Mes chers frères et sœurs,
Dès mercredi soir et jeudi, nous célébrons l’Ascension et 9 jours après, le 23 mai, nous célébrons la Pentecôte. Ces deux fêtes vont marquer la fin du temps pascal. Pendant tout le temps pascal, nous avons été accompagnés par l’évangile de saint Jean, le disciple bien-aimé. Jésus nous a appelé à l’unité « qu’ils soient un en comme nous sommes UN », au service, à rester en communion avec lui. Il s’est révélé à nous étant le Bon Pasteur, le Vrai Bergerqui donne sa vie pour ses brebis. Il nous a rappelé cette communion intime avec lui et entre nous, à travers la comparaison de la Vigne et ses sarments. « Mon Père est le Vigneron, je suis la Vigne et vous êtes les sarments ». Par cette comparaison, Jésus nous rappelait que notre vie ne peut porter du fruit et être féconde que si nous demeurons en lui, c’est-à-dire, si nous sommes solidement attachés, branchés, connectés à lui.
Ce dimanche, le Seigneur nous ouvre son cœur de passionné. Les termes de son langage sont ceux d’un amoureux heureux tels que : aimer, amour, joie, plénitude, fruit. « Comme le Père m’a aimé, moi aussi je vous ai aimés, demeurez dans mon amour ». L’amour n’est jamais une obligation ni un devoir ! Il s’agit que quelque chose qui vient du cœur. « Demeurez dans mon amour », nous dit le Seigneur. Quand on a trouvé l’amour, on fait tout pour y rester et en profiter pleinement chaque jour. Mais Jésus sait très bien que notre cœur est faible et que nous pouvons nous tromper en nous éloignant de lui, alors, comme on parle à son amoureux ou son amoureuse, Jésus nous supplie : « s’il te plaît, demeure dans mon cœur, s’il te plaît, restez en moi, reste auprès de moi, ne m’abandonne pas, ne me quitte pas, ne repousse pas l’amour que je désire te donner ».
Combien de fois nous rencontrons des hommes et des femmes qui résistent à l’amour, qui défendent et protègent leur coeur contre l’amour. Nous avons eu des blessures dans notre enfance, nous avons vécu des déceptions amoureuses qui ont poussé notre cœur à se refermer, se barricader et à être toujours sur la défensive contre l’amour. Nous mettons alors une vraie carapace pour ne pas être atteint par l’amour de l’autre. Le pire, c’est que nous produisons le même mécanisme envers Dieu : combien de gens ont peur de se laisser aimer par Dieu en entretenant avec lui une relation simple et politiquement correcte, une relation superficielle et de façade, « en posant des limites et des conditions et en aimant dans une certaine mesure ». Jésus nous dit pourtant que son Amour nous donne une Joie parfaite.
L’Amour vrai existe encore !!!! Même si on n’arrête pas de nous répéter le contraire ! Cet Amour, c’est Dieu lui-même. « Dieu est Amour », nous dit saint Jean ! Nous ne méritons pas son Amour, mais il nous le donne gratuitement ! Dieu nous aime de manière unilatérale, asymétrique parce que son amour ne tient pas compte de nos mérites ou de notre sainteté. Jésus nous demande simplement de le laisser nous aimer. Ensuite, le Seigneur nous demande de laisser son amour en nous déborder comme un vase bien plein et de faire la différence en devenant témoins de son amour débordant : « Mon commandement, le voici : Aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés ». Aimer comme Jésus, tel est le commandement nouveau, testament spirituel qu’il laisse à ses disciples le Jeudi saint, à la veille de sa mort. Il leur montre en quoi consiste l’amour chrétien : aimer, c’est se mettre au service, c’est laver les pieds des autres, même ceux de Judas Iscariote. Aimer comme Jésus, c’est chrétien, c’est accepter d’aimer même quand nous sommes blessés et trahis. Si nous n’aimons quand les choses vont bien, nous n’irons pas loin avec nos familles, nos amis, communautés et voisins.
Être chrétien n’est pas chose simple et banale ! Il ne suffit pas d’avoir son nom inscrit dans un registre de baptême. Aimer comme Jésus, c’est se laisser aimer par le Christ signifie donner notre vie comme lui : « Il n’y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ses amis ! » Es-tu capable de donner ta vie pour ton épouse, ton époux, tes enfants, tes frères et sœurs, ta famille… ? Peux-tu donner ta vie pour le Christ ? Pensons aux nombreux martyrs qui meurent pour le Christ en témoignant de leur foi de manière vitale, jusqu’au don suprême Quant à nous, nous voulons parfois une foi chrétienne à la carte comme au supermarché, une foi qui nous convient et quand ça nous convient, une foi sans engagement ni sans exigence, à notre sauce !
Pour mettre en pratique ce nouveau commandement de l’Amour, et pour que cela nous soit donné par le Saint Esprit à la Pentecôte, voici quelques recommandations et conseils, des grâces à demander au Saint Esprit.
–S’attacher au Père comme Jésus l’a fait. Si nous ne cherchons pas d’abord le Seigneur, s’il n’est pas au centre, au cœur de notre vie personnelle, familiale, ecclésiale… nous risquons de nous épuiser et devenir des sarments secs destinés à être coupés pour être brûlés… « Celui qui demeure en moi porte beaucoup de fruit. Celui qui ne demeure pas en moi est un sarment qui se dessèche et qui ne porte pas de fruit. Sans moi vous ne pouvez rien faire ».
-Considérer nos frères et sœurs non plus comme des serviteurs, mais comme des amis, c’est-à-dire, des gens que nous désirons aimer chaque jour un peu plus malgré nos et leurs défauts ! Cela nécessite que nous soyons guéris de toute forme de jalousie, de rivalité, de querelle, de rancœur, d’orgueil….Pouvons-nous fonder nos relations dans l’Amour du cœur de Jésus ?
– Aimer, c’est donner la vie pour les autres : « Il n’y a pas de plus grand amour que de donner la vie pour les gens qu’on aime ». Donner sa vie pour aux autres ne signifie pas forcément mourir, mais faire mourir notre égoïsme, notre amour propre, notre orgueil, pour nous mettre, humblement mais généreusement au service des autres, dans la communauté, la famille, la société humaine ! Notre vie nous a été donnée, et elle est destinée à être donnée pour les autres pour se réaliser pleinement !
Pour finir, écoutons de nouveau les paroles que Jésus nous adresse : « Je vous ai dit cela pour que ma joie soit en vous et que votre joie soit parfaite ». Aimer le Seigneur et se laisser aimer par Lui, aimer véritablement nos frères et sœurs, cela ne peut que donner de la joie parfaite. C’est cette joie parfaite que je souhaite à chacun de nous, et plus particulièrement à tous ces enfants, ces jeunes qui vont prochainement recevoir le sacrement de baptême, l’eucharistie, la confirmation, le mariage, qui vont faire la profession de foi…Que Jésus nous donne d’être toujours dans la joie parce que nous désirons demeurer dans son Amour. Amen.