Mes chers frères et sœurs !
Dans la vie, lorsque nous constatons que les autres sont meilleurs, plus excellents, plus chanceux, plus riches, plus talentueux que nous, nous sommes ou pouvons être victime de ce un grand sentiment d’envie et posséder nous aussi ces qualités et talents que nous découvrons chez les autres. Dans le monde professionnel, nous voyons alors se développer la rivalité et la jalousie entre collègues qui travaillent dans le même domaine, et sur le même projet. Si un collègue atteint son objectif avant nous, et surtout si cela s’accompagne d’une reconnaissance financière ou en responsabilité, nous devenons envieux et jaloux. N’oublions jamais que l’envie et la jalousie sont deux des 7 capitaux…. Pensez à deux jeunes ados, les meilleurs amis qui viennent d’obtenir le BAC. Il veut devenir ingénieur, et tous deux font une prépa. Deux années de boulot acharné où ils se soutiennent et se motivent mutuellement. A la fin, il y un concours, et l’un est bien classé et est admis dans la meilleure école d’ingénieur, l’école de ses rêves. Mais l’autre, à cause du classement au concours, n’as trop le choix doit accepter d’intégrer une école moins côté. Tout d’un coup, jalousie et frustration met un peu de froid dans la relation entre ces deux ados qui étaient pourtant les meilleurs amis du monde. Mais tout cela était en même temps révélateur de cette jalousie et cet orgueil enracinés dans le cœur pour ne pas accepter que l’autre soit meilleur.
Victimes de l’orgueil et de la prétention, nous devrions au contraire nous réjouir que les autres soient meilleurs et atteignent certains sommets, surtout s’ils le méritent bien ! Nous réjouir, au niveau professionnel, que l’entreprise progresse, qu’elle soit plus efficace, plus productive… grâce aux talents des uns et des autres, parce que ce qui compte, c’est que les choses avancent, en remplissant chacun son rôle. En fait, si nous sommes orgueilleux et prétentieux, nous risquons de déchanter cat nous trouverons toujours quelqu’un qui soit plus beau, plus intelligents, plus talentueux que nous. Nous ne sommes pas les seuls à avoir des qualités et des charismes… ! Au contraire, nous devons demander la grâce de reconnaitre humblement et nous réjouis des charismes, des qualités et du potentiel présents chez les autres.
Si l’orgueil, les rivalités, la prétention existent dans le monde professionnel, scolaire, politique, elles existent malheureusement aussi dans la vie chrétienne et dans le domaine ecclésial. Ne soyez pas choqués ni naïfs : jalousie et rivalités existent malheureusement entre séminaristes, entre prêtres, évêques, cardinaux, membres de la même communauté religieuses, entre paroissiens, dans nos familles, entre les époux, entre frères et sœurs… ! Savez-vous pourquoi ? Parce que nous sommes d’abord profondément pétris d’humanité, des hommes et femmes, ces êtres de rivalités que nous sommes naturellement…mais appelés à ressembler au Christ humble, pauvre, petit et ouvert à tous.
La Parole de Dieu de ce dimanche met le doigt sur la jalousie de voir que d’autres peuvent accomplir comme nous, ou même mieux que nous, l’œuvre de Dieu. Nous sommes jaloux de voir que ceux qui ne font pas partie de « notre club », « de notre mouvement », « notre équipe de spiritualité », « notre sensibilité religieuse, pastorale » puissent mieux faire que nous certaines choses. Dans la première lecture, il est écrit : « Or, deux hommes étaient restés dans le camp ; l’un s’appelait Eldad, et l’autre Médad. L’esprit reposa sur eux ; eux aussi avaient été choisis, mais ils ne s’étaient pas rendus à la Tente, et c’est dans le camp qu’ils se mirent à prophétiser. Un jeune homme courut annoncer à Moïse : « Eldad et Médad prophétisent dans le camp ! » Josué, fils de Noun, auxiliaire de Moïse depuis sa jeunesse, prit la parole : « Moïse, mon maître, arrête-les ! » Mais Moïse lui dit : « Serais-tu jaloux pour moi ? Ah ! Si le Seigneur pouvait faire de tout son peuple un peuple de prophètes !»
Dans la première lecture, Josué, celui-là même qui prendra la suite de Moïse en conduisant le peuple d’Israël dans la Terre Promise est presque mort de jalousie. Cette jalousie est remarquée dans le cœur du plus mystique des apôtres, celui qu’on appelle « le Disciple Bien-Aimé », l’apôtre Jean comme nous pouvons le voir aussi dans l’évangile : « En ce temps-là, Jean, l’un des Douze, disait à Jésus : « Maître, nous avons vu quelqu’un expulser les démons en ton nom ; nous l’en avons empêché, car il n’est pas de ceux qui nous suivent. » Jésus répondit : « Ne l’en empêchez pas, car celui qui fait un miracle en mon nom ne peut pas, aussitôt après, mal parler de moi ; celui qui n’est pas contre nous est pour nous. »
Dans les deux cas, la solution peut nous surprendre : il ne faut empêcher à personne d’être l’instrument des bénéfices de la grâce de Dieu. Toute personne qui fait du bien au nom de Jésus, même s’il ne fait pas partie des disciples, accomplit une œuvre qui plait à Dieu. A une certaine époque, et peut-être aujourd’hui encore, dans certains groupes, nous avions une vision exclusive de l’action de Dieu. Nous pensons que le Seigneur n’agit seulement que parmi nous et à travers nous, notre mouvement, notre petit groupe, notre Eglise, notre religion, notre spiritualité… tout cela devient un peu sectaire ! C’est la Communauté de l’Emmanuel ou rie, c’est le Chemin Neuf ou rien, le Equipes Notre-Dame ou rien, Vivre et Aimer ou rien, le CPM ou rien, l’Opus Dei ou rien, Les SGDF ou rien, les Scouts d’Europe ou rien ! Absolutiser son groupe pour exclure les autres.
L’Eglise nous dit que le Seigneur agit certainement dans et à travers l’Eglise, mais nous ne pouvons pas enfermer l’action de Dieu seulement à l’intérieur des murs et l’activité de nos églises. Une œuvre bonne, d’où qu’elle vienne et qui l’accomplit… est toujours un bien venant de Dieu, un signe de la présence de Dieu qui agit dans tous les cœurs qui savent l’écouter. Dans le cadre du dialogue inter-religieux, l’Eglise catholique appelle les chrétiens à reconnaitre que beaucoup de dons, charismes sont présents en dehors de notre religion chrétienne. Emerveillons-nous de constater les qualités éloquentes dans les autres religions et cultures, pour la simple raison que le saint Esprit, auteur de sanctification et dispensateurs des dons et des charismes, agit aussi au-delà des frontières de la religion chrétienne, dans les hommes et femmes de bonne volonté même s’ils ne connaissent pas Dieu de manière explicite. On appelle cela les semences du Verbe !
L’Eglise, tout en réaffirmant d’être l’unique dépositaire de la vérité, tout en soulignant d’être l’unique institution voulue par le Christ pour le salut du monde et tout en revendiquant sa légitime autorité dans le domaine spirituel (Ecclesia Mater et Magistra), reconnait aussi que beaucoup d’éléments d’édification spirituelle peuvent se trouver aussi dans d’autres religions. Le saint Esprit agit en d’autres lieux bien loin de nous et que des éléments de vérité puissent se trouver aussi dans le monde athée et dans les autres religions.
L’autre point souligné dans cet évangile, c’est le soin et l’attention pour nos enfants et nos petits-enfants. Ils sont d’abord enfants de Dieu qui nous les confie pour que nous en prenions soin ! Nos enfants ne sont pas nos propriétés, les objets de nos droits et revendications…A la naissance, nous sommes tous comme les enfants dont parle Jésus dans l’évangile : un petit être fragile, sans expérience, innocent sur tous points de vue et ouvert au bien. Mais cet être fragile est aussi exposé à toute sorte de menace et des tempêtes qui peuvent scandaliser, détruire et abimer sa vie, avec toutes ces horreurs dont on entend parler, les incestes et pédophilies dans les familles, les écoles, et malheureusement aussi dans l’Eglise. Combien les enfants souffrent des querelles et des séparations entre parents, des conflits en familles, des idéologies de PMA, GPA…dans la société.
Tellement sollicités par le travail et nombreuses occupations, nous n’avons plus du temps à passer avec les enfants : on part très tôt u boulot pour rentrer après 20h00 le soir ; tellement fatigué qu’on a qu’une envie : aller dormir. Certaines nounous et maîtresses d’école connaissent parfois mieux les enfants que certains parents. Dans l’évangile, le Seigneur Jésus n’utilise pas de demi-mots pour condamner le scandale et le mal faits aux enfants : « Celui qui est un scandale, une occasion de chute, pour un seul de ces petits qui croient en moi, mieux vaudrait pour lui qu’on lui attache au cou une de ces meules que tournent les ânes, et qu’on le jette à la mer ».
Prions pour les parents, les pasteurs, catéchistes, animateurs d’aumônerie, les enseignants, les différents acteurs de l’éducation intégrale des enfants. Que tout ce que nous posons comme geste et choix cherchent toujours le bien pour chaque enfant qui nous est confié dans la famille, dans la société et dans l’Eglise. Seigneur donne ta lumière à tous les éducateurs et bénis chacun de nos enfants. Amen.