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Homélies des messes

Homélie du Père Clément, XVIe dimanche du TO, année C

« Accueillir Dieu… et se laisser accueillir par Lui »

Frères et sœurs bien-aimés,

Il est parfois plus facile d’agir que de s’asseoir. Plus rassurant de tout organiser que d’ouvrir son cœur. Plus confortable de faire… que d’être.

Et pourtant, l’Évangile d’aujourd’hui nous déplace. Il nous emmène à Béthanie, dans cette maison chaleureuse où Marthe et Marie accueillent Jésus. Et à travers elles, c’est chacun de nous que le Seigneur vient visiter.

  1. Accueillir : non pas seulement faire entrer, mais se laisser rejoindre

Marthe et Marie ont toutes les deux un immense désir de bien faire. Marthe s’active, Marie s’assied. L’une prépare, l’autre écoute. Mais Jésus ne vient pas distribuer des bons points : il vient révéler un cœur.

Ce qu’il dit à Marthe – « tu t’inquiètes et tu t’agites pour bien des choses » – ce n’est pas un reproche dur, mais un appel tendre :Marthe, et si tu me laissais t’aimer ?

Car c’est cela, au fond, la clé de l’accueil véritable. Ce n’est pas d’abord notre générosité. C’est notre capacité à nous laisser aimer, enseigner, transformer.

Marie choisit la « meilleure part » parce qu’elle s’ouvre à la Présence, elle fait silence, elle s’émerveille. Et elle nous montre que la foi commence par l’écoute, pas par le faire.

Sainte Thérèse de Lisieux écrivait :« Jésus n’a pas besoin de nos œuvres, mais de notre amour. »

  1. Une hospitalité qui devient rencontre : Abraham sous le chêne de Mambré

La première lecture éclaire merveilleusement cette scène. Abraham, figure de l’hospitalité biblique, accueille trois étrangers. Il se donne du mal, il court, il fait préparer un vrai festin.

Mais soudain, tout bascule : ce ne sont plus trois simples visiteurs… c’est le Seigneur qui est là. Et dans l’accueil offert, c’est une promesse qui se déploie : « L’an prochain, tu auras un fils. »

Ce récit nous rappelle que Dieu vient souvent dans les visages inattendus. Il se cache dans les pauvres, dans les étrangers, dans les frères en recherche. Et quand nous ouvrons notre porte, c’est notre propre vie qu’il transforme.

Un proverbe éthiopien dit :« L’étranger que tu accueilles est le messager du ciel que tu ne reconnais pas encore. »

  1. Témoignage : « J’étais venu pour aider, j’ai été évangélisé »

Permettez-moi un témoignage. Une jeune bénévole est partie en mission dans un foyer d’accueil pour sans-abris. Elle voulait donner du temps, faire le bien.
Mais ce qu’elle a vécu l’a bouleversée. Elle raconte :« Un soir, un homme m’a dit : « Je te remercie pour ton sourire. Tu es la première depuis longtemps à m’avoir regardé comme un homme et non comme un déchet. » J’étais venue pour aider… et c’est moi qui ai été relevée. »

Elle a compris, ce jour-là, que l’accueil vrai n’est pas seulement horizontal. Il est aussi sacré. Quand nous accueillons l’autre, c’est le Christ que nous accueillons – et souvent, c’est Lui qui nous relève à travers lui.

  1. Une parole de Paul pour aller plus loin : « Le Christ en vous »

Dans la 2e lecture, Paul nous révèle ce mystère fou : « Le Christ est en vous, espérance de la gloire. »

Ce n’est pas un Jésus extérieur, distant, réservé aux lieux sacrés. Il est en nous. Il désire demeurer en nos maisons, en nos âmes, dans notre quotidien. Et ce Christ intérieur, il faut lui faire de la place.

Marthe nous dit : « Sers le Seigneur avec tout ton cœur. »
Marie nous dit : « Écoute le Seigneur avec tout ton cœur. »
Et Jésus répond : « Fais les deux… mais commence par me laisser t’aimer. »

 Conclusion : Accueillir Dieu, c’est le laisser faire en nous ce que nous ne pourrions jamais faire seuls

En ce dimanche, frères et sœurs, Jésus vient frapper à la porte de notre vie.

Il ne cherche pas une maison parfaite. Il cherche un cœur ouvert.
Il ne vient pas pour être impressionné, mais pour nous transformer.

Alors que nous soyons aujourd’hui Marthe ou Marie, que notre cœur soit agité ou disponible, que nous soyons à bout ou pleins de zèle… faisons une chose simple :Arrêtons-nous. Écoutons. Et laissons-nous aimer.

 « Marie a choisi la meilleure part : elle ne lui sera pas enlevée. » (Lc 10,42)
Et si c’était aussi la part que le Seigneur nous invite à choisir aujourd’hui ?

  • « Marthe, sois bénie pour tes bons services ; lorsque tu arriveras à la patrie céleste, tout cela n’existera plus là-bas : il n’y aura là-bas que ce que Marie a choisi » (Saint Augustin)

🌿 Méditation – « La meilleure part »

Il y a tant à faire.
Tant à organiser, à prévoir, à réussir.
Mais Jésus ne nous félicite pas d’abord pour ce que nous accomplissons…
Il nous invite à choisir la meilleure part.

Et cette part, c’est Lui.

C’est ce moment de silence où il parle à notre cœur.
Ce regard posé sur un frère en détresse.
Ce souffle intérieur qui nous dit : « Laisse-toi aimer. »

Quand nous cessons un instant de courir,
le Christ entre.
Et c’est alors qu’il commence en nous l’œuvre que nous ne pouvions pas faire seuls.

Choisir la meilleure part,
c’est lui faire de la place.

 

 

Homélie du Père Clément, XVIe dimanche du TO, année C2025-07-31T09:05:08+02:00

Homélie du Père Joseph, XVIe dimanche du TO, année C

Mes chers frères et sœurs !

Au chaîne de Mambré, Abraham a reçu la visite de Yahvé. A Bethanie, Marthe et Marie, les sœurs de Lazare reçurent Jésus dans leur maison. Et nous alors, pourquoi Dieu ne nous rend-t-il plus visite aujourd’hui ?  Oui, bien sûr que Dieu nous rend visite plus souvent qu’on s’imagine mais sans nous en rendre compte. Nous refusons de l’accueillir parce que nos cœurs sont fermés ou parce que nous ne savons plus le reconnaitre.

C’est l’histoire d’une famille très catho de la paroisse qui, au cours de la prière familiale du soir, reçoit de Jésus la promesse de lui rendre visite. Le jour et l’heure sont bien fixés.  A la date prévue, toute la famille s’est bien endimanchée, mettant chacun son plus bel habit. Le ménage a été bien fait, les enfants ont bien rangé chacun sa chambre pas une seule petite poussière sur les meubles ! La famille a sorti la vaisselle des jours de fêtes et au menu, une grande cuisine.  L’arrivée de Jésus est prévue vers 19h00, l’heure habituelle de l’apéro. Vers 18h30 quelqu’un sonne ! La maîtresse de maison se précipite pour ouvrir ! Mais, déception ! C’est un SDF, étranger de surcroit, qui dont le passage risque de gêner le visiteur de marque attendu par la famille. La maitresse de maison lui file vite fait une pièce de 2 euros, le suppliant de déguerpir et de ne pas trainer dans la rue. Le SDF remercie et s’en va sans se faire supplier.

Jésus semble être en retard. Il a peut-être oublié de noter la date sur son agenda. La famille attend en vain jusque tard dans la nuit. Déçue et résignée, ils dînent sans le visiteur attendu. Avant de se coucher, comme chaque soir, toute la famille se rassemble pour la prière !  Au cours de la prière, la maîtresse de maison prend son courage en main en avouant la déception pour cette visite promise mais pas honorée. Jésus ne cache pas son étonnement et rappelle à la maîtresse son arrivée à 18h30.  « Mais non, c’était un clochard qui a sonné ! Nous lui avons même donné deux euros pour qu’il s’achète un sandwich ! » Et Jésus leur dit : oui, j’étais ce clochard.

Dans le diocèse de Bukavu, nous avons eu la chance d’avoir un archevêque qui a marqué par sa simplicité de vie. Il n’était jamais en soutane, très rarement en clergyman et ne soignait guère son habillement et ni son aspect extérieur. Plusieurs fois on l’a confondu avec le veilleur de nuit (la sentinelle) à cause de son habillement (son long manteau pas toujours propre !) et son apparence. Lors de ses visites surprises aux communautés et paroisses, il s’est fait refouler par les veilleurs de nuits ou les cuisiniers à cause de son habillement. Mgr Christophe Muzihirwa a été assassiné par les Rwandais en octobre 1996 et son procès en béatification est en cours !

Dieu nous rend souvent visite mais nous ne l’accueillons pas, parce que nous avons du mal à le reconnaitre surtout en période d’épreuve. Dans la première lecture, Abraham nous apprend à ne pas laisser nos épreuves fermer notre cœur au Seigneur qui nous visite.  Dieu lui avait promis une descendance, mais dix longues années sont passées, et le fils promis n’était toujours pas arrivé. Alors, Abraham est assis, résigné, à l’ombre du chêne de Mambré, accepte quand même d’accueillir le Seigneur et cela sera source de nouvelle bénédiction pour lui.

Les textes de ce dimanche nous rappellent l’importance de l’hospitalité. Être chrétien, c’est prendre conscience que Dieu est présent dans notre vie, qu’il nous rend visite à travers les hommes et les femmes que nous côtoyons. Dieu nous visite et nous parle à travers nos frères et soeurs. Le Seigneur nous invite ainsi à être attentifs, à l’écoute et à prendre soin les uns des autres. Comme Abraham qui accueille avec joie ces trois personnages que la tradition identifie avec les trois personnes de la sainte Trinité, accueillons, nous aussi le Christ dans notre maison, nos familles. Ouvrir notre cœur, notre maison, en particulier aux étrangers et aux pauvres, c’est accueillir le Seigneur : « J’étais un étranger, vous m’avez accueilli, j’avais faim, vous m’avez habillé, j’avais faim, vous m’avez donné à manger… Chaque fois que vous l’avez fait à l’un des plus petits de mes frères, c’est à moi que vous l’avez fait ! » dit Jésus dans l’évangile selon saint Mt. Par notre hospitalité, nous accueillons le Christ comme Marie et Marthe de Béthanie.

L’évangile nous fait contempler Jésus accueilli chez ses amis, dans une famille, une maison où Jésus « devient en quelque sorte un homme normal » : loin des foules, des apôtres, des scribes et pharisiens, où personne ne le surveille et où il peut être naturel ! Cet accueil à Béthanie me fait penser parfois à ces familles où un prêtre est accueilli, invité ou à l’improviste, quelle que soit l’heure, pour se poser, en short, bermuda, décontracté en chemise hawaï, pour prendre un café, une bière, un verre de vin, manger simplement, rire, même pleurer ou craquer sans avoir honte d’être un homme normal, discuter de tout et de rien librement, sans se prendre la tête, sans être interrogé sur la dernière crise théologico-pastorale, le dernier scandale dans l’Eglise, la dernière nomination polémique dans le diocèse, la récente élection controversée de la présidente des SGDF …Bref, toutes ces maisons où le prêtre peut prendre un petit bol d’air frais, amical et fraternel sans prise de tête…A Béthanie, Jésus oublie les tensions et les intrigues de Jérusalem. Il peut parler librement, se sent vraiment accueilli, met de côté ses fonctions de rabbi, oubliant les accusations de Jérusalem pour, pendant une soirée, retrouver le plaisir simple et profond de l’amitié et de la complicité.

Jésus veut que nous ayons ce même type de relation simple avec lui et que nous ayons les mêmes relations simples entre nous. Parfois nos relations familiales, amicales, professionnelles et ecclésiales sont compliquées.  Nous avons du mal à aller simplement les uns vers les autres. Nous nous posons mille questions avant de dire bonjour, de lancer une invitation au voisin, à cette personne avec qui nous sommes dans le même groupe, mouvement, service ! Tout devient compliqué alors que le vrai bonheur se fait dans la simplicité et sans prise de tête.

Ecoute et activité, contemplation et action est un autre enseignement de la visite de Jésus chez Marthe et Marie à Béthanie. Marie écoute le Seigneur, assise à ses pieds, tandis que Marthe se charge de la logistique pour un meilleur accueil. Ces deux sœurs représentent deux dimensions de la vie intérieure que nous avons tendance à opposer, alors qu’elles se complètent et s’enrichissent mutuellement : la prière et l’action. La prière nous envoie forcement à agir et notre action, pour être féconde, doit trouver sa source et sa force dans la prière.  C’est la devise donnée par saint Benoit aux moines dans sa Règne « Ora et labora » (prière et travail). Dans un monastère ou abbaye, la vie est rythmée par la prière et le travail.

Marie représente la nécessité d’écouter la Parole de Dieu et de s’en abreuver au quotidien. Dans nos vies tellement mouvementées et stressantes, offrons-nous de pauses spirituelles pour écouter et parler au Seigneur. Quant à Marthe, elle réalise la béatitude de l’hospitalité, d’un amour qui se fait concret. L’écoute de la Parole de Dieu est importante, mais si la prière ne change pas concrètement notre vie, elle reste stérile. Par son action, Marthe nourrit le Christ que Marie adore. Une prière réellement authentique débouche sur le service des frères. Si notre charité, notre activité, notre apostolat ne trouvent pas leur source et leur accomplissement dans la prière, ils deviennent stériles et asséchants.

Accueillir Jésus dans nos maison, c’est prendre le temps de prier en famille, lire simplement l’évangile du jour, réciter simplement un Pater, un Ave Maria ensemble, regarder un film sur la foi, choisir de temps en temps de parler de Dieu en famille… Puisse l’exemple d’Abraham, Marthe et Marie inspirer nos rencontres en cette période d’été où nous avons la chance d’accueillir ou de rendre visite aux familles et aux amis, afin que nos rencontres emplies de joie et de simplicité renforcent en profondeurs nos relations. Amen

 

Homélie du Père Joseph, XVIe dimanche du TO, année C2025-07-18T09:24:39+02:00

Homélie du Père Clément, XVe dimanche du TO, année C

« Va, et toi aussi fais de même ! »

Frères et sœurs bien-aimés,

Aujourd’hui, l’Évangile nous rejoint comme une flèche en plein cœur. Une parole à la fois simple et dérangeante, directe et décapante. Il suffit de deux personnages pour bouleverser notre vision de l’amour du prochain : le docteur de la Loi et le Bon Samaritain. Et à travers leur dialogue, Jésus nous pousse à une conversion du regard, du cœur… et surtout de nos habitudes.

« Que dois-je faire pour avoir la vie éternelle ? » ‒ elle jaillit des lèvres d’un spécialiste de la Loi, mais elle habite le cœur de chaque être humain. Aujourd’hui, Jésus y répond par la parabole la plus célèbre… et la plus dérangeante : celle du Bon Samaritain.

  1. Une question honnête… ou pas ?

Tout commence par une question : « Maître, que dois-je faire pour avoir en héritage la vie éternelle ? » Elle semble belle, sincère. Mais saint Luc nous précise l’intention : « Il voulait mettre Jésus à l’épreuve. » Ce n’est pas la soif de Dieu qui pousse cet homme, mais le désir de tester, de provoquer.

Et pourtant, Jésus ne le rejette pas. Il l’invite à réfléchir par lui-même : « Dans la Loi, qu’y a-t-il d’écrit ? » L’homme répond bien : « Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur… et ton prochain comme toi-même. » Parfait. Mais il ne s’arrête pas là. Il veut « se justifier » et demande : « Et qui est mon prochain ? »Voilà la vraie question.

  1. Trois hommes, une route, un blessé…

Et Jésus raconte une parabole. Un homme est laissé à moitié mort sur le bord de la route. Un prêtre passe. Il voit… et passe. Un lévite passe. Il voit… et passe. Et puis arrive un Samaritain. Un étranger. Un hérétique pour les Juifs. L’ennemi naturel. Et c’est lui qui va s’arrêter.

Il voit, est saisi de compassion, s’approche, panse les blessures, prend du temps, prend des risques, paie de sa poche. ….Quel contraste !

Ce que Jésus dénonce, ce n’est pas le mal qu’ont fait les premiers… mais le bien qu’ils n’ont pas fait. Ce qu’on appelle le péché d’omission. Ils avaient sans doute de bonnes raisons : peur de se souiller, de rater la prière à Jérusalem, d’être eux-mêmes attaqués… Mais au fond, ils ont laissé la Loi devenir une excuse pour éviter l’amour.

III.  Le prochain, c’est celui que je choisis d’aimer

La question du docteur était : « Qui est mon prochain ? » — comme s’il s’agissait de définir des catégories : les miens, ceux que je dois aider, et les autres… que je peux ignorer. Mais Jésus inverse la question : « Lequel s’est montré le prochain de l’homme tombé aux mains des brigands ? »

Autrement dit, le prochain, ce n’est pas l’autre. C’est moi quand je me fais proche.
Ce n’est pas une catégorie. C’est une attitude, un choix de cœur. Le chrétien ne se demande pas : “Est-ce que celui-là est digne d’être aimé ?” mais “Comment puis-je lui manifester l’amour de Dieu ?”

Comme le disait saint Jean Chrysostome : « Tu veux honorer le corps du Christ ? Ne le méprise pas quand il est nu. Ne l’honore pas dans l’église avec des tissus de soie pendant que tu le laisses dehors grelotter de froid et de misère. »

  1. Un amour concret, incarné, coûteux

Jésus ne nous demande pas une vague bienveillance sentimentale. Il nous appelle à aimer en actes, avec les mains, avec notre temps, notre énergie, nos ressources.

La première lecture (Dt 30) le dit merveilleusement : « Cette Parole est toute proche de toi… dans ta bouche et dans ton cœur, afin que tu la mettes en pratique. »
Elle est là, à portée de main, prête à se traduire en gestes. Dieu n’est pas inaccessible. Il est proche. Et il nous appelle à être proches les uns des autres.

Saint Paul, dans la deuxième lecture, nous parle du Christ comme « l’image du Dieu invisible », « par qui tout a été créé », et « par qui tout est réconcilié ». Le Samaritain, c’est une figure du Christ. Il s’abaisse, se penche, relève, guérit, paie de sa vie pour que l’autre revive.

  1. Témoignage : Un rabbin « bon samaritain »

Permettez-moi un témoignage. On raconte de certains juifs, curieux de voir disparaître leur rabbin la vigile du samedi. Ils soupçonnèrent qu’il gardait un secret, peut-être avec Dieu, et confièrent à l’un deux la tâche de le suivre… Et ainsi il le fit, plein d’émotion, jusqu’à un recoin misérable de la ville, où il vit le rabbin balayer la maison d’une femme: elle était paralytique, et il la servait et lui préparait un repas spécial pour la vigile. Lorsque l’espion revint, on lui demanda: «Où a-t-il été? au ciel, entre les nuages ou les étoiles?». Et ce dernier lui répondit: «Non, il est monté beaucoup plus haut»

Ce rabbin, c’est peut-être vous. Ou moi. Ou chacun de nous, quand nous laissons le Christ aimer à travers nous.

Témoignage : « Ce jour-là, j’ai vu le Christ en jean et baskets »

C’est arrivé en plein centre-ville de Lyon, un jour de semaine très ordinaire. Vers 18h, en heure de sortie de bureau, les rues étaient pleines de monde.
Une femme d’une soixantaine d’années s’effondre sur le trottoir. Malaise. Elle tombe lourdement, sa tête cogne le bitume. Les gens passent, jettent un regard, lèvent les yeux, ralentissent… mais personne ne s’arrête vraiment. Peut-être ont-ils peur, ou simplement… ils sont pressés.

Mais voilà qu’un jeune homme — casquette à l’envers, jean troué, tee-shirt noir — surgit. Il lâche son vélo, se penche, lui parle doucement : « Madame, vous m’entendez ? » Il appelle les secours, reste à genoux à côté d’elle, glisse sa veste sous sa tête. Il reste là, comme un veilleur, pendant de longues minutes, alors que les autres contournent la scène.

Les pompiers arrivent. Ils repartent avec la dame. Et lui ? Il reprend son vélo, sans dire un mot, sans chercher à se faire remarquer.

Une femme âgée, qui observait toute la scène depuis le trottoir d’en face, s’est approchée et a murmuré à voix basse : « Ce garçon… il ne sait peut-être pas prier. Mais aujourd’hui, il a été les mains de Dieu. »

Ce que ce témoignage dit…Frères et sœurs, le Bon Samaritain ne porte pas toujours une croix autour du cou. Il ne connaît peut-être pas tous les versets de la Bible, mais il connaît l’instinct du cœur qui se penche.Le Christ passe encore aujourd’hui dans la rue, dans nos villes, dans nos gestes de compassion. Il prend des visages inattendus.  Et si nous, chrétiens, ne sommes pas les premiers à nous arrêter, qui le fera ?

L’eucharistie : l’auberge où Dieu soigne nos blessures

  • Sur l’autel, le Christ se fait Samaritain : il verse sur nos blessures le vin de sa Parole et l’huile de son Esprit.
  • Il paie d’avance notre dette : « Prenez, ceci est mon Corps livré pour vous. »
  • Il nous confie ensuite les uns aux autres : « Allez, et de même faites-vous aussi. »

VI- Le Bon Samaritain en chacun de nous

Frères et sœurs, la question n’est plus : « Qui est mon prochain ? »
Mais plutôt : « Pour qui vais-je devenir prochain aujourd’hui ? »

Un voisin âgé oublié ?
Une collègue blessée par la vie ?
Un jeune isolé en quête de sens ?
Un proche difficile à aimer ?…………………….
« Va, et toi aussi, fais de même. »

Ce n’est pas un conseil. C’est un appel. Un commandement de vie.
Et si chacun de nous devenait aujourd’hui le Samaritain de quelqu’un ?

Une Petite prière

Seigneur Jésus,
Toi qui es venu vers nous quand nous étions blessés, rejetés, abandonnés,
Apprends-nous à nous faire proches,
À voir, à compatir, à aimer en actes.
Donne-nous un cœur de Samaritain,
Un cœur semblable au tien.
Amen.

Sur la route de Jéricho
Frères et sœurs… Nous sommes tous… le prochain… de quelqu’un.
Parfois… une simple rue devient un pont.

  • Aimer Dieu… c’est aimer celui… que je croise… ici… maintenant.
  • L’indifférence… est un mal silencieux :
    elle ferme les yeux… les oreilles… et le cœur.
  • Le prêtre… le lévite… ont vu l’homme blessé.
    Ils ont continué… parce qu’il ne comptait pas… assez pour eux.
  • Puis vient un étranger…
    il s’approche… regarde… et son cœur s’ouvre.
  • Il nettoie les plaies… il porte le corps…
    il protège comme un frère.
  • Par ce geste… Dieu murmure :
    « Je ne t’abandonnerai jamais. »
  • L’auberge devient espérance.
    La charité… ne compte pas… elle donne tout.
  • Là où l’amour est offert…
    la vie reprend… la confiance renaît.
  • Alors toi, mon frère, ma sœur… va !
    Que chacun de tes pas… devienne un acte d’amour… sur la route.
    )

 

 

Homélie du Père Clément, XVe dimanche du TO, année C2025-07-15T11:44:58+02:00

Homélie du Père Jean-Marie, XVe dimanche du TO, Année C

Chers frères et sœurs,

La Parole de Dieu de ce dimanche nous invite à deux aspects fondamentaux de notre foi chrétienne : la proximité à la Parole de Dieu et la proximité aux autres. Deux regards : le regard des yeux de Dieu (la Parole) et le regard dans les yeux du prochain (la proximité). On ne peut pas s’approcher de Dieu si on se détourne du prochain. Au niveau du christianisme, il s’agit d’une contradiction.

Dans la première lecture, Dieu dit à son peuple, par la bouche de Moïse, que sa Parole est toute proche de sa vie : « elle est dans ta bouche et dans ton cœur, afin que tu la mettes en pratique ». Pour dire que la foi du croyant est en effet une foi vivante, pas une théorie ; c’est une foi à vivre et à partager dans le témoignage avec les autres pour parvenir au salut éternel.

Et pour hériter la vie éternelle, nous devons vivre l’amour de Dieu et du prochain. Car, on peut facilement prétendre aimer Dieu parce qu’il n’est pas visible, IL semble éloigné et ne nous dérange pas dans nos petits coins. Malheureusement, on se leurre parce qu’on oublie souvent que le Dieu invisible se rend visible dans son prochain. Mais, qui est ce prochain ? demande le docteur de la loi dans l’Evangile de ce jour. Une question qui semble facile et, en même temps, une simple provocation.

En effet, pour les Juifs, le prochain était le parent de sang, celui avec qui je partage le même sang, ou le frère de même langue ou de même tribu. Par conséquent, pour les Juifs, les Samaritains ne pouvaient jamais être considérés comme des prochains. Un passé conflictuel les avait éloignés les uns des autres. Pour répondre à la question du prochain, Jésus ne donne pas une définition, il ne veut pas limiter la compréhension du prochain, mais raconte la parabole du bon Samaritain dans laquelle il tente de rendre universel le concept de « prochain ». Il élargie le champ du prochain pour que chacun se situe.

Il est important de noter que les deux premiers personnages, qui passent et font semblant de ne rien voir, sont un prêtre et un lévite. Ils reviennent probablement de Jérusalem, où ils ont accompli leur service dans le temple. En principe, le prêtre et le lévite seraient plus disposés à rendre service aux autres. Cependant, leur adoration est vide parce qu’elle ne se traduit pas par la compassion, par l’amour de l’homme qui souffre.

Le Samaritain, considéré comme un ennemi et qui ne pouvait pas toucher un Juif à cause de l’inimitié entre Juifs et Samaritains, sait comment adorer de manière authentique parce qu’il reconnaît Dieu dans les blessures de l’homme à qui il fait miséricorde.

Chers frères et sœurs, Jésus nous invite aujourd’hui à aimer le prochain au-delà de la sympathie et de tout sentimentalisme. Souvent, nous confondons l’amour avec la sympathie. Nous réduisons l’amour aux expressions telle que « je t’apprécie, je t’estime » qui exprime beaucoup plus la sympathie, le sentimentalisme, … Il était difficile qu’un Samaritain éprouve de la sympathie envers un Juif tant le passé entre les deux peuples était plein de litiges. Mais l’amour est plus profond et plus fort que la sympathie. C’est ainsi que grâce à l’amour, ce Samaritain s’arrête pour sauver ce Juif. Cette parabole nous enseigne comment on peut, au nom de l’amour, sauver une personne envers laquelle on n’éprouve aucune sympathie.

Nous aussi, sommes appelés à en voir Dieu dans le frère ou la sœur qui souffre au-delà de son origine, de sa race ou de sa langue. Tous les êtres humains créés à l’image et à la ressemblance de Dieu sont nos frères et sœurs à aimer, à accueillir, surtout dans leur souffrance. Cette souffrance qui n’a pas de nom, elle est pour tous les êtres humains.

Au final, dans les Évangiles, c’est Jésus est le vrai « bon samaritain » qui donne sa vie pour notre salut, qui a toujours compassion de nous et panse nos plaies quand nous sommes blessés par nos péchés ou par la méchanceté des hommes. Il ne sépare pas le temple de la rue, pas de fossé entre l’amour de Dieu et celui de l’homme, et épouse ainsi pleinement le mystère pascal qui, comme l’écrit saint Paul aux Colossiens, a réconcilié en lui le ciel et la terre. Pour être ses vrais disciples, nous sommes invités à devenir le prochain les uns des autres, en aidant nos frères et sœurs qui ont besoin de notre aide.

Que la Parole écoutée et l’Eucharistie que nous recevons au quotidien, le Seigneur, par sa grâce, transforme nos cœurs de pierre en cœurs de chair, qu’IL nous rende miséricordieux pour être plus proches de celles et ceux qui souffrent. Amen

P. Jean-Marie BYENDA, ocd

Homélie du Père Jean-Marie, XVe dimanche du TO, Année C2025-07-15T11:07:43+02:00

Homélie du Père Joseph, XIVe dimanche du TO, année C

Mes chers frères et sœurs !

Je me rends compte que l’une des marqueurs de notre temps est la peur. Nous avons et nous nourrissons plusieurs types de peur, à tort ou à raison d’ailleurs : peur de la guerre dans un monde devenu comme une jungle où règne la loi du plus fort, peur de l’affaiblissement de la communauté internationale et du multilatéralisme. On dirait même que certains médias ont pour mission, quand on les écoute, d’entretenir un climat de peur et d’angoisse, en soulignant à longueur des journées de certaines crises : crise sécuritaire, crise migratoire, crise d’autorité, crise civilisationnelle, crise religieuse, crise de la famille, crise de la dette publique… ! Du coup, cela plombe l’ambiance et suscite la méfiance entre les gens. Le milieu ecclésial n’est pas épargné de cela.

Nous avions en fin d’année beaucoup des réunions de bilan et relecture, et spontanément, on a tendance à commencer par parler des choses qui ne vont pas. La fois passée, quelqu’un a eu l’idée de proposer de commencer la réunion en donnant une bonne nouvelle vécue dans la journée pour nous rendre compte qu’il y avait de belles choses que nous vivons chaque jour. Ca a fait tellement de bien. Mais le Malin nous empêche de voir toutes les belles choses parce qu’il veut nous emprisonner dans ce climat de peur et d’angoisse, avec une certaine nostalgie comme si le passé était meilleur que le présent, ce qui est faut. Et nous, c’est dans ce monde-ci, avec ses angoisses et ses peurs que le Seigneur nous envoie en mission comme disciples et pèlerins de l’Espérance.

L’évangile de ce dimanche présente l’envoi en mission des 72 des disciples. Jésus ne se contente pas de prier pour la conversion du monde qui va à sa perte mais veut que ses disciples soient acteurs de la conversion du monde. Il ne se lamente pas de la mauvaise direction que prend l’histoire ou les événements, mais il agit en envoyant des disciples crédibles proposer un changement de vie et une orientation nouvelle à l’histoire. C’est à nous, disciples d’hier, d’aujourd’hui et demain qu’il appartient d’orienter l’histoire au lieu de subir les événements de l’histoire. Le monde a besoin d’ouvriers et d’artisans qui construisent un monde conforme à la volonté divine, le prélude du Royaume ici et maintenant. Le monde a besoin des disciples qui brêlent du feu de Dieu et qui le répandent autour d’eux, disciples crédibles aux yeux du monde parce qu’ils vivent de la joie de l’évangile et du feu de Dieu avant de le proposer aux autres.

Jésus nous envoie et nous prévient que ce n’est pas facile. Parler de Jésus peut être un exercice compliqué, même au sein de l’Eglise. Les disciples sont envoyés deux par deux, en binôme, précédant le Seigneur qui passera après eux. Leur mission n’est de convaincre ni de convertir les gens, mais d’annoncer. C’est Jésus lui-même qui, passant après les disciples, va convertir les cœurs. « Le Seigneur en désigna encore 72, et il les envoya deux par deux, en avant de lui, en toute ville et localité où lui-même allait se rendre. » Ceci m’a fzit penser à la petite Bernadette de Lourdes qui avait dit à l’abbé Peryamale : « la Dame m’a chargée de vous le dire et non pas de vous convaincre ! »

Nous avons seulement la mission de préparer la route au Seigneur. Nous sommes envoyés deux par deux et pas seul. Cela veut dire que l’annonce de l’évangile n’est pas une attitude charismatique d’un guru autocentré. La mission porte toujours la dimension ecclésiale d’une communauté qui se construit en équipe malgré les difficultés. Le père François Chaubet parle parfois des prêtres ou fidèles pins parasol qui font bien les choses, mais tout seul, faisant de l’ombre aux autres et qui ne font rien pousser autour d’eux. Attention à la tentation d’atttirer toute l’attention sur nous, de chercher à briller plus que les autres, au risque d’offusquer le Christ, notre Lumière. En mission, nous sommes appelés à travailler avec et à compter sur le soutien des autres.

Jésus demande aux disciples de prier, non pas pour convaincre Dieu d’envoyer des ouvriers à sa moisson. Dieu en est convaincu plus que nous. La mission est fécondée par la prière pour confier sans cesse au Seigneur ce que nous faisons et lui demander toujours si ce que nous faisons est conforme à sa volonté. Tout part de Jésus et tout revient à lui. La prière nous permet de faire double mouvement pour ne pas entrer dans un activisme ou un fonctionnalisme pastoral coupé du Maître de la moisson.

Jésus met en garde les disciples : « Allez ! Voici que je vous envoie comme des agneaux au milieu des loups. » Jésus sait qu’il nous envoie dans un monde qui sera parfois très dur envers vous. C’est un conseil pour nous ! A force de travailler dans un monde dur, avec des méthodes pas du tout évangéliques, nous risquons de nous endurcir plus que les loups qui nous entourent et de copier leurs méthodes. Nous avons tous la mission, chacun à notre niveau, de protéger l’Eglise pour qu’elle ne devienne pas une société des loups ou les gens se mangent mutuellement, et s’épuisent dans des querelles et des combats qui, en fin de compte, tuent la mission au lieu de la faire grandir.

Jésus demande d’apporter la paix et d’être instrument de paix en évitant de créer et chercher les conflits, en suscitant des tensions. On ne peut pas porter Dieu aux autres par la force ni l’arrogance spirituelle. Ces méthodes ont été utilisées jadis et ont fait beaucoup du mal à l’Eglise. La mission se fait humblement, simplement afin que la conversion soit vraiment une rencontre et une adhésion personnelle au Christ.

Enfin, Jésus nous demande de rester, de demeurer et de partager. « Restez dans cette maison, mangeant et buvant ce que l’on vous sert ». Le disciple, le pasteur n’est pas différent de ceux auxquels il est envoyé. Il nous faut prendre pleinement place et partager la vie des personnes auxquelles nous annonçons le Christ. On parle souvent de la solitude des prêtres, ce qui est une réalité, mais n’est-ce pas aussi parfois le résultat des pasteurs qui, pour différentes raisons se tiennent à l’écart et qui ne tissent pas des liens simplement humains avec les fidèles. Comme le rappelle le concile Vatican II en d’autres termes, l’Eglise, les pasteurs, les disciples ne peuvent rester étrangers ni indifférents aux joies, aux espérances, aux peines, aux angoisses, aux doutes du monde. C’est en demeurant avec les gens et en partagent la vie des gens que nous pouvons prendre conscience de leurs joies pour rendre grâce et de leurs peines pour les réconforter.

Un autre point souligné par Jésus est que la mission sera parfois éprouvante et crucifiante ! Saint Paul le rappelle aussi dans la deuxième lecture : « Pour moi, que la croix de notre Seigneur Jésus Christ reste ma seule fierté. Par elle, le monde est crucifié pour moi, et moi pour le monde. » Saint Paul réalise lui-même la limite propre de son caractère dans la mission. Il rappelle que dans la mission, le plus important ne sont pas les règles, les rubriques et les préceptes (comme la circoncision) mais c’est de chercher à devenir des créatures nouvelles. C’est la finalité du baptême. Malheureusement, les disciples sont parfois identifiés et perçus comme les garants et défenseurs de la règle et des préceptes au lieu d’aider les fidèles à devenir des créatures nouvelles dans le Christ.

Au lieu d’enfermer dans les règles, garder les autres prisonniers des préceptes, notre mission est de rendre libres, de libérer les cœurs pour qu’ils s’ouvrent au Seigneur. C’est cette libération des cœurs et leur ouverture au Christ qui fonde la joie des disciples, comme cela est souligné dans la finale de cet évangile : « Les 72 disciples revinrent tout joyeux, en disant : « Seigneur, même les démons nous sont soumis en ton nom. »  Jésus leur dit : « Je regardais Satan tomber du ciel comme l’éclair. Voici que je vous ai donné le pouvoir d’écraser serpents et scorpions, et sur toute la puissance de l’Ennemi : absolument rien ne pourra vous nuire. Toutefois, ne vous réjouissez pas parce que les esprits vous sont soumis ; mais réjouissez-vous parce que vos noms se trouvent inscrits dans les cieux. » Seigneur, donne-nous de nous réjouir de ton œuvre dans les cœurs de ceux qui t’ont rencontré. Amen.

 

 

 

 

 

Homélie du Père Joseph, XIVe dimanche du TO, année C2025-07-07T14:54:49+02:00

Homélie du Père Joseph, fête de Saint Pierre et Saint Paul, année C

Mes chers frères et sœurs
Je me suis souvent demandé pourquoi Jésus, parmi tous les apôtres, a pu choisir Pierre comme chef au lieu de quelqu’un d’autre ? L’évangile ne donne pas clairement les raisons qui ont conduit à ce choix. Si on prend le critère d’âge, contrairement à ce qui se dit parfois, Simon Pierre n’était certainement pas le disciple le plus âgé. C’est probablement Jacques le Majeur, l’un des fils de Zébédée et frère de Jean, qui était le doyen en âge du groupe des Douze. Simon Pierre n’était même pas le premier disciple appelé à suivre Jésus. C’est André le premier qui fut appelé. D’ailleurs on appelle aussi le «Protoélu », le Premier appelé. Simon Pierre n’était pas non plus instruit, le plus intelligent : cette qualité semble appartenir plutôt à Jacques, comme cela peut se voir à travers qualité de ce qu’il a écrit. Simon Pierre n’était pas le plus riche, mais un simple pêcheur. Le plus riche pouvait être Matthieu, le collecteur d’impôt qui se servait au passage sur le trésor public. Simon Pierre n’était pas non plus le plus fidèle des apôtres : nous savons qu’il a bien renié Jésus trois fois au cours de son procès : « Non, je ne connais pas cet homme ! ».
Simon Pierre n’était pas non plus le disciple préféré de Jésus : le quatrième évangile nous dit clairement que c’est Jean qui était le disciple préféré de Jésus. Simon Pierre n’était pas non plus le plus doux, ni le plus docile et moins encore le plus prudent des apôtres. Il était impulsif et parfois effronté ! Nous savons pourtant que pour guider et manager l’Eglise ou une communauté, il faut un peu d’équilibre, de diplomatie et discernement… Après ce portrait pas du tout brillant, nous pouvons dire qu’humainement et au niveau du management, Jésus semble s’être trompé en choisissant Simon Pierre au lieu de quelqu’un d’autre.
Lorsque dans une boite, une entreprise, une grande école, ou même en politique, on veut choisir quelqu’un pour une charge importante, on fait faire un casting, on fait passer des concours pour choisir les meilleurs, ceux qui possèdent les qualités requises. Nous savons comment passer un casting ou un concours est stressant et angoissant. Un ami me disait lundi midi son inquiétude actuelle pour sa fille qui vient de passer un concours pour être haut fonctionnaire ! Elle l’avait loupé l’an dernier alors qu’il y avait 40 places, et cette année, il y avait que 10 places à pourvoir. D’où, le stress, même du papa. Ne parlons pas celui de sa fille.
Jésus aussi, dans un certain sens, a fait un casting pour choisir ses apôtres. Mais ses critères sont radicalement différents de ceux d’une entreprise, de la fonction publique ou une grande école. Jésus ne choisit pas les meilleurs, mais ceux qui sont disposés à se mettre en jeu. Il ne choisit pas ceux qui sont déjà parfaits, mais ceux qui peuvent se laisser transformer, pas ceux qui sont capables, mais c’est lui qui rend capables ceux qu’il choisit. Il ne cherche pas un CV impeccable qui impressionne la RH ou le jury, mais il cherche des cœurs enflammés de passion, désireux de cheminer avec lui. C’est pour cela que le casting de Jésus est ouvert à tous. Tout le monde est candidat et personne n’est exclu du casting.
Il y a seulement deux questions que Jésus pose aux candidats, comme on peut le voir dans sa relation avec Simon Pierre. La première est celle posée dans l’évangile de ce dimanche : « Et vous, que dites-vous ? Pour vous, qui suis-je ? » Alors Simon-Pierre prit la parole et dit : « Tu es le Christ, le Fils du Dieu vivant ! » C’est la profession de foi. La deuxième a été répétée trois fois à Simon Pierre lors de l’apparition de Jésus ressuscité au bord du lac de Tibériade : « M’aimes-tu ? ». C’est la profession d’amour.
Je me suis permis personnellement une hypothèse : Jésus a choisi Simon Pierre exactement parce que ce dernier l’avait renié. Simon Pierre a été choisi parce qu’il a fait l’expérience profonde et transfigurante du pardon qui lui a été accordé par Jésus. Après avoir touché le fond de la tristesse, de la lâcheté, de la honte et de la culpabilité, Simon Pierre s’est repenti et a pleuré amèrement. Dans ses larmes et à travers elles, Jésus a touché le cœur de Simon Pierre, l’a soulevé, guéri et pardonné.
Jésus avait expliqué à une autre occasion, en parlant de la femme pécheresse : « Tu vois cette femme ? Je suis entré dans ta maison, et tu ne m’as pas versé de l’eau sur les pieds ; elle, elle les a mouillés de ses larmes et essuyés avec ses cheveux. Tu ne m’as pas embrassé ; elle, depuis qu’elle est entrée, n’a pas cessé d’embrasser mes pieds. Tu n’as pas fait d’onction sur ma tête ; elle, elle a répandu du parfum sur mes pieds. Voilà pourquoi je te le dis : ses péchés, ses nombreux péchés, sont pardonnés, puisqu’elle a montré beaucoup d’amour. Mais celui à qui on pardonne peu montre peu d’amour. » (Lc 7, 44-47). Dans sa première lettre, saint Pierre apôtre dit : « Avant tout, ayez entre vous une charité intense, car la charité couvre une multitude de péchés » 1P4, 8)
Jésus a choisi Pierre exactement parce qu’après être tombé, ce dernier a beaucoup aimé. Et en effet, il donnera la vie pour le Christ. Celui qui est tombé plus bas, mais qui a été relevé et remis débout par l’Amour, sait la profondeur du Cœur de Dieu. Seul celui qui se sait fragile et faible, mais aimé de Dieu est capable d’aimer et guider les autres. L’amour pour Jésus naît du fait de reconnaître la grande distance qu’il y a entre notre propre péché et l’infinie dimension de la miséricorde de Dieu. Plus le péché pardonné est grand, plus démesuré est l’amour qui peut en naître. Je pense au pardon vécu en vérité au sein d’une famille, entre conjoints, au sein d’une communauté : lorsqu’après une grande blessure, le pardon est demandé, donné et vécu en vérité, l’amour et les liens sont plus forts qu’auparavant. Nous avons beaucoup de témoignages dans ce sens.
Trois fois, Simon Pierre a renié le Seigneur, mais il l’a regretté, a pleuré amèrement et a aimé profondément ensuite. Non, il ne suffit pas d’avoir beaucoup péché : il faut ensuite beaucoup aimer, convertissant notre péché et notre chute en amour, transformant les plaies en faisceaux qui font entrer et irradier la lumière du Seigneur.
Saint Paul, l’apôtre des nations, célébré aussi aujourd’hui, a vécu le même passage : du persécuteur acharné des chrétiens, il est devenu un apôtre passionné du Christ. Après avoir été pardonné de toute la persécution faite à l’Eglise, il a tellement aimé le Christ au point de tout donner pour la croissance et l’annonce de l’Evangile aux païens, jusqu’au don de sa vie. Il nous rappelle que là où le péché est abondant, la miséricorde surabonde.
Rendons grâce à Dieu qui nous donne de fêter dans une unique célébration saint Pierre et saint Paul, les deux colonnes de l’Eglise. L’un et l’autre, avec leurs différences et chacun selon sa sensibilité et son caractère, ont rendu un grand témoignage au Christ. Telle est la fantaisie du saint Esprit qui est capable de faire travailler des personnalités aussi différentes autour du même projet de Dieu. Saint Pierre et saint Paul sont tellement différents, ils ont eu des discussions parfois tendues, de profonds désaccords, mais l’un et l’autre ont donné leur vie pour le Christ et l’Eglise. Saint Pierre symbolise l’intégrité de la Foi, l’autorité et l’unité de l’Eglise. Saint Paul symbolise le charisme et le zèle missionnaire indispensable pour annoncer le Christ à toutes les nations pour la croissance de l’Eglise.
Et toi, mon frère, ma sœur, es-tu préparé pour le casting de Jésus ? Questionnés sur la foi et l’amour, saints Pierre et Paul ont répondu par le témoignage de leur vie. Aujourd’hui, dans son casting, Jésus de pose les mêmes questions : « Pour toi qui suis-je ? », « M’aimes-tu ? ». Quelle est ta réponse ? Que le saint Esprit nous aide à répondre à ces deux questions qui vont nous accompagner pendant cette période estivale. Amen.

Homélie du Père Joseph, fête de Saint Pierre et Saint Paul, année C2025-06-27T09:15:33+02:00

Homélie du Père Joseph, fête du Saint Sacrement, année C

Mes chers frères et sœurs !
Dans la première lecture, saint Paul s’adresse aux fidèles de Corinthe en ces termes : « J’ai moi-même reçu ce qui vient du Seigneur, et je vous l’ai transmis : la nuit où il était livré, le Seigneur Jésus prit du pain, puis, ayant rendu grâce, il le rompit, et dit : « Ceci est mon corps, qui est pour vous. Faites cela en mémoire de moi. ». C’est ce qu’on appelle la Tradition dans l’Eglise. Ce concept de « tradition » a parfois une connotation négative, surtout actuellement, au temps du walkisme et de la « cancel culture », où l’on veut effacer l’histoire et les traditions passées. Au niveau ecclésial, c’est à cause de certaines dérives et polémiques, en particulier dans notre pays. C’est le poids de l’histoire et son héritage. Ca dépend du camp où l’on est, mais être traité de « tradi » n’est pas toujours un compliment en France. C’est même une injure dans certains milieux, mais un très grand compliment d’autres. Tout dépend de sa sensibilité liturgique ou pastorale.
Nous avons pourtant besoin de nos traditions, de ces choses qui se transmettent de génération en génération au sein d’une famille, d’une société et d’une nation. Elles constituent l’âme d’une famille, d’une nation, d’une société. Une famille qui a complétement perdu ses traditions, a perdu en quelque sorte son âme et ses racines, et se condamne petit à petit à disparaitre. Le Kérygme, le Symbole des Apôtres, par exemple, sont une tradition que nous n’inventons pas et que nous ne pouvons changer. Ils nous ont été donnés depuis plus de 2000 ans et constituent le trésor de foi qui fait l’Eglise. Modifier le credo signifie pratiquement modifier ce qui fait l’âme de l’Eglise depuis sa naissance. Certaines revendications de changements et de modernité m’inquiètent parfois parce qu’elles risquent de changer ce qui est l’âme même de l’Eglise. Evidemment que l’Eglise doit évoluer avec son temps, se moderniser, se réformer, et elle ne cesse de le faire depuis sa naissance, et c’est même une nécessité que l’Eglise s’adapte aux époques et à la culture… mais elle doit absolument garder la Tradition qui fait son essence et sa substance.
La Tradition est le contenu de notre foi transmis fidèlement. Il s’agit du trésor de foi que nous avons reçu et que nous sommes chargés de transmettre. L’eucharistie fait partie de ces trésors reçus et transmis fidèlement, comme le rappelle saint Paul aux Corinthiens dans la première lecture. Il est évident que les messes célébrées aux premiers siècles dans les maisons ou les catacombes étaient différentes sous beaucoup d’aspects, de celles célébrées dans la basilique saint Pierre. Les messes en Afrique, dans la diversité de ses cultures ne sont pas les mêmes que celles célébrées ici, celles du Pays basque sont différentes de celles de Tournefeuille ou du Comminges, celle du MEET ou au Phare est différente de celle dans une petite église baroque dans un village perdu.
Dans toutes ces messes pourtant, quelles que soient la culture et l’époque, il y a une structure commune avec les différentes parties : accueil, liturgie de la parole, liturgie eucharistique et envoi. Elles ont aussi la même matière : le pain de blé (non pas le pain sans gluten) non fermenté, du vin de raisin (pas de whisky ni du jus de pomme ou autre boisson…), avec les mêmes gestes et les mêmes paroles de la consécration que même le pape Léon XIV ne peut pas inventer ni modifier, sans courir le risque d’altérer ou de rendre la messe invalide. La structure, la matière, les paroles et les gestes viennent de Jésus lui-même lors de la Dernière Cène. Quand le prêtre et l’assemblée respectent cette Tradition, dans sa matière et sa forme, le pain et le vin deviennent réellement, sacramentalement mais mystérieusement le corps et le sang du Christ. Nous l’appelons alors le Saint Sacrement ou la présence réelle de Jésus dans l’eucharistie. C’est le concept théologique de la transsubstantiation.
Ce n’est pas nous, notre foi ou absence de foi qui faisons que le pain et le vin consacrés deviennent corps et sang du Christ. Ils les sont réellement, indépendamment de nous. L’enseignement de l’Eglise rappelle que recevoir l’eucharistie sans y croire est sacrilège alors que celui qui communie avec foi et dévotion reçoit le gage de la vie éternelle. Jésus dit à ce propos, « ma chair est la vraie nourriture, mon sang la vraie boisson et celui qui mange ma chair et boit mon sang demeure en moi et moi en lui et je le ressusciterai au dernier jour ».
L’évangile donné pour la fête du Saint sacrement est la multiplication des pains et des poissions. Ce récit laisse entrevoir en filigrane la célébration eucharistique probablement telle que célébrée au sein de la communauté à laquelle appartenait saint Luc. Rappelons que le plus grand des miracles n’est pas tant d’avoir donné à manger à tout ce monde, mais plutôt celui qui s’accomplit aujourd’hui, pour nous, à travers cette présence réelle de Jésus qui se donne à nous en nourriture dans le pain et le vin consacrés. Il comble la faim et soif profondes de nos âmes, nous appelant à devenir à notre tour, pain rompu et donné pour les autres.
La fête du très Saint Sacrement nous appelle à prendre conscience du miracle extraordinaire qui a lieu au cours de chaque messe, même quand elle nous semble bâclée dans les détails… Dans chaque messe, Jésus prend le risque de se donner en se faisant corps livré et sang versé. Au-delà du prêtre et de l’assemblée, le Christ est là, par amour pour nous. D’où l’importante de bien préparer et célébrer les messes qui sont le moyen par lequel Jésus se donne comme la vraie nourriture et la vraie boisson pour la vie éternelle.
Jésus, présent dans l’eucharistie, nous t’adorons, nous te bénissons et te rendons grâce pour ton immense Amour. Donne-nous d’être affamés et assoiffés de ton corps et de ton sang. Amen.

Homélie du Père Joseph, fête du Saint Sacrement, année C2025-06-20T16:40:06+02:00

Homélie du Père Clément, dimanche de la Sainte Trinité, année C

Solennité de la Très Sainte Trinité 2025
Frères et sœurs bien-aimés,

Comment parler de la Trinité sans tomber dans des concepts abstraits ? Comment rendre vivante cette vérité centrale de notre foi : un seul Dieu en trois personnes – le Père, le Fils et le Saint-Esprit ? Ce mystère, loin d’être un casse-tête théologique, est avant tout une révélation d’amour, une clé pour entrer dans le cœur de Dieu, et pour comprendre le sens de notre vie.

  1. La Trinité : Dieu est relation, Dieu est amour

Le livre des Proverbes que nous avons entendu (Pr 8,22-31) nous présente la Sagesse éternelle qui était auprès de Dieu au commencement, qui « était à ses côtés comme un maître d’œuvre ». Les Pères de l’Église ont vu dans cette Sagesse la figure du Verbe, le Fils éternel, engendré avant les siècles.

Et voici le cœur de notre foi : Dieu est communion, Dieu n’est pas un solitaire enfermé dans sa toute-puissance. Dieu est relation vivante, Père, Fils et Esprit dans un échange éternel d’amour. Comme le dit saint Augustin :

« Le Père est l’Amant, le Fils est l’Aimé, et l’Esprit est l’Amour. »

C’est pour cela que nous, créés à son image, nous ne pouvons pas vivre sans aimer, sans être en relation. Car l’amour nous constitue !

  1. La Trinité se révèle dans l’histoire : Dieu avec nous

Dieu ne s’est pas contenté de demeurer dans la lumière inaccessible. Il s’est révélé dans l’histoire du salut.

  • Dans l’Ancien Testament : Dieu le Père crée, appelle, conduit son peuple.
  • Dans l’Incarnation : le Fils entre dans notre chair, parle notre langue, nous sauve par la croix.
  • À la Pentecôte : l’Esprit Saint est répandu dans nos cœurs, nous faisant enfants de Dieu.

Saint Paul le dit magnifiquement dans la deuxième lecture (Rm 5,1-5) :

« L’amour de Dieu a été répandu dans nos cœurs par l’Esprit Saint qui nous a été donné. »
C’est l’Esprit qui nous donne la paix, l’espérance, la capacité de traverser les épreuves sans désespérer.

III. Un mystère qui se vit plus qu’il ne se comprend

Une petite histoire vraie : dans une école catholique d’Afrique, un missionnaire demande un jour à un enfant de 9 ans ce qu’est la Trinité. L’enfant répond simplement :

« C’est Dieu qui est famille, et qui veut qu’on vive comme des frères. »
C’était peut-être la plus belle définition entendue ce jour-là.

La Trinité est un mystère d’amour partagé, une invitation pour nous à vivre en communion, en unité, dans la famille, dans l’Église, dans la société.
Et ce n’est pas une idée vague : cela se vérifie dans les actes.

  1. Témoignages : vivre de la Trinité aujourd’hui

Chiara Lubich, fondatrice du mouvement des Focolari, a profondément médité ce mystère. Elle disait :

« Quand deux ou trois vivent l’amour réciproque au nom de Jésus, le Ressuscité est au milieu d’eux. Et là, il y a déjà un reflet de la Trinité. »
Elle et ses compagnons vivaient cette unité dans les gestes concrets du quotidien, dans le pardon, dans le partage, dans l’écoute mutuelle.

  1.  Une autre histoire : celle d’un médecin de campagne, croyant discret. Un jour, il est appelé au chevet d’un vieil homme mourant, abandonné de tous. Le médecin soigne, réchauffe, reste à ses côtés jusqu’à la fin. Quand on lui demande pourquoi, il dit simplement :

« Parce que Dieu n’est pas seul là-haut. Il est Père, Fils et Esprit. Alors moi non plus je ne veux jamais laisser quelqu’un seul. »

  1. Et nous ? Comment vivons-nous de la Trinité ?
  • Si je dis « notre Père », est-ce que je regarde l’autre comme mon frère ou ma sœur ?
  • Si je crois en Jésus, est-ce que je choisis d’aimer et de pardonner comme lui ?
  • Si je reçois l’Esprit Saint, est-ce que je laisse la joie, la paix et la douceur guider mes actes ?

Vivre de la Trinité, c’est cultiver en nous l’unité dans la diversité, l’amour dans la vérité, la présence dans le silence.

Conclusion : Louange à la Trinité

En contemplant le mystère trinitaire, nous sommes comme l’enfant au bord de l’océan qui veut le vider avec une coquille… mais plus nous contemplons, plus nous aimons. Et c’est l’amour qui nous fait comprendre.

Seigneur, notre Dieu, qu’il est grand ton nom par toute la terre ! (Ps 8)
Ce cri du psaume peut devenir le chant de nos vies, si nous accueillons la présence du Dieu trinitaire au cœur de notre quotidien.

 Prière finale :

Ô Trinité Sainte, Père, Fils et Esprit,
Toi qui es Amour en ta source,
Fais de nous des témoins de ton unité.
Dans nos familles divisées,
Dans nos Églises parfois blessées,
Dans notre monde déchiré,
Mets en nous la paix,
Inspire en nous l’amour,
Et fais de nos vies un reflet de ta communion éternelle.
Amen.

 

Homélie du Père Clément, dimanche de la Sainte Trinité, année C2025-06-17T10:12:31+02:00

Homélie du Père Joseph, dimanche de la Sainte Trinité, année C

Mes chers frères et sœurs !

Quel est visage de Dieu donnons-nous à voir au monde, nous qui sommes chrétiens ? Quelle image avons-nous de lui ?  Le visage que nous avons de Dieu naît de ce que nous vivons : les expériences heureuses et malheureuses de la vie. J’ai mangé récemment avec un ancien catéchiste et animateur d’aumônerie. Ce dernier a cessé de croire en Dieu (selon ses propres mots) lors du décès tragique de quelqu’un qui avait beaucoup compté pour lui, s’occupant en particulier de son enfant autiste. Devant cette expérience encrée, aucune explication rationnelle possible, pas d’argument théologique. Il a fallu seulement écouter son récit et sa douleur. Par contre, une jeune Ambre (18 ans), de saint Simon que j’ai rencontrée mercredi, revient à la foi en demandant la communion et la confirmation depuis la mort de sa prof de Français, décédée après une longue maladie. Une épreuve de part et d’autre, mais effets contraires. Faisons attention aux paroles, explications et spéculations sur Dieu car elles risquent de blesser et d’éloigner du même Dieu que nous avons pourtant envie d’annoncer.

Un Dieu qui laisse mourir les enfants des maladies graves, de la faim ou sous les bombes, qui n’arrête pas les guerres et laisse prospérer les criminels, qui semble fermer les yeux devant des épidémies…. Nous avons souvent entendu cela ! Bref, Dieu qui terrorise ou terrifie, impassible et indifférent ne donne pas envie qu’on l’aime et qu’on s’approche de lui. Quel visage avons-nous de Dieu.

Même les athées, ceux qui disent ne pas croire ont une certaine image de Dieu… ! Ils se la sont construite ou c’est nous les croyants, qui leur avons inconsciemment transmis une image horrible par nos paroles et nos actes. Parfois il vaut mieux de ne pas avoir un Dieu que d’en avoir une image terrifiante et détestable. La plus difficile des conversions à vivre est le passage de ce Dieu terrifiant que nous portons parfois dans notre cœur au Dieu d’amour révélé dans notre histoire du salut, par le Christ Jésus et dans le saint Esprit.

« Au nom du Père, et du Fils et du Saint Esprit, Amen ! Nous répétons, parfois de manière mécanique et en toute vitesse, cette formule ! La solennité de la Trinité Sainte que nous nous rappelle ce que signifie vraiment être chrétien et ce que cette formule implique concrètement.

D’abord, la foi chrétienne, tout en étant absolument monothéiste, c’est-à-dire la foi en un Dieu unique, est aussi totalement différente de deux autres monothéismes que sont le Judaïsme et de l’Islam. La raison de la condamnation de Jésus par les chefs religieux Juifs est qu’il disait qu’il était Fils de Dieu, et se faisait ainsi l’égal du Père…Un blasphème pour le judaïsme ! Pour l’islam, la foi chrétienne, un Dieu en trois Personnes, est considérée comme du polythéisme. C’est ce qu’on appelle le « monothéisme trinitaire » : un Dieu Unique, un Seul Dieu mais en Trois Personnes distinctes.

C’est la foi de notre baptême, celle que nous profession dans symbole de Apôtres ou de Nicée-Constantinople le dimanche et dans la conclusion de toutes les prières liturgiques : « Nous Te le demandons par Jésus Christ ton Fils, qui vit et règne avec toi, dans l’unité du saint Esprit, Dieu pour les siècles des siècles. Amen » Il à a là une communion et non pas une fusion. Communion implique la distinction, alors que la fusion implique la perte. Or, dans la trinité sainte, les trois Personnes Divines sont en profonde communion tout en gardant leur distinction. Parfois les fiancés, lors de la préparation au mariage, exaltent leur côte fusionnel en oubliant que la fusion est différente de la communion des cœurs. L’unité et la communion dans le couple signifie le respect de l’identité de chacun des conjoints. La communion au sein d’une communauté nécessite de s’accueillir dans la diversité, comme les différents membres qui forment le même corps.

La sainte trinité restera ce mystère inépuisable qui ne se comprend jamais par le seul biais de la raison. Devant ce mystère ineffable, les explications et paroles humaines sont inadéquates. Notre langage tellement limité pour l’expliquer. Des théologiens illustrent et brillants ont essayé de l’expliquer tout en reconnaissant les limites de leurs raisonnements.  Saint Augustin nous a écrit l’un des plus grands des traités théologiques sur la sainte Trinité. Un jour, se promenant au bord de la Méditerranée, sur la plage, il était plongé dans une grande réflexion pour comprendre afin d’expliquer le mystère de la Trinité.  Il fut subjugué par enfant qui avait creusé un trou dans le sable et avec son petit seau, essayait de vider l’eau de la mer pour remplir son trou, en vain. « Que fais-tu petit enfant ? », lui demanda saint Augustin. « Je veux vider la mer dans ce trou de sable », lui répondit le petit garçon. « Arrête, mon enfant, comment peux-tu y arriver ? C’est impossible ! La mer est immense et trop grande pour ton petit trou de sable perméable ». L’enfant lui répliqua : « Et toi, ta raison ne peut prétendre contenir l’immensité du mystère de Dieu ! ». En fait, c’était un ange qui lui était apparu pour lui rappeler que la sainte trinité n’est pas à comprendre par la raison.

La sainte trinité n’est compréhensible que par un cœur qui croit et qui se laisse aimer par Dieu. Le cœur croit, qui aime et qui espère, comprend que les trois Personnes divines agissent toujours en communion, que notre salut n’est pas l’œuvre du Christ, agissant tout seul, mais des trois Personnes Divines. Aucun égoïsme, aucune solitude, aucune tension, mais communion, relation et réciprocité. C’est toujours dans la communion des trois Personnes que Dieu agit dans les sacrements qui nous transmettent la vie divine par l’Eglise.

La volonté du Père, accomplie par le Fils, est poursuivie aujourd’hui dans le Saint Esprit qui nous plonge à dans la même communion trinitaire. Par la vie de prière, la célébration des sacrements, les engagements ecclésiaux et humains, nous pouvons participer à cette communion trinitaire pour laquelle Jésus a prié avant sa mort : « Que tous soient un, comme toi, Père, tu es en moi, et moi en toi. Qu’ils soient un en nous, eux aussi, pour que le monde croie que tu m’as envoyé ». (Jn 17, 21).

Créés à l’image et à la ressemblance du Dieu Trine, nous sommes des êtres de relation, communion, de don de soi, accueil de l’autre, collaboration et amour…Le Dieu trinitaire et communion nous révèle que l’égoïsme, la solitude contredit notre nature profonde car nous sommes faits pour être en relation, pour nous donner aux autres et nous recevoir, comme dans la relation des trois Personnes Divines.

Que cette eucharistie nous plonge dans cet Océan d’Amour et qu’elle fasse grandir l’unité et la communion entre nous ! Amen

 

Homélie du Père Joseph, dimanche de la Sainte Trinité, année C2025-06-13T14:21:21+02:00

Homélie du Père Clément, Pentecôte, année C

« Sans l’Esprit, tout s’effondre. Avec Lui, tout recommence. »

Frères et sœurs bien-aimés,

Aujourd’hui, nous célébrons un feu qui descend, un souffle qui libère, une Église qui se lève !

La Pentecôte, c’est le contraire d’une fête folklorique avec des colombes et des flammes décoratives.
Non. Pentecôte, c’est un bouleversement.
C’est le jour où Dieu prend l’initiative de souffler dans les cendres de nos peurs pour allumer un brasier d’espérance.

  1. Un souffle qui libère les enfermés

L’Évangile nous dit que les disciples sont enfermés par la peur. Et soudain, Jésus entre, debout au milieu d’eux. Il souffle. Il dit : « La paix soit avec vous. »

Frères et sœurs, combien de portes sont verrouillées aujourd’hui dans nos vies ?
Portes verrouillées par l’amertume, le doute, le repli sur soi, les blessures…Et Jésus, aujourd’hui encore, vient traverser ces murs. Il souffle et dit :« Recevez l’Esprit Saint. »

Il y a des jours qui marquent l’histoire, non seulement celle des peuples, mais aussi celle de l’âme.
La Pentecôte est un de ces jours. Ce jour où Dieu souffle, et où tout commence autrement.

Un jour, un prêtre demandait à un groupe de jeunes : « Savez-vous à quoi ressemble un chrétien sans l’Esprit Saint ? » L’un répondit : « À une lampe sans électricité ! » Exactement.
Sans l’Esprit, la foi est une belle coque… vide. Mais quand l’Esprit descend, tout s’enflamme, tout s’anime, tout s’illumine.

Aujourd’hui, nous fêtons la naissance de l’Église, non pas comme une institution, mais comme un peuple en feu. Un peuple envoyé, habité, transformé.

Et voici ce que disait le Cardinal Athënagoras, patriarche de Constantinople :

« Sans l’Esprit Saint, Dieu est loin, le Christ reste dans le passé, l’Évangile est une lettre morte, l’Église une simple organisation, l’autorité une domination, la mission une propagande, le culte une évocation, et l’agir chrétien une morale d’esclave…
Mais dans l’Esprit, et avec Lui :
le Christ est ressuscité, l’Évangile devient puissance de vie, l’Église devient communion trinitaire, la liturgie est mémoire et anticipation du Royaume, l’agir devient vie nouvelle
. »

  1. L’Esprit fait parler le cœur de chacun

Dans les Actes des Apôtres, on entend :« Chacun les entendait parler dans sa propre langue. »

Ce n’est pas seulement un phénomène sonore. C’est le miracle de la communion : l’Esprit donne de parler le langage du cœur. Celui qui guérit, qui unit, qui réconcilie.

🕯️ Témoignage 1 : une missionnaire en Afrique racontait qu’en priant avec un village, sans connaître la langue locale, elle a parlé spontanément dans une langue inconnue d’elle. Après la prière, une vieille femme l’a remerciée en pleurant : elle avait prié dans le dialecte de sa grand-mère décédée. Une langue oubliée… que seule l’Esprit pouvait réveiller pour consoler un cœur.

  1. L’Esprit transforme les cœurs blessés en témoins brûlants

Frères et sœurs, c’est Pierre, celui qui avait renié, qui se lève et proclame.
C’est Thomas, le sceptique, qui devient l’apôtre de l’Inde. C’est Marie, silencieuse, qui devient la Mère en prière au Cénacle.

🕯️ Témoignage 2 : un jeune toxicomane en Italie, sauvé par la communauté du Cenacolo, expliquait :« Le jour où j’ai crié vers Dieu, je me suis senti comme un enfant pris dans les bras. J’étais un mort vivant, et l’Esprit m’a rendu la vie. Aujourd’hui, je sers ceux que j’aurais volés hier. »

Voilà l’œuvre de l’Esprit : il ne fabrique pas des super-héros, mais des hommes ressuscités.
Il ne fait pas de nous des puissants, mais des serviteurs en feu, des témoins debout.

🕯️ Témoignage 3 : un prêtre missionnaire en Asie raconte avoir vécu des mois sans résultats, sans conversion, jusqu’au jour où, dans un profond découragement, il a prié intensément : « Viens, Esprit Saint ! » À partir de là, une simple rencontre a bouleversé tout un village. Il disait :« J’avais tout donné… sauf l’essentiel : l’Esprit. »

  1. Les fruits de l’Esprit sont visibles !

Saint Paul est très clair : il y a un combat entre la chair et l’Esprit.
Et ce combat se joue dans le concret : jalousies ou joie ? rivalités ou paix ? haine ou amour ?

Vivre selon l’Esprit, ce n’est pas vivre dans les nuées, c’est incarner au quotidien des choix lumineux : douceur, maîtrise de soi, bonté, fidélité…

Là où l’Esprit Saint est présent, le fruit est visible. Pas forcément dans les grandes choses, mais dans la manière d’aimer, de servir, d’être en relation avec les autres.

Saint Paul ne s’y trompe pas :« Voici le fruit de l’Esprit : amour, joie, paix, patience, bonté, bienveillance, fidélité, douceur, maîtrise de soi. »

On reconnaît un arbre à ses fruits.
Alors posons-nous une question simple : Quels fruits l’Esprit porte-t-il en moi ?
Et si ces fruits sont absents… c’est peut-être que je n’ai pas encore laissé le vent souffler vraiment.

Illustration : Sainte Mariam de Bethléem disait :« Quand l’Esprit Saint est en nous, notre cœur devient un jardin… tout pousse. Sans Lui, tout est désert. »

Temoignage . Claude Convert – Ancien taulard devenu prédicateur de feu

Qui était-il ?
Originaire de Grenoble, Claude Convert fut dans les années 1970 un voyou notoire, toxicomane, trafiquant de drogue. Multiples séjours en prison. Il méprisait l’Église et riait de toute religion.

Le tournant :
Lors d’une mission organisée en prison, il assiste à un temps de prière avec des chrétiens engagés. Il sent quelque chose d’invisible mais puissant : une paix qui l’envahit, des larmes qu’il ne comprend pas. Il dira :

« L’Esprit m’a retourné comme une crêpe. Moi qui n’avais pas pleuré depuis des années, j’ai sangloté comme un gosse. »

Il vit une vraie effusion de l’Esprit, commence un chemin de conversion intense, entre dans une communauté charismatique, puis devient évangélisateur itinérant, prêchant dans des prisons et auprès des jeunes en rupture.

Fruit de l’Esprit : Un homme dur, méprisant, devient doux, joyeux, et passionné du Christ. Il témoignera pendant 40 ans à travers toute la France.

Conclusion : l’Esprit Saint attend notre « oui »

Frères et sœurs, la Pentecôte n’est pas une fête du passé. C’est un appel aujourd’hui : à ouvrir nos fenêtres, à sortir de nos peurs, à laisser Dieu souffler. Le monde a besoin non pas de chrétiens bien pensants, mais de cœurs brûlants, de témoins habités.

Et si tu ne sais pas comment faire, commence par cette prière :

🙏 Prière finale à l’Esprit Saint

Viens, Esprit Saint !
Viens comme un feu dans mes tiédeurs,
Viens comme une lumière dans mes nuits,
Viens comme un souffle dans mes fatigues.

Délie ce qui est noué,
Rejoins ce qui est brisé,
Ressuscite ce qui est mort.

Viens, Esprit d’unité,
pour que je parle le langage de l’amour.
Viens, Esprit de vérité,
pour que je vive en fils de lumière.
Viens, Esprit de sainteté,
pour que je marche chaque jour selon ton cœur.

Viens, Esprit Saint, et renouvelle la face de la terre !

Homélie du Père Clément, Pentecôte, année C2025-06-11T12:16:54+02:00
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