Homélies des messes
Homélie du Père Joseph de la veillée pascale, année C
Chers frères et sœurs, chers Denis, Farid, Louidovine, Julien, Geoffroy, Roland, Nelly, Marc, Marie, Louis, Benoît, appelés au baptême en cette nuit sainte !
Je commence par faire ce que font les prêtres : crier sur vous qui êtes présents à la messe. Non, je ne vais pas crier sur vous, mais laissez-moi de vous rappeler un triste constat : nous tous, il nous arrive souvent de croire et de chercher encore Jésus parmi les morts, de croire en un Dieu crucifié, mort, resté enseveli et enfermé dans le tombeau qu’avait offert Joseph d’Arimathie le vendredi saint. Ca veut dire que nous vivons et agissons parfois comme si notre Dieu était bel et bien mort et jamais ressuscité. Notre relation avec lui, – parce que considéré comme mort-, se limite à quelques fêtes, comme quand on va se recueillir au cimetière de temps en temps. Nous lui rendons ainsi quelques visites à Noël, à la Toussaint, aux Rameaux, à Pâques…
Ces occasions ponctuelles sont pour nous une manière de mettre un peu d’aromates et de baume parfumé sur le corps de Jésus mort crucifié le vendredi saint, évitant ainsi que sa dépouille ne se décompose, ne pourrisse et ne dérange notre tranquillité ! Oui, j’exagère un peu, je sais ! Avouons quand même que Dieu dérange parfois notre vie. Certains chrétiens vivent comme si Jésus était une sorte de momie, comme à l’époque des pharaons, et que nos églises sont des mausolées où l’on vient de temps en temps revivre le souvenir en allumant une bougie pour ce Dieu qui, certes, a vécu parmi les hommes, mais désormais mort et absent dans notre quotidien.
Ce soir, contemplons la foi des saintes femmes qui vont compléter le rite funéraire de Jésus mis à mort le vendredi saint. Elles n’ont pas pu honorer tous les rites à cause du sabbat qui le leur interdisait. Ca m’a fait penser au temps du Covid quand nous n’avions même pas le droit d’enterrer nos morts dignement. Désespérées et résignées, ces femmes cherchent leur Maître mort injustement pour lui redonner un peu de dignité. Elle ne pouvaient imaginer un seul instant que Jésus soit vivant.
Cependant, ces amoureuses d’un Dieu mort se trompent parce que Jésus est déjà ressuscité. Il n’est plus au cimetière ! Son tombeau est vide ! Ces femmes qui représentent chacun de nous, doivent quitter, repartir, s’éloigner du tombeau, s’en aller loin de ce lieu qui rappelle la mort pour rejoindre Jésus ressuscité là où il les attendait. Elles sont venues pour un rite de mort mais elles doivent repartir comme missionnaires et annonciatrices de la Vie plus forte que la mort. Jésus Christ, le Maître que vous avez choisi de suivre par votre baptême est ressuscité et vivant. Il ne s’est pas réincarné mais il est ressuscité ! Laissons la réincarnation aux bouddhistes ! Nous, c’est la résurrection qui est au cœur de notre foi. Jésus n’est pas non plus « réanimé » pour mourir quelques années plus tard, comme Lazare contemplé lors de votre troisième scrutin. La résurrection de Jésus est cette nouveauté spécifique de la foi chrétienne et dont nous témoignons en vertu de notre baptême.
Chers Denis, Farid, Louidovine, Julien, Geoffroy, Roland, Nelly, Marc, Marie, Louis, Benoît ! Etre baptisé, c’est être totalement plongé dans la mort avec Jésus, mais pour renaître, ressusciter et revivre avec lui. Le baptême nous fait participer à la vie divine comme créatures nouvelles. Le Ressuscité se fait connaître aux disciples par des signes. Ouvrons nos cœurs à Jésus ressuscité pour voir les fruits et signes de sa résurrection dans notre quotidien, parce que la foi véritable en Jésus ressuscité change forcément notre vie concrète.
Jésus est présent dans les plaies et les blessures de notre vie personnelle, notre histoire éprouvante. Comme les saintes femmes, nous sommes souvent de disciples fragiles, désemparés, sans forces et incapables de rouler ces nombreuses pierres qui sont à l’entrée de nos tombeaux ! Nous avons tous des pierres intérieures, les épreuves, les drames vécus dans le passé, les erreurs commises dont nous trainons parfois encore les conséquences lourdes… Ces pierres représentent ce qui nous empêche de vivre en ressuscité en dépit de la foi de notre baptême. C’est lors que nous avons tous besoin, comme au matin de Pâques, de la présence de deux hommes en habits éblouissants qui nous rassurent comme au matin de Pâques : « Pourquoi cherchez-vous le Vivant parmi les morts ? Il n’est pas ici, il est ressuscité. Rappelez-vous ce qu’il vous a dit quand il était encore en Galilée « Il faut que le Fils de l’homme soit livré aux mains des pécheurs, qu’il soit crucifié et que, le troisième jour, il ressuscite.’ »
Célébrer la Pâques en cette année du Jubilé de l’Espérance nous appelle tous, et vous les nouveaux baptisés en particulier, à être témoins et pèlerins d’espérance dans le monde et dans l’Eglise. Notre mission est d’annoncer un monde nouveau sur lequel brille la lumière du Ressuscité, celle que nous avons allumée en chantant l’Exultet, celle que les futurs baptisés vont recevoir tout à l’heure. C’est la lumière de l’espérance qui nous montre le chemin, nous conduit et nous éclaire même pendant nos épreuves. Les baptisés sont les disciples missionnaires de la joie et de l’espérance qui trouvent leur source dans la mort et la résurrection du Christ.
Ne soyez pas des chrétiens et des baptisés tièdes, timorés qui cachent et n’osent pas parler de leur foi, cette spécialité regrettable dans notre pays où nous manquons d’audace pour témoigner de notre foi en société. Gad Elmaleh s’étonne de voir que les juifs et les musulmans de France sont fiers de témoigner de leur foi, alors qu’on a l’impression que les catholiques s’excusent d’être croyant. Il finit sont sketch en nous appelant être fier de notre foi : Jésus a donné sa vie, il est mort pour nous et il a vaincu la mort pour notre salut. Soyons fiers !
Beaucoup attendent notre témoignage pour suivre le Christ, pour sauter le pas. Jésus veut que nous soyons des chrétiens joyeux et engagés ! Cette année, et de plus en plus, le saint Esprit nous surprend : plus de 12.000 jeunes et adultes sont baptisés en France entre la veillée pascale et le dimanche de Pâques. A la Pentecôte le 8 juin, au MEET de Toulouse où notre archevêque nous invite, presque 1000 adultes toulousains recevront le sacrement de confirmation ! Ces gens ne viennent pas parce que l’Eglise est devenue irréprochable. On le saurait ! Pas parce les curés sont devenus des grands stratèges en évangélisation et savent attirer les gens. On le saurait aussi ! Pas non plus parce que les fidèles catholiques sont plus décomplexés ! On le saurait. Ils viennent seulement parce qu’ils ont une soif que seul Jésus peut étancher et se laissent toucher par la grâce du mystère pascal et ont trouvé en Jésus ressuscité la source de leur joie et de leur espérance. Maintenant, il faut que nous soyons à la hauteur de l’enjeu pour permettre à ces nouveaux baptisés de trouver leur place et nous bousculer dans nos églises, nos communautés tranquilles dans la routine et les habitudes et qui ont peut des nouveautés.
Par sa résurrection, le Christ est passé de ce monde au Père pour nous ouvrir les portes du Ciel et nous donner en abondance la vie divine dans les sacrements du baptême, de l’eucharistie et de la confirmation. La résurrection n’est pas quelque chose de mathématique qui exige une adhésion intellectuelle. C’est d’abord notre cœur que veut toucher Jésus pour nous donner la grâce de la Foi, l’Espérance et l’Amour. C’est lui-même qui ouvrira ensuite vos intelligences au mystère pascal. Notre quotidien libéré, illuminé par ressuscité devient ainsi le lieu où nous posons des choix pour le bien contre le mal, la vérité contre le mensonge, l’amour contre la haine, la culture de la vie contre celle de la mort. Laissions le Ressuscité façonner notre existence.
Rendons grâce pour ces catéchumènes. Ils n’ont pas choisi un sacrement, mais une personne : Jésus Ressuscité. Nos communautés ecclésiales doivent être des lieux où ces nouveaux baptisés apprennent à vivre chrétiennement comme membres vivants du Corps du Christ. Un grand merci aux accompagnateurs, parrains et marraines qui ont été pour vous des aînés dans la Foi. Comme des enfants qui viennent de naître, ces nouveaux baptisés ont encore besoin de nous, et de toute la communauté pour grandir comme chrétiens. Cela s’apprend et demande du temps ! En Eglise-famille, laissions-les prendre leur place comme pierres vivantes et avec eux, construisons une famille belle qui rayonne, qui donne envie parce qu’elle est éclairée par la lumière du Christ Ressuscité. Jésus ressuscité, envoie tes grâces et tes bénédictions sur chacun de nous, sur ces nouveaux baptisés, sur notre communauté ecclésiale, nos familles et notre monde. Amen