À propos de Joseph Bavurha

Curé de l'ensemble paroissial de Tournefeuille

Homélie du Père Joseph du Dimanche de Pâques, année C (2022)

Mes chers frères et sœurs !

Il y a un peu plus de deux mille ans, à Jérusalem, fut condamné et crucifié un homme, le Fils de Dieu, Jésus de Nazareth. Au matin de sa résurrection, l’ambiance n’était pas la même que la nôtre ce matin à Tournefeuille : une église remplie, des familles et une communauté pleine de joie et heureuse de célébrer la Pâques et les baptêmes de Baptiste, Isaac, Elie, Matthieu, Gilen, Chloé, Ange et Luca. Au matin de Pâques l’ambiance à Jérusalem n’était vraiment pas à la fête !

L’évangile nous dit que ce matin-là à Jérusalem, il faisait encore nuit ; les rues désertes et que quelques oiseaux chantaient encore quand une femme, Marie Madeleine sort de chez elle, craintive, mais poussée par l’Amour ! Direction le tombeau de Jésus ! Marie-Madeleine a peur d’être une femme et seule dans cette rue déserte de Jérusalem après ce qui s’est passé à la veille. Mais, aucune peur ne peut vaincre l’amour véritable. La veille, Marie Madeleine a vu Jésus mourir. Ce matin, elle veut simplement aller poser des gestes d’amour que les soldats ne lui ont pas permis de réaliser à la veille : embaumer et mettre de l’huile parfumé sur le corps de Jésus avant le lever du jour.

Marie Madeleine n’a pas fermé l’œil de toute la nuit : elle a beaucoup réfléchi à ce geste qu’elle allait poser au matin de Pâques, en toute discrétion. Marie-Madeleine déprime, elle est triste et angoissée, son monde à elle semble s’être écroulé lorsqu’elle a perdu Jésus la veille…mais la déprime, la tristesse et l’angoisse n’ont pas tué en elle l’amour pour Jésus. C’est cet amour présent dans son cœur qui la pousse à défier la peur et les ténèbres pour aller au tombeau.

Marie Madeleine n’est pas la femme dont parlent les romans comme ces best-sellers qui nous séduisent, tel le Da Vinci Code Dan Brown par exemple, et qui la font passer pour la femme de Jésus.  Moi je vous parle de Marie-Madeleine, la vraie, celle dont nous parlent les Evangiles et la tradition, qui était devenue une disciple de Jésus, et qui l’a suivi après leur première rencontre. Sa vie était blessée, mouvementée, pas vraiment exemplaire, mais en rencontrant Jésus, elle a trouvé en lui l’homme qui ne condamne pas, mais qui nous regarde avec amour, nous relève et donne une nouvelle direction à notre vie blessée, la rendant plus rayonnante. Vous comprenez alors qu’après la mort de Jésus, Marie-Madeleine soit très déprimée et triste.

Il nous arrive aussi de traverser la même situation, en pensant que notre vie n’a plus de sens, que nous ne pourrons jamais nous relever de nos épreuves, de ces petites et grandes épreuves qui nous font faire une expérience de la mort et du désespoir… Comme pour Marie-Madeleine, le Ressuscité nous rejoint pour nous dire de ne pas le chercher dans un tombeau vide car il est vivant.  C’est en essayer de se battre, de défier la peur et la tristesse, avec un peu de courage, comme Marie Madeleine que nous parviendrons à faire l’expérience de la résurrection.

Ce matin-là, Marie-Madeleine quitte son lit pour aller à la tombe, pour pleurer et voir le corps de Jésus. Ça ne sert à rien de rester tourner et se retourner dans son lit alors qu’on n’arrive pas à dormir. Alors, Marie-Madeleine se lève pour faire face à ce qui la préoccupe. C’est cela faire l’expérience de la résurrection. La fête de Pâque commence pour nous quand nous acceptons d’affronter et de traverser la nuit de nos épreuves. Quand Marie-Madeleine arrive au tombeau, quelque chose d’inattendu s’est produit : la pierre qui fermait l’entrée du tombeau a été enlevée. Quelqu’un l’a roulée. Un méchant sûrement, se dit-elle ! Ceux qui ont tué Jésus sont aussi venus voler son corps, le comble de la méchanceté, se dit-elle !

C’est à ce moment-là que commence la course du matin de Pâques. « Elle court donc trouver Simon-Pierre et l’autre disciple, celui que Jésus aimait, et elle leur dit :« On a enlevé le Seigneur de son tombeau, et nous ne savons pas où on l’a déposé. »  Pierre partit donc avec l’autre disciple pour se rendre au tombeau.  Ils couraient tous les deux ensemble, mais l’autre disciple courut plus vite que Pierre et arriva le premier au tombeau »

C’est cette course de Marie-Madeleine qui initie vraiment le mouvement de Pâques. Elle coure trouver deux disciples, Simon Pierre, le plus âgé des disciples, celui qui avait renié Jésus et l’autre disciple qui était resté auprès de Jésus jusqu’à la mort avec Marie, le plus jeune des douze Jean.  Ce dernier, plus jeune et rapide est arrivé en premier au tombeau, obligeant Pierre, à se dépêcher malgré ses articulations qui lui commencent à lui faire mal, le souffle qui lui manque à cause de l’âge ! Vous allez me tuer si vous me demander de courir et jouer au rugby avec un tout jeune comme rugbyman comme Isaac !

Mes chers frères et sœurs et vous qui allez être baptiser tout à l’heure. Souvenons-nous toujours qu’être chrétien, c’est entrer dans cette course matinale derrière Marie Madeleine, et les apôtres Pierre et Jean pour faire l’expérience de la résurrection, rencontrer personnellement Jésus et témoigner de lui.  Jésus a besoin de nous pour courir annoncer sa résurrection partout, dans nos familles, nos écoles, nos clubs de sport, auprès de nos copains et copines, comme les saintes femmes du matin de Pâques, comme les apôtres Pierre et Jean et tous ces saints que vous avez choisis comme patron en portant leurs prénoms.

Chers enfants, certains parmi vous le font déjà de manière conscience mais nous devons nous réveiller et éveiller notre foi chaque jour. Depuis que ces enfants ont entamé leur préparation au baptême, je suis témoin du cheminement spirituel qu’ont fait certains parents qui se sont aussi remis sur le chemin de foi, alors que celle-ci était comme endormie. C’est un fruit de la résurrection que vous goutez déjà par le biais du baptême de votre enfant. Il est temps de courir, d’aller partout, dans nos clubs de foot, de rugby, de danse, dans les bars et cafés, les écoles, nos quartiers, nos familles et cercles d’amis, pour dire que le Christ est vivant en nous et que nous l’avons rencontré. Témoigner simplement de notre foi, en parler autour de nous, comme ces enfants, fait naitre la foi de ceux qui nous écoutent…

Les parents sont les premiers témoins de foi dans la vie des enfants. La foi dans le Christ est un trésor que reçoivent nos enfants, un trésor à entretenir pour porter de fruit en abondance…Ce trésor n’est pas à garder pour soi, mais à partager avec les autres, dans la joie. Alors, chers amis, en ce dimanche de Pâques, que le Christ vous donne sa joie pour le sentir proche de nous, présent et vivant dans votre quotidien. Que le saint Esprit vous soit donné, lui qui est la force, qui vous permettra d’aller rendre témoignage au Christ Ressuscité. Bonne fête de Pâques ! Alléluia ! Amen !

 

Homélie du Père Joseph du Dimanche de Pâques, année C (2022)2022-04-16T16:46:15+02:00

Homélie du Père Joseph de la Veillée Pascale, année C (2022)

Mes chers frères et sœurs, chers paroissiens et vous, chers Adison, Clément, Déborah, Maxime, Nathalie, Manon, Mélanie, Nathalie Nicolas et Wilfried pour qui cette veillée pascale a une signification bien particulière.

Nous avons probablement tous déjà vécu un jour, récemment, peut-être ce soir, cette belle expérience d’un grand sentiment de joie, d’allégresse, de bonheur intense ou alors, malheureusement, le sentiment de tristesse, de peur, de colère ! Ces différentes sensations sont présentes dans le récit que saint Luc nous fait du matin de Pâques, nous décrivant un monde d’émotions et de sentiments de joie, de tristesse, de dégoût, de peur que vivent les saintes femmesqui se rendent au tombeau au matin de Pâques :  la tristesse profonde d’avoir perdu leur Maître, ce Jésus de Nazareth qu’elles avaient aimé et suivi jusqu’au pied de la croix. Ce matin-là, en arrivant du sépulcre, les saintes femmes «trouvèrent la pierre roulée sur le côté du tombeau. Elles entrèrent mais ne trouvèrent pas le corps du Seigneur Jésus ». La crainte saisit ces femmes qui trouvent, à la place du corps Seigneur, deux êtres divins, deux anges qui leur parlent et les rassurent ! « Alors qu’elles étaient désemparées, voici que deux hommes se tinrent devant elles en habit éblouissant. Saisies de crainte, elles gardaient leur visage incliné vers le sol. Ils leur dirent : « Pourquoi cherchez-vous le Vivant parmi les morts ?  Il n’est pas ici, il est ressuscité. Rappelez-vous ce qu’il vous a dit quand il était encore en Galilée :    ‘Il faut que le Fils de l’homme soit livré aux mains des pécheurs, qu’il soit crucifié et que, le troisième jour, il ressuscite.’ »

Une très belle rencontre ! Nous aimerions tellement faire nous aussi une telle rencontre, en particulier quand nous nous posons ces questions essentielles qui nous à notre existence.

Dans la vie, simplement, timidement, Dieu nous fait faire de telles rencontres d’anges, à travers les frères et sœurs, les amis qui, sur notre parcours et dans notre histoire personnelle, nous sont envoyé par Dieu pour nous rappeler que Jésus est ressuscité et qu’il n’est plus dans une tombe, mais qu’en dépit  et malgré les épreuves et difficultés inhérentes à la vie,   le Christ est ressuscité et vivant dans notre monde désemparée, dans l’Eglise même quand elle a un visage défiguré, dans nos familles pas toujours parfaites, dans notre cœurs parfois tourmentés et surtout dans notre propre histoire personnelle avec nos blessures, nos joies et nos peines.

Ce soir, je vous invite, vous les baptisés, et chacun de nous, à faire mémoire de ces rencontres qui ont été fondatrices dans notre vie de foi, celles qui ont été décisives et fondatrices dans notre vie pour nous permettre d’être qui nous sommes aujourd’hui. Comment le Seigneur nous a -t-il rejoints pour nous rassurer, nous consoler, essuyer nos larmes, nous donner sa force, nous pousser à avancer sur le chemin de foi, dans nos engagements familiaux, professionnels, associatifs. J’ai la joie, avec les accompagnateurs du catéchuménat, d’être au courant de quelques rencontres qui ont marqué chacun de ces baptisés de cette veillée Pascale.

Le Ressuscité est l’Ami fidèle qui nous envoie, en vous donnant l’assurance qu’il sera avec vous tous les jours de votre vie jusqu’à la fin des temps. Nous pouvons l’abandonner parfois et c’est tout à fait normal ! Alors, chers baptisés de ce soir, restez éveillés. Nous savons la générosité de votre foi, votre joie de devenir disciples de Jésus. Mais, la route est longue et sera parfois tortueuse, car le Malin, toujours à l’œuvre, voudra vous éloigner du Ressuscité, en nous faisant croire que tout notre cheminement ne vaut rien ! Nous serons alors tentés d’abandonner le Christ. Nous l’avons vécu hier soir, vendredi saint, avec la fuite de ses disciples qui lui avaient promis fidélité absolue. Mais ils l’ont tous abandonné.

Heureusement que Jésus ne tient pas compte de nos lâchetés. Ce n’est pas notre fidélité qui provoque l’Amour du Chris et infidélités. Malgré leur lâcheté, leur trahison et peur, Jésus pose un regard d’amour sur Pierre et ses compagnons, et les envoie dans le monde pour devenir les témoins de sa résurrection. Votre baptême est l’entrée dans cette nouvelle alliance dont le seul protagoniste fidèle est Jésus. Comptons chaque jour sur lui dans notre vie est toujours une aventure des chutes et de relèvements. Jésus nous demande, même quand vous serez complétement à terre, de ne jamais désespérer de son Amour, de son pardon et de prendre Sa main puissante toujours tendue pour vous remettre debout.

Devenir chrétien, c’est accepter d’être chaque jour chercheur du ciel, assoiffé du seul Bonheur que seul Jésus nous donne. Être chrétien, c’est chercher Jésus en particulier là où la mort semble avoir tout détruit. Je vois cela dans l’attitude de Marie Madeleine, Jeanne, et Marie mère de Jacques et les autres femmes qui vont chercher Jésus très tôt le matin pour lui manifester leur affection alors que tout le monde le savait mort depuis trois jours. Être chrétien, c’est trouver, dans les grandes et petites morts que nous vivons au quotidien, comment Jésus nous accompagne, nous encourage de sa présence, nous soutient par sa Parole en nous disant « non, ne baisse pas les bras, je sais que tu vis est une grande épreuve, que la croix que tu portes est très lourde. Je le sais parce que j’ai porté la mienne le vendredi saint, mais parce que j’ai aimé, au cœur de ma douleur et de la mort, j’ai vaincu la Mort et le Mal ».

Chers baptisés de Pâques ! Quand Jésus ressuscité transforme nos sentiments de peur et de tristesse en joie véritable, il nous envoie l’annoncer et en témoigner dans notre vie. Mais rappelez-vous toujours que témoigner de notre foi est parfois très difficile. Regardez comment les saintes femmes qui annoncent la résurrection aux disciples sont prises pour des folles : « elles rapportèrent tout cela aux Onze et à tous les autres. C’étaient Marie Madeleine, Jeanne, et Marie mère de Jacques ; les autres femmes qui les accompagnaient disaient la même chose aux Apôtres. Mais ces propos leur semblèrent délirants, et ils ne les croyaient pas. » Imaginez le sentiment de colère et la déception de ces pauvres femmes en voyant les propres disciples de Jésus incrédules à la bonne nouvelle de la résurrection. On peut être triste, découragé, blessé dans notre foi à cause du comportement des apôtres de Jésus, de l’Eglise, mais que cela ne nous fasse pas oublier que Jésus est vraiment ressuscité et à jamais vivant dans nos cœurs, dans son Eglise et dans notre monde.

Soyons convaincus de la fécondité du témoignage, même devant ce qui parait être l’incrédulité du monde. Les saintes femmes sont prises pour des folles par les disciples, mais elles ont permis à l’un des disciples de se bouger. « Alors Pierre se leva et courut au tombeau ; mais en se penchant, il vit les linges, et eux seuls. Il s’en retourna chez lui, tout étonné de ce qui était arrivé ». Pierre n’a pas fait pas la même expérience que les saintes femmes ; mais grâce à leur témoignage, Pierre comprend très bien que Jésus est ressuscité. En lui naît et grandit une joie intérieure dont il va témoigner à son tour.

Mes chers Adison, Clément, Déborah, Maxime, Nathalie, Manon, Mélanie, Nicolas et Wilfried, vous montrez à vos parents, conjoints, vos amis, vos enfants…et à toute l’Eglise votre joie d’avoir fait le choix de Jésus Ressuscité. Vous faites partie des témoins qui depuis plus deux mille ans, attestent, parfois au prix de leur vie, que Jésus est vivant. Toute l’Eglise se réjouit de votre baptême. Grâce à vous, le monde voit que l’Eglise, Epouse du Christ, est toujours une mère, notre Mère, en dépit de ses fragilités et de son visage parfois défiguré. Jésus a besoin de vous, pour rendre notre Mère l’Eglise plus belle, plus rayonnante, plus missionnaire, se convertissant sans cesse pour donner à Dieu le Père de nombreux enfants à travers les sacrements de l’initiation chrétienne.

Mes chers frères et sœurs, témoignons au monde que le mystère pascal est une réalité qui touche au-delà e la famille chrétienne. La résurrection du Christ est une grâce, une lumière qui brille pour toute l’humanité, comme celle que nous avons allumée en chantant l’Exultet, celle que les futurs baptisés vont recevoir tout à l’heure, lumière qui nous conduit et nous éclaire à tout moment de la vie, même devant la mort, comme Alice, à qui j’ai donné l’extrême onction et le viatique ce vendredi saint, en fin de matinée dans la Résidence  Le Prat à Plaisance du Touch : elle était rayonnante de joie malgré la mort qui approche ! A chacun de nous d’être témoin du Christ Vainqueur de la mort et du Mal. C’est notre foi joyeuse et rayonnante qui rendra crédible notre témoignage ! Bonne fête de Pâques à vous tous ! Alléluia ! Amen

 

Homélie du Père Joseph de la Veillée Pascale, année C (2022)2022-04-16T16:46:22+02:00

Homélie du Père Joseph du Vendredi Saint, année C (2022)

Mes chers frères et sœurs !

La passion, c’est l’amour fort que vous ressentez, cette sensation de joie et de bonheur, un état qui nous rend sensiblement heureux. La passion, c’est aussi cette douleur, cette souffrance, cette épreuve lourde à porter.  L’office du vendredi saint nous fait contempler ces deux dimensions étroitement liées dans la vie de Jésus qui nous aime de manière passionnelle et sans limite au point d’accepter la souffrance par amour pour nous. Nous faisons l’expérience de souffrir dans nos amours ! Si nous humains, faibles et fragiles, acceptons de souffrir par amour pour les autres, imaginer combien le Seigneur lui-même, puissant dans son amour a dû souffrir pour nous. Ce soir, contemplons cet amour qui souffre, parce qu’il s’offre totalement et gratuitement, rendons-nous compte de la grâce sans mesure du salut réalisé dans la passion et la mort de Jésus.

Ce que Jésus a rendu sacramentalement et réellement visible pendant la dernière Cène par le pain et le vin en se donnant totalement à ses disciples et à nous, cela s’actualise ce soir à travers le récit de la Passion que nous venons d’écouter tel que le relate saint Jean. Je vous invite,, comme je vous l’ai proposé aux Rameaux, si vous le pouvez, à relire et méditer tous les détails de la Passion de ce vendredi saint avec toute sa profondeur toute particulière : l’arrestation, la fuite des disciples, le reniement de Pierre, la torture, le procès injuste, la condamnation à mort, la sépulture. Tout cela veut nous dire quelque chose sur notre foi et de notre vie ici et maintenant. La Passion de notre Seigneur ne sert à rien si nous ne la laissons pas toucher personnellement notre vie car Jésus est venu et a souffert pour chacun de nous personnellement, nous montrant que nous avons un prix inestimable à ses yeux.

Saint Jean parle de l’Heure de Jésus : la fameuse l’heure qui n’était pas encore arrivée à Cana quand Marie intervient pour lui demander de pourvoir au manque de vin. « Femme, que me veux-tu ? Mon heure n’est pas encore venue. » (Jn2,4). Saint Luc parle de cette heure quand il voit le diable s’éloigner de Jésus lors des tentations au désert que nous avions médité le premier dimanche de carême : « Ayant ainsi épuisé toutes les formes de tentations, le diable s’éloigna de Jésus jusqu’au moment fixé » (Lc 4, 13)

Que veut dire cette heure, vers laquelle conduit tout l’évangile selon saint Jean ?  C’est l’heure de la glorification, l’heure de passer de ce monde à son Père, l’heure que nous célébrons ce soir, heure de l’accomplissement de la volonté du Père, heure de la manifestation de la fidélité de Dieu qui veut nous sauver malgré nos résistances et où Dieu nous redit qu’il ne peut pas nous laisser tomber.

Le diable a pris place dans le cœur de Judas Iscariote qui vend son Seigneur, mais en chacun de nous il y a ce Judas qui trahit et qui vend son Maître.  J’ai été marqué dans mon enfance par un chant de carême dans lequel l’auteur rappelle que : « Moi aussi je suis dans ma vie comme celui qui t’a vendu, qui t’a renié, qui t’a insulté, flagellé, crucifié… Ma vie ressemble parfois à celle de tous ces bourreaux qui t’ont mis à mort. Seigneur prend pitié de moi ».

Même si Judas est l’instrument de la trahison, en réalité, Jésus est arrêté parce qu’il se donne librement et sans contrainte, et non pas parce que les soldats sont tellement forts et puissants. Saint Jean nous fait remarquer que les soldats ont peur de Jésus et tombent à terre quand ils sont en face de lui : « Alors Jésus, sachant tout ce qui allait lui arriver, s’avança et leur dit : « Qui cherchez-vous ? » Ils lui répondirent : « Jésus le Nazaréen. » Il leur dit : « C’est moi, je le suis.» Judas, qui le livrait, se tenait avec eux. Quand Jésus leur répondit : « C’est moi, je le suis », ils reculèrent, et ils tombèrent à terre » (Jn18, 4-6). Ils sont armés mais n’ont pas la maîtrise de la situation. Ils sont intimidés par ce Dieu tout-puissant, pourtant désarmé et tellement fragile !

Jésus est arrêté parce que son heure s’accomplit. Le diable a momentanément le champ libre pour se servir de la dureté de cœur de l’homme égoïste que nous sommes, incarné par Judas, qui préfère l’argent à son Seigneur ! Notre archevêque Guy de Kérimel a dit récemment qu’il avait l’impression que notre société actuelle avait vendu son âme pour l’argent qui est devenu presque comme la valeur absolue.

Jésus aurait pu s’échapper, ne pas se laisser prendre, se défendre en utilisant la puissance de son Père qui lui aurait envoyé douze légions d’anges…, revendiquer ses droits devant Pilate, étant donné que ce dernier est en train de le condamner contre ce que prescrit la loi romaine.  Le Sanhedrin n’avait plu le pouvoir de condamner à mort quelqu’un car ce pouvoir revenait de droit à l’autorité romaine seulement en cas de rébellion ou d’autres crimes graves. D’ailleurs, pour ce dont Jésus est accusé, il mérite au maximum la mort par lapidation, non par crucifixion. Il s’agit d’une question religieuse, non d’un crime politique ou une rébellion. En condamnant Jésus, Pilate agit contre la loi romaine qui l’oblige de libérer les innocents et de condamner les criminels comme Barabbas. Spirituellement, Jésus sauve déjà Barabbas l’assassin d’une mort certaine, prélude de ce qu’il va se réaliser quand il nous sauve en mourant sur la croix. Jésus n’a pas eu un procès en règle étant donné qu’il n’était pas permis de prononcer une condamnation à mort pendant la nuit. Bref, Jésus a tous les éléments en sa faveur pour éviter une condamnation à mort par crucifixion.

Mais Jésus accepte tout cela librement, il accepte de mourir pour ensuite ressusciter. Seul son sang pouvait racheter le monde et nous donner la vie en plénitude. Notre salut ne se serait pas réalisé si Jésus était descendu de la croix et avait réagi aux insultes.  Il accepte ces outrages, sa passion et sa mort pour nous montrer qu’Il nous aime infiniment malgré nos péchés. Si nous ne pouvons pas compter sur nos qualités, nos mérites et nos bonnes œuvres, nous savons désormais que nous pouvons compter éternellement sur son Amour infini manifesté sur la croix.  La Passion et la mort de Jésus nous disent que le salut, pour les chrétiens, est un don gratuit, jamais un mérite de notre part.

Pour notre monde, la célébration de ce soir nous présente un Messie qui échoue, scandale pour les Juifs et folie pour les Grecs, inconcevable dans aucune religion. Et pourtant, c’est là que le Messie manifeste sa toute-puissance, non pas dans la force qui s’impose, oblige, opprime et fait peur, mais dans son Amour qui se donne totalement, accepte de souffrir et meurt mais sans laisser la mort victorieuse car l’amour ne meurt jamais mais nous fait passer de la mort à la vie. La puissance de Jésus ne se manifeste pas seulement dans les miracles, dans la création. C’est surtout dans le don suprême de soi manifesté à travers un amour fragile et impuissant qu’est la mort en croix. Jésus montre ainsi que son amour pour nous embrasse totalement les vicissitudes de notre vie, nos frustrations, nos amertumes, nos deuils, nos solitudes, nos violences, nos maladies, notre propre mort.  En Jésus, Dieu montre qu’il n’est pas indifférent à nos malheurs.

En contemplant le Seigneur mort en croix ce soir, présentons-lui ce monde qui se meurt, les souffrances de nos vies, ceux qui désespèrent du lendemain, qui qui sont obligés de quitter leurs pays à cause de la violence et de la guerre, ceux qui souffrent dans leur corps et dans leur âme dans nos EHPAD, nos hôpitaux et clinique, nos maisons familiales, dans nos rues et dans les camps de réfugiés et tous les lieux de souffrances ! Marie, Notre-Dame des Douleurs, toi qui étais au pieds de la croix, reste avec nous dans nos croix quotidiennes. Que ta mort Seigneur Jésus, fasse naître la paix, la foi, l’espérance et l’amour dans nos cœurs, nos familles, notre communauté, dans l’Eglise et dans le monde. Amen

 

Homélie du Père Joseph du Vendredi Saint, année C (2022)2022-04-14T22:43:55+02:00

Homélie du Père Joseph du Jeudi Saint, année C (2022)

Mes chers frères et sœurs !

Lors des confessions et dans mes échanges avec vous, j’ai souvent entendu « Père Joseph, je crains malheureusement de n’avoir pas été un bon parent.  J’ai l’impression d’être passé à côté et avoir échoué la transmission de la foi à mes enfants parce qu’aujourd’hui aucun de mes enfants va à l’église, même pas à Pâques ! D’ailleurs, mes petits enfants sont déjà en primaire et aucun n’est baptisé ! » Douleur des parents et grands-parents qui m’a souvent été exprimée. Combien parmi vous ressentent la même douleur et souffrent du fait que leurs enfants ou petits-enfants se désintéressent de la foi chrétienne. Ces parents et grands-parents se sentent parfois coupables et responsables de cette situation, pour avoir peut-être trop forcé ou pas assez proposé à leurs enfants d’aller à la messe, au KT, à l’aumônerie…

Une chose est vraie : la foi chrétienne est une question de liberté. Ce n’est pas aux parents ou aux grands parents de porter la responsabilité coupable du rejet de la foi de la part leur descendance, surtout s’ils ont essayé de « donner de faire au mieux » à travers l’éducation offerte aux enfants. Ceci vaut aussi pour la transmission des valeurs. Ce couple bien engagé dans le monde associatif et solidaire, pour qui le partage est vraiment une valeur importante, mais qui est déçu que leur petit dernier ne pense qu’au profit et à devenir toujours plus riche, à gagner toujours plus d’argent, ou ceux pour qui la famille est importante et qui voit certains de leurs enfants mener un style de vie qui les coupe du reste de la famille, tout le contraire de la philosophie de vie des parents et de l’éducation donnée. Nous transmettons des valeurs à nos enfants, à nos élèves et étudiants, leur donnant le bon exemple, mais à un certain moment, ayons l’humilité de les laisser assumer librement et de manière responsable ces valeurs, au risque même de les rejeter ! Nous sommes responsables de la transmission, du témoignage, de l’exemple donnés autour de nous, mais pas de ce que les autres décident de faire.

Dans l’éducation et la transmission de valeurs, le témoignage et l’exemple valent plus que toutes les belles théories du monde. C’est beau d’apprendre aux enfants les préceptes, les enseignements, les grandes prières qu’ils faut mémoriser, un catéchisme théorique sur le contenu doctrinal de notre foi ! Je trouve dommageable le déficit doctrinal chez nos enfants, voire même chez nous les adultes. Je rêve que nos enfants aient un maximum de connaissance doctrinale de notre foi.  Mais tout ceci pourrait s’avérer inutile si ce n’est pas accompagner par l’exemple et le témoignage concret dans le quotidien. Je dis toujours aux parents qui demandent le baptême de leur enfant que c’est l’exemple et le témoignage d’une vie de foi chez les parents qui marquera leurs enfants. Beaucoup d’adolescentsdisent, quand ils écrivent leur lettre de demande de confirmation par exemple, combien l’exemple et le témoignage de foi des grands-parents a été décisif et déterminant dans leur propre cheminement de foi.

Parfois on pense avoir tout loupé dans la transmission, mais à de moments décisifs et cruciaux de leur vie, nous sommes surpris de nous rendre compte que finalement, certaines valeurs sont enracinées dans le cœur de nos enfants, petits-enfants car ils réagissent en fonction de cela, en nous disant, avec beaucoup de reconnaissance : « papa, maman, merci de m’avoir transmis cette valeur sur laquelle je puis m’appuyer aujourd’hui. »

Le soir du jeudi Saint, lors de la Dernière Cène, Jésus nous laisse un témoignage, un bon exemple. Après trois années passées à parcourir la Galilée, la Samarie et la Judée, rejoignant même les périphéries ; après avoir accompli des signes, de prodiges, des miracles ; après avoir enseigné sur les places, dans les synagogues, le temple et les maisons particulières, Jésus, « ayant aimé les siens qui étaient dans le monde, il les aima jusqu’au bout ». Le dernier soir qu’il passe avec ses disciples, c’est-à-dire, Jésus décide de leur laisse un exemple et un témoignage qui devra les accompagner pendant toute leur vie.

Jésus accomplit un geste symbolique, apprécié par certains mais incompris par d’autres parmi ses disciples. Le lavement des pieds était un geste de l’esclave, du serviteur envers son maître ; un geste de soumission par lequel on affirmait de manière claire qui commandait. « Quand il leur eut lavé les pieds, il reprit son vêtement, se remit à table et leur dit : « Comprenez-vous ce que je viens de faire pour vous ? Vous m’appelez “Maître” et “Seigneur”, et vous avez raison, car vraiment je le suis. Si donc moi, le Seigneur et le Maître, je vous ai lavé les pieds, vous aussi, vous devez vous laver les pieds les uns aux autres. C’est un exemple que je vous ai donné afin que vous fassiez, vous aussi, comme j’ai fait pour vous. »

Par ce geste, Jésus redit et souligne clairement que ce qui doit commander dans la communauté de ses disciples, c’est le souci des autres et le service.  Il est important de constater que Jésus fait ce beau geste au cours de la soirée où fait l’institution de l’eucharistie. Malheureusement les disciples n’ont pas bien compris. Dans le récit de la Passion selon saint Luc que nous avons écouté le dimanche des Rameaux, au moment de l’institution de l’eucharistie, c’est-à-dire du lavement des pieds, il est apparu une discussion entre les disciples pour savoir qui était le plus grand parmieux. « Les Apôtres commencèrent à se demander les uns aux autres quel pourrait bien être, parmi eux, celui qui allait faire cela.  Ils en arrivèrent à se quereller : lequel d’entre eux, à leur avis, était le plus grand ?   Mais il leur dit : « Les rois des nations les commandent en maîtres, et ceux qui exercent le pouvoir sur elles se font appeler bienfaiteurs.  Pour vous, rien de tel ! Au contraire, que le plus grand d’entre vous devienne comme le plus jeune, et le chef, comme celui qui sert.  Quel est en effet le plus grand : celui qui est à table, ou celui qui sert ? N’est-ce pas celui qui est à table ? Eh bien moi, je suis au milieu de vous comme celui qui sert. » Cette discussion montre bien que l’exemple du lavement des pieds n’a pas été bien intégré dans les cœurs des disciples ! Il vient de leur laver les pieds, mais eux sont toujours tenté par le pouvoir !

Vivre sa mission pastorale, professionnelle, politique comme étant un service est un combat, un travail permanent.  Prions pour ceux qui ont le pouvoir, ceux qui doivent décider pour la destinée des pays et du monde, celle de l’Eglise car, comme disait un de mes enseignants, le pouvoir corrompt forcément et il nous faut faire attention chaque jour à cette tentation de pouvoir qui nous guète tous, qui que nous soyons. L’esprit de service commence d’abord dans le cercle familial, avec le conjoint, les enfants, les parents, la fratrie.  Nous ne serons jamais de serviteurs dans l’Eglise si nous sommes incapables de nous laver les pieds au sein de notre cercle familial.  Malheureusement, même dans nos missions ecclésiales, nous ne sommes pas toujours dans un esprit de service : consciemment ou inconsciemment, de manière sournoise, nous tombons dans la tentation du pouvoir, et parce que nous sommes souvent des bénévoles, nous avons du mal à reconnaître ce piège du pouvoir.

Dans le geste du lavement de pieds, il y a déjà, de manière implicite celui du baptême qui nous lave de tout péché, et du péché originel. C’est pour cette raison que j’ai voulu laver les pieds des futurs baptisés à Pâques et leurs accompagnateurs. Grâce au baptême, nous sommes configurés au Christ prêtre, prophète et roi. Ce roi que nous contemplons lavant les pieds des disciples, et demain vendredi saint, couronné d’épines, est un roi-serviteur.

Par le baptême, nous devenons des serviteurs appelés à rendre le monde plus solidaire, plus juste, plus fraternel, à rendre l’Eglise plus belle et plus vivante. C’est dommage que beaucoup de baptisés pensent que le plus important est seulement d’aller à la messe, de faire des prières et qui ne se soucient guère de s’engager, de servir dans l’Eglise et dans le monde. Rappelons-nous toujours qu’après l’eucharistie, Jésus nous envoie dans le monde pour le glorifier par nos engagements et notre témoignage, partageant ainsi avec les autres l’Amour dont il nous comble. Eucharistie et service forment un binôme que le Christ nous laisse à la Dernière Cène, dans l’institution de l’eucharistie et le lavement des pieds. Puisse Jésus, que nous recevons dans le pain et le vin consacrés, celui que nous adorons à la consécration, faire de nous des serviteurs à son image. Amen.

Homélie du Père Joseph du Jeudi Saint, année C (2022)2022-04-14T22:44:02+02:00

Appelés au baptême, ils ne se sont pas abstenus aux scrutins de l’Eglise !

Dimanche 3 avril, à la fin de la messe, Maxime paré de son écharpe violette s’approche de ses accompagnatrices. Très droit, la voix calme, le regard doux il leur dit : « c’est bientôt la fin et je voulais vous remercier pour tout ce que vous avez fait pour nous ». Très touchées, car Maxime est un discret, elles lui répondent « Maxime ce n’est pas bientôt la fin, mais c’est bientôt le début ». Il sourit et approuve. Il vient de vivre son troisième scrutin.

Ils étaient tous là, enfants, adolescents, adultes appelés au baptême, reconnaissables à leur écharpe violette, les 3ème, 4èmeet 5ème dimanches de Carême.  A l’exception d’Adyson, autre jeune femme catéchumène, pour qui les scrutins ont dû être célébrés aux messes des jeudis soir à l’église Saint Pierre de Tournefeuille.

Le Père Joseph a invité à chaque fois tous ces chercheurs de Dieu à s’agenouiller devant l’autel pour être humblement présents face au Seigneur, fervents.  Ils ont « scruté » à 3 reprises au plus profond de leur cœur pour s’assurer qu’ils marchaient bien, de leur plein gré, sur le chemin de la vérité et du salut. Ils ont dit leur volonté de se convertir, de se tourner vers une autre vie que celle qu’ils connaissent déjà depuis leur naissance, c’est-à-dire vers une vie de chrétienté autrement exigeante, résistante aux tentations faciles mais ténébreuses.

Pour cela tous les baptisés de notre communauté ont prié avec eux et demandé pour eux l’eau vive, la lumière, la résurrection.

Il faut encore avancer jusqu’à la Vigile Pascale, le 16 avril, attendre ce moment de joie ineffable qui vous transformera. Hé oui ! là ce sera le début de la marche dans les pas du Seigneur.

Maryse, pour les accompagnateurs !

Appelés au baptême, ils ne se sont pas abstenus aux scrutins de l’Eglise !2022-04-14T22:39:35+02:00

Homélie du Père Joseph des Rameaux, année C (2022)

Mes chers frères et sœurs !

La célébration du dimanche des Rameaux, appelés aussi le dimanche de la Passion, nous fait entrer dans la semaine la plus importante de l’année liturgique. Nous allons célébrer au cours de cette semaine le Cœur et Sommet de la foi chrétienne. Au cours de cette semaine sainte, nous célébrerons ces mystères d’amour qui trouveront leur point culminantdans la veillée pascale pendant laquelle, dans cette église de Tournefeuille 9 adultes seront baptisés, et 7 adolescents à l’église de Plaisance du Touch, ainsi que de nombreux enfants du primaire le dimanche de Pâques dans toutes nos paroisses. Cette semaine sainte nous introduit dans le mystère de Victoire de Jésus sur le Mal et sur la Mort. Commençons donc cette semaine en ouvrant notre cœur à Jésus qui nous ouvre le sien, son cœur qui sera transpercé par le centurion romain et d’où jaillirons l’eau et le sang, symbole de l’eau du baptême et de autres sacrements qui nous font vivre. Au cours de cette semaine, Jésus apporte à chacun et chacune une grâce particulière, si nous désirons l’accueillir. Le récit de la Passion selon saint Luc nous fait contempler la tendresse et la miséricorde infinie de Jésus pur nous. Pouvez-vous relire ce récit plusieurs fois cette semaine pour nourrir votre prière !

Saint Luc veut nous montrer que Jésus est infiniment bon pour nous. Il nous pardonne toutes nos fautes ! Sa miséricorde est sans mesure.  Luc nous encourage à nous rapprocher de Dieu, à ne pas avoir peur de lui parce que Dieu n’est pas un juge cruel, mais c’est lui notre ami, notre défenseur, l’avocat qui nous défend et veut nous sauver à tout prix, car il sait que nous sommes faibles et fragiles. Dans l’évangile selon saint Luc, Jésus est comme ce bon avocat qui cherche ce que l’on pourrait qualifier, en langage judiciaire « les circonstance atténuantes » pour diminuer le degré de responsabilité et de culpabilité des disciples de Jésus.

Pendant la Passion du Seigneur, Luc monte que les disciples de Jésus sont restés fidèles jusqu’au bout. « Vous, vous avez tenu bon avec moi dans mes épreuves »

Dans le Jardin des Oliviers, les disciples de Jésus ne dorment pas trois fois, mais une seule fois et d’ailleurs, il s’agit d’un sommeil de tristesse, et c’est Jésus lui-même qui les console et les réconforte « Puis Jésus se releva de sa prière et rejoignit ses disciples qu’il trouva endormis, accablés de tristesse. Il leur dit : « Pourquoi dormez-vous ? Relevez-vous et priez, pour ne pas entrer en tentation. »

Pour l’évangéliste saint Luc, l’apôtre Pierre a bien-sûr renié le Christ par trois fois, mais il ne s’agit pas d’une trahison, mais simplement à cause de la peur. L’apôtre Pierre est d’ailleurs est tellement dans la tristesse et le regret qu’il n’a pas la force de rester dans la salle de procès où Jésus va être condamné : il sort pour aller pleurer amèrement dehors.

Au cours du procès dans le récit de Saint Luc, ceux qui condamnent Jésus ne présentent jamais de faux témoins. Pilate, n’est pas lâche, mais est tellement attristé devant ce cas de conscience cette haine qui ne se justifie pas qu’il essaye, trois fois pendant le procès, de libérer Jésus parce qu’il le trouve innocent. Les foules et tout le peuple sont triste et ne réclament pas la mort de Jésus. Au contraire, ils le plaignent.

Saint Luc est le seul évangéliste qui trouve que parmi les deux bandits crucifiés avec Jésus (à sa gauche et à sa droite), il y en avait un qui était « bon » auquel Jésus promet le paradis. « L’un des malfaiteurs suspendus en croix l’injuriait : « N’es-tu pas le Christ ? Sauve-toi toi-même, et nous aussi ! » Mais l’autre lui fit de vifs reproches : « Tu ne crains donc pas Dieu ! Tu es pourtant un condamné, toi aussi ! Et puis, pour nous, c’est juste : après ce que nous avons fait, nous avons ce que nous méritons. Mais lui, il n’a rien fait de mal. » Et il disait : « Jésus, souviens-toi de moi quand tu viendras dans ton Royaume. » Jésus lui déclara : « Amen, je te le dis : aujourd’hui, avec moi, tu seras dans le Paradis. »

Dans l’évangile de Luc, Jésus se préoccupe et comprend même ses ennemis le plus cruels : pour lui, les gens sont mauvais non pas fondamentalement mais seulement par ignorance du bien. Jésus leur pardonne parce qu’ils sont aveuglés et confondent le mal et le bien faute de discernement éclairé. Avant de mourir, Jésus lui-même demande pardon pour ceux qui le crucifient parce qu’ils ne savent pas ce qu’ils font. « Jésus disait : « Père, pardonne-leur : ils ne savent pas ce qu’ils font. »

Laissons cette miséricorde et cette tendresse de Jésus éclairer tout ce que nous allons vivre, faire et célébrer pendant cette semaine. Dieu nous aime tellement au point de refuser de nous juger ou de nous condamner. Il nous accueille, nous ouvre son cœur et nous demande de lui faire confiance, de lui ouvrir notre cœur et nos vies parfois blessées pour qu’il le remplisse de son Amour. N’oublions cependant que si nous sommes bénéficiaires d’un tel pardon, d’une telle tendresse et d’une miséricorde aussi infinie de la part du Seigneur, ce dernier attend de nous que nous ayons les mêmes attitudes d’amour, de tendresse, de pardon et de miséricorde envers nos frères et sœurs, en commençant par notre entourage le plus proche.

Puisse cette Semaine Sainte être pour nous, nos familles, notre pays en élections présidentielles ce weekend, pour notre monde assoiffé de paix, un temps de grâce, de renouveau, de conversion profonde, un temps d’accueil mutuel, un véritable moment de réconciliation entre nous et avec Dieu. Puissions-nous accueillir la nouveauté de vie qu’apportent les célébrations dont le somment sera la Veillée pascale. Prionsen particulier les adultes, les adolescents et les enfants qui recevront les sacrements de l’initiation chrétienne en ces fêtes pascales. Amen

Homélie du Père Joseph des Rameaux, année C (2022)2022-04-10T11:32:06+02:00

Le Christ a vaincu le Mal et la Mort !

Le monde va mal ! Ce n’est pas un scoop. Il suffit d’ouvrir les yeux et les oreilles, le cœur aussi. La guerre est aux portes de l’Europe, en Ukraine, une crise qui, au-delà de l’arrivée massive des réfugiés Ukrainiens que la solidarité humaine nous invite à accueillir (mais pas seulement eux, car nous ne pouvons pas oublier les autres réfugiés !) -, cette crise russo-ukrainienne a une dimension mondiale. Non, il n’y aura pas de troisième guerre mondiale et Poutine ne touchera pas sur le mauvais bouton pour envoyer une ogive sur Paris, Bruxelles ou Washington ! Mais il y a de quoi s’inquiéter et angoisser. Jusqu’il y a trois semaines, je ne savais pas l’Ukraine était un des greniers du monde, que nous avions une telle dépendance vis-à-vis du pétrole et du gaz russe ! Je confesse on ignorance ! Je pensais faire un cauchemar en faisant le plein de ma voiture il y a quelques jours !

Ailleurs dans le monde, des populations entières côtoient au quotidien la guerre, les massacres et exactions. Pensons à certains pays d’Afrique, le Sahel, le Kivu et l’Est de la RDC où des gens sont massacrés au quotidien depuis plus de 25 ans avec plus de 13 millions des morts ! Le pape François a décidé de faire un voyage apostolique pour consoler les peuples qui souffrent en se rendant en RDC (Kinshasa et Goma du 2-5 juillet) et à Juba au Sud Soudan (5-7 juillet). Merci cher pape François ! En France, la campagne pour les élections présidentielle (et législatives !) se poursuit mais cela semble ne pas intéresser que peu de monde. On craint une abstention record ! La situation sanitaire s’améliore après deux années marquées par la pandémie de la Covid19, mais les contaminations repartent encore un peu à la hausse ! Réjouissons-nous de quitter le masquer mais n’oublions pas de faire attention !

Au milieu de ces tristes nouvelles qui nous assomment, rappelons-nous toujours que notre seigneur a vaincu le Mal et la Mort, par sa Passion, Mort et Résurrection. Vivons et profitons des grâces que ce mois d’avril apporte à travers la célébration du Mystère de notre Foi que sont les fêtes pascales. Cela passe d’abord par une préparation spirituelle, pour devenir vraiment des femmes et hommes nouveaux dans le Christ Ressuscité ! Pâques est la solennité des solennités, le cœur de notre foi, la plus importante des fêtes chrétiennes (eh non, non, ce n’est pas Noël !).  Chaque baptisé est appelé à accueillir cette joie pascale et à commencer, dès maintenant, et tout particulièrement à travers les célébrations de la semaine Sainte, à se préparer à recevoir les grâces accordées par le Ressuscité !

Neuf adultes, Adison, Nicolas, Mélanie, Manon, Nathalie, Clément, Wilfrid, Maxime et Déborah recevront les sacrements de l’initiation chrétienne au cours de la Veillée pascale. Des lycéens et collégiens, des enfants du primaire seront baptisés le dimanche de Pâques. C’est beau de voir tous ces adultes, jeunes et enfants, au cours de la même célébration, vivre les différents scrutins. N’oublions pas ces nombreux bébés qui seront baptisés pendant la période pascale. Cela nous apporte beaucoup de joie. C’est toute l’Eglise, et localement, notre communauté avec ses 5 paroisses, qui est appelée à prier pour ces futurs baptisés. Pour des questions de moyens humains, les fêtes pascales ne seront pas célébrées partout et de la même manière dans nos églises. Transformons cette frustration en opportunité de joie pour nous rapprocher les uns des autres et préparer ensemble, en mutualisant nos forces et nos talents. C’est un enjeu d’avenir pour la mission. Que le Christ, notre Pâques, nous renouvelle par sa mort et sa résurrection. Belle montée vers Pâques !

 

 

Le Christ a vaincu le Mal et la Mort !2022-04-03T15:38:41+02:00

Soirée avec Amin Matias Vasquez République Dominicaine

Le Comité Catholique contre la Faim et pour le Développement –Terre Solidaire

Soirée avec Amin Matias Vasquez République Dominicaine

 

  • Lundi 28 mars les équipes CCFD de Colomiers et Tournefeuille ont accueilli Amin Matias Vasquez, membre du Centro Montalvo fondé par les Jésuites en République Dominicaine, partenaire depuis 4 ans du CCFD Terre Solidaire.

Une cinquantaine de personnes étaient présentes pour une soirée conviviale, instructive et interactive.

 

Amin nous a présenté l’histoire de Hispaniola, ile divisée en 2 parties :

République Dominicaine (2/3 du territoire) et Haïti (1/3 du territoire) de population presque égale 10 à 12 millions de personnes, mais si différentes.

  • 376 km de frontières séparent les 2 pays pauvres, Haiti étant700 fois plus pauvre. Chaque année des milliers de migrants traversent la frontière ; les haïtiens sans papier sont plus de 1 million. Une nouvelle loi en 2013 a rendu apatrides les 200 000 descendants d’immigrés depuis 1929.
  • La richesse des 2 pays est détenue par des compagnies minières étrangères qui exploitent les régions au détriment de l’agriculture communautaire avec une utilisation intensive de cyanure, déboisement, pollution des sols sans aucun bénéfice financier pour les habitants.
  • Amin nous a aussi rappelé la responsabilité de la France vis-à-vis de Haïti avec une dette indigne payée à la France pendant 150 ans (jusqu’ en 1950) contre leur liberté. 150 millions or équivalent à 28 Milliards Euro.
  • Le Centro Montalvo aide les migrants pour obtenir les papiers, soutient les communautés agricoles avec la technique de permaculture, organise des forums de réflexion avec les habitants , les autres associations, les scientifiques, réalise des plaidoyers auprès des institutions.

 

Pour en savoir plus et les aider : https://ccfd-terresolidaire.org/partenaire/centro-montalvo/

 

Toute solution sera forcément commune entre les 2 pays. Il faut renforcer la maison commune.         « Nous habitons tous la même maison »

 

Date à retenir :  Samedi 2 juillet 2022   Pour les 60 ans du CCFD Terre Solidaire

Journée grand public familial et festive à la Prairie des Filtres à Toulouse

Soirée avec Amin Matias Vasquez République Dominicaine2022-04-03T15:50:13+02:00

Homélie du Père Joseph du V° dimanche de Carême, année C (2022)

Mes chers frères et sœurs

La vie et la mort forment le binôme inséparable. Même les enfants y pensent. Une catéchiste était choquée de voir que sa fille de 9 ans lui pose déjà des questions sur sa propre mort future !  On peut se demander aujourd’hui je vis comme « un vivant » ou comme « un mort », c’est-à-dire, en permettant à la vie de se diffuser, de se déployer par mon action, mon amour, mon courage, les valeurs que j’incarne, ou alors, en permettant à la mort d’être victorieuse en laissant une culture de la mort nous anéantir parce que je lui permets de s’installer dans mon cœur et dans le monde.

Le chrétien, disciple de Jésus est appelé à faire le choix de la vie car Dieu nous appelle à vivre pleinement, à partager sa vie, à vaincre la mort. Ne nous contentons pas de vivoter en perdant le goût à la vie à cause des épreuves. Pensez aux évangiles des deux premiers scrutins. Une samaritaine blessée dans sa vie et sa dignité de femme et de fille de Dieu, mais qui devient disciple missionnaire grâce à la rencontre avec Jésus…. L’aveugle-né qui retrouve la vue et qui se prend totalement en main.  La rencontre avec Jésus nous rend pleinement vivants.

Quelles que soient les épreuves que nous traversons, Jésus nous appelle à la vie, à la laisser se dilater en nous grâce à la vertu de l’espérance qui permet de transfigurer nos épreuves. La mort de son meilleur ami, est une occasion pour Jésus de manifester son amour pour Lazare, pour ses sœurs Marthe et Marie.

Le contexte de cet évangile est lourd pour Jésus qui traverse un moment d’épreuve et de menace.  Il est allé se réfugier à Ephraïm, car trop d’ennemis l’attendent à Jérusalem. Les épreuves s’accumulent pour lui. Son cousin Jean-Baptiste a été condamné à mort et exécuté. Son ami Lazare est très malade et Jésus aimerait bien aller le voir. Se rendre à Béthanie, en ce moment serait comme un suicide, car il risque d’y être arrêté et exécuté car les chefs de prêtres sont à sa recherche : « Jésus aimait Marthe et sa sœur, ainsi que Lazare. Quand il apprit que celui-ci était malade, il demeura deux jours encore à l’endroit où il se trouvait. Puis, après cela, il dit aux disciples : « Revenons en Judée. » Les disciples lui dirent : « Rabbi, tout récemment, les Juifs, là-bas, cherchaient à te lapider, et tu y retournes ? » (Jn 10, 5-9)

Jésus n’est pas suicidaire au point de vouloir anticiper sa mort ! Son heure n’est pas encore venue. Alors, contre son gré et pour ne pas entraver le plan du Père, Jésus attend encore quelques jours pour aller à Béthanie où habitait le défunt Lazare aves ses deux sœurs ! Marthe est la première à sortir de la maison et ses paroles sont une sorte de reproche à Jésus « Seigneur, si tu avais été ici, mon frère ne serait pas mort ». Même s’il avait été là, Jésus n’aurait pas empêché la mort de Lazare. Rappelons-nous toujours que même si Jésus fait partie de notre vie par foi, nous ne pouvons éviter ni fuir la mort et la douleur que lui n’a pas refusé d’affronter. Jésus nous protège et nous sauve, mais pas toujours comme nous le voulons.

Jésus appelle Marthe, et à travers elle, à la foi et à l’espérance même quand nous sommes touchés par la mort : « Jésus lui dit : « Ton frère ressuscitera. » Marthe reprit : « Je sais qu’il ressuscitera à la résurrection, au dernier jour. » Jésus lui dit : « Moi, je suis la résurrection et la vie. Celui qui croit en moi, même s’il meurt, vivra ; quiconque vit et croit en moi ne mourra jamais. Crois-tu cela ? »

La résurrection embrasse et dépasse notre petite vie biologique et terrestre qui va rarement au-delà d’un siècle mais la perspective d’une vie éternelle donne sens à notre vie terrestre. La vie éternelle est la lumière qui éclaire notre vie terrestre, car c’est aujourd’hui, ici et maintenant que nous préparons notre résurrection, qui est à la fois un don généreux de Dieu et un choix libre de notre part. A quelques jours de Pâques, vous qui êtes appelés au baptême avec nous, nous sommes appelés à ouvrir notre cœur à ce mystère dans lequel nous plonge le baptême : mourir et ressusciter avec Jésus pour une vie nouvelle avec Lui.

Revenons à notre ami Lazare ! Marie, l’autre sœur était absente, et c’est Marthe qui fait le lien entre elle et Jésus. : « Ayant dit cela, elle partit appeler sa sœur Marie, et lui dit tout bas : « Le Maître est là, il t’appelle. » Le Seigneur t’appelle ! Quel beau message ! Être chrétien, c’est aider les autres à réaliser qu’ils sont appelés par le Christ. Nombreux sont nos frères et sœurs qui sont appelés, mais qui n’attendent pas cet appel à cause des bruits, des pleurs, des douleurs, du hard rock, des portables… qui étouffe la voix du Seigneur. Comme à Béthanie, devenons comme Marthe qui aide sa sœur Marie à accueillir l’appel de Jésus.

Nous en faisons tellement l’expérience dans le baptême ! Tel sera baptisé parce qu’on lui a demandé d’être parrain ou marraine, un autre parce qu’il y a le projet du mariage, l’autre parce que les amis de l’école Prépa ont été de vrais témoins de foi, une mère non baptisée qui demande le baptême de son enfant, l’autre dont le désir du baptême s’accroit lors des funérailles d’un oncle… L’appel nous rejoint de diverses manières et a besoin des médiations. Marie, la sœur de Lazare se jette aux pieds de Jésus, manifestant à la fois sa confiance mais aussi la colère, la déception lui reprochant : « Seigneur, si tu avais été ici, mon frère ne serait pas mort. »

Pour la première fois, nous contemplons Jésus en larme : « Où l’avez-vous déposé ? » Ils lui répondirent : « Seigneur, viens, et vois. » Alors Jésus se mit à pleurer. » Dieu n’a pas un cœur de pierre, impassible, indifférent à nos joies et nos peines. Il se réjouit de nos joies, et pleure de nos peines, comme il a pleuré à Béthanie avec Marthe et Marie lors de la mort de Lazare. Nous pouvons donc lui dire nos joies en action de grâce et lui crier nos douleurs pour qu’il se réjouisse ou pleure avec nous.

« Après cela, il cria d’une voix forte : « Lazare, viens dehors ! ». En ressuscitant Lazare, Jésus signe l’acte de sa propre condamnation à mort, car il y a quelques personnes qui vont tout balancer aux pharisiens : « Mais quelques-uns allèrent trouver les pharisiens pour leur raconter ce qu’il avait fait. Les grands prêtres et les pharisiens réunirent donc le Conseil suprême ; ils disaient : « Qu’allons-nous faire ? Cet homme accomplit un grand nombre de signes. »

Jésus sait désormais que ses paroles ne sont plus suffisantes. Ainsi, il nous conduit vers l’acte suprême qu’il va poser pour nous. C’est le don de sa propre Vie, en accueillant la mort en croix. Sa vie donnée sur la croix devient la source de vie pour chaque baptisé. C’est ce à quoi nous sommes appelés dans le baptême. Alors, comme Lazare, soyons vivants, vivons pleinement, généreusement, en donnant notre vie pour les autres, et en accueillant la Vie éternelle que Jésus nous apporte par sa passion, mort et résurrection que nous célébrons dans chaque eucharistie.

 

Homélie du Père Joseph du V° dimanche de Carême, année C (2022)2022-04-03T15:17:10+02:00

Homélie du Père Joseph du IV° dimanche de Carême, année C (2022)

Mes chers frères et sœurs !

Chacun de nous a peut-être déjà eu des périodes de la vie qui ont été comme des nuits profondes !  Des traversées du désert ! Même les saints ont vécu cela ! Il ne s’agit pas ici de cette nuit dont nous avons besoin pour le repos, le sommeil, avec quelques beaux rêves ! Celle dont je parle, c’est la nuit de l’esprit, de l’âme, de la consciencequand les ténèbres couvrent notre liberté, nos choix, notre parcours, celle qui s’abat sur nous à l’improviste, nuit pesante après un événement difficile, une épreuve, une séparation, un échec, un deuil, une erreur. Nous pouvons alors faire semblant et faire illusion que tout va bien, le cacher aux autres parce que c’est facile de s’habituer à vivre dans l’absence dans les ténèbres et vivre sans lumière ! N’oublions pas que le baptême nous appelle à être des enfants de lumière, à la suite de Jésus, qui est la Lumière, venu dans le monde pour chasser nos ténèbres. Jésus nous dit si nous marchons à sa suite, nous ne marcherons pas dans les ténèbres car nous aurons toujours la lumière de la vie.

Sur notre chemin de purification, de vivification et de conversion qu’est le Carême, entourant ces des adultes qui se préparent au baptême, l’Eglise nous invite à parler de l’illumination et de la lumière. L’évangile de la Samaritaine, lors du premier scrutin de dimanche dernier nous rappelait nos soifs profondes, celui d’aujourd’hui nous rappelle que nous sommes des aveugles et Jésus est notre Lumière, et nous invite à être lumière du monde.

La conversion, la rencontre avec Jésus, l’accueil de l’évangile est une véritable illumination. C’est comme quelqu’un qui est dans une salle obscure depuis toute une vie, et à l’improviste, quelqu’un lui ouvre la porte et fait entrer la lumière ! Quel changement ! La salle est toujours la même, mais à présent, grâce à la lumière, les formes, les couleurs, les espaces ont une signification différente. Je pense au « délestage » dont nous faisons l’expérience dans certains pays africains quand tout d’un coup, en plein diner, il y a coupure d’électricité. Merci la lumière des portables, quand ils ne sont pas déchargés !

Nous sommes en présence d’un aveugle-né, mendiant, jugé comme étant un pécheur. Cet homme a vécu dans l’obscurité depuis sa naissance et a toujours subi le jugement des autres. Jésus le voit en passant et leur rencontre change radicalement la vie de cet homme. Ainsi, commence une liturgie des gestes simples et primitifs, de doigts, de la salive qu’on pensait contienne le souffle vital, geste d’eau, signe du baptême qui purifie. L’illumination arrive graduellement, petit à petit…. Dieu nous connaît dès le sein maternel et quand nous le reconnaissons à notre tour, le changement s’opère de manière inexorable ! Il y a un avant et un après notre rencontre avec Jésus, un changement tellement puissant que des gens peuvent ne plus nous reconnaître, comme ils ont eu du mal à reconnaitre le médiant, ancien aveugle qui avait retrouvé la vue. Quand nous devenons disciple du Christ, nous ne sommes plus la même personne, suscitant l’émerveillement ! « Avez-vous remarqué que Déborah, Mélanie, Manon, Clément, Nicolas….a tellement changé depuis quelques temps ». J’ai entendu des catéchumènes qui s’émerveillaient de la personne meilleure qu’ils étaient devenus depuis leur rencontre avec Jésus.

Mais les choses ne seront pas toujours simples après notre conversion ! IL nous faudra toujours mener le combat spirituel. Il y aura toujours des objections, des gens qui mettront en doute notre conversion, qui vous prendront pour des hypocrites, et qui profiterons de vos erreurs pour mettre en doute votre conversion. « Vous voyez, je le savais ! Ton baptême était du cinéma ! » Au lieu de se réjouir avec vous de ce qui est arrivé, les obsédés de la Loi vont faire des objections. Leur cœur s’est tellement endurci en pierre qu’ils sont incapables d’être dans la joie avec les autres.  Ils se sont octroyés pour mission d’être les défenseurs de Dieu, comme si Dieu avait besoin qu’on le défende. C’est cela qui s’abat sur l’aveugle-né. Les djihadistes de Dieu sont arrivés pour enquêter et interroger. Pour eux, Jésus doit être un faussaire, un pécheur parce qu’il transgresse la Loi de Moïse. Il est par conséquent impossible qu’il ait guéri le mendiant qu’ils traitent de menteur !  En plus, les docteurs de la Loi savant qu’ils ont toujours raison, de tout façon ! Ce sont eux qui détiennent la vérité. C’est le propre des idéologues même dans l’Eglise, convaincus d’être les seuls à détenir la vérité contre tous les autres.

La scène est terrible ! Ils ont sorti la plus terrible arme de destruction massive, celle dont nous avons tous peur que Poutine utilise ! L’arme redoutable des docteurs de la Loi, c’est le sens de culpabilité. Si cet homme est aveugle, c’est à cause de la faute de quelqu’un ! Si pas lui, de doit être ses parents. Ces derniers sont écrasés de sens de culpabilité depuis des années qu’ils ne défendent pas leur propre fils.

Entre-temps, Jésus a disparu, donnant à l’aveugle l’occasion de grandir et de devenir autonome et responsable ! Il n’est fait plus la victime écrasée par le sens de culpabilité mais il est un homme nouveau qui se prend en main et se défend devant ses adversaires, les appelant relire les Ecritures. Il traite d’égal à égal avec les Docteurs de la Loi, il leur répond et argumente ! Ceux qui sont convaincu d’être les experts des Ecritures sont incapables d’expliquer comment un pécheur peur guérir un aveugle de naissance ! Saint Jean nous explique les véritables aveugles, ce sont ceux qui ne veulent pas voir la vérité.

Malgré les menaces, l’aveugle est devenu libre !  Il a coupé les ponts avec ses misères passées ! Mendier, être dans les ténèbres, c’est maintenant de l’histoire ancienne. Il est illuminé, guéri et a toute la grâce pour comprendre. Il est libre des jugements des autres ! Il témoigne, comme il nous faut témoigner de notre foi. J’ai déjà publié le témoignage de trois de nos catéchumènes et il faut voir la joie que cela provoque chez les lecteurs !  Cet homme n’est plus oppressé par le regard des autres, mais il est libre et heureux ! C’est cela que nous souhaitons pour vous qui vous préparez au baptême ! Puisse Jésus vous donner sa lumière, ouvrir vos yeux, transfigurer vos ténèbres en lumière pour que vous deveniez lumière à votre tour, comme celle que nous recevrez, du cierge pascal, au jour de votre baptême. Amen !

Homélie du Père Joseph du IV° dimanche de Carême, année C (2022)2022-03-26T20:19:04+01:00
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