étaient sous le pouvoir du diable, car Dieu était avec lui.  Et nous, nous sommes témoins de tout ce qu’il a fait dans le pays des Juifs et à Jérusalem. Celui qu’ils ont supprimé en le suspendant au bois du supplice, Dieu l’a ressuscité le troisième jour. Il lui a donné de se manifester, non pas à tout le peuple, mais à des témoins que Dieu avait choisis d’avance, à nous qui avons mangé et bu avec lui après sa résurrection d’entre les morts.  Dieu nous a chargés d’annoncer au peuple et de témoigner que lui-même l’a établi Juge des vivants et des morts » (Actes 10, 38-42). Chers baptisés de Pâques, c’est ce message que Jésus vous envoie témoigner et proclamer par votre vie !

Le mystère de la résurrection est le cœur de notre foi. Notre réticence devant ce grand mystère de notre foi est déjà présente chez les disciples. Il est dit : « Jusque-là, en effet, les disciples n’avaient pas compris que, selon l’Écriture, il fallait que Jésus ressuscite d’entre les morts. » Nous pouvons interpréter ce verset de deux manières. D’abord, que les disciples avaient encore besoin de voir, par eux-mêmes Jésus ressuscité, pour que lui-même, en commençant par Moïse et tous les prophètes, leur explique toute l’Ecriture, comme il l’a fait avec les deux disciples d’Emmaüs, ou que les disciples attendaient la venue du saint Esprit pour être introduits dans la vérité du mystère de la résurrection. Ensuite, cela  peut vouloir dire que nous les disciples sommes toujours incapables de reconnaître le Ressuscité, de comprendre la résurrection, de nous rendre compte de la radicale nouveauté, de l’importance de la résurrection dans notre vie. La preuve en est que tout en ayant vu le ressuscité et mangé avec lui plusieurs fois, les disciples ont du mal à le reconnaître à chaque nouvelle apparition.

Ne soyons pas étonnés de cette difficulté à comprendre, parce que la résurrection de Jésus n’est pas comme celle de Lazare. Il ne s’agit pas d’un simple retour à la vie d’avant. Le mode le plus adéquat de se représenter est d’y voir des cieux nouveaux et une terre nouvelle, d’après la phrase que l’Apocalypse met sur les lèvres du ressuscité : « Voici que je fais toutes choses nouvelles » (Ap 21, 5). Comme la première création est tirée du néant au commencement, ainsi la résurrection de Jésus reprend toute la création et la récapitule, lui insuffle un nouveau dynamisme, le remet en mouvement en la transformant et en l’orientant vers la destination dans laquelle elle trouve sa pleine réalisation et accomplissement, c’est-à-dire son retour dans le sein du Père. Le baptisé devient ainsi une nouvelle créature, débarrassé de l’homme ancien, du vieil homme marqué par le péché originel. Le baptême nous fait participer cette nouveauté radicale qui nous fait passer de la mort avec le Christ à la résurrection avec lui.

La mort de Jésus avait traumatisé les disciples, les avait laissés abasourdis, inertes, confus, incapables de prendre aucune initiative. Ils sont assis, silencieux, tétanisés, paralysés, renfermés, les portes verrouillées dans le Cénacle. A un certain moment, quelque chose d’inattendu met fin à cette paralysie et tout se remet de nouveau en mouvement : Marie Madeleine revient du tombeau et va à la rencontre des disciples qui ont peur. Ensuite, Pierre et le disciple bien-aimé sortent en courant tout d’un coup alors qu’ils étaient morts de peur : « Ils couraient tous les deux ensemble, mais l’autre disciple courut plus vite que Pierre ».  Evidemment, « grand-père » Pierre ne peut pas courir aussi vite que le « petit jeune » Jean.

Ce dernier a du respect pour les anciens qu’il attend Pierre à l’arrivée pour le laisser entrer le premier constater le tombeau vide. Tout d’un coup, ils sont plus attentifs, ouvrent les yeux, s’interrogent et reprennent vie. Ce qui les fait bouger n’est pas d’abord une perception claire de la signification de cet événement. L’évangile nous dit qu’ils sont perplexes. Il a seulement suffi à Marie-Madeleine de voir la pierre du tombeau roulée pour qu’elle aille voir en toute vitesse les apôtres. Jean lui, a vu seulement les linges posés à plat. Pierre lui entre et observe la même scène, et seulement à la fin il est dit que Jean vit et crut. Si nous cherchons un signe précis de la résurrection dans cet évangile, nous ne le trouvons ni dans la pierre roulée, ni dans les linges posés à plat, ni dans le suaire bien rangé, ni dans la tombeau vide. La résurrection est quelque chose de mystérieux, d’inattendu qui fait que les cœurs des disciples se sont déverrouillés, un événement inexplicable qui les remet en marche, fait battre leurs cœurs, les fait revivre de nouveau en leur sortant de leur peur…de manière inattendue.

Le mystère de la résurrection caché et croire en elle veut dire accepter en partie que ce qui donne sens à notre vie et à notre foi soit impénétrable. La résurrection, celle du Christ, comme la nôtre à la fin des temps reste très difficile à comprendre. La foi en elle exige cependant que nous discernions sa puissance déjà à l’œuvre de manière mystérieuse déjà aujourd’hui dans notre vie, reconnaissable dans un souffle, une soif, une sorte de tension qui dérive de notre conscience d’avoir été conquis par le Christ, comme dit saint Paul : « Certes, je n’ai pas encore obtenu cela, je n’ai pas encore atteint la perfection, mais je poursuis ma course pour tâcher de saisir, puisque j’ai moi-même été saisi par le Christ Jésus. Frères, quant à moi, je ne pense pas avoir déjà saisi cela. Une seule chose compte : oubliant ce qui est en arrière, et lancé vers l’avant, je cours vers le but en vue du prix auquel Dieu nous appelle là-haut dans le Christ Jésus » (Phil 3, 12-14)

Baptisés, ressuscités, nous sommes appelés à la même attitude qui fait de nous des disciples authentiques de Jésus : le suivre, même quand nous ne comprenons pas totalement. Nous comprendrons tout un jour, quand nous serons totalement en lui, quand nous le verrons face à face. Mais aujourd’hui déjà, vivons en « ressuscités ». Cherchons les choses d’en-haut ! Cultivons des désirs, des projets qui nous unissent davantage à Jésus ressuscité. Prenons notre responsabilité, dans l’Eglise, dans le monde, dans la société pour les rendre meilleurs ! Vivre en ressuscité ne signifie pas que nous devons profiter moins de la vie présente. Cela signifie que nous devons orienter notre vie présente de telle manière qu’elle se conforme à ce à quoi nous sommes appelés dans le baptême : devenir saint chaque jour en nous unissant davantage au Christ mort et ressuscité dont nous sommes témoins. Amen.

 

Homélie du Père Joseph du Dimanche de Pâques, année B (2021)2021-04-20T22:58:17+02:00

La dimension hautement pascale de l’eau dans notre foi !

La dimension hautement pascale de l’eau dans notre foi !

Depuis une année, nous avons été privés d’eau bénite dans nos églises…! Les bénitiers à l’entrée sont secs ! Quand il a été possible, nous avons utilisé l’eau avec parcimonie et en faisant très d’attention.  Une vidéo virale circulée sur les réseaux sociaux dans laquelle on voit un monsieur entrant dans supermarché. A l’entrée, il doit se désinfecter les mains avec le gel, mais il se signe de la croix comme s’il entrait dans une église… Cela illustre la frustration de beaucoup parmi nous qui ne peuvent plus se signer avec l’eau bénite en entrant de nos églises, par respect des mesures barrières. Au lieu de l’eau bénite à l’entrée, nous avons désormais le gel pour se désinfecter ! Lors des baptêmes, nous faisons désormais attention aux rites pour que l’eau ne devienne pas un moyen qui permet au coronavirus de circuler.

L’eau est pourtant massivement présente dans la bible, la foi et la liturgie chrétienne, en particulier pendant ce temps pascal. Dès le début de la création, « le souffle de Dieu planait sur les eaux » (Gn 1, 1) pour signifier la vie que Dieu donne à toute la Création qui est son œuvre. Nous en faisons intégralement partie mais Dieu la confie aux soins de l’humain créé à son image et à sa ressemblance. Il s’agit d’un devoir, une mission, une vocation. Les célébrations pascales mettent l’accent sur la symbolique de l’eau. Le Jeudi Saint, au cours du repas eucharistique, c’est le Seigneur qui nous appelle au service les uns des autres à travers le lavement des pieds pour nous laisser un exemple : « Si donc moi, le Seigneur et le Maître, je vous ai lavé les pieds, vous aussi, vous devez vous laver les pieds les uns aux autres » (Jn 13, 14).  Cette année, il ne sera pas possible de vivre le rite du lavement des pieds. L’office du Vendredi Saint nous invite à « lever les yeux vers Celui dont le cœur est transpercé » (Jn 19, 34-37) pour contempler ce Cœur d’où jaillissent de l’eau et du sang, symbole des sacrements à travers lesquels Dieu nous transmet sa propre Vie dans l’Eglise.

La Vigile Pascale et le dimanche de Pâques avec l’importance accordé au baptême, sont caractérisés par la présence massive de l’eau. Dans la liturgie de la Parole, plusieurs textes parlent de l’eau : l’eau sur laquelle plane le souffle de Dieu lors de la création qui est la première Pâque, le passage du chaos à la vie (1ere lecture). Ensuite la traversée de la Mer Rouge à pied-sec qui est le cœur de foi du peuple Hébreu, libéré de l’esclavage en Egypte à la liberté dans la Terre Promise. C’est la troisième lecture tirée de l’Exode, obligatoire au cours de la veillée pascale. Le prophète Isaïe nous rappelle que Dieu étanche notre soif en nous abreuvant gratuitement (5è lecture) tandis qu’Ezéchiel nous rappelle que Dieu nous purifie de toutes nos souillures et de toutes nos idoles en répandant sur nous une eau pure qui fait de nous de créatures nouvelles (7è lecture). Dans le psaume 50, nous nous unissons à la prière du psalmiste suppliant le Seigneur dans sa miséricorde infinie : « lave-moi tout en entier de ma faute, purifie de mon offense ! » L’épître aux Romains explicite la dimension pascale du baptême qui nous lave de tout péché et plus particulièrement du péché originel, en mourant avec le Seigneur pour ressusciter avec Lui.

Le contexte pandémique ne nous permet pas de prendre toutes ces lectures de la Vigile pascale que nous allons célébrer au petit matin cette année, le dimanche 4 avril à 6h30. Je vous invite néanmoins à prendre le temps de lire ces beaux textes qui nous rappellent comment le Seigneur nous lave, nous purifie, nous pardonne, nous abreuve, nous bénit, nous sanctifie, lui qui nous invite à nous unir à Lui, dans sa mort et sa résurrection, pour être des créatures nouvelles.  Sainte et Joyeuse Pâques !

 

La dimension hautement pascale de l’eau dans notre foi !2021-03-23T17:34:10+01:00
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