Mes chers frères et sœurs !
Ces les dimanches de juillet que nous clôturons aujourd’hui, nous avons été bien gâtés par l’évangéliste saintLuc. Après le bon samaritain, Marthe et Marie, le Notre-Père reçue et le rappel l’importance d’une prière portée dans uneconfiance filiale… la Parole de Dieu de ce dimanche nous parle d’un sujet déjà présent implicitement ces trois derniers dimanches : l’usage des biens matériels. Quel lien peut-on trouver entre la charité concrète du Samaritain et le repasque Jésus a partagé chez Marthe et Marie à Béthanie ? Quel lien avec le pain quotidien que nous demandons dans le Notre Père ? Le point commun entre ces différents récits etcelui d’aujourd’hui, c’est l’aspect incarné, quotidien et concret de nos choix et de nos relations, dans le rapport délicat que nous avons avec les choses matérielle, l’argent, la richesse.
Petite enquête rapide ! Qui parmi nous ici présents n’a jamais eu des soucis avec l’argent ? Si nous sommes honnêtes, nous avouerons avoir été confrontés un jour à la question de la gestion, l’absence, le manque, les conflits, tension en lien avec l’argent ou les biens matériels. Je vous rappelaisdimanche dernier, comment Abraham et Loth son neveu s’étaient brouillés à cause de la gestion de leur troupeau et ils ont dû se séparer et c’est à ce moment-là que Loth est allé vivre à Sodome. Être en conflit à cause de l’argent, de l’héritage ou des biens matériels est une réalité aussi vielle que le monde !
Combien d’amitiés cassées à cause de l’argent, des liensfamiliaux transformés en haine viscérale pour quelque mètres-carré d’appartement, hectares de terre ou même quelques meubles ou vaisselles laissés par les parents décédés ? Je vois encore les larmes et tristesse de cette jeune adolescente d’aumônerie qui, lors d’une retraite de profession de foi, vient dire en confession la haine viscérale que se vouaient entre son père et son oncle à cause de l’héritage…ce qui lui privait de revoir ses cousins et cousines alors qu’ils habitaient tous à Toulouse. Pensez à la guerre que se font les époux, quand malheureusement survient le divorce, pour le partage des biens matériels.
En famille comme avec les amis, il faut qu’il y ait de la justice et de l’équité, avant de les transformer en solidarité ! On ne peut pas, au nom de l’amitié, accepter de subirl’injustice de quelques membres de famille. Il y dans toutes les communautés quelques durs qui pensent qu’ils peuvent écraser tout le monde. Parfois, il nous faut mettre les pieds dans les plats pour leur dire que ça suffit et ne pas laisser certains amis, parents écraser les autres. Ces conflits-làcependant, essayons de les résoudre directement, à l’amiable, en famille en évitant dans la mesure du possible de le faire devant juges et avocats.
A la demande qui lui est faite d’être médiateur dans un conflit d’héritage, Jésus refuse de se mêler à cette affaire parce que nous pouvons « par nous-même discerner pour distinguer ce qui est juste » de ce qui ne l’est pas. Jésusrefuse parce que nous avons été créés suffisamment intelligents pour résoudre toutes nos questions pratiques. Jésus refuse parce qu’on ne doit pas demander à Dieu de faire à notre place ce que nous sommes capables de faire par nous-même. Jésus refuse parce qu’il nous traite comme des adultes, et pas comme ces gamins qui doivent toujours faire recours aux parents ou à la maitresse pour résoudre leurs petits différends et querelles sur l’usage des jouets ou le partage du goûter. Jésus refuse parce qu’il nous fait confiance : nous sommes suffisamment intelligents pour prendre soin les uns des autres, pour savoir que l’injustice peut causer des guerres et des conflits, que l’égoïsme conduit le monde à sa disparition, que nous consommons plus que notre planète ne peut produire et que le jour du dépassement arrive de plus en plus tôt dans l’année….. La Bible nous dit que Dieu est le Créateur, à l’origine de tout ce qui existe, mais que la gestion de la création est confiée à notre responsabilité. Pas besoinune thèse en exégèse ni en théologie biblique pour comprendre ce qui est bon pour l’économie, la justice, la paix, la solidarité : il suffit d’écouter notre cœur, de suivrenotre conscience quand elle est éclairée.
Jésus sait que derrière la demande qui lui faite d’être un médiateur, il y a un conflit autour de l’argent. Il en profite alors pour faire un petit enseignement sur la richesse. Nous avons une pudeur presque naturelle à parler d’argent, surtout dans les milieux catholiques, argent que nous considérons comme quelque chose d’un « peu dangereux »,« d’un peu sale », « d’un peu ambiguë ». Nous sommes embarrassés et gênés pour parler d’argent, de notre salaire…. Que c’est compliqué quand je dois inviter les fidèles à donner au Denier de l’Eglise. Ça me gêne alors que sans ce Denier l’Eglise ne peux pas vivre. Il est très facile de suspecter celui qui est riche et l’accuser presque spontanément d’être malhonnête comme ceux qui pense que tous les patrons de « pourris ».
Ce n’est pas cela le message que Jésus donne dans cette parabole. Il ne dit pas que la richesse est sale ou impure. Il dit simplement que la richesse est dangereuse. Il suffit de regarder ce « pauvre-homme-riche » de la parabole : un grand travailleur. Il n’est pas décrit comme malhonnête ! Nous éprouvons d’ailleurs un peu de sympathie envers ce grandtravailleur qui veut profiter tranquillement du fruit de son labeur. C’est comme quelqu’un qui a bien travaillé et qui veut en profiter et se faire plaisir en prenant de belles vacances !
La mort annoncée de cet homme n’est pas une punition, mais un événement possible, toujours dans l’ordre des choses parce que toutes les créatures finissent naturellement par mourir. Pourquoi va-t-il mourir ? Quelles sont les causes de sa mort annoncée ? Trop de stress, trop de travail, trop de cigarette, d’alcool, de drogue, trop de pollution, la maladie, une fusillade, un accident de voiture… sont peut-être à l’origine de sa mort qui n’est pas une punition de Dieu.
Jésus nous avertit : la richesse promet ce qu’elle ne peut jamais donner. C’est illusoire de penser que posséder beaucoup de biens comblera notre cœur ! C’est cela que la sagesse de Qohèleth nous dit : « En effet, que reste-t-il à l’homme de toute la peine et de tous les calculs pour lesquels il se fatigue sous le soleil ? Tous ses jours sont autant de souffrances, ses occupations sont autant de tourments : même la nuit, son cœur n’a pas de repos. Cela aussi n’est que vanité. » Alors, inutile de chercher à accumuler des richesses terrestres, mais, comme dit Jésus, cherchons d’abord le royaume de Dieu et sa justice, et tout le reste nous sera donné en surcroit. Saint Paul nous invite à changer profondément destratégie et de priorité : « Frères, si donc vous êtes ressuscités avec le Christ, recherchez les réalités d’en haut : c’est là qu’est le Christ, assis à la droite de Dieu. Pensez aux réalités d’en haut, non à celles de la terre. »
Vouloir combler la soif profonde de notre cœur par les biens terrestres, peut-être comparable à celui a tellement soif au risque de s’abreuver d’eau insalubre. Isaac, toi qui es baptisé aujourd’hui ! Rappelle-toi toujours que dans ton cœur comme dans celui de chacun de nous il y a soif d’absolu que seul Dieu peut combler. A nous de discerner ce qui estvraiment essentiel et se rappeler que nous sommes pèlerins, que la richesse peut être trompeuse, que celui qui a reçu de la Providence un peu de richesse économique s’en serve pour accumuler un peu de trésors au Ciel en aidant les frères et sœurs pauvres, comme dit cette bénédiction finale du mariage: « Soyez dans le monde des témoins de l’amour de Dieu : Ouvrez votre porte aux malheureux et aux pauvres qui vous recevront un jour avec reconnaissance dans la maison du Père ».
Au lieu de nous faire des leçons de morale sur la richesse ou la pauvreté, Jésus nous appelle à un sérieux examen de conscience sur notre rapport à la richesse. Au lieu de nous culpabiliser, Jésus nous rappelle que toute richesse matérielle est marquée par la finitude…et que seule la vie éternelle ne passera pas. Que le Saint Esprit nous soit donné pour discerner ce qui est plus important…dans notre vie : notre cœur n’a pas besoin d’être rempli par un compte en banquemais il a fondamentalement besoin d’être rempli par l’Amour : celui qui nous vient de Dieu et celui de nos frères et sœurs pèlerins et passagers avec nous ici-bas, tous enfants du même Père qui nous appelle au bonheur de la vie éternelle, si nous l’accueillons chaque jour. Amen.