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Homélies des messes

Homélie du Père Joseph du IIe dimanche de l’Avent, année C (2024)

Mes chers frères et sœurs !
C’était à la fin du mandat de Joe Biden aux Etats-Unis d’Amérique, Donald Trump fraichement réélu, venait de faire sa première visite officielle à Paris, le dimanche 8 décembre, pour la réouverture de la cathédrale Notre-Dame de Paris, reconstruite après l’incendie… La France alors vivait une crise politique, avec un président Macron affaibli, à cause de la dissolution et de la motion de censure qui venait de faire chuter le gouvernement Barnier qui n’avait duré que trois mois…. A l’appel du pape François, l’Eglise Catholique entrait dans l’année Jubilaire comme « pèlerins d’Espérance ». Sur l’ensemble paroissial de Tournefeuille à Tournefeuille….., ce weekend-là, des nombreux adultes faisait leur entrée en catéchuménat pour la joie de toute la communauté paroissiale….
Des nouvelles et détails historiques, des précisions de l’actualité semblables à ce qui nous est décrit par saint Luc dans l’évangile : « L’an quinze du règne de l’empereur Tibère, Ponce Pilate étant gouverneur de la Judée, Hérode étant alors au pouvoir en Galilée, son frère Philippe dans le pays d’Iturée et de Traconitide, Lysanias en Abilène, les grands prêtres étant Hanne et Caïphe, la parole de Dieu fut adressée dans le désert à Jean, le fils de Zacharie. »
Saint Luc est soucieux des précisions historiques. Il nous situe le personnage et le message de Jean-Baptiste chargé de préparer Israël à la venue du Messie. Le premier enseignement de ces précisions historiques est celui-ci : le Christ Jésus n’est pas le produit d’une fantaisie, un mythe, une invention ! Qu’on le veuille ou pas, même les plus idéologues des laïcards qui veulent supprimer les calendriers de l’Avent dans les écoles dans notre pays ne peuvent rien au fait que Jésus est un personnage historique ; que même notre calendrier a comme année 0 (point de départ) la naissance de Jésus, avec un avant et un après. En Jésus, Dieu s’est réellement fait homme, il est venu au monde et a vécu dans un lieu et un temps précis de l’histoire, pour une mission que les évangiles racontent.
Ces précisions historiques ont un autre objectif supplémentaire. Toutes les autorités politiques et religieuses mentionnées se situent dans une région, une religion et un peuple qui attendait un Messie. Mais la mention de l’empereur romain représenté par le gouverneur Ponce Pilate, veut nous rappeler que l’avènement du Messie dépasse la simple Judée et le peuple d’Israël : l’avènement du Christ embrasse l’histoire universelle de l’humanité.
Les Juifs étaient convaincus que le Messie devait venir seulement pour eux, le Peuple élu. Jean-Baptiste corrige cette vision, s’appuyant sur le prophète Isaïe qui affirme que « tout homme verra le salut de Dieu » avec le messie attendu par Israël. Le salut apporté par Jésus, le Fils de Marie, l’Immaculée Conception que nous fêtons exceptionnellement le 9 décembre cette année (au lieu du 8 qui tombe un dimanche), ce Jésus dont nous préparons la venue liturgique pendant l’Avent, vient sauver tout être humain, sans distinction ni de race, de culture, de condition sociale…
Cependant rappelons-nous que le salut ne peut nous atteindre comme la pluie ou le soleil qui ne dépendent ni de notre volonté ni de notre liberté. Qu’on soit de gauche ou de droite, croyant ou athée, nous sommes tous de la même façon bénéficiaires ou victimes de la météo ou des conditions climatiques. En ce qui concerne le salut, les choses sont très différentes : Jésus ne nous l’impose jamais. Il veut nous sauver mais ne peut pas le faire sans notre liberté et notre adhésion car il respecte profondément les êtres libres que nous sommes et dont il attend accueil, adhésion libre et acceptation des grâces qu’Il nous apporte avec l’avènement de Noël. Nous pouvons, en toute liberté, accueillir ou refuser le salut qu’il nous apporte. L’entrée en catéchuménat, demander officiellement le baptême, surtout pour les adultes, est la manifestation de cette liberté et conversion qui accueille le salut apporté par le Christ.
C’est comme un cadeau ! Parce que la période de Noël est propice aux cadeaux, je me permets cette analogie, imparfaite certes, parce que le cadeau dont je parle n’a pas de prix. Quand on donne un cadeau, celui qui le reçoit, tend les mains pour le recevoir, et si c’est possible, fait une bise, verse quelques larmes de joie…. Il remercie ensuite, surtout s’il est heureux et que le cadeau lui fait plaisir. Mais on peut aussi refuser un cadeau. Ça m’est déjà arrivé malheureusement parce que j’avais compris que ce cadeau-là était un piège. On m’a raconté l’histoire d’un monsieur qui, pour son pot de départ, a refusé le cadeau offert ses collègues parce que ce cadeau-là lui rappelait trop son boulot…alors qu’il voulait vraiment tourner la page et ne plus penser à ce boulot où il n’était pas très heureux. Nous sommes libres d’accueillir ou de refuser le salut, ce cadeau d’Amour qu’apporte Jésus.
Reprenant les paroles du prophète Isaïe, Jean-Baptiste proclame : « Préparez le chemin du Seigneur, rendez droits ses sentiers ». L’Avent, comme le catéchuménat, est une invitation et un temps de conversion : « Préparez le chemin du Seigneur, rendez droits ses sentiers, Tout ravin sera comblé, toute montagne et toute colline seront abaissées ; les passages tortueux deviendront droits, les chemins rocailleux seront aplanis »
C’est un appel à la conversion pour accueillir comme il se doit l’Hôte, la Lumière d’en-haut qui vient nous visiter. Nous devons quitter l’égoïsme, le mensonge, élargir et aplanir son cœur pour faire place au Christ et à nos frères et sœurs. La vraie lumière vient éclairer notre vie pour la libérer de nos ténèbres et zones d’ombres. Qui parmi nous pourrait honnêtement dire, en se regardant à travers la lumière du Christ, que sa vie est parfaite et qu’il n’a rien à se reprocher, rien à convertir ? Personne ! C’est dans ce sens que Jean Baptiste nous appelle à vivre l’Avent comme un temps de conversion. Nous avons tous besoin de conversion.
Préparer la route au Seigneur, c’est convertir notre cœur et désir devenir meilleur, témoigner de notre foi et de l’amour de Dieu. C’est construire des ponts de paix, de joie, de réconciliation avec notre entourage ecclésial, professionnel et dans nos familles en cette période des fêtes, faire des efforts pour s’accueillir mutuellement malgré nos différences et nos divergences. Seigneur, nous désirons d’accueillir ! Viens Seigneur Jésus ! Viens naître et prendre place dans ma vie, dans nos vies. Amen. »

 

Homélie du Père Joseph du IIe dimanche de l’Avent, année C (2024)2024-12-30T15:30:25+01:00

Homélie du Père Justin du IIème dimanche de l’Avent (année C) Lc 3,1-6

Chers frères et sœurs, l’Évangile que nous avons proclamé nous parle de communion, d’un renouvellement de la communion entre nous. La parole de Dieu est adressée non pas aux puissants de ce monde, à l’empereur romain, à Hérode ou à ses frères, aux grands prêtres – mais à un homme dans le désert, à une voix, et cette voix nous appelle et nous demande d’abaisser ce qui est en hauteur et de relever ce qui est en bas.

L’Évangile nous demande de renoncer à la domination des uns sur les autres qui empêche la communion. La domination d’un peuple sur un autre ou d’une personne sur une autre a des effets dans toute la création. Le Seigneur nous demande de répondre à son appel, de travailler dans le temps à la restauration de notre humanité en restaurant la communion entre nous et avec la création, et ce faisant avec le Créateur. Alors toute chair, tous les êtres vivants verront le salut de Dieu.

L’Évangile nous dit que Jean, fils de Zacharie, proclamait un baptême de repentir pour la rémission des péchés. Ce qui blesse la communion c’est ce que nous appelons le péché. Mais qu’est-ce que la rémission des péchés ?

Pour parler de la rémission, du pardon des péchés, nous devons évoquer une séquence historique, comme le fait tout l’Évangile.

L’Évangile nous dit que la rémission des péchés, dans un premier temps, cela consiste dans le fait de laisser nos péchés, de les abandonner. En l’occurrence il s’agit de les laisser dans l’eau du Jourdain, comme dans le baptême de Jean. La parole grecque qui est utilisée signifie à la fois abandonner des fautes et en être pardonnés. La parole dit les deux en même temps, et de fait il faut bien entendu qu’il y ait les deux en même temps. Il faut que j’abandonne le péché pour qu’il puisse m’être pardonné.

Tout comme dans le baptême de Jean je désire être lavé de mes péchés pour vivre une vie nouvelle, pour devenir une personne nouvelle. Je ressens un appel à retourner vers Dieu en changeant de vie. Ça a quelque chose à voir avec l’enfance, je veux redevenir simple et ouvert comme un petit enfant, comme je me souviens d’avoir été. Je viens déposer mes péchés dans les eaux du baptême pour repartir, pour être refait à neuf.

Et puis le second temps de la séquence c’est la rencontre avec Jésus.

Je peux rencontrer Jésus dans son enseignement, ou quand il guérit les malades, ou quand il multiplie la nourriture pour des milliers de personnes. Mais là où je rencontre Jésus avec le plus de force c’est quand je le rencontre dans la crèche, quand je rencontre l’enfant Jésus. C’est la rencontre avec l’enfant Jésus qui me révèle, qui me démontre même que Dieu n’a jamais été en colère contre moi.

Je pensais qu’il était lointain, indifférent ou bien irrité ou déçu…  Et en réalité je m’aperçois en le voyant, en le rencontrant, qu’il m’a pardonné tous mes péchés depuis toujours, sans aucune altération dans ses sentiments pour moi, il m’a toujours aimé d’un amour infini et sans conditions. Il m’a pardonné depuis toujours, il attend seulement que je vienne lui demander son pardon pour me le donner.

Le troisième temps dans la séquence de la rémission des péchés c’est quand Jésus descend dans l’eau de mon baptême et prend sur lui tous mes péchés. Tous mes péchés sont réels et ont des effets réels sur moi et sur les autres, ils sont des blessures infligées à la communion avec chacun et avec Dieu. Le Seigneur les prend sur lui, puisqu’il est homme il peut les prendre sur lui réellement.

Et le quatrième temps c’est le don de l’Esprit Saint qui restaure et même régénère de l’intérieur toute mon humanité, pour pouvoir réparer toutes mes relations et entrer dans la communion. Quand il prend mes péchés il me donne la vie divine, il me donne son Esprit pour être en pleine communion avec lui. Il me donne une vie nouvelle, divine et humaine.

Donc la rémission des péchés qui nous est annoncée au début de l’Évangile c’est une séquence ou l’Esprit Saint nous appelle, opère notre rédemption et nous libère pour entrer dans la communion avec lui, avec chacun et toute la création.

Nous connaissons la rémission des péchés dans le baptême et ensuite dans le sacrement de la réconciliation, qui restaure la grâce de notre baptême. Quand nous nous confessons, c’est une grande fête pour Marie dont nous fêtons l’Immaculée conception demain, elle qui est mère de Dieu et notre mère dans le baptême.

La naissance de Jésus est le plus beau cadeau, mais le cadeau c’est aussi notre renaissance, nous aussi nous sommes l’enfant dans la crèche par le baptême et par la grâce de la confession.

Homélie du Père Justin du IIème dimanche de l’Avent (année C) Lc 3,1-62024-12-08T16:39:47+01:00

Homélie du Père Clément du Ier dimanche de l’Avent, année C (2024)

L’Avent, un temps de triple venue

Frères et sœurs bien-aimés,

Nous entrons aujourd’hui dans le temps de l’Avent, ce moment particulier où l’Église nous invite à veiller et à espérer. Ce temps nous prépare à accueillir le Christ de trois manières : sa venue dans l’humilité à Noël, sa venue dans la gloire à la fin des temps, et sa venue quotidienne dans nos vies. Ces trois venues sont indissociables, et chacune d’elles nous appelle à la vigilance, à l’espérance, et à la conversion. Mais comment vivre cette triple venue ? Comment garder la vigilance intérieure, la paix, et une véritable espérance au milieu des troubles de ce monde ? L’Évangile d’aujourd’hui nous offre une clé précieuse pour vivre pleinement ce temps d’Avent.

I. L’Évangile : Lever la tête, car votre rédemption approche

L’Évangile de ce jour nous parle de signes apocalyptiques : des bouleversements dans le ciel et sur la terre, des temps d’angoisse pour les nations. Mais Jésus, loin de nous pousser à la peur, nous dit : « Relevez la tête, car votre rédemption approche. »

Une vigilance face aux troubles du monde/ Nous vivons dans un monde où les « signes » sont multiples : crises climatiques, pandémies, guerres, divisions. Mais ces bouleversements ne doivent pas nous plonger dans l’angoisse. Jésus nous rappelle que, même au milieu des tempêtes, Dieu est à l’œuvre. Notre vigilance ne doit pas être une peur paralysante, mais une confiance active.

Un jour, un homme visitait une cathédrale en pleine construction. Il s’approcha d’un ouvrier qui posait une pierre et lui demanda ce qu’il faisait. L’ouvrier répondit : « Je construis une cathédrale qui glorifiera Dieu. » Cet homme voyait au-delà des débris et du chaos du chantier. De même, face aux troubles du monde, nous sommes invités à voir l’œuvre de Dieu qui construit quelque chose de plus grand.

Le pape Benoît XVI disait : « Le chrétien n’est pas un prophète de malheur, mais un témoin d’espérance. »

II. Les venues quotidiennes de Dieu dans nos vies

Jésus ne vient pas seulement à Noël ou à la fin des temps. Il vient chaque jour dans nos vies, souvent de manière discrète.

Dans la prière : Quand nous ouvrons notre cœur à Dieu, il vient habiter en nous.
Dans les sacrements : L’Eucharistie est cette rencontre intime où le Christ se donne à nous.
Dans les autres : Dans les pauvres, les malades, ceux qui croisent notre chemin.
o Une religieuse racontait qu’un jour, alors qu’elle servait dans un hospice, un homme mourant lui demanda de lui lire l’Évangile. Elle lut : « J’avais faim, et vous m’avez donné à manger ; j’avais soif, et vous m’avez donné à boire. » (Mt 25,35). L’homme lui répondit : « Sœur, aujourd’hui, j’ai rencontré Jésus. Vous l’avez fait pour moi. » Dieu vient à nous à travers les gestes simples d’amour et d’attention.

Saint Jean-Paul II disait : « Le Christ se cache dans les pauvres, mais il ne se cache pas pour ne pas être trouvé. »

III. Comment vivre l’Avent dans la vigilance et la paix

Saint Paul, dans la deuxième lecture, nous exhorte à grandir dans l’amour et à vivre pour plaire à Dieu. Cela nous donne des clés pour bien vivre ce temps d’Avent.

1. La prière fervente/La prière nous garde éveillés et centrés sur l’essentiel. Prenons chaque jour un temps pour méditer la Parole de Dieu et dialoguer avec Lui.
2. La sobriété/L’Avent est un temps pour alléger nos vies, éviter que « notre cœur ne s’alourdisse » par les soucis de ce monde. Vivons avec simplicité.
3. La charité active/Posons des gestes concrets d’amour et de solidarité : visiter une personne seule, pardonner, ou aider quelqu’un dans le besoin.
*Lors d’une tempête, des passagers étaient pris de panique sur un bateau. Mais un petit garçon jouait tranquillement. Quelqu’un lui demanda : « Pourquoi n’as-tu pas peur ? » Il répondit : « Parce que c’est mon père qui pilote le bateau. » De même, notre vigilance est nourrie par la confiance en Dieu, qui pilote notre vie, même au milieu des tempêtes.

Sainte Thérèse d’Avila disait : « Que rien ne te trouble, que rien ne t’effraie. Tout passe, Dieu seul suffit. »

IV. Préparer Noël en vivant les venues de Dieu

L’Avent est aussi un temps pour préparer Noël, non pas seulement extérieurement, mais dans notre cœur.

Comment préparer une crèche intérieure pour accueillir Jésus ?
Faites un examen de conscience. Quelles sont les « pièces encombrées » de ma vie qui empêchent le Christ d’y entrer ?
– Recevez le sacrement de réconciliation. Débarrassons-nous de tout ce qui alourdit notre cœur.
– Approfondissez votre relation avec Dieu. Lisez un passage d’Évangile chaque jour et demandez : « Seigneur, que veux-tu me dire aujourd’hui ? »
– Partagez la joie de l’Avent. La joie se multiplie quand elle est partagée. Soyez porteurs de cette lumière dans vos familles et vos communautés.
Saint François d’Assise disait : « Ce que vous êtes est un cadeau de Dieu pour vous. Ce que vous devenez est votre cadeau à Dieu. »
Pour conclure…Relever la tête avec espérance
Frères et sœurs, l’Avent est un temps pour relever la tête, pour ouvrir notre cœur à celui qui vient. Chaque jour est une opportunité pour accueillir le Christ. Comme l’affirme le psaume : « Vers toi, Seigneur, j’élève mon âme. »
Eh bien ! Levons les yeux, redressons notre cœur, et préparons-nous à célébrer un Noël où Jésus naîtra non seulement dans une crèche, mais dans nos vies. Amen.
P. Clément M.

Homélie du Père Clément du Ier dimanche de l’Avent, année C (2024)2024-12-11T09:59:03+01:00

Homélie du père Justin du 1er dimanche de l’Avent, Année C, Lc 21, 25-28.34-36

Chers frères et sœurs, l’Évangile que nous avons proclamé nous rappelle que nous sommes dans l’attente du Seigneur. Il nous l’annonce lui-même : il reviendra dans la puissance avec une grande gloire. Lui est Dieu en personne, il est le Créateur et le Rédempteur, il a tout en créé en six jours, il a tout recréé en trois jours par sa mort et sa résurrection, et il reviendra en un jour. Sa puissance s’exprime progressivement dans notre histoire et à son retour elle sera pleinement manifestée.

Elle sera pleinement manifestée à son retour et donc il ne pourra y avoir aucun contraste à sa gloire et à sa puissance au moment de sa venue. Dans l’attente de ce jour nous sommes appelés à vivre dans la foi, dans l’espérance et la charité.

Nous vivons dans la foi mais peut-on véritablement vivre dans l’espérance et la charité si nous imaginons que l’histoire – notre histoire personnelle et universelle – consiste à traverser une mer de douleurs et de calamités dans l’attente de sa venue ?

Le Seigneur nous le dit au début de son discours – dont nous avons à présent entendu seulement ce qui correspond à la fin – il y aura des guerres et des désordres, mais ce ne sera pas encore la fin. Si on vous dit : Le temps est proche, ne les croyez pas ne marchez pas derrière eux, ce n’est pas encore la fin.

Le fonds de commerce du Seigneur n’est pas la peur, l’angoisse, la détresse, sa venue n’est pas annoncée par des catastrophes. Ce sont les faux messies qui à l’occasion des guerres nous disent que la fin est proche.

Alors quel sera le signe annonciateur de sa venue ? le Seigneur nous le dit dans l’évangile que nous avons proclamé aujourd’hui. Mais pour le comprendre il faut le replacer dans son contexte.

Nous avons proclamé l’évangile de Luc, il s’agit de l’évangile que nous proclamerons particulièrement durant toute cette nouvelle année liturgique. Luc est grec d’origine et il a suivi saint Paul dans sa mission auprès des païens, auprès de peuples de culture grecque principalement. Et son évangile en est marqué, il est adressé particulièrement à des personnes de culture, de mentalité grecque. Comme chaque évangile il naît dans un contexte et avec une adresse qui lui est particulière, d’où les légères différences d’expression d’un évangile à l’autre – légères mais qui ont leur importance.

Quel est le contexte donc ? tout simplement celui de la magie. La magie est la réalité la plus répandue dans le monde grec, en lien à la fois avec la médecine, qu’elle détourne, la religion et l’astrologie qu’elle détourne également. La magie prétend gouverner sur les éléments de la nature à partir d’un culte – à cette époque solaire, le soleil est considéré comme un dieu – et surtout à travers l’invocation d’esprits, nous dirions aujourd’hui de démons.

Cette volonté de domination cependant n’appartient pas seulement à l’Antiquité mais nous la retrouvons jusqu’à aujourd’hui. Volonté de domination qui s’exprime à travers l’usage que nous faisons de la science et de la technologie. Nous voulons dominer les uns sur les autres, les nations les unes sur les autres, et surtout sur la nature dans son ensemble et l’exploiter.

Quand le Seigneur annonce des signes dans le soleil, la lune, les étoiles, que les nations et les personnes seront dans la frayeur à cause du tumulte des flots, que les puissances célestes seront ébranlées, tout cela signifie que les forces qui sont celles de la magie à son époque vont être ébranlées, que ces forces qui ne peuvent pas nous sauver vont perdre leur pouvoir d’illusion et que les personnes qui ont mis leur confiance dans ces forces seront désemparées parce que tout leur semblera incontrôlable.

Et de même de nos jours nous le voyons, comme à chaque époque certainement, qu’en réalité notre illusion de pouvoir tout contrôler se révèle à chaque fois pour ce qu’elle est, une volonté de domination qui ne porte qu’à la frustration.

Ce qui annonce la venue du Seigneur ce ne sont pas à proprement parler des catastrophes mais cette perte de puissance et de capacité à illusionner des forces qui ne peuvent nous donner le salut. Elles se dressent les unes après les autres mais les unes après les autres elles perdent leur pouvoir. C’est cela qui est pour nous un signe d’espérance et qui nous annonce la venue du Seigneur, jusqu’à ce que toutes ces illusions soient définitivement perdues.

Donc nous vivons dans la foi et dans l’espérance si nous savons lire les signes qui nous entourent, les signes de notre temps, si nous savons les interpréter.

Et le Seigneur nous enseigne aussi à vivre dans la charité. Il nous avertit que nos contemporains qui n’ont pas la même espérance attendent le salut de cette domination sur chaque chose, pour eux il s’agit du salut. Et quand ils sont désillusionnés, souvent ils cherchent une nouvelle illusion ou bien ils sombrent dans l’alcoolisme, ou d’autres addictions, per le sentiment d’impuissance et de frustration qui les domine.

Le Seigneur nous enseigne à prendre conscience de la détresse de chacun, d’en comprendre les causes, pour témoigner devant chacun d’une autre voie que celle de la domination. Il nous enseigne à prier en tout temps pour savoir vivre véritablement dans la foi, dans l’espérance et la charité en sachant reconnaitre les signes de sa venue pour se mettre au service de la création et du bien de chaque personne et ainsi l’annoncer véritablement.

Homélie du père Justin du 1er dimanche de l’Avent, Année C, Lc 21, 25-28.34-362024-12-02T08:53:03+01:00

Homélie du Père Joseph du Ier dimanche de l’Avent, année C (2024)

Mes chers frères et sœurs !
Nous venons de commencer une nouvelle année liturgique, avec ce premier dimanche de l’Avent, mais c’est dans une ambiance lourde. On parle de crise politique, avec le risque d’une motion de censure. Le premier ministre Barnier s’y prépare déjà, paraît-il. Mais, il y a aussi une crise financière et économique, avec la dette publique qui se creuse, le déficit est de plus de 6 points…! La menace des grèves, avec le risque d’être bloqués dans les gares pour les grandes fêtes, ou sur les routes à cause de tracteurs des agriculteurs en colère ! Certains médias parlent en boucle à longueur de journée de crise sécuritaire, migratoire, de crise d’autorité….
Au niveau géopolitique, nous nous résignons à voir un Donald Trump imprévisible, remobilisé plus que jamais par sa brillante récente élection, à la tête de la première puissance du monde, et tous ceux qui l’injuriaient en le traitant de fou hier sont bien obligés de s’approcher de lui et négocier dans leurs petits souliers. La guerre en Ukraine, au Proche Orient, en RD Congo, au Sud-Soudan… avec des centaines des morts au quotidien est toujours là. Poutine menace en sortant son arsenal nucléaire… Pendant que vous vous préparez au sacrement du mariage, on rabâche et rappelle les statistiques des séparations croissantes dans notre société, et la structure familiale en crise et menacée par des d’idéologies. Ajoutez ensuite nos soucis personnels, professionnels… Bref, une situation pas du tout rassurante !
La communauté à laquelle écrit saint Luc vit aussi dans une ambiance de psychose. Cette communauté est fragilisée par un contexte de guerre, de lutte de pouvoir, des migrations, de misère dans l’empire romain. C’est ce que nous vivons aussi plus ou moins, avec notre litanie mauvaises nouvelles, de lamentations, de violence, des problèmes non résolus, de crise écologique… Bref, rien de nouveau sous le soleil. La communauté primitive a vécu, à sa mesure, les difficultés que nous vivons aujourd’hui.
Au cœur de ces difficultés, Jésus nous appelle pourtant à l’espérance. C’est le message principal de l’Avent : « Quand ces événements commenceront, redressez-vous et relevez la tête, car votre rédemption approche ». Saint Luc, s’adressant à une communauté en souffrance, ne veut cependant pas céder au pessimisme et à une pensée collective déprimante. Pour lui, il faut se bouger, relever la tête, tenir bon, ne pas baisser les bras ! La vie, le mariage, le sacerdoce, le boulot… tout cela est un combat permanent, et on ne peut l’emporter que si on se décide se battre, ne pas céder à la tentation du défaitisme ni endosser toujours le rôle des victimes. Devant le chaos, les épreuves, les souffrances, le message de l’Avent un appel à être témoins et acteur d’espérance, d’un monde nouveau et meilleur. Dans une société où tout concourt à affirmer que le mariage ne vaut rien, où les taux de séparation ne cessent d’augmenter, c’est là que vous, les fiancés, l’équipe de préparation et vous tous mariés devant le Seigneur, c’est là que Dieu vous invite à témoigner de la beauté et de la grandeur de l’Amour et du mariage !
Jésus ne nous demande d’être les derniers défenseurs de la foi dans un monde en perte de vitesse mais simplement à nous mettre debout, relever et redresser la tête, c’est-à-dire, à être pro-actifs, non pas passifs, et voir déjà ce qui germe de beau dans notre monde, autour de nous, dans notre vie personnelle, celle de votre couple, à percevoir la lumière de Noël déjà présente en dépits des situations difficiles que nous traversons. C’est cela le mystère de l’histoire : un paradoxe mêlant à la fois événements éprouvants et merveilleux, comme l’être humain qui est modelé de terre mais portant le souffle de Dieu.
Jésus nous donne aussi un autre conseil pendant l’Avent : « Tenez-vous sur vos gardes, de crainte que votre cœur ne s’alourdisse dans les beuveries, l’ivresse et les soucis de la vie ». Ne surchargeons pas nos vies ! Allons vers noël le cœur léger, la pensée et l’âme au-dessus du chaos ambiant. Ne dilapidons pas notre temps, les émotions. Le peu que nous avons, ne le dissipons pas, mais orientons toute notre vie vers la venue de Christ qui vient nous sauver.
L’approche de Noël et des fêtes de fin d’année porte en soi le risque de faire simplement la fête ! Jésus parle bien de beuverie et l’ivresse. Attention à ne penser simplement qu’aux bouteilles de champagne, de vin blanc associées au foie gras, aux lumières éblouissantes et excessives qui nous empêchent de contempler les petites lumières du quotidien. Je suis impressionné par tout le « bonheur, le côté féerique » qui nous est proposé par le marketing : Black Friday, les soldes de Noël… bref, du bonheur à vendre et à acheter ! L’Avent est appel à l’éveil et la lucidité : que toutes ces sollicitations matérielles n’occupent totalement notre cœur, mais laissons un peu d’espace à Jésus qui vient nous sauver et nous donner la vraie joie !
L’Avent nous invite à contempler quelques belles figures qui nous préparent à Noël :
Le prophète Isaïe qui exprime l’espérance messianique et annonce la naissance de l’Emmanuel. Isaïe incarne à la fois la préparation de Dieu et les désirs de l’humanité.
Jean-Baptiste, le précurseur qui annonce la venue proche du messie et invite à la conversion. L’Avent est un temps pour nous convertir, rabaisser les montagnes, l’orgueil qui écrase l’autre, au travail, dans la vie de couple, ajuster les sentiers de notre cœur pour mieux communiquer et laisser venir Dieu et aux autres, rendre droite notre vie….
La figure de la Vierge Marie qui accepte de porter Jésus et d’être sa mère, symbole de l’habitation de Dieu en nous. Quels moyens mettons-nous en œuvre pour que Jésus naisse dans notre vie personnelle, familiale, celle de notre couple ? Il est temps de donner un peu de place à Dieu dans notre vie.
Saint Joseph accepte d’aimer et de prendre soin d’un enfant et une épouse qui lui sont confiés par Dieu. Il est le saint patron des époux et des pères de famille. Il nous invite à prendre soin de ceux de nos familles. Sainte Elisabeth se réjouit avec Marie et nous invite à être messager de la joie de Noël autour de nous.
N’oublions pas la dimension liturgique et spirituelle de l’Avent : faire un petit coin prière en installant la crèche chez soi, et s’y arrêter pour y dire un « Notre Père », un « Je vous salue Marie », seul ou en famille. C’est aussi l’occasion d’un réveil spirituel : un nouveau départ par la prière personnelle, la lecture de la Parole de Dieu, la fidélité à la messe dominicale, le sacrement de pardon et réconciliation qui permet de faire un petit ou un grand ménage dans notre cœur, car en définitive, c’est notre cœur qui est appelé à devenir la demeure, le temple, la crèche où Jésus veut naître chaque jour. Belle route vers Noël ! Amen.

 

Homélie du Père Joseph du Ier dimanche de l’Avent, année C (2024)2024-12-10T11:06:27+01:00

Homélie du Père Clément pour la solennité du Christ roi de l’univers, année B (2024)

Chers frères et sœurs,
En ce dernier dimanche de l’année liturgique, la Solennité du Christ Roi de l’Univers vient donner tout son sens à notre parcours de foi. Tout au long de l’année, nous avons suivi Jésus depuis l’Avent, célébrant sa naissance, méditant ses enseignements, contemplant sa passion, sa mort et sa résurrection. Aujourd’hui, nous le proclamons Roi de l’Univers, affirmant que toute l’histoire converge vers lui. Cette fête nous rappelle que le Christ est le centre et le but de toute la création. Comme le dit saint Paul : « Tout est créé par lui et pour lui » (Col 1,16). En reconnaissant sa royauté, nous sommes invités à aligner nos vies sur les valeurs de son Royaume : l’amour, la vérité, la justice et la paix. C’est une invitation à renouveler notre engagement à le suivre et à le laisser régner dans nos cœurs, afin de préparer l’avènement de son Royaume sur terre.
1. Un Royaume qui ne passe pas (Dn 7,13-14)
Dans la vision de Daniel, le “Fils d’homme” reçoit un pouvoir éternel et un royaume indestructible. Ce royaume contraste avec les empires humains souvent marqués par la guerre et l’injustice. Jésus, en tant que Roi-Serviteur, nous enseigne que son règne repose sur l’humilité et le don de soi. Comme un roi légendaire disait à ses soldats : « Vous êtes mes serviteurs, mais je suis votre esclave », Jésus s’abaisse pour élever l’humanité.
2. Le Christ, témoin fidèle (Ap 1,5-8)
Jésus, le “témoin fidèle”, révèle le visage d’un Dieu qui aime jusqu’à la croix. Son règne transforme les cœurs et nous appelle à devenir “un peuple de prêtres” (Ap 1,6), témoins de sa justice et de son amour. Nous sommes invités à vivre selon les valeurs de ce Royaume et à le placer au centre de nos vies.
3. Mon Royaume n’est pas de ce monde (Jn 18,33-37)
Jésus affirme une royauté basée sur la vérité. Être citoyen de ce Royaume exige fidélité et courage. Comme ce chrétien persécuté déclarait : « Mon Roi est le Christ », nous sommes appelés à témoigner de la vérité, même face à l’opposition. La vraie royauté consiste à faire de Jésus le centre de notre vie et à vivre selon ses valeurs de paix et de justice.
Concrètement……….
La fête du Christ Roi clôt l’année liturgique en nous rappelant que tout converge vers lui. Proclamer Jésus comme Roi implique :
1. Faire de Jésus le centre de nos priorités, au-dessus des “royaumes” terrestres.
2. Vivre selon les valeurs de son Royaume : justice, amour, vérité, et paix.
3. Témoigner de sa royauté par nos actes et nos choix.
Tournons nos cœurs vers lui avec la prière de saint Ignace :
« Seigneur, prends tout ce que j’ai, tout ce que je suis. Règne sur mon cœur aujourd’hui et pour l’éternité. »
Que le Christ, Roi de l’Univers, règne dans nos vies et illumine le monde par son amour.

Homélie du Père Clément pour la solennité du Christ roi de l’univers, année B (2024)2024-11-26T11:19:43+01:00

Homélie du Père Justin pour la Solennité du Christ roi de l’univers, Gv 18,33b-37 

Chers frères et sœurs, peut-être avez-vous entendu parler du philosophe-roi, ou du roi-philosophe, qui est une idée de l’Antiquité, chère à Platon. C’est une idée qui a eu une importante postérité jusqu’à nos jours…

Selon cette idée c’est le philosophe qui doit gouverner parce qu’il contemple la vérité en esprit, le bien et la justice, et ensuite il peut agir, les mettre en pratique. Ou bien le roi doit pour le moins apprendre à philosopher et dès lors il peut mieux gouverner.

Et l’Évangile de Jean est adressé à des juifs, surtout à Alexandrie, qui sont fascinés par la pensée grecque et ont remplacé Moïse par Platon – pire, quand ils parlent de Moise en réalité ils pensent à Platon, ils interprètent toute l’Écriture à la lumière de Platon.

L’Évangéliste s’inscrit en faux envers cette perspective du philosophe-roi ou du roi-philosophe. Dans cet échange entre Jésus et Pilate, qui est un échange assez long, vous vous en souvenez certainement, Pilate dit : Qu’est-ce que la vérité ? il le dit avec mauvaise humeur, avec impatience. L’évangéliste enseigne que le souverain n’est pas un philosophe, il n’a pas un rapport contemplatif, philosophique avec la vérité.

Cependant en contrepartie il a un rapport avec la vérité et un rapport important, parce qu’il a des responsabilités. En l’occurrence Pilate doit décider d’ôter ou non la vie à un homme, il doit en outre chercher à éviter une insurrection, il doit penser aux conséquences politiques de ses décisions.

Il doit déterminer des actions importantes, il a besoin de discerner, de distinguer le vrai du faux dans ce qu’on lui dit, donc il a un rapport important avec la vérité. Et on le voit, en effet, Pilate saisit ce qui est important. On lui dit que Jésus est un malfaiteur, qu’il faut le mettre à mort – et lui il conclut qu’il est le roi des Juifs.

Il comprend qu’il s’agit d’une rivalité de pouvoir, que si c’est personnes-là lui disent cela de Jésus c’est pour une question de rivalité. C’est tout cela que Pilate comprend et il le comprend tellement bien qu’il fera écrire sur la croix, en trois langues, que Jésus est le roi des Juifs pour bien marquer la vérité qu’il a perçue.

Ce que je dis de cette façon, ce que dit l’Évangéliste, c’est un scandale pour l’intellectualisme de Platon et de ses adeptes – et pour beaucoup de gouvernants – pour lesquels il faut d’abord comprendre avant d’agir, savoir avant de prendre des responsabilités.

L’Évangile dit le contraire. D’abord on vit, on prend des responsabilités, dès lors par voie de conséquence on va comprendre, juger, agir, connaitre toujours mieux la vérité. La vérité est une personne qui nous accompagne, avec qui nous sommes en dialogue comme Pilate avec Jésus.

Nous avons tous bien entendu un rapport à la vérité parce que nous sommes des personnes, nous sommes créés à image de Dieu, nous sommes souverains dans notre propre vie et donc nous prenons des responsabilités, des décisions qui ont toutes leur importance.

Mais nous devons surtout nous demander en quoi consistent ces responsabilités que nous devons prendre.

Est-ce cela prendre pleinement nos responsabilités : décider ou non d’ôter la vie à une personne ? Le Seigneur nous répond et nous enseigne par ces paroles : Mon royaume n’est pas de ce monde. Dans mon royaume on ne se demande pas si on va ôter la vie à une personne ou à une autre.

Quand le Seigneur dit que son royaume n’est pas de ce monde, nous ne devons pas imaginer que le Seigneur pourrait appeler des anges pour venir le sauver. Ce n’est pas suffisant come différence, il n’y a pas des anges qui pourraient venir blesser ou tuer des soldats romains pour libérer Jésus et ainsi le sauver, mais que lui décide de ne pas les appeler. Non ce n’est pas suffisant comme différence.

On le voit dans la question qui occupe Pilate : mettre à mort ou ne pas mettre à mort Jésus, c’est de la médiocrité et on voit où mène la médiocrité. Pilate devra accepter de condamner Jésus à mort contre sa propre volonté et contre ce qu’il a compris du jeu de pouvoir qui est en cours…

Mon royaume n’est pas de ce monde nous dit le Seigneur – il y a un jeu de mots en grec : il n’est pas de cet ordre, il n’est pas de cette nature. Dans mon royaume on donne la vie, on sauve la vie, on donne sa vie, on est au service de la vie – toujours – il n’y a jamais d’exception, il ne peut pas en être autrement. Et il en est ainsi de toute éternité.

Le Seigneur dit qu’il est né et qu’il est venu dans le monde pour témoigner de la vérité. Il est le Fils éternel de Dieu parce que Dieu est le vivant et veut donner la vie autour de lui – là c’est la plus pure tradition biblique, c’est Moïse qui reprend ses droits, Dieu est le vivant qui donne la vie en abondance et te commande de ne pas tuer.

Et puis il est venu dans le monde pour nous donner cette vie, il s’est uni à toute la création. Dans sa naissance, sa vie, sa mort, sa résurrection au sein de ce monde il occupe le centre de chaque réalité, il est vraiment le roi de l’univers, qui donne et redonne la vie.

Si on considère la politique, où est-ce que je vais trouver le Christ dans la politique ? Si je regarde attentivement sans préconceptions, sans faire de violence aux choses, sans idéologie je vais trouver le Christ au centre de la politique. Il s’agit de mettre tout en œuvre pour que chacun puisse se développer pleinement et être heureux. Et si je regarde l’économie je vais me dire Mais où je vais trouver le Christ là-dedans ? et je le trouve au centre, sans forcer, dans la destination universelle de tous les biens.

Si on accueille pleinement notre responsabilité envers la vie alors nous sommes pleinement en relation avec la vérité et nous ne subissons plus les évènements, nous ne sommes plus entrainés par eux à faire le contraire de ce que nous voudrions. Le Christ est avec nous toujours, en nous, il nous guide toujours. Il est véritablement le roi de l’univers.

Homélie du Père Justin pour la Solennité du Christ roi de l’univers, Gv 18,33b-37 2024-11-26T11:21:27+01:00

Homélie du Père Joseph pour la solennité du Christ roi de l’univers, année B (2024)

Mes chers frères et sœurs !
Aujourd’hui encore c’est-à-dire fin 2024, il existe encore plus 45 monarchies ! Elles assument diverses formes. De royaumes comme celui du Maroc, des Emirat comme les Emirats Arabes Unis, des sultanats comme celui de Brunei, des principautés comme de Monaco, et même un empire, celui du Japon ! Nous avons des grands-duchés comme le Luxembourg. Il y a même un Etat-Cité unique en son genre : le Vatican qui fait du pape un Chef d’Etat. Jadis, ces régimes monarchiques avaient un pouvoir absolu, mais aujourd’hui, beaucoup sont devenus des monarchies constitutionnelles ou parlementaires, le monarque ayant souvent rôle symbolique. La reine Elisabeth, véritable icône pour de nombreuses générations a laissé place au roi Charles III au Royaume-Uni, avec un pouvoir symbolique, culturelle et économique sur plus de 54 nations du Commonwealth dont font partie désormais certains Etats de la France Afrique en voie de disparition comme le Gabon et le Togo.
Outre ces monarchies, il existe d’autres type de royaume et ou d’empire : digital, médiatiques, des plateformes sociales, les multinationales technologiques qui gouvernent, contrôlent et soumettent nos vies au quotidien. Et, il y a aussi des dominations symboliques : les marchés financiers qui font trembler les Etats par les notations, les idéologies dominantes qu’on n’a même pas droit de critiquer de peur de se faire condamner, lyncher médiatiquement ou juridiquement, les « stars » qui régnant sur le monde de la culture, du spectacle, du sport…
Dans ce contexte, l’Eglise célèbre pourtant aujourd’hui la solennité du Christ-Roi de l’Univers, instituée par le pape Pie XI en 1925 en réponse aux totalitarismes de l’après la Première Guerre Mondiale. L’intention du pape Pie XI était claire : rappeler que l’unique vrai Souverain de l’univers est le Christ. J’ose même dire que celui qui introduit cette fête, ce n’est pas tant le pape Pie XI, mais bien, avant lui, le Ponce Pilate quand il présente Jésus de Nazareth comme Roi des Juifs, avec cette inscription accrochée au-dessus de la croix où est suspendu Jésus au Golgotha en trois langues (le grec, le latin et le l’araméen) que tout le monde pouvait comprendre à cette époque. Jésus se proclame Roi mais il précise immédiatement de quelle royauté il s’agit. « Ma royauté n’est pas de ce monde ; si ma royauté était de ce monde, j’aurais des gardes qui se seraient battus pour que je ne sois pas livré aux Juifs. En fait, ma royauté n’est pas d’ici » Quand Pilate lui demande « tu es roi ? », Jésus fait une distinction entre le règne temporel (dis-tu cela de toi-même) et le règne spirituel (roi des juifs au sens messianique !). Il définit clairement quelle est sa mission : « C’est toi-même qui dis que je suis roi. Moi, je suis né, je suis venu dans le monde pour ceci : rendre témoignage à la vérité. »
Mais qu’est-ce qu’est la vérité ? C’est la grande question qui nous est posée ! Dans une époque comme la nôtre où le relativisme et le fonctionnalisme refusent tout concept de vérité absolue, le message de Jésus nous interpelle. Dans un monde de « fake-news », des influenceurs, des manipulations médiatiques, des réseaux sociaux où la vérité compte pas grand-chose, Jésus nous invite à chercher la Vérité et à en témoigner.
Ponce Pilate avait commencé un bout de chemin de dialogue et était sur le point d’être conquis par ce que disait Jésus, au point de vouloir le libérer : « Je ne trouve en lui aucun motif de condamnation ! » L’épouse de Pilate a même essayé de l’aider à mieux comprendre ce qui se passait. Cependant, quand Jésus est accusé d’être ennemi de l’empereur César, Pilate voit le danger de perdre ses chances de faire carrière en Palestine. Au lieu de choisir d’être l’ami de la Vérité, Pilate a choisi d’être l’ami de César, du mensonge et se lave les mains.
Nous aussi, parfois nous préférons choisir l’esprit du monde, du mensonge, nous compromettre la vérité pour sauvegarder nos intérêts personnels dans le domaine politique, économique, professionnel, affectif et même religieux. Parfois nous nous trouvons devant des choix comme celui de Pilate : choisir entre celui qui a le pouvoir politique, économique, médiatique, voire religieux, et l’amitié avec Jésus, la Vérité, l’Amour ? Comme Pilate, nous nous lavons les mains, préférant ne pas choisir mais oubliant que ne pas choisir, c’est aussi faire un choix : celui de nous éloigner de la Vérité.
J’ai rencontré il y a quelques mois jeune converti, un néophyte qui s’est trouvé pendant longtemps devant un dilemme similaire à celui de Pilate. Il travaillait pour un homme politique français dont il était le négrier, c’est-à-dire qu’il lui écrivait ses discours et interventions publiques. Il a dû démissionner parce qu’il ne supportait plus d’être l’ami du mensonge. Il m’a dit : « A un certain moment, ta conscience t’interdit de faire des choses auxquelles tu ne crois pas. Tu écris des discours pour dire aux gens ce qu’ils veulent entendre, tout en sachant au fond de toi que c’est faux, du mensonge et de la manipulation, et tu le fais quand même. A un certain moment, ta conscience te dit stop, ça suffit ! »
Tous ces règnes, royaumes, monarchies, empires, régimes et puissances politiques que nous avons mentionné ont disparu et disparaitront un jour. La grande histoire nous montre tous ces impérialismes qui se sont écroulés. On voit bien qu’aujourd’hui les enjeux géopolitiques et puissances sont en pleines mutation. Nous avons vu des puissances naître et disparaitre, pour laisser place à de nouvelles qui ont aussi disparus à leur tour etc… Nous voyons toutes les célébrités dans le sport, les médias, le monde politique et économiques décliner pour laisser place à d’autres qui déclineront. Et il suffit de très peu pour voir une star tomber du piédestal, perdre de son influence et de sa superbe.
Jésus au contraire, est un roi éternel et son Règne est éternel parce que c’est lui le vrai Roi, non seulement de Rome et du monde, mais de l’Univers visible et invisible. Pilate a posé à Jésus la mauvaise question. Au lieu de lui demander « qu’est-ce que la vérité », il aurait dû demander « qui est la vérité ? ». La vérité n’est pas une chose, mais quelqu’un. Jésus a dit en effet, « Je suis la Vérité et la Vie ». Pilate aurait dû se laver, non pas les mains mais les yeux pour voir la Vérité debout devant lui, la Vérité que la foule manipulée par le mensonge voulait crucifier comme aujourd’hui encore. Pilate a voulu rester ami de César pour quelques années au lieu de choisir d’être l’ami de Jésus pour l’éternité.
Comme Pilate, de qui voulons-nous être l’ami ? Qui gouverne nos vies ? Qui est le souverain devant qui nous nous prosternons, à qui nous obéissons aveuglement au quotidien ? Le Christ ou le monde ? La Vérité ou le mensonge ? L’Amour ou la haine ? La vie éternelle ou négocier quelques années en ce monde ? Jésus, Roi de l’Univers, sois le maître de ma vie, de notre vie. Avec et à l’invitation frère universel, Charles de Foucault, nous nous abandonnons à toi Jésus, Roi Souverain, fais de nous ce qu’il te plaira. Nous nous abandonnons entre tes mains, Roi de l’Univers parce que nous aimes sans mesure ! Amen

 

 

Homélie du Père Joseph pour la solennité du Christ roi de l’univers, année B (2024)2024-11-26T11:12:54+01:00

Homélie du Père Clément du XXXIII° dimanche du TO, année B (2024)

Espérance au cœur des temps difficiles
« Non abbiate paura! Aprite, anzi, spalancate le porte a Cristo! »
En français, cela se traduit par :
« N’ayez pas peur ! Ouvrez, ouvrez grand les portes au Christ ! »
Cette phrase célèbre a été prononcée par Jean-Paul II lors de son discours inaugural en tant que pape, le 22 octobre 1978. Elle incarne son appel à la foi et à la confiance en Dieu, encourageant les fidèles à laisser le Christ entrer pleinement dans leur vie.
Chers frères et sœurs en Christ, en ce 33e dimanche du Temps Ordinaire, l’Église nous invite à contempler les signes des temps, non pas dans la peur, mais dans l’espérance. C’est une invitation à comprendre la fin des choses non pas comme une menace, mais comme une transition vers une plénitude promise par Dieu. En ce dimanche où nous célébrons aussi la Journée mondiale des pauvres et le soutien du Secours Catholique, nous sommes appelés à vivre l’évangile de l’espérance en actes concrets.
1. Première Lecture (Dn 12, 1-3) : La promesse de la résurrection
Le prophète Daniel nous présente une vision saisissante de la fin des temps, où l’archange Michel veille sur le peuple de Dieu dans une période de grande détresse. Mais au cœur de ce tableau inquiétant jaillit une promesse : « Ceux qui auront conduit la multitude vers la justice brilleront comme des étoiles, pour toujours et à jamais ». Cette promesse de la résurrection, de la vie éternelle, est un puissant rappel que Dieu n’abandonne jamais son peuple, même dans les moments de grande souffrance.
Nous, chrétiens, sommes invités à être porteurs de cette lumière et à apporter l’espérance aux autres, surtout aux plus pauvres et marginalisés, qui vivent souvent dans une détresse profonde. Comme l’archange Michel, nous sommes appelés à être des protecteurs de ceux qui n’ont pas de voix, de ceux qui sont oubliés.
2. Psaume 15 : Confiance et fidélité envers Dieu
Le psaume responsorial nous encourage à placer notre confiance en Dieu : « Garde-moi, mon Dieu : j’ai fait de toi mon refuge ». Cette confiance n’est pas naïve ; elle est le fruit d’une relation intime et fidèle avec le Seigneur. Dans un monde où l’incertitude règne, où la fragilité humaine se révèle chaque jour, Dieu reste notre roc, notre héritage.
En cette Journée mondiale des pauvres, le psalmiste nous rappelle que la véritable richesse est de se reposer en Dieu et de partager cette confiance avec les autres. Le soutien que nous apportons aux plus démunis, par le biais d’initiatives comme le Secours Catholique, est un témoignage vivant de cette foi mise en action.
3. Deuxième Lecture (He 10, 11-14.18) : Le sacrifice parfait de Jésus
La lettre aux Hébreux nous parle de l’unique sacrifice du Christ, offert une fois pour toutes pour le pardon des péchés. Ce sacrifice parfait ouvre pour nous un chemin vers la sainteté et nous rappelle que notre salut est déjà accompli. Notre rôle est de persévérer dans la foi et d’incarner cette grâce dans nos vies quotidiennes.
C’est ici que l’appel à l’action prend tout son sens. Dans un monde où beaucoup souffrent, où l’injustice et la pauvreté défigurent l’humanité, nous devons être les mains et le cœur de Jésus.
• Histoire de la petite Laetitia avec sa maitresse de catéchisme…
Offrons-nous à notre tour en sacrifice spirituel en prenant soin des pauvres et en soutenant les initiatives qui cherchent à redonner dignité et espoir aux plus faibles.
4. Évangile (Mc 13, 24-32) : Le retour glorieux du Fils de l’homme
L’Évangile de Marc nous plonge dans un discours eschatologique sur la fin des temps. Les signes célestes, les troubles, et l’annonce du retour glorieux du Fils de l’homme peuvent sembler effrayants. Mais Jésus nous invite à lire ces signes avec discernement et espérance : « Le ciel et la terre passeront, mes paroles ne passeront pas ».
Cette espérance eschatologique doit nous inspirer à vivre dès aujourd’hui dans la lumière de l’Évangile. Nos actions en faveur des pauvres et des marginalisés sont des signes de cette espérance. Chaque geste de solidarité, chaque mot de soutien, chaque acte de justice est une anticipation du royaume de Dieu.
Conclusion : Appel à l’action et à l’espérance
Frères et sœurs, en ce 33e dimanche du Temps Ordinaire et cette Journée mondiale des pauvres, rappelons-nous que l’espérance chrétienne n’est pas passive. Elle nous pousse à agir, à être des témoins de la résurrection et de la vie nouvelle. Soutenons ceux qui ont besoin de nous, car en eux, c’est le Christ que nous servons.
Permettez moi de finir avec 2 petits textes que j’ai trouvé beau et Magnifiques. Le premier est d’un homme politique français et le second est de Mère Téresa de Calcuta :

• Seigneur, donne-moi de voir
Seigneur, Donne-moi de voir les choses à faire Sans oublier les personnes à aimer,
Et de voir les personnes à aimer
Sans oublier les choses à faire.
Donne-moi de voir les vrais besoins des autres. C’est si difficile de ne pas vouloir à la place des autres, de ne pas répondre à la place des autres,
De ne pas décider à la place des autres.
C’est si difficile, Seigneur, de ne pas prendre ses désirs pour les désirs des autres,
Et de comprendre les désirs des autres
Quand ils sont si différents des nôtres.
Seigneur, donne-moi de voir
Ce que Tu attends de moi parmi les autres,
Enracine au plus profond de moi cette certitude :
On ne fait pas le bonheur des autres sans eux.
Seigneur, Apprends-moi
A faire les choses en aimant les personnes,
Apprends-moi à aimer les personnes pour ne trouver ma joie qu’en faisant quelque chose pour elles, et pour qu’un jour elles sachent
Que Toi seul, Seigneur, es l’Amour.
Norbert Ségard (1922-1981)/Il était un physicien et homme politique français, reconnu pour ses contributions significatives dans le domaine de l’éducation et des télécommunications. Député du Nord en 1973 et ministre de la Recherche en 1980.
• Exhortation en forme de prière de Ste Mère Térèsa de Calcuta.

« Dieu seul peut donner »
Dieu seul peut donner la foi, mais tu peux donner ton témoignage.
Dieu seul peut donner l’espérance, mais tu peux rendre confiance à tes frères.
Dieu seul peut donner l’amour, mais tu peux apprendre à l’autre à aimer.
Dieu seul peut donner la paix, mais tu peux semer l’union.
Dieu seul peut donner la force, mais tu peux soutenir un découragé.
Dieu seul est le chemin, mais tu peux l’indiquer aux autres.
Dieu seul est la lumière, mais tu peux la faire briller aux yeux de tous.
Dieu seul est la vie, mais tu peux rendre aux autres le désir de vivre.
Dieu seul peut faire ce qui paraît impossible, mais tu pourras faire le possible.
Dieu seul se suffit à lui-même, mais il préfère compter sur toi.
Cette prière de Mère Térèsa inspire la réflexion sur notre rôle en tant que chrétiens pour répandre l’amour et la lumière de Dieu dans le monde.

Que cette parole de Dieu nous fortifie, et que nos actions, motivées par la charité, rendent gloire à Dieu et apportent un peu plus de lumière dans un monde qui en a tant besoin. AMEN !

 

Homélie du Père Clément du XXXIII° dimanche du TO, année B (2024)2024-11-19T14:38:11+01:00

Homélie du père Justin du XXXIII dimanche du TO, 17 novembre 2024, Année B

Chers frères et sœurs, nous risquons parfois d’être gagnés par le désespoir, surtout quand nous manquons de foi, d’espérance, de charité. Nous nous mettons à imaginer que l’histoire est une suite de catastrophes, de calamités – notre histoire personnelle, l’histoire de notre pays ou l’histoire universelle.
Et si nous nous enfonçons dans ce désespoir, nous nous mettons à penser que le Seigneur à la fin des temps viendra faire justice avec des actes violents, avec des cataclysmes, qu’il viendra régler des comptes… Certains risquent même de penser que le salut est réservé pour un petit nombre de personnes, un petit groupe de privilégiés qui seront sauvés tandis que le reste périra. Alors ou bien ils désespèrent d’appartenir à ce petit groupe, ou bien au contraire – ce qui n’est guère mieux – ils imaginent qu’eux-mêmes appartiennent à ce petit groupe.
Au début de ce discours dont nous avons entendu seulement une partie, la dernière partie, le Seigneur répond à quatre de ses disciples qui lui demandent quand la fin des temps adviendra. Ils sont quatre à l’interroger, ce sont les quatre que Jésus a appelés en premier, au début de l’Évangile : Pierre, Jacques, Jean et André qui étaient dans les barques – vous vous en souvenez.
Peut-être pensent-ils : Nous sommes les premiers à avoir été choisis donc nous sommes les apôtres les plus importants, le Seigneur va nous donner des révélations à nous et pas aux autres.
Le Seigneur dans son discours va corriger cette pensée, ce comportement. Et à la fin du discours il dira : Ce que je vous dis à vous je le dis à tous. Donc il y a autour de ce discours de Jésus, et en réalité dans toute l’histoire du peuple de Dieu, une atmosphère de catastrophisme et d’élitisme que Jésus entend corriger.
Dans son discours, Jésus ne cache pas que l’histoire est pleine d’évènements violents et de souffrance, il ne cache pas la vérité. On le voit aussi dans le crucifix. Le Seigneur se présente en paroles et en actes avec la croix, toujours, mais nous savons en même temps qu’il a vaincu la mort, donc nous voyons la croix comme un signe de victoire sur la mort et sur tous les maux.
De même dans ce discours, on y trouve certes beaucoup de calamités, mais celles-ci sont toujours dépassées par l’annonce d’une bonne nouvelle, d’un heureux évènement. Précisément si vous l’entendez dans son entier, vous verrez qu’il y a de façon répétée dans ce discours l’évocation de plusieurs évènements dramatiques, mais à chaque fois conclus par un évènement heureux, positif, et qui dépasse infiniment ce qui précède de négatif.
Par exemple le Seigneur dit que les nations se dresseront les unes contre les autres, les royaumes contre les royaumes, qu’il y aura des tremblements de terre et des famines. Cependant le Seigneur conclut en disant que ce sont les débuts des douleurs de l’enfantement. Il y a un enfantement, donc il y a un évènement infiniment plus heureux que toutes les douleurs qui l’ont précédé, au point qu’il les efface toutes.
Quand le Seigneur parle d’un enfantement, nous pouvons comprendre avec certitude qu’il y aura un renouvellement intégral de toute la création, une transfiguration de toute la création.
Et puis par exemple il y a aussi dans ce discours l’annonce d’un évènement catastrophique pour toute l’humanité où le Seigneur nous dit que tous devront fuir pour ne pas périr. Cependant là aussi la conclusion est ce qu’il y a de plus important, il conclut en disant que Dieu a abrégé ce temps particulièrement éprouvant pour permettre à l’humanité de survivre.
Donc nous voyons à travers ces exemples que l’œuvre du Seigneur n’est jamais une œuvre de destruction. Ce qui domine c’est la création et la recréation, la miséricorde, la transfiguration du monde que nous connaissons, même si cela comprend des bouleversements.
Et puis il y a une autre de ces conclusions positives que nous avons entendue tout à l’heure et que nous n’avons pas pu reconnaitre comme positive… C’est quand le Seigneur nous dit que le soleil s’obscurcira, que la lune ne donnera plus sa lumière, que les étoiles tomberont du ciel. En réalité il s’agit là aussi comme pour les précédentes d’une conclusion positive, parce que si vous lisez les versets qui précèdent, vous verrez que le Seigneur parle des faux prophètes, de ceux qui essaient de nous abuser en opérant des signes et des prodiges. Et dans le temps où parle Jésus, les faux prophètes que font-ils ? ils utilisent les astres, les planètes, les comètes, la lune etc… les phénomènes célestes et atmosphériques comme des signes pour leurs fausses prophéties.
Donc quand le Seigneur nous dit que le soleil s’obscurcira, que la lune perdra sa lumière, que les étoiles tomberont du ciel – que ce soit au sens propre ou au sens figuré – cela signifie que les faux prophètes perdront leurs moyens, leur crédit, leur capacité de nuire. Alors le Seigneur viendra sur les nuées avec grande puissance et gloire, et il réunira les élus des quatre vents, de l’extrémité de la terre à l’extrémité du ciel.
Le Seigneur corrige le catastrophisme, il corrige aussi l’élitisme. Les élus ne sont pas dans un lieu à part du reste de l’humanité. Le Seigneur le dit : On essaiera de vous abuser en disant Voici il est ici, ou bien Voilà il est là, dans un angle ou un autre de la Terre – n’y allez pas…
Le Seigneur ne nous dit pas que les élus sont un petit groupe caché dans un coin qui attend que la catastrophe arrive et emporte le reste de l’humanité, mais il nous dit que les élus seront réunis des quatre vents, des extrémités de la terre à l’extrémité du ciel.
Les élus sont disséminés dans toute l’humanité, répartis sur toute la surface de la terre et du ciel, ils sont associés à toute l’humanité sans exception, solidaires de toute la famille humaine dans tous les aspects de son existence. Ils connaissent des tribulations en union de prière avec le Christ et ils demandent le salut de leurs oppresseurs, ils sont sauvés oui mais ils le sont avec le désir de sauver autrui avec eux. Les élus sont appelés élus parce qu’ils sont les fils et les filles dans le Fils, ils ont part à sa mission, à son œuvre qui consiste avant tout à demeurer solidaire de toute la famille humaine.
Quand le Seigneur viendra, les faux prophètes auront perdu tous leurs moyens, il viendra avec grande puissance – il n’y aura aucun contraste à sa puissance – et il ne peut y avoir aucune espèce de contraste à sa puissance. Il viendra dans la douceur et la miséricorde.
Quoi de plus doux que cette image du figuier, quand ses rameaux deviennent tendres, que ses feuilles apparaissent, nous savons que l’été est proche, en juin il donne déjà des fruits et trois fois plus en août… Il y aura une histoire de grâce encore avec la venue du Seigneur, comme pour les fruits du figuier qui vont en augmentant.
Là où le Seigneur manifeste le plus fortement sa solidarité avec nous tous, c’est quand il dit que seul le Père connait le jour de sa venue, lui-même, le Fils, ne le connait pas. Cette affirmation est une épine dans le pied des théologiens depuis 2000 ans…
Le Seigneur veut partager notre humanité véritablement, et il le fait en choisissant d’ignorer la date de sa venue. Il demeure solidaire avec chacun de nous jusqu’à la fin des temps, solidaire dans l’attente du dernier jour, qu’il attend en même temps que nous et avec nous, pour nous accompagner en tout et toujours.

Homélie du père Justin du XXXIII dimanche du TO, 17 novembre 2024, Année B2024-11-19T16:32:08+01:00
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