À propos de Joseph Bavurha

Curé de l'ensemble paroissial de Tournefeuille

Homélie du Père Joseph du III° dimanche de l’Avent, année A (2022)

Mes chers frères et sœurs !

Le III dimanche de l’Avent s’appelle encore le Gaudete ou dimanche de la joie.  Cet appel à la joie résonne déjà dans la première lecture : « Le désert et la terre de la soif, qu’ils se réjouissent ! Le pays aride, qu’il exulte et fleurisse comme la rose, qu’il se couvre de fleurs des champs, qu’il exulte et crie de joie ! Ceux qu’a libérés le Seigneur reviennent, ils entrent dans Sion avec des cris de fête, couronnés de l’éternelle joie. Allégresse et joie les rejoindront, douleur et plainte s’enfuient » Cette joie est le plus beau cadeau que nous pouvons offrir aux autres en ce temps de Noël.

Pourtant, l’évangile de ce dimanche relate des sentiments bien tristes : doutes, pessimisme et perplexitédominent la vie de Jean le Baptiste, très différent de celui que nous avons contemplé dimanche qui nous appelait, rassuré et déterminé, à nous convertir. Le Jean-Baptiste que nous contemplons aujourd’hui est prisonnier et s’attend l’exécution de mise à mort. Il a mis en colère une femme fatale, Hérodiade et de son mari Hérode. Jean-Baptiste connaît très bien Jésus. C’est son cousin et il a passé toute sa vie à préparer la venue du Messie. Dimanche dernier, il invitait d’ailleurs tout le peuple à rendre droits ses sentiers, à se faire baptiser. Plus tard, il va retrouver Jésus, faisant lui aussi la queue, à son grand étonnement, parmi ceux qui voulaient se faire baptiser. Au cours du baptême dans le Jourdain, Jean-Baptiste voit le saint Esprit descendre sur Jésus, et entend la voix du Père qui disait de Jésus : « celui-ci est mon Fils bien aimé en qui j’ai mis ma joie ! ». Plus tard encore, Jean-Baptiste va laisser partir ses disciples qui vont le quitter pour devenir les premiers disciples de Jésus qu’il désigne devant eux comme étant l’Agneau de Dieu qui enlève les péchés du monde. Voilà des signes, des faits et des témoignages qui attestent combien Jean le Baptiste connaissait bien l’identité et la mission de Jésus, le Messie.

Maintenant qu’il est enfermé dans une prison, les nouvelles du messie qui parviennent à Jean-Baptiste ne sont pas encourageantes : le Messie Jésus se révèle sous un profil pas du tout brillant. Il n’est pas violent, n’incite pas à prendre les armes et à se rebeller contre les Romains. Au lieu de proférer la malédiction sur les méchants, annoncer la vengeance de Dieu, Jésus promet le pardon aux pécheurs, il mange et boit avec des gens de mauvaise réputation… Pour Jean-Baptiste, ce Messie est très différent de celui qu’il attendait et qu’il avait annoncé au peuple. Pour couronner le tableau de la déprime, Jean le Baptiste est en prison !  C’est un trop  plein d’événements malheureux. Comme cela arrive parfois dans la vie -,  tous ces événements malheureux plongent Jean-Baptiste dans une crise de foi,  de tristesse, de grande fatigue et de découragement.  Nous appelons cela « une grande dépression ». Toutes ses certitudes acquises se sont écroulées devant la lourdeur de l’épreuve. Il est comme les disciples d’Emmaüs déprimés après la mort de Jésus, et qui étaient incapables d’entendre la bonne nouvelle de la résurrection pour s’en réjouir. La dépression nous fait voir les choses sous un angle tellement sombre que nous nous disons que notre vie, notre mission, notre travail, notre couple, notre foi… n’ont plus de sens. C’est comme ce migrant nigérian que j’ai rencontré au secours catholique qui se bat depuis des années et ne voit pas avancer son dossier au point de penser que tout le monde lui en veut et est contre lui en France ! Même les bénévoles ne savent plus comment faire pour l’aider !

Heureusement que dans le cœur de Jean le Baptiste, luit encore une petite lumière de l’espérance ! Il veut être rassuré et envoie des messagers auprès des Jésus avec une question importante : «Es-tu celui qui doit venir, ou devons-nous en attendre un autre ?»: La réponse de Jésus  n’est pas claire, car il ne dit ni oui ni non.  Il répond aux messagers : « Allez rapporter à Jean ce que vous entendez et voyez : Les aveugles voient, les boiteux marchent, les lépreux sont purifiés, les sourds entendent, les morts ressuscitent, et la Bonne Nouvelle est annoncée aux pauvres. »

C’est une réponse qui appelle à être attentifs aux signes, petits soient-ils, pour voir Dieu à l’œuvre et reconnaître son Règne qui se construit et grandit dans notre monde. L’attention aux signes du Royaume de Dieu nourrit notre espérance et nous donne de la joie pour rendre grâce et louer Dieu, au lieu de sombrer dans le découragement et le pessimisme par rapport à notre vie, celle de l’Eglise, celle du monde, de notre famille.

Jésus ne dit pas « oui c’est moi le messie » ou « non ce n’est pas moi le messie ». Mais il renvoie Jean-Baptiste à une prophétie d’Isaïe parlant des signes de l’avènement du Messie.  « Les aveugles voient, les boiteux marchent, les lépreux sont purifiés, les sourds entendent, les morts ressuscitent, et la Bonne Nouvelle est annoncée aux pauvres ». Jésus invite Jean-Baptiste à faire une relecture spirituelle pour voir, au-delà de tout découragement et avec du recul, les signes de la présence de Dieu dans les événements, même quand ils ne sont pas subjectivement agréables.

Chers amis, il se peut que vous soyez  parfois remplis de doutes à certains moments de votre vie,  que vous doutez de Dieu, de l’Eglise, de vos prêtres, évêques,  de vous-même, de votre conjoint, de vos collègues, de vos frèreset sœurs….qui  vous déçoivent, ne répondant plus à vos attentes, vous mettant en colère, et qui ont perdu votre confiance….Rappelez-vous que Jean-Baptiste, a aussi traversé les mêmes sentiments vis-à-vis de Jésus. Mais, au lieu de s’enferme dans un mutisme et de bouder, il a exprimé ses doutes en osant une communication avec Jésus, par l’intermédiaire de ses messagers.  Grâce à cela, il a quelques ponses.  De grâce, dans nos doutes, ne fermons pas notre cœur aux autres et à Dieu. Osons trouver le moyen de communiquer, de dialoguer pour exprimer ce qui nous pèse.

A une semaine de Noël, l’évangile nous invite à la joie en ouvrant les yeux sur notre vie, sur l’Eglise et le monde pour y voir des signes de Dieu, et de devenir des signes de joie et d’espérance pour ceux qui sont dans la prison de la tristesse et des épreuves, comme Jean le Baptiste, ces gens qui se sentent ou sont de fait seuls et abandonnés à Noël ou abandonnés. Nous avons encore quelques jours pour devenir messagers de joie et d’espérance ! Allons dans nos quartiers, nos familles, nos mouvements, notre communauté,… pour rencontrer et inviter à la joie tous les Jean-Baptiste tristes et prisonniers de différentes épreuves de la vie, de la tristesse, de la maladie, de la solitude, de l’inflation, de la crise énergétique, de la guerre ! Que cette eucharistie fasse de nous des messagers de joie et d’espérance. Amen

 

Homélie du Père Joseph du III° dimanche de l’Avent, année A (2022)2022-12-09T23:35:11+01:00

Homélie du Père Joseph du II° dimanche de l’Avent, année A (2022)

Mes chers frères et sœurs

Notre marche vers Noël a commencé depuis une semaine. J’espère, comme je le disais aux enfants lors de notre rassemblement à Saint Simon samedi dernier que nous avons commencé chacun et chacune l’Avent avec détermination et volonté de rencontrer Jésus qui vient nous sauver, avant de penser aux cadeaux que nous retrouverons au pieds du sapin de Noël. Nous sommes en chemin, et c’est cela le sens de toute notre la vie à la découverte de ce Dieu qui se révèleprogressivement chaque jour à chacun de nous et qui désire prendre place dans notre cœur, comme il a pris place dans la crèche de Bethléem.

Pour permettre la rencontre avec Dieu, Jésus nous invitait, dès le premier dimanche de l’Avent à ne pas laisser endormir notre cœur, mais à « veiller » !« Veillez donc,
car vous ne savez pas quel jour votre Seigneur vient. Comprenez-le bien :si le maître de maison avait su à quelle heure de la nuit le voleur viendrait, il aurait veillé et n’aurait pas laissé percer le mur de sa maison ». Rester éveillé, veiller, c’est parfois très difficile surtout quand on a un retard de sommeil, qu’on est réellement et que les yeux sont lourds. Dans ces circonstances, pour ne pas s’endormir,on fait des efforts et on se fait aider par la lumière allumée, un café, de musique… qui nous permettent de tenir bon.

Dans une perspective plus spirituelle, veiller, c’est d’abord aller chercher dans notre vie tout ce qui nous engourdit et nous fatigue, toutes ces ténèbres ou zones d’ombres de nos vies, ces lourdeurs, ces fatigues plus ou moins importances que nous trainons et qui engourdissentnos vies, nous font perdre la légèreté et la joie de vivre. J’ai mercredi soir une réunion avec des gens dont un couple qui n’en plus de cette période. Pendant que nous pensons aux lumières et à la joie de Noël, beaucoup autour de nous sentent une grande lassitude en cette période de l’Avent. Cette lourdeurs et lassitudes nous incitent à dormir au lieu de sortir, de marcher et aller à la rencontre des autres, du Seigneur.

Sur notre chemin vers Noël, Dieu nous donne des amis et des compagnons de route qui nous soutiennent : l’ange Gabriel qui annonce la Bonne Nouvelle à Marie, qui rassure Joseph dans son discernement cornélien, la Sainte Vierge Marie, toute disponible à la volonté de Dieu, joyeuse de partager sa joie avec Elisabeth, saint Joseph qui accepte de porter un projet qu’il n’a pas vraiment choisi en accueillant Marie et l’enfant Jésus, Elisabeth et Zachariequi ont la joie d’accueillir un enfant avec leur âge avancé… et d’autres personnages encore. Je vous invite, pendant ce temps de l’avent, à prendre le temps de méditer sur chacun de ces personnages qui nous accompagnent.

Parmi eux, Jean le Baptiste attitre tout particulièrementnotre attention aujourd’hui : il est un peu bizarre par sa façon de faire, de parler, de s’habiller, de manger « Lui, Jean, portait un vêtement de poils de chameau, et une ceinture de cuir autour des reins » Tout en étant profondément humble comme l’atteste l’évangile de ce deuxième dimanche à travers ses paroles et attitudes que nous contemplons chezlui : « Moi, je vous baptise dans l’eau, en vue de la conversion. Mais celui qui vient derrière moi est plus fort que moi, et je ne suis pas digne de lui retirer ses sandales », Jean le Baptiste apparaissait pourtant aussi comme très autoritaire, menaçant et très austère pour ses contemporains et auditeurs 

Tous ceux qui le suivaient n’avaient aucun doute sur sa mission. Il était reconnu comme un grand prophète envoyé parDieu. Qui est Jean le Baptiste ? Le précurseur du Christ était aussi son cousin, fils de Zacharie et d’Elisabeth. Il faisait partie des Esséniens, un groupe particulièrement religieuxdans le Judaïsme qui attendait la venue imminente du Messie Sauveur d’Israël. Le groupe religieux des Esséniens se préparaient dans la foi et invitaient tout le peuple d’Israël à faire de même. Comme l’Eglise nous invite pendant le temps de l’Avent à vivre la Pénitence, de même, les Esséniens appelaient le peuple d’Israël à poser des actes pénitentielsbien particuliers et concrets pour se préparer spirituellement à la venue du Messie.

Parmi les actes pénitentiels qu’ils proposaient, il y avait le baptême de purification des péchés, vivre les œuvres concrètes de justice. Pour eux, il n’est pas possible de vivre la foi à demi-mesure car le messie attendu est quelqu’un d’exigeant avec qui on ne joue pas à cache-cache. Ce n’est pas comme ce Dieu « baba cool, copain, camarade…»comme celui que nous avons peut-être appris au catéchisme à une époque ! Pour les Esséniens, il faut jouer franc-jeuavec Dieu, être à fond avec lui, ne pas faire les choses à moitié.

Jean-Baptiste prêchait un Messie droit et juste qui a pour mission principale de bien poser les choses, en distinguant nettement le bien du mal, qui insistait que le bien estabsolument à faire, et le mal, absolument à dénoncer et à éviter. Vendredi soir, nous échangions avec les confirmés adultes sur cet évangile. Un membre du groupe disait qu’elle trouvait Jean Baptiste très en colère et manquant de douceur ! Oui, dans ses propos, il s’adresse à des gens qui ont du mal à se convertir en vérité.

D’où ses paroles qui peuvent nous paraitre très dures parce que radicales, surtout envers les pharisiens : « Voyant beaucoup de pharisiens et de sadducéens se présenter à son baptême, il leur dit : « Engeance de vipères ! Qui vous a appris à fuir la colère qui vient ? Produisez donc un fruit digne de la conversion.  N’allez pas dire en vous-mêmes : ‘Nous avons Abraham pour père’ ; car, je vous le dis : des pierres que voici, Dieu peut faire surgir des enfants à Abraham. Déjà la cognée se trouve à la racine des arbres : tout arbre qui ne produit pas de bons fruits va être coupé et jeté au feu. »

Je sais que beaucoup parmi nous n’auraient pas aimé rencontrer Jean le Baptiste ni ce Dieu qu’il annonçait. Il Pour beaucoup, un Dieu aussi exigeant n’est pas attirant ! Nous aurions du mal à le faire passer dans la société. Pourtant, il arrive parfois d’invoquer un Dieu Vengeur qui mette un peu d’ordre dans son Eglise actuellement, dans le chaosambiant du monde actuel, dans notre société libertaire qui prend parfois le mal pour le bien, choisit et promeut uneculture de la mort au lieu de promouvoir et défendre la vie fragile avec toutes ces projets pour inscrire l’IVG dans la constitution, une loi pour l’euthanasie et le suicide assisté en ce mois de décembre ( le 8 et le 13 décembre), en supprimant toute objection de conscience aux médecins, mettre de l’ordre dans notre société qui confond le plaisir et le vrai bonheur !Nous aimerions un Dieu tellement fort qui fasse plier VladimirPoutine et d’autres seigneurs de guerre dans le monde, un Dieu qui prenne les gros moyens pour mettre fin à la violence ambiante, pour rétablir l’intégrité de cette planète que nous détruisons, pour mettre de l’ordre dans nos cœurs endurcis, comme il le fit à Sodome et Gomorrhe par le feu ou le déluge au temps de Noé

En tout cas, si tel est le visage du Dieu que nous prions, la période de l’Avent nous invite à une profonde conversiondu cœur et nous appelle à poser des exigences radicalesd’abord pour nous-même personnellement avant de les poser pour les autres. Mettons-nous en tête que le messie vientd’abord nous rencontrer personnellement : dans quel état, dans quelle attitude va-t-il me trouver quand il viendra ? Les saintsnous invitent à prêcher d’abord par le témoignage d’une vie sainte d’abord, et si nécessaire, de compléter cela par la parole et des conseils…Si nous voulons et désirons la conversion des autres, commençons alors d’abord par nous convertir nous-même personnellement. Ne soyons pas comme ceux qui se comportent en donneurs de leçons, mais dont la vie est aux antipodes des conseils qu’ils donnent aux autres. Le pape François nous invite à travailler chaque jour pour cette conversion personnelle, et l’Avent est une période favorable pour cela.

L’Avent est une invitation à la conversion à la conversion personnelle : « Voix de celui qui crie dans le désert : Préparez le chemin du Seigneur, rendez droits ses sentiers » Jésus a tellement envie de naître dans notre cœur. Puissions-nous profiter du temps de l’Avent nous pour lui ouvrir notre cœur. Amen.

Homélie du Père Joseph du II° dimanche de l’Avent, année A (2022)2022-12-05T20:37:28+01:00

Homélie du Père Joseph du I° dimanche de l’Avent, année A (2022)

Mes chers frères et sœurs

Avec ce premier dimanche de l’Avent, nous commençons une nouvelle année liturgique. Ce temps de la liturgie est un temps de pénitence, comme nous allons le voir dans les appels à la conversion du prophète Jean le Baptiste.  Il s’agit cependant d’une pénitence joyeuse. C’est pour cela que nous continuerons à chanter « alléluia ». L’Avent est caractérisé par trois mots clefs : attente, venue et joie.  C’est clair que matériellement nous préparons déjà Noël matériellement : c’est depuis la Toussaint que tout, sur les affiches publicitaires, nous parle de Noël… Il parait que le Black Friday nous permet déjà (c’est maintenant que ça se passe), sert à faire acheter les cadeaux pour Noël. C’est aussi important de préparer matériellement Noël. Je vous y encourage. Cependant, je nous invite tous à mettre en place une sorte de préparation spirituelle à Noël, tant au niveau personnelle, familiale qu’ecclésiale, pour que le 25 décembrene soit pas un jour de l’année comme n’importe quel autre jour… C’est seulement dans cette perspective que la fête de Noël que nous préparons sera pour nous, pour les nôtre, nos familles, notre communauté une vraie et réelle renaissance dans la joie de l’Amour qui prend corps dans le sein de la Vierge Marie.

L’Avent indique la venue du Messie ! Ainsi, il comporte une attente dynamique et constructive qui nous mobilise.  Pour nous chrétiens, le temps de l’Avent est comparable à une famille qui est dans la joie de l’attente d’un bébé qui va naître : dès la conception, (je pense même dès le projet d’avoir un enfant pour un couple), tout est mis en œuvre pour que le bébé se sente attendu, déjà aimé de ses parents, de toute la famille, même du petit dernier qui passera pourtant par une crise de jalousie à une certain moment ! Tout est mis en œuvre pour qu’à sa naissance, le nouveau-né sente une ambiance accueillante et chaleureuse. Cette attente fait prendre de petites et grandes décisions : on arrête la cigarette, on passe au jus de fruit pour l’apéros au lieu de la bière ou petit verre de whisky ; les parents, et la maman en particulier, fait attention à son hygiène de vie pour commencer à prendre soin du petit être qui se développe dans son corps, on pense à un logement plus spacieux, une voiture familiale…

De même, pendant le temps de l’Avent, les chrétiens vivent dans cette dynamique d’un cœur qui est dans la joie d’attendre l’Amour qui s’incarne, un cœur qui se prépare activement à se laisser remplir par cet Amour d’un Dieu qui se fait l’un de nous et qui marche à la rencontre de notre humanité afin de nous partager sa vie divine. S’il n’y pas cette préparation joyeuse et cette attente dans l’amour, malgré toutes ces lumières dans nos rues, nos magasins et dans nos maisons (lumières auxquelles nous devons faire attention à cause de la crise énergétique et  du souci de prendre soin de notre planète), le jour de Noël se sera qu’une date écrire en rouge sur le calendrier, mais qui n’aura servi qu’à nous permettre de boire quelques coupes de champagne,  un peu de foie gras, et une bûche au dessert, beaucoup de chocolat !

Nos cœurs sont appelés à être joyeux pendant ce temps qui va durer 4 semaines, et dont le point culminantsera le samedi 24 décembre au soir quand nous célébrerons la Veillée de Noël. On le voit déjà, même dans une société qui se veut laïque et sécularisé : toutes ces lumières, guirlandes, décorations dans les rues et sur nos fenêtres, nos magasins qui se remplissent des nouveaux produits, les marchés de Noël qui se multiplient et se développent partout dans le pays……tout cela montre que Noël est une fête qui appelle à la joie. Nous devons cependant éviter le danger de faire la fête tout en oubliant celui qui est l’auteur de la Fête… Soyons donc dans la joie, profitons pleinement de la joie de ce temps de l’Avent.

Ces quatre semaines ne sont le temps de carême. L’avent n’est pas un temps de tristesse, de dolorisme…..! Même si l’évangile de ce dimanche comporte un côté terrifiant quand nous entendons les paroles du Christ à ses disciples : « Jésus disait à ses disciples : « Comme il en fut aux jours de Noé, ainsi en sera-t-il lors de la venue du Fils de l’homme.  En ces jours-là, avant le déluge, on mangeait et on buvait, on prenait femme et on prenait mari, jusqu’au jour où Noé entra dans l’arche ; les gens ne se sont doutés de rien, jusqu’à ce que survienne le déluge qui les a tous engloutis : telle sera aussi la venue du Fils de l’homme », le temps de l’Avent nous annonce et nous prépare à une très bonne nouvelle, celle que les anges annonceront aux bergers pendant la nuit de Noël.

Nous n’attendons pas un coup de fil qui va nous annoncer la mort de Dieu, mais bien le message d’un ange annonce une bonne nouvelle à Marie, et d’une troupe céleste qui annonce la naissance de l’Emmanuel, Dieu parmi nous ! Si c’est la naissance de Dieu que nous attendons, alors, comme une mère enceinte, en contemplant la Vierge Marie pendant ce temps de l’Avent, nous devons, nous aussi, être dans la joie de l’attente de ce Dieu qui veut naître dans notre cœur. Son cœur est débordant d’amour pour chacun de nous, mais il a besoin que notre coeur soit aussi débordant de joie et d’amour afin que le monde croie que les chrétiens croient en un Dieu Vivant et source de Joie.

L’année liturgique nous commençons avec ce premier dimanche de l’Avent nous rappelle le sens de toute la vie chrétienne. Les chrétiens sont chaque jour en marche vers la venue du Sauveur qui nous appelle à nous redresser, à relever la tête, comme nous l’avons entendu dans les textes de l’évangile de toute la semaine dernière. Cela est quelque chose d’extraordinaire que nous ne pouvons comprendre que grâce à la foi. Celui en qui nous croyons, le Sauveur que nous attendons est le Prince de paix, un Dieu qui invite les chrétiens à bâtir des ponts entre les peuples, à devenir des artisans de paix dans la société.  Le prophète Isaïe nous rappelle, dans la première lecture, quelle est la mission du messie attendu : « Il sera juge entre les nations et l’arbitre de peuples nombreux. De leurs épées, ils forgeront des socs, et de leurs lances, des faucilles. Jamais nation contre nation ne lèvera l’épée ; ils n’apprendront plus la guerre. Venez, maison de Jacob ! Marchons à la lumière du Seigneur ».

Telle est la dynamique du temps de l’Avent : construire la paix autour de nous. Je pense déjà aux rencontres familiales que nous vivrons de Noël, plus ou moins joyeuses, plus ou moins contraignantes…avec des parents, des fratries, des familles plus ou moins unies ou divisées, dans lesquelles le climat n’est pas toujours aussi idylliques, paisible et apaisant. Dans ces circonstances, l’avent nous donne pour mission, de préparer ces rencontres dans un esprit de paix, de réconciliation, de cohésion familiale pour que Noël soit vraiment un temps de joie et de paix pour toutes les familles. Prions pour cela dès à présent pour que soient enterrées les haches de guerre, et que nos cœurs libérés de toute rancœur s’apprêtent à accueillir et à aimer tendrement comme ce petit Enfant, tendre et fragile que Marie nous présentera dans ses bras ou dans un berceau dans cette crèche de Bethléem que nous contemplerons ensemble à Noël….

Le temps de l’Avent est donc un temps d’engagement, de conversion, de liberté dans la prise de décision de faire du bien autour de nous. C’est une occasion qui nous est donnée pour nous convertir à l’Amour et à la joie, pour nous-mêmes et pour les autres. Comme ces décorations lumineuses qui illuminent nos rues et nos maisons, l’Avent veut que la vie de chacun de nous soit radieuse et remplie de la lumière de Dieu, afin que le monde découvre, par notre joie, que nous sommes enracinés dans la source intarissable d’amour qu’aucune épreuve de la vie ne peut dessécher.

Toute notre vie est appelée à être une attente joyeuse, et pas seulement pendant les 4 semaines avant Noël.  Notre vocation fondamentale, qui trouve sa racine dans le baptême, s’actualise dans une vocation particulière à travers le sacrement du mariage, la vie consacrée ou le sacrement de l’ordre, est celle de s’unir chaque jour à Dieu qui vient à notre rencontre pour sceller avec nous une alliance nouvelle et éternelle dans laquelle nous trouverons le vrai bonheur. Seigneur, donne-nous de t’attendre dans la Joie. Donne-nous de rayonner de cette joie que nous donnes, toi la source de notre Bonheur. Amen.

 

Homélie du Père Joseph du I° dimanche de l’Avent, année A (2022)2022-11-27T10:20:01+01:00

Homélie du Père Joseph du XXXIII° Dimanche du Temps Ordinaire, année C (2022)

Mes chers frères et sœurs !

Aves les grands moyens de communication et les réseaux sociaux, nous sommes sans cesse branchés ! Nous sommes, avec nos chaines et le direct, au courant de qui se passe au l’autre bout du monde. Ce côté direct n’est pas toujours bon pour la santé et peut même nous déprimer. Je pense par exemple à ceux qui ont suivi Midterms aux Etats Unis, avec la menace de la vague bleu au Congrès ou au Sénat, la déception de certains qui n’ont pas vu leur victoire éclatante, Donald Trump qui parle des résultats décevants, et Joe Biden qui est un peu soulagé ! J’imagine alors les états d’âme de celui ou celle qui avait fait le choix de suivre le direct des résultats électoraux.

Il y a eu aussi les élections présidentielles au Brésil entre deux candidats que tout oppose : Lula ou Bolsonaro… et le suspens entre le premier tour et le deuxième, se demandant on va continuer à détruire ou pas la forêt de l’Amazonie selon qui est élu. Là aussi, déception et larmes pour ceux qui ont perdu. Je me dis qu’il est parfois préférable de se passer du direct ! Encore, si le direct nous donnait au moins quelques de bonnes nouvelles. On le saurait ! Très souvent et globalement, ce sont les mauvaises nouvelles qui nous sont assenées. Je vous mets au défi de me donner 5 bonnes nouvelles données par les médias ces 24 dernières heures ! La Parole de Dieu de ce dimanche…qui me fait penser à la situation que traverse notre monde d’aujourd’hui où tout semble s’écrouler avec l’actualité médiatique qui plombe le moral et entretient un état d’âme angoissant.

En suivant les médias, on peut dire que notre monde semble très malade d’une maladie incurable et qu’il n’y plus rien à faire : la guerre en Ukraine, dans le Kivu avec des massacres de masse, l’inflation croissante, la crise énergétique, des coups d’Etats dans beaucoup de pays africains, la montée de extrêmes dans beaucoup de pays, l’islamisme qui se développe, une énième vague du Covid….Depuis 3 ans, quand allons-nous en sortir ? La mère-nature en rajoute à nos malheurs le dérèglement climatique et cette sècheresse prolongée après des plus chauds étés des 50 dernières années, la pluie que nous attendons impatiemment depuis des mois, un séisme en Italie mardi dernier….

L’Eglise n’est pas épargnée par la crise : je ne parlerai pas des séminaires qui sont presque vides. Les évêques, réunis à Lourdes la semaine dernière ont vécu en assemblée une plénière plombée par de nouvelles révélations d’abus commis par des évêques encore vivats ou déjà morts, un prêtre mis en examens pour viol aggravé sur un jeune homme….! L’horreur sans san fin ! Quand tout ceci va-t-il s’arrêter ?  La vie des prêtres comme celle des communautés paroissiales ne séduisent plus nos jeunes ! Il y a une crise globale et sur plusieurs plans :  les affaires de pédophilie ou abus, crise de vocation, crise d’engagement, crise du mariage avec de divorces qui augmentent chaque année, crise de la famille …. J’arrête de vous déprimer ! Les sœurs qui viennent d’arriver et que nous accueillons ce dimanche se demandent probablement c’est quoi cette drôle d’Eglise dans laquelle elles débarquent.

Dans tous les cas, c’est au cœur de ce tableau sombre et difficile que saint Luc nous invite à l’espérance chrétienne. Notre Dieu a vaincu la mort et le mal. Vendredi, notre archevêque, s’adressant aux prêtres disait : « Ce que nous vivons est une grande purification qui nous secoue fortement et nous invite à la persévérante fidélité, humblement, au pied de la croix avec Marie. Soyons serviteurs de l’Espérance ». Dans l’Evangile de ce dimanche, Saint Luc n’a pas l’intention de nous parler de la fin, du chaos, de la destruction de notre monde et de l’histoire.  Il nous parle de l’espérance chrétienne, du salut, de la délivrance, de la finalité et destinée de notre monde et de l’histoire.  Il s’adresse à des chrétiens persécutés par Néron, comme ceux d’aujourd’hui dans certains pays. Cette communauté chrétienne primitive voit aussi le temple de Jérusalem détruit par le général romain Titus. La destruction du magnifique temple, fierté de tout le peuple d’Israël, traumatise les premiers chrétiens comme les juifs.

Devant le poids des épreuves, nous sommes naturellement tentés par le découragement mais le Seigneur nous dit que nous devons relever la tête, lever nos yeux vers Lui. « Soyez sereins mes enfants, car j’ai vaincu le mal! » Notre monde ne va pas à sa fin ! N’écoutez pas tous les prophètes des malheurs, mais suivez les témoins d’espérancequi construisent le royaume de Dieu. On le voit germer déjà aujourd’hui dans notre monde, dans nos communautés. Nous avons l’assurance du Seigneur qui est avec nous dans la barque même si notre traversée est tempétueuse, même si le voyage secoué par des turbulences ! Même s’il semble parfois s’endormir, le Seigneur est toujours là. Il nous rassure et nous soutient « nous hommes et femmes de peu de foi ».

Au lieu de nous laisser aller au catastrophisme, il nous faut convertir notre cœur et notre regard sur le monde. Nous devons changer notre manière de vivre, même si nous avons du mal à le faire. On pensait qu’après la crise financière ou la crise du Covid il y aura un monde nouveau, mais voyez combien nous avons rapidement repris nos anciens réflexes, nos anciennes habitudes ! Nous devons nous convertir profondément si nous voulons que notre monde aille mieux, chacun à sa place et selon notre responsabilité. Pour nourrir l’espérance, nous sommes appelés à contempler les germes du Royaume de Dieu aujourd’hui, autour de nous, dans notre vie, nos familles, nos communautés, dans l’Eglise ! Voyons les petites choses positives et merveilleuses qui se vivent, qui se construisent, qui grandissent et qui nous montrent que le Seigneur est à l’œuvre car il ne peut nous abandonner. Même dans les épreuves, la foi est appelée à grandir !

Dans un monde qui va mal, soyons fermes dans la foi et dans l’espérance. Par une charité généreuse, construisons ici et maintenant le Royaume de Dieu, chacun avec ses petits moyens. Faisons confiance dans le Saint Esprit qui agit et que nous avons tous reçu le jour de notre baptême. C’est au moment des épreuves que nous sommes appelés à témoigner de l’espérance qui nous anime, de notre foi qui agit et qui espère. La foi est éprouvée par la vie, mais les épreuves affinent et purifient notre foi comme le feu qui affine et purifie le métal du forgeron.

Dans un contexte très difficile, les chrétiens sont appelés à être témoins d’espérance et d’optimisme, des artisans qui aident à bâtir un monde plus solidaire, plus fraternel, plus accueillant, plus paisible, plus juste….comme nous le rappelle très souvent le pape François. Arrêtons nostalgie du passé et bâtissons l’avenir. Rappeler sans cesse que le passé était meilleur qu’aujourd’hui ne suffit pas ! Au contraire, cela peut nous plomber le moral.  Il se peut que tout ce qui symbolisent le temple de Jérusalem soit entrain de d’écouler dans notre vie ecclésiale.  Au cours de l’assemblée diocésaine, notre archevêque nous a dit qu’il nous faut accepter la mort ou la destruction de certaines habitudes, d’un certain fonctionnement… pour ne pas subir la mort mais pour faire surgir la vie nouvelle, avec de nouvelles manières de faire qui corresponde à notre temps, sans trahir ce qui est essentiel de notre foi.

Nous devons ouvrir nos yeux et nos cœurs à la belle nouveauté qui se construit, qui germe et grandit timidement, au cœur des turbulences que traverse nos sociétés, l’Eglise, le monde, nos familles et nos communautés ecclésiales. Il nous faut nous bouger, Nous devons nous bouger, quitter le canapé, mais mettre les crampons, comme disait le pape aux jeunes, pour aller sur le terrain jouer notre vie et bâtir de notre monde, chacun à sa place, selon sa vocation et sa grâce particulière. Soyons confiants ! Le Christ construit son Royaume de paix et d’amour, mais il a besoin de chacun nous qui sommes membres de son Corps. Demandons-lui de nous faire grandir dans la vertu de l’espérance. Amen

 

Homélie du Père Joseph du XXXIII° Dimanche du Temps Ordinaire, année C (2022)2022-11-12T18:40:32+01:00

Edito : Une Eglise-Famille appelée à la sainteté !

Edito : Une Eglise-Famille appelée à la sainteté !

Au cœur de ce mois missionnaire qu’est le mois d’octobre, nous venons de vivre quelque chose d’extraordinaire dans le diocèse : l’assemblée diocésaine du 15 et 16. Nous étions un peu plus de mille personnes aux côtes de Saint Germaine de Pibrac. Accompagnée par la petite pauvre bergère de Pibrac, nous nous sommes rassemblés pour prier, discerner, écouter la Parole de Dieu, réfléchir, exprimer nos élans, nos rêves, nos envies, nos hésitations, nos doutes. La chose la plus importante de cette assemblée diocésaine, c’est le fait d’avoir été réunis, manifestant ainsi l’unité de l’Eglise diocésaine à travers la diversité de nos réalités humaines, spirituelles, ecclésiales.

A l’invitation de notre archevêque, il y avait tous les âges représentés, comme il y en a dans chaque famille : la joie de se retrouver en diocèse pour entendre l’appel du Seigneur qui nous invite à ne pas subir l’histoire mais prendre l’initiative, refonder les choses dans l’Eglise, dans cette nouvelle époque, tout en se rappelant toujours que cette Eglise est d’abord et avant tout fondée dans le Christ qui la sanctifie. C’est le même Jésus qui nous sanctifie dans l’Eglise par sa présence et celle du saint Esprit, par l’exemple et la prière de tous les saints et saintes qui sont nos frères et sœurs de l’Eglise céleste.  Notre Eglise-Famille, que le Père a confiée à Jésus, nous rappelle que nous sommes tous frères et sœurs en marche ensemble vers la Jérusalem céleste. En dépit des turbulences de l’histoire, surtout ces dernières années, avançons dans la confiance, gardons allumée la lumière de notre baptême, fermes dans la foi et l’espérance parce que le Christ est notre guide, le rocher inébranlable sur lequel nous sommes fondés.

Les 24 personnes de délégation paroissiale et les nombreux autres fidèles impliqués dans l’organisation et la logistique de l’assemblée diocésaine sommes revenus remplis de joie, d’élan, d’un désir immense et profond d’apporter le même état d’esprit au sein de nos paroisses. Nous avons prié, exprimés nos rêves pour l’Eglise d’aujourd’hui et de demain. L’Esprit saint retiendra nos rêves réalisables parce qu’ils correspondent au réel. Nos rêves doivent toujours coller au réel pour ne pas vivre dans l’illusion ou l’utopie. On appelle cela « le principe de réalité ».

Ne soyons pas pressés ! Patiemment, faisons chacun et chacune, à notre place, dans la mission qui est la nôtre, ce qu’il convient pour que notre Eglise locale-paroissiale soit vraiment une famille qui rassemble tous ses membres et les appelle à cheminer ensemble, en dépit de leurs diversités, dans la même direction, conduits par le Christ, soutenus par la prière de tous les saints qui nous entourent et que nous célébrons en la solennité de la Toussaint.

 

Edito : Une Eglise-Famille appelée à la sainteté !2022-10-20T18:14:05+02:00

Homélie du Père Joseph du XXXII° Dimanche du Temps Ordinaire, année C (2022)

Mes chers frères et sœurs !

A quoi servirait de naître, vivre, d’aimer quelqu’un… si tout cela devrait s’écrouler et disparaitre avec la mort ? Quel sens aurait la bonté, l’amour, la joie, le courage, le travail, la famille, le mariage, le sacerdoce, toutes les valeurs auxquelles nous tenons, si tout cela se révélait simplement comme étant une très courte expérience de vie seulement ici-bas ?  A quelques jours de la fête de la Toussaint et de la commémoration des fidèles défunts que nous avons célébré en début de semaine, la parole de Dieu de ce dimanche revient sur cette question fondamentale qu’est le sens de la vie et de la mort, et ce qui nous arrivera après la mort.

Cette question est au cœur de la foi chrétienne. Elle est au cœur du mystère de notre foi et donne sens à tous les sacrements que nous célébrons. Sans cette question, on n’irait pas à la messe, on ne demanderait pas le baptême, la confirmation, la confession… Pour nous, seul Jésus donne véritablement réponse à cette question fondamentale ! C’est sa Résurrection, c’est-à-dire, la certitude qu’en vertu de sa victoire sur la mort, nous aussi, depuis notre baptême, nous sommes appelés à ressusciter et partager la vie pour l’éternité.

La résurrection est le grand mystère que nous proclamons dans l’anamnèse : « Proclamons le Mystère de notre foi ! Nous proclamons ta mort Seigneur, nous célébrons ta résurrection et nous attendons ta venue dans la gloire ! » C’est est au cœur de la foi chrétienne. C’est le cœur même de la foi chrétienne et c’est cela qui fait qu’aujourd’hui encore, il y a une bonne catégorie des baptisés qui sont comme de Saducéens, c’est-à-dire, qui ne croient pas en la résurrection des morts. Les statistiques disent qu’aujourd’hui, presque la moitié des baptisés catholiques en France ne croient pas en la résurrection des morts. Ils croient en la réincarnation qu’ils confondent et résurrection. On voit là l’influence et la grande mode des religions orientale dans nos pays d’ancienne chrétienté.

Si nous vivons aujourd’hui avec la certitude que, même avec la mort, la vie ne finira jamais mais connaîtra sa plénitude… alors, cela nous pousse à vivre pleinement la vie présente avec sérieux et responsabilité. Notre vie n’est pas une comédie, un jeu des rôles qu’on peut échanger avec les autres. Au théâtre, plusieurs acteurs peuvent jouer le même rôle !  Mais personne ne peut jouer le jeu de ma vie à ma place !  Personne ne peut vivre ni mourir de ma vie ou de ma propre mort. Quelqu’un peut donner sa vie pour moi, comme le père Maximilien Kolbe dans un camp de concentration. Mais, ma vie comme ma mort seront toujours miennes personnellement. C’est personnellement que j’en rendrai compte au Seigneur, dans les petites et grandes décisions que je pose chaque jour. Mais les Saducéens ne croyaient pas en la résurrection. Qui sont-ils ?

C’est une secte, parmi tant d’autres, dans le judaïsme du temps de Jésus. Ils faisaient partie de la très puissante classe d’aristocrate des descendants du prêtre Sadoq qui avait sacré le roi Salomon. C’est groupe religieux traditionnellement lié au pouvoir politique, influençant les élections et les nominations des gouverneurs, avec un fort pouvoir économique. Leur pouvoir politique me fait penser à tous ces patriarche et prêtre de l’Eglise Orthodoxe qui sont au service et aux ordres de Poutine actuellement.  Pour les Saducéens, la Bible se limitait au Pentateuque, c’est-à-dire aux 5 premiers livres de la Bible, c’est-à-dire, le Pentateuque ou la Loi de Moïse. Ils ignoraient le reste. Or, le Pentateuque n’aborde nulle part ma question de la résurrection.

Nous comprenons pourquoi les Saducéens se moquent de l’espérance quand ils s’approchent de Jésus avec leur histoire montée de toute pièce d’une femme qui reste veuve, après avoir épousé sept frères, sans avoir d’enfants !!!!! « Alors…Jésus, toi qui nous parles de la résurrection, de qui sera-t-elle l’épouse quand tous les 7 frères vont se retrouver là devant elle à la résurrection dont tu nous parles tellement ?»  Le problème, c’est que les Saducéens ont la conception qu’avaient les pharisiens de la résurrection comme étant le prolongement de la vie terrestre.

Réfléchissons un moment à la résurrection comme prolongement de la vie présente. Ainsi, si j’ai beaucoup souffert sur la terre, avec une maladie, un handicap, à un enfant qui souffert de famine…. Ca veut dire que la vie éternelle sera le prolongement et la reproduction éternelle de toutes ces misères dont j’ai souffert ici-bas. Jésus invite ses interlocuteurs à réfléchir, en prenant conscience que la vie éternelle n’est pas le prolongement de la vie terrestre avec ses joies et ses peines, mais elle est une nouveauté radicale dans laquelle nous nous reconnaîtrons véritablement en Dieu. Il ne s’agit pas de réincarnation bouddhiste dans laquelle nous sommes continuellement recyclés !

Notre foi nous rappelle que nous sommes créés pour la Vie, une vie qui ne finit pas. Notre Dieu est le Dieu des vivants, non pas des morts.  Demande-toi si ta vie actuelle est réellement enracinée dans ce Dieu des vivants ? Croire en un Dieu des vivants nous invite à vivre pleinement, sérieusement, passionnément.

Croire en un Dieu des vivants invite à vivre sa foi comme étant un élan d’amour à la rencontre de Dieu et de mes frères et sœurs ! Oui, Dieu est vivant en moi si je cherche à le voir comme Zachée de dimanche dernier, comme cette foule saints, témoins de la foi, que nous avons célébré ensemble mardi, comme cette mère de la première lecture qui encourage ses enfants au martyre plutôt que de renier leur foi.

Être chrétien, c’est vivre en refusant de se laisser berner par toutes ces sirènes publicitaires et idéologiques qui nous promettent le bonheur seulement si nous possédons, produisons, gagnons, séduisons… Le chrétien est vivant et heureux véritablement quand il cherche Dieu, quand il pardonne, quand il aime, quand il voit Dieu dans chaque frère et sœur en humanité… car l’amour véritable nous fait passer de la mort à la vie. Que le Dieu des vivants affermisse dans l’espérance et nous donne de vivre pleinement aujourd’hui en préparant l’éternité bienheureuse que seul Jésus ressuscité peut nous donner si nous lui ouvrons noter cœur. Amen.

 

Homélie du Père Joseph du XXXII° Dimanche du Temps Ordinaire, année C (2022)2022-11-07T23:16:50+01:00

Homélie du Père Joseph de la commémoration des fidèles défunts, année C (2022)

La foi dans le Ressuscité nous sauve de la mort.

La mort est forte et puissante, mais rappelons-nous que Dieu est plus fort et puissant que la mort. C’est cette évidence qui nous permet d’avancer quand nous traversons la dure épreuve du deuil. En mourant sur la croix et ressuscitant le troisième jour, Jésus nous montre qu’il est plus fort que la mort qu’il a vaincu par ce mystère de notre foi qui nous réunit aujourd’hui. En pensant ces derniers temps aux membres de ma propre famille et à mes amis qui sont morts cette année, à ces nombreuses personnes pour qui nous prions aujourd’hui en cette Commémoration des Fidèles défunts, nous réalisons combien la foi est une force, un grand soutien. C’est la plus grande richesse qui nous permet d’affronter « l’angoissante question du mystère » de la mort.

Toutes les sociétés au monde, à travers toute l’histoire de l’humanité, expriment chacune à sa manière, sa propre culture et croyance de la mort et de l’au-delà. A chaque époque de l’histoire de l’humanité, se pose la question du mystère de la mort, même si chaque société et culture en donnent une réponse différente. Quelle serait la meilleure réponse à ce grand mystère de la mort ? La réponse que nous donnons à la question du mystère de la mort est toujours en lien avec le sens que nous donnons à notre vie.  Notre vision de la vie conditionne forcément notre vision de la mort. « Dis-moi comment tu vis, je te dirais comment tu conçois la mort ! ». Plus nous donnons du sens à notre vie présente, moins la question de la mort est plus problématique.

Dans notre société avec ses multiples progrès qui nous permettent d’améliorer notre « qualité de la vie », prolonge de manière étonnante l’espérance de vie, la mort n’est plus considérée comme l’accomplissement d’une vie, aussi brève soit-elle.  Au contraire, dans nos sociétés développées, dans lesquelles tout nous promet une immortalité terrestre, la mort a perdu toute signification, mais elle est devenue aussi plus dramatique qu’à n’importe quelle époque de l’histoire. Plus que jamais, l’homme de notre temps, croyant ou non, cherche le sens de la vie d’ici-bas, et celle à venir.   C’est cela que nous rappelle le Concile Vatican II, dans Gaudium et Spes 10 : « Il en est d’autres qui, désespérant du sens de la vie, exaltent les audacieux qui, jugeant l’existence humaine dénuée par elle-même de toute signification, tentent de lui donner, par leur seule inspiration, toute sa signification. Néanmoins, le nombre croît de ceux qui, face à l’évolution présente du monde, se posent les questions les plus fondamentales ou les perçoivent avec une acuité nouvelle. Qu’est-ce que l’homme ? Que signifient la souffrance, le mal, la mort, qui subsistent malgré tant de progrès ? À quoi bon ces victoires payées d’un si grand prix ? Que peut apporter l’homme à la société ? Que peut-il en attendre ? Qu’adviendra-t-il après cette vie ? »

La culture actuelle nous pousse en considérer la mort comme un échec, le plus dramatique des échecs, l’échec total. Cependant, en regardant les sociétés dans nos villages il y a un peu plus de cinquante ans, chez les paysans dans les sociétés agricoles, celles dans lesquelles ont grandi la plupart des personnes du troisième âge d’aujourd’hui, ou celles où sont nées la plupart des défunts pour qui nous prions, nous nous rendons compte qu’il y avait une certaine familiarité avec la mort. Nous vivons cela aussi dans les sociétés qualifiées de « traditionnelles », en Afrique.

Ces anciens n’avaient pas toute la richesse et les progrès dont nous jouissons actuellement.  Leur mode de vie simple et empli de foi les aidait à ne pas considérer la mort comme un échec, même si elle a toujours été, même pour eux un drame, la cause de beaucoup de tristesse. Pour les anciens, la mort était, comme elle est pour nous aussi aujourd’hui, l’expression du caractère précaire et finie de l’existence humaine. Cependant, la mort était aussi perçue comme la porte, la condition nécessaire, l’opportunité pour aller dans cet au-delà de la vie présente, cette vie infiniment meilleure que celle à laquelle nous nous attachons ici-bas tellement, une vie dans laquelle, comme dit une oraison des funérailles, il n’y a plus ni deuil, ni larmes, ni douleur, mais seulement la paix et la joie avec le Christ et le saint Esprit. Nos grands-parents n’avaient pas nos canons actuels d’efficacité, de performance, de perfection, d’esthétique exaspérée, du plaisir immédiat et disponible à tout moment, du tout est possible ici et maintenant…et c’est pour cela qu’ils avaient moins peur de la mort que nous autres aujourd’hui.

Nos anciens avaient aussi un autre plus, celui de la foi chrétienne qui venait donner un sens nouveau et éclairer cette culture déjà très riche. C’est cela que nous demandons au Seigneur aujourd’hui « pour nous les vivants ». C’est seulement dans la foi personnelle en Jésus Christ Ressuscité que nous pouvons trouver une réponse à l’énigme de la mort. Loin de nous présenter une réponse conceptuelle, la foi chrétienne nous présente un Visage, celui du Crucifié, qui a aimé jusqu’au bout, et qui est Ressuscité. C’est le Christ Ressuscité qui nous rassure devant la mort, nous rappelant que devant la mort, il est avec nous et qu’avec lui, la mort qui était signe et manifestation de l’échec total, devient une porte ouverte à l’éternité.

Jésus Ressuscité nous dit que devant les échecs et les chutes de la vie, il y a toujours l’espérance en Dieu qui n’est pas Juge-justicier, mais Dieu Père plein d’amour et de miséricorde qui ne veut la perte d’aucun de ses enfants.

C’est vers ce Père plein d’Amour que nous nous tournons aujourd’hui, en lui demandant de prendre soin des défunts que nous pleurons. Lui qui est puissant dans son Amour, qu’Il leur donne de vivre ce que nos yeux de chair ne peuvent voir et que notre intelligence n’arrive pas encore à comprendre. Qu’Il nous donne la grâce de la Foi, de l’Espérance et de l’Amour, qui nous permettra de contempler son Visage, pour l’éternité, avec tous ceux qui nous ont précédés auprès de lui et pour qui nous prions aujourd’hui. Amen.

 

Homélie du Père Joseph de la commémoration des fidèles défunts, année C (2022)2022-10-31T19:37:46+01:00

Homélie du Père Joseph de la Toussaint, année C (2022)

Mes frères et sœurs ! Les saints sont de gens comme vous et moi !

Alors que dans nos sociétés actuellement, on veut de plus en plus de séparatisme, refusant le mélange entre peuples et culture, personnes des origines différentes, où il y la tentation du repli identitaire, tentés de rester avec les gens qui nous ressemblent, pensent comme nous, ont la même couleur de peau que nous, partageant la même sensibilité politique spirituelle et religieuse, la fête de la Toussaint nous présente un tableau différent. Il est difficile d’imaginer un monde plus coloré, plus varié, à la fois uni et différent que le Ciel qui accueille cette foule immense qu’on ne peut dénombrer.

Et je rêve du moment où il en sera de même dans nos communautés ecclésiales, c’est-à-dire, quand dans l’Eglise et dans nos communautés locales, il y aura vraiment un peu de tout, comme cette foule des saints que nous célébrons aujourd’hui. L’Eglise sera alors cette famille-de Dieu que notre archevêque appelle de tous ses vœux, une famille où il y a un peu de tout : de la personne manuelle à l’intellectuel-universitaire, de l’ingénieur au bricoleur, du grand patron ou le cadre sup au simple ouvrier en bâtiment, de bébé baptisé dimanche dernier à la personne âgée malade en soin palliatifs ou en fin de vie dans sa maison de retraite, laïcs et prêtres, des SGDF au Scouts d’Europe, du châtelain ou baron au « sans-domicile fixe », du petit blond  au petit noir d’origine sénégalaise….

Ce mélange serait une belle manifestation de ce que le Christ veut réaliser : faire de tous les peuples une seule famille des saints. Jésus ne veut pas que son Eglise soit une caste privilégiée, de quelques d’élus dont seraient exclues certaines personnes qui n’entrent pas dans les cases et ne répondent pas aux normes et conditions fixées.

Jésus a voulu que tous, sans exclusion ni discrimination, puissent trouver leur place dans l’Eglise, car tous sont appelés la sainteté par le baptême, tous appelés à entrer en communion avec Lui pour partager sa divinité parce qu’il a lui-même partagé notre humanité. Jésus nous montre la beauté de la diversité à partir du choix de ses disciples. Il est parti d’un groupe de quatre pêcheurs qui sont André, Pierre, Jacques et Jean, très différents les uns des autres mais proches Jean-Baptiste.  Ensuite, il se lance dans l’enseignement avec Nathanaël, un fils d’Israël en qui il n’y avait pas d’artifice, puis appelle Matthieu, un publicain, subalterne de Zachée que nous avons contemplé dimanche dernier. Il y ajoute quelques Zélotes (résistants contre les Romains) tel que Simon que nous avons fêté vendredi dernier et Judas Iscariote. Il a pris des juifs et grecs…et chose surprenante pour son époque et sa culture, il a aussi pris dans ce groupe des femmes-disciples dont des pécheresses, comme Marie Madeleine, la Samaritaine…. ! La Bible et toute l’histoire de salut sont remplies de ces visages d’hommes et de femmes, témoins de foi, d’amour et d’espérance. Chacun d’eux avait sa propre histoire, son propre tempérament, mais ils ont rendu témoignage à Dieu par leur vie.

Réjouissons-nous dans l’Eglise d’avoir tous ces saints, tous différents comme nous tous aujourd’hui, mais vivant de la même Bonne Nouvelle dont ils se sont nourris et dont ils ont témoigné, chacun à sa manière. Ils sont tellement différents qu’il nous semble même paradoxal de les savoir membres de la même grande famille. Les saints de Dieu sont comme nous parce que tous différents, mais, comme nous et avec nous, ils boivent tous à la même source.

A la profondeur de la pensée théologique de Saint Augustin fait écho la vie monastique de saint Benoît. Au tempérament fougueux du prédicateur saint Dominique correspond l’âme séraphique et humble de Saint François, le « Poverello d’Assise » et sainte Claire d’Assise. L’esprit bagarreur et rigoureux de saint Ignace de Loyola est atténué par la vie rebelle de saint Philippe Néri, l’infatigable zèle missionnaire de saint François Xavier trouve une âme dans le Carmel de Thérèse à Lisieux. A une sainte Mère Teresa vivant parmi les pauvres de Calcutta correspond Maximilien Kolbe dans les camps de concentration nazie. A la rigueur morale et à l’esprit d’affrontement d’un Padre Pion de Pietralcina fait écho l’humble figure d’un paysan plein d’humour qu’est saint Jean XXIII. La jeunesse du bienheureux Carlo Acutis mort à 15 ans, ou de sainte Germaine de Pibrac, de sainte Bernadette, des jeunes saints-martyrs jeunes d’Afrique Noir comme Kizito, Sebyera, Anuarite renvoie à d’autres saints et saintes morts très âgés après une longue vie de fidélité au Seigneur.

A travers ces quelques contrastes, nous sommes pleinement dans la variété de l’Eglise d’hier et d’aujourd’hui, une variété d’hommes et de femmes témoins du même Evangile du Christ, mais chacun avec son caractère, ses talents, ses limites et faiblesses comme chacun de nous. Cependant tous ces saints ont cherché une chose : aimer et à faire la volonté de Dieu.

Nous ne célébrons pas que les saints connus, et mentionnés sur le calendrier liturgique de l’Eglise.  Il y a beaucoup d’anonymes parmi eux. C’est cette foule immense d’inconnus que nous célébrons aujourd’hui. Ils ne sont connus de personne, mais dans le silence et cachés dans leur quotidien, ils ont dit oui au Seigneur, parfois même sans le savoir ni même s’en apercevoir.

La fête de la Toussaint me fait penser aux nombreuses grands-mères dont le pape François, comme la sienne qui lui disait que dans la vie, il faut chercher à progresser chaque jour ! Le pape aime rappeler leur importance dans la vie des enfants, les amoureux de la vie, les mères courageuses dans certains pays en guerre comme l’Ukraine ou le Kivu et même celles qui sont nos voisines de quartiers et dans nos propres familles… Pensons à tous les défenseurs de la vraie liberté, la vraie justice,  ceux qui luttent  pour l’unité et le développement humain et social, à tous ces pères de famille totalement donnés pour leurs enfants, à ces prêtres, simples et humbles curés de campagnes, parfois seul, dans la solitude dans ces territoires déserts, oubliés parfois de la hiérarchie mais qui, avec beaucoup de zèle missionnaire ont gardé et gardent et transmettent la lumière de la Foi. Je pense à toutes ces religieuses au service des enfants, des personnes âgées, des malades….

Nous célébrons tous ces saints d’aujourd’hui qui ne font rien d’extraordinaire que leur devoir de père, de mère, de fils ou fille, de religieux, de professionnel de santé… mais qui le font avec beaucoup d’amour, de simplicité et une grande joie.

Attention cependant ! Les saints ne sont pas des héros. Les héros n’ont pas de place dans l’Eglise ni dans le Ciel. Nous voulons des saints, hommes et femmes comme vous et moi, gens ordinaires qui auraient rougi s’ils se savaient célébrés solennellement dans cette grande fête de tous les Saints. Laissons-les rougir aujourd’hui au moins en leur faisant ce tort. Mais n’oublions pas que leur grand désir, c’est de nous aider à cheminer nous aussi, pour être en communion avec eux. Cherchons à les imiter, dans notre quotidien, en vivant simplement les chose, non pas par devoir mais par amour. Seigneur, donne-nous de nombreux saints ! Donne-nous de devenir des saints. Amen.

 

Homélie du Père Joseph de la Toussaint, année C (2022)2022-10-31T19:37:39+01:00

Homélie du Père Joseph du XXXI° Dimanche du Temps Ordinaire, année C (2022)

Mes chers frères et sœurs !

Dimanche dernier, le Seigneur nous donnait comme modèle un publicain qui priait dans le temple en implorant la miséricorde de Dieu, l’opposant au pharisien qui n’avait pas besoin de conversion.  Aujourd’hui, c’est un autre publicain que nous contemplons en la personne de Zachée grâce à qui nous voyons combien le Seigneur se fait proche des pécheurs que nous sommes. Une des caractéristiques de Zachée, c’est sa très petite taille ! Que ceux qui sont de petite taille ne se sentent pas visés par mes propos.  Zachée est un manager qui a tout réussi, un cadre sup pas du tout exemplaire dans la fonction publique : son compte bancaire est bien garni, grâce aux primes, mais surtout grâce à la corruption et parce qu’il mais surtout parce qu’il sait tricher et piquer dans la caisse du trésor public.

Pour Zachée, il n’y a que le profit et l’intérêt qui comptent. Tout le reste est relatif, valeur d’ajustement ! Zachée inspire la peur qu’il confond avec le respect. Qu’ils me haïssent pourvu qu’ils me craignent, dit-il ! Il suffit qu’il vous balance à l’autorité romaine pour vous retrouver en prison, sans procès préalable. C’est un horrible collabo…. Ce chef des publicains est riche mais il est aussi détesté de tous. En tout cas, de l’extérieur, il a l’air d’avoir réussi sa vie et tous pensent qu’il est heureux.

Zachée vit dans une grande solitude :  aucun vrai ami autour de lui. Ce petit homme complexé fait un transfert et veut compenser cela par l’argent, le pouvoir, les diplômes, le carnet d’adresse bien calculé ! Il a entendu parler d’un Galiléen appelé Jésus dont le monde raconte les miracles et les enseignements de qualité … Il est le seul à ne l’avoir pas encore vu. Alors, il met en place une stratégie pour voir à quoi ressemble ce Jésus dont tout le monde parle.  Dans la rue, à cause de la foule qui entoure Jésus, sa petite taille sera un vrai handicap, surtout qu’il veut le voir sans être vu. Il a appris que Jésus passerait dans la rue pas loin de chez lui. Alors, Zachée réfléchit sur le mécanisme à mettre en place pour voir Jésus.

Comme prévu, Jésus passe dans la rue, pas loin de la maison de Zachée. Il enseigne, entouré d’une grande foule suspendue à ses lèvres. Mais il y a trop de monde et la foule ne laisse pas passer Zachée ! Cette foule constitue un véritable mur pour cet homme de petite taille qui se sent écrasé et oppressé.

Parfois, même dans les communautés ecclésiales, la foule peut devenir un mur qui empêche de rejoindre l’Eglise, de rencontrer le Christ. Combien de gens voudraient prendre place dans nos communautés constituées, nos réseaux déjà formés, nos équipes déjà bien établies, nos structures vivant un entre-soi autarcique depuis des années et dont on ne peut modifier le fonctionnement quand arrivent des nouvelles personnes…. Nos réseaux, groupes, communautés, équipes… fermés et constitués deviennent ainsi des murs qui tiennent à l’écart et séparent, parce que nous empêchons à d’autres d’entrer, de prendre place pour voir Jésus parce que ces nouveaux venus sont de très petite taille par rapport à nos habitudes, notre ancienneté, notre jugement, les exclusions que nous mettons en place sans nous en rendre compte, et parfois en nous en rendant compte ! Demandons-nous si nous ne sommes pas parfois des murs pour ceux qui veulent voir Jésus mais que nous tenons….loin de l’Eglise.

Alors, Zachée a trouvé une solution parce qu’il est malin et tenace. Il sait toujours comment tourner les choses en sa faveur. Son astuce : courir, devancer la foule et monter dans un arbre.  Vous vous imaginer le chef des publicains dans un arbre ! La honte !!!!!!!

Quelle joie serait la mienne si notre communauté devenait cet arbre accueillant tous ces Zachéesd’aujourd’hui en quête et assoiffés de Dieu, d’amitié, de chaleur humaine et ecclésiales, ces gens désireux de s’engager et de servir dans l’Eglise. Grâce à cet arbre, l’inattendu survient, à la surprise de tous et de l’intéressé lui-même : Jésus lève les yeux et voit Zachée. Jésus lui sourit et lui parle : « Zachée, Zachée, descends vite : aujourd’hui il faut que j’aille demeurer dans ta maison ». Zachée n’y comprend rien ! Il se demande comment Jésus a fait pour connaître son nom ! « Mais, qu’est-ce qu’il me veut ? » Zachée pense que Jésus le confond avec quelqu’un d’autre ! Mais Jésus lui dit, « c’est bien à toi que je parle, Zachée ! »  Jésus ne nous confond jamais avec quelqu’un d’autre car il nous connait intimement dans nos joies, nos peines, nos soifs, nos fragilités et peurs enfouies en chacun de nous. Jésus veut nous guérir et nous invite seulement à le laisser entrer dans notre maison, dans notre cœur, siège de l’amour qu’Il désire tant voir devenir sa demeure.

Jésus n’a porté aucun jugement sur la vie de Zachée. Il ne craint pas non plus le jugement de tous ces bienpensants qui sont autour de lui et qui sont choquer de le voir entrer dans la maison d’un publicain, un pécheur public comme le rappelait le pharisien de l’évangile de dimanche dernier.  Jésus se fait inviter dans la maison de Zachée pour y apporter le salut. En dix minutes, la vie de Zachée a basculé et a radicalement changé. Le fameux Jésus de Nazareth est entré en chair et en os dans sa maison sans poser des conditions…

Dieu ne pose pas de conditions pour entrer dans notre vie. Jésus n’a même pas demandé à Zachée de se convertir !  Dieu s’invite dans nos vies, notre maison sans condition et sa seule présence y porte des fruits merveilleux.  Zachée prend des décisions courageuses et radicales : « Voici, Seigneur : je fais don aux pauvres de la moitié de mes biens, et si j’ai fait du tort à quelqu’un, je vais lui rendre quatre fois plus ». Jésus ne lui a rien demandé ! La richesse, le respect, la crainte, tout son prestige sont devenus de la paille pour Zachée. Il a trouvé la plus grande des richesses : le salut. Il est sauvé ! L’homme qui inspirait la haine et la peur, celui que détestait tout le monde est devenu ami et disciple, le plus improbable disciple de Jésus de Nazareth.

Mon frère, ma sœur ! Dieu te cherche toi aussi. Nous désirons voir Dieu mais rappelons-nous que c’est lui qui, le premier, nous cherche et désire nous rencontrer. Laissons-nous rejoindre par le Christ qui ne juge mais, ne nous condamne pas mais nous attend patiemment. L’amour de Dieu précède toujours notre conversion. C’est l’amour qui produit en nous conversion. Le Seigneur ne nous aime pas parce que nous sommes bons, mais c’est parce que nous nous laissons aimer par Dieu que nous lui permettons de nous rendre meilleurs. Si Jésus avait dit à Zachée : « Zachée, descends de ton arbre ! Je sais que tu es un voleur ! Alors, je te demande de rendre quatre fois ce que tu as volé pour que je puisse venir chez toi ! », je crois que Zachée serait resté dans son arbre, humilié ! Mais parce Jésus n’a pas posé de condition, la conversion est devenue possible

Comme et à la suite de Zachée, laissons Jésus entrer dans nos vies. Ouvrons-lui nos cœurs. Devant lui, acceptons nos petites tailles, nos différents handicaps, nos désirs les plus profonds ! Il entrera chez nous, guérira par sa présence en nous rendant meilleurs. Amen

 

Homélie du Père Joseph du XXXI° Dimanche du Temps Ordinaire, année C (2022)2022-10-30T20:09:50+01:00

Homélie du Père Joseph du XXX° Dimanche du Temps Ordinaire, année C (2022)

Mes chers frères et sœurs !

En ce dimanche qui est la Journée Missionnaire Mondiale, la Parole aborde un thème important qu’est la prière. En effet, la sainte qui nous accompagne en ce mois d’octobre, qui est le mois de la mission, c’est sainte Thérèse de l’Enfant Jésus. Elle est aussi la patronne des missionnaires. Et pourtant, comme je l’écrivais dans l’édito du TU d’octobre, la Petite Thérèse n’est jamais sortie de son Carmel : elle n’a fait que prier. Aujourd’hui, nous sommes appelés à prier pour tous les missionnaires et soutenir leurs œuvres. Un chrétien porte forcément le souci de la mission non seulement en la soutenant par ses moyens matériels, mais aussi en priant pour ceux qui quittent tout pour aller porter au monde le Trésor de la Bonne Nouvelle, afin que tout homme puisse entendre et rencontrer Jésus sauveur.

La liturgie de la Parole de ce dimanche de la mission revient sur le thème de la prière. Elle nous rappelle cependant qu’il y a prière et prière, celle qui plait à Dieu et celle qui nourrit notre orgueil.  Dimanche dernier, Jésus nous rappeler la nécessité de persévérer, de tenir bon de prier Dieu sans jamais se décourager. Il y a quinze jours, à travers l’histoire des dix lépreux, Jésus soulignait l’importance de la prière d’action de grâce. Souvent, nous pensons à Dieu seulement quand nous avons besoin de lui, nous lui demandons des choses, une guérison, un soutien, la réussite à un concours… et mais une fois exaucés, nous tournons la page, nous l’oublions jusqu’à la prochaine fois que nous avons besoin de lui.  C’est cela que j’appelle la relation-supermarché ou commerciale avec Dieu.

Dans l’évangile d’aujourd’hui, en nous faisant contempler le pharisien et le publicain, Jésus nous met en garde contre la prière du « faux justes », du pharisien qui se cache en chacun de nous quand nous nous présentons devant Dieu en sachant que nous sommes justes et parfaits en tout. Le pharisien de l’évangile marche dans le temple, tellement orgueilleux qu’il se tient physiquement « debout devant Dieu » c’est-à-dire qu’il se met au même niveau que Dieu. On dirait même qu’il veut même dépasser Dieu en se tenant ainsi debout devant Lui.  Ce pharisien me fait penser aux petits enfants : vous êtes à la maison, assis dans des fauteuils et lui, avec ses 5 ans, vient se mettre debout sur le canapé en vous disant : « alors, qu’il est plus grand ! », et ça lui fait beaucoup de bien qu’on lui dise que c’est lui le plus grand ! Ça flatte son égo. Voilà l’attitude de notre pharisien. De l’autre côté, il y a ce pauvre publicain, qui, au contraire, se tient « à distance », loin du Seigneur. Il n’ose même pas lever les yeux vers Dieu car il se reconnaîtpécheur et indigne devant lui. Il se frappe la poitrine pour implorer la miséricorde, comme nous le faisons dans le « Je confesse » au moment du rite pénitentiel.

Dans la vie, dans la société et dans l’Eglise, vous trouverez toujours des gens qui se croient et s’estiment « plus que » les autres. Ils se sentent supérieurs par leurs savoirs (plus intelligents), par leurs richesses (plus riches), par leur expérience (plus expérimentés), par leur vie de foi (plus spirituels, ceux qui se prennent pour les super chrétiens)… Ces gens ont l’intime conviction d’être meilleurs et « supérieurs en tout » passent leur temps à se comparer aux autres. Leurs comparaisons écrasantes ciblent certaines personnes, certaines catégories précises qu’ils méprisent sans s’en rendre compte. Mon collègue au travail est moins instruit, moins diplômé, moins expérimenté….

Lorsque nous commençons à nous considérer supérieurs aux autres en soulignant nos qualités morales et religieuses aux mépris des autres, nous sommes comme le pharisien de l’évangile se tient debout devant Dieu, lui rappelant la litanie de tout ce qu’il fait de bien par rapport aux autres. Symboliquement, rester debout devant quelqu’un, c’est refuser de s’écraser devant lui, c’est montrer sa dignité, sa propre grandeur… Quel humain pourrait honnêtement se sentir l’égal de Dieu au point de lui tenir tête ?  C’est le Diable, Lucifer qui était tellement fier de lui-même au point de vouloir prendre la place de Dieu ! Chaque fois que l’orgueil spirituel prend le dessus en nous considérant parfaits et supérieurs aux autres, nous sommes disciples de Lucifer.  Jésus lui, tout en étant l’égal de Dieu ne s’est pas considéré comme tel, mais il s’est anéanti en s’abaissant jusqu’à mourir sur une croix par amour pour nous.

« Mon voisin, ma grand-mère, ma tante, mon collègue…est une grenouille de bénitier ! Ma mère est une « brave chrétienne » ! C’est cela le pharisaïsme. Par son appartenance à ce mouvement spirituel de stricte observance de la Loi, le pharisien était « séparé et supérieur » des autres. Pour lui, même en matière de foi et de morale, on ne mélange pas les torchons et les serviettes ! Le pharisien se sait meilleur par rapport à ceux qui sont moins que lui, ceux qu’il considère comme « pécheurs », comme ce publicain qui ose même se retrouver au temple en même temps que lui : quelle horreur ! Comment ose-t-il ? Devant Dieu, le pharisien ne loupe pas l’occasion pour rappeler sasupériorité religieuse et spirituelle, avec tous les records : sa grande capacité à jeûner deux fois par semaine alors que la Loi de Moïse n’exigeait qu’un jeûne par an ! Il rappelle à Dieu sa grande générosité car il donne le dixième de tout ce qu’il possède, pendant que la Loi de Moïse n’exigeait ce dixième que sur certains produits de la terre.

L’évangile nous dit que Dieu ne regarde pas tous ces records du pharisien, mais au « rien » de ce publicain qui n’a rien à donner que soi-même, que son cœur contrit qui fait pénitence, sans la prétention d’avoir quelque chose d’autre à donner. Il sait qu’il a tout à recevoir de Dieu ! C’est pour cela qu’il en appelle à la pitié de Dieu : « prends pitié de moi, pécheur ».

L’évangile nous dit que publicain sort du temple justifié, sauvé, et non le pharisien qui n’a pas besoin de Dieu, pas de besoin de conversion : « Je ne suis pas venu pour les justes et les bien portants. Je suis venu pour les malades et les pécheurs ».  Un vrai chrétien, disciple du Christ, est humble en reconnaissant ses propres faiblesses et fragilités. Il n’est pas obsédé par ce souci de soigner seulement les apparences, à donner une image différente de ce qu’il est. Un chrétien se reconnaît forcément pécheur, et comme tel, il sait qu’il besoin d’être sauvé par le Christ parce qu’il ne peut se sauver lui-même. C’est le Christ qui, en donnant sa vie, nous sauve et nous justifie dans sa mort et sa résurrection.

Dans cet évangile, Jésus nous fait aussi comprendre l’importance de la prière sincère, celle qui plaît à Dieu : celle-ci exprime essentiellement notre besoin de conversion et de repentir. La vraie prière refuse le mépris des autres. Ce que le Christ reprouve dans la vie du pharisien, l’hypocrisie qui caractérise son quotidien et sa vie de foi.  Le pharisien est devenu un comédien qui joue un rôle pour être vu et applaudi mais son cœur n’y est pas.

On peut transposer cette parabole d’une religion d’il y a plus 2000 ans à notre vie chrétienne d’aujourd’hui, dans nos sociétés et nos communautés ecclésiales actuelles. Les vices et les vertus de la natures humaines restent les mêmes à travers l’histoire. Aujourd’hui aussi, comme à l’époque de Jésus, Dieu reprouve ceux qui se croient parfaits et justes en soulignant leurs mérites, ceux qui savent qu’ils sont « en ordre » parce qu’ils ne sont pas voleurs, injustes, adultères, ou peut-être parce qu’ils ont fait un pèlerinage à Lourdes, à Fatima ou à Méjugorge, à Taize, parce qu’ils disent le rosaire chaque jour, parce qu’ils font partie de tel mouvement de spiritualité tel que l’Opus Dei, les END, la communauté de l’Emmanuel, le Renouveau charismatique…

Tout cela est bien et louable quand c’est sincère, vient du cœur et n’est pas source de mépris pour les autres ! On ne peut s’en vanter devant Dieu au point de mépriser les autres. Quand nous regardons notre vie en vérité, avec la lumière de Dieu, nous nous rendons compte des pas énormes que nous avons encore à faire. Les saints nous rappellent que plus nous grandissons dans la foi, plus nous nous approchons du Seigneur sa lumière éblouissante nous fait voir combien notre vie est encore remplie des ténèbres par rapport à la sainteté de Dieu. Jésus, plein d’amour et de miséricorde, sauve-nous et guéris-nous de l’hypocrisie et de l’orgueil spirituel. Amen.

Homélie du Père Joseph du XXX° Dimanche du Temps Ordinaire, année C (2022)2022-10-30T20:08:38+01:00
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